Histoire de Babar, le petit éléphant

Transcription

Histoire de Babar, le petit éléphant
Histoire de Babar,
le petit éléphant
Musique de Francis Poulenc
Texte de Jean de Brunhoff
Réalisation Agathe Mélinand
Création du 9 au 21 décembre 2014 au Théâtre national de Toulouse
Production TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Contacts
Sophie Cabrit
Administratrice de production
[email protected] / 05 34 45 05 14
Agathe Mélinand
[email protected] / 06 80 33 04 48
www.tnt-cite.com
TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / Direction Agathe Mélinand – Laurent Pelly
Histoire de Babar, le petit éléphant
Musique de Francis Poulenc
Texte de Jean de Brunhoff
Réalisation Agathe Mélinand
Piano
Charles Lavaud
Récitant
Eddy Letexier
Décor et costumes
Agathe Mélinand
Lumières
Michel Le Borgne
Réalisation des costumes
Ateliers du TNT
Sous la direction de Nathalie Trouvé
Réalisation des décors
Ateliers du TNT
Sous la direction de Claude Gaillard
Accessoires
Jean-Pierre Belin
Directeur technique
Jean-Marc Boudry
Durée 30 minutes
Spectacle jeune public à partir de 5 ans
Création du 9 au 21 décembre 2014 au Théâtre national de Toulouse
Production TNT - Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / Histoire de Babar, le petit éléphant / Dossier
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Histoire de Babar, le petit éléphant
Dans la grande forêt, un petit éléphant est né, il s’appelle Babar… Sa maman l’aime beaucoup. Pour
l’endormir elle le berce avec sa trompe en chantant tout doucement…
Babar, c’est pour moi, le roi des animaux de mon enfance, je me souviens de l’émerveillement de mes
cinq ans et combien j’adorais ça… Je me souviens du livre-disque rangé à côté des Mozart et Chopin
racontés aux enfants, je me souviens de la voix de Pierre Fresnay et de Poulenc, lui-même qui
l’accompagnait au piano… Je me souviens surtout de l’histoire merveilleuse du petit éléphant, de sa
maman, de Céleste, de la vieille dame, du vieux roi éléphant… Je me souviens comme Babar était bien
habillé quand sur le dessin, il posait pour la photo…
Ce fut, sans aucun doute, mon premier contact avec la musique de Poulenc, est-ce pour cela que j’ai
tant aimé, par la suite, le Dialogue des carmélites ? Mais c’est pour le moins une autre histoire…
Revenons plutôt à Babar qui a grandi, et qui joue maintenant avec les autres enfants éléphants et
remercions surtout la petite nièce de Francis Poulenc qui a eu la bonne idée de déposer les Aventures
de Babar sur le pupitre de son piano… Avec Charles Lavaud – instigateur de ce petit spectacle – au piano
et Eddy Letexier nous allons donc vous raconter notre Histoire de Babar qui, de la forêt jusqu’à Paris,
avec nous, avec vous, voyage au long cours sur l’écriture ronde de Jean de Brunhoff et la musique claire
de Francis Poulenc.
Agathe Mélinand
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / Histoire de Babar, le petit éléphant / Dossier
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Aux origines de l’Histoire de Babar, le petit éléphant
Jean de Brunhoff (1899 - 1937)
Jean de Brunhoff ne s’est jamais imaginé autrement que peintre. Ce fils d’éditeur d’art se destine très
vite à la peinture, alors que ses frères se tournent, presque comme une tradition, vers le milieu de
l’édition. Il travaille notamment avec un des maîtres du Fauvisme, Othon Friesz, aux côtés duquel il
fréquente de nombreux artistes. Mais le « spectaculaire » ne l’attire pas, et il préfère rester en marge
de tous les courants artistiques d’avant-garde.
En réalité, même si Jean de Brunhoff a créé le personnage de Babar, ce fut son épouse qui, la première,
l’inventa en 1930 : habituée à imaginer des histoires pour ses enfants, alors âgés de cinq et quatre ans,
elle aimait à leur raconter les aventures d’un petit éléphant orphelin, mais prêt à grandir, à oser, qui
gagne la ville pour fuir le chasseur qui vient de tuer sa mère. Là, l’éléphanteau intrépide et bien élevé
s’habille comme un homme, apprend à vivre dans ce nouveau monde, jusqu’à ce qu’il retourne chez lui
et soit couronné roi des éléphants, fort de son expérience et de sa sagesse acquises. L’histoire plut
tellement aux enfants que ceux-ci la contèrent à leur père. Amusé par cette idée, Jean de Brunhoff mit
alors en texte et en image ce récit : le premier album illustré de Babar était né. Le livre est publié sous
le titre Histoire de Babar, le petit éléphant, aux éditions du Jardin des modes, en 1931. Et le succès ne se
fait pas attendre. Six autres albums de Babar suivront (dont deux publiés à titre posthume), avant que
ce ne soit Laurent de Brunhoff qui ne poursuive l’œuvre de son père, disparu en 1937, par de nouvelles
aventures contées et dessinées.
L’apport de l’Histoire de Babar à la littérature jeunesse est inestimable : avant cela, les livres illustrés à
destination des enfants n’avaient pas le format généreux que Jean de Brunhoff et ses premiers éditeurs
choisirent (le grand format de l’album prend son origine dans celui du grand cahier à dessin utilisé par
Jean de Brunhoff). C’est une révolution : avec Babar est créé l’album grand format aux doubles pages
illustrées. Des illustrations qui elles-mêmes représentent une nouveauté dans le domaine, avec de riches
peintures aquarelles, cernées d’un tracé à l’encre de Chine.
Une esthétique incomparable, où l’art du trait, de la forme et de la couleur sublime les aventures de ce
héros si populaire.
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Francis Poulenc (1899 - 1963)
Francis Poulenc fait partie de ces compositeurs d’avant-garde à l’instrumentation si personnelle et aux
mélodies si surprenantes que l’on inventera pour lui la formule « moine ou voyou » : on lui reconnaît
très tôt un style unique, mêlant la légèreté et la mélancolie, la cocasserie et la nuance, l’esprit et la
gravité inspirée de la musique religieuse. Le jeune pianiste, remarqué à l’âge de dix-huit ans par Igor
Stravinsky puis Serge de Diaghilev, pour qui il mettra en musique le ballet Les Biches (1924), fréquente
les milieux littéraires parisiens. Il s’entoure de grands poètes de l’époque, tels Paul Eluard, Jean Cocteau,
Guillaume Apollinaire ou encore Louis Aragon, pour lesquels il compose près de quatre-vingts mélodies
accompagnant leurs écrits, enrichissants ainsi le répertoire de la « mélodie française ». Sa particularité,
dira Cocteau, « est de mettre le texte en évidence ».
Cette narration musicale, liée parfois à une très grande liberté d’improvisation, se ressent dans le génie
de ses interprétations. Insouciance fantaisiste ou folklore plus sombre, Francis Poulenc ne cesse de
composer dans des genres variés : musique religieuse chorale, chœurs profanes, pièces orchestrales, de
chambre ou pour piano… Il aime puiser ses sources dans le registre des chansons populaires, qu’il
revisite avec bonheur. En juillet 1940, alors que Poulenc est tout entier à ses compositions, sa petite
nièce âgée de quatre ans l’interrompt : « Oh que c’est ennuyeux ce que tu joues là ! Tiens, joues-moi
ça ! » La petite fille dépose sur le pupitre du piano son album de Babar, et le musicien, détourné de ses
partitions et amusé devant tant de volonté, commence à improviser au gré des images et des aventures.
En est sortie une Histoire de Babar fraîche et poétique, fidèle à l’œuvre de Jean de Brunhoff, dont il dira :
« J’ai esquissé une série de commentaires musicaux d’après les aventures de Babar. Je pense les écrire
avec l’espoir d’amuser les grands enfants également ! ». Ce conte musical créé pour un récitant et un
piano sera adapté plus tard pour orchestre symphonique par Jean Françaix (1912 – 1997).
Histoire de Babar, le petit éléphant, Edition Didier Jeunesse, Paris 2012
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Photos : © Polo Garat-Odessa
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Extrait de Histoire de Babar, le petit éléphant pour récitant et piano par Francis Poulenc (1940)
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Repères biographiques
Charles Lavaud
Originaire de Corrèze, Charles Lavaud a d'abord étudié le piano aux conservatoires de Brive et de Tulle,
notamment avec Jean-Pascal Guillot. Il intègre ensuite le CRR de Paris dans les classes de piano (avec
Billy Eidi), puis de musique de chambre (avec Paul Meyer et Eric le Sage) et accompagnement (avec
Ariane Jacob). De 2003 à 2005, il a suivi la formation du CEFEDEM de Normandie (Centre de Formation
des Enseignants de la Danse et de la Musique) et reçu le Diplôme d'État de professeur de piano. Il
travaille actuellement au Conservatoire de Courbevoie, où il enseigne le piano et accompagne les classes
de chant lyrique, ainsi que l’ensemble vocal Curva Via. Aussi, il est invité chaque année, depuis 2002,
aux Académies internationales d'été du Grand Nancy, où il est l'assistant de Billy Eidi. Il a également créé
les Cinq Préludes de Guy Sacre, composés à son intention, le Psaume de Jean-Dominique Krynen, avec
la mezzo-soprano Florence Katz, ainsi que les Sept Nocturnes pour piano à quatre mains de Roger
Steptoe. Il joue dans Erik Satie – Mémoires d’un amnésique, réalisé par Agathe Mélinand au Théâtre
national de Toulouse (2013 et 2014).
Eddy Letexier
Après une formation au Conservatoire de Liège, en Belgique, il joue notamment sous la direction de
Lorent Wanson (La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, On dirait des vrais de J.M. Piemme, Salomé d’Oscar
Wilde, Un ennemi du peuple de Henrik Ibsen, Sainte Jeanne des abattoirs de Bertolt Brecht, Oqt de F.
Clarinval) ; Elizabeth Ancion (Vingt Heures précises de J-L Napolilo, Le Baron de Flemale d’A. Vanderbist,
Le Pitchfork Disney de P. Ridley, La d-mission de J.L. Napolilo) ; Jean-Claude Berutti (Le Mariage de Figaro
de Beaumarchais, Beaucoup de Bruit pour rien de Shakespeare)… Il joue dans plusieurs mises en scène
de Laurent Pelly : Le Roi nu d’Evguéni Schwartz, Foi Amour Espérance d’Ödön von Horváth, Le Songe
d’August Strindberg, Renseignements généraux de Serge Valletti, Les Malices de Plick et Plock de
Christophe, Jacques ou la soumission et L’avenir est dans les œufs d’Eugène Ionesco, Le Menteur de Carlo
Goldoni, Mille francs de récompense de Victor Hugo, Funérailles d’hiver de Hanokh Levin, Macbeth de
William Shakespeare. Il joue Monsieur le 6, d’après Donatien de Sade (2009 et 2011), dans Tennessee
Williams – Short stories (2011 et 2013) et Erik Satie – Mémoires d’un amnésique (2013 et 2014),
spectacles réalisés par Agathe Mélinand. En 2014, il joue aussi dans Le Songe d’une nuit d’été mis en
scène par Laurent Pelly au Théâtre national de Toulouse. On le retrouvera dans L’Oiseau vert traduit par
Agathe Mélinand, mis en scène par Laurent Pelly, du 25 février au 21 mars 2015 au Théâtre national de
Toulouse.
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Agathe Mélinand
Formée à la Maîtrise de Radio France, Agathe Mélinand devient d’abord comédienne puis, de 1987 à
1994, collabore, dans l’univers du cinéma notamment avec Christine Pascal, Daniel Schmid, Werner
Herzog ou Manoel de Oliveira, elle a été également organisatrice de nombreuses rétrospectives et
exposition dans le domaine du 7e art…
Codirectrice, avec Laurent Pelly, de la compagnie Le Pélican (1989 à 1994), elle est nommée, en 1997,
directrice artistique adjointe et de la communication du Centre dramatique national des Alpes (CDNA)
à Grenoble. Participant à la plupart des spectacles mis en scène par Laurent Pelly, elle conçoit
notamment le spectacle Et Vian ! En avant la zique (CDNA, Grande Halle de la Villette) et écrit la première
partie du spectacle musical C’est pas la vie ? (1999) et, pour la deuxième partie, écrit la comédie musicale
Conservatoire (2000).
En 2001, elle traduit et adapte Cocinando, une pièce de Lucia Laragione (création en France en 2002 au
CDNA) puis, écrit la pièce Forever Stendhal également créée au CDNA. Dramaturge et collaboratrice à la
mise en scène pour Platée au Palais Garnier, Agathe Mélinand avait, en 1997, réécrit les dialogues
d’Orphée aux Enfers mis en scène par Laurent Pelly, à Genève et à Lyon. En 2002, elle a traduit pour le
festival de Santa Fé les dialogues de La Belle Hélène adaptés pour le Châtelet en 2000, avant d’adapter
ceux de La Périchole pour l’Opéra de Marseille. En 2003, elle a écrit une nouvelle version des dialogues
des Contes d’Hoffmann (Lausanne, Opéra de Lyon, Grand Théâtre du Liceu et Opéra de San Francisco en
2013). Pendant la saison 2003/2004, elle collabore à la production d’Ariane à Naxos et de L’Heure
espagnole et Gianni Schicchi à l’Opéra de Paris. En 2004, elle adapte les dialogues de La Grande Duchesse
de Gerolstein pour la production Minkowski-Pelly au Châtelet et établit une nouvelle version du livret
du Roi malgré lui pour l’Opéra de Lyon. En 2005, elle traduit et établit une version pour la scène des
Aventures d’Alice au pays des merveilles (Laurent Pelly/CDNA), adapte les livrets de trois œuvres
d’Offenbach pour l’Opéra de Lyon et établit une nouvelle version du livret du Chanteur de Mexico pour
le Théâtre du Châtelet.
En 2006 et 2007, elle collabore à la mise en scène de l’Elixir d’Amour de Donizetti à l’Opéra de Paris et à
celle de La Finta semplice au Theater an den Wien. En 2007, elle réécrit les dialogues de La Fille du
régiment de Donizetti (Covent Garden-Met – StadtOper – Opéra Bastille en 2012) et ceux de La Vie
Parisienne d’Offenbach (Opéra de Lyon - Capitole). En 2010, elle collabore à la mise en scène de Manon
de Jules Massenet (ROH de Londres et Théâtre du Capitole de Toulouse en 2013) et en 2011 à la mise
en scène de Jules César à l’Opéra Garnier. Elle adapte les dialogues de L’Etoile d’Emmanuel Chabrier,
mis en scène par Laurent Pelly en octobre 2014 à l’Opéra national d’Amsterdam.
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / Histoire de Babar, le petit éléphant / Dossier
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En janvier 2008, elle est nommée codirectrice, avec Laurent Pelly, du Théâtre national de Toulouse MidiPyrénées. Elle établit une nouvelle traduction de la pièce de Goldoni, Le Menteur, mise en scène par
Laurent Pelly. En 2009, elle adapte CAMI La vie drôle !, spectacle mis en scène par Laurent Pelly (avec
les comédiens de l’Atelier Volant du TNT) et conçoit avec Laurent Pelly Natalie Dessay chante Michel
Legrand pour le TNT. Elle collabore avec Jean-François Zygel, met en scène son spectacle au TNT Les
Mensonges de Jean-François Zygel en 2008 et met en espace son concert Michpoure toujours au TNT en
2010. En 2010 également, elle écrit Les Aventures de Sindbad le marin, créé au TNT dans une mise en
scène de Laurent Pelly en 2011 puis repris en tournée et au TNT en 2012.
En 2013, elle adapte Edgar Poe – Extraordinaires, créé au TNT dans une mise en scène de Laurent Pelly
(avec les comédiens de l’Atelier Volant du TNT). En 2014, elle traduit la version intégrale de L’Oiseau
vert de Carlo Gozzi, qui sera mis en scène par Laurent Pelly au TNT en 2015.
En 2009, elle écrit et réalise Monsieur le 6, d’après Donatien de Sade au TNT, spectacle repris en 2011.
En 2011, elle traduit et réalise Tennessee Williams – Short stories créé au TNT la même année et repris
en 2013.
En 2013 toujours, elle écrit et réalise Erik Satie – Mémoires d’un amnésique au TNT, en tournée d’octobre
2014 à janvier 2015 (TGP Saint-Denis etc).
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / Histoire de Babar, le petit éléphant / Dossier
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Décembre 2014 – Janvier 2015
Babar au TNT de Toulouse : une subversion discrète et habile
13 décembre 2014
Par JEAN-JACQUES DELFOUR
L’histoire de Babar est un monument du colonialisme. Écrit par Jean de Brunhoff, ce récit inculque aux
enfants deux messages distincts : l’Afrique est sauvage et a reçu la civilisation grâce aux nations
européennes ; la civilisation consiste dans la production et la consommation de marchandises. Telle
est l’histoire de Babar : un double monument de propagande. Babar : un barbare débarrassé de sa
barbarie.
L’éléphant symbolise l’Afrique : géant, puissant, mais sauvage, sans vêtements, c’est-à-dire sans
technique et sans culture. Sa couleur grise en fait un symbole transparent des Noirs. Les chasseurs qui
tuent les parents de Babar ne sont rien d’autre que la vérité de la colonisation, c’est-à-dire la violence
meurtrière. La France, envahissant l’Afrique, a déployé la violence coloniale, massacrant autant que
nécessaire, fabriquant un véritable enfer, une exploitation sans aucun scrupule des êtres humains et
des richesses.
La fuite de Babar, outre sa fonction narrative de tournant, dépeint une Afrique errante, déboussolée,
sauvage. La civilisation lui advint grâce à une belle ville occidentale, qui déborde de marchandises et
de grands magasins, où règnent la bienséance (personne ne s’y promène tout nu comme en Afrique),
l’hygiène (le corps n’est pas laissé sans occupation), l’amour des marchandises (l’activité productive et
rentable constitue le but de la vie sociale). L’accueil par la vieille dame (sans doute un symbole de la
nation française, généreuse, douce, l’absolu contraire de la réalité coloniale) est le branchement d’un
autre récit (familial) de nature à capturer l’attention des enfants et à mieux dissimuler l’instillation de
l’idéologie colonialiste.
Cette histoire d’adoption discrète aboutit au retour de Babar, éduqué, élégant, sachant conduire une
automobile, accueilli par les éléphants restés dans la savane (les Noirs autochtones) comme un roi qui
s’est instruit auprès des êtres humains (les Blancs). L’enfant du pays, formé par la mère coloniale
bienveillante, peut apporter ordre et savoir, palliant ainsi la sauvagerie et l’ignorance (l’ancien roi est
mort d’avoir mangé un champignon toxique).
Jean de Brunhoff, issu d’un milieu petit-bourgeois, publie le premier volume en 1931, l’année de la
grande Exposition coloniale, où l’on avait mis en cage les indigènes de l’empire, des zoos humains déjà
anciens, pointée il y a presque deux décennies par Didier Deaninckx (dans Cannibales, 1998). Mis en
musique sans état d’âme par Francis Poulenc, cette histoire colonialiste est perçue comme un simple
conte pour enfant, que l’on peut illustrer musicalement, à destination d’une enfance apaisée et sans
doute aisée.
© Polo Garat-Odessa
La mise en scène d’Agathe Mélinand est apparemment dépourvue de tout recul critique, politique ou
historique. Aux enfants, dira-t-on dans un élan lui-même sans recul, on peut servir un récit de
propagande qui, outre l’éloge masqué de la colonisation, diffuse l’amour des marchandises. D’où sans
doute la décision de le programmer avant Noël, comme s’il n’y avait pas assez d’incitations à la pulsion
d’achat, arguera-t-on, l’air courroucé. N’y a-t-il pas d’autres contes moins réactionnaires que Babar ?
En réalité, inquiète devant la progression du racisme, devant l’extension de l’idéologie d’extrêmedroite, Agathe Mélinand a manifestement le projet de proposer une réflexion sur les représentations
raciales cachées et aussi sur l’idolâtrie des marchandises. Une preuve en est la proximité avec Noël,
grande orgie obligatoire de consommation.
Le souci de faire entendre la musique de Francis Poulenc, moins connue que le récit babaresque, a
conduit au choix d’un texte bref, de quelques rares images, d’une sobriété dans les accessoires. Des
éléments de puérilité, là aussi menus et discrets, signifient l’enfance : costume vert, comédien et
pianiste pieds nus, décor rose bonbon (contraste doux gris/vert/rose), drôlerie légère d’Eddy Letexier
au naturel comique efficace. Finalement, un moment de grâce, un moment suspendu, un allégement
de la surexcitation qui règne partout ailleurs.
Il ne s’agissait donc pas seulement de faire entendre Poulenc : ce spectacle est une critique à peine
voilée de la société de consommation et de son abrutissement iconique.
© Polo Garat-Odessa
Jean-Jacques Delfour
17 DEC 14
Quotidien
OJD : 171431
AVENUE JEAN BAYLET
31095 TOULOUSE CEDEX 9 - 05 62 11 36 93
Surface approx. (cm²) : 262
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jeune public
Agathe Mélinand voit la vie en rose
Babar, le petit éléphant du conte pour enfants de l'auteurillustrateur Jean de Brunhoff, mis en musique par Francis
Poulenc, est à l'affiche du Théâtre National de Toulouse
jusqu'à samedi. « Babar, c'est pour moi, le roi des animaux
de mon enfance, je me souviens de l'émerveillement de
mes cinq ans et combien j'adorais ça », souligne Agathe
Meliland, metteur en scène de ce petit spectacle destiné
au tout jeune public à partir de six ans. Le pianiste
Charles nLavaud et le comédien Eddy Letexier sont les
interprètes d'« Histoire de Babar, le petit éléphant » dans
un joli espace scénique tout rose. Le personnage de Babar
est présent sous la forme d'un gros jouet. Entretien avec
la codirectrice du TNT.
Comment est née cette version d'« Histoire de Babar, le
petit éléphant » ?
Tout a commencé pendant que nous présentions « Erik
Satie. Mémoires d'un amnésique ». Le pianiste Charles
Lavaud travaillait
« Histoire de Babar » pour le plaisir avec Eddy Letexier.
En les entendant parler, je leur ai proposé de les mettre
en scène tous les deux dans Babar. Je connaissais les liens
existant entre Erik Satie et Francis Poulenc. Ce dernier
jouait les œuvres pour piano de Satie. C'est ainsi que ce
petit spectacle est né.
Ce « Babar » est-il un vrai spectacle, avec des décors ?
Oui. Il se joue dans le tout petit théâtre du TNT, le studio,
qui dispose de 70 places. Je l'ai fait repeindre en rose
pour l'occasion. Tout le monde le sait, les éléphants sont
roses ! Il s'agit en fait d'une variation simple et tendre
sur la partition de Francis Poulenc, forme musicale qui
est un oratorio pour l'enfance. Je suis une fanatique de
ce compositeur français. C'est surtout à cause de lui que
j'ai voulu monter cette œuvre. Le comédien Eddy Letexier
raconte l'histoire. Les jeunes enfants comprennent tout.
Ce spectacle est très touchant pour moi. C'est la première
fois que je réalise quelque chose pour les plus petits. Cela
rejoint mon désir d'éveiller leur oreille à la musique.
Parallèlement à « Histoire de Babar », le TNT reprend votre
si poétique « Erik Satie. Mémoires d'un amnésique », autre
spectacle musical. C'est un hasard ?
Non. J'ai voulu ajouter « Histoire de Babar » à « Erik Satie
» pour rapprocher les deux univers musicaux. J'avais créé
le second il y a un an et je souhaitais le reprendre. Nous
venons de le présenter durant tout le mois de novembre
au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis. L'accueil de
la presse est extraordinaire. Je pense aussi que « Satie »
comme « Babar » correspondent bien à cette période de fin
d'année.
Anne-Marie Chouchan
« Histoire de Babar » au Studio du TNT (I, rue PierreBaudis) jusqu'au 19 décembre. À partir de 6 ans. Tarifs : 7
€ à 14 €. Tél. 05 34 45 05 OS. « Erik Satie » jusqu'au samedi
20 novembreau Petit Théâtre à 20heures.
« C'est la première fois que je réalise un spectacle pour les
jeunes enfants ».
E478250F5CA04209729543D41E0F95953E55211901594A8D192EB14
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9948342400502/XCB/FCF/2
Tous droits réservés à l'éditeur
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Quotidien
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31095 TOULOUSE CEDEX 9 - 05 62 11 36 93
Surface approx. (cm²) : 146
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jeune public
Babar le petit éléphant en scène au TNT
Dans la grande forêt un petit éléphant est né. fl s'appelle
Babar, Sa maman l'aime beaucoup. Pour l'endormir, elle le
berce avec sa trompe en chantant tout doucement. Ainsi
commence « Histoire de Babar, le petit éléphant », conte
pour enfants de l'auteur-illustrateur Jean de Brunhoff.
Le compositeur français Francis Poulenc a composé une
partition de piano pour accompagner cette belle histoire.
Agathe Mélinand, la codirectrice du Théâtre National de
Toulouse, a imaginé un petit spectacle pour le jeune public
à partir d'« Histoire de Babar, le petit éléphant ». Elle
a invité le pianiste Charles Lavaud et le comédien Eddy
Letexier à jouer et raconter le conte si touchant.
« Babar, c'est pour moi, le roi des animaux de mon enfance,
je me souviens de l'émerveillement de mes cinq ans et
combien j'adorais ça. Je me souviens du livre-disque rangé
à côté des Mozart et Chopin racontés aux enfants, je me
souviens de la voix de Pierre Fresnay et de Poulenc, luimême, qui l'accompagnait au piano », dit-elle.
Studio du TNT (I, rue Pierrebaudis) du 9 au 19 décembre.
À partir de 6 ans. Tarifs : 7 € à 14 €. Tél. 05 34 45 05 05.
6975A52E5130CE07A27D42446804B5543474B14381B5444E5EA4B6C
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3990532400508/MRJ/FFG/2
Tous droits réservés à l'éditeur
musique
théâtre
environnement
arts de la rue
littérature
arts du cirque
cinéma
arts plastiques
musique
De Satie
à Babar
U
n voisinage pétillant et
ludique entre deux spectacles
que guide le fil rouge de la
musique moderne. Rencontre avec
l’éclectique madame Mélinand.
UN NOUVEL HOMMAGE À SATIE
Agathe Mélinand : Initialement j’ai voulu créer un spectacle sur Erik Satie qui
soit tout sauf une biographie car c’est
un personnage insaisissable. Je voulais
réunir en un même objet artistique des
domaines aussi divers que la musique, la
peinture, le théâtre ou la danse et brosser un portrait de Satie fragmenté, très
créatif, bâti sur des ruptures de ton, loin
de la photographie officielle, à l’image
de sa personnalité. C’est comme cela
qu’est né ce « petit opéra comique sans
lyrics », une fantaisie picturale, écrite et
réalisée sur la musique et les mots du
compositeur d’Honfleur. La scénographie conçue avec Barbara de Limburg
installe un univers poétique autour de
la musique de Satie et malgré la variété
des pièces sources dont je me suis servie
(Gymnopédies, Les sonneries de la Rose
Croix, Danses gothiques, Trois morceaux
En cette période de êtes, le TNT, co-dirigé par
Agathe Mélinand, reprend un spectacle de cette
dernière, Erik Satie, mémoires d’un amnésique, et
accueille la première création qu’elle monte pour le
très jeune public, Histoire de Babar le petit éléphant.
en forme de poire, etc.) la ligne mélodique
en apparaît incroyablement claire. C’est
ce talent qui a fait de Satie une figure
tutélaire pour nombre de musiciens qui
l’ont suivi, notamment pour le Groupe
des Six dont faisait partie Francis
Poulenc.
UN ÉCHO MUSICAL
M’intéressant largement à la musique
de cette époque, ça a été pour moi
une évidence de donner à entendre la
musique de Poulenc. Satie et lui ont
des liens énormes, le premier ayant
vraiment inspiré et influencé le second.
On trouve dans l’œuvre de Poulenc un
enregistrement au piano des morceaux
de Satie datant de 1950 et une partition ravissante sur l’Histoire de Babar, le
récit de Jean de Brunhoff qu’il a, selon
l’anecdote, improvisée puis composée
pour les enfants d’amis chez qui il
séjournait. Une petite fille aurait déposé
le livre sur son piano un après-midi
en lui demandant de leur jouer l’histoire. Pour moi cet écho musical entre
Satie et Poulenc a donc été le déclic
du travail de création avec le pianiste
Charles Lavaud qui en est l’instigateur et avec Eddy Letexier, un de mes
comédiens fidèles, qui joue le récitant.
Et puis Babar, pour moi, c’est le roi des
animaux de mon enfance, c’est la voix
du livre-disque avec Pierre Fresnay et
Poulenc lui-même au piano.
1613 / Décembre 2014/Janvier 2015 flash le mensuel
6
CRÉER POUR LES ENFANTS
J’ai beaucoup adapté pour le jeune
public, La Comtesse de Ségur, La famille
Fenouillard, les Hymnes homériques, Alice
au pays des merveilles, Sindbad le marin
mais jamais pour les très jeunes enfants.
J’ai donc beaucoup de plaisir à présenter ce projet aux petits à partir de six
ans, surtout à l’approche de Noël ! Et
j’avais très envie de m’amuser. Si on ne
s’amuse pas en mettant en scène pour
de petits enfants quand le fait-on ?!
C’est tendre, poétique et la partition
est à la mesure de la délicatesse du
trait du dessin original. Visuellement
j’ai voulu retrouver le raffinement de
l’édition des années trente, adorable,
qui a accompagné des générations. Le
récitant raconte les aventures de Babar
et la partition fait écho, tantôt comme
une berceuse, tantôt comme partie
prenante de l’histoire. Les enfants sont
assis sur de petits coussins, dans le
cadre intimiste du Studio du TNT. Des
images sont projetées mais l’idée reste
d’amener les enfants à être attentifs
à la musique : c’est une forme courte
idéale, un petit oratorio remarquable,
assez rare pour les enfants.
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Erik Satie, mémoires d’un amnésique
2 au 20 décembre
Histoire de Babar le petit éléphant
9 au 21 décembre
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culturebox.francetvinfo.fr
Date : 15/12/2014
"Babar" de Poulenc et "Mémoires d'un amnésique" de Satie sur la
scène du TNT
Par : Jean-Francois Lixon
Une image de Babar tirée de l'oeuvre de Laurent de Brunhoff
© DR
Le Théâtre National de Toulouse propose deux spectacles musicaux hors du commun. Jusqu'au
21 décembre 2014, la pièce de Francis Poulenc "L'histoire de Babar" d'après le conte de Jean de
Brunhoff, et jusqu'au 20 "Mémoire d'un amnésique" d'Erik Satie. Les deux pièces sont mises en scène
par Agathe Mélinand et accompagnées au piano par Charles Lavaud.
Francis Poulenc (1899-1963) et Erik Satie (1866-1925). Deux compositeurs français difficilement
classables et un lien entre les deux : en 1950, Poulenc enregistrait vingt-trois compositions de
l'original de Honfleur.
Autre point commun : le théâtre National de Toulouse accueille en ce mois de décembre 2014 deux
pièces mises en scène par Agathe Mélinand. "L'histoire de Babar" est une pièce de Francis Poulenc
composée en 1945 et inspirée par le conte de Laurent de Brunhoff. C'est l'histoire d'un petit éléphant
contraint de quitter sa jungle natale et d'aller vivre en ville. Depuis presqu'un siècle tous les enfants
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ont fréquenté le pachyderme habillé d'un costume vert. Tous ont suivi ses aventures, aussi bien dans
son Afrique natale que dans notre civilisation urbaine. Le spectacle proposé à Toulouse et interprété
par le comédien Eddy Letexier et le pianiste Charles Lavaud reprend l'histoire et les images orginales
de Laurent de Brunhoff ,dans une mise en scène d' Agathe Mélinand.
Reportage : D. Gérard / E. Fillon / P. Level / C. Norek
Personnage sans équivalent dans l'histoire de la musique, Erik Satie était en décalage sur son
temps. Il l'aurait d'ailleurs été quelle que fut la période. Son humour teinté de mélancolie en fait un
compositeur très aimé des adolescents mélomanes. Sa pièce "Mémoires d'un amnésique" se moque
de ses propres oeuvres. Ne prenant pas les plus célèbres compositeurs au sérieux, il s'auto-appliquait
cette dérision distanciée. Satie influença pourtant bon nombre de ses successeurs, parmi lesquels
le fameux groupe des Six auquel appartenait, est-ce ici un hasard, Francis Poulenc. "Mémoires d'un
amnésique" est également présenté dans une mise en scène d' Agathe Mélinand.
"L'histoire de Babar"
De Francis Poulenc et Laurent de Brunhoff
Jusqu'au 21 décembre 2014
"Mémoires d'un amnésique"
D'Erik Satie
Jusqu'au 20 décembre 2014
Mise en scène d'Agathe Mélinand
Théâtre National de Toulouse
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