Les contraintes de la micro-insularité dans l`amélioration de l
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Les contraintes de la micro-insularité dans l`amélioration de l
Les contraintes de la micro-insularité dans l’amélioration de l’offre de soins Regard géographique à travers l’exemple des Maldives (Océan indien) The constraints of micro-insulation in the improvement of health care access: a geographical perspective shown through an example from the Maldives Alexandre Magnan (1) Résumé : Les Maldives sont un archipel corallien dont la configuration territoriale répond à la logique de l’éclatement : des îles très nombreuses, dont la majorité présente une superficie inférieure à 1 km 2, et qui sont éparpillées entre 19 atolls répartis dans une ellipse de 800 km de long sur 300 de large. De fait, les foyers de population sont eux-mêmes disséminés, ce qui démultiplie les coûts du développement. Or, les Maldives sont un pays relativement pauvre (moins de 5 000 US$/pers/an, indices de développement humain de 0,751 et de pauvreté humaine de 11 %). De profondes contraintes pèsent donc sur le système d’offre de soins qui, malgré d’indiscutables progrès au cours des trois dernières décennies, fait encore preuve aujourd’hui de lourdes insuffisances. D’autant plus que certaines limites sont imposées par des évènements exogènes et relativement imprévisibles, comme le montrent les conséquences du tsunami de Sumatra du 26 décembre 2004. Au-delà de la description de ces éléments, cet article vise à démontrer que les explications d’une telle situation sont en grande partie à rechercher dans la configuration territoriale, ce qui amène à aborder la question plus générale des contraintes de l’insularité et de la micro insularité dans l’amélioration de l’offre de soins. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Summary: The Maldives are a coral-reef archipelago of which the territorial configuration reflects a logic of disintegration: numerous islands, the majority of which have a surface area of less than 1km2 and which are dissipated between 19 atolls distributed in an oval shape of 800 km in length and 300 km in width. Therefore, the population groups and their residencies are themselves quite dispersed, that which also serves to reduce the cost of development. When in actuality, the Maldives is a country relatively poor (less than $5000/capita/year with a human development index of .751 and 11% poverty). Profound and deep-seated constraints weigh therefore heavily on the health care system, which in spite of undeniable progress over the past three decades, is still proof of significant insufficiencies today. Even more so, certain further limitations have been imposed by external and relatively unforeseeable events such as the tsunami of December 26, 2004. Above and beyond the description of these elements, this article aims to demonstrate that the explanations of such a situation are largely to be sought out in the territorial configuration, which brings us to approach the more general question of constraints due to isolation and micro-insulation in the improvement of access to care. Keywords: Health - insulation - isolation - constraints - Maldives. (1) Ex. Chargé d’étude au Comité Régional d’Éducation pour la Santé (île de La Réunion). Docteur en Géogr aphie. [email protected] Correspondance : A. Magnan 19 bis, rue de la Cave - 17137 Marsilly Réception : 29/07/2005 – Acceptation : 25/09/2006 POLITIQUES Mots-clés : Santé - insularité - contraintes - Maldives. 68 A. MAGNAN Archipel corallien isolé dans l’océan Indien, à plus de 300 km au sud-ouest des côtes de l’Inde, les Maldives sont constituées de 1 200 îles et îlots représentant au total une surface émergée de 297 km (Figure 1). Seules 200 îles sont habitées, qui regroupaient, en 2000, près de 270 100 habitants répartis à 25 % sur l’île capitale, Malé, puis à peu près équitablement entre les atolls septentrionaux et méridionaux. Ainsi, la principale contrainte à laquelle les autorités doivent faire face est l’éparpillement des lieux de vie et, de fait, la démultiplication des coûts de développement. Cela se répercute bien entendu sur l’offre de soins, qui, bien que les efforts aient été remarquables au cours des trente dernières années, fait encore preuve aujourd’hui d’une situation de « mal développement ». Rappelons que les Maldives n’ont été radiées de la liste des pays les moins avancés qu’en juillet 2004. Cet article, à travers l’exemple symptomatique des Maldives, a pour objet de montrer quels sont les freins imposés par l’insularité (et plus encore par la micro-insularité) à l’amélioration des conditions de vie en général, et sanitaires en particulier. La problématique est majeure, car s’il existe un lien fort entre marginalisation spatiale et niveau de pauvreté des populations, le même type de corrélation peut être établi entre pauvreté et exposition aux risques sanitaires [3]. L’approche géographique représente donc l’une des clés de lecture des potentialités et des limites des systèmes de santé publique. Une lecture des impacts du tsunami de Sumatra, intervenu le 26 décembre 2004, complètera la démonstration en montrant que l’exposition des milieux insulaires aux risques naturels accentue leur vulnérabilité, tant économique que sanitaire. Trois décennies d’efforts aux Maldives Les Maldives sont un pays musulman devenu République en 1968. Il s’agit donc d’un jeune État qui a fait preuve, au cours des trente dernières années, d’un relatif dynamisme en matière de développement et, en l’occurrence ici, d’amélioration des conditions sanitaires. Deux aspects seront distingués, qui relèvent de la demande en santé, d’une part, et de l’offre, d’autre part. « [En] 1977, l’OMS enregistre le dernier cas de variole en Somalie et déclare la maladie éradiquée. Cette grande victoire est un événement inédit, héritier d’un siècle de progrès médicaux sans précédent et de leur application dans toutes les régions du monde » [2]. L’éradication des épidémies signe ainsi l’engagement dans une dynamique de développement et l’entrée dans l’ère de la modernité. C’est pourquoi, au-delà de quelques données généralistes (taux de natalité et de mortalité, espérance de vie…), l’analyse se concentrera sur l’évolution de quelques grands fléaux, considérée ici comme marqueur de l’amélioration de l’état de santé des populations. Quelques éléments généraux Dans le cadre de la campagne annuelle de suivi du développement humain, les Nations unies précisaient qu’aux Maldives, l’espérance de vie à la naissance était en 2001 de 67 ans alors qu’elle n’était que de 51 ans entre Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 État de santé de la population LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS Atoll de HAA ALIFU N Atoll de HAA DHAALU Océan Indien Atoll de SHAVIYANI Atoll de NOONU Atoll de RAA Atoll de LHAVIYANI Atoll de BAA Atoll de MALÉ NORD Atoll de ARI NORD Atoll de MALÉ SUD Atoll de ARI SUD Atoll de KAAFU Aarah Feydhoo Finolhu Hulhumalé Atoll de VAAVU Atoll de FAAFU Dhoonidhoo Funadhoo Atoll de MEEMU Atoll de DHAALU Viligili Hulhulé (aéroport) MALÉ Atoll de THAA Atoll de LAAMU Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Atoll de GAAFU ALIFU LEGENDE Atoll de GAAFU DHAALU Atoll de THAA Atoll de GNAVIYANI Atoll de SEENU 0 100 km Figure 1 : L’archipel des Maldives. Atoll Limites administratives Récifs coralliens Île Funadhoo Île inhabitée Viligili Île habitée MALÉ Capitale du pays 69 70 A. MAGNAN L’évolution des grandes épidémies Trois fléaux ont été isolés, qui sont la tuberculose, la filariose et la lèpre (Figure 2). Plus de 580 cas de tuberculose (personnes décédées et en cours de traitement) avaient été repérés en 1990. Il n’y en avait plus que 155 en 2001, soit une réduction de 73 % en dix ans. La filariose, qui se caractérise par la présence de vers dans l’organisme, a elle aussi fortement chuté entre 1990 et 2001, passant de 527 cas déclarés à 11 (– 97 %). Les cas de lèpre, enfin, ont été réduits de 87 % sur la même période pour atteindre un total de 40 en 2001, dont 62 % étaient des patients nouvellement déclarés et 38 % étaient déjà sous traitement. La figure 2 (a) montre que la part des cas sous traitement a fortement chuté entre 1990 et 1997, puis plus modestement jusqu’en 2001. Inversement, la proportion des cas nouvellement décelés a augmenté. Il faut voir en cela la preuve de l’amélioration du système de prise en charge : au fil du temps, les patients traités guérissent et n’apparaissent plus dans le total, ce qui, proportionnellement, joue en faveur d’une inflation de nouveaux cas. D’ailleurs, la tendance était à la progression de la lèpre du début des années 1960 jusqu’en 1980 (314 cas en 1963 et 1 690 en 1980), date à laquelle la courbe s’infléchit durablement (985 cas en 1985, 316 en 1990, 40 en 2001) (cf. figure 2 (b)). Parallèlement, celle des cas sous traitement a chuté à partir de 1980. On peut ici supposer que l’augmentation du nombre de cas entre 1970 et 1980 est révélatrice d’un développement des moyens de dépistage, alors qu’ensuite, la réduction est une conséquence des progrès de la médecine et d’un meilleur équipement en structures d’accueil et de traitement. L’évolution de l’offre de soins Deux éléments doivent être distingués qui sont les structures d’accueil et les personnels de santé. Les structures Aux Maldives, la hiérarchie des structures correspond aux différentes composantes territoriales. Ainsi, il y a une réelle gradation de l’hôpital national (échelle de l’archipel) aux Island Health Posts (échelle des îles), qui reflète une stratégie de décentralisation et d’amélioration de l’offre de Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 1970 et 1975 [16]. Sur la période 2000/2005, la probabilité à la naissance des hommes comme des femmes de dépasser 65 ans a été estimée à 70 %, contre 23 % de ne pas vivre jusqu’à 60 ans. Par ailleurs, le taux de mortalité infantile a chuté de 157 ‰ en 1970 à 58 ‰ en 2001, et si 255 enfants sur 1 000 mourraient avant l’âge de cinq ans en 1970, ils n’étaient plus que 77 en 2001. Enfin, le taux de fertilité a également reculé entre les périodes 1970/1975 et 2000/2005 de 7 enfants par femme à 5,3. Ces résultats généraux sont les fruits d’un investissement croissant du gouvernement dans le domaine de la santé, ce que traduit d’ailleurs l’évolution de la dépense publique relative à ce champ : de 3,6 % du PIB en 1990 à 6,3 % en 2000. LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS Valeur de l'indice (base 100 en 1977) Nombre total de cas Cas sous traitement Nouveaux cas (a) Évolutions comparées 10 90 Tuberculose T Filariose F Lèpre L 80 70 L 50 40 30 T F 20 L L 180 F 01 Temps 20 97 19 19 19 90 94 F Nombre de cas (b) La lèpre entre 1963 et 2001 1 690 170 160 150 140 1 300 130 120 % de cas traités 110 100 985 969 100 90 800 80 700 70 60 50 500 314 40 316 30 20 152 9 9 19 19 9 19 19 8 8 19 19 75 7 19 63 19 6 52 Figure 2 : Trois décennies de lutte contre les grands fléaux sanitaires. 40 01 300 200 378 20 400 19 Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 900 10 Temps 71 72 A. MAGNAN proximité semblant avoir été impulsée, comme dans nombre de pays, par la déclaration d’Alma Ata de 1978. On dénombre au total dix structures hospitalières, dont une seule à vocation nationale, l’Indira Gandhi Memorial Hospital (IGMH) de Malé, créée en 1960 [1]. Au milieu des années 1980, cinq hôpitaux à couverture régionale et répartis sur l’ensemble du pays sont venus renforcer le dispositif [15] : à Kulhuduffushi (atoll de Haa Alifu), à Ugoofaru (Raa), à Muli (Meemu), à Thinadhoo (Gaafu Dhaalu) et à Hithadhoo (Seenu). Et en 2001, quatre structures ont été promues « hôpitaux d’atoll » à Lhaviyani, Baa, Laamu et Gnaviyani. Trois grandes phases ont donc caractérisé l’équipement du pays, affinant l’échelon d’intervention au fil du temps : 1985 2001 Échelle nationale Échelle régionale Échelle de l’atoll Temps Si cela démontre une volonté d’assurer une distribution équitable à travers le pays de l’offre hospitalière, le constat actuel reste celui du poids encore écrasant de l’hôpital IGMH en matière de prise en charge de la demande de soins – 56 % des 420 000 cas traités en 2001 – (Figure 3). C’est d’ailleurs certainement en raison de sa présence et de sa capacité que les atolls voisins de Kaafu, Ari, Vaavu, Faafu, Dhaalu et Thaa n’ont pas encore été équipés en structures secondaires. Les hôpitaux régionaux prennent donc le relais hors de la zone d’influence majeure de l’hôpital national, l’échelon d’hôpital d’atoll affinant encore le système d’accueil. Parallèlement, se trouvent dans chaque atoll des centres de soins (Atoll Health Center), qui contribuent à 35 % du total des prises en charge du pays – 62 % pour les hôpitaux. Ces structures sont le relais des hôpitaux régionaux et/ou d’atoll ; elles ont l’avantage d’être aisément accessibles pour la population. Cause et conséquence, leur vocation est l’intervention de proximité. Chacune regroupe en général quelques médecins (approche curative de troubles classiques), mais surtout des travailleurs sociaux chargés des actes de prévention et du planning familial. On peut estimer que la répartition de ces centres ainsi que leur capacité de prise en charge sont, en proportion du nombre d’habitants, équivalentes dans l’ensemble des atolls. On suppose ainsi que les centres de soins ne modifient pas ou de manière négligeable les aires d’influence respectives des différentes structures hospitalières, sans doute parce qu’ils assurent une offre de santé davantage complémentaire que concurrentielle. Il semble cependant y avoir une correspondance entre la forte densité potentielle d’individus par centre d’atoll et la présence d’une structure hospitalière. La desserte par un hôpital a en effet induit un plus modeste équipement en structures secondaires, élevant d’autant plus le nombre théorique de personnes par centre d’atoll. Rien n’indique cependant que la présence dans l’atoll d’une structure de niveau hiérarchique supérieur s’accompagne d’une moindre fréquentation du centre (2). Le nombre moyen de personnes par centre d’atoll reste ainsi très (2) En tout cas par rapport à celle que l’on pourrait observer dans un centre appartenant à un atoll sans hôpital. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 1960 LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS HAA ALIFU Kulhudhuffushi HAA DHAALU SHAVIYANI RAA Ugoofaaru NOONU LHAVIYANI BAA MALÉ NORD ARI NORD MALÉ SUD ARI SUD VAAVU FAAFU Muli DHAALU MEEMU THAA Malé (IGMH) LAAMU GAAFU ALIFU Thinadhoo GAAFU DHAALU GNAVIYANI Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Hithadhoo SEENU 0 Hôpital national 100 km 10 % du total des patients traités Hôpital régional 5 % du total des patients traités Hôpital d'atoll 1 % du total des patients traités Figure 3 : L’offre hospitalière aux Maldives en 2001. 73 74 A. MAGNAN Les personnels Si l’évolution générale en personnels de santé, d’un point de vue strictement quantitatif, a été constante et relativement importante entre 1984 et 2001 (multiplication par 6,6), il n’en reste pas moins de larges insuffisances. En effet, après 2000, on ne dénombrait en moyenne qu’un professionnel de santé pour 125 Maldiviens, toutes catégories de personnels confondues (2 162 personnes à travers tout le pays). Le panorama de répartition était, en 2001, de 12 % de médecins (263 individus), 29 % de nurses, 36 % de personnes travaillant dans les centres communautaires d’atoll et 23 % de professionnels du paramédical (319 pharmaciens, 22 radiologues, 18 dentistes…). C’est d’ailleurs la branche paramédicale qui a connu la plus forte progression avec une multiplication de son effectif par 50 entre 1984 et 2001, alors que le nombre de médecins a été multiplié par 13 et celui de sages-femmes presque par 9. Au-delà, la situation nationale masque des disparités entre la capitale et les atolls. Malé regroupait, en effet, en 2001, plus de 39 % du total des professionnels alors que sa population représentait 25 % des Maldiviens, distorsion révélatrice d’un meilleur taux d’encadrement dans la capitale que dans les atolls (60 % des professionnels pour 75 % des habitants). De plus, et d’un point de vue plus qualitatif, près de 47 % des médecins généralistes et 67 % des spécialistes du pays étaient établis à Malé, tout comme 61 % des sages-femmes et 64 % des paramédicaux. Seuls les personnels de santé communautaire étaient à 99 % disséminés dans les atolls. L’offre de santé spécialisée tend donc, encore aujourd’hui, à se concentrer sur Malé, et si les tendances montrent que l’ensemble de la population maldivienne bénéficie d’une amélioration progressive de l’offre de santé, cela n’est valable que si l’on considère les déséquilibres relativement classiques (rhume, troubles digestifs, petites blessures…). Il existe donc aux Maldives une évolution à deux vitesses de la performance en offre de soins, Malé étant à la pointe du progrès. L’offre de santé communautaire est d’ailleurs prioritaire dans les atolls et ultra minoritaire à Malé (0,6 % des professionnels). À la fois cause et conséquence de ces déséquilibres dans l’offre de santé, on peut avancer l’hypothèse suivant laquelle les habitants de Malé – moteur du développement et espace le plus en contact avec la modernité (3) – considèrent davantage la gestion des équilibres de santé comme une démarche individuelle, alors que dans les atolls, l’approche communautaire (3) Référence faite ici à la vision occidentale du monde et de la vie (qui tend à valoriser l’individu aux dépens de la communauté), même si S.P. Huntington [8] propose de faire une distinction entre modernisation et occidentalisation. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 élevé, variant de 1 900 (Faafu) à plus de 8 000 (Haa Dhaalu) dans le cas d’atolls ne disposant pas d’un hôpital à proximité. Ce dernier point laisse présumer d’une situation générale encore insatisfaisante. Enfin, des structures relaient les centres d’atoll à l’échelle des îles (Family Health Facility ou Island Health Post), mais compte tenu des densités de population (en moyenne 2 346 hab/km 2), leur impact reste limité [10]. Quelques cliniques sont également en activité, mais elles ne concernaient, en 2001, que 3 % des patients traités. LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS 75 domine. Autrement dit, on toucherait là à la différence entre, d’une part, un état d’esprit urbain moderne valorisant l’individualisme et, d’autre part, un mode d’appréhension rural traditionnel fondé sur la collectivité. Le cas de l’archipel des Maldives est tout à fait caractéristique des difficultés rencontrées par les petits États insulaires en développement en matière de rééquilibrage territorial. Il est en effet classique dans ces contextes que les capitales polarisent l’espace, tant sur les plans économique, que politique et social. Les répercussions sont alors démographiques (mouvements centrifuges autour de la capitale et de sa périphérie), initiant ainsi un effet de cercle vicieux d’autant plus problématique que ces territoires présentent des caractéristiques naturelles contraignantes et une forte exposition aux risques naturels. À propos de quelques contraintes à l’amélioration de l’accessibilité aux soins L’état de santé d’une population étant l’un des marqueurs des conditions générales de vie, il convient de rechercher en celles-ci les attributs des difficultés à améliorer l’offre de soin à travers le pays. Aux Maldives, les freins à l’accessibilité aux soins relèvent principalement de deux types de contraintes. Alors que le premier, d’ordre structurel et conjoncturel, fait référence aux difficultés des populations à sortir de leur île d’origine, le second, d’ordre événementiel cette fois-ci, renvoie au poids des éléments naturels dans la vulnérabilité sanitaire des populations. Une contrainte conjoncturelle : l’enclavement des îles Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 L’enclavement « naturel » des îles habitées est tout à fait caractéristique de la situation maldivienne. La faible profondeur des platures récifales qui ceinturent les îles ainsi que l’éclatement territorial qui démultiplie les coûts d’investissement sont à l’origine d’un réel enclavement des populations [14, 5]. Or, cela se répercute de fait sur l’accessibilité aux services sanitaires et sociaux. La donne naturelle : l’exiguïté et l’isolement L’exiguïté impose des limites structurelles dans la mesure où les îles habitées de l’archipel ne font en moyenne que 0,3 à 0,7 km 2 selon les paramètres de calcul. Parallèlement, élément qui participe à restreindre l’espace de vie, elles accueillent des communautés relativement conséquentes : les densités varient selon les lieux de vie de quelques centaines d’habitants par kilomètre carré à plus de 75 900 dans le cas extrême de Kadholhudhoo (atoll de Raa). La croissance de l’habitat amoindrit ainsi d’autant plus les réserves d’espace pour l’implantation d’infrastructures médicales et/ou paramédicales, en même temps que la pression de la demande s’accroît. Il y a là un véritable paradoxe, difficile à enrayer tant l’occupation de nouvelles îles – pour l’heure inhabitées – est difficilement envisageable (4). (4) En fait, le gouvernement pense davantage à regrouper la population (passer de 200 à 80 îles habitées), mais là encore, les coûts d’équipement (habitat et services) ralentissent le processus (plusieurs tentatives ont échoué auparavant) [11]. 76 A. MAGNAN La donne anthropique : état de pauvreté, enclavement des populations et accessibilité aux soins Finalement, ces contraintes naturelles se traduisent en coûts de développement, d’autant plus lourds à assumer que les foyers à équiper sont nombreux et que la modestie des budgets du gouvernement l’oblige à faire des choix. L’implantation d’une école peut primer sur celle d’un établissement de soins. De même que, par exemple, l’amélioration de la qualité de l’offre, qui passe notamment par la formation de personnels qualifiés et l’acquisition des attributs du progrès technique, peut être entravée par la nécessité de creuser des ports dans les platiers, afin de réduire l’enclavement des îles. Ce point est particulièrement problématique aux Maldives, car il conditionne les coûts d’équipement sanitaire. En effet, si les populations pouvaient se déplacer aisément d’une île à l’autre, il serait tout à fait envisageable que chacune d’elles se « spécialise » et joue la complémentarité avec les autres, réduisant de fait les coûts. Ce n’est cependant pas le cas, puisqu’à l’échelle du pays, 55 % de la population (mise à part celle de la capitale) vivaient en 1998 sur une île difficilement accessible [14]. Toujours sans compter les habitants de Malé, plus des deux tiers de la population vivaient dans une île ayant un port peu accessible, auxquels il faut ajouter près de 19 % qui habitaient une île sans même une simple jetée. En matière de transport également, les conditions sont médiocres. On dénombrait, par exemple, en 2000, une moyenne de 36 habitants par bateau non utilisé pour la pêche. Et trente-six îles habitées (5) possédaient moins de 1 bateau pour 100 personnes, situation qui concernait près de 48 500 individus, soit 26 % de la population du pays (capitale exclue). Au-delà, il existe donc une limite d’ordre économique à l’amélioration du système de soins, constat caractéristique des pays en développemen [12]. (5) Hors celles de Seenu dont 4 sur 6 sont reliées entre elles par des ponts. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 L’isolement s’impose également comme contrainte de fond. Il s’applique à deux échelles spatiales. La première est celle de l’île, du lieu de vie. Les îles sont, en effet, ceinturées par des platiers récifaux peu profonds qui n’autorisent le passage que de modestes embarcations (barques de bois), en même temps qu’elles limitent les possibilités d’abri. Il est donc difficile de quitter l’île. Parallèlement, au sein même des atolls, les îles habitées sont généralement éparpillées. Il faut ajouter à cela la profondeur des chenaux (entre 300 et 400 m dans les atolls, de 3 000 et 4000 m entre les atolls) qui se traduit en termes de courants, lesquels représentent un danger permanent pour les plus modestes des embarcations (qui sont également les plus répandues). On comprend ici la difficulté qu’il y a à équiper chaque lieu de vie de structures adéquates, ce qui, là encore assez paradoxalement, permettrait de pallier les problèmes d’irrégularité dans l’acheminement de médicaments, par exemple, comme dans le passage de professionnels qualifiés « itinérants ». LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS 77 Une contrainte évènementielle : l’exemple des conséquences du tsunami du 26 décembre 2004 On the morning of 26 December, tidal waves (…) struck all parts of the Maldives. Within minutes, decades of development, hopes of our people, and aspirations of our children were washed out into the sea. Discours d’allocution du représentant de l’État maldivien, Conférence de Maurice (janvier 2005). L’exposition aux risques naturels, forts de conséquences sanitaires, est élevée aux Maldives, d’autant plus que le contexte est à l’élévation du niveau de la mer (cf. réchauffement climatique). Les impacts potentiels des catastrophes sont majorés par le fait qu’il s’agit d’un archipel pauvre, dont les moyens de défense et de prévention restent limités. Les Maldives sont donc la proie de phénomènes de cercles vicieux, dont le tsunami de Sumatra du 26 décembre 2004 offre une démonstration magistrale. Cet événement montre, en effet, que les impacts sanitaires doivent être mesurés à deux échelles de temps : sur le court terme, d’abord, en raison de la nature intrinsèque du territoire ; dans la durée, ensuite, car la catastrophe a touché le pays en son cœur économique, fait lourd de conséquences en contexte sous-développé. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Panorama général des impacts Rappelons que le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 8,9 sur l’échelle de Richter a été enregistré, dont l’épicentre fût localisé au large de la côte nord-ouest de l’île indonésienne de Sumatra. L’onde de choc a donné naissance à un tsunami, qui, au fil de sa course océanique, a atteint les Maldives au bout de quatre heures. Bien que les médias aient largement fait état du lourd bilan de cette catastrophe, notamment en pertes humaines (plus de 280 000 morts et 1 million de personnes déplacées), les conséquences sur l’archipel maldivien ont peu été évoquées. Pourtant, la situation des Maldives offre un cadre de lecture très intéressant. En effet, même si le pays fait partie de ceux qui affichent le moins de dégâts directs [17], il n’en est pas moins l’une des plus grandes victimes du tsunami. Notamment parce que l’industrie touristique, qui représente le potentiel économique nécessaire à la reconstruction dans le temps, a été sévèrement touchée. Les conséquences immédiates Les Maldives, dont 80 % de la surface émergée culminent à moins de 1 m d’altitude, ont essuyé une montée des eaux d’environ 1,5 m. Officiellement, 187 des 200 îles habitées ont été touchées à des degrés divers, dont 67 sur l’ensemble de leur superficie et 54 entre le tiers et 90 %. Et au total, entre 4 700 et 6 800 ha de terres ont été submergés, ce qui correspond à une fourchette de 42 à 60 % du territoire habité, et entre 1/3 et la moitié des habitants du pays. L’élévation du niveau de la mer a causé d’importants dégâts matériels, notamment au niveau des bâtiments (résidentiels et autres) et des infrastructures et équipements des îles. Selon le gouvernement, plus de 14 % des bâtiments ont été endommagés à travers l’archipel. Si seuls six atolls ont été relativement épargnés (Haa Dhaalu, Shaviyani, Lhaviyani, 78 A. MAGNAN Des conséquences dans le temps Les conséquences indirectes du tsunami sont les plus préoccupantes, car elles engendrent des coûts qui, différés dans le temps, correspondent à la phase de reconstruction. Or, celle-ci fait parfois référence à des situations de relative urgence. Par exemple, il a été estimé que 25 % des îles habitées ont perdu toute leur flotte de pêche, principale source de revenus des habitants, et qu’à l’échelle du pays, ce sont 12 % de la flotte qui ont été détruits. Le poisson étant également la principale source de protéines dont dispose la population (6), on peut imaginer les conséquences sanitaires d’un temps de réponse trop long. La problématique est exacerbée par le fait que le coût de long terme est bien plus conséquent que celui d’urgence. Il était estimé au début du mois de janvier 2005 à près de 1,3 billion US$. Les investissements liés aux logements, aux écoles et aux infrastructures de santé n’en représentaient plus que 13 %, alors qu’ils dominaient l’intervention d’urgence. La même (6) La consommation de poisson est aux Maldives d’environ 186 à 191 kg/pers/an, soit l’une des plus élevée du monde ; en 2001, il était évalué que cette source représentait pour la population 81 % de son apport en protéines animales, et 55 % de l’apport protéinique en général. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Faafu, Gaafu Dhaalu, Gnaviyani et Addu), ceux du centre ont été les plus touchés, parmi lesquels Kaafu (51 % des bâtiments ont été endommagés), Vaavu (77 %), Meemu (44 %) et Thaa (40 %). Et 74 îles ont eu au moins la moitié de leurs bâtiments dégradés à très dégradés (tous pour 25 îles). En termes d’infrastructures et d’équipements, le gouvernement annonçait le 4 janvier 2005 que 79 îles étaient sans eau potable, que 26 étaient dépourvues d’électricité, que 24 ne disposaient pas de téléphone et que 4 n’avaient aucun moyen de communication. Sans compter que les pharmacies et/ou structures de soins de 50 îles étaient hors d’usage et que, selon la FAO, 50 % des parcelles cultivées à travers l’archipel avaient été ravagées. Les impacts immédiats occasionnent des coûts d’urgence. Il s’agit alors de rétablir les communications avec les îles isolées, de remédier au manque de logement par l’intermédiaire de camps de réfugiés – comme sur Hulhumalé, où 120 unités pouvant accueillir presque 1 000 personnes pendant 1 an ont été construites –, ou en réquisitionnant des bâtiments publics (écoles, administrations…). Il s’agit encore d’éviter des dérives sanitaires comme les épidémies liées aux eaux stagnantes (moustiques et bactéries) et de pallier les difficultés d’approvisionnement en eau potable, inhérentes à la salure des nappes phréatiques et à la destruction des réservoirs [6]. Rappelons à titre d’exemple qu’en 2000, l’eau de pluie représentait la première source d’eau potable pour 39 % des ménages de Malé et pour 73 % de ceux des atolls [14]. Une quinzaine de jours après le tsunami, le coût global d’urgence a été estimé à 239 millions US$, dont 42 % pour la restauration de l’habitat, 21 % pour celle des écoles, 11 % pour les équipements d’hygiène (eau potable, toilettes…) et la nourriture, 5 % pour les aspects sanitaires (soins et infrastructures) et autant dans le domaine des transports. Si les aides internationales, de diverses origines, ont largement contribué à assumer ces dépenses, un réel problème se pose dans la durée. LES CONTRAINTES DE LA MICRO INSULARITÉ DANS L’AMÉLIORATION DE L’OFFRE DE SOINS 79 part concernerait les infrastructures publiques (routes de Malé notamment, administrations et mosquées en général), et 17 % pour la rénovation/ reconstruction des ports, des jetées et des bateaux, éléments vitaux pour les îles habitées. Les infrastructures à vocation touristique absorberaient quant à elles 15 % du budget. Si les dépenses de long terme sont considérablement plus élevées que celles d’urgence, c’est parce qu’aux Maldives, ce sont les piliers économiques qui ont été ébranlés, en l’occurrence le tourisme (près de 30 % du PNB, 75 % des entrées de devises étrangères, indispensables aux importations) et la pêche (17 % du PNB, 55 % des emplois partagés avec l’agriculture). En termes de recettes touristiques, par exemple, les scénarios les plus optimistes tablaient sur une réduction de moitié par rapport à l’an passé (– 60 % pour les prévisions pessimistes), ce qui élevait les pertes liées au secteur touristique à près de 230 millions US$, soit 49 % du total des pertes liées au tsunami [7]. Si bien que l’AFP déclarait, au 31 décembre 2004, que les Maldives et le Sri Lanka étaient assurément les deux pays les plus touchés sur le plan économique et sur le moyen terme. Trois grands éléments de conclusion peuvent être avancés qui font référence à l’intérêt d’une approche géographique des phénomènes de santé en contexte insulaire et, plus spécifiquement au sujet des Maldives, à celui d’une incitation à la formation des jeunes générations. Santé publique 2007, volume 19, n° 1, pp. 67-80 Les impacts d’un tel évènement dans un contexte aussi étriqué – tant d’un point de vue naturel qu’économique – que celui des Maldives permettent de prendre la mesure de l’extrême vulnérabilité des (tout) petits États insulaires en développement. Or, l’accessibilité à une offre de soins de qualité, comme le rappelait J.-M. Amat-Roze [2], est l’un des buts ultimes du processus général de développement, ne serait-ce que parce que la santé des populations est une condition sine qua non des évolutions dans les domaines éducatifs, économiques et sociaux [4, 9, 13]. La prise en compte des contraintes d’ordre territorial – nature des lieux et modalités d’occupation de l’espace – est donc bien, dans le cadre des systèmes insulaires comme dans les autres, au cœur des politiques de santé publique. En termes prospectif, la croissance économique reste aujourd’hui la seule solution permettant aux Maldives de poursuivre les efforts d’amélioration des conditions de vie et de réduction des difficultés d’accessibilité des îles habitées. Toutefois, il apparaît indispensable, en parallèle, d’y agréger une vaste politique interne d’incitation à la formation dans les domaines du tourisme, d’une part, afin de réduire les effets de dépendance extérieure (actuellement, 1 employé d’hôtel sur 2 est étranger) tout en augmentant le pouvoir d’achat de la population ; et de la santé, d’autre part, ce qui permettrait de renforcer les compétences locales de proximité (croissance des effectifs, développement des soins spécialisés à l’échelle des atolls, puis des îles). À l’heure actuelle, le gouvernement maldivien est engagé dans ce type de démarche, notamment à travers l’attribution de bourses d’études (dans le pays et à l’étranger), avec comme professions prioritaires les médecins, les sages-femmes et les personnels de santé communautaire. Mais là encore, des freins financiers s’imposent. 80 A. MAGNAN Enfin, il faut également noter que les caractéristiques intrinsèques des territoires insulaires et multi-insulaires, qui les différencient fondamentalement des espaces continentaux, permettent d’appréhender « en temps réel » certaines dynamiques, telles la diffusion des innovations, des idées, des services publics… Ces territoires sont, en ce sens, de véritables « laboratoires » qui, sur des questions-clés comme les impacts de la marginalisation et des inégalités, ou encore la compréhension des phénomènes de déséquilibre et de résilience, peuvent offrir un cadre de lecture pertinent, car appliqué. 1. Adeney M, Carr WK. The Maldives Republic. 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Hungtington SP. Le choc des civilisations. Paris : Odile Jacob, 1997 : 545 p. 9. McMichael AJ, Kjellstrom T. Sustainable development, global environmental change and public health. Isuma 2002;2(2):43-50. 10. Ministry of Planning, Human Ressources ans Environment, Republic of Maldives. Fifth National Development Plan 1997-2000. Volume II. Malén 1998 : 138 p. 11. Rufin-Soler C. « Évolutions environnementales des littoraux des atolls coralliens dans les océans Indien et Pacifique : le cas des archipels maldivien et tuvaluan ». [Thèse de doctorat nouveau régime en géographie] Brest : Université de Bretagne Occidentale, 2004, 429 p. (2 volumes). 12. Sachs JD. Health in the developing world: achieving the Millennium Development Goals. Bull WHO 2004; 82(12):947-52. 13. Tizio S. Quelle légitimité pour les politiques de santé face aux objectifs de développement durable ? Revue Développement durable et territoires 2004. [URL: http://www.revue-ddt.org)]. 14. 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