L`ENFANT Jean-Pierre et Luc Dardenne, France, Belgique, 2005 À

Transcription

L`ENFANT Jean-Pierre et Luc Dardenne, France, Belgique, 2005 À
L’ENFANT
Jean-Pierre et Luc Dardenne, France, Belgique, 2005
À partir de 10 ans
Conseillé pour les 12 ans et plus
Jean-Pierre Dardenne (né en 1951) et Luc Dardenne (1954) sont deux
frères réalisateurs, scénaristes et producteurs belges qui travaillent toujours
en tandem. Ils sont des représentants du cinéma social européen engagé et
leurs personnages sont souvent confrontés à des dilemmes moraux. Afin de
gagner en indépendance, les frères Dardenne créent en 1975 la société de
production Dérives, qui produit leurs films mais aussi ceux d’autres auteurs
comme Solveig Anspach, Costa-Gavras, Bruno Podalydès ou Cristian
Mungiu.
FILMOGRAPHIE :
1987 : Il court, il court, le monde (court-métrage)
1987 : Falsch
1992 : Je pense à vous
1996 : La Promesse
1999 : Rosetta
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2002 : Le Fils
2005 : L'Enfant
2008 : Le Silence de Lorna
2011 : Le Gamin au vélo
2014 : Deux jours, une nuit
2016 : La Fille inconnue
PRIX:
2005 : Palme d'or au Festival de Cannes
2005 : Joseph Plateau Awards : Meilleur film, Meilleur réalisateur belge,
Meilleur scénario, Meilleur acteur Jérémie Renier, Meilleure actrice Déborah
François
2005 : Prix André-Cavens de l’Union de la critique de cinéma (UCC) pour le
meilleur film belge
TAGS : jeunesse, société, vol, abandon, détresse, responsabilité, morale
BANDE-ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=T_tgS6WgyFo
SYNOPSIS:
Sonia et Bruno vivent chichement dans une petite ville ouvrière de Belgique.
La jeune femme vient d'accoucher d'un petit Jimmy. Quelques jours plus tard,
elle retrouve Bruno, en train de mendier dans la rue. Les jeunes gens passent
quelques jours ensemble. Bientôt, Bruno, habitué des petites combines,
profite de l'absence de Sonia pour vendre leur enfant. Quand elle apprend la
nouvelle, Sonia, bouleversée, chasse définitivement Bruno. Celui-ci prend
tardivement conscience de son acte et tente de faire amende honorable. Il
récupère l'enfant, tout en sachant qu'il ne pourra jamais rembourser les
intermédiaires qui le menacent rapidement. Afin de réunir l'argent nécessaire,
il se lance dans une série de petits larcins...
THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS :
L’enfant né d’un couple d’enfants
« L’enfant », c’est le titre du film mais « l’enfance » n’aurait pas non
plus été un mauvais choix, car c’est bien un des thèmes majeurs.
L’enfant c’est tout d’abord le bébé que Sonia et Bruno viennent d’avoir,
un nourrisson sorti depuis seulement quelques jours de la maternité. De ce
bébé, on voit peu de choses, juste un petit bout de nez enfoui sous une
capuche bleue. Son corps non plus n’apparaît pas. C’est une petite boule
enveloppée d’un tissu épais qui en masque les formes. Seules les mains,
parfois, apparaissent, qui s’agrippent au blouson maternel. On sait que c’est
un garçon et qu’il s’appelle Jimmy. C’est un prénom dont l’usage semble
réservé à l’état civil, car dans le film, personne ne s’adresse jamais à lui.
Les enfants, ce sont aussi Sonia et Bruno, les jeunes, voire très jeunes
parents. Plusieurs scènes les montrent qui se chamaillent, se roulent en riant
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sur l’herbe d’une aire d’autoroute et se livrent à des espiègleries avec
l’enthousiasme de deux jeunes chiots joueurs. Pour atteindre au plus près
leur vérité, pas de discours. Leurs corps sont filmés avec finesse, ainsi que
leurs gestes, leurs attitudes et comportements. Décontractés et insouciants,
Sonia et Bruno profitent du moment présent et l’arrivée de l’enfant ne semble
en rien modifier leur façon de vivre, impulsive, légère, sans aucune
interrogation, organisation ou projection dans l’avenir. Seule la mère, Sonia,
semble avoir conscience de quelques impératifs. C’est elle qui rappelle à
plusieurs reprises à Bruno que «demain, il faudra aller à l’état civil». Les
contraintes de la vie glissent sur leurs blousons de cuir tout comme eux se
glissent dans la société sans vraiment s’y investir, sans y rentrer. Ils restent
en marge. Bruno assure leur survie par de la mendicité et de menus larcins. Il
évite tout engagement et se dégage de toute responsabilité. Les décors périurbains sont omniprésents et là évoluent les héros aux abords de la ville, sur
les berges d’un fleuve défiguré par le monde industriel.
L’argent prime sur la parentalité
C’est alors que le drame arrive. Bruno dérape et sort de son registre
habituel, celui de nombreux adolescents, celui des bêtises et des petits délits
pour commettre l’ignoble. Il vend leur enfant. Il le fait non seulement sans
remord mais même sans sembler prendre conscience de l’horreur de son
acte. «On en fera un autre» dit-il à Sonia pour la consoler. Sonia ne se
console pas. Elle perd connaissance à l’annonce de la vente de son enfant et
va dénoncer Bruno à la Police. Le film interroge sur la question de la
parentalité et de la fragilité de la filiation.
Comme souvent dans les films des Dardenne, l’argent et surtout
l’absence d’argent ou à l’opposé, une profusion d’argent transforme la vie en
un exercice de survie et perturbe toutes les relations. Il fomente une logique
monstrueuse et déréglée qui ne cesse de s’emballer dès le début du film.
L’argent empêche le couple de dormir ensemble quand Bruno loue leur studio
et les sépare quand Sonia décide que l’enfant n’est pas monnayable. C’est
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aussi avec l’argent que Bruno prétend montrer à Sonia son amour. Aucun
contact humain n’a lieu qui ne soutende une question financière. L’argent est
toujours là qui circule tout au long du film sous forme de liasses de billets.
La rédemption de Bruno
Cela ne suffira pas à Bruno. Il lui faudra s’enfoncer encore davantage
pour enfin prendre la mesure des conséquences de ses actions
irresponsables. C’est dans le lien qui l’unit à un jeune voleur de quatorze ans
qui manque de mourir lors d’un mauvais coup qu’ils ont fait ensemble que
Bruno percevra les conséquences dramatiques de son égoïsme. Il endossera
enfin ses
responsabilités en décidant de se dénoncer et d’assumer ses
actions.
Le happy end se fait sous forme d’une scène de pleurs et introduit la
perspective d’une rédemption de Bruno et donc d’une filiation apaisée.
Toutefois, les jeunes parents sont encore, très seuls, livrés sans entourage
amical ou familial. Cet isolement bien sûr pose aussi la question de leurs
parents et de leur propre enfance.
PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES :
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Comment Bruno gagne-t-il de l’argent ? Pourquoi vend-il son enfant ?
Comparez le Bruno d’avant la vente et le Bruno d’après.
Que peut symboliser la moto qu’il vole ? Quelle relation entretient-il
avec cet objet ? Comparez cette relation avec celle qu’il a avec son
enfant.
Pour quelles raisons le personnage de Bruno s’isole petit à petit ?
Comment la forme du film accompagne un des thème : le passage de
l’adolescence à l’âge adulte ?
En combien de temps pouvez-vous diviser le film ?
Activité : Bruno, encore en prison, téléphone à sa mère et lui raconte la
visite de Sonia. Rédigez le dialogue entre Bruno et sa mère.
Peut-on devenir parents sans en avoir soi même eu des parents?
Quelle est la définition de l’adulte ?
Un homme comme Bruno peut-il changer profondément ?
Peut-on élever un enfant en étant soi-même dans un isolement affectif
total ?
L’argent peut-il tout acheter ?
POUR ALLER PLUS LOIN :
Présentation du film « L’enfant » de Jean-Pierre et Luc Dardenne
https://www.youtube.com/watch?v=TtSPhBAvKs8
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