Eugène Boudin

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Eugène Boudin
FICHE PÉDAGOGIQUE
Dame en blanc sur la plage de Trouville – Eugène Boudin
Auteurs : Maryline Vincent, Isabelle Ganon, Philippe Chandor
Contexte
Titre : Dame en blanc sur la plage de Trouville
Artiste : Eugène Boudin (1824-1898)
Date : vers 1869
Dimensions : H. 31,4 cm ; L. 48,6 cm
Technique : Huile sur toile
Lieu de conservation : Musée Malraux, Le Havre
© Ville du Havre, musée Malraux/Florian Kleinefenn
Lieu de création : Trouville
Les rivages de la Manche, longtemps « territoires du
vide », attirent dès 1820-1830 une clientèle aristocratique.
L’usage des bains de mer recommandé par les hygiénistes,
entraîne la naissance des premières stations balnéaires.
Dès 1850, le développement des chemins de fer favorise
leur fréquentation. Si les premiers « villégiaturistes »
fréquentent d’abord la Côte d’Albâtre, le Second Empire
voit naître un attrait pour les plages de sable de la future
Côte fleurie. Trouville supplante peu à peu Dieppe avant
d’être à son tour concurrencée par Deauville. À leur tour,
les peintres se fixent durant l’été sur cette portion du
littoral : ils inventent une peinture plus lumineuse et plus
naturelle.
En 1861, en proie aux difficultés financières, Boudin, sur
le conseil d’Isabey, entreprend ces scènes de plage qui
vont lui assurer un rapide succès. Il séjourne et réalise
chaque été un bon tiers de sa production à Trouville qui
voit affluer la haute société du Second Empire. Il trouve là
une clientèle toute trouvée d’autant que l’ouverture de la
ligne ferroviaire Paris-Deauville en 1863 favorise l’essor
des deux stations.
Analyse de l’œuvre
Eugène Boudin a peint près de trois cents petites études et grands
formats sur le thème des plages à crinolines qu’il compose souvent
de la même manière avec une large partie supérieure réservée
au ciel, et un tiers inférieur représentant la plage peuplée par des
personnages, assis ou debout, en groupes distincts, ou en bande
continue, vus de dos ou de profil mais toujours masquant le rivage
et la mer qui finalement sont peu présents dans ces scènes :
« Monsieur Boudin […] a même inventé un genre de marines qui
lui appartient en propre et qui consiste à peindre avec la plage tout
un beau monde exotique que la haute vie rassemble l’été dans nos
villes d’eaux. » (Castagnary, Salon de 1869, in Catalogue exposition
Boudin, musée du Louvre, 1965, p. 68).
L’utilisation rythmée des couleurs pures et vives des costumes mettant en valeur les beiges, les gris et les bleus des
fonds est également caractéristique de cette série des plages à crinolines.
Il sera intéressant de confronter cette œuvre à d’autres représentations de plages normandes réalisées par l’artiste :
d’autres peintures mondaines, des peintures mettant en scène l‘univers de la pêche mais également des peintures des
bords de mer traités en paysage pur, œuvres dans lesquelles la traduction de l’atmosphère maritime prime.
CRDP de Haute-Normandie
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Pistes pédagogiques
Niveau : Cycle 3
Disciplines : Arts visuels – Français – Musique – Cinéma
Thématiques : Les plages à crinolines – La vie au xixe siècle : les bains de mer
Arts visuels
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?analyse_id=296
http://www.balnea.net/default.asp
Au cours du xixe siècle, la côte normande cesse d’être le lieu de vie d’une population locale, tirant sa subsistance de la
mer pour devenir une région de villégiature et de vacances. La révolution ferroviaire avec le développement rapide des
lignes de chemin de fer ainsi que la pratique des bains de mer encouragée par la médecine permettent aux villages
et aux modestes ports de la côte normande de se transformer en annexe de la vie urbaine moderne, une sorte de
« Boulevard d’été de Paris ». Les artistes qui représentaient la côte en termes réalistes, romantiques (l’expression
des forces de la nature sur le paysage…) ou pittoresques (scènes de vie des pêcheurs locaux) s’intéressent à la fin
du xixe siècle à ces transformations économiques et sociales : la plage, lieu de travail devient lieu de loisir avec les
impressionnistes.
Activité de lecture et d’analyse
1. On présentera aux élèves le tableau Dame en blanc sur la plage de Trouville d’Eugène Boudin ainsi qu’une sélection
de tableaux de la fin du xixe siècle présentant une thématique commune : la plage (cf. ci-dessous la sélection proposée).
Faire rechercher les détails dans ces tableaux qui permettent de situer l’époque (les costumes, l’aménagement de la
plage avec les cabines/roulottes…).
Faire réfléchir à des regroupements possibles pour ces œuvres. La représentation des classes sociales (la bourgeoisie
dans des activités de loisirs et les pêcheurs au travail) sera un classement vers lequel on amènera les élèves.
Présenter quelques planches d’Honoré Daumier, Aux bains de mer, et une affiche afin de mieux faire comprendre aux
élèves les pratiques balnéaires du xixe siècle. http://www.daumier-register.org/werksrch_serie.php
Affiche pour les Bains de mer de Trouville, vers 1880, lithographie, 100 x 150 cm, Paris, musée de la Publicité.
Eugène Isabey, Plage à marée basse, 1833
Joaquín Sorolla, La Plage le soir, 1908
Joaquín Sorolla, Le Retour de la pêche, 1910
Édouard Manet, Sur la plage, 1873
Pierre Auguste Renoir, Les Pêcheuses de moules à Berneval, 1879
Pierre Auguste Renoir, Personnes sur la plage, 1885
Pierre Auguste Renoir, Jeune garçon sur la plage d’Yport, 1883
Alfred Stevens, La Plage de Sainte-Adresse, 1884
Alexandre Antigna, Les Baigneuses, 1870
Claude Monet, La Plage à Trouville, 1870
Claude Monet, Sur les planches de Trouville ?
Claude Monet, Sur la plage de Trouville, 1870-1871
Eugène Isabey, La Plage de Granville, 1863
Gustave Courbet, La Mer orageuse dit aussi La Vague, 1869
Eugène Boudin, Figures devant le casino de Trouville, 1884.
Eugène Boudin, Trouville, grève et rochers, 1865
Eugène Boudin, Trouville, les roches noires, 1865
Eugène Boudin, Sur la plage, l’homme assis, 1865/70
Gustave Courbet, La Dame au podoscaphe, 1865
L-A Dubourg, Les Bains de mer à Honfleur, 1869
Gustave Courbet, La Falaise d’Étretat après l’orage, 1870
Gustave Courbet, La Mer, 1872
Takeshiro Kanokogui, Plage de Normandie, 1907
Gustave Courbet, Rivage de Normandie, 1866
2. Activités plastiques : à travers ces scènes de plage, les maîtres impressionnistes ont témoigné de l’engouement
bourgeois pour les loisirs balnéaires naissants. On demandera aux élèves de proposer leur propre représentation d’une
scène de plage (dessin, peinture, collage…) qui témoignera d’une réalité contemporaine à l’instar des représentations
impressionnistes.
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Références artistiques contemporaines
David Hockney, Parasol de plage, 1971
Martin Parr, Bain de soleil, photographie, série de Last Ressort
Eric Fischl, Scenes From Late Paradise : The Parade, 2006
Renato Guttuso, La Spiaggia, 1955
Martial Raysse, Soudain l’été dernier, 1963
Cinéma
Autour d’une cabine, Émile Reynaud, 1894
http://www.cinematheque.fr/zooms/reynaud/index_fr.htm
À la fin du XIXe siècle, nombre d’inventeurs, scientifiques, artistes cherchent à reproduire le mouvement en images.
Émile Reynaud, professeur de physique et de sciences naturelles, réussit à maîtriser la technique de la projection
animée, grâce à son Théâtre optique construit pour l’Exposition universelle de 1889 et inauguré au musée Grévin en
octobre 1892. Un de ses premiers films d’animation met en scène une pratique « moderne », celle des bains de mer
sur la plage d’Étretat. Les élèves listeront dans le film les détails propres à l’époque et déjà relevés dans l’étude du
tableau Dame en blanc sur la plage de Trouville d’Eugène Boudin.
On proposera aux élèves le visionnage du film sur le site de la cinémathèque française ; la visite de l’exposition virtuelle
« Zoom sur… Émile Reynaud », sur ce même site, leur permettra de découvrir le théâtre optique d’Émile Reynaud et
les débuts du cinématographe.
Arts visuel
Littérature
Demander aux élèves de traduire plastiquement la description littéraire d’une plage (auparavant, on aura pris soin de
faire relever dans le texte proposé les passages descriptifs ; on amènera les élèves à comprendre en quoi la définition
du mot « impressionnisme » peut s’appliquer à cet extrait).
Faire rechercher dans les tableaux proposés (toiles de la fin du xixe siècle, voir ci-dessus) l’œuvre illustrant le mieux le
texte étudié (extrait de Pierre et Jean de Maupassant) :
Pierre se rendit sur la plage. De loin, elle avait l’air d’un long jardin de fleurs éclatantes. Sur la grande dune de sable jaune,
depuis la jetée jusqu’aux Roches-Noires, les ombrelles de toutes les couleurs, les chapeaux de toutes les formes, les
toilettes de toutes les nuances, par groupes devant les cabines, par lignes le long du flot et dispersés çà et là, ressemblaient
vraiment à des bouquets énormes dans une prairie démesurée. Et le bruit confus, proche et lointain des voix égrenées dans
l’air léger, les appels, les cris d’enfants qu’on baigne, les rires clairs des femmes faisaient une rumeur continue et douce,
mêlée à la brise insensible qu’on aspirait avec elle. Pierre marchait au milieu de ces gens, plus perdu, plus séparé d’eux,
plus isolé, plus noyé dans sa pensée torturante, que si on l’avait jeté à la mer du pont d’un navire, à cent lieues du large. Il les
frôlait, entendait, sans écouter, quelques phrases ; et il voyait, sans regarder, les hommes parler aux femmes et les femmes
sourire aux hommes. Mais tout à coup, comme il s’éveillait, il les aperçut distinctement ; et une haine surgit en lui contre eux,
car ils semblaient heureux et contents.
Maupassant, Pierre et Jean, 1888, extrait du chapitre V
Littérature
Pour s’imprégner de l’atmosphère de l’époque, on proposera aux élèves la rencontre avec des reproductions d’affiches,
des caricatures, des photographies d’époques et des textes :
– Émile Joseph Porphyre Pinchon et Caumery, Bécassine au bain de mer, Paris, Gautier-Languereau, tome XIX ;
– Jacques Gimard, Nos vacances à la mer, l’âge d’or des loisirs balnéaires, Paris, Le Pré aux clercs, 2006 ;
– Affiches touristiques de Dieppe et de sa région 1880-1970, Château musée de Dieppe, 2006 ;
– Ginette Poullet, Au vrai chic balnéaire, petits échos des plages normandes de 1806 à 1929, Condé-sur-Noireau,
Corlet, 2006.
Musique
La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre, Claude Debussy.
À la manière des impressionnistes, Claude Debussy (1862-1918) a « peint musicalement » la mer.
La Mer, trois esquisses symphoniques pour orchestre est une œuvre pour orchestre composée par Claude Debussy
entre 1903 et 1905. Elle a été créée pour la première fois le 15 octobre 1905 à Paris.
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Activité de recherche et d’écoute
La Mer est écrite pour deux flûtes, des timbales, un cor anglais, deux cornets, des cymbales, deux clarinettes, un
glockenspiel, trois bassons, deux harpes, quatre cors, trois trombones, un tuba, un tam-tam, trois trompettes, un
contrebasson, un piccolo, un triangle, deux hautbois, une grosse caisse et les cordes.
1) Faire classer ces différents instruments dans leurs familles respectives : bois, cuivres, percussions, cordes.
2) Faire nommer ce type d’orchestre.
Un orchestre baroque, une fanfare, un big band de jazz, un orchestre symphonique, un quatuor.
3) Écouter des extraits de cette œuvre, faire associer le titre du mouvement à son caractère.
1.De l’aube à midi sur la mer Allegro
2.Jeux de vagues Animé et tumultueux
3.Dialogue du vent et de la mer Très lent
Faire rechercher dans le titre le mot faisant également référence à la peinture. Attirer l’attention des élèves sur les
différents sens du mot.
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