la grande interview d`un petit rien

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la grande interview d`un petit rien
 LA GRANDE INTERVIEW D’UN PETIT RIEN
Garance Terrere
La grande interview
d’un petit rien
Roman
Editions Persée
Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des
personnes vivantes ou ayant existé serait pure coïncidence.
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© Editions Persée, 2014
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Editions Persée — 38 Parc du Golf — 13 856 Aix-en-Provence
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J
e suis un petit rien parmi les petits riens qui forment le tout.
Je suis donc une partie du tout. Je ne suis rien du tout !
Pourquoi des journalistes ont-ils voulu m’interviewer ?
Ils m’ont jointe par téléphone et par mail !
Pendant des semaines, chacun a tenté d’obtenir la primeur.
Et je suis la seule à qui cela arrive !
J’ai cru à un canular, une farce, une erreur…
J’ai demandé autour de moi si mes amis ou ma famille avaient
eux aussi été contactés.
« Avez-vous été démarchés ? Par un groupe farceur ?
Publicitaire ? Humoristique ? »
Non ! Je suis la seule et l’unique !
Pourtant, je ne suis ni célèbre ni importante.
Je n’ai ni réalisé d’exploit ni causé le moindre mal. Aucune
« une » des journaux…
Ma vie est celle des gens normaux : divorcée, deux enfants, un
chien, un travail.
Je ne suis pas une bombe ! Physiquement, je suis ronde. On ne
se retourne pas sur moi dans la rue !
On ne m’invite pas souvent. Il faut dire que je n’invite pas souvent, non plus !
Ma vie se déroule comme un chemin de montagne : tantôt des
côtes, tantôt des descentes, souvent des culs-de-sac et, tout aussi
souvent, de magnifiques points de vue sur l’horizon qui cachent
encore un autre horizon. Des chemins agréables et parfumés qui
deviennent rocailleux, glissants…
Petite, on ne m’écoutait jamais, je prenais ma chaussure pour
lui parler et provoquait l’étonnement de ma famille qui, par conséquent, se taisait, interloquée…
Mariée, mon mari ne me croyait pas digne de penser par moimême ; une idée, et c’était, pour lui, la pensée d’un autre que je
reprenais. Il devait penser que le Bon Dieu avait oublié de me
greffer un cerveau !
Ma transparence « apparente » m’a ouvert la voie de l’observation, de l’introspection.
J’ai demandé à ces journalistes le pourquoi de cette démarche.
Ils m’ont tous répondu : « Pour connaître votre témoignage sur
notre société, sur l’individu, sur la vie. Connaître vos points de
vue. »
Ils sont fous ! Quelle importance, ce que je pense ? Quelle
importance, ce que je ressens ? Personne ne m’a jamais écoutée !
Aucun homme ne m’a jamais retenue !
C’est Rivette de Bellevue qui a capté mon attention.
Journaliste de renom, son prénom m’a fait craquer… justement
parce que ce n’était pas un prénom !
Sa personnalité aussi.
Petite femme d’un mètre cinquante les bras levés, laide, mais
au charme incroyable qui renvoie vers une intelligence émotionnelle, la vraie.
La seule.
— Pourquoi voulez vous m’interviewer ?
— Je vous le dirai, mais vous le savez très bien !
— Non ! Absolument pas ! Dites-moi pourquoi !
— Je répondrai à cette question, je vous le promets… Mais je
suis étonnée que vous ne le deviniez pas ! Quelle évidence ! Dire
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que vous m’avez choisie ! Je suis la journaliste la plus heureuse
du monde !
— Vous avez rencontré les plus grands : Le président de la
République, le président Obama, le pape, Sœur Emmanuelle !
— Et bientôt Garance Tererre, qui est celle qui va tout autant
me passionner et sans doute tout autant me bouleverser.
— Je ne comprends pas… Ces hommes et cette femme sont
connus et reconnus. Ils sont écoutés. Moi, personne ne me connaît !
— Détrompez-vous ! m’a-t-elle dit en m’interrompant.
M’interviewer, moi, Garance Tererre !
MOI !
Parution nationale !
— Mais c’est pour la France entière ! lui ai-je répondu, amusée,
incrédule et tout de même curieuse…
— Enfin, Garance, la France entière doit vous lire ! Il faut vous
lire ! Cela fait des mois que vous hésitez, tergiversez, sélectionnez.
Je suis restée interloquée, flattée et vraiment gênée. J’ai pensé
à une erreur de casting !
Et par défi, par excitation d’une secousse dans mon quotidien
insignifiant, j’ai définitivement accepté.
— Venez le 1er janvier chez moi, lui ai-je dit. La date ne vous
convient peut-être pas, mais elle est pleine de symboles pour moi !
J’avais choisi cette date, car elle annonce le début de tout : de
l’année, des résolutions. Le jour du « tout est envisageable » ! Elle
désigne la vie qui va changer, les rêves que l’on va enfin s’offrir.
Les possibles… Le jour des décisions, les vraies, celles que l’on
prend et que l’on est persuadé de tenir. Elle est la date jumelle du
1er septembre, où, rentrant de vacances, on décide que cette année
on fera du sport, on arrêtera le sucre, on prendra soin de soi et que
de soi… Je les appelle « mes deux dates de rêve de l’année ».
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— Oui, Rivette, il m’a fallu du temps pour accepter le bon
journaliste sans connaître le moindre sens de cette interview.
Comprenez mon incrédulité.
— Je comprends, mais sachez que ma présence est totalement
réfléchie. Par contre, m’a dit Rivette avant de raccrocher, vous
aurez une chose précise à faire à la fin de mon interview, et j’attendrai que vous l’ayez faite pour la publier ! Cela prendra un peu de
temps, mais telle que je vous ressens, vous serez réactive…
— Je ne comprends décidément rien du tout ! Et un mystère
final qui m’attend !
— Je vous dis au 1er janvier, soit dans quinze jours !
Et voilà.
À ce stade, je n’ai pu que constater le mystère du pourquoi de
cet échange. Quel but ?
Qu’avais-je à lui raconter ?
Moi, la muette à la pensée hurlante.
Moi, l’insipide à l’esprit vif.
Personne à ce jour n’est allé au-delà de l’apparence.
Je me suis dit que j’allais devoir me dévoiler. Quelle chance !
Quelle peur !
Tout le monde allait savoir ce que je pense.
Tant de choses à dire, tant de rires à partager, tant de colère à
lâcher, tant de silences à hurler.
Les quinze jours à attendre ont été surprenants. Surprenants de
platitude !
J’ai appelé ma famille, prévenu mes amis, parlé à des inconnus
qui n’ont pas semblé surpris, et ils m’ont même remerciée.
Il y en a même un qui m’a dit : « Il était temps ! »
De quoi ? De quoi ? Mon Dieu, de quoi ?
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Vous rendez-vous compte de ce qui m’arrive ? Une interview !
Soixante millions d’individus potentiellement concernés
Je rêve ! Voilà ! C’est un rêve, et je suis dans un délire
égocentrique.
— Garance, tu es en dépression ! Tu es dingue !
Et le 1er janvier est arrivé avec Rivette.
Mes filles, Louise et Talia, étaient chez leur père pour fêter la
nouvelle année.
Nous nous sommes assises dans mon canapé en face de mon
petit salon. J’aime bien dire « petit salon », on pense que j’habite
un château !
Rivette m’a expliqué qu’il suffisait de répondre dans le micro
qu’elle me tendrait. « Je suis prête ! » m’a-t-elle lancé avec un
sourire au nez plissé de malice.
« Moi aussi, Rivette ! » ai-je répondu, faussement détendue.
— Bonjour Garance, avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter ?
— Bonjour Rivette, je suis une âme dans un corps. Comme
vous. Comme nous tous. Mon corps vit depuis 47 ans, et mon
âme, je n’en ai pas la moindre idée ! Dans mon corps, bien sûr
depuis 47 ans, mais je pense qu’elle a cheminé avant. Cela, je ne le
maîtrise pas ! Disons que je le ressens comme cela ! Une intuition.
Je suis le physique et la spiritualité. Je pense être davantage
spiritualité. C’est elle qui me fait vivre, me fait réfléchir, me fait
avancer. Elle qui me rend vraie. Pourquoi ? Parce que je suis
vivante dans l’émotion. Terriblement vivante.
Je suis mon corps aussi, car il est interdépendant de mon esprit.
L’un ne peut vivre sans l’autre sur notre Terre.
Que voulez-vous savoir plus précisément ?
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— À la question « qui êtes-vous ? », vous me répondez cela ?
D’autres personnes auraient dit leur métier, leur situation familiale, leur personnalité…
Rivette a esquissé un sourire de satisfaction.
— Je n’en vois pas l’intérêt… Ce que fait, dans la vie, Garance
Tererre n’a aucun sens pour les gens qui ne me connaissent pas !
Je vous avais prévenue du « non-sens » de cette interview !
Vous voulez que je vous dise que j’ai deux enfants, deux filles ?
Je travaille dans l’immobilier après avoir fait plusieurs autres
métiers, comme comédienne à 20 ans, attachée de presse d’artiste,
fonctionnaire à 35 ans, VRP à 40 ans… et depuis lors !
Je préfère mille fois vous dire que je suis ce que je ressens,
alors que pour vous je suis ce à quoi je ressemble. Une personne,
une femme qui emboîte la seconde partie de sa vie.
Qui suis-je ?
Je trouve votre question superficielle. Elle incite à une réponse
plate.
Pour vous répondre en deux mots : je suis ce que je sais de moi
et je suis ce que les autres voient de moi !
— Vous êtes divorcée et vous élevez seule vos enfants. Ce n’est
pas trop difficile ?
Difficile ? Je crois qu’en couple ou seule, il est difficile d’élever nos enfants. Les enfants d’aujourd’hui dans notre société ont
une multitude de tentations qui ne les aident pas à se concentrer
sur leurs études. L’ordinateur, le téléphone portable… Ils sont
connectés entre eux en permanence. Ils ne savent plus s’ennuyer.
Ils ont des centaines d’amis via Facebook quand, nous, autrefois, nous en avions quelques-uns qu’il fallait rencontrer pour
prendre ou donner des nouvelles. Ils sont dans le quantitatif avant
d’être dans le qualitatif.
— Vous n’aimez pas Facebook ?
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— Rivette, j’ai Facebook ! Mais je n’ai pas 300 amis. Vous
voulez que je vous dise ? J’ai l’impression d’être une « voyeuse ».
Je reçois des photos et parfois je fais une capture d’écran pour
les agrandir et regarder tel ou tel détail… J’ai Facebook, mais je
n’aime pas Facebook ! Je rentre dans la vie d’amis que je ne vois
plus depuis longtemps (non pas que nous ne nous aimions plus,
mais la distance, le quotidien, nous ont éloignés) et je partage au
jour le jour leurs états d’âme, leur quotidien. On ne se parle pas,
on s’écrit, on « like » ! Parfois, quelqu’un annonce quelque chose
de triste, et je vois trente “j’aime” ? ON AIME ! Vous ne trouvez pas cela inapproprié ? Voire vulgaire ? Facebook, c’est du
voyeurisme ! On se « montre » en vacances, aux anniversaires, on
peut même arranger des photos, les retoucher ! Ma fille, l’autre
jour, m’a prise en photo et retouchée. J’étais magnifique, la peau
étincelante, pas une ride, allez… 10 ans de moins ! Je l’ai publiée
sans me méfier que si je croise l’un de mes contacts pas revu
depuis longtemps, il se dira forcément : « Elle a vieilli Garance ! »
Facebook est un leurre comme notre société, mais pour en revenir
à votre question sur le fait d’élever seul son enfant, je pense que
dans la famille monoparentale ou pas, l’enfant est au centre de la
cellule. Tous les membres gravitent autour de leurs désirs, de leurs
envies, de leurs chagrins…
L’homme devient papa et la femme maman… Leur individualité plutôt leur duo (couple) passe après.
Nos enfants nous mangent, mais nous l’avons bien voulu et le
voulons encore !
Moi la première ! J’élève seule mes enfants.
Je trouve nos enfants pressés de vivre comme des adultes et en
même temps peureux de l’avenir.
Pressés de vivre comme des adultes par les tentations d’alcool,
par leurs recherches sur internet de tout ce qui touche à la sexualité, ils donnent leur avis sur nos discussions d’adultes. Ils s’ima11
ginent une fois adultes qu’ils seront libres, avec le métier rêvé,
l’appartement vaste et si bien décoré selon leurs propres goûts.
Doux idéalistes ! Demain, tout est possible pour eux, et en
parallèle, ils ne se donnent par forcément à fond sur leurs études.
Certains préfèrent ne pas apprendre et récolter une sale note plutôt
que de travailler et rapporter ladite « sale note ». Ils n’affrontent
pas. Ils abdiquent et rêvent !
La vie de famille, pour moi, n’est pas une organisation.
Ma vie de famille ressemble à trois vies qui se construisent en
parallèle et soudées les unes aux autres. Deux ados qui cherchent
leur voie et moi qui poursuis la mienne, mais veille surtout sur la
leur !
Un impératif : le dialogue !
Ma propre éducation s’apparentait à la politique de l’autruche.
Ne pas voir, ne pas savoir, et tout allait très bien dans le meilleur
des mondes.
Forcément, j’ai pris le contre-pied.
Mes filles seront peut-être dans la politique de l’autruche par
réaction… Allez savoir !
Parler, ne rien lâcher ! Écouter leur point de vue et ne jamais
imposer le mien. Amener l’enfant à comprendre que l’autorité
n’est pas une sanction, mais un garde-fou ! D’ailleurs, mes filles
me disent que je n’ai jamais eu d’autorité ! J’en ai eu, mais dans
l’échange, dans la prise de conscience.
Construire une famille est la plus belle des réalisations, le plus
grand défi !
Le divorce est un vrai drame personnel. Un drame pour tous les
membres de la famille, et les conséquences sont terribles.
Les enfants sont les premières victimes, car au cœur de la séparation et l’enjeu suprême. Les parents préfèrent s’entretuer que de
penser à l’équilibre de leur progéniture !
Mon ex-mari ne m’a jamais donné de pension alimentaire. J’ai
essayé de le faire payer, mais étant artiste, il n’avait pas de salaire.
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Ce n’est pas pour cela que mes filles n’ont pas vu leur père.
J’ai toujours considéré essentiel pour elles de ne pas rompre
le lien avec le père là où je voulais tuer l’homme ! J’ai d’emblée
pensé à elles pour qu’elles grandissent avec une image positive de
leur père. Il n’a pas fait de même et n’a eu de cesse de me critiquer.
Dommage !
La garde partagée, la garde non partagée… Difficile de se positionner. Il faudrait demander l’avis de l’enfant, et l’idéal serait
de laisser les enfants dans l’appartement qu’ils ont connu et cela
serait aux parents de se relayer !
— Garance, qu’est-ce qui est le plus difficile quand on est
seule ? Je veux dire, sans mari pour organiser cette vie de famille ?
— Le plus dur, c’est la solitude.
Vous gérez seule. Vous décidez seule. Vous assumez seule !
Vous éduquez seule. Pas un instant vous ne pouvez dire à votre
mari : « Prends le relais, là, j’en peux plus ! »
Les parents solos sont certainement moins parfaits, mais ils
s’investissent à fond.
La fatigue et la vulnérabilité sont constantes et, pour nos
enfants, ce sont des failles dans lesquelles ils s’engouffrent. Plus
vous êtes épuisée, plus ils vous sollicitent.
Porter seule les responsabilités apporte des craintes, des peurs.
Peur de se tromper, et on se trompe souvent, mais l’engagement
est total. Il faut apprendre à se faire confiance, tout comme faire
confiance à ses enfants.
Les questions que je me pose souvent sont : « Ai-je raison
d’agir ainsi ? », « Est-ce le bon choix ? », « Comment me jugeront-ils plus tard ? »
Je pense que d’élever seule ses enfants est chaotique, mais quel
que soit le chemin emprunté, s’il y a de l’amour et des valeurs,
l’essentiel est là !
— Comment faites-vous pour vider votre stress, vos doutes ?
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— J’écris. J’écris tout le temps. Quand mes émotions deviennent
ingérables, j’écris. J’ai d’ailleurs écrit un livre. Ne bougez pas, je
vais le chercher. Le voilà !
— Vous me le lisez ? C’est un petit livre.
— Avec plaisir ! 26 pages qui se lisent en 30 mn ! Je commence ? vous êtes sure que vous voulez que je le lise ?
— Allez-y, je vous en prie
Versailles, le 15 mai 2004
Garance avait franchi le pas de la porte pour la dernière fois…
Pas de géant… Sa vie lui appartenant totalement. L’avenir se dessinant comme un énorme point d’interrogation. Son passé la quittant comme un énorme point de soulagement.
De 100 m², elle était passée à 30 m²… mais à elle, à elle seule.
Finies les balades pendant des heures sous la pluie ou le vent avec
Louise dans les rues de Versailles pour laisser Pierre travailler.
Finie cette impression de malaise, d’être une étrangère chez soi
avec interdiction formelle de créer leur espace, son espace, de
décorer leur lieu de vie…
Deux enfants sous les bras, Louise, 3 ans et demi, et Talia, 2
mois… Ses deux princesses. Les deux traits d’union qui la lieraient à jamais à cet homme.
Ses deux moteurs de vie pour lesquels elle allait se battre.
Derrière elle, 10 ans de vie commune balayés. Renoncement.
Elle avait donné ce jour-là le coup d’arrêt net, le coup de couteau
dans le ventre de l’autre, parce qu’il n’avait pas vu. Il n’avait pas
vu sa souffrance, sa mort lente.
Elle était partie avec la certitude que rien n’est jamais acquis
dans la vie. La certitude qu’il n’y a pas de certitude.
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Pendant 10 ans, elle avait été l’ombre d’un soleil qui se mettait
devant elle, en éclipse perpétuelle. L’ombre s’était résignée puis
avait tenté de prendre un peu de la chaleur de ce soleil, mais il la
brûlait au lieu de la réchauffer, au lieu de l’éclairer… L’ombre
disparaissait.
Garance avait franchi le pas de la porte… pour la dernière
fois… consciente que la solitude serait sa compagne pendant un
long moment.
Besoin de se retrouver, besoin de réapprendre à se regarder, à
s’écouter, à se désirer, à s’aimer : vivre.
Prendre conscience de l’âme qui habite son corps. La nourrir.
Réfléchir.
Analyser. Ressentir. Recevoir l’instant présent comme preuve
d’être en vie.
Ne pas courir derrière le bonheur, mais savoir qu’il se trouve
dans la conscience de l’instant vécu et non dans l’avenir ou le
passé. Voilà désormais la recette qu’elle se devait d’appliquer
pour avancer seule. Seule. Si seule.
Le mythe du prince charmant sur son cheval blanc anéanti
définitivement.
Aberrations racontées aux enfants. Elle jurait ce jour-là de ne
jamais raconter à ses filles ce conte fantasque !
Son studio, elle l’avait trouvé un mois avant son départ, non
loin de son ancienne adresse, il était dès lors son havre de paix, sa
bouée de sauvetage. Pratiquement chaque soir, elle s’y était rendue pour l’installer.
Pierre n’avait pas su, n’avait rien vu. Pierre la croyait à Parly 2
le centre commercial de Région ! Il avait suffi d’attendre la date
de non-conciliation et l’accord du juge pour qu’elle entre dans sa
nouvelle vie.
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