Colbert : 14 ans de polémiques…

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Colbert : 14 ans de polémiques…
Colbert : 14 ans de polémiques…
Si je suis respectueux de la nostalgie de ceux qui ont servi sur le Croiseur Colbert et qui
ont été à l’origine de sa venue à Bordeaux, il n’en demeure pas moins que cette histoire a
fait l’objet de nombreuses polémiques.
En effet, bien que les chantiers navals bordelais aient construit de nombreux bateaux de
guerre, le port n’a jamais été une rade militaire. Cet énorme navire-musée, qui fut le
plus grand bâtiment de la " Royale " après les porte-avions, n’avait, historiquement,
aucune raison majeure d’être à Bordeaux. Alors que j’étais, au début des années 90, le
collaborateur du sénateur Marc Bœuf, 1er vice-président du Conseil Général, je me
souviens que celui-ci avait traîné les pieds pendant près de 2 ans pour que Bordeaux ne
se dote pas d’un tel monument. Aujourd’hui, le Colbert, saturé d’amiante, est devenu au
fil du temps un risque sanitaire.
Ce bateau désormais parti, il n’est pas interdit à la ville de Bordeaux de réfléchir à une
bonne utilisation de nos quais. Pourquoi ne pas faire succéder à des bateaux musées ou à
des bateaux morts, des bateaux vivants, en mettant en œuvre, par exemple, ce grand
réseau de bateaux-bus que je porte à bout de bras depuis maintenant plus de 15 ans ?
Cette idée de mode de transport complémentaire est aujourd’hui très attendu des
bordelaises et des bordelais.
De plus, les 14 années de villégiature de ce bateau dans notre belle ville resteront,
symboliquement, un grand paradoxe. Le fameux Colbert qui donna son nom au navire
n’est autre que ce grand intendant du roi Louis XIV à qui nous devons l’initiative de la
rédaction du " code noir "* qui régissait le statut juridique des esclaves. Bordeaux, qui
fut avec Nantes et St Malo un des plus grands ports négriers de France, pouvait trouver
mieux qu’un bateau portant le nom de Colbert. Il y a fort à parier, également, que ce
personnage laissera son nom au marché dominical bien connu des bordelais et implanté
à l’endroit même où les bateaux négriers venaient mouiller au 18ème siècle. En mémoire à
ces millions d’esclaves, je propose au maire de Bordeaux de rebaptiser ce marché
" Toussaint "*.
Si Alain Juppé accepte cette idée, ce sera un signe " d’ouverture "*.
Philippe Dorthe