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Sommaire «Nous cherchons à promouvoir une Europe sans barrières,» dit Alexandr Vondra, vice-président du Conseil pour les affaires européennes pp. 4 – 7 Editorial Chers lecteurs, je suis très content de pouvoir vous adresser la parole sur les pages de la présente revue et d’ajouter quelques remarques sur la République tchèque et sur le CzechTourisme, organisation publique dont la mission principale consiste à faire la propagation, à l’étranger et sur le marché de tourisme national, de la République tchèque en tant que destination touristique attrayante. La République tchèque compte parmi les destinations touristiques importantes et recherchées d’Europe centrale. Les beautés naturelles s’y marient avec celles qui ont été créées par la main d’homme: par la quantité de monuments culturels notre pays compte parmi les grandes puissances mondiales. Conscients des richesses culturelles, historiques et architecturales de la République tchèque, les visiteurs du monde entier viennent toujours plus nombreux ces dernières années. Le territoire de notre pays est parcouru de milliers de kilomètres de chemins touristiques et il est parsemé d’un nombre incroyable de monuments culturels, de villes historiques pittoresques et de stations balnéaires renommées, recherchées tant pour les cures que pour le repos. En plus, la saison touristique ne se limite pas à quelques mois de l’année: en toute saison, une excursion en Tchéquie permet au voyageur de se rendre compte que c’est un endroit idéal tant pour y passer les vacances que pour y venir pour le week-end. C’est d’ailleurs ce crédo qui inspire les activités que le CzechTourisme a nouvellement introduites en 2007. Notre organisation a préparé plusieurs circuits thématiques nouveaux qui, dans l’esprit des touristes étrangers, devraient représenter la République tchèque à l’avenir et qui se résument dans la devise: «République tchèque – symphonie d’impressions». Notre pays offre, en effet, une incroyable pluralité de possibilités d’un repos actif et passif. En premier lieu, citons sa riche histoire à laquelle sont liées les visites de châteaux forts, résidences historiques et de monuments religieux, ainsi que celles de monuments techniques. Ces dernières années, ce sont les vacances actives qui sont de plus en plus populaires, donc le cyclisme et les randonnées pédestres, de même que les sports d’hiver et d’adrénaline, ainsi que l’agrotourisme, la chasse, la pêche ou le golf. La République propose, en outre, de nombreuses expériences gastronomiques inédites et activités distractives permettant de passer chez nous des vacances «pleines d’impressions». Rappelons encore deux circuits déjà éprouvés: thermalisme médical et tourisme collectif et de motivation. L’affluence de touristes étrangers dans le pays s’accroît d’année en année. L’agence gouvernementale CzechTourism prendra soin de maintenir sa tendance ascendante. Je vous souhaite à tous de cueillir en République tchèque une vraie «symphonie d’impressions». Port aérien pour le troisième millénaire – le 70e anniversaire de l’aéroport Letiště Praha pp. 8 – 11 Les cyclistes sont les bienvenus – venez pédaler avec nous sur les routes légèrement ondulées pp. 12 – 15 Les étrangers découvrent les rivières tchèques – la descente des rivières tchèques – Vltava, Sázava, Morava... n’est pas payante pp. 16 – 19 Galerie: La Forêt vierge de Boubín est vieille et interdite au public pp. 20 – 21 Etangs de Bohdaneč – l’équilibre naturel revient dans le pays des étendues d’eau monumentales pp. 22 – 25 Succombant à l’appel de lointains – la popularité du camping tchèque était difficile à gérer pour le régime communiste pp. 26 – 29 «Gars de la rivière» oubliés – la gloire millénaire du métier de flotteurs de bois s’est éteinte avec la construction des barrages sur la Vltava pp. 30 – 33 Mosaïque d’évènements et de curiosités de la République tchèque pp. 34 – 35 L’association pragoise Vltavan a survécu à tous les régimes – et elle est aujourd’hui la plus ancienne association du pays pp. 36 – 38 Le Coeur de l’Europe paraît six fois par an. Sur ses pages, ce périodique donne l’image de la vie en République Tchèque. Les articles expriment les opinions de leurs auteurs qui peuvent ne pas être toujours identiques aux points de vue officiels du gouvernement tchèque. La reproduction des textes figurant dans le présent périodique sans l’autorisation de l’auteur est prohibée. Pour l’abonnement, veuillez vous adresser à la rédaction du périodique. Éditeur: Éditions THEO, en coopération avec le Ministère des Affaires Étrangères de la République Tchèque. Adresse de la rédaction: J. Poppera 18, 530 06 Pardubice, République Tchèque Rédacteur en chef: Pavel Šmíd Rédacteur artistique: Karel Nedvěd Président du Comité de rédaction: Zuzana Opletalová, directeur du Département de presse du Ministère des Affaires Étrangères de la RT et porte-parole du ministre Membres du Comité de rédaction: Libuše Bautzová, Pavel Fischer, Vladimír Hulec, Robert Janás, Milan Knížák, Martin Krafl, Eva Ocisková, Tomáš Pojar, Jan Šilpoch, Petr Vágner, Petr Volf, Marek Skolil Traduction: Institut de Langues et Littératures Romanes de l’Université Masaryk de Brno. Imprimé à VČT Sezemice ISSN 1211–930X Rostislav Vondruška Internet: http://www.theo.cz E-mail de l’éditeur: [email protected] directeur de CzechTourism 3 «Nous cherchons à promouvoir une Europe sans barrières» dit Alexandr Vondra, vice-président du Conseil pour les affaires européennes Alexandr «Sacha» Vondra est l’un de nos hommes d’Etat et diplomates les plus populaires, grâce aussi au fait qu’il avait pris une part active à la résistance anticommuniste et avait été emprisonné pour ses opinions. En soutenant sa candidature aux élections sénatoriales de l’année passée, le sénateur Jaromír Štětina l’a caractérisé en termes suivants: «Le dissident Sacha Vondra n’a jamais fait de sa dissidence un mérite à récompenser. De même qu’à l’époque, il sait joindre aujourd’hui tout naturellement les impératifs de la conscience et ceux de la raison.» Agé de 46 ans, Vondra est souvent traité par la presse de «Monsieur l’Eu- 4 rope tchèque». Dans sa conception, les Tchèques devraient «se réveiller à une saine assurance» au sein de l’Union européenne. Son travail est marqué par le sérieux et par la constance d’opinions. Les années passées dans la dissidence et dans l’underground donnent à son activité politique un caractère dénué de formalisme. Pendant la compagne électorale où, ministre des Affaires Etrangères, il briguait le siège de sénateur, il parcourait – par principe – les rues de villes et de communes sans gardes du corps... Il est partisan de la société civile et de la démocratie ouverte et ses destinées illustrent sa conception du monde. Dans «Après la révolution», avec Stanisav Devátý et Jana Petrová-Marco. 1990. Avec Václav Havel: pourparlers menés au nom du Forum civique, décembre 1989. Recontre de la Solidarité tchéco-polonaise en été 1989. Václav Malý, Václav Havel, Eda Kriseová, Alexandr Vondra, Anna Šabatová, Ján Černogurský et autres dissidents. Plus d’un demi-million de personnes se sont ressemblées sur la Plaine de Letná pour se prononcer pour le renversement du gouvernement en Tchécoslovaquie. Sur la tribune de droite à gauche: Sacha Vondra, Tomáš Hradílek et Dana Němcová. Le 26 novembre 1989. Interview «Dans la politique tchèque, il représente toujours un phénomène à part: les médias et le public peuvent facilement l’atteindre par téléphone, il ne refuse pas les demandes d’entretien, même pas aux journaux qui le critiquent.» Hebdomadaire Respekt au sujet d’Alexandr Vondra les années 1979-1984, il fit les études de géographie à la Faculté des Sciences de l’Université Charles, à Prague. Il se rallia très tôt aux travaux de l’opposition démocratique. Il décida de quitter la faculté et travailla plusieurs années au château de Liběchov comme conservateur des collections asiatiques du Musée Náprstek. Dans les années 1980, il était manager de Národní třída, groupe underground de musique rock, composé de jeunes musiciens, artistes et littéraires. Avec Jáchym Topol et Ivan Lamper, il publiait le périodique samizdat Revolver revue, tribune de littérature nonconformiste qui dure toujours. Il entretenait des contacts avec les dissidents hongrois, polonais et lithuaniens et, en 1987, il devint membre de la Solidarité tchéco-polonaise. Il participa aux fameuses rencontres de représentants de l’opposition tchécoslovaque et polonaise à la frontière entre les deux pays dans les Monts des Géants et contribua à l’organisation du passage en secret de littérature, de cor- respondance et de moyens techniques à travers les chaînes de montagne. En 1989, il fut porte-parole de la Charta 77 et un des auteurs de la pétition Quelques phrases, dont le retentissement exceptionnel annonçait la chute du régime communiste. Pour son activité, il fut incarcéré dans les prison de Ruzyně et de Pankrác. En novembre 1989, il figura parmi les fondateurs du Forum civique, mouvement politique qui était à la tête du pays jusqu’aux premières élections libres. L’appartement de son épouse au centre de Prague, rue Trojanova, servit alors de lieu de rédacEn famille dans sa maison de campagne près d’Úštěk. 2006. tion d’Informační servis qui devait se traformer plus tard en hebdomadaire Respekt qui continue toujours à paraître. Dans les années 1990, il était tout d’abord le conseiller du président Havel pour la politique extérieure. C’est de son iniciative que fut organisée la rencontre, à Bratislava, des intellectuels et des dirigeants suprêmes de la Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Pologne qui devait aboutir à la coopération de Visegrád. Plus tard, il était – en tant que premier vice-ministre des Affaires Etrangères – à la tête de l’équipe qui s’occupa de la partition des services diplomatiques tchécoslovaques, il était parmi les négociateurs de la déclaration commune tchéco-allemande et il ouvrit les entretiens sur l’entrée de la République tchèque dans l’O.T.A.N. E ntre 1997 et 2001, il fut ambassadeur de la République tchèque aux Etats-Unis, ensuite mandataire du gouvernement tchèque à la préparation du sommet de l’O.T.A.N. à Prague. De 5 Ministre des Affaires étrangères nouvellement nommé, Alexandr Vondra pose avec les chefs de nos représentations diplomatiques pour la photographie commune. son propre chef, il a quitté la diplomatie en 2003. E n 2006, il a été nommé ministre des Affaires étrangères de la République tchèque et, au printemps de la même année, il a été élu sénateur pour le parti ODS. En janvier 2007, il est devenu vice-président du Conseil aux affaires européennes. Il est titulaire de nombreuses distinctions étrangères en appréciation de ses activités en faveur des droits de l’homme, de la démocratie et de l’entente internationale, dont National Endowment for Democracy Medal et des distinctions d’Etat polonaises et letonnes. Quels sont les préparatifs de la République tchèque pour son imminente présidence de l’Union européenne? Les préparatifs de la présidence tchèque du Conseil de l’UE, qui aura lieu dans le premier semestre 2009, se poursuivent de façon intense depuis le début de l’année. L’équipe stabilisée, composée de spécialistes de la problématique en question, a fait d’importants progrès quant à la définition stratégique des priorités de la présidence tchèque une série d’offres publiques de sélection qui supposent une vaste participation du secteur d’entreprise privé. Elle intensifie la communication avec différents ressorts en vue de la coordination des priorités politiques et de l’organisation d’activités d’accompagnement. Dans la phase finale se trouve le concours pour le logo et pour l’image visuellement homogène de notre présidence. Qu’est-ce que la République tchèque a à proposer à l’Union européenne, comment devrait-elle s’acquitter de la présidence pour que, dans un certain sens, elle puisse servir de modèle à d’autres pays? et, plus généralement, de sa préparation au niveau d’organisation, d’administration et de communication tant en République tchèque qu’à Bruxelles. A l’heure actuelle, on est sur le point de terminer, en coopération avec la Représentation permanente à Bruxelles, la première version du calendrier de notre présidence, c’est-à-dire de l’échéancier de négociations clés prévues pour la durée de notre présidence. Ce 6 calendrier sera consulté et corrigé en collaboration avec le secrétariat général du Conseil de l’UE. En ce moment, nous sommes en train de brosser un tableau de capacités de différentes régions du point de vue d’organisation de congrès, d’hébergement ou de restauration afin d’évaluer leur potentiel d’accueil pour les réunions informelles des ministres. Nous voudrions, en effet, que la plupart d’entre elles aient lieu dans les régions. Aussi l’équipe préparatoire de la présidence publiera-t-elle dès l’automne Alexandr Vondra photographié au milieu de journalistes pendant le voyage de Václav Havel dans les pays d’Amérique latine. 1966. Pendant sa présidence du Conseil de l’UE, la République tchèque voudrait faire voir à l’Union comment un nouvel Etat membre ressent les défis du processus d’intégration européen. Cette intention est exprimée dans la devise de la présidence tchèque – «Europe sans barrières» – embrassant tant les aspects intérieurs de l’action de l’EU que ses aspects extérieurs. Notre attention sera concentrée sur les principaux domaines prioritaires – compétitivité, les quatre libertés (note de la rédaction: mouve- En nous situant au-dessus et en dehors de l’Europe, qu’est-ce que la République tchèque peut proposer au monde. Sur quoi repose votre attachement personnel au peuple tchèque, au «petit jardin» tchèque? J’aime le paysage tchèque, sa diversité et variété. Des liaisons personnelles m’attachent notamment au paysage dramatique de la Bohême du Nord. Cependant, j’ajoute aussitôt que le paysage n’est pas la chose principale qui nous distingue du reste de l’Europe. Je crois que l’âme tchèque est faite avant tout du sens de l’humour, d’un certain détachement permettant d’envisager les choses d’un point de vue élevé, résultat de l’expérience historique, et de la faculté d’autoironie. Si l’on désigne comme île de la liberté la partie du monde se trouvan «sous le patronage» des Etats-Unis, est-ce que devrions en faire partie sans réserve aucune? Que dire de la République tchèque et des droits de l’homme? Est-ce que nous gardons une attitude digne dans ce sens? Un pays aussi petit que la République tchèque ne peut pas faire valoir de prioment libre de marchandises, de personnes, de services et du capital dans le cadre de l’UE) et politique commerciale libérale. Parmi les autres thèmes que nous voudrions souligner sur le sol européen, j’aimerais rappeler le problème de l’énergétique sûre et durable et celui des relations extérieures avec l’accent mis sur l’orientation transatlantique, sur les pays balcaniques occidentaux, sur l’Europe orientale et sur l’Asie centrale. Les domaines prioritaires de la présidence tchèque ont été choisis en fonction de l’orientation générale de l’Union européenne, mais ils permettent en même temps que la République tchèque marque les dossiers européens de son propre apport, qu’elle y laisse une sorte d’«empreinte tchèque». I l va sans dire que l’ambition de servir d’exemple à d’autres pays ne nous est pas étrangère. Au cours de la première moitié de l’année 2009, la République tchèque s’efforcera, donc, d’être pour les autres Etats membres, de même que pour les institutions européennes, un partenaire respecté, capable de s’acquitter avec succès de toutes les tâches difficiles liées à l’exercice de la présidence. C’est dans ce sens que nous pourrions devenir un modèle pour les autres pays membres nouveaux qui, pareillement à nous, exerceront la présidence pour la première fois. En quoi, à votre avis, sommes nous égaux à l’Europe dès à présent? La République tchèque fait partie de l’Europe, à part entière. Elle est égale à n’importe laquelle de ses autres parties. Cependant, elle ne devrait pas tabler uniquement sur les richesses de son patrimoine culturel, mais devrait s’occuper avant tout à édifier une société d’instruction; je ne me refère pas ici à la recherche de diplômes, mais à la pensée indépendante et créative. Ministre des Affaires étrangères Alexandr Vondra en conversation avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. 2006. rités bien nombreuses dans sa politique extérieure. Cependant, les droits de l’homme représentent justement l’une des priorités de la politique extérieure tchèque. Ses efforts tendant à la démocratisation de la situation en Cuba ou en Biélorussie font respecter notre pays, mais lui attirent en même temps la haine des structures totalitaires tant en Europe que dans le reste du monde. Et je ne dirais pas que les pays qui jouissent déjà de liberté puissent être considérés comme «une petite île sous le patronage des EtatsUnis». La statue de la Liberté ne fut pas construite par les seuls Américains. Merci de l’entretien. Rédaction Photos: archives d’ Alexandr Vondra, ČTK, AP/Jan Bauer, archives d’ Anna Šabatová et de Petr Uhl, archives de la rédaction. A New York avec le légendaire rocker Lou Reed. 1998. 7 Port aérien pour le troisième millénaire «Il est difficile d’imaginer quel aurait été l’évolution du plus grand port aérien tchèque si la commission de sélection avait opté, disons, pour le projet hardi prévoyant de situer le nouveau aéroport sur une plate-forme géante couvrant, tel un toit, l’aire de la gare Masaryk actuelle,» estime, en regardant en arrière, M. Lubomír Dudáček, ancien directeur général de l’Administration tchèque d’aérodromes et historien de l’aviation de transport. «Cependant, la commission finit par opter pour une plaine légèrement ondulée près du village Ruzyně peu éloignée du centre de la capitale et offrant l’espace libre en abondance. L’édification proprement dite fut réalisée, dans le style fonctionnaliste, dans les années 1933-1937. L’année même de son achèvement, l’aéroport remporta, 8 à l’Exposition mondiale de Paris, une médaille d’or accordée par un jury de spécialistes internationaux en appréciation de son aspect final.» E Vue aérienne de 1938. Premier avion vient de se poser à Ruzyně. L’édification achevée. 1937. Aire de stationnement de l’aéroport en 1957. n 1937, les statisticiens de l’époque comptèrent à Ruzyně des milliers de voyageurs annuels, aujourd’hui – soixante-dix ans plus tard – on les compte par millions. Plus exactement: onze millions et demi de voyageurs pour l’année 2006. A l’avenir, l’aéroport de Prague compte traiter 20 millions de voyageurs par an. Il est, en effet, le port aérien «d’attache», c’est-à-dire le plus rapproché, de 8 millions de Tchèques, de 4 millions d’Allemands et de 6 millions de Polonais. M. Jiří Pos, directeur commercial exécutif, Transports Aire de stationnement dans les années 1930. Le 5 avril 1937, le premier avion se posa sur la piste de l’aéroport de Ruzyně, à Prague: celui de la Compagnie aérienne tchécoslovaque de la ligne intérieure Piešťany-Zlín-Brno-Praha. Les statisticiens de l’époque auraient pu compter les voyageurs en milliers. Soixante-dix ans plus tard, en les compte en millions. American, les représentants de cette dernière déclarèrent que Ruzyně était le meilleur aéroport sur le continent eropéen. Le véritable boom des lignes de grande distance ne vint que dans les années 1970 où la compagnie Československé aerolinie (ČSA – Lignes aériennes tchécoslovaques) découvrirent pour leurs clients les destinations exotiques, telles que Cuba, Djakarta, Damas, Bagdád ou Singapour. Dans les années 1960-1968, un nouvel aérodrome – le Terminal Nord – fut construit au nord de l’aéroport primitif. Le 15 mai 1968, il y eut l’inauguration solennelle du nouveau bloc technique flanquée d’une tour de contrôle aérien et du nouveau bâtiment de traitement prévu pour deux milions voyageurs annuels. Très tôt, le nouvel aéroport devait passer un test d’endurance: dans la nuit du 21 au 22 août 1968, il fut fermé au trafic civil et devint le terrain d’atterrissage d’avions des troupes d’occupation du Pacte de Varsovie. A l’heure actuelle, les destinations les plus fréquentes des avions décollant de Prague sont Londres, Paris, Francfort et Amsterdam. Une cinquantaine de transporteurs aériens relient notre capitale avec cent vingt localités du monde. La liaison directe avec le continent américain encourage les ambitions de Prague en tant que métropole européenne insigne et, peutêtre aussi, lieu futur de la tenue des Jeux ajoute: «Parmi les nouveaux pays de l’Union européenne, nous réussissons le mieux. L’année prochaine, nous aurons en plus l’occasion de diminuer l’avance de l’aéroport de Vienne, notre concurrent le plus important. Le 1er janvier 2008, nous deviendrons membres de la Convention de Schengen et Prague pourrait devenir alors une porte d’entrée alternative vers l’Europe centrale et orientale.» Pour l’aéroport, le soixante-dixième anniversaire n’est pas un simple rappel historique. Les succès actuels sont dus en grande partie à ceux qui le bâtirent, il y a 70 ans. Dans les premiers années de son existence, le «Ruzyně» était en train de se transformer en une agglomération indépendante et en un centre d’aviation international. Cependant, l’occupation allemande de 1939 mit un coup de frein à ce développement prometteur. La Luftwaffe allemande y créa son école d’aviation. Avant de quitter l’aéroport dans la nuit du 7 au 8 mai 1945, les Allemands arrivèrent à en miner l’accès et à placer des explosifs dans le hall. Grâce à un heureux concours de circonstances, la destruction de l’aéroport n’eut pas lieu. Son fonctionnement normal put reprendre presqu’aussitôt et le premier avion intercontinental fut accueilli à l’aéroport de Ruzyně une année plus tard à peine. Quand s’yposa l’appareil Lockheed L-049 Constellation de la compagnie Pan Accueil des pilotes tchèques de la R.A.F à leur retour dans le pays. 1945. Aéroport dans les années 1960. 9 Vue aérienne actuelle. olympiques. Depuis mai 2007, une nouvelle ligne directe réunit Prague et Atlanta. Les voyageurs peuvent l’utiliser cinq fois par semaine. La compagnie Delta Airlines, en coopération avec notre transporteur aérien national (ČSA), la fait desservir par le Boeing 767 qui peut transporter 230 voyageurs à la fois. Le maire de Prague Bém s’en réjouit car il espère que cette ligne augmentera l’afflux de touristes américains en Tchéquie. «En dehors de la ligne régulière Prague-New York, les voyageurs ont la possibilité d’atteindre directement une autre destination aux EtatsUnis,» dit-il. Prague est la première ville d’Europe centrale et orientale qui ait avec Atlanta une liaison aérienne régulière. A chaque aéroport, la composante de services la plus sollicitée, c’est probablement le traitement de voyageurs et de bagages. Six grandes compagnies aériennes étrangères opérant à l’aéroport de Prague offrent à leurs clients la possibilité de traitement par Internet, réalisable soit de chez eux, soit de leur lieu de travail. La ČSA compte les rejoindre bientôt. «Contre un supplément, nous proposons à la clientèle exigeante toutes sortes de services V.I.P.: traitement sans toute formalité d’arrivée ou de départ, service complet en cas d’événements exceptionnels, tels 10 demi d’immeubles dans les environs de l’aéroport. Dans les communes et dans les quartiers adjacents, nous sponsorisons la construction de trottoirs nouveaux, de terrains de sport, de pistes cyclables et de terrains de jeu pour les enfants.» A Baptême du Boeing avec le panorama de Hradčany. 2007. tienne des actions de Letiště Praha. Cela nous aiderait, entre autres, de trouver des sources financières qui nous permettraient de réaliser les infrastructures nécessaires, tel – par exemple – le prolongement du métro de Prague jusqu’à l’aéroport.» Le management s’efforce de donner l’image favorable de la compagnie du point de vue de l’aménagement du territoire et de l’impact du trafic aérien sur l’environnement. M. Pos dit à ce sujet: «Très prochainement, nous envisageons de construire une nouvelle piste de décollage et d’atterrissage afin de détourner le trafic aérien des parties le plus densément peuplées de la ville. Nous avons subventionné le montage de fenêtres et de portes de balcon antibruit dans un millier et u début du 21e siècle, des passerelles d’embarquement vitrées et le premier tapis roulant ont été mis en fonction. En mai 2005, l’aéroport de Prague a remporté le 1er prix dans le concours international World Airport Awards (en tant que le Meilleur aéroport de l’Europe centrale/ orientale. En 2006, le Terminal Nord 2 a été ouvert au public: c’était le plus important des investissements que l’aéroport ait réalisés pour son développement. C’est ce terminal, en effet, qui devrait permettre à l’avenir de traiter 20 millions de voyageurs par an. L’aéroport envisage en outre une commémoration solennelle de son 70e anniversaire accompagnée d’une propagation en images grandiose. La vue panoramique du Château de Prague peinte sur les flancs des Boeing fait la propagation de Prague et de l’aéroport de Ruzyně dans toutes les parties du monde. Daniel Seman Source de données d’histoire: Lubomír Dudáček, L’aéroport de Prague I-III Photos: Letiště Praha, a.s. (www.prg.aero), archives de la rédaction. entrevues d’affaires, accueil de célébrités ou de sportifs. Mais les autres voyageurs ne sont pas oubliés non plus: nous voulons aménager à leur intention une zone de relaxation spéciale dans l’espace de jonction entre les deux terminaux,» signale M. Jiří Pos. Parmi les nouveautés envisagées, rappelons l’Hôtel de transit ouvert tout récemment: les voyageurs attendant leur correspondance peuvent s’y retirer pour se reposer. «Il y a chez nous neuf dizaines d’aéroports, dont dix-neuf internationaux. Cependant, 90 % de tous les voyageurs passent par l’aéroport Prague, dont le rendement se situe au niveau mondial. C’est un organisme vivant dont le pouls marque l’économie du pays. Chaque million de voyageurs traités se solde par mille emplois dans ses services, pour ne pas parler des apports économiques supplémentaires – investissements, dépenses de touristes et de représentants de commerce,» constate M. Aleš Řebíček, ministre des Transports. La question de propriété de Letiště `Praha s.p. (Aéroport Prague, e.n.) dont l’Etat est le principal propriétaire, reste ouverte. Parmi les acquéreurs figure aussi la Ville de Prague. Le maire Bém «considère comme fondamental que la ville dé- 11 Les cyclistes sont les bienvenus Autant de Tchèques, autant de musiciens? Ne vous y trompez pas. Au début du 21e siècle, un autre dicton a cours: Autant de Tchèques, autant de cyclistes! Telle est, en tout cas, l’impression d’un étranger venant dans le pays. Dans n’importe quelle ville tchèque, il assistera avec ébahissement à des scènes qui font partie de la vie quotidienne de la population. Sur la route, on voit à tout moment des sportifs à vélo qui, habillés de tricots multicolores, passent en vitesse et sont doublés de voitures transportant des bicyclettes sur leurs toits. Sur le trottoir, des messagers à vélo se glissent avec adresse parmi les passants pour livrer au plus vite un envoi à leurs clients. Sur l’accotement, une femme entre deux âges pousse un vélo déglingé avec des cabas suspendus au guidon. Dans la zone piétonne, des enfants se poursuivent à vélo; ils sont tenus à l’oeil par un agent de police municipale qui les menace montant lui-aussi une bicyclette. En bref: la population de la République tchèque – qui ne dépasse guère les 10 millions – a aujourd’hui à sa disposition autant de bicyclettes de qualité, de prix et d’âge divers! Les données fournies par les producteurs et par les importateurs permettent de conclure que les Tchèqus achètent chaque année plus de deux cent mille bicyclettes neuves, sans compter les vélos importés individuelement de l’é- tranger, les distributeurs privés et les ventes d’hypermarché que l’on ne rend pas publiques le plus souvent. Au début il y eut les vélos de montagne La vogue du cyclisme chez nous est due tout d’abord au boom des vélos de montagne qui se fit sentir aux Etats-Unis il y a une trentaine d’années. Les fondateurs du mountbiking lancèrent leur message en 1976 de Californie où eut lieu la première course organisée. Leur appel ne parvint dans les pays tchèques que vers la fin des années 1980, mais il s’y fit entendre d’autant plus clairement. Très tôt, toute la nation enfourcha les vélos de montagne et commença à se rendre compte quel plaisir c’était de partir à vélo sans autre but que celui de se mettre en forme. Pour les vendeurs, importateurs et producteurs du pays, c’étaient des années d’or: on vendait des dizaines de milliers de bicyclettes et, en attendant que le marché se stabilise et la qualité de l’offre s’améliore, les cyclistes impatients achetaient vraiment tout ce qui présentait une vague ressemblance avec le vélo de montagne. «Les „montagnards“ donnèrent une nouvelle impulsion au cyclisme et au commerce de bicyclettes. C’est elle qui explique la popularité généralisée du vélo dans la population tchèque actuelle. Parallèlement avec la multiplication de pistes et d’itinéraires touristiques cyclables augmente aussi la popularité du cyclotourisme, ce qui favorise l’épanouissement de la production de vélos de cross et de trekking. Je crois que, dans les années à venir, le cyclisme sur route re- 12 Sport «Il y a peu de pays où il soit possible de commencer une excursion à vélo par un café pris sur une place ancienne, de faire un court passage à travers la civilisation et de pédaler ensuite pendant vingt ou trente kilomètres dans des forêts désertes.» prendra la place qu’il a perdue. Il suffit de sortir de Prague en été: aux abords mêmes de la capitale, les routes pullulent de cyclistes. C’est très éloquent,» dit M. Marek Dalecký, manager sportif et organisateur de courses-marathon de vélos de montagne. L e développement du cyclotourisme de repos et de famille implique l’accroissement de la demande des services d’hébergement et de restauration. C’est dans ce contexte qu’a pris naissance en Tchéquie le projet Cyclistes sont les bienvenus. Dans les cartes et dans les dépliants d’information, son pictogramme bien connu, placé à côté du nom du restaurant ou de la pension, signale que l’établissement est prêt à accueillir les cyclistes. Cela veut dire que, pour abriter les vélos, il dispose d’un espace protégé que l’on ferme à clé, d’une terrasse extérieure, de chambres disponibles et du service in- dispensable. «Notre objectif consiste à améliorer la qualité des services destinés au groupe spécifique de clients, celui de cyclistes et de cyclotouristes, en introduisant une certification nationale de ces services par l’attribution du titre „Bienvenue aux cylistes,“ Le système de certification comporte les standards de qualité comparables aux systèmes analogues utilisés dans les pays de l’Union européenne,» explique le manager Petr Kazda en parlant des buts du projet. Routes doucement ondulées «Il y a peu de pays au monde où il soit aussi facile de s’évader de grandes villes pour se plonger dans des forêts profondes et pour couvrir des dizaines de kilomètres en pédalant à travers une nature dépeuplée. Citons à titre d’exemple Hradec Králové, ville de cent mille habitants: on peut commencer l’excursion en prenant du café sur 13 la grand’place ancienne, puis parcourir très vite un paysage civilisé et finir par s’offrir un parcours de 20 à 30 kilomètres à travers des forêts désertes,» estime le publiciste Jan Rybář. Dans ses régions frontalières notamment, la République tchèque dispose de vastes aires intactes où l’on est en train d’aménager de nombreuses pistes cyclables. La région de la Suisse de Bohême et celle de la Saillie de Šluknov offrent des routes doucement ondulées serpentant entre rochers et petites maisons en poutres. En plus, «la distance séparant les auberges les unes des autres ne dépasses pas généralement cinq kilomètres», affirment les experts. Certaines pistes cyclables sont construites avec l’aide puisée aux fonds européens ou aux dotations assignées à la coopération transfrontalière. Rappelons, à titre d’exemple, le circuit T.G. Masaryk tchéco-polonais réalisé tout récemment et financé à 80 % par l’Union européenne. Cette piste relie confortablement la ville de Náchod avec la station balnéaire polonaise Chudoby. La piste bitumée moderne, où ont lieu des excursions tchéco-polonaises régulières, comporte la passerelle longue de 90 mètres jetée au-dessus de la centrale électrique sur la rivière Metuje. Les pistes et itinéraires touristiques cyclables tchèques ont quelque chose à offrir à nelle qui n’a pas sa pareille chez nous tant par son contenu que par son étendue. Les feuilles de l’Atlas consignent tous les itinéraires et pistes cyclables. Elles sont complétées par une liste de 250 tuyaux pour les excursions réalisables sur les pistes cyclables sur tout le territoire de la République tchèque,» dit en appréciation de l’Atlas M. Michal Gaja, directeur du marketnig des Editions SHOCart. Par téléférique aux faîtes de montagnes tout amateur. Ils permettent de réaliser des excursions à motivation sportive, culturelle ou thématique. Le circuit du pays de Svitavy, long de soixante-dix kilomètres, conduit le touriste sur les traces des compositeurs Bohuslav Martinů et Bedřich Smetana. Les cyclistes épris de paysages pittoresques et de bonne baignade sont attendus sur les excellentes pistes cyclables de la Bohême du Sud, tandis que les gourmets de caractère joyeux apprécieront les pistes du vin de la Moravie du Sud, dans le pays de la Pála- 14 va, par exemple. Les environs d’Opava proposent un circuit «romantique» de 50 kilomètres, faisant le tour des châteaux forts et de châteaux silésiens. C’est le Club de touristes tchèques qui, en collaboration avec les Editions SHOCart Vizovice, veille à ce que tous les itinéraires et pistes cyclables balisés soient marqués dans les cartes. La dernière grande réalisation des deux partenaires est la la publication du Cykloatlas Česko (Atlas cycliste de la Tchéquie). «C’est une oeuvre exception- S’il n’est pas possible d’arriver partout à bicyclette, on peut emporter son vélo pratiquement en tous lieux. A Prague, les cyclistes peuvent transporter leurs vélos gratuitement dans le métro. Pour les grandes distances, c’est le train qui est particulièrement bienvenu: pratiquement tous les trains transportent les bicyclettes, ceux qui portent le pictogramme „vélo“ pratiquent un système symplifié de transport des bicyclettes à un prix unique correspondant à 0,75 euro à peu près. Les bureaux de location de bicyclettes qui fonctionnent dans treize gares ferroviaires de la République tchèque représentent un nouveau service offert aux cyclotouristes. Sur le vélo loué, on peut se déplacer gratuitement jusqu’au bureau de culture de nos pistes cyclables s’améliore et, pendant mes excursions, je constate que des groupes de cyclistes d’orientation différente peuvent exister les uns à côté des autres sans se déranger,» dit Jan Svorada, le plus célèbre de nos routiers qui est actuellement manager de l’équipe professionnelle MTB Merida Biking Team. Champions dans la ville Un Tchèque parcourt à bicyclette deux cent kilomètres par an en moyenne et presque cinquante kilomètres pour se rendre à son travail. Le développement plus prononcé du cyclisme et son utilisation plus générale pour se rendre au lieu de son emploi est entravé, entre autres, par le faible prestige de la bicyclette en tant que moyen de transport. «Beaucoup de gens continuent toujours à considérer le vélo comme un moyen de trasport du pauvre. C’est souvent à cause de leurs idées étranges sur leur prestige personnel, que les gens utilisent la voiture pour se rendre au travail,» estime le cycliste amateur Jaroslav Martínek. On distingue aussi entre le vélo destiné aux déplacements en ville et à se rendre au travail et le vélo destiné au sport, dont le prix est plusieurs fois supérieur. Mais il y a des exceptions: M. Petr Vaněk, guide de touristes à Prague, fait quotidiennement un trajet de 30 kilomètres pour se rendra dans son bureau pragois sur sa bicyclette de course dont le prix se situe à 4000 euros environ. «Je le considère comme entraînement pour les courses d’amateurs auxquelles je participe pendant les week-ends,» dit le jeune homme qui fait partie des 1,2 % des Pragois qui, dans la métropole bondée d’automobiles, ne craignent pas d’enfourcher leur vélo pour se rendre au travail. La moyenne nationale est plus élevée: 7 % des Tchèques utilisent le vélo pour se rendre au travail. Cependant, il y a des villes où un tiers des gens actifs utilisent leur bicyclette pour aller au travail, telles Prostějov, Olomouc ou Hradec Králové, par exemple. Chaque année augmente en République tchèque le nombre des parcours à vélo solennels en appui des transports ménageant l’environnement. Tout le pays participe, au mois de septembre, à la Semaine de mobilité européenne et à la Journée sans voitures européenne. Il est vrai que même ce jour ne sera pas celui où les cyclistes auront le dessus sur les automobilistes; mais la participation est de plus en plus nombreuse et le retentissement du public de plus en plus puissant. Ondřej Vysypal Photos: CzechTourism, Václav Novák. location suivant où l’on le restitue sans être obligé de revenir au point de départ. Même la plupart de télécabines et télésièges acceptent de transporter les bicyclettes et les cyclotouristes sont ravis de pouvoir atteindre «en ascenseur» les faîtes de montagnes pour en faire le point de départ de leurs excursions. Parmi les localités connues pour cet emploi spécial de téléfériques, rappelons les sommets suivants: Špičák dans la Šumava, Klínovec dans les Monts Métallifères, Lysá hora dans les Beskides ou Černá hora dans les Monts des Géants. Les partisans des disciplines cyclistes modernes, tel les freeride ou downhill, peuvent descendre dans la vallée en ligne droite, tant que la piste le permet. Cependant, la plupart des cyclotouristes préfèrent profiter de leur séjour sur les faîtes pour jouir des vues splendides, pour relaxer et pour faire des randonnées en descente progressive. La République tchèque étant un pays avec une grande tradition du cyclisme sportif, les pistes cyclables du pays sont fréquentées par les cyclistes professionnels – anciens et actuels. «Depuis deux années, j’aime enfourcher alternativement le vélo de route et le vélo de montagne et, quelquefois, je pédale même en suivant la carte, ce qui n’était pas dans mes habitudes. La 15 Les étrangers découvrent les rivières tchèques C’est notamment la descente d’une rivière en été et au printemps qui est consi- Si les Tchèques avaient fait du nautisme depuis toujours, ce n’est qu’à l’époque du communisme que la descente de rivières devint une distraction vraiment populaire. C’est que le régime totalitaire limita considérablement les possibilités de voyager dans les années 1948-1989 et que bon nombre des Tchèques, en remplacement des vacances passées à l’étranger, prirent l’habitude de faire des excursions nautiques sur les rivières tchèques pour y trouver toutes sortes de distractions et une sorte d’évasion du train-train de la vie. Cependant, on se serait gravement trompé en supposant que la chute du communisme en 1989 viderait les rivières. Il n’en fut rien. Même avec les frontières ouvertes, la plupart des Tchèques n’ont pas renoncé à leur semaine sur l’eau adorée. Les enfants font des sports nautiques dans le cadre du programme scolaire et, par ailleurs, les parents emmènent leur progéniture sur l’eau dès que l’enfant marche. dérée en République tchèque non pas comme une performance sportive, mais plutôt comme un passe-temps agréable lié à la découverte des beautés naturelles et des joyaux architecturaux de notre pays – sans parler des charmes du camping et de connaissances et amitiés nouvelles que l’on peut y nouer. L’eau efface toute différence entre les personnes de fortune et situation sociale différentes. En descendant une rivière, on voit dans les campements des banquiers se lier d’amitié avec ouvriers, politiciens avec étudiants, artistes connus avec, disons, femmes de ménage. Tous portent des tricots dépenaillés et des fichus sur la tête: impossible de distinguer les nantis et les pauvres. Quand deux embarcations se croisent, leurs équipages se saluent Avant 1989, il n’était pas facile de transporter les embarcations au bord de rivières. On les déplaçait en train le plus souvent. A l’heure actuelle, les descentes de rivières sont devenues l’objet de l’entreprise privée. Aussitôt après la chute du régime totalitaire, des dizaines de postes de location de navires et d’articles nautiques sont apparus le long des rivières et il y a eu une multiplication spectaculaire de restaurants et de campements destinés à recevoir les adeptes de sports nautiques. Pour celui qui désire descendre une rivière tchèque en canot, il est inutile de s’encombrer de quoi que ce soit, sauf l’argent: il lui suffit de venir au point de départ et il peut louer sur place tout l’équipement. Rien que le long de la Vltava – qui est la Ces dernières années, les étrangers toujours plus nombreux viennent se joindre aux dizaines de milliers des Tchèques qui considèrent le nautisme comme un sport quasi national et pour qui la descente de la Vltava ou d’une autre rivière est un rituel annuel. Certains n’ont pas de telles rivières dans leur pays, d’autres sont simplement attirés par la possibilité de pagayer dans un pays étranger où les prix sont avantageux. L’eau exerce une attirance non seulement sur les sportifs rêvant de passer à travers des rapides sauvages ou de réaliser des performances sportives admirables. Tout au contraire. En Tchéquie, l’eau est recherchée traditionnellement même par ceux qui, mis à part le nautisme, éprouvent pour le sport une véritable aversion. Ohééé! 16 régulièrement d’un «Ohééé!» consacré; ils passent tous la nuit sous les tentes et se réunissent le soir autour du feu. Les débuts de ce phénomène tchèque se situent dans un passé relativement récent. Tourisme «Cà et là, des rochers surplombent les eaux qui font marcher quelques moulins solitaires. Au confluent de la Blanice et de la Sázava, on découvre, perchées en contre-haut de l’eau, les cabanes en poutres de campeurs...» plus longue des rivières tchèques – il y a plus de 150 points de location des embarcations de tous genres et de toutes tailles. Au bout de son voyage qui peut durer plusieurs jours, le touriste débarque et, après avoir changé de vêtement, il est libre de tout souci. Ce confort omniprésent a attiré sur les cours d’eaux même ceux qui, auparavant, étaient découragés par les difficultés liées au transport des canots et aux services d’accompagnement déficients. Par contre, les sportifs qui se vantent d’avoir leur propre navire et d’être capables de le trasporter eux mêmes au bord de l’eau, se plaignent que la rivière est bondée à l’heure actuelle de touristes de dimanche complètement ignorants des règles du sport nautique. Il n’est pas exceptionnel de croiser des dames navigant vêtues de robes coûteuses et des messieurs portant des chemises bien repassées. Au milieu de cette «meute fluviale», des vieux sportifs expériementés évoluent en plongeant dans l’eau des pagaies de bois usagées et ils hochent la tête en regardant ce spectacle. On ne dort guère sur l’eau Dans le pêle-mêle de voyageurs fluviaux, une grande partie sont des étrangers qui viennent de découvrir les charmes des rivières tchèques. Ils représentent 20 % de la clientèle des postes de location du matériel nautique. Pour les touristes étrangers, la descente de rivières tchèques peut comporter, en effet, un charme insolite. Rien que la façon dont on pratique le sport nautique en Tchéquie constitue une surprise pour la plupart d’entre eux. Tout d’abord: la descente de rivières n’est pas payante en République tchèque, il s’agit d’un divertissement tout-à-fait libre. Ce qu’ils économisent sur les taxes, les Tchèques le dépensent volontiers en repas ou en bière qui coule à flots dans les campements et dans les restaurants qui bordent les rivières. Jusqu’aux heures avancées de la nuit on chante, on joue de la guitare et on s’amuse bien autour du feu de camp. Pour les étrangers de caractère sociable et désireux de connaître tous les aspects du caractère tchèque, il n’y a pas de milieu plus convenable que celui du peuple d’eau qui se rassemble aux bords des rivières recherchées par les pratiquants du nautisme. «J’ai descendu beaucoup de rivières, mais il n’y a pas de comparaison avec la Vltava. Ici, il y a de la vie, tout simplement,»affirme Marcus Schneider, Allemand de 33 ans qui, depuis cinq ans, re- 17 vient chaque été à Vyšší Brod. Pendant la saison, la rivière rappelle parfois une autoroute bondée où les embouteillages ne font pas défaut. Mais beaucoup de sportifs trouvent cette situation à leur goût. «Il y a plein de bière et de rigolade,» dit Marcus Schneider. Avec les autoroutes, les rivières où l’on pratique les sports nautiques ont en commun les services que le touriste peut trouver dans la plupart des campements et qui sont incomparablement plus variés que jadis. Il y a une vingtaine s’années, c’est tout au plus une saucisse à la moutarde que l’on trouvait dans les auberges le long des rivières, ou alors du goulasch. Aujourd’hui, la plupart des campings propose des plats cuisinés au choix, de la bière servie en verre et, pour le petit-déjeuner, des croissants frais et des beignets soufflés. L es touristes qui préfèrent des destinations plus paisibles pourraient êtres pris un peu au dépourvu par les habitudes tchèques. A l’encontre d’autres pays, les campements de nautistes ne sonnent pas chez nous l’extinction des feux ni n’exigent le silence de la nuit. On boit, on chante, on joue tard dans la nuit. Le sommeil des enfants n’est guère respecté, car on veut s’amuser. Le matin, les voyageurs – quelquefois un peu pompettes – s’assoient dans leurs embarcations pour mettre le cap sur le campement suivant. Pour tout rafraîchissement, ils se contentent d’un bain de rivière. Des forêts de la Šumava à Český Krumlov La descente des rivières tchèques n’est certainement pas réservée seulement aux amateurs des divertissements nocturnes effrénés. En navigant, les voyageurs traversent des paysages splendides, visitent des châteaux et châteaux forts et d’autres monuments historiques. Pour la navigation sportive, on utilise en Tchéquie notamment les rivières du Sud du pays. Il s’agit notamment des rivières Lužnice, Otava et surtout Vltava. Cette dernière est la préférée des sportifs auxquels elle offre vraiment de tout: des sections calmes pour les familles avec de jeunes enfants et des rapides d’adrénaline dans le cours supérieur. Depuis le massif de la Šumava, on la descend par de profondes vallées boisées où émergent de temps en temps des châteaux forts et des châteaux. En dépit de la grande ruée de nautistes, les eaux de la Vltava sont toujours pures et le voyage de Zlatá Koruna à Boršov rappelle, sans exagérer, la navigation sur une rivière coulant au milieu des forêts canadiennes. On peut dire qu’au total, le cours de la Vltava entre Vyšší Brod et Boršov, près de České Budějovice, est l’itinéraire nautique le plus fréquenté en Tchéquie et, même, en Europe. Contrairement à d’autres rivières, cette section de la Vltava est pratiquable pendant toute l’année indépendamment du temps qu’il fait. Dans cette partie méridionale, la Vltava traverse la ville historique Český Krumlov, inscrite dans la Liste UNESCO du patrimoine culturel mondial. Le passage par le centre de Krumlov est la plus belle impression que la rivière offre aux sportifs qui la descendent – en dehors des 18 moulins solitaires. Ce n’est qu’au confluent avec la Sázava que l’on découvre, perchés en contre-haut de l’eau, les cabanes en poutres des campeurs...» Les rivières tchèques présentent l’avantage que leur descente n’est pas très difficile et qu’au bout d’une instruction sommaire même de simples amateurs peuvent les maîtriser. Il n’y a pas de rapides et de sauts d’eau connus de hautes montagnes. Le seul danger présentent de temps en temps les barrages et les pertuis d’écluses que les voyageurs peu expérimentés devraient éviter en transportant leur embarcation par voie de terre. Pour les nautistes chevronnés, la descente d’un pertuis peut constituer une distraction bienvenue. Les frais de la descente de la Vltava (quatre jours sur l’eau, location du navire et d’autre équipement, transport, hébergement au campement, repas au restaurant, boisson comprise) correspondent aux 40 dollars par jour. Les étrangers qui viennent de plus en plus nombreux faire du sport nautique sur les rivières tchèques considèrent ce prix comme très favorable. Marek Kerles Journal Lidové noviny Photos: CzechTourism, Pavel Wellner, archives de la rédaction. moments de «suspense», car les barrages de Krumlov posent des problèmes même aux sportifs chevronnés. Le barrage U plášťáku fait chavirer sept navires sur dix, et cela sous les yeux de centaines de visiteurs de Krumlov qui aiment à observer ce qui se passe sur la rivière. Dans les eaux calmes A côté de ces rivières très fréquentées, la Tchéquie compte un grand nombre de rivières moins passantes et plus tranquilles, dont chacune possède son charme spécifique. Rappelons au moins la Morava, la Chrudimka, la Svratka et la Jizera. Un beau voyage à travers la Bohême centrale offre, par exemple, la Blanice. Jakub Turek, rédacteur en chef du server «outdoor» Horydoly.cz, le recommande aux touristes en des termes lyriques: «Une petite rivière rapide coule dans une vallée déserte au point que l’on hésite à se croire dans une région aussi densément peuplée qu’est la Bohême centrale. Elle serpente tout d’abord à travers les prés en contournant sinueusement la colline Blaník, ensuite elle saute plusieurs barrages bien élevés pour plonger enfin dans une vallée boisée. Çà est là, des rochers surplombent ses eaux qui font marcher quelques 19 20 Galerie Forêt vierge de Boubín – vieille et interdite au public La réserve naturelle Forêt vierge de Boubín se trouve au pied de la montagne Boubín (1362 m), du côté sud-est, et elle fut proclamée telle dès 1858. Le mérite en revient à Josef John, inspecteur forestier de Vimperk et administrateur des forêts du domaine des Schwarzenberg. C’est lui qui, en 1851, choisit et marqua huit étendues de forêt où les espèce primitives des forêts frontalières étaient le mieux conservées. Il proposa au propriétaire du domaine, Johann Adolf II de Schwarzenberg, de conserver l’état primitif de la forêt. Un peu plus tard, Schwarzenberg y créa effectivement, sur une étendue de 150 hectares environ, une «réserve naturelle privée». En 1870, une grande partie de la forêt vierge fut détruite par une violente tempête: 47 hectares à peine se conservèrent de son étendue originelle. En 1933, la Forêt vierge de Boubín fut classée Réserve naturelle nationale. Plus tard, l’étendue du territoire protégé fut agrandie et elle compte actuellement 666,41 hectares. La forêt vierge est située à une altitude de 920 à 1110 mètres. Elle se compose avant tout de hêtres, d’épicéas et de sapins, certains dépassant l’âge de 400 ans. Le noyau de la réserve est interdit au public. C’est que, par le passé, les foules de touristes désireux de visiter la forêt vierge ont sérieusement endomagé – en les damant – les racines des arbres. Ceux-ci séchaient et ne résistaient pas aux vents et aux différents coléoptères nuisibles. Ce fut aussi le sort du «Roi des épicéas», le plus haut épicéa de Boubín, qui s’abattit dans une tempête de neige le 4 décembre 1970. Il était haut de 57,2 m et la circonférence de son tronc était, à 1,3 m de la base, plus de cinq mètres. Les plus intéressants, à la Forêt vierge de Boubín, sont les arbres marqués de déformations de croissance inhabituelles, telle la multiplication de fûts en forme de harpe, les épicéas «échassiers» debout sur leur racines écartées et nombreuses autres particularités de croissance. On y trouve aussi de nombreuses espèces rares – végétales et animales. Photos: Jan Kavale, Pavel Hubený. 21 Etangs de Bohdaneč Retour dans le paysage ouvert Quand un territoire est en passe d’être classé Réserve naturelle, on s’attend généralement à ce que «tout y sera interdit», ou que «l’on va l’entourer de barbelés», etc. On sait pourtant que la conservation du paysage ne représente pas souvent une solution idéale. Cela vaut pour les étangs de Bohdaneč, une aire exploitée depuis des siècles sans interruption. Un paysage formé par des activités humaines diverses, que ce soit la pêche, la chasse ou l’exploitation agricole et forestière. Pour qu’il récupère son aspect traditionnel, les protecteurs du patrimoine naturel prévoient huit étapes d’un management écologique plus ou moins sévère qui rendra à ce territoire exceptionnel son caractère primitif de paysage ouvert bien irrigué avec des mouillères et des aulnaies et saulaies marécageuses. 22 fient. Parmi les plus rares figurent l’aigle de mer, aigle pêcheur, cormoran grand et oie grande,« dit l’ornithologue František Bárta. L Hottonie des marais (Hottonia palustris). «Les étangs représentent la localité ornithologique la plus importante du pays: y vivent cent trente espèces d’oiseaux, dont quatre-vingt y nidi- e système d’étangs, édifié au 16e siècle par Vilém de Pernštejn, fut l’occasion de la construction de plusieurs bâtiments monumentaux au milieu de la vallée de l’Elbe où étaient concentrés les plus importants étangs tchèques. Leur superficie actuelle n’est qu’un pâle souvenir de la gloire de jadis: l’étang Čeperka, près d’Opatovice, avait une superficie de 1000 hectares. Jusqu’à l’heure actuelle, le système est alimenté par le Canal d’Opatovice (construit en 1613) qui représente, à lui seul, une merveille de l’architecture médiévale. Bienque les onze plans d’eau actuels ne peuvent Nature «Une nappe d’eau grise, répandue au loin, Une aigrette argentée tournant au-dessus. Debout sur la chaussée, protégeant mes yeux de la main Je regarde le paysage en silence.» Li Po poète chinois (701-762), (selon la traductin tchèque de Bohumil Mathesius) pas égaler les deux cent trente étangs qui y avaient existé en 1560, ils constituent une réserve naturelle d’importance européenne. La forme envisagée de la réserve se situe dans un contexte historique. Les premiers travaux ont été réalisés par l’Agence de protection de la nature dans la seconde moitié des années 1990. Les endroits couverts de brousaille sèche ont été transformés en de vastes plans d’eau peu profonds et des mouillères couvertes d’herbes de basse tige. Bientôt commencèrent à y revenir les espèces d’oiseaux qui, pour la tranquilité de leur nidification, ont besoin d’une bonne vue sur les environs. Des peupliers canadiens géants, plantés ici par quelqu’un il y a une soixantaine d’années, ont été abattus pour que le caractère de la «péninsule Polák» ne soit pas indûment modifié. Les enteprises privées se sont chargées du fauchage manuel des surfaces où il y avait eu des prés. «Dans les années 1980, il y eut l’élevage de la carpe et du canard. Les excréments d’animaux ont considérablement enrichi les sédiments au fond des étangs, ce qui a porté atteinte à l’écosystème local. Dans deux ans, quand on aura enlevé les dernières des centaines de milliers de tonnes de vase, les conditions de vie des espèces rares connaîtront une amélioration sensible,»affirme Lukáš Řádek de l’Agence de protection de la nature. Iris des marais (Iris pseudacorus). L es plans d’eau occupent 70 % de la surface totale de la réserve. Le plus vaste d’entre eux est l’étang Bohdanečský, le second en ordre de grandeur est l’étang Matka (=mère) qui a été restauré en 1999 dans le cadre de la campagne de revitalisation. En 2000, on a créé dans la Baie nord-ouest une douzaine de gours qui sont des biotopes importants pour les amphibiens et pour les plantes aquatiques. Les protecteurs de la nature accordent une importance clé à la communication avec les témoins qui se rappellent l’aspect et le fonctionnement anciens du paysage, et avec les autorités qui soutiennent le développement touristique de la région et les contacts avec les entrepreneurs. La station balnéaire Lázně Bohdaneč est renommée comme un centre de rééducation recherché. Dès le début, on y fa- Dans l’aulnaie proche du climax, on trouve toutes sortes de plantes marécageuses. 23 L’étang Bohdanečský est une halte de repos des oiseaux migrateurs. vorise le tourisme et, comme il s’agit d’une aire relativement peu étendue, on insiste sur l’adjectif «doux». «On a décidé de contenir les touristes à la limite de la réserve, de composer des itinéraires didactiques qui les renseignent sur les faits historiques et leur présentent une description détaillée de la réhabilitation progressive. Dans ses phases initiales, la revitalisation avait l’air plus dramatique qu’elle ne l’était en réalité. Le dragage a dénudé, en effet, des surfaces assez étendues, ce qui avait l’air d’une intervention brutale dans l’écosystème de l’endroit. En réalité cependant, c’est grâce à cette façon de procéder que l’on a pu découvrir le potentiel biologique de l’endroit. Dans les sédiments, on a découvert des spores et des graines qui, pour commencer, ont pu germer. Là où l’on a recommencé à faucher, des orchidées et des fougères rares sont apparues au bout de deux ans,» dit Jiří Veselý, auteur du projet de revitalisation. G râce aux étapes bien réfléchies et bien minutées de l’intervention de l’homme, on peut voir dans l’aire non seulement des espèces animales et végétales bien rares, mais on peut y observer aussi le dynamisme de l’évolution naturelle du paysage. A cet effet, on a créé dans la région deux 24 Roitelet (Regulus regulus). Mésange à moustaches (Panurus biarmicus). Troglodyte (Troglodytes troglodytes). Gorgebleue à miroir (Luscinia cyanecula). sentiers didactiques et deux tours d’observation. La ville de Bohdaneč a aménagé pour les curistes de petites aires de repos sur ces sentiers. Avec le temps, ils se sont bien intégrés au paysage et sont devenus pour les curiste un parcours apprécié. Le plus intéressant du point de vue touristique est la Péninsule Polák d’où l’on peut observer l’intérieur de la réserve sans qu’il soit nécessaire d’y entrer. Aussi y a-t-on dressé un belvédère. On y organise au printemps et à l’automne des Fêtes du chant d’oiseaux, très appréciées du public. Des centaines de personnes y défilent pendant trois heures sans que le calme de la réserve s’en ressente. Cela indique que c’est un endroit idéal pour être utilisé de la façon proposée par les sites ornithologiques d’Autriche ou d’Europe occidentale. De quoi a l’air le tourisme didactique de ce type? Par des sentiers cachés, les visiteurs s’approchent des points d’observation masqués. A l’aide d’un ses qualités primitives. Du point de vue touristique, les étangs sont quelquefois désignés comme des „pièces rares oubliées“. «Sur la nature, les enfants y apprennent plus qu’au zoo. Il y a une autre raison encore d’en faire la destination d’une promenade à pied ou à bicyclette: il n’y a pas, pour le moment, de foules de touristes, de restaurants, de kiosques à souvenirs et de parkings bondés,» estime Martin Biben, journaliste de Pardubice. Fête du chant d’oiseaux annuelle. téléscope puissant monté sur pied, ils peuvent observer la vie des oiseaux. En plus, des destinations touristiques de ce genre gardent leur attractivité touristique toute l’année durant. D ans la seconde moitié des années 1990, on a commencé à faire pression pour obtenir l’intégration de la grande mouillère de Bohdaneč dans le réseau international de territoires particulièrement précieux – Aires spécialement protégées. Au bout de plusieurs années de monitorage, cette initiative a abouti. En tant que zone ornithologique précieuse, elle a été jointe au système auropéen Natura 2000. Elle y a été inscrite comme zone unique de distribution du râle tacheté et du butor grand. Au cours de la revitalisation, on a découvert d’autres espèces d’oiseaux rares. Ainsi, les grues cendrées sont venues dans la localité et une paire y niche de façon certaine trois ans de suite. «Le retour de la richesse générique d’oiseaux rares, leur identification et leur monitorage ne seraient pas possibles sans la coopération d’ornithologues amateurs. C’est à eux que l’on doit la réalisation des prises annuelles d’oiseaux dans la localité. Au cours de deux mois d’un travail de terrain épuisant, on a pris dans les filets de trois à cinq mille oiseaux. C’est ainsi que l’on a pu constater l’arrivée dans la localité des espèces extrêmement rares, telles lusciniole à moustaches ou bergeronnette citrine» vante sa collaboration avec les fervents amateurs Jiří Veselý. «C’est ma communication avec les „amateurs“ qui m’a apporté les plus beaux moments de mon travail. Je tire mon chapeu à ces ornithologues excellents qui travaillent avec abnégation pour l’aire de Bohdaneč et auxquels on doit la naissance des ouvrages spécialisés de qualité. Ma plus grande récompense, c’étaient les moments passés en compagnie de quatre ornithologues d’un certain âge au milieu de la réserve de Bohdaneč en observant l’arrivée des premières grues cendrées dans l’aire de Bohdaneč. On a commencé par dire: „Quels drôles de hérons.“ C’était un sentiment vraiment solennel d’entendre leur „sonnerie“ significative annonçant leur intention de nidifier dans la localité.» L’aire de Bohdaneč a une importance européenne aussi pour les entomologistes, botanistes et zoologistes. La population du très rare crapaud sonneur à ventre de feu compte ici plusieurs milliers d’exemplaires. Il y a aussi la libellule leucorrhinia à gros thorax et deux de cinq espèces de polyommates menacés en Europe: azuré des paludes et azuré de la sanguisorbe. Le potentiel biologique de l’Etang de Bohdaneč est bien ouvert vers le futur et on a réussi à rétablir très vite T out le programme de revitalisation est financé exclusivement des ressources du pays et il est aujourd’hui réalisé à moitié. «Il s’agit en principe du flux de l’énergie dans le paysage, dans lequel l’eau, le soleil, la terre et les organismes vivants jouent leur rôle chacun... Un management sage peut arriver à ce que les entrées de l’homme dans la réserve de Bohdaneč soient de moins en moins fréquentes et que ses interventions soient de moins en moins dramatiques. On aura un type rare de paysage culturel équilibré et exploité, par dessus le marché, pour l’agriculture et pour l’élevage. Un type de paysage difficile à trouver ailleurs,» affirme M. Veselý. Michal Klíma Photos: Jiří Veselý, František Bárta, Zuzana Růžičková, Lukáš Řádek, Agence de protection de la nature et du paysage de la RT. Contrôle régulier des populations d’oiseaux. 25 Succombant à l’appel des lointains «Le développement du scoutisme ne laissa pas indifférente la partie des jeunes qui, dans cette période primordiale, n’avaient pas la possibilité de devenir membres de l’Union des scouts ou qui, influencés par la lecture des écrits de Karl May, refusaient la discipline scoute et préféraient flâner dans une liberté absolue.» Voilà la descripion des débuts de la mode du camping, donnée en 1940 dans L’histoire du camping par son auteur Josef Peterka, un des gourou de campeurs tchèques, mieux connu sous son surnom de Bob Hurikán. C’est un paradoxe que c’est grâce aux communistes – dont les sentiments vis-à-vis des campeurs n’ont jamais été bien tendres – que le camping a connu dans les décennies suivantes un épanouissement impressionnant. Les séjours dans la nature, le jeu à „la liberté“ de la vie des trappeurs ou vagabonds américains étaient une sorte d’évasion des contraintes omniprésentes du régime. La dernière vague (pour le moment) de l’immense popularité du camping se situe dans les années 1980. Chaque vendredi après-midi, la gare de Bráník pragoise offrait à cette époque le spectacle d’une activité fiévreuse du 26 chef de gare. C’est que cette gare, point de départ du fameux Posázavský pacifik (=rapide de la vallée de la Sázava), était bondée de jeunes gens en tenue de cow-boy ou militaire, équipés de guitares et avec d’indispensables havresacs «usárna» (selon U.S. Army) sur le dos: une enième génération de campeurs partait pour le bassin de la Rivière d’or (Sázava), de la Grande rivière (Vltava) et des forêts de Brdy. Jarda converti en Harry, Pepík en Bob En Tchécoslovaquie, le camping commença il y a cent ans ou, plus exactement, dès avant la Première guerre mondiale, donc sous l’Autriche-Hongrie. Les premiers campeurs se recrutaient parmi les partisans du mouvements scout commençant. «Les Tchèques sont des romantiques, ils ont le désir des pays lointains,» affirme Stanislav Motl, reporteur de la chaîne TV Nova qui avait fait du camping pendant de longues années. Par ailleurs, il est l’auteur de la préface et de l’épilogue de l’ Histoire de Bob Hurikán. Pendant notre entrevue au café Slavia, à Prague, il nous dit qu’à son avis, parmi les premiers campeurs, il y avait aussi des «cadres verts», c’est-à-dire les hommes qui étaient allés au régiment en 1917 et, à la fin de la guerre, sont restés dans la forêt. Il y furent rejoints par des jeunes toujours nouveaux qui étaient sous le charme des livres de Karl May, des histoires de cow-boys et des films sur le Far West. «Du jour au lendemain, les Anička, Mánička et Boženka devenaient Annie, Mary, Bobina ou alors Daisy, Betsy et Virginia. Pour les gar- Phénomène Tramp – (‘vagabond’ en anglais) nom que l’on donne aux excursionnistes faisant régulièrement du camping dans la nature et se distinguant des scouts par un caractère très relâché (...) On combat les excès du mouvement de campeurs au moyen d’une surveillance exercée dans les forêts et aux bords de rivières par la gendarmerie ou par les gardes forestiers. (...) Le mouvement de campeurs a même créé son propre argot grotesque et publie ses propres périodiques. Dictionnaire encyclopédique Masaryk, tome 7, Prague 1933 çons, c’était pire encore. Jarda se convertissait en Harry, Pepík en Bob, Ota en Brandy, Zdeněk en Poing de fer ou Wintrop, Eddie ou encore Swenny, Grizzly, Bill, Old Shatterhand, Farnum, Dawson, Jack, etc. Nourrie par les westerns, la fantaisie avait le champ libre,» dit Bob Hurikán en parlant de cette période du camping tchèque, désignée comme «époque des scouts sauvages». L’époque qui suivit était celle «des cow-boys» (1919-1927). Il paraît que «nulle part dans le monde, il n’y avait alors autant de shérifs qu’en Bohême. Il n’y avait pas de bande sans shérif et, même, pas de couple sans shérif. Ce titre se gagnait par le droit du plus fort, ou alors par le vote.» On portait des chemises bigarrées, «on se coiffait de vieux feutres habilement transformés en stetsons authentiques et on embellissait les larges ceintures de caboches de tapissier.» Cependant, son nom tramping, le camping tchèque l’emprunta au roman Le voyage de Jack London, et cela pendant la période suivante appelé «époque canadienne». On faisait du camping même pendant la Seconde guerre mondiale, bien qu’à une échelle réduite. Les nazis occupèrent, par exemple, une vaste partie des vallons au confluent de la Sázava avec la Vltava et les tramps durent abandonner les colonies qui s’y trouvaient. Après février 1948, le camping fut de nouveau mis à l’index, de même que le scoutisme. La presse publiait des articles selon lesquels l’ère des campeurs avait pris fin en Tchéquie. Mais le nouveau boom n’était pas loin: au tournant des années 1950 et 1960, les gares et les forêts se remplirent de nouveau pour inaugurer une nouvelle période du camping – son «âge d’or». Mugissements sourds du Niagara «Sur les bords de la Sázava, il y avait des tas de chalets, ce qui représentait pour nous tout ce qu’il y avait de pantouflard. Nous, on allait par principe «refiler la comète». A Mokropsy, tiens, ce qui est aujourd’hui à Prague. Mais aussi à Roztoky, à Křivoklát,» dit le Capitaine Kid, campeur chansonnier dont le vrai nom est Jaroslav Velinský. Jan Vyčítal, autre musicien campeur, est arrivé au camping avec l’aide de son frère aîné, membre d’un club de garçons campeurs. Il y était «plutôt à peine toléré par son frangin en tant que son cadet» et ce n’est qu’à l’âge de 16 ans que ses parents l’ont autorisé de faire sa première «vadrouille». C’était en 1957 27 et Vyčítal était coiffé «d’un chapeau bricolé aux bords relevés, portait une chemise à carreaux, pantalon de survêtement et des bottes d’agriculteur.» Ce n’est que plus tard que le survêtement fut remplacé par «une culotte de cheval et une veste à franges faites par ma mère avec les restes de drapeaux de pionniers.» En dehors du camping sauvage, les campeurs se réunissaient lors des fameuses «causettes». L’organisation de ces rencontres était assez lâche. «Les bandes se connaissaient les unes les autres. Les shérifs n’étaient pas sans savoir ce que deviennent les autres. En plus, chacune avait son journal, appelé jacteur. Et quand on rencontrait quelque part un campeur et qu’on le trouvait sympathique, on lui disait: jacte- moi quelque chose. Moi, je dessinais des images, d’autres écrivaient. En tout cas, on notait toujours le contact, de sorte que l’on pouvait se faire savoir les nouvelles les uns aux autres, explique Jan Vyčítal. Chanter des chansons au feu de camp, voilà qui constituait une partie importante du programme des causettes. Différentes bandes de campeurs rivalisaient les unes avec les autres pour la meilleure exécution d’un numéro musical. Cependant, même à l’âge d’or du camping, la plupart des campeurs se contentait de naïves chansons romantiques composées dans les années 1930 par Bob Hurikán ou Eduard Ingriš (auteur du célèbre Niagara). Certaines chansons composées dans les années 1960 et 1970 furent adoptés pour être chantées au feu de camp. En 1967 apparut tout-à-fait spontanément Porta, festival de la chanson de campeurs. A l’apogée de sa popularité – en 1989, ce festival de la chanson folk attira 30 000 visiteurs. La musique jouée et chantée au feu de camp par les jeunes campeurs actuels a beaucoup changé elle aussi. «Les pièces comme Niagara ou Caisse à whisky ne sont plus jouées et il n’est pas rare d’entendre au feu de camp la musique pop actuelle – celle du groupe Buty ou «Amerika» du groupe Lucie. Le compartimentage n’a aucun sens,» déclare Michael «Tony„ Antony de l’association Avalon, représentant de la «jeune» génération de campeurs. Rafles nocturnes dans les forêts de Brdy En expliquant pourquoi ils avaient succombé au charme du camping dans les années 1950, 1960 et 1970, les vieux campeurs évoquent non seulement ses aspects romantiques et leur enchantement par la nature, mais aussi le fait que c’était la période où le régime totalitaire régnait dans le pays. «Aller dans les bois, c’était la seule chose que l’on pouvait faire à l’époque. C’était si libre. Un remontant, quoi,» dit le campeur surommé Klondike qui a toujours encore l’air d’être sorti des illustrations de certains livres de Karl May, 28 Vyčítal en se rappelant les amusements de la police communiste. Le système poussa même quelques-uns des campeurs tchèques à l’émigration. Ces émigrés organisaient par la suite des causettes mondiales en Suisse, en Australie ou au Colorado... La dernière de ces causettes a eu lieu en novembre 2006 au Texas. Fin des cow-boys en Tchéquie? Impossible d’établir, combien de personnes ont fait du camping sur le territoire de la Tchéquie. Il n’y a pas de statistiques. C’est Bob Hurikán mentionné plus haut qui fut le dernier à s’essayer, en 1940, à un dénombrement. Après le dernier raz de marée consécutif à la révolution de 1989 où, cependant, les chapeaux de cow-boy et les vestes à franges ont été progressivement remplacés par des uniformes américains, il faut se rendre à l’évidence: le camping traditionnel est en stagnation. Michael „Tony“ Antony de l’association Avalon, représentant de la «jeune» génération de campeurs, affirme néanmoins que «pour plusieurs décennies à venir, il y aura des campeurs, bien que cela ne soit pas un mouvement de masse.» Comme argument il avance que, pour la revue Puchejř (=ampoule) qu’il publie et qui est le périodique de campeurs le plus lu, son adressier compte vers 4000 personnes. «Quand on organise la Ruée vers l’or (rencontre de campeurs aux fins d’orpaillage), les deux kilomètres de la rivière sont occupés par 300 orpailleurs, mes cadets pour la plupart.» Quant à lui personnellement et à ses amis, ils ne portent plus le chapeau de cow-boy et ont renoncé à beaucoup d’autres attributs de campeur, jadis indispensables. «La mode de westerns est en régression même en ce qui concerne la cinématographie et le cow-boy n’est plus depuis longtemps le héros des jeunes,» admet Jan Vyčítal. Mais il n’est pas pessimiste. «Il y a toujours des romantiques impénitetns qui viennent au monde. Le temps des westerns a passé, mais je vois toujours des tas de petits scouts qui, dès qu’ils en auront l’âge, feront de nouveaux campeurs sauvages. Petr Kolář Lidové noviny Photos: Tomki Němec (noir et blanc), Petr Havelka, archives de Zdeněk «Britt» Moidl. dessinées par Zdeněk Burian. Coiffé d’un feutre noir, barbe mal rasée, visage tanné. En février dernier, sa colonie Louisiana Tigers a célébré «son vingtième feu», c’est-à-dire son vingtième anniversaire. Un plein contrôle des campeurs étant impossible, les communistes ne voulaient pas les laisser en paix. Pour disperser les causettes, on faisait intervenir non seulement la police, mais encore la Milice populaire destinée officiellement à la surveillance des usines. Vers la fin des années 1970, les miliciens firent même sauter quatre dizaines de chalets de campeurs dans les Brdy. Les détachements armés du régime «s’amusaient» souvent à «accueillir» les campeurs à la gare de départ: «Ayant encerclé la gare de Bráník, ils obligeaient tous à défaire leurs havresacs et les fouillaient en mettant tout sens dessus dessous. S’il trouvaient un couteau, ils le brisaient; ils découpaient les symboles indicateurs des manches et tout ce qui cmportait les lettres U.S.» raconte “Job„ Veselka, témoin de la répression. «Ils faisaient même des rafles de nuit à travers la forêt. Pendant les causettes, ils entraient en quatrième vitesse en cassant tout; ils frappaient les participants et les transportaient en plusieurs endroits éloignés quelquefois cinquante kilomètres les uns des autres, pour qu’ils ne puissent pas se rassembler de nouveau,» dit Jan 29 Gars de la rivière» oubliés « En 1970 eut lieu le dernier en date flottage du bois en République tchèque. «Sur le pré de Vyšší Brod, on avait lié pendant une semaine un radeau de 120 mètres, dit train. Tous les travaux avaient été exécutés par des techniques traditionnelles. Les troncs furent liés à l’aide de harts en des radeaux individuels, dits tables, que l’on nouait ensemble, toujours avec des harts, pour en former le train. Les rames furent faites à la hache et, pendant toute la construction du train, on n’utilisa pas un seul clou, pas un seul morceau de fil de fer. La construction du train et sa navigation sur la rivière furent tournées par une équipe de cinéastes qui eurent l’occasion unique d’enregistrer toutes les nuances de ce métier ancien,» se 30 souvient Václav Hodr, un des derniers flotteurs du bois de la Vltava. Ce fut la fin officielle du métier dont l’essor est attesté dès 1316 par un privilège du roi Jean de Luxembourg. Mais il y a des mentions plus anciennes: elles concernent les droits de douane et de péage et remontent à la fin du 11e siècle. Le transport du bois par voies fluviales restées les mêmes pendant des centaines d’années finit par être rendu impossible par la construction de barrages dans la seconde moitié du 20e siècle. L Construction d’un radeau «sur le canal en contrebas de la maréchalerie Na Pátečku». a Vltava avec ses affluents – Malše, Lužnice, Otava, Sázava et Berounka – avait depuis toujours des conditions idéales pour le développement Entrée dans le pertuis du barrage de Dobronice. Sortie du pertuis du barrage de Dobronice. Entrée dans le pertuis du barrage endommagé de Žďákov, sur la Vltava. Travail avec les rames de l’avant dans les flots en aval du barrage de Žďákov, sur la Vltava. Tradition Štěchovice, sur la Vltava, au tournant des années 1930 et 1940. «Hourra, les gars, hourras camarades, le jour est venu, que demain, de bon matin, nous partirons d’ici. Les trains sont prêts, les rames sont fixées, Que le bon Dieu nous donne la santé pour arriver au port hourra, pour arriver au port.» Chanson des flotteurs d’équipes de flotteurs étaient unis par d’étroits liens de parenté. A la tête de l’équipe, il y avait le huissier, flotteur le plus expérimenté jouissant d’une autorité naturelle. Il était titulaire d’un Diplôme d’huissier qui n’était pas facile à acquérir: pour l’obtenir, il fallait plusieurs jours pendant lesquels le candidat devait faire preuve d’une connaissance vaste et précise des règlements, de la navigation pratique et de la situation sur toute une section de la rivière. du flottage en trains. C’est le roi Charles IV qui fit la première tentative réussie de rendre navigable le cours inférieur de la Vltava en aval de Prague. Depuis 1340 des documents écrits attestent l’existence d’un office de meuniers jurés, chargé de superviser les cours d’eau de Bohême. En 1575, le flottage de radeaux fut déclarée entreprise libre. Selon les comptes tenus par le péager d’Orlík, 12 000 tables de radeaux passaient annuellement, au 16e siècle, de la Bohême du Sud en direction de Prague, ce qui correspond à près de 140 000 troncs d’arbres. Les radeaux transportaient du fret: le commerce du sel et d’autres marchandises dépendait du flottage. A près avoir navigué sur la Vltava, David Schor, spécialiste hydrotechnique du 18e siècle, élabora tout d’abord le projet d’enlèvement des rochers se trouvant dans le lit de la rivière et, en 1729, il construisit sur la Vltava le sas de Županovice, le premier en Europe cenrale. L’âge d’or du flottage vint au 19e siècle et se prolongea jusqu’au milieu du 20e siècle. C’est l’époque où la maîtrise de la construction de radeaux et de la commande de trains sur la rivière atteignit son point culminant. A l’époque de cet épanouissement C suprême, de nombreux trains continuaient leur voyage au-delà de Prague pour descendre en Allemagne, qulques-uns jusqu’à Hambourg. A partir de 1902, on avait recours aussi au remorquage. C’est l’époque où les ethnographes firent les premières tentatives de décrire l’univers spécifique des «gars de la rivière» Les flotteurs avaient leur vocabulaire spécifique, mais aussi une tradition soigneusement ciselée de leur métier et de sa sagesse, des légendes, des superstitions et des fêtes qu’ils prenaient soin de transmettre aux générations suivantes. Le métier de flotteur restait «dans la famille» et les noyaux Orlík sur la Vltava au tournant des années 1920 et 1930. haque étape du parcours et différentes activités d’accompagnement trouvaient leur reflet dans des chansons généralement bien joyeuses. Les lieux d’arrêt étaient prévus dans la proximité d’une auberge, dans un endroit propice à l’attachement des trains. Différentes équipes de flotteurs avaient leurs haltes préférées où les aubergistes les accueillaient comme des membres de famille. Après le dîner, on buvait de la bière et de l’eau-de-vie et on chantait des chansons de flotteurs avec accompagnement d’accordéon. Pour la nuit, on s’étendait sur les botte de paille de seigle. Dans la journée, le train ne pouvait pas s’attarder; aussi les flotteurs en voyage anonçaient-t-ils de loin leur arrivée à l’aubergiste. Leur hurlement retentissait fort au-dessus de l’eau et 31 En contrebas d’Orlík. Troncs d’arbres préparés pour être liés en radeaux. Vyšší Brod, 1955. avertissait l’aubergiste d’apporter au bord de l’eau de quoi manger et de la bière. Pendant les crues, cependant, même cela n’était pas possible et les flotteurs devaient se contenter d’une soupe bien simple (ou même d’un café) préparés sur le feu à même le radeau. E « n voilà encore un coup de fini» disaient les flotteurs après la descente réussie d’un train de bois. Quand l’année était favorable, une équipe expérimentée était à même de réaliser vingt coups. Pour leur dur travail, les flotteurs recevaient un bon salaire, ce qui les portait parfois à l’orgueil et à la forfanterie. Leurs gains élevés n’étaient pourtant que relatifs. Il fallait naviguer par pluies ininterrompues, par intempéries de printemps et d’automne. De temps en temps, l’eau prenait son dû quand il y eut la noyade d’un flotteur. En plus, ils étaient sans aucun revenu pendant tout l’hiver. Dans la vallée de la Vltava, la locution suivante fit fortune: «La femme du flotteur est sans homme en été et sans argent en hiver.» Štěchovice, premières années 1930. E n parlant de son père Matěj, un des flotteurs les plus célèbres de la Vltava, l’héritier des la tradition familial Josef Štofl se souvient des paroles que son père lui avait souvent répétées: «Sur l’eau il faut savoir supporter des tas de choses; en revanche , on est son maître.» Chez les flotteurs, il y avait un cérémoniel d’admission dans leur corporation de nouveaux et de benjamins désirant exercer ce dur métier – le baptême. Il se déroulait à l’auberge sous la direction d’un parrain qui donnait au baptisé trois coups de verge sur le derrière. Faisait partie de la tradition aussi le respect religieux pour la rivière. En entrant dans les 32 Týn nad Vltavou au tournant des années 1920 et 1930. Na Pátečku. Avant l’achèvement de la colossale digue d’Orlík en 1960, les derniers radeaux passèrent par un pertuis dont la largeur n’était que de sept mètres. Debout sur leurs radeaux, les navigateurs étaient mouillés jusqu’à la taille. Telle fut la fin du flottage de bois tchèque. D eux musées rapellent la gloire de cet ancien métier. A Hluboká nad Vltavou, au quartier de Purkarec, il y a une Salle du flottage de bois. On courants Svatojánské proudy, rapides les plus puissants de la Vltava, les vieux flotteurs se découvraient, les plus anciens se mettaient même à genoux pour prier. Ils connaissaient de nom et apostrophaient les blocs de pierre dangereux se dressant dans le lit de la rivière et avaient des tas de dictons indiquant à quelle heure de la journée il est recommandable de naviguer dans tel endroit et quels sont les dangers à éviter dans tel autre. Dans les années 1951-1953, à la veille de la construction des barrages gigantesques, on tourna dans les environs de Zvíkov un film qui, une fois pour toutes, glorifia le flottage de bois tchèque. Il s’agit de Plavecký mariáš (=brisque des flotteurs) du réalisateur Václav Wasserman. Le film fut créé en collaboration avec «les Štofl», clan de flotteurs de Zvíkovské Podhradí. Parallèlement à la fermeture consécutive de l’écoulement des grands barrages, la tradition millénaire du flottage tchèque s’éteignait. La nouvelle Cascade de la Vltava comporte neuf barrages, dont les premiers avaient été édifiés dans les années 1930. Sa construction se solda par la destruction de nombreuses localités uniques, naturelles et historiques, tels les rapides Svatojánské proudy et de nombreux villages et hameaux. y trouve l’outillage et tout le fourbi dont on équipait les radeaux, objets d’usage courant ainsi que des licences de flottage originales, dites diplômes d’huissier. C’est Prague, cependant, qui possède le musée du flottage le plus important. Il se trouve dans le bâtiment de l’ancienne douane de Výtoň qui est tout ce qui s’est conservé de Podskalí, ancien village de pêcheurs. Le principal objet que l’on y expose est un modèle fidèle du train de radeaux, des outils de flotteurs et une paire unique de rames de radeau que l’on a découvertes par hasard dans le grenier lors de la reconstruction récente de l’ancienne douane. Mais il y a aussi de nombreuses curiosités à voir, telle la maquette du village de Poskalí aux environs de 1870, l’ancre de remorqueur ou la caisse du poste de douane de Výtoň. František Velek Sources: La Vltava disparue (Jan Čáka), Moi, flotteur que la rivière fait vivre (Vladimír Scheufler, Václav Šolc) Photos: archives de Vojtěch Pavelčík, archives de l’association Vltavan. «La vieille Hájková garde le bois sur les radeaux près de Podskalí.» Le dernier radeau sur la Vltava. 1971. 33 Sous le ciel bleu... Petra Jeřábková s’est placée première dans le concours «Les Métamorphoses.» ...est le titre du concours artistique international pour les enfants réunissant le travail artistique avec la technique informatique. C’est un concours exceptionnel, unique en son genre pour le moment. L’idée du concours appartient à Hana Horská, artiste connue par des expositions de ses ouvrages à l’étranger. Institutrice à l’Ecole primaire Palacký de Moravská Třebová, elle est organisatrice principale du concours qu’elle a réalisé pour la première fois en 2006 à l’échelle nationale. Personne ne se doutait que, dès sa première édition, le concours artistique aurait un tel retentissement. Vu son succès, l’Ecole primaire Palacký, en collaboration avec Microsoft Česká republika, OR-CZ, S.A.R.L., et avec l’administration de la ville, a conçu la IIe édition du concours comme internationale. 2000 ouvrages présentés annuellement au concours démontrent que celui-ci jouit d’un grand intérêt. L’année dernière, le concours avait pour thème «Le Paysage de mes rèves»; celui de cette année – «Les Métamorphoses» – a littéralement donné des ailes à la fantaisie des enfants qui ont su réunir de façon brillante Markéta Přikrylová s’est placée troisième dans le concours «Les Métamorphoses.» leur vécu intérieur avec le regard plastique et exprimer le tout dans le cadre du programme Peinture élémentaire du système opérationnel Windows. Ils ont démontré ainsi tant leur talent artistique que leur savoir-faire dans le travail sur ordinateur. Le concours continuera l’années scolaire prochaine et les organisateurs accueilleront avec plaisir les travaux des enfants d’autres pays. 34 Première Tchèque et maire de Prague sur le mont Everest Klára Poláčková, 28 ans, qui travaille à l’heure actuelle à Londres comme conseillère, a atteint le 16 mai 2007 le sommet de la montagne la plus élevée du monde, donc l’altitude de 8850m. Elle a été accompagnée pendant cette escalade par deux sherpas et par Tachi Tenzing, petitfils du célèbre Tenzing Norkey qui, en compagnie du sir Edmund Hillary, réalisa la première conquête du mont Everest en 1953. Klára Poláčková a à son actif l’escalade de l’Aconcagua (6962 m) en Argentine et celle de Tcho Oju (8201 m) au Népal. Deux jours après elle, le maire de Prague Pavel Bém a atteint lui aussi le sommet de la montagne en devenant ainsi le dixième Tchèque pouvant admirer le panorama que l’on peut contempler du haut du toit du Monde. Un musée du cyclisme est né La ville de Zlín a blanchi le nom de J.A. Baťa En face du gratte-ciel de Zlín, on vient d’inaugurer une statue en bronze haute de deux mètres de Jan Antonín Baťa, demi-frère de Tomáš Baťa, créateur des fameuses usines de la chaussure. Soixante ans sont passées cette année depuis le pronocé du verdict par lequel le Tribunal national condamna J.A. Baťa par contumace à la peine de 15 ans de prison et à la perte des biens pour haute trahison présumée. «J’ai confiance que le complot communiste de 1947 sera réparé. Mon oncle était un patriote,» a déclaré à l’inauguration Tomáš Baťa, neveu du condamné. C’est lui qui a adressé à la justice tchèque une demande de révision du procès, dont il attend le blanchissement du nom de son oncle. Jan Antonín Baťa prit la direction des usines Baťa en 1932, après la mort tragique de son demi-frère Tomáš. «La statue est un geste de réparation, dont la ville de Zlín réhabilite l’ancien directeur,» a déclaré le sculpteur Radim Hanke, auteur de la statue. Etoile nommée JRM Le grenier à blé baroque, dans l’aire du château Nové Hrady, est devenu le Premier musée du cyclisme tchèque. Y sont exposés les objets de la collection privée d’un vélocipédiste qui se dédie à ses activités de collectionneur dès ses 15 ans. Le musée abrite une collection représentative de premiers vélocipèdes remontant pour la plupart aux temps de l’Autriche-Hongrie. Il y a deux présentations panoramiques: l’une rappelle la période des deux guerres mondiales, la seconde propose une visite d’un atelier de réparation historique et d’un magasin de bicyclettes original, datant des années 1930. Aux étages supérieurs du grenier, on est en train d’aménager une exposition consacrée aux courses cyclistes modernes. Il y aura aussi un manège pour enfants et un cinéma où l’on passera des films historiques aux thèmes cyclistes. Une étoile nouvelle est apparue sur les ovales de dirt track: de l’usine JAWA Divišov, le plus grand producteur mondial de motocyclettes de course sur piste, sortent depuis juillet les machines portant la marque JRM. «La fin juin est la date d’expiration du contrat de licence pour la marque Jawa.» Voilà l’explication du changement de marque donnée par Karel Horčička, vice-président du management de l’usine. L’établissement fabrique chaque année de 400 à 460 motocyclettes de dirt track. Pendant la saison prochaine, les machine JRM (Jawa Racing Motorcycles) seront montées par des sportifs tels que le Danois Hans Anderson, le Slovène Matej Zagar ou les Tchèques Zdeněk Schneiderwind et Luboš Tomíček. Mosaïque Journées de Prague ont surpris Chicago a assisté lui-aussi aux fêtes et a souligné notamment les bonnes relations entre la Tchéquie et les Américains qui se réclament de leurs racines tchèques. Dans les années 1930, la communauté tchèque de Chicago comptait vers 500 000 membres; aujourd’hui, 150 000 habitants de la ville se considèrent héritiers de la nationalité tchèque. Dans le cadre des festivités, le public américain a pu profiter des Journées du film tchèque où le réalisateur Jan Hřebejk a présenté, entre autres, son film Pupendo en première américaine. Un grand retentissement a provoqué l’exposition de gravures originales d’Oldřich Kulhánek. C’est pour la première fois que cet artiste ait exposé ses dessins qui ont servi de base pour les billets de banque tchèques. Le journal Chicago Tribune a chanté les louanges de «l’effet artistique suprême». Adieu à Luboš Hruška Les fêtes des Journées de Prague ont apporté à Chicago de l’ahurissement et des surprises agréables. Tout d’abord, les habitants de cette ville américaine ont été choqués par la sculpture de l’«Homme suspendu», par David Černý, présentant les traits de Sigmund Freud, natif de Příbor en Moravie. Au moment de son inauguration solennelle audessus de la Michigan avenue, le 28 juin 2007, le service de secours de Chicago a été bombardé par une vague d’appels effrayés de la part des gens craignant pour le sort du présumé pendu. Cependant, le programme des Journées de Prague a honoré avant tout la mémoire d’Antonín Čermák, maire tchèque de la ville: on a solennellement rendu son nom à l’une des artères les plus animées de la ville. Pendant le cérémoniel, l’actuel maire de Chicago Richard Daley a rappelé l’influence dont les immigrés tchèques ont marqué l’aspect et la vie de la ville: «Les Tchèques avaient une influence immense sur l’édification de la ville; c’étaient d’excellents architectes, ingénieurs et hommes d’affaires.» Le maire de Prague Pavel Bém Le maire de Prague Bém au milieu de résidents tchèques pendant la soirée de gala Prague dorée. Canne à pêche automatique Tomáš Nezval, 19 ans, élève de l’Ecole industrielle secondaire de Prostějov, a remporté une distinction et une récompense financière à la Foire internationale scietifico-technique Intel ISEF, aux Etats-Unis. Il a conçu et confectionné une canne à pêche automatique qui, à l’aide d’un microprocesseur, prend les poissons toute seule. Ce dispositif convient à la pêche d’hiver où le mouvement de l’appât est programmable au besoin. Le prix a été accordé dans la catégorie Igéniérie électrique et mécanique. Sont venus rivaliser à la foire 1500 jeunes scientifiques et inventeurs de 51 pays du monde. Gare ancienne rénovée Luboš Hruška s’est éteint à Plzeň, à l’âge de 80 ans. Prisonnier politique de longues années, il est le créateur d’un jardin de méditation unique – le Mémorial des victimes du mal – et titulaire de nombreux prix et distinctions, l’Ordre T.G. Masaryk y compris. C’est en secret et avec ses propres moyens que Luboš Hruška commença à édifier, vers la fin des années 1980, son Jardin de méditation en tant que rappel des souffrances de ceux qui s’étaient opposés aux régimes totalitaires. Les sculptures en grès du Chemin de la Croix sont dues au sculpeur Roman Podhrázský. Après la révolution de novembre 1989, une Fondation du Mémorial des victimes du mal est née et une nouvelle chapelle a été construite. Aujourd’hui, l’aire du jardin sert au public aux fins religieuses et culturelles. Dans le cadre du concours Grand Prix des architectes 2007, un prix dans la catégorie Reconstruction vient d’être attribué au bâtiment de la gare Ostrava-Svinov renové selon le projet de Václav Filander. La gare, négligée depuis des décennies, était dans un état de grand délabrement, notamment après que fut abattue sa façade historique dans les années 1970. Les inondations de 1997 portèrent à l’édifice le coup fatal. La gare a été reconstruite dans son aspect primitif et, en plus, elle a été flanquée d’un nouveau hall d’entrée vitré. Le hall étant transparent au maximum, la façade de la «vieille gare» est visible non seulement dans la journée, mais aussi de nuit. 35 L’association pragoise Vltavan a survécu à tous les régimes «Le premier mai, pour la cérémonie annuelle de l’inauguration de la saison de navigation, ils forment la haie d’honneur devant le bateau historique Vyšehrad, homme et femme alternativement ou, comme ils disent, frère et soeur. En grande tenue, ils portent une ceinture d’apparat et, aux épaules, l’inscription Vltavan Praha en applique. Les personnes unies par l’amour de la rivière Vltava.» C’est ainsi que le reporteur Adam Pražák décrit sa rencontre avec Vltavan, la plus ancienne association du pays. Vltavan existe depuis 1871 et, tout récemment, elle a célébré les 135 ans du fonctionnement ininterrompu. Contrairement aux autres associations, tels les Sokols, ses activités n’avaient pas été interrompues sous le régime communiste. Ses traditions étant liées au commerce et au flottage de bois, l’association fut fondée par quatre-vingt trois flotteurs, marchands de bois et pêcheurs, mais avait parmi ses fondateurs le maire de Prague František Dittrich et même des aristocrates – les frêres Adolf et Karel Schwarzenberg. L’association avait été fatalement liée à l’espace où la rivière arrive au contact lyrique du centre de Prague – à celui du quartier disparu Membre de l’association Vltavan, peinture de Kamil Lhoták. 1980. Les membres fondateurs de l’association Vltavan étaient flotteurs, marchands de bois et pêcheurs. Vente du poisson en hiver sur un terrain d’alluvion. 36 de Podskalí, victime des démolitions brutales des années 1905-1910 entreprises dans le cadre de l’assainissement de vieux quartiers de la ville. Seul le bâtiment de l’ancien poste de douane Na Výtoni, siège de l’association Vltavan, est resté debout. Le nom rappelle le výton, droit de douane fluvial perçu à cet endroit depuis 1088 sur l’ordre de Vratislav II, premier roi de Bohême. A l’heure actuelle, il abrite l’exposition du Musée de la ville de Prague, consacrée à l’histoire régionale et aux traditions du flottage et de la navigation sur la Vltava. «L’association et ses traditions sont présentes non seulement dans l’exposition elle-même, mais sont rappelées aussi par de nombreux objets que l’on voit dans l’auberge de Podskalí, cabaret de style où se réunissent «les gars vivant de la rivière,» dit Zuzana Strnadová, directrice du Musée de la ville de Prague. Dès sa création, l’association Vltavan orienta son activité sur la charité et l’aide mutuelle, animées du patriotisme et du dévouement à la Navire funèbre pendant la cérémonie annuelle en l’honneur des noyés. Années 1970. Vltavaniens pragois en excursion sur la Vltava, accompagnés de la fanfare de l’association. Štěchovice, 1905. Société «Notre nation étant sortie de l’assoupissement, l’éclair illumina aussi les coeurs des fils de notre Podskalí et leur inspira l’idée de faire naître de la Vltava le père Vltavan pour qu’il n’abandonne pas les fils de Podskalí tombés malades, qu’il accompagne à leur dernier gîte les défunts, qu’il guérisse les estropiés, qu’il soutienne les vieux et qu’il préserve ainsi de la misère...» Introduction au Livre d’or de l’association Vltavan cause nationale. Les temps où la prévoyance sociale déficiente et les conditions de vie pénibles exigeaient l’entraide sociale entre les «frères flotteurs» ayant passé, la conception des activités caritatives de Vltavan a changé. Aujourd’hui, l’association coopère activement avec l’organisation d’enfants handicapés «Avec toi le monde est amusant». Le patriotisme marque le cérémoniel d’ouverture du bal annuel de l’association, le plus ancien en République tchèque. La fête commence par la chanson «Ma belle Bohême» chantée en choeur. «Nous formons tous ensemble une communauté pragoise typique qui, en dépit de difficultés, a une vision optimiste de la vie,» dit le frère Jaroslav Vopravil, un des chroniqueurs de l’association. Un tiers seulement des membres de l’association sont professionnellement liés avec la rivière. La qualité de membre est souvent héréditaire dans les familles. «Quand j’enseignais à Podskalí, il y a des années, les belles traditions liées à la Vltava étaient presque palpables dans les familles de mes élèves. J’ai passé des moments splendides en descendant les rivières tchèques et j’ai eu la chance de descendre la Vltava avec les flotteurs sur un train de bois juste avant la construction des barrages sur la rivière. Cela a été une expérience extraordinaire: le point d’arrivée était encore à l’endroit traditionnel Na Výtoni...» se souvient Michal Basch, ancien maire de l’arrondis- Premier drapeau de l’association , datant de 1872. Il est appelé «historique» ou «Jéžíš» (=Jésus). Emblème de Vltavan peint par Karel Svolinský en 1976. sement Prague 2 dont l’aire de Podskalí fait partie. Pendant toute la durée de son existence, l’association resta obstinément attachée à ses usages historiques. Sous le régime socialiste, les fêtes de l’association furent réalisées sous l’enseigne de «fêtes de la paix». Après l’abolition de l’association de maîtres nageurs et baigneurs, elle se chargea de l’organisation de cérémonies funèbres en l’honneur des noyés, organisées chaque année le premier dimanche après la Toussaint. «Le premier novembre 1930, des hommes de la rivière se réunirent dans le cabaret U Riehsů, à Podskalí, et décidèrent d’honorer chaque année la mémoire de ceux que la rivière avait emportés. Les frères Jandáček, maîtres nageurs des Bains jaunes, pensaient aux garçons qu’ils avaient tirés de l’eau cette année en aval de Zlíchov. Les flotteurs pensaient à leurs camarades morts par noyade. Les marins du St.-Georges, bâtiment de combat, pensaient à leurs compagnons d’armes de Boka Kotorská (=Bouches de Kotor). C’est le marin Škába qui alla le plus loin: jusqu’à Shanghaï.» C’est ainsi que l’écrivain Adolf Branald décrit la naissance de cette tradition. Dans un essai de son livre Hommes et navires sur la Vltava, il donne la description du déroulement actuel de la cérémonie: «En amont – à Štěchovice – les flotteurs jettent dans la rivière une couronne d’asters blancs (...) Sur la jettée, la garde d’honneur avec le président 37 Rencontre des membres de l’association Vltavan avec le président Václav Klaus et son épouse Livia. 2005. de l’association en tête forme la haie aux sons de la fanfare de Vltavan. Quand le navire funèbre accoste le quai, on en retire les couronnes et on les accroche sur la statue de la Vltava aux sons des chorales Col Slaven. Des gens traversant le pont et ceux qui passent sur le quai se joignent à la cérémonie, il y en a même qui se découvrent, mais à part cela le trafic continue en haut, on entend les voitures et les trams et, sur la rivière, le mouvement continue. On a l’impression, cependat, que dans la fraction de temps la plus silencieuse, au moment où l’âge révolu s’est confondu avec le nôtre, quelque chose s’est fait entendre avec insistance venant de la statue.» L’association participe annuellement à la traditionnelle course Huit du maire de Prague, compétition à l’aviron des huit avec barreur organisée depuis 1910. Pour le reste de l’année, les activités associatives s’orientent plutôt vers la distraction: inauguration saisonnière du transport fluvial saisonnier entre Prague et Slapy, accompagnée de musique et beaucoup de chant; ou voyage au bord du bateau Tyrš, navire de l’association, aux sons de la musique country. Mais la manifestation principale de l’année, c’est la Rencontre de Podskalí orientée sur le public pragois. Les participants peuvent visiter le musée, écouter la musique de la vieille Prague, faire une ballade en bateau, 38 assister au spectacle de gardes-nationaux historiques... «Et écouter d’émouvantes mélodies de notre orgue de Barbarie, utilisé aux grandes occasions exclusivement,» ajoute Karel Mikšovský qui est aussi capitaine du bateau Tyrš. Parmi les objets faisant partie des traditions de Vltavan comptent quatre drapeaux dont le plus ancien est une véritable pièce unique. «Le premier drapeau de l’association porte le nom Jésus et il fut consacré lors du premier anniversaire de sa fondation en 1872. Son poids approche les trente kilos et, donc, le porte-drapeu qui le porte pendant les solennités doit être non seuleent un homme respectable, mais encore un vrai hercule,» explique Václav Hodr, vice-président de l’association. «Avec le respect scrupuleux des statuts, l’emblème et le titre de frère et soeur, les drapeux et l’uniforme constituent les symboles les plus marquants. En les respectant, on ne témoigne pas seulement de son appartenance formelle à l’association, mais d’une réelle liaison affective et de la fierté du passé et du présent de l’association,» ajoute Jiří Mejstřík, un autre historien de l’association. Le ravissant costume porté par les membres de l’association est vraiment peu habituel. Il est dérivé de l’uniforme des marins de la marine marchande française, le blanc et le rouge étant les couleurs renvoyant à la lutte d’indépendance par rapport à l’Autriche-Hongrie. Les traditions de Vltavan ont inspiré de nombreux artistes. L’emblème actuel de l’association a été dessiné par Karel Svolinský, tandis que Kamil Lhoták a représenté un «Vltavanien» modèle en costume se tenant au bord de la rivière. La moyenne d’âge des membres de l’association approche aujourd’hui la soixantaine. Même au sein de Vltavan on admet que, pour les jeunes, les activités associatives n’ont plus le même attrait que jadis. Mais on est convaincu que les bonnes traditions trouvent toujours des continuateurs. Rédaction Photos: archives de l’association Vltavan. Les membres de Vltavan rencontrent le cardinal Miloslav Vlk au pèlerinage des saints Pierre et Paul. Vyšehrad, 2002. Heart_5_07_OB 1_4.qxd:Heart 1_07_titulka 12.9.2007 15:03 Stránka 2 jiří kolář přeskládaná historie the rearranged history 11. 9.– 20. 10. 2007 galerie art chrudim www.galerieart.cz