océan indien - Département d`information et de communication

Transcription

océan indien - Département d`information et de communication
197
Plusieurs îles ou archipels du sud-ouest de l’océan Indien font partie de la Francophonie.
Les Comores, indépendantes depuis 1975, sont passées de république fédérale à Union ( 2001 ). Elles
furent protectorat ( 1886 ), puis territoire français d’outre-mer ( 1946 ). L’arabe et le français sont les
langues officielles. On y parle surtout le comorien ( d’origine arabe et bantoue ) et le swahili. Certains
parlent le kibushi ( d’origine malgache ).
Mayotte, île séparée des Comores par le référendum de 1974, est passée du statut de collectivité
territoriale française à celui de collectivité départementale française en juillet 2000. Le français y est
la langue officielle et on y retrouve les composantes linguistiques de l’archipel comorien.
Madagascar a proclamé son indépendance en 1960. Ancien protectorat français ( 1885 ), elle fut
annexée par la France comme colonie en 1896. Les langues officielles sont le malgache et le français.
D’origine malayo-polynésienne, le malgache, langue maternelle de la population, présente une grande
unité linguistique à travers le pays, malgré ses variantes dialectales.
Maurice, hôte du Ve Sommet de la Francophonie en 1993, est un pays indépendant depuis 1968,
après avoir été possession française ( 1715 ), puis anglaise ( 1810 ). L’anglais est la langue officielle de
l’Assemblée législative, du système judiciaire et de l’enseignement. Le français, très présent, tient un
rôle semi-officiel. Le créole est largement employé par la population. On y parle également les langues
indiennes ( hindi, bohjpouri, tamoul, ourdou, etc. ) et chinoises.
La Réunion, possession française depuis 1649, est un département français d’outre-mer depuis 1946.
Le créole est le moyen de communication naturel de la population. Des langues indiennes ou chinoises
( cantonais ) sont parlées par un certain nombre de familles.
Les Seychelles forment un État indépendant depuis 1976. Elles furent tour à tour possession française
( 1756 ) et anglaise ( 1811 ). Le créole, l’anglais et le français constituent le trilinguisme officiel, mais le
créole demeure la langue naturelle, tandis que l’anglais y est davantage parlé que le français.
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
OCÉAN INDIEN
198
OCÉAN INDIEN
COMORES
Politique : Mahmoud IBRAHIME
Docteur en histoire, Université Paris 7
[email protected]
Économie et culture : Abdou Nassim MOHAMED
Coordonnateur des Centres de lecture et
d’animation culturelle (CLAC) d’Anjouan
[email protected]
L’année 2008 a été marquée par l’intervention
de l’Armée nationale de développement (AND) à
Anjouan pour mettre fin à une rébellion en place
depuis juin 2007.
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
POLITIQUE
Confronté aux menaces des milices du candidat
Mohamed Bacar, le président de l’Union des Comores, Mohamed Sambi décide, début juin 2007,
d’annuler l’organisation des élections présidentielles prévue dans l’île d’Anjouan. Le colonel
Bacar, président sortant, les maintient, même
après le retrait des autres candidats. Il est désigné
élu avec 73 % des suffrages dès le premier tour et
il est investi le 14 juin 2007.
Le gouvernement demande l’aide de l’Union
africaine (UA) pour déloger le rebelle. Dans
une réunion au Cap le 19 juin 2007, l’UA décide
d’envoyer à Anjouan une délégation dirigée par
Dlamini Zuma, ministre sud-africaine des Affaires
étrangères. Elle arrive le 24 juin, s’entretient avec
M. Bacar et quitte l’archipel sans faire de commentaires, alors que M. Bacar explique qu’il a été
bien compris et qu’il n’y aura pas d’intervention
militaire. En effet, la délégation de l’UA est moins
ferme que lors de la réunion du 19 juin.
Le président Sambi, contraint par ses homologues africains, accepte de négocier avec M. Bacar.
Pourtant, pendant les discussions en Afrique du
Sud, ce dernier affirme qu’il n’y aura pas d’autres
élections à Anjouan. Le 13 août 2007, l’UA décide
de prolonger la mission militaire présente aux
Comores jusqu’à la fin de l’année et demande de
privilégier la diplomatie. Toutefois, le 10 octobre,
face à l’intransigeance des rebelles, le CSP gèle
pendant 45 jours leurs avoirs et ceux de leurs soutiens. De plus, ils ne peuvent sortir de l’île sous
peine d’être arrêtés et transférés à Moroni.
Mais, après les 45 jours, l’UA décide, fin novembre, de reconduire les mêmes mesures pour
60 jours supplémentaires. Le 21 janvier 2008,
le CSP accorde encore un délai de 30 jours à
M. Bacar.
Ces tergiversations gênent les dirigeants comoriens, d’autant que la répression contre les
opposants s’accentue à Anjouan. Lors de ses
vœux de l’Ide, le Président Sambi annonce qu’il
a demandé à l’armée de se préparer à aller libérer Anjouan. Dans le même temps, l’Afrique du
Sud adresse à M. Bacar une seconde invitation
pour des pourparlers intercomoriens. Puis, le
22 janvier, une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se rend à
Anjouan pour tenter d’obtenir de Mohamed Bacar
une issue pacifique à la crise, en vain.
Tandis que les militaires comoriens s’installent
à Mohéli, plus proche d’Anjouan, à partir du 7 février 2008, le CPS décide, le 19 février, d’accorder
encore un délai de deux mois à la rébellion. Mais
le jour suivant, la Tanzanie qui a pris la présidence
de l’UA se montre plus menaçante en apportant
son soutien à une intervention militaire de l’AND.
Dès lors, le soutien de l’UA se concrétise : des
soldats tanzaniens et soudanais arrivent à Moroni,
transportés par des avions militaires français. La
Libye apporte un soutien logistique.
Le 25 mars, l’armée comorienne appuyée par
des soldats soudanais et tanzaniens entre dans
Anjouan et dès le 26 mars s’empare du palais présidentiel. Mais M. Bacar et une vingtaine de soldats
réussissent à fuir à bord d’une vedette venue de
Mayotte où ils demandent l’asile politique.
Dès le lendemain, de nombreux jeunes se
regroupent devant l’Ambassade de France à Moroni, et des Anjouanais manifestent violemment
à Mayotte. Les autorités françaises doivent transférer d’urgence M. Bacar et ses compagnons vers
la Réunion. Les manifestations se poursuivent le
lendemain à Moroni avec des slogans hostiles à la
France et à son ambassadeur. Un drapeau tricolore
est brûlé. À Mayotte, les manifestants s’en prennent à tous les métropolitains rencontrés dans
les rues pendant plusieurs heures. La colère des
Comoriens est perceptible également à la Réunion
et en France métropolitaine où de nombreuses manifestations sont organisées à Paris, à Marseille
et Lyon par les associations pour dénoncer l’ingérence de la France dans les affaires comoriennes.
COMORES
ÉCONOMIE
La pauvreté des Comores s’affirme par le tissu faible d’une
économie souffrant de tous les maux (instabilité politique,
mauvaise gestion des ressources de l’État, endettement considérable, etc.).
Les promesses du président Sambi lors de la campagne électorale et plusieurs actions menées par les autorités des Comores
depuis juillet 2007 semblent prometteuses et si tout va bien les
Comores pourraient assister à un départ économique positif.
La conférence des donateurs des Comores tenue à Paris à
l’initiative de Nicolas Sarkozy s’est penchée sur le problème
de la dette des Comores, et la Banque africaine de développement (BAD) a décidé d’éponger 69 % de la dette des Comores,
qui s’élevait à 28 millions de
dollars.
Plusieurs participants ont
accepté d’appuyer les Comores
sur le paiement de sa dette, notamment la France, qui a pris en
charge le remboursement à la
BAD de 2 millions de dollars, soit
31 % de la dette contractée.
Le remboursement de ces
dettes permettra aux Comores
de se relancer économiquement
avec l’aide des pays amis.
La Libye vient d’accorder
1 894 m3 de bitume à l’État comorien, une cargaison livrée
à la fin de l’année 2007 et qui pourra goudronner 150 km de
route, à en croire les techniciens des travaux publics, un don
qui apportera une importante contribution au processus de
développement économique des Comores.
Le système instauré pour honorer les salaires qui absorbent
60 % des dépenses primaires ordonnées pour un total de près
de 13,5 milliards KMF a été abandonné, le programme Facilité
pour la Réduction de la Pauvreté et pour la croissance (FRPC)
tant rêvé s’éloigne. Au moins, le déblocage de la crise politique
susceptible de remettre les compteurs à zéro pourrait donner une
chance aux Comores de préserver une économie qui nécessite
toutes les formes de protection. En 2006, la détérioration de la
balance commerciale, une hausse des importations et une baisse
de la valeur des exportations ont entraîné un déficit commercial
de 41,3 milliards KMF, d’où un mauvais résultat pour l’année
2007 selon les services douaniers.
En février 2008, un accord-cadre de coopération pour renforcer les investissements koweïtiens aux Comores a été signé entre
les autorités comoriennes et le Dr Cheikh Mohammad Sabah Al
Salem Al Sabah, ministre des Affaires étrangères de Koweït. Un
accord qui vise plusieurs domaines stimulateurs de l’économie,
dont le tourisme qui reste un secteur clé.
Dans la foulée, la Banque islamique de développement vient
d’envoyer une mission d’évaluation des projets à Moroni en vue
d’orienter les Comores vers une économie stable en appuyant
des secteurs promoteurs.
COMORES
GÉOGRAPHIE
t -BSDIJQFMEFT$PNPSFTFTUDPNQPT±EFRVBUSF¬MFTQSJODJQBMFT
/HB[JEKB(SBOEF$PNPSF
.BPSF
.BZPUUF
/E[VBOJ"OKPVBO
FU
.XBMJ.PI±MJ
t %BOTMB(SBOEF$PNPSFMF,BSUIBMB
WPMDBOFODPSFFOBDUJWJU±QPTT²EFMF
QMVTHSBOEDSBU²SFEVNPOEF
HISTOIRE
t 1SPUFDUPSBUGSBO³BJTTVSUSPJT
¬MFT
t -FTRVBUSF¬MFTEFWJFOOFOUVOF
TFVMFDPMPOJFGSBO³BJTF
t %±QVU±BVQBSMFNFOUGSBO³BJT
UFSSJUPJSFE0VUSFNFS
t "VUPOPNJFJOUFSOFQPVSMBSDIJQFM
t "DDPSETEVKVJOQS±WPZBOU
MJOE±QFOEBODFEFTRVBUSF¬MFT
t *OE±QFOEBODFVOJMBU±SBMF
KVJM
$PVQEÎUBUBP U
"INFE
"CEBMMBIFTUDIBTT±EVQPVWPJS
%±CVUEFMB3±WPMVUJPONFO±FQBS
"MJ4PJMJIJ"ENJTTJPOEFT$PNPSFT
RVBUSF¬MFT
¹M0/6OPW
t $PVQEÎUBUEJSJH±QBSMFNFSDFOBJSFGSBO³BJT#PC%FOBSE3FUPVS
E"CEBMMBIBTTBTTJOBUEVQS±TJEFOU
"MJ4PJMJIJNBJ
t "TTBTTJOBUEVQS±TJEFOU"INFE
"CEBMMBIMPSTEVOFEJTDVTTJPOBWFD
#PC%FOBSE
t ÎMFDUJPOEVQS±TJEFOU4BJE
.PIBNFE%KPIBSFUJOTUBVSBUJPOEF
MBE±NPDSBUJF
t %KPIBSSFOWFST±QBS#PC%FOBSE
FUFYJM±EFGPSDF¹-B3±VOJPO
t %KPIBSFTUBVUPSJT±¹SFOUSFS
BVY$PNPSFTÎMFDUJPOEVQS±TJEFOU
.PIBNFE5BLJ
t %±CVUEFT±W±OFNFOUTT±QBSBUJTUFTEBOTM¬MFE"OKPVBO
t %±D²TEVQS±TJEFOU5BLJ5BEKJEEJOF#FO.TTPVOEEFWJFOUQS±TJEFOU
QBSJOU±SJN
t $PVQEÎUBUEVDPMPOFM"TTPVNBOJ4VTQFOTJPOEFMB$POTUJUVUJPO
t /PVWFMMF$POTUJUVUJPODS±BOU
M6OJPOEFT$PNPSFTOPVWFBVESBQFBV
t $POTUJUVUJPOTEBOTDIBDVOFEFT
USPJT¬MFTFU±MFDUJPOEVQS±TJEFOU
"TTPVNBOJ
t 1SFNJ²SFT±MFDUJPOTM±HJTMBUJWFTEFM6OJPOEFT$PNPSFTBWSJM
4BJE%IPJmS#PVOPV±MVQS±TJEFOUEF
M"TTFNCM±FG±E±SBMF
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
Mohamed Bacar et la plupart de ses compagnons n’ont pas
obtenu d’asile politique en France, mais la justice a interdit qu’ils
soient extradés aux Comores. Ils demeurent donc à la Réunion
en attendant qu’on leur trouve un pays pour les accueillir.
À Anjouan, un nouveau chef de l’exécutif a été élu, un proche
du Président de l’Union.
199
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
200
OCÉAN INDIEN
L’incendie du bateau « Taurus » a porté un coup
dur à l’économie des Comores, un accident qui
a fait brûler 60 000 litres de gazole destinés à
l’île de Mohéli.
La Banque de développement des Comores
(BDC) vient de se doter de nouvelles techniques
de fonctionnement et dispose de son propre logo
et compte proposer à sa clientèle une nouvelle
gamme de services. À cet effet, l’Agence française de développement (AFD) a octroyé une ligne
de financement à la BDC : deux conventions de
1 million et 1,2 million d’euros ont été signées
pour appuyer la Banque en vue de promouvoir des
opérateurs économiques.
Le président Sambi se déclare soucieux de voir
les Comores se développer dans une économie
stable et moins dépendante. Dans la soirée du
20 avril 2008 à Mutsamudu, il a déclaré avoir
entrepris ses premières démarches pour obtenir
le financement du projet de raccordement au barrage hydro-électrique mozambicain. Le coût de
l’énergie reste très cher dans le pays avec près
de 124 KMF le kWh, le projet pourrait sortir le
pays d’une crise énergétique et contribuer à une
croissance économique après réduction du coût
du kilowattheure.
« La morphologie même de notre système économique appuyée par les transferts financiers de
la diaspora et notre appartenance à la zone Euro,
devait être remise en cause, pour porter notre
attention sur une production vivrière capable de
satisfaire les besoins locaux, et plus tard à devenir
une production à vocation exportatrice », a déclaré un économiste du ministère de l’Économie.
La crise alimentaire mondiale n’a pas épargné
les Comores. Avec, comme céréale principale le riz,
les Comores font face à un prix du kilogramme de
riz qui a presque doublé. En réalité, aucune mesure officielle n’aurait été engagée par l’État pour
affronter cette crise dans un pays où l’on consomme à plus de 70 % des produits importés.
Ce qui est notoire, plusieurs produits ont connu
une hausse significative des prix et les syndicats des
travailleurs ont commencé à crier, car les salaires
aussi maigres soient-ils sont restés les mêmes.
Un programme pour la réduction de la pauvreté
et l’amélioration de la sécurité alimentaire signé
depuis juillet 2007 se porte bien dans le pays. Son
coût global de 2 826,1 millions de KMF financé à
hauteur de 64,9 % par le FIDA, 17 % par le FEM,
4,8 % par le gouvernement, 14,5 % par la diaspora/bénéficiaires et 2 % par les MECK est une
bouffée d’oxygène dans la première mission du
programme consistant à promouvoir le développement durable humain en association avec les
ONG nationales.
La société d’État Comores Telecom se porte à
merveille selon son directeur général, Mr Charikane Bouchrane, qui affirme que chaque mois il verse
95 millions KMF à l’État pour appuyer l’économie,
un versement revu en hausse depuis février 2008,
car il passe à 200 millions KMF. Selon lui, en 2007
Comores Telecom a réalisé un chiffre d’affaires de
14 milliards KMF et estime une hausse significative à 16 milliards KMF en 2008.
En matière de transport, selon les autorités comoriennes, le manque d’une compagnie nationale
aérienne handicape le développement économique d’un pays en quête d’une économie stable.
En effet, un projet de création d’une compagnie
nationale de transports aériens pourrait se concrétiser après la signature d’un mémorandum avec
des promoteurs arabes intéressés par un marché
des transports non exploité aux Comores.
La partie comorienne est tenue d’apporter 2
millions de dollars et les promoteurs arabes apporteront leur professionnalisme et l’expertise
nécessaire en injectant 5 à 7 millions de dollars
en vue de concrétiser ce projet qui tient à cœur
au chef de l’État.
Inaugurée officiellement en juin 2008 après des
mois de fonctionnement, Exim Bank a ouvert ses
horizons à Moroni et c’est elle qui a consenti le
financement en totalité de la prochaine cargaison
de riz courant attendue aux Comores au début de
juillet 2008.
Les pressions inflationnistes risquent de desservir toute l’économie. Une commission nationale
chargée des mécanismes d’approvisionnement
et de contrôle des prix au niveau national est nécessaire pour sécuriser les stocks des produits
de première nécessité et stopper les tendances
inflationnistes en déclenchant des alertes au niveau du territoire national.
En rappel, selon le ministère des Finances et de
l’Économie de l’Union des Comores, la présence
des banques off shore à Anjouan pendant la crise
politique durant presque une année a été un coup
dur pour l’économie des Comores, car Anjouan
échappait au contrôle de l’État. Cela bien sûr a
contaminé les autres îles informellement.
De plus, les produits locaux exportés en masse
ont connu au cours de ces trois dernières années
des difficultés record, ce qui décourage les producteurs.
La vanille et le girofle sont vendus à des prix dérisoires, car la vanille ne dépasse pas les 2 euros et
le girofle aussi, des produits qui valaient respectivement 50 euros et 7 euros le kilogramme.
D’une manière générale et à en croire les autorités comoriennes après un constat positif, depuis
juillet 2007 les Comores se sont engagées dans
des projets qui visent une croissance de l’économie et tout reste à vérifier dans les années à
venir après rétablissement de l’ordre à Anjouan
depuis mars 2008.
CULTURE
La culture comorienne souffre de tous les maux
bien qu’elle soit riche du caractère insulaire du
pays où les célébrations des mariages diffèrent,
l’organisation de la société n’est pas la même entre Anjouanais et grand Comorien pour ne citer
que cela. En tout cas, tous les Comoriens sont liés
et unis sur le principe d’une culture musulmane
tolérante où chacun partage les mêmes sentiments
avec l’autre.
Les Comores sont dépourvues de vraies infrastructures culturelles et plusieurs actions et
projets ne se concrétisent pas à cause de plusieurs
difficultés.
Comme chaque année depuis quatre ans se tient
à Moroni, pendant le mois de juillet, le concours
du meilleur jeune artiste au cours duquel un prix
est décerné au lauréat. En juillet 2007, le jeune
« petit Hadad » un chanteur de zouk love a été
honoré, car c’est lui qui a récolté le plus de voix
après avoir été choisi par ses fans.
En décembre, dans la ville de Domoni a eu lieu
le festival interculturel d’Anjouan où plusieurs
festivités ont été organisées pour l’occasion et
Domoni a eu le privilège d’accueillir l’ensemble
des Anjouanais pendant environ une semaine.
Avant le festival de Domoni Anjouan, Médina
Festival a vu la participation des groupes musicaux venus des horizons de l’océan Indien et de
France. Médina Festival est un événement culturel
annuel qui se déroule à Mutsamudu et Ouani. Il
a pour vocation d’honorer les talents musicaux
traditionnels et modernes de la région par des
grands concerts « live ».
En mars 2008, dans une situation sociopolitique confuse, la célébration de la Journée
internationale de la francophonie n’a pas eu
d’impact comme dans les années précédentes,
même si dans les CLAC des Comores l’événement
n’échappe toujours pas aux usagers de ces centres
culturels. À Ngazidja et Mohéli comme à Anjouan
dans les CLAC de Mrémani, Domoni, Tsembehou,
Ouani, Sima et à la Maison de la Culture et du Développement (MCD) de Moya, des activités ont été
organisées pour marquer cette journée importante
en affirmant l’appartenance des Comores à la famille francophone internationale dans la solidarité
et la diversité culturelle et linguistique.
En avril 2008, la Journée internationale du livre
a été célébrée en pompe dans tous les CLAC. Néanmoins, le CLAC d’Iconi à Ngazidja a été retenu pour
la cérémonie nationale, sous le haut patronage
du Commissariat national à la jeunesse. Au cours
de cette cérémonie, un hommage solennel a été
rendu au chantre de la négritude Aimé Césaire
et un poème écrit en son honneur par Aboubacar
Saïd Salim, un écrivain comorien, a été lu par un
jeune abonné du CLAC d’Iconi.
Quant à Mme Wahidat Hassani, responsable nationale du programme CLAC et directrice nationale
de la culture, elle a remis aux représentants de
tous les CLAC des Comores un lot de cinquante
cartons de livres d’une valeur de 30 000 euros
octroyés par l’OIF et destinés à renforcer le fonds
documentaire des centres de lecture et d’animations culturelles (CLAC) des îles de la lune.
Mme Boyer, conseillère à la coopération et à la
culture à l’ambassade de France à Moroni, avait
honoré de sa présence la cérémonie en remettant
au CLAC d’Iconi un lot d’une vingtaine de livres.
Dans le même mois, les 23 et 24 avril 2008,
le Commissariat national à la jeunesse, en partenariat avec l’UNESCO, a organisé un atelier au
Palais du peuple de Moroni pour la validation de la
politique culturelle des Comores. Tous les acteurs
de la culture nationale des Comores ont participé
à cet atelier où toutes les îles Ndzouani, Mohéli et
Ngazidja étaient présentes.
Au cours de l’atelier, une exposition du patrimoine culturel et touristique des Comores était à
l’honneur dans la salle des conférences de l’Assemblée nationale.
À la fin de l’atelier, un document a été remis
aux autorités comoriennes et pour la première
fois les Comores se dotent d’un document-projet
de politique nationale de la culture. Les participants et le gouvernement comorien représenté
par le commissariat à la jeunesse et l’UNESCO ont
montré leur satisfaction par rapport à l’initiative
et le déroulement de l’atelier considéré positif et
très fructueux.
En juin 2008, une mission de l’UNESCO a
sillonné les Comores en vue d’inventorier le
patrimoine comorien au niveau des trois îles. À
Anjouan comme dans les autres îles, c’est la jeune
chambre internationale locale qui a accompagné
la mission dans ses travaux au cours desquels une
conférence a été donnée pour l’occasion, suivie
d’un séminaire sur le patrimoine des Comores.
Les Comores comptent développer un maillon
d’une politique culturelle nationale fiable en vue
d’affirmer l’identité comorienne, en préservant
les mœurs et les coutumes. Ce pays a des valeurs
culturelles diversifiées, fondées sur la nature de
son peuplement et de ses courants migratoires,
ainsi que sur la position géographique des îles
Ngazidja, Ndzouani et Mohéli. |
201
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
COMORES
202
OCÉAN INDIEN
MADAGASCAR
Marie Jeanne RAZANAMANANA
Enseignant-chercheur, Maître de Conférences,
Responsable de l’UFR en journalisme,
nouvellement dénommée COME (Communication
médiatique),DIFP/FLSH, Université
d’Antananarivo
[email protected]
Lovasoa RABARY-RAKOTONDRAVONY
Enseignant vacataire, COME (Communication
médiatique), DIFP/FLSH, Université
d’Antananarivo, Journaliste du groupe l’Express
de Madagascar
[email protected]
Mamelasoa RAMIARINARIVO
Enseignant vacataire, COME (Communication
médiatique), DIFP/FLSH, Université
d’Antananarivo, Journaliste du groupe l’Express
de Madagascar
[email protected]
POLITIQUE
nationale que par un seul élu, tandis que le reste
est composé des députés indépendants, dont une
partie est encore d’obédience TIM.
Après les élections législatives, le pouvoir organise entre décembre 2007 et avril 2008 une série
de scrutins en vue d’élire les maires, les conseillers
communaux et régionaux ainsi que les sénateurs.
Ces consultations populaires permettent au chef
de l’État de jouir d’une large majorité à tous les
postes électifs du pays. Parallèlement, le président
Ravalomanana est parvenu à se débarrasser des
membres du TIM qui commencent à remettre en
cause la pratique unilatéraliste du chef de l’État.
Dans cette série de victoires, la défaite du parti présidentiel à Antananarivo, la capitale, lors
des élections municipales de décembre 2007,
sonne comme un avertissement. Le candidat du
TIM, Hery Rafalimanana, a été battu par Andry
Rajoelina, un candidat indépendant, opérateur
économique de 33 ans. Or, Antananarivo, le plus
gros pourvoyeur de suffrages, avait toujours été
le fief du chef de l’État.
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
Un chef d’État au pouvoir renforcé et sans
opposition réelle
Après sa réélection à la tête de l’État en décembre 2006, Marc Ravalomanana arrive à stabiliser
le paysage politique du pays. La perte de la capitale, son fief depuis 2002, lors des élections
municipales du 12 décembre 2007, n’apportera
pas de grandes modifications à l’échiquier politique malgache.
Le président de la République profite de l’état
de grâce créé par sa réélection à la magistrature
suprême pour redistribuer les cartes politiques
afin de mieux asseoir son pouvoir. C’est ainsi
qu’en avril 2007, il convoque un référendum pour
réviser la Constitution. Le toilettage de la Loi fondamentale renforce le pouvoir du chef de l’État,
au détriment du Parlement. Avec la Constitution
révisée, le chef de l’État a, entre autres, la possibilité de légiférer par voie d’ordonnance en cas
« d’urgence » ou de « catastrophes naturelles »,
sans se reporter à l’avis des deux Chambres. Par
contre, la marge de manœuvre des députés et des
sénateurs a été réduite à cause de la limitation du
calendrier des sessions et la réglementation très
stricte de l’immunité parlementaire.
Dans la même lignée, le président Ravalomanana a dissout l’Assemblée nationale, pourtant
dominée par le Tiako i Madagasikara (TIM), le
parti qu’il a fondé, et a convoqué une élection
anticipée en septembre 2007. À l’issue du scrutin,
le parti présidentiel arrive à renforcer sa majorité, passant d’une centaine de députés sur les
160 que comptait l’ancienne législature à 105 sur
les 127 nouveaux membres de la Chambre basse.
L’opposition n’est plus représentée à l’Assemblée
Les provinces malgaches où se situent les six universités de la
Grande île.
Malgré ce revers du régime dans la capitale,
l’opposition, quasi inexistante, n’a pas réussi à se
frayer un chemin. Minés par des luttes intestines,
les opposants, qui n’arrivent pas à faire un bloc,
se contentent de critiquer le gouvernement par àcoups et sans réelle portée. C’est le cas du Comité
pour la réconciliation nationale (CRN) de l’ancien
président Albert Zafy et de la Plate-forme de l’opposition, regroupant une dizaine de formations
politiques. Le manque cruel de financement, faute
de loi sur les partis politiques, ne leur permet pas
non plus de s’organiser sur le terrain.
Seuls les anciens parlementaires du TIM, regroupés au sein du Comité pour la redynamisation
MADAGASC AR
ÉCONOMIE
Madagascar confronté aux crises mondiales
Au plan économique, comme les autres pays du monde, la Grande île
subit également de plein fouet les impacts de la crise pétrolière. Elle
doit aussi se prémunir contre la crise. Le taux d’inflation est estimé
à 10 % en un an, selon la Loi des finances rectificatives 2008.
La hausse des prix à la pompe est en moyenne de 35 % en une année. La dernière augmentation a lieu en juin 2008, avec 200 ariary
par litre pour le gasoil. Une situation qui grève toute la vie économique du pays. La société Jirama a, par exemple, décidé de rehausser
de 30 % les factures d’eau et d’électricité d’ici la fin de l’année 2008
pour supporter la flambée du cours mondial de pétrole et rentabiliser
ses énormes investissements. Une nouvelle centrale thermique
de 40 MW est installée à Mandroseza pour pallier l’insuffisance
de fourniture d’électricité à Antananarivo, toujours en proie aux
séances de délestage.
Les regroupements du patronat, dont le Syndicat des industriels
de Madagascar (SIM) et le Groupement des entrepreneurs de Madagascar (GEM), tirent la sonnette d’alarme. La productivité et la
compétitivité sont touchées de plein fouet. Une grève des factures
est évitée de justesse de la part des industriels avant que la Jirama,
le ministère des Mines et le patronat regagnent la table des négociations. Au menu : l’augmentation des puissances souscrites proposées
aux opérateurs économiques. Mais jusque-là, aucune solution n’a
été trouvée, car la Jirama est toujours incapable de satisfaire les
demandes d’approvisionnement des professionnels en énergie.
Depuis décembre 2007, Madagascar adhère pleinement aux zones
de libre-échange en vigueur dans la Communauté de développement
de l’Afrique australe (SADC). Le pays est aussi, à la fois, membre du
marché commun de l’Afrique de l’Est et du Sud (COMESA) et de la Commission de l’Océan Indien (COI), mais sa balance commerciale reste
partout déficitaire, de l’ordre de moins 350 milliards d’ariary (environ
140 millions d’€), par exemple, pour les échanges intra-SADC. INDICATEURS : Des ambitions revues à la baisse
La hausse des recettes, l’importance des dégâts cycloniques
et l’envolée du prix du pétrole justifient la rectification du
budget de l’État, d’après la Loi des finances rectificative votée
au parlement en juin 2008. Les prévisions macroéconomiques
pour cette année sont revues à la baisse : l’inflation sera plus
importante que prévue, soit 10 % contre 7 % en glissement
annuel. Le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB)
est aussi révisé à la baisse, soit 7 % contre un objectif de
7,3 %. Le budget de l’État s’équilibre dès lors à Ar 5 456,8
milliards pour 2008, soit une diminution de Ar 187,8 milliards
par rapport à la Loi de finances initiale adoptée en novembre
2007, dont l’équilibre général était à Ar 5 644,6 milliards. Par
ailleurs, l’État consacre 40 milliards d’ariary pour subventionner les secteurs prioritaires comme le riz, le pétrole lampant
et le transport, pour contrer une éventuelle crise alimentaire.
Enfin, le coût du MAP est connu : dix milliards de dollars, dont
la moitié reste à trouver.
MADAGASCAR
GÉOGRAPHIE
t -BQMVTHSBOEF¬MFEFMPD±BO
*OEJFOBVTVEFTUEFM"GSJRVF
t $MJNBUWBSJ±UFNQ±S±QBSMBMUJUVEFBVDFOUSFUSPQJDBMFU
IVNJEF¹MFTUTFNJE±TFSUJRVFBVTVE
HISTOIRE
t "VE±CVUEFOPUSF²SFWBHVFT
EFNJHSBUJPOE*OEPO±TJFFU
E"GSJRVFPSJFOUBMF
t 9**F97**FT"SSJW±FEFT"SBCFT
EFT&VSPQ±FOTFUEFT"GSJDBJOT
t 9 7**FE±CVU97***FT-FQBZTFTU
NBSRV±QBSMBNVMUJQMJDJU±EFT
QFUJUTSPZBVNFT
t E±CVU9*9FT'PSNBUJPOEV
SPZBVNFEF.BEBHBTDBSBVUPVS
EFTTPVWFSBJOTE"OUBOBOBSJWP
t "OOFYJPOEFM¬MFQBSMB
'SBODF
t *OTVSSFDUJPO-VUUFQPVS
MJOE±QFOEBODF
t $S±BUJPOEFMB3±QVCMJRVF
NBMHBDIFJOE±QFOEBOUFMF
KVJO1IJMJCFSU5TJSBOBOB
QS±TJEFOU
t .PVWFNFOUQPQVMBJSF1S±TJEFODFEF3BNBOBOUTPB
t G±W
3BUTJNBOESBWBFTU
OPNN±QSFNJFSNJOJTUSFFUBVTTJU¦UBTTBTTJO±
t /PNCSFVYBGGSPOUFNFOUT7JPMFOUFS±QSFTTJPO¹
"OUBOBOBSJWP
t BP U
4VQQSFTTJPOQBS
S±G±SFOEVNEFMB$POTUJUVUJPO
EF
t "MCFSU;BGZ±MVQS±TJEFOU
EFMBS±QVCMJRVFDPOUSF3BUTJSBLB
t E±D
"QS²TVOFQ±SJPEF
EFUSPVCMFT3BUTJSBLBFTUS±±MV
t 3±WJTJPOEFMB$POTUJUVUJPOBEPQUJPOEVQSJODJQFEFT
1SPWJODFTBVUPOPNFT
t $SJTFQPTU±MFDUPSBMF
t .BSD3BWBMPNBOBOBFTU
QSPDMBN±QS±TJEFOUFU+BDRVFT
4ZMMBOPNN±QSFNJFSNJOJTUSF
t ÎMFDUJPOTQS±TJEFOUJFMMFTBWFDDBOEJEBUTEPOUVOF
GFNNF
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
du TIM (CRTIM), sont arrivés à secouer le régime. Mais le mouvement
a été vite étouffé dans l’œuf par l’éviction de ses membres au sein de
la direction du parti. L’une des têtes pensantes du mouvement, l’ancien sénateur Joseph Yoland, dit Mômy, a également dû abandonner
le projet afin de mieux se défendre dans une affaire judiciaire qui
remonte en 2004 et qui est remise sur le tapis trois ans plus tard.
203
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
204
OCÉAN INDIEN
Transformer la crise alimentaire mondiale
en opportunités Néanmoins, la Grande île pense tirer profit de
ces marchés qui réunissent près d’un milliard de
consommateurs. Une Révolution verte est lancée
officiellement afin de doubler la production agricole
d’ici 2012 et la tripler d’ici 2015, comme l’indique
le Madagascar Action Plan (MAP). Les objectifs
résident en l’assurance de la sécurité alimentaire
pour la population et l’exportation des surplus
de production. En un an, plusieurs programmes
soutenus par les bailleurs de fonds sont mis en
branle pour relancer l’agriculture afin d’arriver à
professionnaliser les agriculteurs malgaches, qui
constituent 80 % de la population, et transformer
la crise alimentaire mondiale en opportunité.
Les principaux adversaires de cette révolution
sont les cyclones. Cette année encore, ils ont frappé fort. Plus de 75 % des rizières sont inondées
dans certaines régions de production comme dans
l’Alaotra-Mangoro après les passages d’« Indlala »,
« Fame » et de « Yvan ». Les infrastructures touristiques sont aussi touchées. Et pourtant, 2007
a été la meilleure saison qu’a connue le secteur
grâce à l’accueil par Madagascar des Jeux des îles
de l’Océan indien en juillet et août 2007. Près de
345 000 visiteurs sont enregistrés officiellement,
soit 30 % de plus qu’en 2006. Une page se tourne également avec le départ de l’emblématique
chaîne Hilton international qui fait place à Carlton
Madagascar. La grande île se dote en outre de son
second hôtel à cinq étoiles construit actuellement
par les Chinois à Ivato. Coût : USD 50 millions,
un prêt d’une banque chinoise. À ce propos, la
création d’une banque de développement, la
Banque malgache pour la construction et le développement (BMCD), est lancée avec l’appui de
la coopération allemande.
La présence chinoise se confirme également.
La cimenterie Madagascar long cimentery à Ambohimanambola (MALOCI) sort son premier sac
de ciment. La Mainland mining international, filiale de Chinalco présente dans Rio Tinto explore
l’ilménite dans la région Anosy. Le tourisme, les
mines, le pétrole, le commerce et la construction,
sont maintenant les domaines de prédilection des
investisseurs de l’Empire céleste à Madagascar.
C’est une entreprise chinoise, l’AFFEC, qui assure
notamment la construction des villas présidentielles, du centre de conférences et de l’hôtel cinq
étoiles destinés à accueillir le Sommet des chefs
d’État africains en juillet 2009.
Côté grands investissements, les projets d’extractions minières se confirment, dont celui de
Sherritt à Ambatovy-Moramanga (Nickel et Cobalt)
et de Qit Madagascar minerals (QMM), filiale du
géant canadien Rio Tinto (Ilménite), à Tolagnaro.
L’uranium, le charbon, la bauxite, les pierres
précieuses, notamment suscitent l’engouement
des opérateurs étrangers, chinois et australiens
essentiellement. Les explorations pétrolières
continuent également. Madagascar Oil sort en
janvier 2008 le premier baril de la réserve de grès
bitumeux de Tsimiroro dans le sud-ouest de l’île.
Exxon Mobil, lui, s’active dans la partie nord pour
des explorations en mer. Autant de recherches qui
suscitent l’espoir de tout un peuple face au baril de
pétrole qui culmine en ce moment à USD 145. En
tout, une douzaine de compagnies étrangères sont
présentes dans les gisements malgaches. Mais le
début des exploitations n’est prévu au plus tôt
qu’en 2010, selon les prévisions de l’Office des
mines nationales et des industries stratégiques
(OMNIS). Pour l’heure, les redevances perçues par
l’État pour un grand projet comme celui de QMM
sont en moyenne de USD 1,5 millions.
CULTURE
La culture est désormais imposable
Les métiers culturels sont désormais soumis aux
impôts dans la Grande île. Les artistes demandent
une contrepartie pour que ces professions fassent
réellement vivre ceux et celles qui les exercent. En
face, les arts alternatifs gagnent du terrain.
L’engouement des jeunes malgaches pour les arts se maintient :
les salles de danse, les centres culturels et les Alliances françaises
ne désemplissent pas.
Les années 2007 et 2008 sont sans conteste
celles du groupe Mahaleo, le porte-drapeau de la
musique populaire malgache. Quarante-cinq ans
après les Surfs, une autre formation se produit à
la mythique salle de l’Olympia, à Paris. Plébiscité
par les médias internationaux dont Radio France
internationale (RFI), TV5, la BBC, Dama, Nônô,
Dadah, Bekoto, Raoul, Fafah et Charles ont eu leur
quart d’heure de gloire dans le « show-business »
mondial. La tournée de célébration du 35e anniversaire de Mahaleo les a amenés jusqu’au Canada et
aux Etats-Unis, en passant par toute l’Europe.
Au pays, c’est la panique chez les artistes. L’État
décide de leur faire payer des impôts issus de leurs
revenus professionnels, au motif que certaines vedettes de la chanson touchent par exemple chaque
année plusieurs centaines de millions d’ariary.
Malgré les premières réticences, la mesure semble
acceptée progressivement, « à condition que l’État
nous montre réellement la contrepartie », déclare
MADAGASC AR
Samoela, chanteur très populaire à Madagascar.
En tout cas, les artistes réclament un statut particulier, l’équivalent de celui des intermittents
du spectacle en France, pour que le métier fasse
réellement vivre son homme. Jusqu’à maintenant,
être peintre, sculpteur ou comédien n’est pas
une profession dans le pays. D’autant plus que le
phénomène de piratage d’œuvres artistiques est
loin de s’estomper, causant d’énormes préjudices
financiers à l’artiste et à son producteur.
« Risque de troubles publics »
Ce n’est pas le cas de certains domaines comme la
danse contemporaine où Madagascar a désormais
sa place sur la scène internationale. Plusieurs
chorégraphes dont Ariry Andriamarotsiresy, ont
sillonné l’Europe et l’Afrique pour représenter la
Grande île dans des biennales et autres festivals.
Haja Saranouffi, le frère de Gaby, la chorégraphe
nationale, et la Tahala Company ont notamment
représenté la danse contemporaine malgache
au festival « Danse l’Afrique », à Tunis, en mai
2008. Les chanteurs étrangers ne manquent pas
non plus de faire un arrêt dans le pays pendant
leur tournée dans l’Océan indien. Madagascar a
eu ainsi le plaisir d’accueillir la rappeuse Diams,
mais aussi Yannick Noah, champion de tennis
reconverti en chanteur à succès.
Un autre chanteur Rasta, également à succès,
populaire, fait en même temps couler beaucoup
d’encre. Rossy, soutien du régime précédent, établi
en France depuis 2002, annonce en avril 2008, son
grand retour pour une tournée dans toute l’île. Il
était déjà en repérage à la fin de l’année sans pour
autant soulever tant de bruit. Le ministère de la
Culture décide d’interdire la tournée pour « risque
205
de troubles publics et à cause de la période électorale », expliquait Patrick Ramiaramanana. Il a été
depuis expulsé du gouvernement et le département
laissé sans patron pendant plusieurs mois jusqu’à la
nomination de Jean Louis Robinson, ancien ministre
de la Santé et nouveau ministre des Sports, de la
Culture et des Loisirs. Finalement, les concerts de
Rossy peuvent avoir lieu et mieux, l’artiste établit
un record en réunissant près de 50 000 personnes
à Antsonjombre en juin 2008.
Ces derniers mois sont aussi marqués par l’engouement des jeunes malgaches, du moins ceux
des grandes villes, pour les arts alternatifs. La
vidéo amateur gagne ainsi du terrain avec plusieurs concours de films de court métrage comme
celui organisé en avril 2008 par le Centre culturel
Albert Camus (Centre culturel français). L’animation 3D, les documentaires, la photographie, le
multimédia, sont autant de domaines qui attirent
petit à petit la jeunesse locale. Les salles de danse
ne désemplissent pas non plus, tout comme les
centres culturels et les Alliances françaises qui
organisent des séances de slam, ces poésies « rappées », très à la mode de par le monde.
En sport, le bilan a été plus que satisfaisant à
l’issue des Jeux des îles de l’Océan indien (JIOI) qui
ont réuni les Comores, Seychelles, La Réunion et
Maurice. Les Maldives ont déclaré forfait au dernier
moment. Madagascar, hôte des Jeux, est sortie première des classements. Puis tous les yeux se sont
tournés vers Pékin pour les Jeux olympiques. Le
président avait promis à tous les médaillés d’or des
JIOI de les y emmener pour « voir ». Les chances
de médailles pour la Grande île, avec trois athlètes
seulement (Berlioz Andriamihaja et Nirina Ramilijaona, en athlétisme, et Solofoniaina en boxe), n’en
ont pas pour autant été transformées. |
Anouchka SOORIAMOORTHY
Enseignante de philosophie au Lycée Georges
Pompidou de Dubaï
[email protected]
Transition et questionnement sont les deux termes qui qualifieraient probablement le mieux la
situation mauricienne. La transition s’applique
au domaine économique, à un moment où l’île
doit réformer son système agricole. Le questionnement est d’ordre social, voire sociologique :
l’année 2008 a célébré l’anniversaire des quarante ans de l’indépendance du pays, mais quatre
décennies après la création d’un passeport mauricien, de nombreux citoyens se posent toujours la
question de leur identité au pays arc-en-ciel.
POLITIQUE
Navin Ramgoolam, dirigeant du Parti Travailliste
Mauricien (PTR) occupe les fonctions de premier
ministre depuis le 5 juillet 2005. L’un des projets cruciaux de ce gouvernement concerne la
réforme de l’activité sucrière. Ce vaste projet de
restructuration a déjà débuté avec la fermeture
de plusieurs usines de l’île. Avec la baisse du
prix du sucre, il faut réduire les coûts de production et diversifier l’usage de la terre. Une
initiative intéressante est à noter : les résidus
des tiges de cannes à sucre, la bagasse, sont
utilisés dans les centrales thermiques pour produire de l’énergie. D’anciens terrains de cannes
à sucre sont reconvertis en complexes touristiques intégrés (Integrated Resort Schemes – IRS).
Ces complexes touristiques visent des acheteurs
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
MAURICE
206
OCÉAN INDIEN
t "QS²TMBFHVFSSFNPOEJBMFTVDDFTTJPOEFDPOTUJUVUJPOTMJC±SBMFTDPOEVJTBOU¹MBTFNJBVUPOPNJFEF
M¬MFFO
bué à la croissance. D’autres secteurs indiquent
des chiffres en hausse : le bâtiment, le textile (une
hausse significative de 7,2 % pour ce secteur qui
est depuis quelques années en difficulté) et l’industrie alimentaire. Le système financier, par son
ouverture et sa compétitivité, représente un autre
atout considérable. Enfin, depuis juin 2007, le
gouvernement a mis en place des mesures afin
d’augmenter la production du secteur de la pêche
et de faire du pays une plateforme incontournable
dans ce domaine.
Mais d’autres données viennent ternir ce
tableau : l’inflation, principalement due à l’augmentation du prix des matières premières et des
produits pétroliers, a augmenté de 10,7 %. Le chômage a atteint le chiffre de 9,6 %. Les Mauriciens
dans l’ensemble ne semblent guère ressentir les
retombées des chiffres positifs évoqués plus haut.
En effet, lors d’une enquête Sofres réalisée du 29
janvier au 7 février 2008 pour le compte du journal
mauricien L’Express, 53 % des personnes interrogées se disaient insatisfaites de leur niveau de
vie actuel, et 80 % d’entre elles estimaient ne pas
disposer de suffisamment d’argent pour vivre.
t NBST
.BVSJDFEFWJFOUVO±UBUJOE±QFOEBOU
EBOTMF$PNNPOXFBMUI&MMFQBSUJDJQF¹MB'SBODPQIPOJF"$$5
E²T
SOCIÉTÉ ET CULTURE
MAURICE
GÉOGRAPHIE
t ÎUBUBSDIJQ±MJRVFEFT.BTDBSFJHOFTDPNQSFOBOUMFT
¬MFT.BVSJDF3PESJHVFT"HBMFHB4BJOU#SBOEPO
.BVSJDFSFWFOEJRVFM¬MPUEF5SPNFMJO'SBODF
FUMB
S±USPDFTTJPOEFT$IBHPT"OHMFUFSSF
EPOUM¬MFEF
%JFHP(BSDJBRVJFTUVOFCBTFBN±SJDBJOF
t ;POFGSBODIFÎDPOPNJFEJWFSTJm±FTVDSFUFYUJMF
UPVSJTNFTFSWJDFTFUD
HISTOIRE
t -FT)PMMBOEBJTQSFOOFOUQPTTFTTJPOEFM¬MFFUMB
CBQUJTFOU.BVSJUJVT
t .BVSJDFEFWJFOUUFSSFGSBO³BJTFTPVTMFOPNE*TMF
EF'SBODF
t 0DDVQBUJPOCSJUBOOJRVFDPOmSN±FQBSMFUSBJU±
EF1BSJT
t "GGSBODIJTTFNFOUEFTFTDMBWFTFUJNNJHSBUJPO
NBTTJWFEFUSBWBJMMFVSTJOEJFOT
t .BVSJDFEFWJFOUVOF3±QVCMJRVF
t 7 4PNNFUEFMB'SBODPQIPOJF
F
t 4JS"OFSPPE+VHOBVUIFTU±MVQSFNJFSNJOJTUSFTFMPOVOFGPSNVMFEFQBSUBHFEVQPVWPJSBWFDTPO
BMMJ±1BVM#±SBOHFS
t "TTFNCM±FBVUPOPNFS±HJPOBMFQPVS3PESJHVFT
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
t /BWJO3BNHPPMBNFTU±MVOPVWFBVQSFNJFS
NJOJTUSF
étrangers à très hauts revenus et à fort pouvoir
d’achat, ce qui devrait, selon le gouvernement,
apporter une contribution non négligeable à
l’économie locale. Il ne faudrait néanmoins pas
omettre le fait que l’île Maurice est le dixième
pays le plus peuplé au monde avec une densité
de 612 habitants au kilomètre carré. La décision de permettre aux acheteurs étrangers de
devenir propriétaires de la terre sera-t-elle, à
terme, une mesure réellement salutaire pour
les Mauriciens?
ÉCONOMIE
Un premier bilan de la situation semble positif.
Avec la réforme du secteur de la canne à sucre
(réforme causée par l’arrêt du protocole sucre liant
les pays ACP avec l’Union Européenne), une dégradation de la situation était à craindre. Or, l’île
affiche pour l’année 2007 une croissance de 5,6 %,
soit 1,7 % de plus qu’en 2006. Cette augmentation
est principalement due aux bons résultats de l’activité touristique qui est en hausse de 15,1 % par
rapport à l’année précédente. Les investissements
directs étrangers ont également largement contri-
Le 12 mars 2008, l’île Maurice a fêté ses 40 ans
d’indépendance. Quatre décennies après le départ de l’administration coloniale anglaise, la
reconnaissance et l’acceptation d’une identité
mauricienne semblent loin d’être acquises. En
effet, une forme de mal-être social est présente.
Selon le sondage Sofres cité plus haut, 35 % des
Mauriciens estiment que le pays n’est pas une
vraie nation, 44 % d’entre eux se sentent mal
dans leur peau et 76 % pensent que le pays est
de plus en plus communaliste. Ce mal-être prend
même, dans certains cas, une certaine forme de
nostalgie de la période coloniale puisque 95 %
des Mauriciens s’estimaient heureux de l’indépendance en 1998, et ils ne sont plus que 83 %
en 2008. La diversité ethnique et culturelle que
vantent les dépliants touristiques est aussi la
cause d’une certaine instabilité sociale. Pourtant,
92 % des Mauriciens se disent toujours fiers de
leur pays et un grand nombre d’entre eux semble
vouloir créer cette fameuse unité nationale. Un
élément fédérateur existe cependant : la langue
créole. Longtemps relégué au second plan au profit des langues de l’élite, le français et l’anglais,
le créole semble aujourd’hui perdre sa connotation négative. L’existence d’une œuvre littéraire
en langue créole a certainement contribué à la
réhabilitation de cette langue. Un fait totalement
nouveau est que 70 % des Mauriciens se disent
aujourd’hui favorables à l’utilisation de la langue
créole à l’école primaire. L’unité nationale et la
reconnaissance d’une identité mauricienne passeront peut-être par l’acceptation d’une langue
comme symbole d’un pays. La langue créole serait alors le moyen de s’extraire de ce marasme
social et identitaire. |
MAURICE
© OIF
207
Étal de plantes médicinales sur le marché. Île Maurice, 1993.
MAYOTTE
t .BZPUUFBQQBSUJFOU¹M"SDIJQFMEFT$PNPSFTFUTF
QBSUBHFFOUSFEFVY¬MFTMB(SBOEF5FSSFP¢TFUSPVWF
MBDBQJUBMF.BNPVE[PVFUMB1FUJUF5FSSF-¬MFEVOF
TVQFSmDJFEFLNFTUFOUPVS±FEVOFCBSSJ²SF
EFDPSBJMRVJGPSNFMFUSPJTJ²NFQMVTHSBOEMBHPOBV
NPOEF7VFEVDJFMFMMFSFTTFNCMF¹VOIJQQPDBNQFRVJFTUEFWFOVTPOFNCM²NF
HISTOIRE
ť .BZPUUF BWFD MFOTFNCMF EFT $PNPSFT EFWJFOUGSBO³BJTF
ť -FT$PNPSFTFU.BZPUUFPCJFOOFOUMFTUBUVUEF
ť .BZPUUFDIPJTJUEFSFTUFSGSBO³BJTF
ť %FWJFOUVOFDPMMFDUJWJU±E±QBSUFNFOUBMF
ť "CEPVMBUJGPV"MZDBOEJEBUEFMB'PSDFEFM"M-
UFSOBODFEV.PVWFNFOUE±QBSUFNFOUBMJTUFNBIPSBJTRVJBQQBSUJFOUBV.PVWFNFOUE±NPDSBUFEF
'SBO³PJT#BZSPV
FTU±MVBVTFDPOEUPVSEFTM±HJTMBUJWFTDPOUSFMFE±QVU±TPSUBOU.BOTPVS,BNBSEJOFNFNCSFEFM6.1
ť 6OFE±M±HBUJPONBIPSBJTFNFO±FQBSMFQS±-
TJEFOUEV$POTFJMH±O±SBMEF.BZPUUF"INFE"UUPVNBOJ%PVDIJOBTFSFOE¹1BSJTQPVSEFNBOEFS
MB UFOVF EVOF DPOTVMUBUJPO TVS MF TUBUVU EF E±QBSUFNFOU 6O S±G±SFOEVN FTU QS±WV FOUSF KBOWJFSFUBWSJM
REPÈRES
UFSSJUPJSFEPVUSFNFS50.
ť "MPST RVF MFT $PNPSFT SFKFUUFOU DF TUBUVU
.BZPUUFE±TJSBOUSFTUFSGSBO³BJTFBDRVJFSUMFTUBUVUEFDPMMFDUJWJU±UFSSJUPSJBMF
POUR EN SAVOIR PLUS
www.malango-mayotte.com/info/
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
GÉOGRAPHIE
208
OCÉAN INDIEN
LA RÉUNION
Yvan COMBEAU
Professeur d’histoire contemporaine, Université
de La Réunion
[email protected]
Après une année difficile sous l’emprise du virus du chikungunya, l’île de La Réunion tourne la
page d’une crise sanitaire, économique et sociale.
Depuis l’hiver austral 2007, La Réunion reprend
son dynamisme et retrouve un élan économique.
Dans le secteur essentiel du tourisme, les efforts
réalisés autour de la création de l’I.R.T. (Île de La
Réunion Tourisme) participent à ce redécollage
et au retour tant des voyageurs que des investisseurs. Comme le note le site officiel du tourisme à
La Réunion, l’île demeure une destination de rêves. Et le pluriel s’impose.
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
POLITIQUE
La Réunion demeure « une île politique » avec la
passion et l’engagement pour les débats et les
élections. La vie politique a donc été riche depuis
la présidentielle française d’avril et mai 2007. Les
votes réunionnais ont été massivement favorables à la candidate socialiste, Ségolène Royal. Elle
l’emporte dans les 24 communes de l’île. Et les
législatives qui ont suivi ont été un succès pour
la gauche. Sur les cinq députés, l’UMP maintient
deux sièges (René Paul Victoria, Didier Robert)
contre trois à la gauche (Huguette Bello, Parti
communiste réunionnais, Jean-Claude Fruteau et
Patrick Lebreton pour le Parti socialiste). Pour le
Parti socialiste, c’est une année politique-événement puisqu’il réussit cette translation entre
le score de la présidentielle et un ancrage dans
deux circonscriptions.
Dans ce nouveau cycle de la vie politique nationale (débuté avec la présidence de Nicolas Sarkozy),
les élections municipales constituaient un rendezvous attendu. Attente pour l’exécutif lorsqu’il évalue
l’état de l’opinion publique et attente pour les acteurs locaux qui savent le poids des consultations
municipales (et cantonales) sur l’organisation des
pouvoirs dans le département. La Réunion compte
24 communes et renouvelle, lors de cette échéance,
24 de ses 49 cantons. La vague sociale qui avait
structuré les votes de l’année 2007 demeure un des
éléments constitutifs et explicatifs des expressions
électorales de ce mois de mars 2008. Les 9 et 16
mars, la gauche bouscule la carte des municipalités.
Si les scrutins de mars 2001 avaient été marqués
par un raz-de-marée des droites (autour du refus
d’un second département), sept années après, le
corps électoral a lancé un message fort, signe d’une
volonté de renouvellement et expression des préoccupations sociales de la population (chômage,
précarité, minimums sociaux, problème du logement, coût de la vie…).
Le premier tour a conforté la position de plusieurs élus, qui avaient su gérer dans la proximité.
Cet enracinement profite ainsi aux maires des communes de Sainte-Marie, Saint-Pierre, Saint-Joseph,
Le Tampon, Étang salé, Sainte-Suzanne, Le Port,
La Possession. Il représente la stabilité de ces
échéances. Mais, au-delà de ce premier constat,
le coup de tonnerre des municipales est venu de
communes où la gauche a mis un terme à une longue présence de la droite. Les titres de la presse
traduisent ces ruptures locales : « barons menacés », « coup de bambou », « la grande lessive » (voir
les trois quotidiens régionaux, Le Journal de l’île,
Le Quotidien, Témoignages). Plusieurs situations
illustrent ces changements de majorité. Ce sont les
bouleversements politiques à Saint-Denis avec le
retour à la direction de la municipalité du socialiste Gilbert Annette ; Saint-André voit le succès
du communiste Éric Fruteau sur le maire sortant
Jean Paul Virapoullé ; Saint-Benoît fait le choix du
socialiste Jean-Claude Fruteau (député) ; SaintPaul donne la victoire à la députée Huguette Bello,
première femme députée-maire dans l’histoire politique de La Réunion. La liste des changements est
longue. Mentionnons Saint-Leu (où Thierry Robert
l’emporte sur Jean-Luc Poudroux), Saint-Louis (le
retour de Claude Hoarau), Trois Bassins (l’élection
de Roland Ramakistin), La Plaine des Palmistes
(l’élection de Jean-Luc Saint-Lambert).
Dans le même mouvement, les électeurs transforment considérablement la physionomie du
Conseil général. Depuis les dernières échéances
(2004), Nassimah Dindar y assure la présidence
en s’appuyant sur une majorité composée des
éléments des droites réunionnaises. Si la droite
résiste mieux sur l’ensemble des cantons que dans
les communes, elle ne peut que constater sa faible
marge de manœuvre pour réussir à conserver la direction de l’assemblée départementale. Dès le soir
du second tour (16 mars), tous les calculs conduisent à représenter le nouvel hémicycle comme un
puzzle de forces où diverses alliances peuvent
prendre forme. Après une semaine de tractations,
de noms avancés (principalement celui de Jean
Louis Lagourgue, soutenu par les conseillers
UMP et d’autres personnalités de la droite) pour
succéder à la présidente sortante, Nassimah
Dindar parvient à rassembler une fraction d’élus
centristes à l’union des gauches (communistes,
socialistes). Le dimanche 23, elle l’emporte en
prenant le contre-pied de l’alliance qui l’avait portée en 2004. Dans le contexte national de la perte
d’influence de l’UMP (mairies et présidences de
conseils généraux passés à la gauche), la direction
du mouvement peut se satisfaire de maintenir un
de ses membres à la tête d’un conseil général. Il
L A RÉUNION
ÉCONOMIE
Globalement, s’il fallait porter une appréciation sur le bilan de l’année
économique 2007, le constat serait marqué par une assez belle satisfaction. Certes, les points cruciaux du chômage, de la faiblesse du
pouvoir d’achat demeurent, mais au regard de la situation 2006, il est
possible de noter une remontée de la croissance, et une embellie dans
plusieurs secteurs. Sur l’année 2007, l’INSEE note une croissance de
4,4 %. Un chiffre qui surpasse la moyenne nationale. Conséquences,
les créations d’emplois atteignent près de 5 000 dans l’année, soit
une progression de plus de 4 points sur 2006. Rappelons que la
population active réunionnaise compte 313 000 personnes en 2007.
Depuis plusieurs années, le nombre des actifs supplémentaires est
en moyenne de 5 300 par an. C’est dire que le nombre d’emplois
créés, malgré des chiffres dynamiques, reste encore dessous de
la demande. Il faut noter la légère baisse de 4,8 % sur le nombre
de Réunionnais touchant les minima sociaux. Dans ce paysage, la
réalisation du chantier de la route des Tamarins constitue autant un
élément visible des grands travaux qui caractérisent le département
depuis cinq décennies que l’indicateur du dynamisme du BTP.
Le tourisme participe à cette amélioration de la santé économique, mais il faut souligner que le bond touristique profite pour le
moment davantage à l’hôtellerie de 3-4 étoiles. Dans ce tableau,
l’augmentation du prix du baril de pétrole, la constante progression du coût des carburants, constituent une périlleuse inconnue
pour l’économie et la croissance ; elles représentent aussi dans les
nombreux déplacements des Réunionnais une charge considérable
sur les budgets des ménages.
Maires des communes de La Réunion (mars 2008)
Commune
Maire
LA RÉUNION
GÉOGRAPHIE
t ÉMFEFMBSDIJQFMEFT.BTDBSFJHOFT
FOUSFÎRVBUFVSFU$BQSJDPSOF
t 3FMJFGWJHPVSFVY7PMDBOFO
BDUJWJU±
t $BOOF¹TVDSFBSCSFTGSVJUJFST
D±S±BMFTWBOJMMFFU±MFWBHF
HISTOIRE
t -F1PSUVHBJT1FESPT.BTDBSFOIBTE±DPVWSFM¬MF
t -B$PNQBHOJFGSBO³BJTFEFM0SJFOUFOQSFOE
QPTTFTTJPOTPVTMFOPNEÉMF
#PVSCPO
t -¬MFQSFOETPOOPNBDUVFM
t "QS²TDJORBOO±FTEPDDVQBUJPOBOHMBJTFMB'SBODF
S±DVQ²SFM¬MF
t "CPMJUJPOEFMFTDMBWBHF
-¬MFDPNQUBJUFTDMBWFT
t -B3±VOJPOEFWJFOUVO
E±QBSUFNFOUGSBO³BJT
t -¬MFFTUE±TPSNBJTVOF
3±HJPO
t .BSHJF4VESF
OPNN±FTFDS±UBJSFEÎUBU¹MB
'SBODPQIPOJF
t 1BVM7FSH²T±MVQS±TJEFOU
EVDPOTFJMS±HJPOBMFU+FBO-VD
1PVESPVYQS±TJEFOUEVDPOTFJM
H±O±SBM
t KBOW
-FDZDMPOF%JOB
E±WBTUFMB3±VOJPO
t 1BVM7FSH²TFTUS±FMVQS±TJEFOUEVDPOTFJMS±HJPOBMFU
/BTTJNBI%JOEBS±MVFQS±TJEFOUFEVDPOTFJMH±O±SBM
t -BS±±MFDUJPOEF/BTTJNBI%JOEBS¹MBQS±TJEFODFEV
$POTFJMH±O±SBM
Commune
Maire
St Denis
G. Annette-PS
P. Ile
G.Ramoune-PS
Possession
R.Robert-PCR
Tampon
D.Robert-UMP
Le Port
JY.Langenier-PCR
St Joseph
P.Lebreton-PS
St Paul
H.Bello-PCR
St Philippe
H.Salvan-UMP
T. Bassins
R.Raminkistin-DVG
Ste Rose
B.Pajany
St Leu
T. Robert-Modem
P. Palmistes
JL.StLambert-PS
Les Avirons
M.Dennemont-
St Benoit
JC.Fruteau-PS
E. Salé
JC.Lacouture-UMP
St André
E.Fruteau-PCR
St Louis
C.Hoarau-PCR
B.Panon
D.GonthierUMP
Cilaos
P.Techer-UMP
Ste Suzanne
M.Gironcel-PCR
E. Deux
B. Valy-
Salazie
S.Fouassin-UMP
St Pierre
M.Fontaine-UMP
Ste Marie
JL.Lagourgue-DVD
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
le fait en notant que cette nouvelle majorité départementale trouve
son équilibre avec la gauche (10 élus PS, 8 élus PCR) et en créant la
fracture avec ses partisans. Les conseillers généraux de la droite,
les parlementaires et maires de l’UMP, dénoncent ce double jeu et
annoncent leur démission collective et la création d’une nouvelle
formation politique départementale (Objectif Réunion).
Après ces quatre échéances (2007-2008), reste l’essentiel : la
confirmation que la vie politique réunionnaise entame un nouveau
cycle de son histoire politique dans un positionnement croisant la
dimension indo-océanique, nationale et européenne avec des changements touchant le personnel politique, les nouveaux équilibres
des forces et la féminisation des politiques locales (à l’exception
du niveau de l’intercommunalité).
209
210
OCÉAN INDIEN
Le défi 2030
La Réunion s’inscrit depuis plusieurs années
dans l’ensemble des problématiques touchant
au développement durable. Certes, l’expression
(développement durable) devient le leitmotiv de
nombreuses manifestations et colloques. Mais,
au-delà des formules stéréotypées, le projet GERI
2030 (Green Energy Reunion Island) témoigne
une préoccupation de plus en plus reconnue par
la population sur de nombreux domaines tels que
l’énergie, les transports, l’habitat, les nouvelles
technologies. Il prévoit faire de l’île de La Réunion
« une terre d’application des nouvelles technologies
dans le domaine des énergies renouvelables ». Et le
message est d’autant plus fortement inscrit que
La Réunion accueillait une des premières actions
de la présidence française de l’Union européenne
(deuxième semestre 2008) avec les déplacements
de plusieurs dizaines de chercheurs, représentants des îles et territoires de l’Outre-mer. Un
événement de dimension internationale sur le
thème « l’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de
biodiversité ». Pendant cinq journées (7-11 juillet),
en présence de du ministre Jean-Louis Borloo, plus
de 400 personnalités se sont réunies pour porter un diagnostic et lancer des axes des futures
politiques environnementales. Des journées qui
ont reposé les rapports entre l’homme et sa pla-
nète et ses responsabilités tant dans les causes
que dans les scénarios possibles pour diminuer
ou non les effets du réchauffement sur les deux
décennies à venir.
CULTURE
Difficile de résumer l’année écoulée par un seul
spectacle ou un festival. Toutefois, le festival
Sakifo, devenu incontournable, mérite notre attention. Il avait été un succès pour la commune
de Saint-Leu. Il quitte cependant cette scène. Ce
départ a provoqué une polémique dans le temps
de l’après-municipales (avril 2008). C’est finalement la ville de Saint-Pierre qui l’accueille du 6
au 10 août 2008. Son principal maître d’œuvre,
Jérôme Galabert, note en ouverture des spectacles
: « C’est avec fierté aussi que nous vous offrons cette
année plus de scènes gratuites, plus d’artistes locaux,
plus de diversité… Et merci à vous de nous suivre
dans cette belle aventure... Courage à toute lékip,
Bon festival zot tout’…Tyinbo larg pa ». Un appel
à maintenir une fidélité tout en s’appropriant de
nouveaux espaces saint-pierrois. Parmi les invités
de ce programme de l’hiver austral : Firmin Viry,
Lansiv, Dionysos, Bazar Kreol, Cali… Et cette année, un Sakifo jumeau se tient sur l’île Maurice.
Une manière d’associer, et de faire vivre sur les
mêmes rythmes, les deux îles sœurs. |
SEYCHELLES
GÉOGRAPHIE
ť "SDIJQFM USPQJDBM TJUV± FO EFIPST EF MB [POF EFT
HSBOET DZDMPOFT ¬MFT FU EF OPNCSFVY ¬MPUT
LN S±QBSUJT TVS VO FTQBDF NBSJUJNF EF
LN
UJSF-FWJDFQS±TJEFOU+BNFT"MJY.JDIFMMVJTVDD²EF
NBKPSJU±BCTPMVFEFTTJ²HFTBV1BSMFNFOU-FTQBSUJT
POUDPOTFSW±FYBDUFNFOUMFN°NFOPNCSFEFE±QVU±TRVFEBOTM"TTFNCM±FTPSUBOUF
ť 0DDVQBUJPOGSBO³BJTF
ť 0DUPCSF"JS4FZDIFMMFTEFWJFOUMVOFEFTIVJU
ť -FT"OHMBJTTFNQBSFOUEFT¬MFT
ť KVJO
1SPDMBNBUJPOEFMJOE±QFOEBODF
ť $PVQEÎUBUEF'SBODF"MCFSU3FO±1PMJUJRVFTPDJBMJTUFKVTRVFO
ť KVJO
"EPQUJPOQBSS±G±SFOEVNEVOFOPV-
WFMMF$POTUJUVUJPONVMUJQBSUJTNF'"3FO±±MV¹
MBQS±TJEFODFS±±MVFOFUFO
DPNQBHOJFT DFSUJm±FT *04" EBOT M0D±BO *OEJFO
-FUPVSJTNFDPOOB¬UVOFBOO±FSFDPSEWJTJUFVST
ť .BJ-FT4FZDIFMMFTQBSUBHFOUBWFDMF/JH±SJBFU
M"GSJRVFEV4VEMFTDJORUJDLFUTBUUSJCV±TBV$POUJOFOUOPJSQPVSMFT+FVYPMZNQJRVFTEF#FJKJOH
POUR EN SAVOIR PLUS
ť $IPJYEVOOPVWFBVESBQFBV
ť G±WSJFS
-FT 4FZDIFMMFT BDDVFJMMFOU MB TFTF
REPÈRES
ť BWSJM
-FQS±TJEFOU'SBODF"MCFSU3FO±TFSFť .BJ-FQBSUJBVQPVWPJSEFQVJTDPOTFSWFMB
HISTOIRE
L’A NNÉE F R A NC O PH O NE IN T ERN AT I O N A L E · 2008
DF TJHOFOU VO BDDPSEDBESF EF DPPQ±SBUJPO EF
USPJTBOT
TJPOEV $POTFJMEFT NJOJTUSFT EF MB$PNNJTTJPO EF
M0D±BOJOEJFO
ť G±WSJFS
-FT 4FZDIFMMFT FU 3±VOJPO'SBO-
ť w ww.afrik.com
ť http://fr.allafrica.com/seychelles/
À noter :-FT4FZDIFMMFTTPOU¹MBGPJTNFNCSFTEV$PNNPOXFBMUIFUEFMB'SBODPQIPOJF

Documents pareils