Comité central d`entreprise EDF SA
Transcription
Comité central d`entreprise EDF SA
Comité Central d’Entreprise EDF SA Séance du 4 juillet 2016 Résolution sur le projet Hinkley Point C 1 – La réunion de ce jour intervient sur convocation unilatérale du Président adressée le 22 juin 2016, contenant les deux points suivants : « Restitutions des expertises libres votées lors de la séance extraordinaire du CCE EDF SA du 9 mai 2016 » et « Projet Hinkley Point C pour avis ». Le CCE EDF SA entend rappeler que le projet Hinkley Point C, au regard des enjeux financiers, industriels et stratégiques qu’il implique, constitue un projet majeur pour EDF et ses salariés. C’est d’ailleurs pourquoi, lors de la réunion du 21 avril 2016, le Comité Central d’Entreprise avait été contraint d’adopter une résolution rappelant à la Direction le nécessaire respect des prérogatives d’information et de consultation de l’organisme, préalablement à la prise d’une décision d’investissement aussi majeure pour EDF, rappelant ainsi à la Direction d’EDF ses engagements pris à cet égard par le passé. Le Comité Central d’Entreprise a alors été réuni le 9 mai 2016, pour une première réunion d’information sur ce projet en vue d’une consultation ultérieure. Lors de cette réunion du 9 mai 2016, au vu du document général de présentation de la Direction, les élus du CCE ont également demandé la communication intégrale des documents contractuels de l’opération ainsi que la totalité du rapport d’Escatha et ont posé de très nombreuses questions sur l’ensemble des aspects de ce projet d’envergure, questions retranscrites et adressées par écrit à la suite de la réunion, à la Direction, par les délégations syndicales. De plus, le Comité Central d’Entreprise a décidé unanimement le recours à deux expertises, l’une économique et financière du projet en lien avec l’expertise légale déjà confiée au cabinet SECAFI, l’autre organisationnelle confiée au cabinet DEGEST, afin d’apporter les compléments nécessaires à sa compréhension du dossier mais aussi, pour déterminer aux côtés de l’organisme les éléments d’information nécessaires à l’expression d’un réel avis éclairé et motivé. Le Comité Central d’Entreprise décidait enfin, dans la résolution unanime, de mandater son Secrétaire pour engager en urgence toute procédure judiciaire, nécessaire au respect de la résolution votée, si la Direction décidait, malgré les enjeux majeurs de ce projet, de ne pas communiquer, ou de communiquer de manière incomplète au CCE et aux experts mandatés, les éléments d’information réclamés, ou en mettant en œuvre, par toute décision anticipée, le projet Hinkley Point C, avant l’achèvement régulier du processus d’information et de consultation de l’organisme. 2. – Depuis la réunion du 9 mai 2016, le CCE constate malheureusement que la Direction a refusé de communiquer l’intégralité des documents contractuels de l’opération demandés, de même que le rapport d’Escatha, sur l’analyse des risques du projet, dans sa totalité. La Direction a également refusé aux experts leurs demandes de rendez-vous auprès des responsables en charge du projet et surtout la remise de documents essentiels qu’ils sollicitaient, afin de pouvoir mener à bien leurs travaux réclamés dès le 26 mai 2016, demande réitérée et complétée le 16 juin 2016. La Direction a refusé par là même au CCE, compte tenu du mandat donné aux experts pour l’assister dans la détermination des informations nécessaires à la compréhension de tous les enjeux et risques de ce projet, d’exercer son droit à une information complète sur un projet majeur pour l’Entreprise. En dépit de ces difficultés opposées au CCE et à ses experts, ces derniers ont tout de même débuté leurs travaux et, dans un laps de temps très court, ont transmis au secrétaire des notes ciblant précisément, sur les différents aspects financiers comme industriels, organisationnels et techniques du projet, les informations complémentaires manquantes, indispensables et identifiées avec le CCE, pour que l’organisme puisse être en capacité de rendre un avis motivé et éclairé. Ainsi, dans sa note du 13 juin 2016, le cabinet d’expertise SECAFI vise notamment l’absence à ce jour de transmission par la Direction des éléments d’information suivants : le modèle financier du projet HPC ; le plan de financement du Groupe EDF : les grandes lignes de CAP 2030 avec séquencement : 2016-2018, 2019-2025, 2026-2030 ; le dossier remis au comité d’Audit d’EDF SA du 28 octobre 2015 relatif aux scénarios dégradés ; la garantie du IUK/IPA ; la modélisation par le Groupe EDF du fonctionnement du marché électrique britannique entre 2025 et 2030. De même, dans sa note d’étape du 17 juin 2016, le cabinet d’expertise DEGEST détaille l’absence d’information essentielle sur les différents thèmes suivants : sur l’organisation générale du projet ; sur la mobilisation des fournisseurs ; sur la conception, l’évolution du design et l’avancement à date du projet ; sur la mobilisation des ressources et le gréement ; sur l’analyse des risques et le plan d’action ; sur la place de HPC dans la trajectoire du nouveau nucléaire d’EDF SA. Au surplus, par rapport aux nombreuses questions posées par les élus du CCE, la Direction n’a malheureusement pas souhaité apporter de réponse complémentaire se contentant pour l’essentiel à considérer soit ces questions comme étant « hors champ du dossier CCE », soit à renvoyer sans autre explication aux réponses initiales générales figurant « dans la présentation globale du dossier CCE remis pour la réunion du 9 mai 2016 ». 3. – Dans ces conditions, et bien qu’affichant une volonté de simple façade de mener un dialogue social constructif, la Direction n’a pas souhaité répondre positivement aux demandes légitimes du CCE et de ses experts. Mieux même, le Président a décidé de convoquer unilatéralement le CCE pour cette réunion du 4 juillet 2016 afin de recueillir l’avis de l’organisme sur ce projet et a refusé, comme le Secrétaire lui avait pourtant demandé par mail du 20 juin 2016, de poursuivre plus avant le processus d’information sur ce projet en transformant la réunion du 4 juillet 2016 en une simple réunion d’information en vue d’une consultation ultérieure. C’est pourquoi le Secrétaire a été contraint de mettre en œuvre le mandat qui lui avait été préalablement donné par le CCE par résolution du 9 mai 2016, en saisissant dès le 20 juin 2016 le tribunal de grande instance de Paris. Une audience a été fixée à la date du 22 septembre 2016 à 10 heures devant la Présidente de la 1ère Chambre section sociale du tribunal de grande instance de Paris statuant en la forme des référés. Les élus du CCE maintiennent leur demande d’un dialogue social constructif et restent ouverts aux propositions visant à rétablir un niveau de communication compatible aux enjeux de ce projet afin d’éviter que ce litige soit tranché par le juge. Pour autant, en l’état actuel des documents remis, le CCE n’est manifestement pas en l’état d’émettre un avis motivé dès la réunion de l’organisme du 4 juillet 2016. Les experts ne sont pas plus en capacité de pouvoir restituer leurs travaux, faute de disposer des informations suffisantes. De plus, la Direction d’EDF devra inévitablement apporter, de nouvelles précisions et compléter ses réponses, s’agissant des conséquences sur le projet HPC du vote majoritaire par les Britanniques le 23 juin 2016 du Brexit, mais aussi une analyse exhaustive des risques au regard des comptes et/ou des orientations stratégiques de l’Entreprise. En conséquence, le CCE renouvelle et confirme le mandat donné au Secrétaire par résolution, votée le 9 mai 2016 et, sauf si la Direction met enfin l’ensemble des éléments et informations demandées, poursuivra l’action engagée devant le tribunal de grande instance de Paris à son terme. Le CCE demande à la Direction de poursuivre le processus d’information de l’organisme afin de pouvoir fixer, à une date ultérieure et en tout état de cause, une fois que les élus et leurs experts mandatés auront pu obtenir l’ensemble des informations indispensables et que le CCE disposera de leurs analyses complètes et détaillées, une nouvelle réunion de l’organisme pour permettre à celui-ci d’être régulièrement consulté sur le projet HPC, et ainsi permettre la poursuite d’un réel dialogue social sans attendre l’intervention du juge judiciaire. Néanmoins, si la Direction décidait de passer outre la présente résolution et ainsi tenter de se placer au-dessus de la justice, en mettant en œuvre de quelque manière que ce soit le projet Hinkley Point C (HPC), avant l’achèvement du processus d’information et de consultation de l’organisme, notamment par toute décision liée au projet HPC, qui serait prise lors de ses prochains Conseil d’administration, le CCE renouvelle et réaffirme le mandat précédemment donné à son Secrétaire, M. Jean-Luc MAGNAVAL, lui donnant tous pouvoirs pour engager en urgence toute procédure judiciaire devant toute juridiction qui serait nécessaire au respect de la présente résolution, et ce, entre autres, toute action en référé, en la forme des référés devant le tribunal de grande instance compétent, notamment pour prévenir tout dommage imminent, compte tenu de la procédure judiciaire déjà engagée, et ainsi, notamment pour contraindre sous astreinte le cas échéant, EDF à respecter la présente résolution et le respect de ses propres prérogatives, alors même que le juge est déjà saisi. Vote : Pour : 17 Contre : 0 Abstention : 3 Résolution positive majoritaire