La pharmacie à l`Hôtel-Dieu
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La pharmacie à l`Hôtel-Dieu
histoire La pharmacie à l'Hôtel-Dieu Les pots à pharmacie Ils proviennent de la pharmacie de l'hôpital général et datent pour la plupart du xviiie siècle. Sont présentés ici un pot canon et deux chevrettes. Pot canon : il manque le couvercle (photo). Ce type de pot contenait les baumes, onguents, remèdes à base de miel, opiats ou encore électuaires. Son décor est celui des faïences de Nevers. Chevrettes : type de pot réservé exclusivement aux apothicaires. Les épiciers et les chirurgiens n'avaient pas le droit de s'en servir dans leurs boutiques. L'ouverture supérieure était obturée au moyen de papier, de toile ou de cuir ; le bec verseur était obturé par un morceau de bois ou de liège. Les chevrettes étaient utilisées pour la conservation des sirops. La chevrette au décor le plus simple doit être de Nevers, celle aux feuilles bleues et jaunes orangés (photo) doit être une faïence de Lyon et est plus ancienne. Le mortier en bronze In P. Rambaud. M.S.A.O. 1907 : « [...] Comme mortier d'hôpital, un des plus beaux que l'on puisse rencontrer est celui qui fut donné à l'hôpital général de Poitiers. Il est en bronze avec filets aux bords supérieur et inférieur, deux balustres droits, deux mascarons à tête humaine et deux marques de fondeur, de forme ronde, avec une cloche au milieu, surmontée d'une couronne de comte. En dessous, une banderole portant le nom de MOYNE. Entre les filets des bords supérieurs, ces mots : IAPPARTIENT A LHOPITAL GENERAL DE POITIERS AN 1771 - M MOYNE MA FAIT A POITIERS. Les 2 poignées sont à tête de chien.» A cette époque, un abbé moine faisait la classe aux enfants de l'hôpital général. «Pharmacopée royale galénique et chymique» Moise Charas (1618-1698) a étudié la pharmacie à Montpellier, Orange et Blois puis s'est installé à Paris où il devint démonstrateur de chimie au jardin du roi. De religion protestante, à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, il se rend en Angleterre (1680), puis en Hollande et enfin en Espagne. Il est alors emprisonné dans les cachots de Saint-Jacques-de-Compostelle 31 où il va abjurer le protestantisme. Il rentre en France vers 1690 et est nommé membre de l'Académie des Sciences en 1692. Sa Pharmacopée dont la première édition date de 1676 a été traduite dans toutes les langues de l'Europe et même en chinois. L'exemplaire de l'Hôtel-Dieu date de 1704. C'est un des livres «incontournables» de l'époque. Marie-Radegonde Devois (1678-1740) L'Hôtel-Dieu de Poitiers, situé alors en face de l'église Notre-Dame la Grande, a été gouverné de 1658 à 1787 par des directrices laïques. Marie-Radegonde Devois était la fille de Jacques Devois, maître chirurgien, et de Catherine Poitevin, elle même fille de chirurgien. Elle rentre à l'Hôtel-Dieu en 1704, devient première gouvernante en 1706 et le restera jusqu'à sa mort. Elle a créé la pharmacie de l'hôpital et a tenu le rôle de pharmacien. Après elle, un apothicaire de la ville sera désigné et gagé comme apothicaire de l'hôpital. Sur son acte de décès, l'aumonier a ajouté la mention suivante : «Sa piété, ses soins charitables, sa tendre compassion pour les malades, ainsi que ses autres vertus serviront d'exemples à celles qui lui succéderont et demeureront l'éloge de toute la ville.» (in P. Rambaud, M.S.A.O. 1915, page 85). De la famille Devois, comme personnel de l'hôpital, il n'y avait pas que MarieRadegonde. Son père, son frère et, à la mort de celui-ci, son beau-frère ont occupé le poste de chirurgien de l'Hôtel-Dieu. CHU magazine - N° 54 - Juin 2007