symbiose. - ozon architecture
Transcription
symbiose. - ozon architecture
" SYMBIOSE." Texte – Conférence KUL - 2001 Parler d'architecture, projetée et construite, c'est d'abord parler de recherches, de questionnements, de valeurs, d'éthiques, de relation humaine qui se partage en équipe travaillant en symbiose au sein de l'atelier "OZON". Voilà le terme est lâché : "Symbiose". En prenant la définition du dictionnaire (Larousse), nous pouvons lire : que le mot symbiose provient de l'association de deux mots : du grec Sun –qui signifie "avec" et Bios – "vie". On précise que la symbiose est l'association de deux ou plusieurs organismes différents, qui leur permet de vivre avec des avantages pour chacun. Mettre en symbiose l'architecture ancienne et nouvelle, peut se résumer en une expression : "CREER AVEC LE CREE". A cet effet, trois attitudes majeures sont développées, avec les architectes – collaborateurs, dans les projets mis au point au sein de l'atelier "OZON". 1. CONSTRUIRE en tant qu'architecte : Construire, bâtir, sont des mots qui résonnent, pour moi avec intensité, car ils évoquent la qualité de la matière et de sa mise en œuvre. Pour l'anecdote, j'ai appris mon métier en travaillant régulièrement sur chantier pendant mes études. Ces expériences m'ont donné le goût de communiquer avec les ouvriers, pas nécessairement avec leur patron, et d'être à leur écoute afin de construire ensemble cette architecture jusque là uniquement conceptuelle. L'acte de "Construire" pour un architecte, c'est développer une symbiose entre : Un travail de recherche" fondamentale" & un travail de "recherche appliquée". • La recherche fondamentale doit permettre de développer une réflexion sur un thème et ce, au travers de concours mais également au travers de projets et d'études théoriques. De plus, dans le cadre de mes activités d'enseignement, il me semble important de développer, avec les étudiants, le thème de "l'espace minimum et de la petite échelle" ou en d'autre mot du "minimum vital". Il me semble important de développer dans ma profession une partie de recherche fondamentale dont les éventuelles réponses sont le point de départ d'autres questions. • La "recherche appliquée" doit, quant à elle, être une réponse, la plus pertinente possible, à une question donnée. C'est le passage du concept à la projection. La question de départ est posée par un commanditaire mais également par le lieu et son contexte, par l'environnement social et sa culture, par l'économie et les techniques à mettre en oeuvre, etc… En synthèse, et après plusieurs expériences architecturales, je constate qu'outre le côté pragmatique de notre profession, l'architecte doit être fondamentalement un "artiste" en recherche. Cette recherche est évolutive et la finalisation de chaque projet est le point de départ du projet et de la recherche suivante. Construire et projeter : c'est d'abord, regarder, écouter, dialoguer, en faire une synthèse et ensuite projeter. Projeter : c'est également, développer une thématique dont chacun des thèmes étudiés converge vers le même centre. Les thèmes définissant la colonne vertébrale des projets que je développe avec mes collaborateurs sont récurants, à savoir : • 1ier thème : La mise en place d'une scénographie permettant de découvrir une architecture et de la structurer; • 2ième thème :La recherche d'une vérité liée à la matière mise en œuvre, mais également des sensations qu'elle développe chez l'homme. Le travail sur la texture, la couleur et l'expression de la matière façonnée, peut se traduire sous un terme : la recherche d'une "Architecture tactile" • 3ième thème : La recherche spatiale mettant en évidence le dialogue entre les limites construites d'un espace (le mur, le sol, le plafond) et la définition d'un lieu. Autrement dit comment faire "Grand avec du petit", comment structurer, hiérarchiser un espace, par la définition des circulations, des avants-plans et des arrières-plans, des relations visuelles, du mobilier, de l'architecture tactile, etc… • 4ième thème : La recherche d'une architecture construite développant les relations entre : mise en œuvre, technique et esthétique. Cette démarche prend comme point de départ la construction et sa rigueur, pour la façonner ensuite et lui donner forme à l'occasion de chaque détail d'architecture. C'est par la perception du détail que l'homme rentre en contact avec son architecture. J'ai eu la chance de débuter ma pratique professionnelle par de touts petits projets de mobilier et de transformation. Ils m'ont permis d'expérimenter, à une échelle réduite, l'étendue de la grammaire architecturale et ce au travers d'un langage moderne. Le modernisme est devenu une tradition dans laquelle je m'insère pleinement, en retournant à son fondement, c'est à dire à l'échelle humaine, les besoins vitaux et les formes qui l'expriment au travers des matériaux reconnus dans leur valeur propre. Mon souci de la matière n'est pas lié seulement à une vérité d'expression, mais aussi au plaisir qu'elle procure. Je crois à l'importance de la valeur tactile et à une architecture vécue. C'est ce qui explique notre travail au niveau du mobilier et du détail, échelles proches du geste et du toucher. Cette approche permet de mettre en symbiose l'enveloppe architecturale et l'habitant. Le bâtiment n'est pas un objet en soi, figé et unidimensionnel; il se découvre au fil du temps, des et du mouvement. C'est pourquoi nous cherchons à permettre de multiples lectures qui enrichissent la perception et suscitent des découvertes. Mais, être architecte, c'est plus que construire : c'est, définir un espace plein de poésie et de découvertes développant un environnement social. 2. CONSTRUIRE avec le bâti : Construire avec ou dans un environnement existant qu'il soit social, culturel ou construit nécessite dans un premier temps de le comprendre. En d'autre mot d'appréhender, d'observer et d'analyser le contexte existant. Cette attitude de respect doit permettre le développement d'une symbiose entre deux systèmes différents, qui répondent chacun à leur propre règle. L'analyse va permettre de déterminer les composantes et les particularités communes entre le bâtiment existant et la programmation envisagée. Elle permettra également de définir et de hiérarchiser les critères à respecter en vue de mettre en place un dialogue entre l'ancien et le nouveau. Ce dialogue va permettre une lecture du projet qui, au travers d'une intégration active, créera un dialogue entre une architecture contemporaine et un bâtiment existant. L'objectif est une mise en valeur conjointe des caractéristiques propres à chaque architecture. Intervenir sur un patrimoine existant, c'est structurer et organiser les différentes grilles de lectures possibles d'un projet, tel que : Le programme / la circulation / la structure / la symbolique / etc… Construire une architecture contemporaine avec un édifice existant: c'est intégrer dans le processus de composition les relations suivantes : 1. Contexte / forme / fonction 2. Matière / forme / signification Construire avec le bâti c'est développer une symbiose, un dialogue, une mise en valeur mutuelle, permettant au bâtiment de se définir à noveau, en regard du temps présent. 3. CREER AVEC LE CREER au travers d'une DEMARCHE rigoureuse. : Je tenterais de définir cette démarche d'architecte, d'analyse et de synthèse, en cinq attitudes différentes. Elles sont complémentaires et crées entre elles des synergies. • La 1iere attitude est l'analyse du contexte : appréhender le contexte, ou en d'autres mots l'environnement dans lequel le bâtiment ou l'ensemble de bâtiment, se situe. Tant au point de vue de son environnement culturel, historique, économique, social qu'architectural. • La 2ième attitude est la recherche d'une cohérence entre le programme de ré-affectation du bâtiment et sa symbolique d'origine. Cette recherche doit également se porter sur la lecture structurelle du bâtiment (avant et après la ré-affectation) : c'est-à-dire la lecture de la cohérence constructive du ou des bâtiments. Il me semble important que la ré-affectation des bâtiments prenne en compte la morphologie d'origine ou en d'autres mots de respecter la relation entre la structure et la signification des bâtiments existants. • La 3ième attitude est de structurer l'ensemble des interventions apporter au bâtiment et au site. Notre intervention doit permettre une lecture claire en "strates" différentes et complémentaires entre elles. elles doivent permettre un dialogue et une complémentarité avec la situation existante. La structuration d'un projet doit définir, avant tout, une hiérarchie entre les espaces publics, les espaces commun & les espaces privés. • La 4ième attitude est de l'ordre de la définition formelle. Elle met en exergue les différents processus de composition architecturale. Cette démarche dite "architecturale" doit être une attitude sans ambiguïté sur le thème suivant : "créer une architecture de notre temps sous forme d'une intégration active avec le contexte". Cette intégration active passe par un dialogue entre le caractère particulier du bâtiment, ou du site, et la réponse complémentaire à apporter à ce dernier. Cette réponse passe par l'intégration d'une architecture résolument contemporaine. • La 5ième attitude relève de l'acte de bâtir. Concevoir une architecture qui permet de tirer le meilleur parti de la matière en termes techniques, structurels et formels. Ce dialogue entre mise en œuvre différente doit être conçu en vue de renforcer le caractère du lieu. Il me semble impératif de dessiner tous les détails architecturaux dans un souci d'arriver au meilleur compromis entre technique et esthétique. CONCLUSION. : Il me semble que le langage moderne nous permet de répondre de manière vraie à un programme, grâce à la liberté, l'ouverture et la souplesse de son vocabulaire. Ce vocabulaire ne doit pas être figé par un académisme ou par un aspect faussement symbolique et ne doit pas être codifié de façon rigide. Notre démarche écarte le pastiche, les faux-semblants, les modes, l'éphémère. Nous cherchons une architecture juste, durable et significative, contemporaine et sans agressivité. Nous pensons que l'architecture s'invente loin des stéréotypes et doit s'inscrire dans une évolution positive de la société. La lumière, la matière, l'organisation formelle des espaces et des éléments qui le constituent sont les moyens mis à notre disposition pour faire partager le plaisir d'architecture. Ce plaisir n'est pas réalisé par la seule réponse aux éléments objectifs d'un programme. Il est tout autant fait de surprises, de contrastes, de découvertes, à l'image de musiques nouvelles, dont les premières auditions étonnent, mais qui prennent corps en nous au fur et à mesure de l'écoute, jusqu'à nous investir totalement et nous façonner. La compréhension du travail que nous élaborons n'est rendue possible qu'au prix d'un dialogue constant avec le client, tout au long d'une mise au point progressive de la construction, des aménagements, du mobilier et des détails. C'est ce qui nous a permis d'aboutir à une unité de langage à travers des projets particuliers et à des échelles différentes. © Christophe GILLIS , architecte / Sofam – 03. 2001.