radiochirurgie gamma knife des schwannomes du nerf facial
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radiochirurgie gamma knife des schwannomes du nerf facial
© Masson, Paris, 2004 Neurochirurgie, 2004, 50, n° 2-3, 407-413 L’expérience radiochirurgicale Résultats RADIOCHIRURGIE GAMMA KNIFE DES SCHWANNOMES DU NERF FACIAL D. MDARHRI, A. TOUZANI, M. TAMURA, J. RÉGIS Service de Neurochirurgie Fonctionnelle et Stéréotaxique, Hôpital de la Timone, AP-HM, Marseille. SUMMARY: Gamma Knife surgery for VII nerve schwannomas D. MDARHRI, A. TOUZANI, M. TAMURA, J. RÉGIS (Neurochirurgie, 2004, 50, 407-413) Rational. — Radical resection of VII nerve schwannomas classically implies a high risk of severe facial palsy. Due to the rarity of facial palsy after Gamma Knife surgery (GKS) of vestibular schwannomas the evaluation of GKS in this specific difficult group of patient appears rational. We have found no similar evaluation in the literature. Method. — Among 1.000 schwannomas of the cerebellopontine angle operated in Marseilles, France between July 1992 and March 2003, 9 have been diagnosed as originating from the VII. Criterias for this diagnosis are the involvement of the second or third portion of the VII nerve canal (7 patients) and/or peroperative observation during a previous microsurgery (2 patients). The rare facial palsy after vestibular schwannomas radiosurgery occurring usually before 18 months have been considerated only the patients with more than 2 years of followup (8 patients). Results. — Four of these patients had the experience of a previous spontaneous facial palsy one (3 patients) or several times (1 patient). A normal motor facial function was observed only in 2 cases before GKS (House 2 in 6 patients, House 3 in one). The follow-up was 2-7 years for the evaluable patients. None of these have developed or worsened facial palsy, two have improved their preoperative facial palsy. To date, all tumors have been evaluated. The specificity and heterogeneity of this group of patients led us to develop an original classification in 4 anatomical types presenting different clinical and surgical difficulties. Conclusion. — This first study demonstrates that radiosurgery allows treating these patients while preserving a normal motor facial function. Because of this advantage, GKS must be considered as a first option for all small to middle sized facial nerve schwannomas. Key-words: schwannoma, acoustic neurinoma, facial palsy, radiosurgery, geniculate ganglion. RÉSUMÉ Rationnel. — L’exérèse microchirurgicale radicale des schwannomes du nerf facial (VII) comporte un risque très élevé de paralysie faciale sévère postopératoire. Étant donné le caractère exceptionnel des paralysies faciales après radiochirurgie Gamma Knife (GK) des schwannomes cochléo-vestibulaires l’évaluation de la préservation fonctionnelle du VII après GK nous est apparue d’importance, dans ce groupe de patients difficiles. Matérial et méthode. — Parmi 1 000 schwannomes du paquet acoustico-facial opérés par GK à Marseille entre juin 1992 et mars 2003, 9 ont été considérés comme des schwannomes du nerf facial. Les critères pour ce diagnostic étaient l’envahissement de la deuxième ou troisième portion du canal du VII (7 fois), et/ou une constatation opératoire préalable (2 fois). Les rares paralysies faciales après GK des schwannomes du VIII survenant classiquement avant le 18e mois, ont été considérés comme évaluables les patients suivis plus de 2 ans (8 patients). Résultats. — Quatres de ces patients avait fait l’expérience d’une paralysie faciale aiguë spontanée, une (3 patients) ou plusieurs fois (1 patiente) avant la radiochirurgie. La fonction facial n’était normale que dans 2 cas avant la GK (House 2 : 6 fois ; House 3 : une fois). Le suivi est de 2 à 7 ans pour les 8 patients évaluables. Aucun de ces patients n’a développé ou aggravé une paralysie faciale. Deux patients ont fait l’expérience d’une amélioration de leur paralysie faciale pré-radiochirurgicale. Tous ces patients sont actuellement contrôlés d’un point de vue tumoral. La spécificité et l’hétérogénéité de ce groupe nous ont amenés à décrire une classification originale en 4 types, différents par les problèmes cliniques et chirurgicaux posés. Conclusion. — Cette étude démontre que la radiochirurgie Gamma Knife permet de traiter ces patients, tout en conservant la fonction faciale. Un tel avantage du GK en fait le traitement rationnel de première intention pour tout schwannome du facial de petite ou moyenne taille. Tirés à part : J. RÉGIS, Service de Neurochirurgie Fonctionnelle et Stéréotaxique, Hôpital d’Adulte de la Timone, 264, boulevard Saint-Pierre, 13385 Marseille Cedex 05. e-mail : [email protected] 408 D. MDARHRI et al. Les neurinomes du nerf facial sont des tumeurs rares, représentant moins de 1 % des tumeurs intrapétreuses [1] alors que les schwannomes cochléovestibulaires [2, 3] représentent 8 % des tumeurs intracrâniennes (10 par million d’habitants). La résection complète de la tumeur implique le sacrifice anatomique du nerf facial avec à terme au mieux, en cas de greffe hypoglossofaciale réussie, un grading facial selon House et Brackmann à 3 avec toutes ses conséquences psychosociales habituelles [4]. Dans ce contexte, toute alternative thérapeutique pouvant laisser espérer une meilleure préservation de la fonction faciale doit être explorée. La radiochirurgie stéréotaxique a démontré son efficacité dans le traitement des tumeurs bénignes intracrâniennes et spécialement les schwannomes vestibulaires. Étant donné le caractère exceptionnel des paralysies faciales après la radio chirurgie Gamma Knife ( < 1 %), rapporté par les équipes expérimentées [5, 6], l’évaluation de la préservation fonctionnelle de VII moteur après Gamma Knife nous est apparue d’importance dans ce groupe de patients à traitement difficile. MATÉRIEL ET MÉTHODE Parmi les 1 000 schwannomes du paquet acousticofacial opérés par Gamma Knife et évalués prospectivement à Marseille entre juin 1992 et mars 2003, nous avons recensé 9 cas de schwannomes du nerf facial, ce qui représente 0,9 % de cette série. Le diagnostic de schwannome du nerf facial a été retenu, dans 7 cas, sur des critères clinico-radiologiques (envahissement du ganglion géniculé et/ou d’une ou plusieurs portions du trajet intrapétreux du nerf facial et/ou épisode de paralysie faciale spontanée) et, dans 2 cas, du fait d’une constatation opératoire préalable. Aucune de ces lésions n’a été diagnostiquée dans un contexte clinico-radiologique ou familial évocateur d’une neurofibromatose. Notre série se compose de 6 femmes et 3 hommes ; l’âge moyen est de 48 ans (extrêmes : 22-87 ans). Ces lésions ont été classées selon une classification anatomo-radiologique originale en fonction de la topographie intrapétreuse du schwannome (figure 1). Les signes fonctionnels (tableau I) sont largement dominés par un dysfonctionnement facial : 55,5 % des cas (parésie faciale dont un cas de façon épisodique, hémispasme) ; puis viennent, en fréquence, les signes cochléo-vestibulaires : 55,5 % (hypoacousie, acouphène, vertige, instabilité). Le type I se définit comme localisé à la loge du ganglion géniculé, le type II comprenant les lésions en sablier à la fois dans la loge du ganglion géniculé, le conduit (et éventuellement la citerne), le type III définit les lésions essentiellement développées aux dépens de la 3e et de la 2e portion du canal du facial. Enfin, les tumeurs n’envahissant pas le canal pétreux du VII, ni la loge du ganglion géniculé, mais démontrés chirurgicalement comme développées aux dépens Neurochirurgie du nerf facial, sont regroupés dans le type IV ; ces derniers posent des difficultés de diagnostic différentiel radiologique avec les schwannomes vestibulaires. L’évaluation clinique de nos patients utilisait le grading facial de House [7] et la classification de Gardner et Robertson pour l’audition [8]. Depuis novembre 2001, les données d’audiométrie ont systématiquement été traduites selon la classification de Tokyo 2003 [9]. La fonction faciale était gradée dans 2 cas en grade 1, dans 6 cas en grade 2, dans 1 cas en grade 3 préopératoire. L’audition était de classe I dans 4 cas, de classe III dans 3 cas, de classe V dans 2 cas. Deux patients avaient été opérés préalablement par une autre équipe, la procédure ayant été interrompue à des fins de préservation fonctionnelle devant l’évidence anatomique du départ facial de la tumeur, laissant en place une tumeur pratiquement « ad integrum ». Ces deux patients (n° 3 et 9) présentaient, tous deux, en post-opératoire au moment de la radiochirurgie (36 et 60 mois après la voie rétrosigmoïdienne), une paralysie faciale et une perte de l’efficacité auditive (l’un en House 2 et Gardner V, l’autre en House 2 et Gardner III). Tous les patients rentrent la veille de l’intervention, pour prise en charge clinique et complément d’information. Un bilan audiométrique (audiométrie tonale et vocale, potentiels évoqués auditifs) et vestibulaire (épreuves vestibulaires et caloriques) est effectué systématiquement la veille. Le jour de l’intervention, après sédation légère, le cadre stéréotaxique de Leksell de type G est mis en place sous anesthésie locale. Une IRM (Siemens 1,5 Tesla) en condition stéréotaxique est effectuée, comprenant une séquence T2 axiale de type CISS demi-millimétrique et une séquence 3D T1 après injection de produit de contraste (MPR). Un scanner cérébral est systématiquement effectué en fenêtre osseuse afin de localiser l’anatomie de la pyramide pétreuse et de vérifier l’absence de distorsion de l’imagerie IRM. Le volume tumoral moyen est de 888 mm3 (extrêmes : 48-2 253 mm3). L’isodose périphérique moyenne était la 50 %, avec une dose périphérique moyenne de 13 Gy (extrêmes : 10-16 Gy). Le nombre moyen d’isocentre est de 13,55 (extrêmes : 1-33 tirs). Après ablation du cadre, le patient passe une nuit dans le Service de Neurochirurgie. Il sort le lendemain et peut reprendre ses activités quotidiennes et professionnelles dès le jour suivant sa sortie. RÉSULTATS Tous nos patients ont bénéficié d’un suivi régulier à 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, 5 ans, 10 ans. À chaque contrôle, une imagerie par résonance magnétique et un examen clinique seront réalisés. Le suivi s’est étalé de 18 à 84 mois avec une moyenne de 42 mois ; 8 patients ont un suivi de plus de 2 ans (tableau II). D’un point de vue radiologique, lors du contrôle à 6 mois, on a noté une stabilisation tumorale dans 6 cas et une augmentation de la taille transi- Vol. 50, n° 2-3, 2004 SCHWANNOMES DU FACIAL 409 FIG. 1. — Classification topographique des schwannomes du nerf facial. FIG. 1. — Topographic classification of facial nerve schwannomas. toire pour les autres, avec une absence de prise de contraste centro-tumorale dans 4 cas. À un an, les 3 patients qui ont eu une augmentation du volume à 6 mois, montrent une régression de la taille tumorale. Parmi ceux qui avaient un volume tumoral stable à 6 mois, un seul patient a vu son volume tumoral diminuer. L’absence de prise de contraste centro-tumorale a disparu chez 2 patients. Sur les 8 patients qui ont un recul de plus de 2 ans, 7 cas ont vu leur volume tumoral continuer à diminuer avec, dans 3 cas, une stabilisation secondaire de leur volume par rapport à l’avant-dernière consultation. Dans 1 cas, on ob- serve l’apparition d’une partie kystique rendant compte d’une augmentation globale de volume (il s’agissait de résidu post-opératoire) faisant discuter la pertinence éventuelle d’une exérèse microchirurgicale. D’un point de vue clinique, chez presque tous les patients (8 cas sur 9), il y a eu une amélioration des signes fonctionnels avec, dans 2 cas, disparition d’un hémispasme et, dans 1 cas, une disparition totale des épisodes de paralysie faciale, un cas de disparition des troubles de l’équilibre et réduction franche des acouphènes conduisant à une amélioration franche de l’utilité auditive. Objecti- 410 D. MDARHRI et al. Neurochirurgie TABLEAU I. — Présentation clinique des patients de notre série. TABLE I. — Clinical presentation of the patients in our series. Patient n° Examen clinique Âge/Sexe Symptômes Type radiologique Facial House 1 42/F Hypoacousie-Acouphène Audition efficace Grade I Classe III Type I Grade I Classe III Type I Grade II* Classe III Type IV Grade II Classe I Type I Grade III Classe I Type II Grade II Classe I Type I Grade II Classe V Type I Instabilité-Vertige 2 66/H Hypoacousie-Acouphène Instabilité 3 52/F Hypoacousie-Acouphène Instabilité 4 22/H Hypoacousie Instabilité-Vertige 5 46/F Parésie faciale-Acouphène Hémispasme 6 26/F Hémispasme Parésie faciale (épisodique) 7 87/F Parésie faciale-Instabilité Hémispasme-Hypoacousie 8 55/H Parésie faciale-Hémispasme Grade II Classe I Type I 9 36/F Parésie faciale-Hémispasme Grade II Classe V* Type II Acouphène-Hypoacousie Vertige *Séquelle post opératoire. TABLEAU II. — Traitement et suivi de nos patients. TABLE II. — Treatment and follow-up of our patients. Patient n° Dose/Nbre de Tir Volume tumoral mm3 Volume à 6 mois AC Suivi (mois)/devenir tumoral 1 10/18 1 672 Stable – 54 : diminué 2 12/14 1 963 Stable + 24 : stable 3* 12/33 2 253 Stable – 28 : stable 4 12/19 1644 Augmenté + 48 : diminué 5 12/7 1385 Stable – 18 : stable 6 16/1 1 48 Augmenté – 84 : diminué 7 11/17 1207 Stable + 36 : stable 8 12/1 1 87 Stable – 30 : diminué 9* 10/12 1 669 Augmenté + 60 : augmenté (kystisation) AC : absence de la prise de contraste centro-tumorale ; Dose : dose marginale en Gy. *Patients déjà opérés avec exérèse sub-totale. Vol. 50, n° 2-3, 2004 SCHWANNOMES DU FACIAL vement, on a noté une amélioration du nerf facial dans 2 cas, passant d’un grade II de House à un grade I, les autres étant restés stables. D’un point de vue de l’audition, aucun patient présentant en pré-opératoire une audition utile n’a perdu cette utilité auditive depuis la radiochirurgie (tableau III) selon les critères de Gardner. 411 deuxième portion tympanique, de 12 à 13 mm de long, chemine à la partie interne de la caisse, audessus de la fenêtre du vestibule, sous le canal semi-circulaire latéral ; la troisième portion mastoïdienne, de 15 à 20 mm de long, est formée après une seconde angulation (coude) de 90° à 120° vers le bas et descend entre l’antre et les cellules mastoïdiennes. Le VII émerge hors du crâne par le trou stylo-mastoïdien ; il se termine entre les deux lobes de la parotide, et se divise en deux branches terminales temporo-faciale et cervicofaciale. Sherman et al. [12] ont récemment rapporté leur expérience et rassemblé les articles de la littérature relatifs aux schwannomes du nerf facial qui décrivent, au total, 467 cas. Dans cette population de 467 patients, l’âge moyen était de 4,7 ans (extrême : 7-81 ans) pour 182 hommes contre 196 femmes (dans les autres cas, le sexe n’a pas été rapporté). Dans les 428 cas où la localisation du schwannome sur le trajet du nerf facial a été mentionnée, celle-ci est largement dominée par les segments labyrinthique et tympanique dans 43,5 % et 42,8 % respectivement, suivi par le segment vertical dans 36,7 %, et l’angle pontocérébelleux dans 17,8 %. Les symptômes n’ont pu être déterminé que chez 427 cas, avec 63,2 % de dysfonctionnement du nerf facial, 50,6 % de diminution de l’audition. Les acouphènes et les troubles vestibulaires sont présents dans 20,6 % et 14,3 % des cas respectivement. Les résultats de notre série concorde avec ceux des cas rapportés précédemment. Le dysfonctionnement facial et la diminution de l’audition (55 et 55 %) étaient les symptômes dominant chez nos patients. L’exérèse chirurgicale du schwannome du nerf facial nécessite en règle, si on veut être carcinologique, le sacrifice du nerf avec, comme séquelle, une paralysie faciale dont la récupération, malgré l’interposition d’un greffon nerveux, n’est que partielle après une période moyenne de 10 mois. Dans les séries précédentes, la préservation de la continuité anatomique du nerf facial DISCUSSION La prise en charge chirurgicale des schwannomes du VII ne pose pas les mêmes problèmes techniques dans toutes les situations de rapports topographiques. Il nous est donc apparu important de distinguer plusieurs formes ou types topographiques que nous avons rassemblé dans une classification originale (figure 1). Le type I se définit comme localisé à la loge du ganglion géniculé, le type II comprend les lésions en sablier à la fois dans la loge du ganglion géniculé, le conduit (et éventuellement la citerne), le type III définit les lésions essentiellement développées aux dépens de la 3e et de la 2e portion du canal du facial. Enfin, les tumeurs n’envahissant pas le canal pétreux du VII ni la loge du ganglion géniculé, mais démontrés chirurgicalement comme développées aux dépens du nerf facial, sont regroupées dans le type IV. Le nerf facial (VII paire) est formé de deux racines, l’une motrice, l’autre sensitive, sensorielle et sécrétoire, formant le nerf intermédiaire (de Wrisberg) ou VII bis. Ils émergent dans le sillon bulbo-pontique, entre le VIII en dehors et le VI en dedans. Dans le trigone ponto-cérébelleux, le nerf se dirige obliquement en dehors et légèrement en haut et en avant vers le méat acoustique interne, puis chemine en intra-pétreux dans le canal de Fallope ; le VII bis se termine dans le ganglion géniculé. Sa première portion labyrinthique, de 3 à 4 mm de long, surplombe l’oreille interne, après une première angulation (genou) de 75° en arrière et la formation du ganglion géniculé ; la TABLEAU III. — Évolution de l’audition chez les patients ayant une audition utile initiale. TABLE III. — Auditory status of patients with initial useful audition. Patient Vol Dose PTA GR Tokyo FU PTA GR Tokyo Delta Perte fonct Perte fonct mm3 Gy Avant Avant Avant (ans) Après Après Après PTA GR Tokyo Type n° 6 I 48 16 5 dB 1 A 5 13,75 dB 1 A 8,75 Non Non 4 I 644 12 16,25 1 A 3 43,75 2 D 27,5 Non Oui 8 I 87 12 25 1 B 3 27,5 1 B 2,5 Non Non Vol : volume; PTA : pure-tone average ; GR : Gardener et Robertson ; FU : follow-up ; Fonct : fonctionnelle. 412 D. MDARHRI et al. Neurochirurgie TABLEAU IV. — Comparatif des différentes séries de la littérature. TABLE IV. — Comparaison of the series in the literature. Évolution Différents séries Nombre de cas Moyen thérapeutique Audition Fonction faciale Suivi Récidive/ Progression tumorale Sherman et al. 2000 [13] 10 cas Chirurgie Ag : 2 cas St : 7 cas Am : 1 cas Ag : 2 cas St : 5 cas Am : 3 cas 39,8 mois : 1 cas Lapena et al. 1997 [1] 5 cas Chirurgie St : 5 cas Ag : 1 cas St : 3 cas Am : 1 cas 16,8 mois : 0 Hasegawa et al. 1999 [11] 2 cas Radiochirurgie GammaKnife Am : 1 cas St : 1 cas St : 2 cas 42,5 mois : 0 Mabanta et al. 1998 [10] 2 cas, parmi 6 schwannomes Radiochirurgie Accélérateur linéaire St : 2 cas St : 2 cas 32 mois : 0 Notre série 9 cas (2 cas déjà opérés) Radiochirurgie Gamma Knife St : 9 cas Am : 3 cas St : 7 cas 42 mois : 1 cas* * Patient déjà opéré (évolution kystique). Ag : aggravation ; Am : amélioration ; St : stabilisation. était présente dans 25 % des cas (tableau IV). Le traitement radiochirurgical d’un neurinome du nerf facial a été mentionné dans deux séries [10, 11] : la première concernait deux patients dont la paralysie faciale a été stabilisée pour l’un et améliorée pour l’autre, sans atteinte auditive dans les deux cas, la taille tumorale étant contrôle après un suivi de 29 à 56 mois ; pour l’autre référence, il s’agissait d’un seul cas où l’audition a été préservée, sans paralysie faciale, et où la stabilisation tumorale a été obtenue à 11 mois de la radiochirurgie. Notre série, comme les quelques cas de la littérature [10, 11], démontre que la radiochirurgie permet de conserver la fonction faciale, contrairement à l’exérèse microchirurgicale. Étant donné la gravité des répercussions personnelles d’une paralysie faciale périphérique pour le patient, tant en terme esthétique que fonctionnel, la radiochirurgie nous apparaît comme devant être recommandée systématiquement de première intention chez tout patient porteur d’un schwannome du VII, de taille compatible avec cette méthode. À cette différence d’épargne fonctionnelle du facial, doivent, bien sûr, être ajoutés : le bénéfice en probabilité de conservation d’une audition efficace, un moindre risque oculaire, une durée d’hospitalisation plus courte, une meilleure préservation de la qualité de vie, et un coût direct et indirect beaucoup plus faible [12]. CONCLUSION Cette étude démontre que la radiochirurgie Gamma Knife permet de traiter les patients porteurs d’un schwannome du nerf facial, tout en conservant la fonction faciale. Un tel avantage du Gamma Knife en fait le traitement rationnel de première intention pour tout schwannome du nerf facial de taille petite ou moyenne. RÉFÉRENCES [1] LAPENA JF, CHIONG CM. The tip of the iceberg: not all that palsies is bell’s. A case series of five facial nerve neurilemmomas in the Philippines. 1997. [2] DEEN HG, EBERSOLD MJ, HARNER SG, BEATTY CW, MARION MS, WHAREN RE, et al. Conservative management of acoustic neuroma: an outcome study. Neurosurgery 1996; 39: 260-266. [3] JACKLER RK, PITTS LH. Acoustic neurinoma. Neurosurg Clin North Am 1990; 1: 199-223. [4] IRVING RM, BEYNON GJ, VIANI L, HARDY DG, BAGULEY DM, MOFFAT DA. The patient’s perspective after vestibular schwannoma removal : quality of life and implications for management. Am J Otol 1995; 16: 331337. [5] LUNSFORD LD, NIRANJAN A, KONDZIOLKA D, FLICKINGER JC. Gamma Knife radiosurgery for acoustic tumors. Techniques in Neurosurgery 2003; 9: 128-135. 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