SSSSi j Analyse ( PDF

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Analyse de l’album
SSSSi j’te mords, T’es mort !
suprématie de l’un des deux. Qui du lion ou du serpent est le plus fort ?
Quelle stratégie adopter pour enfin se mettre d’accord sur le nom du plus
fort ? Le plus simple est de demander l’avis des animaux croisés dans la
savane.
Les deux protagonistes vont faire un sondage auprès d’une gazelle, d’un
zèbre, d’un éléphant et enfin d’une mangouste qui mettra fin au débat.
1-Le récit :
écrit par Pierre Delye
Illustré par Cécile Hudrisier
Edité chez Didier
Pierre Delye écrit des albums à destination des enfants. Il semble prendre
plaisir à jouer avec les mots. Son répertoire, essentiellement composé de
contes et légendes traditionnels, s’est ouvert au fil du temps aux récits de vie
comme aux récits contemporains.
Dans cet album, il réinvente la fable avec des mots et des expressions
contemporaines et un langage néanmoins soutenu. Il fait également
référence aux contes africains. Le texte est fait pour être lu à haute voix afin
d’en apprécier les jeux de mots et les sonorités. Les illustrations de Cécile
Hudrisier sont originales et appuient encore l’effet comique des situations.
L’éditeur adresse cet album à un jeune public à partir de 4 ans, pourtant la
difficulté du texte et sa portée philosophique semblent s’adresser à un
public plus âgé.
Résumé de l’histoire :
La rencontre du lion, animal fier et puissant et du serpent, animal sournois et
fourbe, est à l’origine d’un vigoureux bras de fer visant à déclarer la
La structure du récit :
Il s’agit d’un conte énumératif, que l’on désigne également sous le terme de
« conte en randonnée » dans lequel une formule est systématiquement
répétée : la ritournelle «SSSi tu bouges, j’te mords et SSSi j’te mords, t’es
mort ! » revient en boucle.
En même temps, on retrouve des éléments de la fable, à savoir un récit qui
comporte un enseignement, qui cherche à instruire. La fable se caractérise
par l’usage d’une symbolique animale, de dialogues vifs et de ressorts
comiques. La morale apparaît à la fin ou relève de l’implicite du texte. Les
fables les plus caractéristiques comportent un double renversement des
positions tenues par les personnages principaux.
Enfin, on peut également rapprocher ce texte du conte africain, véritable
miroir de la société, société où le savoir se transmet oralement, mettant en
scène des animaux et dont la fin présente une conclusion morale.
1- Une situation initiale :
« Ce jour-là (…) au milieu de la savane, un lion se pavane. »
Présentation du personnage principal, le héros : le lion.
Activité : il se promène, sûr de lui, dans la savane et se pavane. Pas de but
précis.
Environnement : on découvre le lieu dans lequel va se dérouler l’action, la
savane.
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2- Un élément perturbateur :
Cette phase est introduite par l’adverbe « soudain ».
Introduction du second personnage : le lion rencontre le serpent qui va
interrompre sa promenade.
Serpent menaçant et lion menacé, rivalité, lutte de pouvoir.
Une solution est envisagée pour vérifier qui des deux est le plus fort.
3- Trois épisodes de structure analogue :
Le lion et le serpent vont rencontrer la gazelle, la zèbre et l’éléphant
auxquels ils poseront toujours la même question « Qui est le plus fort ? » sans
jamais obtenir une réponse qui puisse les départager.
4- Une situation nouvelle :
Le lion et le serpent rencontrent la mangouste qui va finalement mettre un
terme à la randonnée en supprimant le serpent.
5- Une situation finale :
« Ce soir-là dans la savane, le lion ne se pavane plus. »
Retour à la situation initiale (matérielle): le lion est seul, le serpent a été
dévoré.
Mais évolution psychologique du personnage : il a perdu l’assurance et la
superbe du début de l’histoire.
2-Le lien texte/illustrations :
(La couverture et 15 doubles pages)
Les illustrations originales de Cécile Hudrisier sont une des richesses de
l’album.
L’illustratrice utilise des découpages, des collages de différentes matières :
morceaux de tissu à fleurs, à carreaux, bouts de papier à tapisserie, cartons et
divers matériaux (ficelle) et quelques éléments issus de la technique
informatique (dessins scannés).Le collage et la superposition créent un effet
3D.
Les plans larges alternent avec quelques gros plans.
Diverses exploitations en arts visuels peuvent être envisagées.
Les illustrations mettent le texte en images (on peut, par exemple, associer
les adjectifs épithètes et les expressions du lion) et apportent des
informations supplémentaires (voir la place de la couronne (couronne ou
touffe d’herbe sans valeur ?)tout au long de l’histoire : le lion se sent-il
découronné à la fin de l’histoire ? Donne-t-il moins d’importance aux attributs
du pouvoir ?).Mais parfois, l’accumulation volontaire d’informations peut
prêter à confusion : la double page relatant la rencontre avec la gazelle
présente DEUX gazelles pour montrer la peur de celle-ci (une fois suspendue,
une fois terrée).La double page présentant l’attaque du serpent par la
mangouste se présente sous la forme de vignettes de BD, donnant ainsi plus
de mouvement et de vivacité à l’action. Les dessins fourmillent de petits
détails, parfois n’ayant pas grand-chose à voir avec l’histoire, mais qui
peuvent créer un second niveau de lecture et qui accentuent l’aspect
humoristique. La présence d’un petit oiseau au bec orange, témoin du face à
face, apparaît comme une espèce de clin d’œil au célèbre Charlie dans « Où
est Charlie ? ».
L’humour est très présent : on ne peut rester insensible au cabas
« Intersavane » de l’éléphant et à tous ces objets « intrus » dans l’univers de
la savane.
Cet humour, qui fait appel à des références culturelles, peut poser des
problèmes de compréhension.
La typographie est également intéressante : couleurs, tailles et épaisseurs
des caractères, mouvements ondulants, inclinaisons des lignes (qui
rappellent des calligrammes). Elle s’intègre parfaitement à l’illustration, crée
un mouvement, une amplitude sonore et donne du rythme à l’histoire.
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Le texte oralisé mettra en évidence les répétitions de phrases, les différentes
allitérations (répétition de sonorités : sifflement du serpent), rimes et
assonances (répétition de la même voyelle en fin de vers) ainsi que le rythme
des phrases (quasiment des vers).
3-L’univers de référence :
A/L’environnement géographique:
La savane (paysages, faune, flore)
Comparer éventuellement avec des textes documentaires pour comprendre
la part de réalité et la part de fantaisie de l’album : habitude de vie des
animaux de la savane / animaux anthropomorphisés comme dans une fable.
B/Le roi des animaux :
(archétype du détenteur du pouvoir)
La présentation pourra être abordée au travers de fables (fonctionnement et
structure, thème) et d’album (par le thème identique abordé)
 Le lion
Fable : le lion et le rat de La Fontaine
Album : Le Roi de la grande savane, Voutch
Yakouba ,Thierry Dedieu
Chanson : « Les Malheurs du lion » de Thomas Fersen (pour les registres de
langue, pour la fin du lion à opposer à celle de l’album de Delye)
 Le loup (autre incarnation)
Fable : le loup et l’agneau de La Fontaine
Album : C’est moi le plus fort de Ramos
C/La problématique philosophique :
Le pouvoir (et les conflits qu’il provoque), la peur, la place du plus fort.
Qu’est-ce qu’être le plus fort ? Comment le sait-on ?
4-La langue (structure, lexique, procédés littéraires) :
Aspects grammaticaux :
-Nombreux dialogues intégrés au texte narratif
-Inversion sujet/verbe :
«… demande circonspect le roi des animaux »
-inversion nom/adjectif :
« Cette sifflante voix »
-Appositions :
« Le lion s’éloigne suivi du serpent qui … »
« Le lion résigné, accompagné du serpent obtus, repart… »
« Le lion, ne voyant pas comment s’en sortir, se remue… »
-Groupes nominaux expansés :
par des adjectifs : « un sifflement sinistre »
par des prépositions suivis d’infinitifs : « c’est un lion fier d’être luimême »
par des relatives : « moi qui… et qui… »
-pronom relatif sujet :
« Qui se sauve survit »
-Ellipse :
« Impossible pour lui de s’enfuir. »
-Le temps des verbes :
Le texte est écrit au présent (concordance des temps avec passé composé).
Difficultés lexicales :
Elles sont multiples du fait de la richesse du vocabulaire, des verbes, des
expressions et des jeux de mots.
Noms
-la savane
-une espèce
-la menace
-une évidence
-une proposition
Adjectifs (nombreuses
épithètes)
-sinistre (2 fois)
-sinueux
-sournois
-circonspect
-évident
Verbes
-se pavaner
-statufier
-pétrifier
-s’épanouir
-admettre
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-un sondage
-la supériorité
-un avis
-une quête
-l’allure
-sire
-Majesté
-Altesse
-un reptile
-un en-cas
-un inconvénient
-un sujet
-un complément
-frêle
-entêté
-résigné
-obtus
-sadique
-livide
-dépité
-discret
-venimeux
-goûteux
-épaté
-piteux
-désespéré
-ravi
-ébahi
Adverbes, locutions…
-Soudain (2 fois)
-Or
-Suffisamment
-Puisque
-Lorsque
-Comme elle…
-interroger
-reconnaître
-aviser
-débusquer
-s’exclamer
-soupirer
-dénicher
-barrir
-lorgner
-craindre
-s’esquiver
-déboussoler
-se débarrasser
Expressions
-Fier d’être lui-même (fier de soi)
-Se remuer les méninges
-Ne pas lâcher d’une semelle
-Prendre la fuite
-Ici présent
-Se mettre en quête
-Avoir une bonne tête
-qu’il en soit ainsi
-ô roi
-Sans conteste
-Hors de portée
-Faire tourner en bourrique
-Avoir beau
-Mordre la poussière
-Il a eu chaud mais il a eu aussi froid
dans le dos (sens propre et sens
figuré)
-Tomber sur un os
Jeux de mots/sophismes
-Patte en l’air et l’air bête
-Les minutes se prennent pour des
heures.
-« Qui se sauve survit » est construit
sur la structure de « Qui dort dîne »
-Elle prend la fuite et ne la lâche plus
(sens propre et sens figuré)
- La zèbre tremble tellement qu’elle
en est toute grise (mélange des
couleurs).
-Elle a retrouvé son calme et ses
rayures.
-Un éléphant est moins difficile à
trouver qu’une fraise des bois.
-L’éléphant, de peur de se tromper,…
-Un autre troisième avis
-Mangouste avec un « M » comme
Majesté, sire
-Le lion en a par-dessus la crinière
-Un en-cas pour remplir votre creux
-Un roi sans sujet ne serait-il qu’un
verbe sans complément ?
-Morsure de l’un ou morsure de
l’autre, avec vous, c’est la mort sûre.
-C’est normal que je sois le plus fort
puisque je suis le roi et c’est normal
Niveaux de langue
Langage soutenu
(courtoisie du
lion)
-Le serpent
-Le lion s’adresse
s’adresse aux
à ses sujets
animaux en les
féminins (et
tutoyant
parfois à la
-Le lion craque
mangouste) en
-Nan
les vouvoyant
-Si tu bouges
-Le sifflement
-J’te
monte d’en
-T’es
dessous de lui
-Topons là
-Elle manque de
-Le lion n’en peut s’évanouir
plus
-Chère
-Il attaque direct mangouste
-T’es qui ?
-Le serpent fonce
vers le lion.
-Elle le chope
-Crac, elle le tue
-j’ai pas peur
Langage familier
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que je sois le roi puisque je suis le
plus fort.
-Si je suis plus fort que la mangouste
et qu’elle est plus forte que toi, alors
je suis plus fort que toi.
Gradation, accumulation et exagération
Il est grand, il est beau, il est fort, il est roi et il le sait.
Particularités orales et jeux sonores
[o] : Il fait beau comme il faut. Il fait chaud mais pas trop.
[s] : Soudain, un sifflement sinistre monte d’en dessous de lui.
Une espèce de serpent sinueux, sournois et surtout mortel…
Il baisse… menace…
[s] et[i] : Le lion se statufie. Cette sifflante voix le pétrifie.
Oh, merci, Sire. Avec plaisir, Sire.
[t] : Mais, es-tu têtu, toi ?
[k] et [s] : qui essaie de s’esquiver
[k] : coup…crac…croque
Rimes: Au milieu de la savane, un lion se pavane.
Une gazelle toute frêle.
Les venimeux sont les plus goûteux.
(…)
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