le jardin secret - CDN Orléans Loiret Centre

Transcription

le jardin secret - CDN Orléans Loiret Centre
LE JARDIN
SECRET
d’après Souvenirs et solitude
de Jean Zay
Pierre Baux et Benoit Giros
avec
Pierre Baux (du 8 au 21 juillet)
Benoit Giros (du 22 au 28 juillet)
avec la précieuse collaboration de
Catherine et Hélène Zay
production
avec le soutien de
compagnie L’Idée du Nord
CDN Orléans/Loiret/Centre
la Région Centre et de la Ville d’Orléans
administration, production, diffusion
EPOC productions
durée
1 heure
DESIGN : AUDE PERRIER
un projet de
Festival d’Avignon OFF
du 8 au 28 juillet 2013 à 18 heures
à Présence Pasteur 13 rue du Pont Trouca, Avignon | 04 32 74 18 54
contacts réservations
Emmanuelle Ossena + 33 (0)6 03 47 45 51 | [email protected]
Charlotte Pesle Beal + 33 (0)6 87 07 57 88 | [email protected]
Jean Zay
Jean Zay est un homme politique français, né à Orléans (Loiret) le 6 août 1904 et mort assassiné
par des miliciens à Molles (Allier) le 20 juin 1944.
En 1932, il est élu député du Loiret (radical-socialiste). Il est alors le plus jeune député de France.
Il devient, à 32 ans, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre
de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts. Il reste ministre jusqu’à sa démission le 2 septembre
1939 pour rejoindre l’armée.
Il aura été un des grands ministres de l’Éducation nationale, allongeant la scolarité obligatoire
jusqu’à 14 ans, créant les classes de plein air ou les sorties scolaires dans les musées. On lui doit
le CNRS, l’idée de l’ENA dans l’optique d’une démocratisation de l’élite administrative.
Dénoncé pendant des mois par une violente campagne de presse qui réclame la condamnation à
mort du «Juif Jean Zay» comme Juif, franc-maçon, antimunichois, antihitlérien et ministre du Front
populaire, il est interné le 20 août 1940 à la prison militaire de Clermont-Ferrand.
Le 4 octobre 1940, il est jugé par un tribunal militaire, comme officier, pour désertion en présence
de l’ennemi. Il est condamné à la déportation à vie et à la dégradation militaire.
De sa prison de Riom, Jean Zay continue à recevoir régulièrement sa femme Madeleine et ses
deux filles, Catherine et Hélène. Il écrit et communique avec ses amis. Il fait le choix de rester
dans la légalité et refuse une évasion que la Résistance aurait pu réaliser sans peine. Il continue
à travailler pendant sa captivité, préparant les réformes qu’il veut mettre en œuvre après la
Libération.
En 1944, il écrit à Madeleine qu’il est transféré à la prison de Melun, où il n’arrivera jamais.
Son corps sera retrouvé dans un bois de l’Allier, à Cusset, en 1946.
Souvenirs et solitude
Pendant sa captivité, de 1940 à 1944, Jean Zay écrit Souvenirs et solitude.
Il y décrit les sentiments qu’il ressent dans la solitude de sa cellule, commentant l’actualité telle
qu’il en a connaissance et revenant sur son parcours politique.
Le manuscrit de Souvenirs et solitude sort des murs de la prison dans le landau de sa fille Hélène.
Souvenirs et solitude raconte la transformation de Jean Zay.
D’homme d’action engagé, il devient un « inactif forcé », un emprisonné, un observateur, puis progressivement un philosophe, un sage.
Plonger dans son journal, c’est explorer l’esprit d’un homme qui raconte les différents états provoqués par sa solitude absolue. La souffrance mais aussi l’illumination.
Mais c’est aussi lire en détail l’état de la société française de 1939-1944. En effet, s’observant
avec une telle minutie, Jean Zay décrit aussi ce que vit la société française, enfermée dans la
collaboration avec l’Allemagne, paralysée par la défaite et la peur. A travers cette exploration de
l’intime, il parvient à atteindre une compréhension plus large.
Il dépasse la violence et l’antisémitisme pour mieux les combattre. En choisissant d’accepter sa
condition de prisonnier et avec l’aide de la littérature, en apprivoisant l’écriture et la philosophie,
Jean Zay va se libérer et transformer un parcours de mort en un chemin de lumière.
Un texte d’aujourd’hui
De tout temps, Jean Zay a écrit. Depuis les Chroniques du grenier de son adolescence à sa
bouleversante dernière lettre à sa femme Madeleine, où croyant lui annoncer sa libération, il lui
raconte sa mort à venir.
Avec Souvenirs et solitude, outre l’intérêt historique de sa vision et de son action politique, il se
sert de moyens littéraires pour exprimer sa condition de prisonnier. Sa lecture de grands textes
sur l’enfermement (Dostoïevski, Verlaine, Oscar Wilde, …) lui permet de comprendre et de suivre
le chemin qu’il est en train de parcourir.
C’est sur ce témoignage de l’emprisonnement que nous avons choisi de nous focaliser. C’est lui
qui donne l’idée de la dimension qu’acquière Jean Zay au fur et à mesure des jours de prison qui
s’écoulent. Il pose la question de la nécessité de l’enfermement comme remède aux maux de
notre société. Il témoigne de la souffrance métaphysique faite au prisonnier. Il pose la question de
la résistance, de l’élévation par la douleur, de la nécessité de rester éveillé, de l’impossibilité de
vivre dans une cellule.
Les sentiments qui étreignent cet homme sont ceux qui étreignent la société française à cette
période. Ils sont aussi ceux qui nous constituent, aujourd’hui, nous, enfermés dans nos peurs et
nos habitudes, notre luxe et notre aveuglement.
Mais nous les avons enfouis et nous avons tant de mal à les laisser surgir.
Quelles armes déployons-nous aujourd’hui pour lutter contre la violence et la haine, terroriste,
médiatique ou gouvernementale ? Et pour lutter contre notre enfermement ?
Le spectacle
Un homme dans un fauteuil retrace ses sensations durant quatre années de captivité. On ne sait
pas qui il est. C’est un parcours sensible. Le fantôme de Jean Zay ? Ses écrits qui s’incarnent ?
Peut-être mais on ne l’apprendra que très tard.
Nous racontons les sensations d’un prisonnier, son chemin dans la solitude. Sa manière philosophique de vivre. Que découvre-t-il dans cette cellule où il souffre, cultive son jardin, lit, écrit,
réfléchi ... ? Lorsqu’il parle de solitude, c’est celle de l’être humain qu’il explore. Celle que nous
connaissons tous. Notre enfermement. Trésor en partage de l’humanité.
Nous ne gardons aucune trace de l’époque 39-40. Nous regardons l’homme au plus près, non pas
sa fonction, ni la société qui l’a rejeté mais ses sentiments, son appréhension de la solitude.
Par le silence et la poésie, nous racontons l’histoire d’un homme qui grandit en prison, et regarde
le monde depuis l’intérieur de lui-même. Il s’ouvre au monde au fur et à mesure de sa détention.
Le dispositif scénique
La parole de Jean Zay sort des souterrains d’Orléans.
Nous allons rentrer dans la lecture du journal pour faire sortir la parole de Jean Zay.
Nous allons plonger les spectateurs dans l’atmosphère d’une vie en cellule pour raconter qu’un
chemin de liberté s’y dessine. Au jour le jour.
Un acteur assis dans un fauteuil, parle, raconte et revit sa détention, sa libération.
Devant lui, par terre, des objets fabriqués par les prisonniers pour pallier la censure imposée sur
certaines marchandises, et continuer ainsi à créer, inventer, fabriquer.
- réchauds bricolés dans des boîtes de thon et des tubes de harissa
- chaises rembourrées avec de la mousse et du scotch marron
- résistances faites de fourchettes et de bouts de bois pour chauffer l’eau de la Ricoré.
Pierre Baux et Benoit Giros
Pierre Baux
Il débute sous la direction de metteurs en scène tels que Jean Danet, Jacques Mauclair, Pierre Meyrand.
Depuis, il travaille notamment avec Jacques Nichet (Faut pas payer de Dario Fo, Mesure pour mesure de
Shakespeare), la Cie IRAKLI (Zig Bang Parade de Georges Aperghis, La Tentative orale de Francis Ponge)
Célie Pauthe (Quartett de Heiner Müller, L’Ignorant et le Fou de Thomas Bernhard, Long voyage du jour
à la nuit d’Eugene O’Neill), Gilles Zaepffel et l’Atelier du Plateau (Voyage à vélo de Matthieu Malgrange,
Les contes de Grimm, Ecrits rocks avec le violoncelliste Vincent Courtois), Jeanne Champagne (L’Enfant
de Jules Vallès), Eric Vigner (Brancusi contre États-Unis), Slimane Benaïssa (L’Avenir oublié), Frédéric
Fisbach (Tokyo Notes de Oriza Hirata), Jacques Rebotier et François Veyret (Memento), Arthur Nauzyciel
(Ordet de Kaj Munk), Antoine Caubet (Partage de midi de Paul Claudel), Mathieu Bauer (Une Faille, saison
1) et avec le violoniste Dominique Pifarély (Anabasis et Avant la révolution de Charles Pennequin).
Fidèle au travail de Ludovic Lagarde, il a joué dans la plupart de ses spectacles : Le petit Monde de
Georges Courteline, Sœurs et frères d’Olivier Cadiot, Platonov et Ivanov de Tchekhov, Le Cercle de craie
caucasien de Brecht, Oui dit le très jeune homme de Gertrude Stein, Richard III de Peter Verhelst, Un nid
pour quoi faire d’Olivier Cadiot et récemment Rappeler Roland de Frédéric Boyer.
Son parcours de comédien l’a également amené devant les caméras de cinéma et de télévision, sous la
direction de Jean-Marc Moutout, Philippe Garrel, Cédric Kahn, Philippe Faucon, Siegrid Alnoy, Pierre Jolivet, Bénédicte Brunet, Eric Rochant, Rocco Labé, Valerie Mréjen.
Il signe la mise en scène de Comment une figue de paroles et pourquoi de Francis Ponge (Villa Gillet,
Fondation Cartier, TGP, Cité Internationale), Rosalie au carré à partir de textes de Jacques Rebotier (Villa
Gillet) et Passage des Heures de Fernando Pessoa aux Subsistances à Lyon. Dans ce même lieu, il vient
de mettre en scène et d’interpréter l’adaptation du dernier roman de Violaine Schwartz Le Vent dans la
bouche.
Benoit Giros
2012 mise en scène de Au jour le jour, Renoir 1939, créé au CDN Orléans/Loiret/Centre et repris au Nouveau Théâtre de Montreuil
2009 mise en scène de L’Idée du Nord de Glenn Gould qui est repris en novembre 2010 au Théâtre National de Strasbourg
2006 - 2008 lauréat 2008 de la Villa Médicis Hors les Murs pour son travail de recherche et de création sur
La trilogie de la solitude de Glenn Gould
Au théâtre, Benoit Giros a travaillé avec Arthur Nauzyciel dans Ordet de Kaj Munk (2008/2009) et La
Mouette de Tchekhov créé pour la Cour d’honneur du Festival d’Avignon 2012, Jean-Luc Tardieu, la compagnie Eclat Immédiat et Durable, Bernard Sobel Cœur ardent (1995), Jacques Nichet Alceste d’Euripide
(1994)…
Au cinéma, comme interprète, il a travaillé avec Eric Guirado, Possessions (2010), Le Fils de l’épicier
(2007), Quand tu descendras du ciel (2003) pour lequel il reçoit le prix d’interprétation au festival Premier
Plan à Angers, Et frères, court métrage Talents Cannes Adami 2000, Un petit air de fête, césar du meilleur
court métrage 2001 et lutin du meilleur acteur 2000 ; avec Valérie Gaudissart Ich bin eine terroristin (2007)
et Mes insomnies, court métrage (2002) ; avec Rachid Bouchareb, Indigènes (2005) et avec Abdelkrim
Bahloul Un vampire au paradis (1992).
A la télévision, il a tourné entre autres avec Denis Van Waerebeke et Vincent Gaullier, Lucas Belvaux,
Bertrand Arthuys, Jacques Fansten, Caroline Huppert, Patrick Jamain, Maurice Failevic…