Annexe 6 Suggestion de travail par sujet de l`EAF

ACADEMIE DE ROUEN
Mettre en œuvre le programme de première technologique
Annexe 6b La dissertation
Propositions de travail par sujet de l’EAF : la dissertation
Il est important de décomplexer les élèves de séries technologiques face à la dissertation qui leur
paraît toujours un exercice trop « littéraire », et donc trop ambitieux et exigeant pour eux. Il est peutêtre judicieux de leur faire aborder cet exercice de manière progressive en les guidant pas à pas.
I. Deux activités possibles pour passer de l’exemple à l’argument :
1- L’étude d’un groupement de textes pour l’oral peut être une occasion intéressante.
Dès la présentation de la séquence, une problématique est posée. Avant même d’aborder l’étude
des textes, on peut demander aux élèves de répondre à cette problématique en UN paragraphe qui
contiendrait un argument et un exemple tiré de leur culture personnelle acquise en seconde.
A chaque nouvelle lecture analytique, l’élève doit pouvoir répondre à la problématique posée dans
un nouveau paragraphe argumentatif qui exploiterait le texte étudié.
A la fin de l’étude du groupement, si celui-ci s’y prête, l’élève est amené à organiser ses
paragraphes selon un raisonnement, ce qui lui permet de construire au moins une partie de la
dissertation, voire deux.
C’est alors le moment de rappeler, dans un cours plus théorique, la méthodologie de la dissertation,
en insistant notamment sur la construction de l’introduction et de la conclusion qui n’auront pas été
vues précédemment.
On peut enfin proposer plusieurs sujets de dissertation dans une double intention. D’une part,
l’élève doit s’entraîner à bien cerner les problèmes littéraires que pose une dissertation. D’autre part, il
doit apprendre à exploiter les textes abordés pendant la séquence (lectures analytiques, lectures
complémentaires, lectures cursives) afin de trouver des éléments de réponse – et donc des
arguments – pour répondre aux différentes problématiques posées. On peut aussi demander à l’élève
de proposer un problème littéraire lié à la séquence et prendre soin de le formuler « comme un sujet
de dissertation ». Apprendre à poser des questions ou poser des problèmes est toujours formateur.
A la suite de ce travail préliminaire, l’élève devrait se sentir assez armé, plus conscient de son
savoir et de son savoir-faire, pour aborder sans complexe la dissertation.
2- On peut partir d’un texte dans une problématique.
Prenons l’exemple du groupement « poésie et résistance », et notamment de la situation de René
Char pendant qu’il écrit Feuillets d’Hypnos. On peut demander aux élèves des hypothèses sur le
rapport entre position de chef du maquis et écriture du recueil. La réflexion devrait aboutir à des
arguments diversifiés : il écrit pour compenser la réalité (la dépasser en la transformant), pour
témoigner de cette réalité (laisser une trace), pour prendre parti (résister, espérer).
A partir de là, les élèves peuvent chercher dans le recueil trois poèmes qui se rattachent à ces
arguments (ou un seul qui permette de retrouver par l’analyse les trois arguments, par exemple la
célébration de Georges de La Tour qui éclaira « les ténèbres hitlériennes »).
L’étape suivante consiste à établir une hiérarchie possible entre ces trois arguments étayés par
l’analyse.
Il ne reste plus qu’à rédiger cet ensemble.
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II. Démarche proposée à partir d’un sujet :
Ce travail a été mené avec une classe de 1ère d'adaptation El'Et', dans la deuxième moitié du
premier trimestre. Le mot de « dissertation » était connu de ces élèves, même si l'exercice n'avait
jamais été pratiqué, et faisait peur.
Avant d'aborder ce sujet, les élèves avaient étudié la dénonciation en littérature. Ci-joint un rapide
descriptif de la séquence.
● Lecture intégrale et étude du fonctionnement de l'ironie dans le pamphlet de Swift « Modeste
proposition ... »
● 4 lectures analytiques :
- « Melancholia », Victor Hugo,
- un extrait de L'Homme qui rit, le discours de Gwynplaine à la Chambre des Lords,
- l'excipit de Matin brun, Franck Pavloff
- « Dialogue du chapon et de la poularde », Voltaire.
● Lectures cursives au choix :
- Si c'est un homme, Primo Levi
- Le dernier jour d'un condamné, Hugo
- La chambre des officiers, Marc Dugain
- Total Kheops, Jean-Claude Izzo
- Nouvelles du racisme ordinaire, Danielle Zimmermann
- La nuit, Elie Wiesel
- Blade Runner, Philip K. Dick
- Meurtres pour mémoire, Didier Daenincks
- Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley
Des poèmes d'Apollinaire, extraits d'Alcools, avaient également été lus pour préparer une sortie au
théâtre.
Apprentissage : une fiche méthode a été élaborée progressivement. En noir, les éléments de
méthode, en italiques l'application au sujet précis préparé avec l'ensemble de la classe. En
classe, les élèves ont utilisé deux couleurs différentes.
Présentation de la nature de l'exercice : un travail d’argumentation, appuyé sur des
connaissances (une œuvre, un auteur, un mouvement, un genre, une conception de la
littérature, …). Références littéraires précises à tirer du corpus et du travail de l’année.
Sujet : ( propos d'un des élèves de la classe) " La littérature (et l'histoire -géographie), ça ne sert à
rien pour un élève de série technologique ! " Vous discuterez ce propos en vous appuyant sur votre
expérience personnelle, vos lectures et les textes du corpus ( ici, le groupement de textes sur la
dénonciation).
Travail du brouillon.
Première étape : analyse du sujet
- paratexte, termes clés à observer et questionner (citation + tâche à accomplir) :
pas de paratexte, mais expression spontanée en classe (causes de cette réaction?)- Mots-clés de citation : à repérer ( = disciplines de culture générale, pas d'utilité immédiatement
visible)
- Tâche : discuter = envisager le pour et le contre, comprendre.
- + identifier le problème posé (à formuler en plusieurs questions), puis dégager la question
principale : l'utilité de la culture générale? les causes du désintérêt de certains élèves pour celleci? la nécessité d'adapter l'enseignement à l'orientation professionnelle de l'élève? La littérature
ne concerne-t-elle qu'une catégorie de la population ? Problème principal = faut-il continuer
d'imposer l'étude de la littérature à des élèves qui n'en veulent pas?
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Deuxième étape : choisir une stratégie pour résoudre la problématique.
Ici, un point de vue assez provocateur à discuter. (type de sujet assez fréquent). Appelle un plan
dialectique.
Plan dialectique (= faire dialoguer 2 points de vue). Ce plan convient pour une opinion à discuter
(« Peut-on considérer que … », « Est-il exact de soutenir que… », "Vous discuterez ce propos ... »)
2 cas de figure :
a) soit on approuve le point de vue :
Arguments défavorables.
I.
Arguments favorables.
II.
Confirmation de la thèse proposée, mais enrichie, nuancée (nouveaux arguments
III.
tenant compte des réserves).
b) Soit on désapprouve le point de vue.
Arguments favorables possibles (on cherche à comprendre ce qui permet à l’auteur
I.
II.
III.
d’avoir cette opinion).
Réfutation de ces arguments, leurs limites.
Elargissement personnel de la critique (nouveaux arguments contre).
Troisième étape : rassembler les idées et les connaissances (corpus, lectures, …) Noter tous les
éléments ( réflexions, exemples, arguments, ...) . Une fois cet inventaire fait, reprendre la liste, pour la
compléter. Si c'est un exemple qui est venu à l'esprit en premier, formuler l'argument qu'il pourrait
illustrer. Et inversement... . + numéroter les différents éléments de la liste et rassembler par des flèches
ceux qui vont ensemble.
(ce travail de regroupement de matériaux a été fait d'abord individuellement par les élèves, puis
collecté, puis rassemblé sur un polycopié (cf. ci-dessous), qui a servi de base pour la suite du travail. )
Bilan des premières recherches.
1) La difficulté de l'analyse de texte (outils techniques à maîtriser, méthodes contraignantes des
différents exercices, comme le commentaire littéraire, la dissertation).
2) La dissertation, c'est aussi apprendre à se confronter à un point de vue contraire au sien, à
comprendre l'autre, à éventuellement parvenir à une pensée plus nuancée.
3) L'intérêt de la lecture, mais à quoi bon la suite? Exemple de textes ou oeuvres lues cette année (ou
précédemment) et appréciées.
4) Le manque de temps : la nécessité d'un choix entre les matières?
5) L'absence d'utilité immédiate (utilité à long terme?)
6) L'inefficacité de la littérature à améliorer le monde
7) Le fait qu'on lise toujours le pamphlet de Swift et qu'on l’ait adapté récemment au théâtre, cf.
aussi le Richard III de Shakespeare, qui a fait salle comble au Rive gauche, pendant plusieurs
soirées cette année.
8) Une influence lente mais parfois réelle / travail des enfants (Hugo) (Matin brun)
9) Une certaine permanence de l'efficacité (caractère intemporel) ( Voltaire : thème de la cruauté
humaine toujours d'actualité)
10) Procurer des émotions communes à tous les hommes (« La maison des morts », Apollinaire)
11) Le danger de la spécialisation (Le Meilleur des Mondes)
12) Les exercices de français : on n'en fera jamais plus tard! mais...
13) Il vaudrait mieux apprendre à rédiger des lettres de motivation, de CV, des rapports, ...
14) On ne peut pas penser tout seul dans son coin : les pensées des autres nous aident à construire la
nôtre (que penser de la guerre? cf. textes du corpus).
15) L'acquisition de l'esprit critique, que permettent ces disciplines, est un exercice vital.
16) Le plaisir de la lecture, de découvrir une histoire. Le plaisir de rêver, de méditer sur un poème.
17) La possibilité de découvrir des choses que l'on ne connaissait pas : la vie en prison, ... (ouvrir son
esprit aux autres, pour échapper aux influences, aux idées toutes faites.
18) Le rôle de l’examen : vérifier l'acquisition d’une culture commune, d'un fonds commun aux élèves
d'un pays.
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19) L'importance de la transmission (lecture de textes plus anciens), pour comprendre d'où nous
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venons et qui nous sommes : connaître les Lumières pour mieux comprendre le rôle que veut jouer
la France sur le plan international, ou pour peser, discuter la suprématie de la raison (héritage
des Lumières)
Les causes de l'insatisfaction : les difficultés des différents exercices. Que proposer à la place?
des modèles pour construire sa pensée, enrichir son expression.
Il semble qu'on lise mieux un texte, qu'on profite davantage d'un film quand on a une idée de sa
composition.
Donner davantage de sens aux activités de français.
Quatrième étape : le plan détaillé.
Pour chacune des parties, organiser le contenu ( 2 ou 3 sous-parties, prévoir les enchaînements, mots
de liaison, réfléchir à l’ordre le plus efficace). Noter ce plan au brouillon (formules brèves / arguments
+ exemples) ( le plan ci-dessous a été proposé aux élèves, et les différentes sous-parties ont été
organisées à partir des éléments du polycopié)
Effectivement, l'étude des matières de culture générale peut sembler superflue ou trop difficile
I.
à certains.
Les raisons : ….
Pourtant, la littérature et les sciences humaines ont une grande importance dans la formation
II.
de l'individu, quel que soit son niveau d'étude.
les raisons : ….
Pour que ces matières jouent pleinement leur rôle et recueillent l'adhésion des élèves, des
III.
efforts sont sans doute nécessaires, de la part de l'enseignement, comme de la part des élèves
eux-mêmes
Lesquels ? : …
Cinquième étape (toujours au brouillon) : rédiger l’introduction et la conclusion
Commencer par la conclusion :
2 choses à faire :
- une réponse nuancée au problème posé : rapide bilan du parcours qui a permis d’y arriver
- + ouverture, élargissement : une autre œuvre, une citation, …
b) L’introduction :
3 choses à faire :
- entrée en matière (approche du sujet de manière plus générale, évocation d’un contexte précis,
valorisation du sujet, …).
- Enoncé du sujet lui-même qui doit découler naturellement de ce qui précède (indiquer, s’il s’agit
d’une citation, son origine et son auteur) + problématique sous forme de question(s)
- Annonce du plan.
a)
(on peut faire rédiger l'introduction, puis envoyer plusieurs élèves au tableau, pour recopier la leur, et
procéder en groupe à un travail d'évaluation critique / méthode)
Sixième étape : la copie.
(Principes de présentation : les mêmes que pour le commentaire littéraire, étudié précédemment :
passer des lignes, alinéas pour sous-parties, mots de liaison, phrases de transition)
- Recopier l’introduction.
- Rédiger au propre directement à partir du plan détaillé (développer les arguments, les explications,
les références aux œuvres)
- Recopier la conclusion.
Septième étape : se relire.
Evaluation : pour une première application de la méthode, on peut demander aux élèves de rédiger
seulement, pour commencer, une partie du développement. Un sujet complet sera très rapidement
donné ensuite.
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