CigaleMag n°14
Transcription
CigaleMag n°14
sommaire 8 18 19 PARIS PLAISIR DOSSIER SPÉCIAL LE PLAISIR EN BOUTEILLE Enquête : Vin Attitude Philippe Faure-Brac Les Caves Estève Colombelle La Maison du Whisky L'Armagnac Castarède Blaye au Comptoir RESTOS -30 Le vin à prix de caviste CITY ZEN ART ET CULTURE SECRETS DE NATURE 26 LA CHRONIQUE D'ANNABELLE MILOT 28 L'INVITÉ DE TONY GOMEZ 30 SECRETS DE TENDANCE 36 37 47 acher Paris à la carte Bons plans gourmands 23 35 Edito CITY GUIDE hiffm © N. Sc 4 RUGBYMANIA M rendez-vous page 22 ! Le bouquet d'Effleurescences Le billet écolo d'Antoine Waechter Le conseil de la Fondation Brigitte Bardot Incruste à une terrasse de café avec Bernard Campan Julie Zenatti Anne fait sa rentrée : 20/vin Sergio déshabille Mister Corthay IN AND OUT par Tony Gomez NOUVELLES TECHNOLOGIES par Fabrice Collaro À CONTRE-TENDANCE Le Musée des Lettres et des Manuscrits CIRCULEZ ! ESCAPADE Les puces de Saint-Ouen CIGALE ET MOI ENQUÊTE LECTEURS Participez et gagnez peut-être un abonnement La recette de Cuisine.tv 49 SECRETS DE CUISINE 50 SECRETS DE CHEFS La tarte au citron de Pascal Barillon êlée… mêlée… mêlée…. En cette rentrée on n’entend que ce mot. Et pourtant, rien d’extraordinaire pour nous les femmes. En septembre, coupe du monde de rugby ou pas, la mêlée nous connaissons. Mêlée dans les magasins pour acheter les fournitures scolaires, pour renouveler jupettes et chaussettes devenues trop petites pour des enfants trop grands. Mêlée pour inscrire nos chérubins dans des activités dont nous rêvions petites : « Tu joueras du piano mon fils »… « Et que nenni, moi je veux jouer de l’ovale… » Mêlée dans les foires aux vins pour identifier « la »bouteille doctement sélectionnée par l’homme sur catalogue et en dénicher dix autres bien plus intéressantes qui lui auront échappé. Mêlée ouverte avec les banquiers, les impôts, les crédits qu’il faut contenir mais qui poussent, qui poussent, comme Sébastien Chabal et vous conduiraient à la faute si vous n’y preniez pas garde. Bref, pas besoin de mondial pour savoir ce que mêlée veut dire. Alors, à l’heure des matches reposons-nous un peu en regardant ces grands gaillards costauds se piétiner allègrement et appliquons-nous à comprendre les règles du jeu dont la plus évidente apparaît bien vite : il suffit de faire une passe pour être plaqué. Françoise lemoine [email protected] Vous voulez nous faire part de vos bons plans, vos coups de cœur, vous voulez voir apparaître une nouvelle rubrique, nous envoyer votre témoignage pour illustrer un dossier ? Écrivez-nous à : [email protected] Direction, administration, rédaction : 36, rue Scheffer - 75116 Paris - Tél. 01 45 05 19 43 – Directrice de la rédaction : Françoise Lemoine : [email protected] – rédacteur en chef : Christian Rol : [email protected] – Directrice artistique : Sighild Blanc : [email protected] - service photo : Nicolas Schiffmacher : [email protected] – Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Dousson, Fabrice Collaro, Arsène Corvec, Tony Gomez, Anne Loustau, Annabelle Milot, Sabine Corvec, Sergio, Alexis Sainte Marie – service publicité : Agence Quirinus, Pierre-Yves Gobert : 01 46 10 44 46 – Directeur de la publication : Jildas Mahé : [email protected]. Cigale est édité par la société Taliesin 36, rue Scheffer - 75116 Paris - Tél. 01 45 05 19 43. SARL au capital de 10 000 €. Imprimé en France. en couverture : photo : Nicolas Schiffmacher PARIS PLAISIR S B O N S P LA N Paris 0 JOB D’ÉTUDIANT Sur le site Lulu. com, les étudiants en mal de reconnaissance peuvent publier leurs mémoires et leur thèses à l’adresse d’éventuels recruteurs ou collaborateurs. Sous la forme d’un ouvrage ou par téléchargement, nos thésards peuvent même espérer gagner un peu d’argent si leur sujet trouve son public. • www.lulu.com/fr EXPO RUGBY Paris À lA cArte s' éq ui pe r -50% la centrale des Affaires C’est la guerre des mondes : après la « planète foot », le rugby est désormais un « monde d’émotions » dans une exposition qui se tiendra dans le Salon d’accueil de l’Hôtel de Ville jusqu’au 27 octobre. Une journée type de rugby y sera déclinée heure par heure, De ces petits matins frisquets où des enfants s’affrontent en des tournois improvisés aux premiers échanges entre supporters d’équipes rivales partageant une bière avant la rencontre. Des chants et des vestiaires à la présentation des équipes au combat. De l’émotion qui envahit les visages au terme d’une victoire ou d’une défaite à la fameuse troisième mi-temps… De 10 h à 19 h, tous les jours sauf dimanche et jour férié. 29 rue de rivoli, IVe Moins 50 % sur des centaines d’articles électroménagers, neufs et garantis deux ans, tel est le cadeau de rentrée offert par la Centrale des Affaires. L’opportunité pour de nombreux étudiants en pleine installation de trouver des lave-linge, frigos, fours ou encore cuisinières à moins de 300 . • 85, rue d’Amsterdam - M° Place de Clichy (VIIIe) - 01 40 16 01 07 11, rue de Parme - M° Place de Clichy ou Liège (IXe) - 01 45 26 98 16. 47, bd de Ménilmontant - M° PH. Auguste ou Père Lachaise (XIe) 01 43 79 22 35 TROIS JOURS DE FIESTA À HERBLAY ! Apprendre l’art de sculpter et de modeler moyennant une somme modique est désormais possible aux Ateliers Terre & feu accessibles à tous sans inscription préalable. Chacun peut s’entraîner à la technique de son choix et observer les diverses techniques. Ateliers à Alésia et République. • Informations : 01 45 77 10 10 - E.mail : [email protected] Unique dans le nord de la France, le festival Ile-de-France de bandas Herblaymucho vous donne rendez-vous les 28, 29 et 30 septembre à Herblay (Val d’Oise) pour sa première édition. Qu’on vous explique : les bandas, ce sont des groupes de musique communicative et ensoleillée venus de toute la France et même des pays voisins. Herblay, c’est là que se produisent les bandas, que vous pourrez déguster des plats du sud-ouest et qu’il y aura des courses de vachettes. Ajoutez à cela des animations, des petites bodegas et un espace enfant ; placez le tout sous l’égide de la Fédération Française de Rugby (qui a retenu le festival dans les animations de la coupe du monde) et vous comprendrez que si le bonheur est dans le pré, il est aussi à Herblay – ne serait-ce que pour trois jours… les 28, 29 et 30 septembre - www.herblaymucho.fr RIEN QUE POUR VOS YEUX ! Du 11 au 25 septembre, Gemey-Maybelline propose aux clientes des 200 magasins Monoprix de recevoir en quelques minutes par SMS un « diagnostique regard » adapté à leur profil. en envoyant par sMs « Maybelline » au 30130, les clientes sont dirigées vers une page Internet mobile. En répondant à trois questions, elles découvrent ainsi les couleurs de maquillage qui leur sont le plus adaptées. Elles sont ensuite invitées à tenter leur chance pour gagner le produit recommandé. 4 CIGALE SEPTEMBRE 2007 ap pr en dr e 6 sculpture /modelage se cu lti ve r 7,5 expo rock & roll Jusqu’au 28 octobre, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente Rock & Roll 39-59, une belle saga iconographique et musicale consacrée à la genèse du rock aux États-Unis. Disques rares, affiches exclusives, photos et films raviront les aficionados de cette période riche en créations et bouleversements sociologiques. Les néophytes, eux, découvriront le charme de cette Amérique d’Épinal, insouciante et esthétique qui s’imprime en nous comme un American Graffiti. • 261, boulevard Raspail (XIVe) M° Raspail - Tarif réduit : 5, 50 € Gratuit pour les moins de les moins de dix ans. se dé te nd re 3,8 Épilation demi-jambes Une idée originale de cadeau pour sa belle-mère, sa petite amie, son cousin, etc. À ce prix-là, la boutique Espace Épilation autorise toutes les folies. • 71, rue de Seine (VIe) - Tél. : 01 46 33 54 60 - M° Mabillon. LA BILLETTERIE DE est un service de vente, de réservation et de suivi personnalisé pour l’ensemble des spectacles programmés à l’Olympia. Vous aussi, adoptez la sérénité ! www.olympiahall.com Réservations : 0892 68 33 68 (0,34 /mn) 28, boulevard des Capucines - Paris 9e se dé te nd re 50 une deuxième (presque) maman Personne ne niera que devenir mère est la plus belle chose qui puisse arriver à une femme – mais combiner vie de couple, travail et enfant n’est pas toujours évident… Alors pour toutes celles qui ont l’outrecuidance de ne pas avoir le don d’ubiquité et parce que les mamans sont irremplaçables, www.deuxiememaman.com propose un service sur mesure et personnalisé afin de trouver une personne de confiance dédiée à votre enfant – sans frais d’inscription ni frais de gestion. • Une plateforme téléphonique est à votre disposition au 0825 70 16 70 en semaine de 9h à 17h ou sur Internet 24h/24, 7 jours sur 7. se cu lti ve r 2,9 Monuments et musées de Paris Un petit livre facile à mettre dans la poche passe en revue les cents principaux monuments et musées de Paris. Tous sont classés par arrondissement, avec un plan du quartier pour se repérer facilement. Quelques lignes évoquent l’histoire du monument et l’intérêt du musée. Des informations pratiques (adresse, station de métro, horaires…) sont indiquées et bien sûr, où boire un verre après… • Monuments et musées de Paris Le tour de Paris en 80 visites par Emmanuelle Hirschauer. Prix : 2,90€ (First Editions) s' éc la te r 0 nuit Blanche Comme chaque année une manifestation culturelle et gratuite se déroulera à Paris du samedi 6 au dimanche 7 octobre de 19h à 7h. Cette dernière nuit de « la mandature » de Bertrand Delanoé, s’articulera autour de la ligne 14 du métro – qui fonctionnera toute la nuit – jusqu’à la nouvelle station des Olympiades et se prolongera jusqu’aux Batignolles (XVIIe), grâce à des navettes. Arts de la rue et arts numériques seront au cœur de cet événement, inventé à Paris en 2002. On pourra écouter les confidences de « souffleurs » dans l’église de la Madeleine, contempler « l’installation de feu », illuminant le jardin des Tuileries ou suivre la « promenade blanche » menée par un cheval mécanique de la porte de Choisy aux Batignolles. • Les 6 et 7 octobre de 19h à 7h. se ré ga le r 7 Paris fermier Plus de 180 producteurs venus de 21 régions dont les DOM se retrouvent à Paris Fermier. Ils donnent rendez-vous aux amateurs de bon et de sain pour leur faire découvrir, entre autres, leurs dernières créations. Ces fermiers engagés et responsables gèrent leur ferme en toute indépendance pour garantir l’authenticité et le goût de leur produit. Leur philosophie : défendre une agriculture durable, le commerce équitable et le respect de l’environnement. Ils surprennent également en transformant les produits de leur terroir en plaisirs raffinés et créatifs. Toutes les innovations présentées au salon sont autant « d’œuvres » signées des 180 fermiers, au sens noble du terme : escargots du Jura à l’ail des ours, sauternes bio, pain d’épices de l‘Aude au gingembre confit… • Espace Champerret, Porte de Champerret, 75017 Du vendredi 19 octobre au lundi 22 octobre inclus. Ouvert de 11h à 22h le 19, de 10h à 20h les 20 et 21 et de 10h à 18h le 22. Entrée 7 €, gratuit pour les moins de 14 ans www.salonsfermiers.com - 01 44 54 90 06 se ré ga le r O tour de France de l'emmental Du 24 septembre au 9 octobre, l’emmental, fromage préfèré des Français, fait son Tour de France avec le fromager Eric Lefebvre, meilleur ouvrier de France 2004. Du 24 au 28 septembre, il commencera par Paris. On pourra gracieusement déguster ce fromage consommé par 95% des Français, mais aussi apprendre à préparer une cuisine pratique, festive et conviviale. La nutritionniste Béatrice de Reynal évoquera les atouts nutritionnels de l’Emmental. • Place des Vins de France - XIIIe Bercy Village - www.emmental.fr se dé pl ac er 5 Paris en pousse-pousse Paris adopte depuis le mois de juillet le pousse-pousse moderne. Deux petites sociétés viennent de se lancer : UrbanCab met à disposition sept tricycles à assistance électrique et Cyclobulle, cinq qui circuleront du Ier au VIIIe arrondissement. Tous à héler dans la rue ou à commander par téléphone. Le prix : 1,50 de prise en charge et 1,50 par km. • Urban-Cab : 06 12 31 48 80 • Cyclobulle : www.cyclobulle.com CIGALE SEPTEMBRE 2007 5 PARIS PLAISIR GOLF ET GASTRONOMIE : LA CHEF'S CUP La Fédération Française de Cuisine Amateur a organisé un trophée de golf : la Chef's Cup. Le principe est simple et gourmand. Tout au long du parcours, des chefs (Michel Rostang, Alain Passard, Yvan...) attendaient les invités pour leur faire déguster une recette spécialement concoctée pour l'occasion. L'équipe Cigale a répondu à l'invitation en présentant fièrement un pain d'un mètre de long fabriqué le matin même par la Boulangerie "La Pompadour" de Dominique Anract. Nous n'évoquerons pas ici le classement de l'équipe, mais plutôt Pierre de Coubertin qui ne cessait de rappeler à quel point le plus important est de participer ! Bons plans à bo ire 7 GOurMAnDs Vin bio, arbois pinot noir Issu d’un terroir cultivé selon les préceptes de l’Agriculture Biologique, respectueux de son environnement et certifié Ecocert, Auguste Pirou a obtenu la médaille d’Or au Concours des Vins du Jura avec ce millésime de caractère bien équilibré. Sa composition 100 % Pinot noir, sa robe rubis, limpide et brillante introduit un nez élégant, marqué par les petits fruits rouges et noirs. À boire avec une côte de bœuf ou un steak au poivre par exemple… • En vente en grande distribution à pr ép ar er 16 « Faire son pain » avec l'Arbre aux épices « Spice up your life », chantaient quatre jeunes Anglaises il y a quelques années. L’Arbre aux épices suit ce conseil avec ses jolies petites boîtes en métal remplies de toutes sortes de condiments raffinés. Ajoutez à cela le trio « Faire son pain » : trois pots (avec recette) pour préparer des pains au sésame, au pavot et au cumin. Très chic pour accompagner un apéritif ! • www.larbreauxepices.com à dé gu st er 5 Vend Bonne Maman au kilo La Bonne Maman qu’on aurait tous aimé avoir n’est pas celle qui habite à la campagne au milieu de ses chats mais celle qui se trouve aux Galeries Lafayette jusqu’au 6 octobre : des pots d’un kilo de confiture de fraise à la menthe – very chic la Bonne Maman ! Sous la direction d’Hilton McConnici, les célèbres couvercles à carreaux font leur show au cinquième étage des Galeries. L’inauguration officielle de l’espace « Tombé dans le Pot » a eu lieu le 12 septembre et je suis certain que la brave grand-mère a mis quelques pots de côté rien que pour vous… à fê te r 20ans www.ffcuisineamateur.org 6 CIGALE SEPTEMBRE 2007 Michel rostang, père et filles Et deux décennies pour les Bistrots d’A Côté, deux ! Accompagné de ses filles Caroline et Sophie, Michel Rostang, le chef étoilé à l’origine de l’aventure des Bistrots, fête cet anniversaire jusqu’au 15 novembre. Vingt bougies qu’il serait dommage de souffler sans un coup de main d’autres maisons familiales et prestigieuses. Aussitôt dit, aussitôt fait : voilà La Cornue, Staub, Billecart Salmon et Duboeuf qui s’associent à la soufflerie ! Vingt bougies qui se partagent entre quatre bistrots : le Flaubert, le Villiers, la Boutarde et l’Absinthe. Vingt bougies posées sur un gâteau pour lequel on ferait des bassesses… • Le Bistrot d’A Côté : « Flaubert », 10 rue Gustave Flaubert, XVIIe, 01 42 67 05 81 « La Boutarde », 4 rue Boutard, Neuilly / Seine, 01 47 45 34 55 « Villiers », 16 avenue de Villiers, XVIIe, 01 47 63 25 61 « L’Absinthe », 24 place du Marché Saint-Honoré, Ier, 01 49 26 90 04 Faites-nous part de vos bons plans, adresses, coups de cœur… écrivez-nous à [email protected] PARIS PLAISIR Opération Galloyette par Arsène Corvec ter InVItAtIOn À GOÛ Du 16 au 22 octobre, Cigale et Michel Galloyer, propriétaire des boulangeries « le Grenier à pain », organisent gourmand qui aura lieu pendant la semaine du goût. U ne initiative conjuguée entre notre magazine et les boulangeries Le Grenier à Pain sous l’égide d’un trio dynamique composé de Jean-Philippe Zappa, Anne-Marie Guillard et Vincent Joly va donc voir tous les établissements estampillés « Le Grenier à Pain » (treize à Paris) ornés d’une corbeille dans laquelle les en- fants pourront déposer des poèmes, dessins, recettes ou photos en relation avec l’univers de la boulangerie. Précisons que chaque proposition sera sanctionnée par un lot (viennoiserie ou pâtisserie). Au terme de ce concours, un jury composé d’un membre du magazine Cigale et du Grenier à Pain, et sous l’autorité du parrain, le comédien Ludovic Ber- © N. Schiffmacher l’opération Galloyette, grand concours thillot, remettra une centaine de lots (notamment des consoles de jeux de dernière génération) aux plus créatifs des jeunes concurrents. « Je crois qu’il est grand temps de former le goût de nos enfants, nous explique Michel Galloyer, de leur apprendre ce qu’est une bonne viennoiserie ou un bon pain et plus largement de les ouvrir aux métiers de la boulangerie ». Les enfants seront en effet à bonne école quand on sait que Michel, bardé de récompenses et d’honneurs (Médaille d’or de la Pâtisserie à Tokyo en 1995 et Légion d’Honneur remise en 2006, parmi tant d’autres) conjugue sa vie avec son métier sans séparer l’une de l’autre au nom de la qualité et de la tradition. « Les métiers de la boulangerie sont porteurs de valeurs saines. On y travaille beaucoup mais pas en vain. On y fournit des efforts qui sont profitables à soi et aux autres. On y cultive le respect ». Pour Ludovic Berthillot, récemment vu dans le film de July Delpy (Two days in Paris) et sur les planches avec la pièce « Jupe Obligatoire » (Théâtre du Gymnase), cette démarche va dans le bon sens « moi, je suis un épicurien et ce souci de la bonne chair passe évidemment par les artisans de l’alimentation et non pas la grande distribution. Et puis, l’opération Galloyette est une merveilleuse idée qui donnera peut-être l’envie à des enfants d’embrasser un des nombreux métiers de la boulangerie. » Temps fort de l’opération : la présence du comédien Ludovic Berthillot sur le stand « Grenier à pain » du Salon du Chocolat où les enfants pourront retirer leur bon de participation. Une bonne manière de promouvoir les métiers de la boulangerie auprès des jeunes. toutes les adresses Grenier à Pain sur www.galloyer.com CIGALE SEPTEMBRE 2007 7 dossier spécial Le plaisir en bouteille avec la complicité de Philippe Faure-Brac ENQUÊTE SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle Vin Attitude par Françoise Lemoine © N. Schiffmacher Comme chaque année, en septembre, la foire aux vins bat son plein. L’occasion de faire le point sur les nouvelles tendances et la consommation des Français. O n boit moins, mais mieux, c’est ce qui ressort de la dernière enquête réalisée par Viniflhor (Office national interprofessionnel des vins, fruits, légumes et horticulture). Par rapport à 2000, la consommation française a chuté de 5 %. Nous ne serions plus que… 32 millions à boire du vin, et les consommateurs occasionnels prennent le pas sur les réguliers (un tiers des personnes). « Les Français changent, souligne Jérôme Agostini, directeur du CNIV (Comité national des interprofessions des vins à 8 CIGALE SEPTEMBRE 2007 appellation d’origine). Ils consomment de moins en moins de vin de table. Ils préfèrent boire moins souvent mais des produits de meilleure qualité. Le problème c’est qu’il faut compter quatre à cinq consommateurs occasionnels pour remplacer un régulier ». Ainsi, le gros rouge affiche une baisse de 85 %, alors que les vins à appellation contrôlée se multiplient par deux ou trois. Les jeunes et le vin ne font toujours pas bon ménage. Ils préfèrent se « défoncer » avec des mélanges alcools forts et coca ou jus de fruits. Selon Jérôme Agostini, la loi Evin et l’alcootest ne seraient pas à l’origine de cette désaffection : « La société évolue : on ne mange plus en famille, on déjeune sur le pouce et certains culpabilisent de boire du vin. » Malgré ce marché morose, dont peuvent se réjouir la sécurité routière et les associations anti-alcoolisme, les producteurs arrivent à sortir leur épingle du jeu, grâce au marché international. Nos exportations ont connu l’an dernier un boom exceptionnel : 14,6 millions d’hectolitres sont par- FOCUS ENQUÊTE SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle versité : plus de 470 appellations auxquelles il faut ajouter 150 vins de pays. Difficile dans ces conditions d’élaborer une stratégie de marketing et le consommateur étranger ou même français a bien du mal à s’y retrouver. Grâce aux vins régionaux qui s’imposent de plus en plus sur le marché français, les producteurs peuvent rebondir. Ceux du Sud-Ouest, de la Loire, du Languedoc-roussillon qui, autrefois, avaient une connotation négative, ont aujourd’hui le vent en poupe : « Les petites appellations font des efforts qualitatifs importants, note encore Michel Pons. Elles ont su s’adapter au goût du consommateur qui réclame un vin plus fruité, plus facile à boire et ne produisent pas en fonction de ce qu’aime le producteur. En buvant des vins du pays d’Oc, nous ne sommes jamais déçus ». Revers de la médaille : ce vin non tannique ne se conserve pas. Pour s’en sortir, le producteur doit donc se plier aux exigences du consommateur. Les 900 000 hectolitres de vins d’appellation contrôlée, non écoulés et détruits il y a deux ans, restent encore dans les mémoires. Pour Michel Pons, une seule solution : le marketing. « Contrairement à ce que croient de nombreux producteurs, la loi Evin n’empêche pas de communiquer sur le vin. Or, ce budget est le plus faible des boissons alcoolisées. » Il suggère donc aux régions de se mobiliser pour mieux faire connaître leur produit. Une autre suggestion serait aussi de mettre en avant les bienfaits du vin, mais là c’est un autre débat, politiquement incorrect. Le « french paradox », comme le surnomme les Américains, a pourtant fait l’objet de nombreuses études. Pour certaines, le taux de mortalité par infarctus du myocarde qui se révèle inférieur en France, comparé à celui observé aux États-Unis, serait dû aux quelques verres de vins bus par nos compatriotes. Mais il faut rester prudent. Les organismes d’État l’ont bien compris. Pour ne pas être accusé de complicité avec certains médecins, Viniflhor a financé, depuis 1994, plusieurs études, pour un montant de 3 millions d’euros. D’ailleurs, à Bordeaux, le 20 septembre prochain, un congrès international réunit tous les chercheurs qui ont mené des expériences sur les effets du breuvage des Dieux. Des analyses très attendues par le lobby du vin. © N. Schiffmacher tis à l’étranger, soit 3,5 % de plus que l’année précédente. Certes, cette croissance est due, pour une bonne partie, aux exportations de champagne (5 %) et de grands crus de Bordeaux et de Bourgogne. Ces chiffres mettent malgré tout du baume au cœur des producteurs. Surtout que 2007 promet encore plus. Mais il faut rester vigilant. Selon Michel Pons, sous-directeur Etudes-communication-entreprises à Viniflhor, nos vins ne sont pas les mieux placés à l’étranger : « Le marché britannique est très révélateur de la tendance, explique-t-il. Il y a quinze ans, plus de la moitié des importations étaient assurées par des vins français, aujourd’hui on n’en compte même pas 20 %. Nous sommes supplantés par les vins d’Australie, premier pays exportateur sur le marché britannique ». Si la France a perdu du terrain, c’est, selon lui, parce que nos producteurs n’ont pas su s’adapter au goût du consommateur étranger : « Pendant longtemps, nos vins ont bénéficié d’une excellente notoriété et surtout nous avions une longueur d’avance, analyse Michel Pons. Non seulement nous avons été copiés, mais la France a aussi perdu de son prestige. Aujourd’hui la concurrence est rude. Australiens et Américains ont élaboré d’excellents produits en tenant compte du goût du consommateur britannique, qui préfère un vin léger, rond et fruité. ». Il faut dire aussi que ces pays mettent le paquet au niveau du marketing. Leurs vins sont beaucoup plus identifiables que les nôtres. « Ils ont une politique de vins de cépage comme les Sauvignons, Chardonay, Merlot ou Syrah, bien plus identifiables que nos vins, précise Michel Pons, même si ces vins sont aujourd’hui beaucoup plus alcoolisés. Un grand nombre avoisine 14 %. » En fait le lourd handicap des producteurs français, c’est leur di- CIGALE SEPTEMBRE 2007 9 FOCUS ENQUÊTE SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle Philippe Faure-Brac, sacré meilleur sommelier du monde 1992, peut se targuer d’un parcours atypique : c’est par la cuisine qu’il est venu au vin. © N. Schiffmacher A la table du sommelier par Françoise Lemoine rAc PHIlIPPe FAure-B N é à Marseille, il passe toutes ses vacances à Briançon, où ses grands-parents tiennent le restaurant « Les 3 chamois » : « Très jeune, j’ai été éduqué au goût de la table, de l’effort et du pain », explique Philippe Faure-Brac, crinière poivre et sel, petite grappe au revers du veston, signe de reconnaissance de la confrérie des sommeliers. Tombé tout petit dans les effluves et les bonnes odeurs de la soupe au pistou que lui concocte son autre 10 CIGALE SEPTEMBRE 2007 grand-mère italienne, l’avenir de l’enfant est tout tracé. C’est en suivant ses études de cuisinier dans les écoles hôtelières de Sisteron, Grenoble et Nice qu’il découvre une nouvelle passion : le vin. À 24 ans, alors qu’il est nommé meilleur jeune sommelier de France, il crée, avec le journaliste Nicolas de Rabaudy, « Le bistrot du sommelier », 97 boulevard Haussmann à Paris, choisi pour sa cave voûtée. Voilà maintenant vingt-trois ans qu’il officie dans ce lieu et fait salle comble tous les jours. Après son titre de meilleur sommelier du monde (1992), les medias se l’arrachent. De 1992 à 1995 : matinales sur Europe1. De 1995 à 1998 : Matin bonheur sur France 2. Depuis 2004 : In vino, tous les week-ends sur BFM. Il est également consultant sommelier du groupe Air-France pendant sept ans (de 1998 à 2005). À ces activités s’ajoute la rédaction de nombreux livres : La Cave Idéale (1998), les Grands Vins du Siècle (1999) Le Choix du Sommelier (2000), Saveurs Complices des Vins & des Mets (2002), Vins & Mets du Monde (2004) et le dernier : Comment Goûter un vin EPA (Éditions EPA). Sur tous les fronts, aujourd’hui Philippe Faure-Brac se partage entre son restaurant, où il affectionne plus particulièrement ses déjeuners et dîners à thème, et une vie associative intense. Au bistrot du sommelier, ce sont souvent les vins qui déterminent la carte et non l’inverse. Pour lui, sommelier reste un métier d’avenir : « C’est très valorisant et prisé à l’étranger. À Londres, la moi» tié des sommeliers sont français ». le Bistrot du sommelier 97, boulevard Haussmann- VIIIe tél : 01 42 65 24 85 www.bistrotdusommelier.com SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle Le fait vin peau neuve par Arsène Corvec cAVes ÉstÈVe photos : Nicolas Schiffmacher Décor contemporain, modernité de la sélection et « accompagnement » personnalisé sont les trois principes fondamentaux des caves Estève qui redonnent un coup de jeune à la culture caviste. A quelques mètres de la Bastille, bastion des marchands de vin, la boutique historique du fondateur Jean-Christophe Estève a des allures de parfumerie high tech. La vitrine est minimaliste et l’intérieur s’est délesté des boiseries, des caisses et tonnelets bombés qui habillent généralement les lieux L'avenir du vin propos recueillis par Françoise Lemoine Philippe Faure-Brac, sommelier devant l’Eternel, répond sans détour aux questions de Cigale et livre son point de vue sur les nouvelles tendances du vin et le boom à l’exportation. InterVIeW cigale : Quelles sont les nouvelles tendances du vin ? Philippe Faure-Brac : De plus en plus, le rosé remporte un vif succès. Mieux, ce vin ne se boit plus que l’été. Ainsi, dans mon restaurant, j’ai une dizaine de bouteilles en réserve, l’hiver. Autre constat : les vins de pays ont également la cote. Exemple : les rouges du Languedoc comme les Costières de Nîmes, le Faugères, les vins de Savoie, de Corse, du Jura, du Sud-ouest. Les vins de Gascogne séduisent également de plus en plus. Ce sont des vins qui CIGALE SEPTEMBRE 2007 11 SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle dédiés au nectar. Dans cet espace nu, les lumières sont multicolores, le sol, les plafonds et les murs gris. Deux tables de bois clair et des chaises en plexi achèvent la décoration. Les bouteilles de vins sont ici les seules stars tolérées et qu’importe si l’éclairage donne à tel blanc onctueux un faux air de Chanel N°5. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse… « l’idée des repreneurs était de dépoussiérer le concept traditionnel de la cave » nous explique Yann Lioux, le responsable de la boutique et œnologue de formation. « D’autre part, notre gamme est volontairement resserrée. Nous ne voulons pas de vin qui dorme chez nous comme c’est le cas chez Legrand qui vend des bouteilles à 20 000 euros, source de beaucoup de difficultés. En ce qui concerne la décoration, elle est volontairement dénudée pour mettre en exergue le vin et rien d’autre. Cela déroute une génération mais en attire une autre. Celle des trentenaires en particulier que nous conseillons sur une constitution de cave. Tel vin est à boire, tel autre à garder, etc. Une autre de nos particularités est de vendre des magnums issus d’une large sélection. Nous poussons nos vignerons à mettre en magnum (1,5 l), ce qui est notre exclusivité. C’est une autre habitude de consommation qui se développe en raison notamment de la baisse conséquente de la consommation de vin. Enfin, notre registre en terme de conseils se modifie en fonction des clients. Entre le Parisien et le Chinois, nous ne conseillons pas la même chose. D’une certaine manière nous avons une démarche « slow food », c’est-à-dire une culture de la qualité. » Devant tant d’arguments, et une telle mise en scène du vin, on ne s’étonnera pas que particuliers, entreprises et organisateurs d’événements accourent des quatre coins de Paris pour des dégustations, des cours d’œnologie et des achats qui sont autant d’investissements. ont à la fois une originalité et un packaging contemporain, avec des étiquettes de couleurs ou gravées. Comment expliquez-vous que les vins français marchent aussi bien à l’export (+11,6 % en 2006). Cette tendance permet-elle de compenser le recul du marché national ? Effectivement, les Français ne consomment plus que 55 litres par an et par habitant, alors que dans les années 60 on comptait 120 litres, mais il s’agissait de petits vins. À l’étranger, l’image de la France est toujours très porteuse, mais dans ces pays on a tendance à « zapper » en passant d’un vin à l’autre. Ne craignez-vous pas la concurrence des vins du Nouveau Monde sur le marché étranger ? Je reste assez confiant. On se lasse très vite des vins du Nouveau Monde. Ils ont la forme, rarement le fond. En France, nous avons la chance d’être capable de réaliser des vins gourmands qui ont une minéralité et une fraîcheur qui donnent un vin séduc- 12 CIGALE SEPTEMBRE 2007 10, rue de la cerisaie (IVe) tél : 01 42 72 33 05 Ouvert du mardi au samedi, de 10h à 20h. 15, rue de longchamp (XVIe) tél. : 01 47 04 0149 Ouvert du lundi au samedi, de 10h à 20h. www.cavesteve.com SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle La est vie belle! par Françoise Lemoine cOlOMBelle Les Gascons, qui n’affichaient aucun grand cépage ni château ont réussi leur pari. Avec la Colombelle, vin blanc de Gascogne, ils sont enfin V pris au sérieux. ingt ans déjà, que la Colombelle ravit les palais. Robe pâle aux reflets argentés, nez séducteur exhalant des arômes de fleur blanche, sureau et fruits à chair blanche, bouche charnue marquée par le brugnon et la poire. Bref, la Colombelle a tout pour plaire. Fidèle à la tradition, ce vin frais (9°), qui se déguste aussi bien en apéritif que pour accompagner des plats traditionnels ou exotiques, fera le tour du monde, le 18 octobre, avec sa cuvée primeur. L’originalité de ce produit a été de positionner le vin en primeur pour jouer, chaque année, la découverte du millésime. Les vignerons gascons, coiffés du béret et habillés d’un grand tablier bleu estampillé Plaimont, feront eux-mêmes la promotion de leur « bébé ». Ils iront aussi bien chez les cavistes que dans des pubs londoniens et new-yorkais. À cette occasion, ils concilieront leur accent du Sud-Ouest avec la langue de Shakespeare, qu’ils étudient en cours d’année. Grâce à cette promotion de terrain mêlant origine et folklore, la Colombelle est devenue, en trente ans, l’emblème des vins de pays de Gascogne. Trois étoiles au guide Hachette 2007, classée 2e en Allemagne, dans la catégorie des vins blancs de l’année 2005, et médaille d’Or au concours des vins de pays de France (ANIVIT), la Colombelle peut se vanter d’un autre atout : son prix qui n’excède pas 4,50€. La Colombelle, c’est un assemblage de colombard, et de sauvignon et chardonnay. La qualité et l’intensité de ses arômes résultent d’une macération pelliculaire et d’une fermentation à basse température. Ce vin s’impose de plus en plus sur le marché français. On le trouve dans les bars et restaurants de l’Ouest, de la Bretagne à l’Aquitaine, mais aussi chez Nicolas. Depuis 2000, le chouchou gascon s’est introduit, avec la Florembelle, (un million de bouteilles sur les 6,8 millions), dans les grandes et moyennes surfaces, puis est venu le Caprice de Colombelle pour des circuits spécialisés et indépendants. Fin 2005, l’Extrem’Colombelle est lancée pour le monde de la nuit en Grande-Bretagne et en Allemagne. Des tirages confidentiels de très haut de gamme (5 000 bouteilles) sont également prévus pour les VIP et les bars selects de Paris, Londres et New York. Pour se mettre au goût du jour et s’adapter à une consommation plus conviviale, la Colombelle s’habille cette année d’une capsule à vis. teur et désaltérant. Long en bouche, ils ont également du fond. Peu de pays peuvent se vanter de conjuguer les deux. C’est pourquoi nos vins ne tomberont jamais dans l’oubli. Sûr qu’avec nos 477 appellations et nos multitudes de producteurs, nous sommes très compliqués pour les étrangers, mais certaines maisons trouvent des astuces de présentation pour donner des repaires sur les étiquettes. Il est arrivé que la France ne fasse pas l’unanimité à l’étranger. On se souvient des États-Unis qui boycottaient nos produits après un récent désaccord de politique interntionale. Nous nous en sommes remis. Certains Américains n’ont pu CIGALE SEPTEMBRE 2007 13 © N. Schiffmacher SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle Un whisky sinon rien ! par Sabine Corvec HIsKY lA MAIsOn Du W Créée en 1956 mi-chemin entre l’Élysée et la Madeleine, la splendide boutique de la Maison du Whisky joue la carte de la tradition, se présentant comme un club de gent- lemen, et décoré du bois dont on fait les meilleurs fûts à whisky. Pour le débutant, y séjourner quelques heures un verre à la main et un cigare aux lèvres est désormais une réalité depuis que Thierry Bénitah, successeur de son père fondateur, a repris l’affaire en 1995 et perpétué le culte auprès d’un public plus large. Grâce, notamment au sympathique Jean-Marc Bellier, grand Maître de ce Temple à la gloire de l’orge maltais qui a ouvert un club de dégustation ouvert à tous, un site Internet particulièrement dynamique, créé la revue Whisky Magazine, des livres et guides et organisé des voyages thématiques, tout cela avec l’aval du siège de Clichy. « Certes, nous avions un public acquis d’avance, explique-til, puisque notre maison est connue dans le monde entier pour son offre (plus de mille références dont six cents en exclusivité) et que des étrangers viennent uniquement à Paris pour nous ; mais s’empêcher de boire du champagne, mais ils prenaient la précaution d’ôter l’étiquette…. Le champagne connaît un boom fantastique : 321,6 millions de bouteilles ont été vendues l’an dernier, soit une augmentation de 4,6 % par rapport à 2005. Si la France reste le premier consommateur, les pays hors de l’Union européenne connaissent aussi une forte croissance (+16 %). Le Japon et les États-Unis ont également très bien marché. par Georges Bénitah, la Maison du Whisky est la référence mondiale des amateurs et collectionneurs. Depuis 1995, cette belle institution s’est ouverte aux nouvelles habitudes de consommation. A 14 CIGALE SEPTEMBRE 2007 nous avons également bénéficié de l’engouement d’une nouvelle génération pour le whisky puisque les Français sont parmi les plus gros consommateurs de cet alcool ; au point qu’il a détrôné le pastis à Marseille. Ainsi, nous ne sommes pas uniquement un îlot élitiste pour Lords amateurs de bouteilles à 4 000 Euros. Nous avons toute une clientèle moyenne qui débourse de 40 à 130 Euros pour des Chivas très convenables. Le club de dégustation connaît un succès de fréquentation qui confirme cette démocratisation et les nouvelles habitudes de consommation d’une génération. « Nos adhérents ont entre 25 et 40 ans de toutes conditions. Le plus extraordinaire, c’est l’érudition de ces jeunes gens qui viennent souvent au whisky pour la diversité des arômes et l’amour des pays où s’inscrit sa tradition. Nous ne sommes ni guindés ni soudards. Et notre vocation est de répondre à la demande des « initiés » et d’accueillir les nouveaux convertis sans snobisme aucun. » Entre toutes ses activités, Jean-Marc a encore trouvé le temps d’emmener en pèlerinage quelques « fidèles » dans le nord de l’Écosse. Cinq jours à la gloire du dieu Balblair (quelque whisky mythique) dont il parle avec la conviction d’un Druide revenu à la source. Une source de plaisirs, bien sûr. 20, rue d’Anjou (VIIIe) M° Madeleine - www.whisky.fr Whisky live Paris 2007 : 22, 23, 24 sept. dans les salons de christie’s - 9, avenue Matignon (VIIIe) -Programme et réservations : www.whiskylive.fr Comment l’expliquer ? C’est le plus symbolique de nos vins et le seul à être resté dans le giron des familles françaises. Grâce à son image et à sa qualité, sa renommée est planétaire. Les grandes, comme les petites marques. femme d' esprit © N. Schiffmacher SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle par Françoise Lemoine Une rÈDe ArMAGnAc cAstA L’Armagnac n’a plus la cote et ne fait pas le poids face au cognac. Fini le temps où, après un bon repas, on prenait un vingt ans d’âge dans une main et un cigare © N. Schiffmacher dans l’autre, face à un feu de bois. Castarède, maison emblématique des Armagnac, fait pourtant de la résistance. C ’est l’une des rares entreprises à être restée dans le giron familial depuis six générations. À la tête de cette prestigieuse eau-devie, Florence Castarède, jolie femme blonde, qui se démène depuis quinze ans pour promouvoir l’armagnac qui lui tient tant à cœur. La quarantaine alerte, elle se partage entre les cépages nobles du château de Maniban, au cœur du Bas-Armagnac, la « cave » du 140 boulevard Haussmann, Paris VIIIe, mais aussi la Russie, la république tchèque, HongKong, le Japon… sans oublier, bien sûr, les pays d’Europe. 60 à 70 % des bouteilles d’Armagnac partent à l’exportation. Rien n’arrête Florence Castarède, qui s’attaque aujourd’hui aux marchés américains, indiens et chinois. Vaste programme. Quand elle n’est pas par monts et par vaux, elle s’occupe de la boutique-cave, située à quelques pas du musée Jacquemart-André. Le nombre de clients à pousser la porte varie en fonction de l’intérêt des expos du musée. Dans sa boutique, les plus grands millésimes – le plus vieux date de 1888 – côtoient les tableaux d’art contemporain, accrochés au mur : « Je cherchais un lieu convivial pour être la vitrine de nos armagnacs et non pour faire du commerce, précise Florence Castarède. On ne vient pas ici que pour déguster de l’Armagnac, mais aussi pour assister à des expositions temporaires ou découvrir d’autres produits. Ainsi, deux fois par an, des producteurs de champagne et de foie gras louent l’espace pour accueillir leurs clients : « Un concept que je compte bien développer », précise la jeune femme. Florence Castarède a bien raison de réfléchir à sa reconversion. Car, comme elle-même le souligne, l’Armagnac va mal : « Même si les chiffres restent stables, nos ventes ont beaucoup baissé, à cause des alcootests »». Le marché du cadeau est également une alternative. Offrir une bouteille d’Armagnac personnalisée est en effet une excellente idée. On indique sur l'étiquette l’année de naissance ou d’anniversaire, agrémentée, si on le souhaite, d’un message. À l’occasion du G8, tous les participants sont partis une bouteille d’Armagnac sous le bras. Autre parade à la désaffection de l’eaude-vie : la Blanche et Missa, deux jeunes Armagnac (3 ans) conçus pour être consommés comme la vodka. « Nous avons réalisé un cahier de cocktails pour donner des idées aux clients comme aux barmen », précise Florence Castarède. La jeune femme a bien conscience que la vodka, réalisée à base de céréales et de blé, est beaucoup moins chère que l’Armagnac qui provient de la vigne, comme le cognac…. Mais , comme dit l’adage : « qui ne tente rien n’a rien »». CIGALE SEPTEMBRE 2007 15 SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle Blaye au comptoir propos recueillis par Arsène Corvec Les 17 et 18 octobre, l’opération JeAn lIssAGue « Blaye au comptoir » fêtera ses douze ans en investissant une fois encore les bistrots et bars à vins de Paris. Jean Lissague, grand ordonnateur des festivités, nous en dit plus. cigale : Quel est le principe de l’opération « Blaye au comptoir » ? Jean lissague : Soixante-dix vignerons spécialisés dans les Premières Côtes de Blaye présentent dans différents endroits chaleureux de Paris leurs vins sans le moindre intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Tout cela de manière informelle mais fort 16 CIGALE SEPTEMBRE 2007 professionnelle où chacun s'y retrouve. Le viticulteur car il peut parler de son produit et vendre aux particuliers dans une excellente ambiance. De plus, il trouve dans le bistrot en question un nouveau distributeur. D’autre part, c’est intéressant pour les établissements car ils bénéficient d’une belle publicité et d’une animation. Enfin, la publicité que nous organisons autour de cet événement permet aux viticulteurs de parler à plus de gens de leur produit. Quels sont vos critères de sélection pour les bistrots ou bars à vin ? L’esprit des lieux est déterminant. Un bistrot de quartier ou un bar à vins branché fait tout aussi bien l’affaire. Soit le viticulteur peut désigner tel ou tel établissement, ou bien nous nous appuyons sur notre intermédiaire parisien Jean Lapou- SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle jade, le directeur des pains Poîlane et fondateur du réseau « Tradition du vin » qui organise chaque année l’élection du meilleur bistrot à vin de Paris. L’enjeu de l’opération « Blaye au comptoir » est de développer l’appellation mais est-ce que la région en bénéficie également ? L’objet numéro 1 est effectivement la promotion de l’appellation. Pour autant, nous jouons également la carte « destination verte », touristique. La Citadelle de Blaye est en cours de classement à l’UNESCO et cela n’est pas négligeable en terme d’intérêt pour notre région. Au même titre que l’estuaire de la Gironde et le vignoble. Une question personnelle : est-ce que vos fonctions de directeur du Syndicat Viticole de Blaye vous permettent de joindre l’utile à l’agréable ? Dans la mesure où je fais le tour des bistrots qui accueilleront l’opération et que je promotionne nos vins auprès de la presse et d’autres interlocuteurs, on peut en effet considérer que mes fonctions ne sont pas nécessairement sinistres… Mais ce qui est surtout important c’est l’image de notre appellation et le contact direct entre nos jeunes vignerons et les consommateurs. Nous sommes les seuls à procéder ainsi, à apporter au public une autre idée de ce qu’est un grand vin. À propos d’estuaire, puisque Blaye est sur la rive nord, pourquoi boire vos vins plutôt que du Médoc, sur la rive sud ? D’abord, le rapport qualité/prix de notre appellation. Le prix moyen d’une bouteille est de six Euros. Ensuite, nous sommes bicolores (rouge et blanc) alors que le Médoc, que je ne sous-estime pas, est exclusivement rouge. Nous proposons une grande diversité de goûts. Est-ce que vous ambitionnez à terme de hisser « Blaye au comptoir » à la hauteur de l’opération « Beaujolais nouveau » ? Ce qui en terme de goût serait un avantage pour les consommateurs. Difficile à dire car nous ne sommes pas un vin « nouveau » mais un vin millésimé. Pour autant, depuis dix ans que nous existons, nos festivités parisiennes remportent un franc succès. D’ailleurs, depuis l’année dernière, nous avons une édition à Saint-Malo et bientôt une chez nous, à Bordeaux, où paradoxalement nous ne sommes pas très connus malgré nos huit cents viticulteurs. CIGALE SEPTEMBRE 2007 17 RESTOS -30 SPéCIAL le PlAIsIr en BOuteIlle vin à prix de caviste À Paris, il paraît que l'on Le boit peu, mal et cher ? Voici trois maisons où trouver du bon vin à prix de caviste à consommer en quantité… raisonnable. © N. Schiffmacher ratatouille Ce banquier à la retraite a franchi le cap du CEP en ouvrant Couleurs de Vigne, un charmant petit restaurant où le vin est roi. Rassurezvous : on y sert aussi une cuisine traditionnelle (petit salé, bœuf bourguignon) et des produits frais du Cantal… Chez ce spécialiste du bourgogne (90 bouteilles sur 200), vous dégusterez un Nuits-Saint-Georges Les Allots 2002 (18,60 €), à moins que l’on ne vous conseille un Chitry d’Olivier Morin à moins de 10 €. Si les pages du magazine étaient plus grandes, on vous parlerait de ce Meursault blanc Clos des Perrières aux 65 € légitimes. Mais les choses étant ce qu’elles sont, vous devrez réserver et aller voir par vous-mêmes… 2, rue Marmontel - XVe - 01 45 33 32 96 18 CIGALE SEPTEMBRE 2007 les Domaines qui Montent © Axel Loustau © N. Schiffmacher couleurs de Vigne De grands amateurs de vin et l’ancien second des cuisines de l’Intercontinental qui se réunissent pour monter un restaurant… est-il besoin d’en dire plus ? Dans un cadre élégamment moderne, Ratatouille propose une carte originale et raffinée. Mais l’astuce est ailleurs : les mois précédant l’ouverture, début septembre, ont été passés dans les ventes aux enchères des meilleurs crus. De nombreuses découvertes et quelques domaines connus, huit vins au verre et une soixantaine à la bouteille, Ratatouille est LE restaurant à vins. Passer d’un Médoc 1995 Château Lestage Simon (24 €) à un Saint-Emilion Montbousquet 2004 (59 €), quel beau voyage… 168, rue Montmartre - IIe - 01 40 13 08 80 www.ratatouille-paris.fr Dans une salle au parquet rustique et aux appliques baroques, 300 appellations trônent sur leurs étagères tandis qu’une vingtaine de couverts sont dressés. Charcuterie du Béarn et cuisine du terroir : tout pour accompagner la bouteille qu’immanquablement vous aurez achetée avant même de songer à avaler un morceau… À découvrir notamment, le Rasteau 2005 Château de La Gardine (14 €), un vin d’exception proche du Châteauneuf-du-pape ; ou plus simplement un verre de 1re Côtes de Blaye Château Grand Pierre à 2 €. Et si vraiment vous vous sentez un désamour profond pour le vin et ses splendeurs, vous pourrez toujours prendre une « Bière artisanale des Flandres », ou 75cl de bio à moins de 5 €. 33, rue Brunel - XVIIe - 01 45 72 69 98 ART ET CULTURE Le Grand Amphithéâtre du Palais des Congrès de Paris À savoir n © SEPCP/Agence Sofiacome Le Grand Amphithéâtre a fait peau neuve nOuVelle VersIO durant l’été. Toute une recherche de matières associée à un fin travail d’éclairage ravive ce lieu magique de la capitale. I l s’est paré de nouveaux atours : des fauteuils en flanelle de couleurs orange, fuchsia et mauve et les murs sont devenus des parois de lumières grâce à une subtile association de LEDs qui irradient un arc-en-ciel de couleurs. Côté innovation technique, le changement du sol offre une meilleure acoustique lors des concerts et les vingt kilomètres de fibre optique installés pour la transmission informatique, et vidéo laissent présager d’effets visuels époustouflants. Les malentendants appareillés pourront eux aussi profiter des concerts et conférences, en se connectant sur la fréquence de la BIM (boucle à induction magnétique, cinq kilomètres de câble intégrés dans la maçonnerie parcourent le sol). Cette rénovation aura duré seulement deux mois. Le temps des vacances. En un tour de main, 3 723 fauteuils ont été démontés et remplacés pour offrir un confort maximum aux spectateurs. Les premiers quatre cents fauteuils sont entièrement démontables en vue d’événements exceptionnels… Ce chantier de titan a été prévu bien en amont il y a cinq ans afin de "bloquer" la salle. Cinq ans, c'est en effet le délai nécessaire aux organisateurs de congrès pour réserver le Grand Amphithéâtre. Car si le Palais des Congrès de Paris est connu du grand public pour ses spectacles, ils ne représentent qu’un aspect de son activité. La plus grande partie est consacrée au secteur des congrès et des expositions ainsi qu’aux assemblées générales ou réunions des plus grandes entreprises françaises. Quelques grandes manifestations de la rentrée : le 49e Congrès de la société française d’anesthésie et de réanimation le 26 septembre, suivi du 7e Prestige des Antiquaires à partir du 29 septembre… L’agenda est disponible sur le site Internet du Palais des Congrès de Paris. Côté spectacles, Dany Brillant aura le privilège d’étrenner la salle rénovée le 27 septembre. Suivra un hommage à Elvis Presley les 6 et 7 octobre puis une série de concerts de Charles Aznavour du 9 octobre au 10 novembre. Après Michel Leeb et avant Laurent Gerra, Henri Salvador saluera son public le 21 décembre. toute l’actualité des spectacles et réservation : en ligne : www.palaisdescongres-paris.com sur place : Billetterie, dans le hall principal du Palais des Congrès de Paris Par téléphone : 01 40 68 00 05 CIGALE SEPTEMBRE 2007 19 ART ET CULTURE À lire rentrée littéraire chez Scali bal des débutants par Le Sabine Corvec En marge de la rentrée littéraire et de ses vedettes, il y a la réalité des premiers romans, de leurs auteurs et éditeurs. Stéphane Million, éditeur chez Scali, et deux de ses romanciers lèvent un coin du voile. c haque année plus de mille premiers romans sont publiés. En vain si l’on sait que la majorité ne sera pas lue au-delà du cercle familial puisqu'un livre dont on ne parle pas dans les médias est un livre qui n’existe pas. Ces évidences étant posées, on se demande ce qui pousse encore tant de romanciers débutants à s’infliger toutes les épreuves qui attendent un sans-grade en partance pour le front puisque pas la moindre compensation financière n’est envisageable (à l’exception d’un à-valoir symbolique). Pour Stéphane Million, ancien complice de Frédéric Beigbeder chez Flammarion, directeur de la revue littéraire Bordel et éditeur chez Scali, les auteurs inconnus ne gagnent pas tous à le demeurer ; même s’ils doivent attendre plusieurs années et quelques livres avant de connaître un éventuel succès. « Un Houellebecq, cela se construit. Lui a mis cinq ans et plusieurs ouvrages avant d’exploser avec ses Particules élémentaires. Mais pour la plupart de mes « poulains », puisque je ne publie que des premiers romans, la reconnaissance du milieu littéraire ou des critiques et l’amour de leur propre littérature l’emportent largement sur toute autre considération, et notamment financière puisqu’il n’y a pas d’argent ». Et lorsqu’on demande à l’accoucheur de Pop Heart de Barbara Israël quelles sont ses motivations, il répond enthousiaste : « Découvrir une nouvelle plume, un univers ou un style est très excitant. Tout se joue dès les premières pages du manuscrit. Là, je sens d’emblée s’il y a une voix ou pas. Cela a été le cas autant pour Barbara Israël ou Rol (voir interview) avec French Cancans qui est un condensé de style, de décadence et d’insolence réjouissant ». Barbara Israël se félicite d’autant plus du bon goût de son éditeur qu’elle a mis sept ans avant de le trouver. « Cela a été une très longue période d’espoir, de désespoir, d’entêtement et de doutes. Enfin, après un nombre incalculable de lettres de refus, j’ai rencontré l’attachant et iconoclaste Stéphane Million grâce à une amie qui travaillait chez Flammarion. Il a aimé une de mes nouvelles qu’il a publiée dans sa revue Bordel et une sorte de connivence s’est instaurée. » Quid de l’ambition dans un milieu où il n’est pas de bon ton de l’afficher ? « Si on a des ambitions matérielles, répond-elle, on fait de la télévision, pas des romans. À mes yeux, l’important est que mes livres existent, même confidentiellement. » Les lecteurs de Cigale sont désormais dans la confidence. Pop Heart, scali - Bordel, 19, 90 € 20 CIGALE SEPTEMBRE 2007 I les ÉDItIOns scAl LA BILLETTERIE DE est un service de vente, de réservation et de suivi personnalisé pour l’ensemble des spectacles programmés à l’Olympia. Vous aussi, adoptez la sérénité ! www.olympiahall.com Réservations : 0892 68 33 68 (0,34 /mn) 28, boulevard des Capucines - Paris 9e Les French Cancans propos recueillis par Sabine Corvec l De cHrIstIAn rO Chez Cigale, nous avons le privilège discutable de bien connaître Christian Rol. Le public, lui, est en train de découvrir son premier roman French Cancans. cigale : Pourquoi avezvous mis deux ans avant d’être publié ? christian rol : Parce que je pensais que mon seul talent suffirait à forcer toutes les portes. Mais après avoir essuyé cinq ou six refus auprès des « grands » éditeurs, j’ai compris que les autres bastions du conformisme parisien me réserveraient le même sort. L’édition est une grande bourgeoise progressiste qui reçoit les mêmes ganaches depuis soixante ans. Hors ce sérail, point de salut. Vous aggravez votre cas en écrivant un roman particulièrement provocateur… La provocation, si elle est servie par un style, est un appel d’air. Mais je manie aussi l’humour, et ça c’est autrement plus difficile à transposer que le quotidien sinistre à la mode ou les grands principes jetés en pâture avec trente mots de vocabulaire. J’ai écrit le roman que je voulais lire : une chronique virile, drôle et désespérée de la décadence considérée d’un point de vue marginal. êtes-vous réactionnaire ou anarchiste ? Pire que cela : je suis libre ! Je dis et j’écris ce qui me plaît quand j’en ai envie. Au risque de déplaire… et parfois de plaire ; mon registre préféré malgré les apparences. certains parlent déjà de vos « cancans » comme d’un livre « culte »… C’est tout le mal que je me souhaite… Vous auriez un conseil à donner à un romancier débutant comme vous ? Je suis assez mal placé pour les conseils. Alors, une recette tout au plus : travailler sérieusement sans se prendre au sérieux ; avoir une jolie fiancée à ses côtés et quelques vrais copains. Et avoir la chance de rencontrer un type comme Stéphane Million. Voilà un éditeur courageux, un homme d’esprit, de parole et de cœur. Enfin, je crois aussi à l’énergie du désespoir qui peut faire office d’ambition. qu’allez-vous faire de vos droits d’auteur ? Tout dépendra de ce que feront de moi les droits d’auteur. Acheter une Jaguar bleu nuit ou la Carte Orange cinq zones... French Cancans - 19,50 € - editions scali CIGALE SEPTEMBRE 2007 21 ART ET CULTURE une affaire elà de leurs nne table. ugbystique et octobre 12 menus spécialités ent avec un n, synthèse présence. s du chef ur Plume. 12 menus pour 12 matchs tchs onales Rencontres culinaires internationales Un G é r a r d G u y e t J e a n dîner sportif 12 Menus POur 12 L a p o u j a d e MAtcHs e n septembre, la terre sera ronde et vibrera au rythme d’un ballon ovale : celui du Mondial du Rugby ! Chez Cigale, parce qu’on est partial comme tout, on ne vous dit pas tout le mal qu’on pense des équipes que la France affrontera. Parce ce qu’on est aussi très Gérard Guy discret, on laisse au placard pronostics et autres prévisions moyennement fiables. Mais parce qu’on est gourmand, quand Gérard Guy et Jean Lapoujade proposent des mêlées de saveurs sans arcade explosée, on se demande qui peut encore vanter la merguez-frites du Jean Lapoujade football et on fonce à l’essai ! 12 menus pour 12 matchs, c’est une soixantaine de recettes pour accompagner en gentleman le plus gentleman des sports de brutes. Avec Jean-Pierre Biffi, chef des cuisines du célèbre traiteur Potel et Chabot, en pack bien serré, les trois compères plaquent les recettes qui Jean-Pierre Biffi transforment un soir de match envie de gagner un exemplaire de 12 menus pour en un chaleureux dîner. Seule 12 matchs... taguez ! Scannez ce Tag à partir de voréserve : le plat de résistance tre téléphone portable : 1. Vous avez un Nokia N70 du match France-Irlande. black ou gris, lancez l’application Flashcode et scannez le MobileTag. Le bon plan apparaît immédiatement à « Coq flambé au whiskey », ça l'écran. 2. Sinon : • Envoyez par SMS le mot CIGALE manque un peu de cocorico… au 06 61 71 49 61 (coût d'un SMS) • Recevez et téléchargez le logiciel MobileTag • Scannez le MobileTag. Rendez-vous le 21 septembre Vous savez immédiatement si vous avez gagné. pour voir qui flambe qui ! Chasseur cueilleur, écrivain culinaire, créateur de « la cuisine des poètes » : des rencontres littéraires et gastronomiques avec les plus grands chefs (Bernard Loiseau, Jacques et Laurent Pourcel, Eric Frechon, Michel Roth…). Auteur de nombreux livres sur le ballon ovale et de guides gastronomiques et œnophiles, Jean Lapoujade est né à Agen, ville de pruneaux et de rugby. Émigré à Paris dans les années 80, il collabore avec les Boulangeries Poilâne. Amateur de bonne chère et de vins, il est aussi le rédacteur de Tradition du Vin et du site www.bistrotavins.com. 12 menus pour 12 matchs Rencontres culinaires internationales Par Gérard Guy et Jean lapoujade Éditions Gourcuff-Gradenigo - 12 € Cuisinier aux multiples talents, chorégraphe culinaire : avec lui la cuisine prend du sens, elle vit elle s’anime, elle est heureuse, conviviale, gourmande et toujours raffinée. Depuis 10 ans, il dirige de mains de maître les cuisines du célèbre traiteur Potel et Chabot. MobileTAG Paris vaut bien une énigme… u ne journée normale à Paris, les Japonais sont en haut de la Tout Eiffel, les Allemands dans le petit train de Montmartre et les Américains sur les bateauxmouches. Et vous ? Au boulot. Vous n’êtes pas un touriste, vous êtes parisien – et à ce titre, inutile de le nier, vous ne connaissez absolument rien de Paris. La ville Lumière ne vous éblouit plus – un vrai crime de lèse-luminosité ! Avec Paris énigmes, Virginie Sauner et Joseph Leblanc éclairent votre lanterne : ils vous proposent quatorze balades ludiques pour redécouvrir votre ville. En répondant à des devinettes, en résolvant des charades ou en complétant des grilles de sudoku, vous découvrez au fur et à mesure les étapes des quatorze parcours proposés. Parce qu’à la fin du livre vous devez être (re)devenu un véritable Parisien – et qu’un véritable Parisien, c’est très fort en sudoku. Paris Enigmes, Virginie sauner et Joseph leblanc, Éditions Hachette tourisme, 12 € www.cigalemag.com retrouvez tous les jours nos bons plans théâtre exclusifs sur www.cigalemag.com 22 CIGALE SEPTEMBRE 2007 SECRETS DE NATURE La calla, ou arum Elancée rose Par Serge Grellier - fleuriste ences euresc l F F 'e D s r u e l F s le Élancée rose à réaliser soi-même >>> Végétaux et accessoires : • 5 callas roses • 2 ou 3 branches tortueuses de bois de kiwi • Feuilles de beargrass • Vase à embouchure étroite >> Étapes de réalisation : > Verser un fond d’eau propre et fraîche dans le vase, y ajouter une goutte de javel pour favoriser une bonne conservation des tiges. > Caler les tiges de callas entre elles avec deux ou trois petites branches de bois de kiwi. Les tiges peuvent être « chauffées » par frottement des mains pour leur donner la courbure désirée. > Ajouter quelques feuilles de beargrass en épousant le sens général de l’élancée souhaitée. Raffinement et majesté sereine Raffinée et épurée, c’est l’emblème de la fusion des corps et du tourbillon des sens. Cette fleur graphique et majestueuse évoque une totale harmonie, calme et sereine. À l’origine, cette plante était nommée « Arum aethiopicum » ou arum éthiopien. À cette époque (XVIIIe siècle), l’Afrique était encore en grande partie inconnue et l’éthiopie faisait fonction de modèle pour l’Afrique presque entière. Un autre nom pour cette plante était « Calla aethiopica », du grec « calla » signifiant « joli » et « aethiopiacis » signifiant « qui pousse dans le pays des Maures » ou « chauffée par le soleil ». Finalement on retint l’appellation botanique Zantedeschia, du nom du médecin et botaniste italien G. Zantedeschi (1773-1846). BON PLAN CIGALE BON PLAN CIGALE BON PLAN CIGALE BON PLAN CIGALE BON PLAN CIGALE BON PLAN CIGA Le magazine Cigale et Effleurescences ont le plaisir de vous offrir -10 % sur tous les bouquets présentés sur le site www.effleurescences.fr. Introduisez tout simplement le code avantage « cigale2007 » en première étape du processus de commande. (Offre non cumulable, hors vases, livres, livraison.) CIGALE SEPTEMBRE 2007 23 SECRETS DE NATURE Hter e WAec In O t n 'A D O l O c É le BIllet cure avant l'hiver Promenade d'automne C'est aussi le moment de pratiquer une cure de raisin. Les diètes de fruits peuvent se substituer à la pratique millénaire du jeûne, qui permet d'éliminer, avant ou après l'hiver, les toxines accumulées. Elles consistent à se nourrir pendant un à trois jours exclusivement du fruit choisi. L'entrée et la sortie dans cette cure doivent se faire progressivement, en remplaçant d'abord le dîner, puis le petit-déjeuner et enfin le déjeuner, par un repas de raisins. De la même manière, le rétablissement d'une nourriture habituelle se fera étape par étape. Cette pratique, une fois dans l'année, conforte notre organisme, que nous soumettons à de nombreuses agressions, notamment d'origine alimentaire. Septembre est un mois de lumières, de la saison du brame couleurs et d'abondance… B ien avant que les frondaisons ne se colorent, les haies s'illuminent de baies rouges (aubépine, églantine, cornouiller…), bleues nuit (prunelle, ronce) ou orangées (fusain), tandis que les vergers se couvrent de fruits d'or (coing), jaunes (poire, pomme), carmins (pomme) et bleues (prunes). Vin nouveau En ce début de vendange, les beaux vignobles d'Alsace, de Bourgogne et du Jura méritent une visite, pour ces décors d'opulence, mais aussi pour goûter ces plaisirs de saison qui participent d'un art de vivre. Certains vignerons et la plupart des auberges du vignoble proposent du "vin nouveau" que l'on consomme avec des noix, du lard maigre, un fromage à pâte molle (du Muns- 24 CIGALE SEPTEMBRE 2007 ter par exemple), accompagné de tranches d'un pain croustillant au levain. Des pommes et des grappes de raisin peuvent compléter la table, qui prend alors l'aspect d'un hommage à tout ce que la terre nous offre. Sous le terme, trompeur, de "vin nouveau" se cache un jus de raisin sans additif ni conservateur, un jus vivant qui pétille au bout de quelques jours. "Doux", il sort du pressoir : ce jus de raisin sucré n'a rien à voir avec le jus de fruit stabilisé vendu toute l'année en bouteille. Il est d'ailleurs quasiment impossible à trouver hors du vignoble en raison de délais d'acheminement trop long pour le conserver dans cet état. "Pétillant", il a amorcé la fermentation : son goût est moins sucré et il pétille. Au bout de quelques jours apparaît une petite amertume. Le raisin doit être, autant que possible, issu de l'agriculture biologique. La meilleure pratique consiste à le cueillir soi-même chez un viticulteur bio, par une journée ensoleillée, pour goûter quelques instants l'ambiance du vignoble en cette saison magique qu'est la fin de l'été ou le début de l'automne. Et, puisque ces vignobles sont pour la plupart adossés à des reliefs boisés reconquis par le cerf, le début de la nuit peut être consacré à l'écoute du brame des mâles, qui se disputent la prééminence auprès des biches. Mais attention, la reproduction du cerf a lieu entre le 15 septembre et le 15 octobre, alors que le début des vendanges est de plus en plus précoce sous l'effet du réchauffement climatique. Plus que tout autre terroir, le vignoble est l'expression d'une culture et d'un art de vivre. Plus que toute autre saison, le début de l'automne est le moment d'en profiter. uX AVec A IM n A s e l Z e G É PrOt BArDOt e t It IG r B n IO t A lA FOnD SECRETS DE NATURE © Francis Parel 28, rue Vineuse - 75116 Paris 01 45 05 14 60 www.fondationbrigittebardot.fr Cirques et zoos : la misère animale Stress, ennui et souffrance accompagnent la vie des animaux incarcérés au cœur des zoos et cirques qui bafouent la dignité animale au nom de la « pédagogie », de la « joie des petits et des grands ». De drôles sAuVetAGe D'un HIPPOPOtAMe : C'est après 8 mois de démarches administratives et organisation logistique, que Tonga, un hippopotame de 11 ans pesant presque 2 tonnes, est arrivé au Sanctuaire de Sanwild en Afrique du Sud. Ce sauvetage, effectué en collaboration avec la Fondation Assistance aux Animaux, intégralement financé par la Fondation Brigitte Bardot, est une première ! Né en captivité, Tonga était détenu illégalement par un cirque ne possédant aucun certificat de capacité obligatoire pour tout animal sauvage. L'hippopotame, saisi sur décision de justice, est alors placé temporairement au Zoo de Saint-Martin-la-Plaine (Loire) dans l'attente de trouver un placement définitif. Ce sont les 28 et 29 août 2007 qu'est effectué le rapatriement de Tonga. C'est au terme d'un très long voyage en camion et en avion que Tonga découvre enfin ce qu'il n'a jamais connu : la liberté ! C haque année des millions d’animaux sont capturés dans leur environnement naturel, puis transportés illégalement dans des conditions atroces pour finir derrière des barreaux. Le cirque, présenté comme la quintessence de la joie, revêt, du côté coulisses, un caractère beaucoup moins « bon enfant », et résolument criminel. Où l’on voit fauves, éléphants ou encore phoques, singes ou otaries (parmi tant d’autres victimes) incarcérés tout au long de leur pauvre vie dans des cages exiguës d’où ils seront extraits, avec force brutalité, pour des numéros contre-nature qui conduiront à une destruction psychique irrémédiable. Quant au dressage qui impose à la beauté sauvage de singer les hommes, il n’est rendu possible que par d’incessantes maltraitances (séparations du petit de sa mère, coups de fouets, gourdins, appareils électriques) qui ne grandissent pas leurs auteurs et aboutissent à de nombreuses pathologies (maladie de la peau, problèmes musculaires). Cette violence et cette négation de la vie animale sont-elles véritablement dignes de nous ? Ne peut-on imaginer le cirque sans animaux et goûter aux talents des clowns, des jongleurs et des trapézistes sans ce voisinage abject ? Les zoos, eux, présentés comme autant d’outils « pédagogiques », voire « ludiques » à l’endroit des enfants, ne sont en fait que d’autres prisons peuplées d’innocence. Et l’on ne voit pas très bien ce que nos chères têtes blon- © FBB de notions pour une vie de misère. des retireront du spectacle d’un tigre ou d’un lion enfermé dans une cage ou de kangourous en plein Paris. Si la pédagogie passe par de tels spectacles, alors pourquoi ne pas prolonger l’étude jusqu’à organiser des Portes ouverts dans les prisons ? L’équilibre d’un animal ne se situe pas derrière des barreaux ni dans des fosses, encore moins sous des latitudes qui lui sont étrangères, mais en liberté. La liberté des animaux, leur respect, le spectacle de leur épanouissement sont les plus belles leçons que les hommes puissent dispenser à leurs enfants. CIGALE SEPTEMBRE 2007 25 LA CHRONIQUE D'ANNABELLE MILOT FÉ AVec… A c e D e s s A r r e t Incruste À une Bernard Photos : Nicolas Schiffmacher Le 19 septembre sortira le premier film réalisé par Bernard Campan. Rencontre impromptue à une terrasse parisienne avec cet artiste aux multiples facettes. son actu Actu ciné la Face cachée de Bernard Campan, avec Karin Viard, Bernard Campan et Jean-Hugues Anglade. Sortie le 19 septembre. le coeur des hommes 2 de Marc Esposito, avec Bernard Campan, Gérard Darmon, Jean-Pierre Darroussin, Marc Lavoine. Sortie le 24 octobre. 26 CIGALE SEPTEMBRE 2007 On vous a connu humoriste, puis artiste dramatique dans le film de Zabou Breitman et vous voilà de retour en tant que réalisateur avec un film qui ne ressemble à aucun autre. Mais combien de faces cachées avez-vous ? J'en ai à l'infini, mais comme tout le monde… Lorsque vous avez commencé à écrire le film, avez-vous tout de suite songé à interpréter le personnage principal ? Oui. Comme c'est un premier film, il me semblait que c'était plus simple pour moi de l'interpréter, je pensais pouvoir me glisser en une fraction de seconde dans la peau de ce personnage, dans sa complexité, dans ses angoisses. Je n'ai jamais pensé à quelqu'un d'autre pour interpréter mon personnage. Au moment de l'écriture, c’est moi que je voyais dans le rôle. Il aurait vraiment fallu un problème de je ne sais quel ordre pour que je pense à quelqu'un d'autre.Je sentais bien dans l'écriture du scénario qu'il fallait que je parte de moi-même en me posant ces questions : « je suis qui ? », « Je fonctionne comment dans ma vie ? » Ce personnage, c'est 100 % moi tel que j'étais il y a 10 ans, c'est 100 % mon regard sur le monde. À la fin de la projection de presse, les journalistes ont reçu un petit mot leur demandant de ne pas divulguer l'issue du film. Mais à sa sortie, le 19 septembre, le film ne sera plus sous votre contrôle : qu’allez-vous faire pour empêcher le public de parler ? Je ne pourrai plus rien faire donc il faut que je lâche cette idée. Mais c'est vrai que j'aurai agit autant que possible en amont © D. Desrue LA CHRONIQUE D'ANNABELLE MILOT Campan pour que l'on ne parle pas du dénouement de l'histoire, même si je pense qu'à un moment cette révélation de la fin deviendra le sujet ouvert du film. Pensez-vous que le film perde de sa valeur si l'on en connaît la face cachée ? Le film est ce qu’il est, je veux dire que c’est toujours le même film qu’on regarde. Néanmoins quelqu’un qui ne sait pas à quoi s’attendre aura logiquement une impression plus forte ; voilà pourquoi je préfère préserver le secret le plus longtemps possible. Si l’on connaît la fin, le film devient différent. Pas meilleur, pas moins bon, simplement différent. C'est un film sur le regard : ou comment voir les choses telles qu'elles sont. Du coup on peut se dire : je vais revoir le film parce que la première fois je n'ai pas su voir ce que j'avais sous le nez. Alors le film prendra toute sa force. Est-il facile d'annoncer à vos compères Bourdon et Légitimus que vous avez écrit un film, que vous l’avez réalisé… et qu’ils ne jouent pas dedans ? Heureusement que je n'ai pas eu à leur annoncer comme ça ! Les Inconnus ont eu un tel impact que si Pascal et Didier apparaissaient dans le film, on serait parti vers autre chose. À moins de faire des apparitions presque subliminales – et ça aurait été compliqué à mettre en place ! Mais je ne pense pas qu'ils m'en veuillent… Enfin… il faut leur demander ! Quel genre de réalisateur êtes-vous : plutôt bon copain ou plutôt tyran ? Je pense que je suis ni l'un ni l'autre. Mais j'ai lutté pour ne pas trop imposer les choses. J'ai été assez ouvert. Parfois j'ai demandé de l'aide et je l'ai reçue. Karin Viard dit de moi : « Il ne sait pas toujours ce qu'il veut, mais il sait absolument ce qu'il ne veut pas ». Comme disait Capra : « ils m'ont aidé à être mon prolongement ». Qu'aimeriez-vous que l’on dise et que l’on ne dise pas de votre film ? Ça me blesse toujours que l'on ne comprenne pas les personnages. Si on me dit : « on comprend qu'elle soit mal, Karin Viard, avec un mari aussi chiant », je vais avoir très envie de répondre que ce n’est pas le film ! Même si mon personnage est parfois un peu pénible, il faut bien le reconnaître… Mais qu'on me dise : « j'ai eu l'impression de vous rencontrer, en découvrant votre film », ça, ça me touche. Lorsque je rentre chez moi, j'enfile un vieux jogging et je m'empiffre de crème glacée devant des programmes de télé-réalité. C'est ma face cachée. Et la vôtre, c'est quoi ? (Rires) C'est pas loin d'être pareil ! J'ai la chance d'avoir une femme qui m'autorise à me mettre totalement à l'aise, donc lorsque j'arrive chez moi c'est jogging, pantoufles, laisser-aller total, franchement pas sexy. En revanche, je ne me jette pas sur les chocolats et la télé ! Préférences B ton restaurant : le Briganville à Rochefort. « On y mange très très bien pour une somme modique. Ne pas louper la spécialité : l'excellent poulet Saint Pierre. » B ton musée : le musée de la musique « que l'on peut voir dans La Face cachée, ça a été un beau moment ». Sa sacoche fétiche. B ton livre : La construction de soi d'Alexandre Jollien B ton réalisateur : nick cassavette Signes particuliers o Avait une collection de petites peluches en peau de lapin entre 6 et 12 ans, « Une pauvre bête qui a été tuée avant d'en faire une autre » o A essayé d'ouvrir son gobelet de baptême avec un ouvre-boîtes ! o Porte un bracelet brésilien fabriqué par son fils Loan et une montre offerte par son ami producteur Phillippe Godeau o Habite à Rochefort en Yvelines o Sinon ? « Je suis quelqu'un d'extrêmement compliqué , pour quelqu'un qui veut être simple ! » Bernard, attendez-moi, on ne va pas quitter comme ça ! CIGALE SEPTEMBRE 2007 27 L'INVITé DE TONY GOMEZ Vous avez découvert son single tout au Julie Zenatti long de l’été avec le clip diffusé sur TF1, précipitez-vous maintenant sur l’album le plus personnel de Julie Zenatti qui fait revivre la légende de Pandora, première Ore lA BOÎte De PAnD © DR femme créée sous tony Gomez : Julie, ce nouvel album c’est un peu un livre que l’on feuillette… Julie Zenatti : C’est vrai que j’ai voulu penser cet album comme une histoire. Ce ne sont pas des chansons dissociées. Ce sont vraiment des moments de vie, mais à chaque fois il y a la cause sur la plage d’avant et l’effet sur la plage d’après. Avec les deux réalisateurs de l’album, Emmanuel Rodier et Franck Rougier, on a voulu mettre de l’image en plus du son. C’est un album qui s’inscrit dans le domaine du rêve mais qui est très concret quant aux situations et à la vie en général. Comment est né cet album ? C’était il y a un an et demi. J’avais l’intention, après la dernière tournée, de m’arrêter de travailler pendant une vraie année pour vivre et pas du tout pour faire de la musique. Et puis la vie fit qu’à un moment je me 28 CIGALE SEPTEMBRE 2007 l’ordre de Zeus. suis remise au travail. On a fait des séminaires d’écriture avec pleins d’auteurs et de compositeurs d’univers différents pour voir comment cela pouvait marcher, on n’avait pas du tout de calendrier. Tout le monde a mis sa patte, je les avais tous enfermés dans ma boîte ! (rires). C’est vrai que tu as réuni des talents magnifiques comme MC Solaar, Akhenathon et bien d’autres… C’est vraiment la première fois que je rencontre des auteurs autant à l’affût du bon mot et de la bonne sensation corporelle, au-delà de l’aspect musical ou vocal, c’est un super cadeau ! Ils m’ont écoutée chanter, ils m’ont regardée vivre, ce sont des gens que je connais maintenant depuis un petit bout de temps et ils n’ont pas fait cela à la légère. Ils ont fait éponge avec moi et à la différence des autres fois, ils n’ont pas émis leurs L'INVITé DE TONY GOMEZ points de vue, ils se sont contenté du mien. C’est vrai qu’avec eux tu nous embarques dans cette histoire de femme qui est aussi ton histoire… Oui, je pense que je suis passée de ma boîte à musique à ma boîte de Pandore. Jusqu’alors j’étais dans mes repères, avec une équipe de gens rassurants avec laquelle j’ai toujours travaillé. Et là, je crois que ce coup-ci la petite danseuse est sorti de son écrin pour voir ce qu’il y avait dehors ! C’est vraiment le côté féminin qui ressort et qui jaillit un peu de cet album. Auparavant, j’arrivais à donner des émotions toujours dans la tristesse et la mélancolie. Je pense que jusque-là j’étais une chanteuse « asexuée ». Alors que je prends énormément de plaisir à chanter, cela ne transparaissait pas. J’ai eu envie de communiquer cela, car ça fait partie de moi ! C’est un album que l’on a envie de retrouver sur scène… Ce sera le cas fin février avec un passage à l’Olympia en mars. On va décliner tout l’univers du cirque : le côté enfantin et imaginaire et aussi tout le délire de sensualité et de diable pour que l’on puisse le voir sur scène. Je voudrais que cela reste sobre pour que les gens ne me perdent pas en tant que chanteuse. Je veux juste donner les clés de mon interprétation après chacun est libre d'en faire ce qu’il veut… Est-ce que Pandora regrette d’avoir ouvert la boîte ? Alors là, pas du tout ! À un moment il faut se mettre en danger, c’est important. J’étais en train de m’essouffler là où j’étais et j’avais besoin de prendre de l’oxygène ailleurs ! « Je suis passée de ma boîte à musique à ma boîte de Pandore ! » actu CD Sorti le 16 juillet 2007 © DR la boîte de Pandore CIGALE SEPTEMBRE 2007 29 SECRETS DE TENDANCE 20 Anne fait sa rentrée vin par Anne Loustau « Dieu n’avait fait que l’eau, mais l’homme a fait le vin ». Victor Hugo. Au japon, offrir une bouteille de vin de l’année de sa naissance à sa fiancée est du dernier chic. Même si cette pratique n’est pas du dernier goût dans notre Hexagone, le vin est tendance. Le bon goût est Français grâce aux métiers du vin qui se conjuguent, enfin, au féminin. La productrice C’est dans les vignes du Château Smith Haut Lafitte qu’est né le premier Spa Vinothérapie. Grâce aux soins des produits Caudalie, il est possible de vivre chez soi l’expérience enivrante et savourer avec émotion le bien être de ces soins. Le raisin est breveté antioxydant. Issu de l’agriculture biologique, il provient des cépages de Merlot, Cabernet ou Sauvignon… Plongez avec délice et sans modération dans cette large gamme de cosmétiques ! Caudalie - 9 villa Aubert - XVIIe www.caudalie.com 30 CIGALE SEPTEMBRE 2007 La dégustratrice Isabelle Forêt exerce ce métier. À la suite de ses investigations menées sur ce thème, elle déclare « les femmes ont un odorat plus développé… et ne trouvent pas les mêmes arômes dans un vin qu’un homme ». À cette conférencière en représentation, ce modèle d’escarpin lie de vin n'aura certainement pas échappé ! Escarpin Guess - 130 - www.guess.com SECRETS DE TENDANCE La caviste Pour servir le vin à la bonne température, il existe dorénavant un accessoire indispensable. Il donne la température du contenu de votre bouteille. À vous de faire le nécessaire pour que celle-ci, annoncée sur le thermomètre, soit conforme aux recommandations inscrites sur le bracelet. Plus d’hésitation, branchez votre bouteille avec le thermomètre à vin ! Bracelet thermomètre - 9,90 - www.nodshop.com La vigneronne Le sol et le sous-sol d’un vignoble forment un “terroir”. L’analyse de chacun de ces morceaux de terre permet de connaître les différents caractères de leurs propres vins. Ainsi chaque bougie, avec ses strates différentes représente la « coupe » du sol du vignoble. Elle laissera se dégager un parfum tannique très riche, puis un autre exceptionnellement charpenté, particularité du Saint Estèphe ! Effet garanti : Fermez les yeux. Humez vous êtes enfin propriétaire d’un vignoble dans votre salon ! Bougie « Terre de Bordeaux » - 13,90 - www.delamaison.fr L'œnologue Tout le monde le sait, la France produit la plupart des meilleurs vins. Ce que l’on ignore plus, ce sont les coins de notre planète ou regorgent des surprises vinicoles. Alors ouvrez grand vos papilles et vos yeux en découvrant le mini-globe « Vignes du monde ». Y sont sélectionnés les plus grands vignobles de la planète : de la NouvelleZélande à l’Afrique du Sud en passant par le Chili… La terre des vins aussi tourne sur elle-même ! Mini-globe « Vignes du monde » - 14,90 - www.delamaison.fr La sommelière Elle n’a rien à envier aux hommes. Elle aussi arbore fièrement ce fruit de la vigne à la boutonnière. Et puisque le raisin et toutes ses transformations nous font tourner la tête, il est tendance de le porter en accessoire de mode. Ce collier en témoigne et fait déjà partie des incontournables de la rentrée. En vente chez L'une et l'autre - 12, rue Brémontier - XVIIe - environ 70 Classique ou tendance ? Tradition ou modernité ? Prestige ou simplicité ? Quoiqu’il en soit, il est loin « le temps où l’on interdisait l’accès des chais aux femmes de crainte qu’elles fassent tourner le vin »… SECRETS DE TENDANCE Sergio Ille B DÉsHA Mister Corthay Photos : Nicolas Schiffmacher Mister Corthay Chemise Dior en coton violet cardinal, cravate Charvet cerise en soie tissée à rayures diagonales, 501 vintage, derby Corthay en python naturel, coiffé du modèle Arca rose Matisse. Sergio Veste Pape trois boutons en coton bleu marine à rayures rouges et blanches, découpée et effilochée, chemise Courtot en coton rose macaron, loffer Corthay à boucle et plateau pincé vernis rouge Ferrari, coiffé du modèle Arca orange électrochoc. Sergio est reçu par Pierre Corthay, bottier, à l’ombre de la colonne Vendôme au 1, rue Volney. Complicité des Compagnons Stéphane, Antoine et les Christophe, dans un Atelier où s’articulent le salon d’essayage, la table de coloriste et le veilloir. Furax ! 1 32 CIGALE SEPTEMBRE 2007 sergio : Mister Corthay, à quand remonte l’ouverture de la maison Corthay ? Mister corthay : Au 1, rue Volney, il y a eu successivement des bottiers depuis 1935, Lucien Staerck et Henri Richomme. En 1990, j’étais « goret » (chef d’atelier chez les bottiers) chez Berluti. Je reçois un appel d’un fournisseur qui m’informe que la Maison Richomme est à céder. 1990, début de l’histoire… bottier par passion ? Ma tante était sculpteur, et je prenais mon goûter chez elle en sortant de l’école. Comme elle utilisait du cuir 1 : Pierre et Christophe Corthay. 2 : Antoine broche (coupe) la trépointe au veilloir, établi de fabrication des chaussures sur mesure. 3 : Trépointe cousue. 4 : Derby à plateau plongeant bicolore en veau bronze et pelure d’oignon. 5 : Derby, Arca électrochoc vernis orange. 6 : Richelieu vernis vert prairie. 7 : Derby, Arca en croco bleu délavé. 8 : Loffer à boucle et plateau pincé en vernis lie de vin. 9 : Soulier à boucle vert minéral. dans ses créations, j’ai commencé à 8 ans à réaliser des petits objets en cuir… …pendant que certains jouent aux Lego, vous devenez bottier ? Quand je sortais de l’internat le week-end, je m’enfermais dans ma chambre transformée en atelier et je créais des objets en cuir que je revendais à l’école ou que j’offrais aux filles pour des opérations séduction. Mister Corthay l’amour du cuir vous a… …Je rentre en 1978 dans une maison de Compagnons et six ans plus tard je sors Compagnon Cordonnier Bottier du Devoir. Et Christophe mon frère cadet a suivi la même voie que moi avec six ans de décalage et a rejoint l’atelier Corthay en 1996. Pourquoi un Atelier et non pas un magasin ? Un magasin, c’est vulgaire. Y a t’il beaucoup de bottiers à travers le monde ? Trois à Paris : Loeb et Berluti… et votre Atelier ! Quatre en Italie : Marini, Gatto, Stefano Bemer et Peron & Peron. Et deux à Londres : Loeb et Clerverley. Avez-vous un maître ? Non, deux ! Jean Dréan, un bottier breton qui m’a accueilli lors de mes vacances pendant mon Tour de France de Compagnon et qui m’a transmis la rectitude et la beauté du geste. George William Dickinson, le formier de chez Loeb, lui, m’a offert la justesse du goût. Et une femme, Olga… les premières impertinences. 4 5 6 7 8 9 SECRETS DE TENDANCE 2 3 En 2007, pourquoi une chaussure sur mesure ? Tout simplement pour construire son propre univers. Il y a une dimension humaine. Il n’y a plus de notion de prix. Le plaisir est énorme, nous sommes un contre-pouvoir. C’est le luxe ? C’est un acte militant ! Qui sont vos clients ? Des hommes de goût et de tous âges. Les caractéristiques d’une paire de souliers Corthay ? Des souliers racés qui deviennent un objet de race ; c’est à la fois intime et c’est la signature d’une silhouette. Vous proposez une gamme prêt-à-porter et une gamme sur mesure ? La gamme prêt-à-porter est produite dans la manufacture que j’ai créée en région parisienne, et le sur mesure à l’Atelier de Paris. Une idée de prix ? 900 euros en prêt à porter, et en mesure… it's costy. Pierre, comment se chausser ? On peut tout porter, soyez à l’aise dans vos pompes. Au quotidien un richelieu fantaisie, un derby simple brun, un mocassin pour la fin de semaine. Pour un dîner en ville ? À partir de 20 heures, c’est open délire, tout est per- CIGALE SEPTEMBRE 2007 33 SECRETS DE TENDANCE 10 : Cambrage des empeignes (en croco) : prégalbage avant la coupe de la tige (dessus de la chaussure), présenté par Pierre. 11 : Les Chimères : Cauchemar de dandy, colorama de croco. 12 : Stéphane à la table de coloriste, pour la patine, les couleurs et le glaçage. 13 : Pied de fer. 10 mis : porter un costume noir et être chaussé d’un derby sang-de-bœuf. Les modèles ? Nous avons défini le mot modèle par le mot « famille » Les œdipes : Le début de la métamorphose Les œdipes-roi : L’identité assumée Les Schizos : Oser ne pas décider Les Electrochocs : Par-delà le bien et le mal On peut en savoir plus ? 11 Visitez le site www.corthay.fr ! 12 Le crime est consommé, y a t-il une limite ? Le mauvais goût pas intelligent. Des commandes spéciales ? Bob Rubin a créé à Long Island le club de golf le plus exclusif du monde. Les cinquante premiers membres se sont vus offrir une paire de chaussure de golf sur mesure aux couleurs du Club. Un dessinateur, star du « Manga » au Japon, a fait réaliser une paire de chaussures d’un de ses personnages, qu’il porte en conduisant sa Porsche entièrement jaune jusqu’aux pneumatiques. Une anecdote ? Un jour, un clochard entre dans l’atelier avec des vêtements complètement élimés, et au moment où j’allais lui tendre une pièce, il s’est mis à me parler… je me trouvais face à un Seigneur. Monsieur Krug ! Votre grain de folie ? Les baskets. Votre hobby ? Mixer de la funk. Votre péché mignon ? Meursault blanc. Votre mauvais goût ? J’aimerais bien en avoir un peu plus ! Qui aimeriez-vous chausser ? Keith Richards. Votre voiture préférée ? Ma Moto Guzzi V7 Sport, vert pomme métallisé de 1972. corthay - Bottier à Paris 1, rue Volney - IIe 01 42 61 08 89 - www.corthay.fr 13 34 CIGALE SEPTEMBRE 2007 SECRETS DE TENDANCE Nouvelles technologies © D.R. Coups de cœur par Fabrice Collaro spécialiste TF1 des nouvelles technologies http://blog-collaro-tf1.lci.fr In and out par Tony Gomez In la coupe du Monde de rugby Je reviens de vacances et je poursuis cette chronique qui me permet de vous informer sur des innovations qu'on ne voit pas forcément partout ! I-Pod shuffle D'abord, voici un i-pod shuffle (le plus petit modèle d'Apple) destiné aux mélomanes milliardaires ! Ce baladeur minuscule est en effet proposé au prix de 14 000 € par la société Xexoo, et pour cause, il est en Or 18 carats ! À ce prix-là, mieux vaut ne pas le perdre. nintendo Ds lite Puisqu'on parle de petits bijoux, voici une Nintendo DS Lite elle aussi originale, car recouverte de cristaux Swarovsky ! Il en existe 5 modèles différents, vendus au prix de 600 $ (420 €). Mais quand on aime les jeux vidéo... on ne compte pas, non ? Ordinateur portable ego Enfin voici l'Ordinateur portable des femmes du monde très très très riches : 400 000 $ l'unité ! La marque Ego propose ce portable en forme de sac à main, recouvert de cuir, d'or blanc 18 carats et de diamants. Je vous passe les spécifications techniques, mais je vous assure que c'est une bête de compétition ! Il existe en différentes versions, avec des cuirs superbes, à commander au Père Noël absolument ! Du 7 septembre au 20 octobre, durant 7 belles semaines, la terre est ovale… comme un ballon de rugby ! Des aficionados aux non initiés, tout le monde se passionne pour ce sport si généreux, véhiculant des valeurs saines et repoussant tous les clivages. Vivez cette Coupe du Monde et vibrez avec notre équipe de véritables dieux du Stade dignent de l’Olympe. L’événement bien évidemment se décline en dehors du terrain… une Coupe du Monde en France, ce n’est pas tous les jours ! www.coupedumonde2007.net le Musée Grévin Où peut-on croiser Diam’s, Victor Hugo, Mickael Youn ou bien encore Monica Bellucci ? Au Grévin, bien sûr ! Véritable Who’s who des personnalités en vogue, cette vénérable institution a su garder un œil malicieux sur l’actualité et éviter l’écueil d’une commémoration grandiloquente au profit d’un perpétuel mouvement en phase avec les attentes du public. Autre trésor inestimable du Grévin : le palais des mirages. Entièrement rénové sous le parrainage de l’illusionniste Arturo Brachetti, ce kaléidoscope géant ne finira pas de vous étonner ! www.grevin.com le théâtre… tous les théâtres ! Cette année encore, la rentrée théâtrale joue la carte du glamour et des stars avec un casting digne des superproductions du 7e art. Christiania Réali, Emmanuel Béart, Muriel Robin, Line Renaud, Sylvie Testud, mais aussi Claude et Alexandre Brasseur, Vincent Elbaz, Michel Aumont, Lorant Deutsh, Charles Berling, Martin Lamotte, Thierry Lhermitte, etc. De quoi vous arrachez de la petite lucarne pour découvrir des pièces (mais aussi des lieux) incroyables. Dépêchez-vous, on n'attend plus que vous pour frapper les trois coups… les fautes d'orthographe sur internet Out Avec les bouchers des Halles est né l’argot louchebem. Avec la rue est né le verlan. Avec la mondialisation est né le franglais. Avec les portables est né le langage SMS. Et avec internet ? Eh bien là, cela se complique, car il n’y a pas de langage internet, mais plutôt une négation des règles grammaticales et orthographiques les plus basiques. Dans les moteurs de recherche et dans de nombreuses pages HTML, les documents sont truffés de fautes, sur les noms communs comme sur les noms propres, avec d’énormes erreurs de syntaxe, et j’en passe… Alors si internet, à moyen ou long terme, doit remplacer les livres, que les sites s’offrent des correcteurs et que les internautes restent vigilants ! CIGALE SEPTEMBRE 2007 35 CONTRE-TENDANCE Le FOCUS véritable récit du naufrage du Titanic rIts MAnusc s e D t e s e r t t e l sÉe Des par Christine Simeone Mu Poussez la porte et commencez par relever la tête. Admirez le plafond polychrome « à la française ». Vous venez d’entrer dans le Musée des Lettres et manuscrits, niché dans une bâtisse du XVIIe siècle, propriété d’un groupe de collectionneurs. L es Français n’ont pas l’habitude des musées privés et celui-ci a une particularité : on y trouve essentiellement les biens des collectionneurs qui sont à l’origine de ce lieu, rassemblés et classés sur le thème « on fait avec ce qu’on a ». Ici les manuscrits d’écrivains, là les manuscrits de musiciens, et ainsi de suite, des assemblages qui laissent peu de place à un discours construit sur un thème précis. Mais l’avantage est que le visiteur y fait de vraies trouvailles, émouvantes, ne seraitce que par le contact avec l’écriture d’un Victor Hugo, d’un Berlioz ou d’un Verlaine, ou mieux encore, en découvrant par exemple les 26 pages écrites par Albert Einstein et Michele Besso au sujet de la relativité. Document sans lieu ni date qui fera frémir les nuls en maths autant que les scientifiques, atterri au cœur de Saint-Germain-des-Prés grâce à la passion d’un collectionneur. En ce moment le musée présente le manuscrit du récit d’Helen Churchill Candee, femme de lettres rescapée du naufrage du Titanic en avril 1912. Ce récit a inspiré le film de James Cameron avec Leonardo di Caprio et le document est présenté dans un christine simeone (06 15 17 33 55) : journaliste expérimentée, contactez-moi si vous désirez écrire votre histoire ou pour tous travaux de réécriture. tout petit espace agencé en cabine de bateau. Sont exposés aussi d’autres documents comme des télégrammes annonçant la catastrophe ou au contraire laissant entendre que tout allait bien à bord. Ce manuscrit a été acheté il y a deux ans environ 70 000 euros par le musée. Il y restera pour un moment, mais sera peut-être vendu un jour à d’autres collectionneurs, pourquoi pas… ailleurs dans le monde. Les trésors du musée des lettres et des manuscrits ne sont pas éternels au 8 rue de Nesle. Musée des lettres et des Manuscrits 8, rue de nesle - VIe « titanic, au cœur de l’océan » : jusqu’au 28 octobre entrée : 6 (tarif réduit 4,50 ) ESCAPADE saint-Ouen Le marché aux plus de Paris par Christian Rol et Sabine Corvec Photos : Nicolas Schiffmacher Le célébrissime Marché aux Puces de Paris est aussi celui de tous les superlatifs : le plus grand, le plus visité, le plus diversifié et le plus riche des marchés au monde. Et le plus inattendu. CIGALE SEPTEMBRE 2007 37 ESCAPADE 09H30 Préambule Porte de Clignancourt : le Plateau Bien sûr, depuis leur création en 1885, les Puces ont changé d’aspect. Le Périphérique et quelques tours incongrues ont largement dévisagé les alentours ; alors qu’une nouvelle population confère à la Porte de Clignancourt de faux airs de Bamako et Barbès Rochechouart à quelques stations de là. Ici, les chiffonniers et crocheteurs qui devenaient brocanteurs en achetant à des particuliers leurs objets usagés pour les revendre sur la Plaine de Malassis ont été remplacés par ces Français venus d’Afrique qui perpétuent à leur manière la tradition du textile bon marché et des objets à quelques Euros. 09H45 « Futur antérieur » au marché Serpette Des seize marchés qui forment les Puces, le marché Serpette est le plus prisé des stars de cinéma (Sharon Stone s’y rendit récemment) et plus généralement des particuliers à fort pouvoir d’achat qui s’offriront sans façon un vieux comptoir en zinc et un billard rutilant ou des armes de collection. Christian Chacun officie là depuis vingt ans comme spécialiste du XXe siècle et de l’Art Déco en particulier. « Je mesure ma chance d’être un élément au cœur de ce village fabuleux, unique au monde. Nous sommes 2 500 exposants, jamais les mêmes, qui perpétuons l’héritage des Puces centenaires. » Le marché Serpette, longtemps voué à l’export en direction des USA, a vu sa clientèle américaine déserter Paris à partir de 2001 (attentats contre le World Trade Center et Euro fort obligent) mais se console avec les Russes, les Chinois et les Japonais (sans oublier quelques Français). Avec ses millions d’Euros de chiffre d’affaires, on ne s’étonnera pas que tant de richesses attisent les convoitises des malfaisants. « La mauvaise réputation des Puces est derrière nous. Un réseau de caméras et six vigiles par marché découragent les voleurs qui sévissaient autrefois. Quant aux tarifs à la tête du client, c’est une vieille légende qui n’a plus de fondement puisque les prix sont désormais étiquetés ». Catherine Deneuve est sa plus fidèle cliente quand Monica Belluci et d’autres Belles du Seigneur s’arrêtent régulièrement devant ses trésors. Allée 6 - Stands 14/15 - 110, rue des Rosiers 93400 Saint-Ouen - M° Porte de Clignancourt www.futur-anterieur.com - e-mail : [email protected] 38 CIGALE SEPTEMBRE 2007 ESCAPADE 11H00 Marché Vernaison 10H30 Marché Biron L’esprit « broc » hante joliment le marché Vernaison et son labyrinthe de ruelles tendues de lierre et de venelles. Ce petit coin de France sous cloche amusera les incrédules professionnels qui évoqueront un village Potemkine à l’usage des touristes étrangers ; mais les guinguettes, le bricà-brac environnant (et ses effluves de naphtaline) et une indicible permanence de l’esprit populaire des Puces d’antan nous pousseront à coiffer un Panama et à chausser des guêtres comme ce collectionneur (et milliardaire) américain fasciné par le Paris début XIXe. « Les Puces sont ma deuxième maison après mon pied-à-terre parisien, nous dit-il. Je viens tous les deux mois de Houston pour choisir des meubles, des bibelots et des vêtements que je fais acheminer par conteneur. J’ai eu ma période XVIIIe siècle français mais c’est fini depuis que j’ai lu les Liaisons dangereuses et Sade », nous explique-t-il dans un français qu’on ne parle plus à l’Institut en nous invitant à le visiter quelques jours dans son manoir néo-Tudor planté en plein Texas. L’un des plus anciens marchés, « doré sur tranche » railleront les contempteurs du XIXe clinquant, rassemble les vieilles familles de brocanteurs et d’antiquaires. Deux allées – l’une couverte, l’autre pas – longent les derniers salons opulents du second Empire, de la Restauration et de la IIIe République naissante qui achèveront leur destin du côté de Beverley Hills, Shanghai ou Kiev. L'allée couverte, quant à elle, offre à la vente des meubles et objets rustiques fortement prisés par une clientèle française et étrangère. Frédérique Morel Zysset, à cheval sur les deux derniers siècles, est présente depuis vingt-trois ans pour la grande joie des amateurs d’Art Nouveau, de Bronzes et de verrerie 1900. « Ma clientèle en Art Nouveau est surtout japonaise, italienne et américaine. Les Russes et les Émirats sont davantage portés sur le Napoléon III ». Pour cette inconditionnelle des Puces, la notion de concurrence n’a rien de désagréable : « La bonne ambiance qui règne tient peut-être au fait que si l’un de nous travaille bien, cela profitera aux autres. Et puis, le marché Biron est dans les magazines internationaux, les grands hôtels. Et, pour l’instant, nous demeurons un marché français. Contrairement à Paul Bert et Serpette qui ont été rachetés par un grand groupe étranger. » Charles Aznavour, Bernard Pivot, Alain Ducasse, Bernadette Chirac, la famille royale de Thaïlande et… Bruce Springsteen (entre autres) viennent ici pour de petites emplettes signées Gallé, des bouchons de radiateur signés Lalique et quelques bagatelles versaillaises. Les prix des articles proposés sont pour leur très grande majorité tout à fait accessibles au grand public. Stand 10 - Allée 1 - 93400 Saint Ouen - [email protected] CIGALE SEPTEMBRE 2007 39 ESCAPADE 11H30 Marché Vernaison (suite) Depuis quinze ans, Françoise Schuler règne sur ses antiquités et ses textiles tendus entre le XVIIIe siècle et 1920. Costumes anciens, éventails nacrés, sacs à mains au cuir patiné racontent presque deux siècles peuplés d’Élégantes et de Précieuses. Cet ancien professeur de danse classique, puis nageuse de haut niveau dans les ballets aquatiques et enfin directeur technique national (de la fédération sportive) a très tôt affirmé son goût pour les antiquités et les puces en particulier, au point d’y consacrer une autre partie de sa vie. « En venant une fois par mois pendant des années ici, j’ai fini par connaître tous les trucs et les astuces qui permettent d’acheter moins cher aux Puces. Et surtout je nourrissais ma passion en me meublant selon mes goûts ». Ses produits très spécialisés sont achetés exclusivement en France (« Le grenier du monde indubitablement » affirme-t-elle) au cœur de nos provinces. Une clientèle de collectionneurs, de décorateurs et de gens de cinéma se pressent du monde entier en son boudoir visité par la chanteuse Barbara Streisand en juillet dernier. Allée 1 - N° 33 - [email protected] - www.antictex.com 40 CIGALE SEPTEMBRE 2007 12H00 Marché Dauphine Le plus récent et le plus foisonnant marché des Puces est un autre Saint Frusquin pittoresque qu’il fait bon parcourir en chineur ou amateur de vieux livres qui s’en remettront à Jacques Desse au Carré des Libraires (stand 207). En sa boutique Falbalas, Françoise de Fligué, collectionneuse de costumes anciens, est passée du statut de cliente aux Puces à celui de marchande. Du XVIIIe aux années 1960, de Marie-Antoinette à Paco Rabanne, le prêt-à-porter de nos arrière-grands-mères côtoie la haute couture de nos tantes à héritage avec pour garantie d’authenticité l’œil et le savoir-faire d’une jeune femme très sollicitée par les grands couturiers et le cinéma qui trouveront chez elle des modèles uniques. « J’aime les Puces parce que, contrairement à Paris, la clientèle est illimitée, mondiale. Ici, nous ne connaissons pas la routine et l’ambiance entre nous tous est excellente. D’ailleurs, l’aspect le plus agréable de notre métier est de vendre le week-end alors que nous passons le reste de la semaine à chiner, à acheter et à parcourir la France ». Le prix de l’exclusivité commence à 50 Euros. Se visite aussi pour ses belles chaussures à l’ancienne façon bottier. Falbalas. Stand 284/285, 140, rue des Rosiers - 06 89 15 83 82 ESCAPADE 13H00 Les Puces sur le pouce D’innombrables restaurants et guinguettes offrent au visiteur un répit avant de retourner chiner. Le restaurant Le Paul Bert, avec son vieux zinc, sa large terrasse et sa situation exceptionnelle au carrefour de toutes les nostalgies, est une belle adresse très prisée des touristes en shorts. La Péricole, à l’écart de la foule, est un restaurant bar d’initiés où se retrouvent les professionnels des Puces qui disposent là d’un calme relatif. La bonne humeur de Gilles Bourgeois (le propriétaire qui tient à préserver sa tranquillité) et celle de son personnel sont une valeur ajoutée à ce bel établissement exclusivement dédié à la cuisine traditionnelle proposée par un menu qui change tous les jours. Quant aux pâtisseries, elles sont faites maison et fondent dans la bouche à l’instar des propos tenus ici même où des sympathies réciproques peuvent se conclure par d’excellents conseils ; et, pourquoi pas, d’excellentes affaires. Menu à 15 - Menu enfant 11 . La Péricole, 2, rue Jules Vallès Tél/Fax : 01 40 12 44 80 - lapericole.fr. CIGALE SEPTEMBRE 2007 41 ESCAPADE 15H00 Marché Jules Vallès 120 stands sous deux allées couvertes ponctuent notre promenade au cœur des Puces légendaires. À côté de ce marché dédié aux armes anciennes, aux affiches, disques, bronzes et objets insolites, les vides greniers de nos bonnes cambrousses, très en vogue, feront pâle figure. Si vous ne trouvez pas ici ce que vous cherchez, c’est que cela n’existe pas. Dans ses 900 m2, Marianne Rodriguez (associée à son époux Albert) est du genre à trouver ce qu’on ne cherche pas : par exemple, telle boiserie ayant appartenu à l’avionneur Marcel Dassault ou des cheminées monumentales. Comme ses pairs, cette sympathique et dynamique chineuse professionnelle sillonne la France en quête de la bonne fortune. « Je fais cent mille kilomètres par an pour trouver des pièces. Hier, à Deauville, j’ai acheté une chambre à coucher Louis XV rien que pour la superbe sculpture du lit où s’exhibe une femme nue ». De Sydney à Rome, les décorateurs du monde entier accourent chez cette dépositaire de l’héritage français qui n’imagine pas de quitter un jour ses Puces. « Quand on a connu cet univers, on ne peut plus s’en passer ». 15, rue Jules Vallès - Tél : 01 40 10 20 01 06 07 04 47 47 - www.rodriguez.com 16H00 British touch Emmanuel Rouchec est né en Italie et parle un français fortement teinté d’intonations britanniques. Certes, avec ses objets à la gloire de Walt Disney et ses meubles neufs, il n’est pas le « pucier » le plus représentatif, mais son affabilité est un privilège qu’on ne négligera pas. Pas davantage ses créations, car il est avant tout décorateur, qui tiennent dans de belles lampes à la pâte de verre. « Je suis arrivé il y a 25 ans aux Puces en croyant y rester trois ans. Mais je ne crois pas que je ferai 25 ans de plus. Notamment à cause des Asiatiques et leurs meubles neufs qui sont en train d’envahir le marché. » Cette vérité, largement partagée par les riverains, trouve, hélas, des justifications juste en face de son échoppe. La décoration Anglaise, 36, rue Jules Vallès Tél. : 01 40 11 54 44 - 06 19 42 40 67 www.ladecorationanglaise.com 42 CIGALE SEPTEMBRE 2007 ESCAPADE 16H30 La guerre en gants blancs Le Passage Vallès-Lecuyer ressemble à ses cousins parisiens du IXe arrondissement. Avec ses cartes postales anciennes, ses perles de pacotille et ses boutiques endormies, la coursive sent bon le grenier de province. Michel Mauvet, lui, décline sa passion de la chose militaire au point de posséder trois jeeps de la dernière Guerre Mondiale et des centaines de casques, uniformes et armes ayant appartenu aux quatre belligérants des deux boucheries du XXe siècle. Confirmant à lui seul que le journalisme mène à tout à condition d’en sortir, cet ancien du Parisien et de Paris Première qui a commencé là il y a huit ans en installant ses tré- teaux au dehors, vend et achète de belles pièces qu’il part chercher jusqu’aux USA. « Je travaille avec les musées et le cinéma. J’ai même fourni trente casques de Poilus pour Un long dimanche de fiançailles, le film de Jean-Pierre Jeunet. » Poussant le détail jusqu’aux limites de l’infiniment précis, Michel peut même satisfaire tel collectionneur de dix-sept ans venu en quête d’un rasoir de l’US Army au moment du D Day. Quant aux vestiges de l’armée hitlérienne (casquettes, dagues et autres objets décorés de la swastika), ils sont discrètement relégués dans le fond du stand afin d’épargner les susceptibilités légitimes. « Je veux bien que ma vocation soit purement historique mais je ne tiens pas à provoquer quiconque avec ces insignes de sinistre mémoire. D’ailleurs, mon intérêt va surtout à tout ce qui est américain. » Pour preuve, ce blouson d’aviateur au cuir rapiécé après que son propriétaire a eu à déplorer un éclat d’obus lors d’une mission. « C’est un ancien pilote qui était aussi correspondant de guerre. Il a aujourd’hui quatre-vingt-seize ans et il m’a donné son blouson. Une vraie pièce de musée ! ». Les amateurs de la guerre de 1870 trouveront aussi de belles reliques à se mettre sous la dent. Passage Vallès-Lecuyer - stand 11. Tél. : 06 08 26 86 62. CIGALE SEPTEMBRE 2007 43 ESCAPADE 17H00 Docks de la Radio À moins d’être monopolisé par un intérêt bien précis, les Puces se goûtent évidemment pour leur diversité et les Déballages, les brocs, les tréteaux, les magasins de pièces détachées qui relient la partie haute des Puces à sa partie basse. Les amateurs de vieux mécanismes de montres trouveront leur bonheur, aussi bien que les propriétaires de radios des cinquante dernières années. Pour ceux-ci, les Docks de la Radio constituent l’adresse idoine. Un amoncellement parfaitement rangé de matériel audio, de stéthoscopes, de magnétos et téléphones s’entasse chez Jean-Pierre Vachey et son épouse présents depuis cinquante-cinq ans (les plus anciens puciers) « Il est évident que les Puces n’ont plus rien à voir avec ce que j’ai connu enfant, lorsque, tout autour de nous, il y avait la « zone », ce périmètre militaire après la guerre. Il y avait les manouches et les forains qui s’installaient là. En fait, je ne retrouve pas la vraie vocation des Puces. Avant, il y avait beaucoup de particuliers bricoleurs qui venaient aux Puces pour trouver des pièces, mais avec la société de consommation, on jette sa télé sur le trottoir pour un interrupteur défaillant. Moi, je stocke des milliers de pièces à partir d’un vieux matériel et je vends à de vieux bricoleurs qui ne veulent pas se séparer de leur matériel ». De vieilles radios en bois, aussi grosses que des Juke-box illustrent parfaitement l’utilité de ces Docks où, là aussi, les copies chinoises envahissantes seront stigmatisées… Mais les Docks sont davantage qu’un simple magasin, et plus certainement un lieu où l’on célèbre l’esprit parigot – gouailleur, ingénieux et bienveillant – sans le moindre artifice, généreux en anecdotes et résolument indispensable. L’une des meilleures adresses de Saint Ouen. 34, rue Jules Vallès - Tél. : 01 40 11 09 90 44 CIGALE SEPTEMBRE 2007 ESCAPADE 17H30 Quand les Puces s’endorment Le Marché Paul Bert, ses petits pavillons recouverts de vigne vierge et ses marchands alanguis, est peut-être le plus charmant des épilogues qu’on puisse conseiller. On s’y promène en ne sachant plus très bien qui vend quoi et en nourrissant cet étrange sentiment de vouloir posséder tout ce qui y est entreposé. En particulier ce qui ne sert à rien. Rompant radicalement avec la brocante et le mobilier de nos grandsmères, la boutique « Carpentier » exhibe ses meubles en ailes d’avion et son zinc chromé pour des réalisations futuristes. Ce « détournement d’avion », ainsi qu’il est promis, est un autre aspect des Puces où tout est concevable. Les Puces ferment tôt et une seule journée n’épuisera pas la curiosité des néophytes qui regarderont les rideaux de fer tomber en même temps que le soir. Les chiens s’ébrouent tandis que les maîtres s’étirent après une longue journée, assis dans un fauteuil épuisé. Comme nous ! Carpentier - Marché Paul Bert Stand 9 - Allée 1 - Tél. : 06 09 69 22 96 www.carpentier-antiq.com CIGALE SEPTEMBRE 2007 45 FOCUS ESCAPADE Du 4 au 8 octobre, le Mondial de l’Antiquité organise un grand déballage aux Puces où seront également exposées des sculptures de Jean-Pierre Rives. L’artiste et rugbyman sera le trait d’union idéal entre cet événement et la Coupe du Monde de Rugby qui se déroulera Rugby et Mondial de l'Antiquité à quelques encablures de là. Rencontre avec une légende. propos recueillis par Christian Rol cigale : Êtes-vous un habitué des Puces ? Jean-Pierre rives : Je l’ai été longtemps car les Puces racontent une histoire qui me renvoie à mon enfance, quand j’allais dans les greniers des grands-parents et que j’y découvrais des trésors. Comment expliquez-vous que les meubles qu’on voit dans les instances du rugby soient si laids ? Moi, je ne les trouve pas laids parce que j’aime beaucoup l’Art contemporain. Cela ne m’empêche pas d’apprécier une bergère du XVIIIe siècle. Ce qui est beau est intemporel. 46 CIGALE SEPTEMBRE 2007 © Gaston es JeAn-PIerre rIV œuvres sont très présentes sur le circuit international ? Je n’ai pas vraiment d’états d’âme à ce sujet. Je trace mon sillon. Vous savez, le plus important dans l’art, ce sont les soixante premières années. Cela me laisse de la marge ; mais n’en concluons pas que je travaille pour la postérité… Quels liens vous unissent encore au rugby ? Mon passé, essentiellement, que je ne songe pas à renier. Le rugby m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Et puis, le rugby ne m’a pas seulement ouvert les arcades sourcilières, il m’a également ouvert l’esprit et a provoqué des rencontres décisives dans tous les domaines et notamment celui de l’art. Je suis devenu plus tolérant, plus sensible à des cultures qui m’étaient étrangères… Comment vivez-vous le fait de n’être pas prophète dans votre pays en terme d’art , alors que vos Antoine Blondin, dont vous avez été l’ami, a écrit de vous : « L’apparition d’un artiste tel que JeanPierre Rives prolonge la création du monde ». À t-il été une sorte de guide dans le monde de la culture ? Je trouve cet éloge très exagéré mais Antoine était ainsi quand il aimait. Quant à savoir s’il a été un « guide », oui, sans aucun doute. Je suis né une seconde fois grâce à des gens comme Blondin dont j’étais un fervent admirateur. Que pensez-vous de cette idée qu’on expose vos sculptures aux Puces à l’occasion du Mondial de l’Antiquité ? J’en suis ravi. C’est une expo très prestigieuse et je mesure le défi que cela constitue. C’est un privilège assez rare, en fait. enquête lecteurs Répondez et gagnez 1 abonnement de 10 numéros ! Madame, Monsieur, Pour fêter notre premier anniversaire, et afin de mieux répondre à vos attentes, la rédaction de Cigale a décidé de recueillir votre avis sur le magazine. Nous vous demandons de remplir le questionnaire ci-après et de le retourner au plus tard le 20 octobre 2007 à la société d’études Seprem études & Conseil, à qui nous avons confié cette enquête (Seprem Études & Conseil étude CIGALE 6, rue Jules Simon 92100 Boulogne). 1. Combien de n° de Cigale vous souvenez-vous avoir lu ? _______ 2. De façon générale, combien de temps (en minutes) consacrez-vous à la lecture d’un n° ? ______ minutes 3. D e façon générale, conservez-vous les exemplaires de Cigale ? 1- Oui, en entier 2- Oui, partiellement 3- Non 4. Au total, vous inclus(e), combien de personnes lisent votre exemplaire de Cigale ? _____ 5. S’agit-il ? (plusieurs réponses possibles) 1- de membres de votre famille 2- d’amis 3. de collègues 4- autre(s) 6. Vous est-il déjà arrivé d’utiliser une information découverte dans Cigale ? (restaurant, exposition, théâtre, boutiques etc…) 1- Oui, plusieurs fois 2- Oui, quelquefois 3- Pas encore 4- Non À quelle fréquence pratiquez-vous les loisirs suivants ? (Questions 7 à 17, indiquer un chiffre) Au moins une fois par semaine : répondez 1 Au moins une fois par mois : répondez 2 Tous les deux ou trois mois : répondez 3 Moins souvent : répondez 4 7. Visites de musées, expositions … _____ 8. Spectacles (théâtre, concert, cinéma …) _____ Un tirage au sort effectué parmi les questionnaires remplis en totalité permettra à 100 d'entre vous de gagner un abonnement de 10 numéros. Conformément à la Loi Informatique et Libertés, vos réponses ne feront l’objet que d’un traitement statistique et le tirage au sort sera effectué à partir des coordonnées transmises et non à partir des réponses de votre questionnaire. Vous pouvez également remplir le questionnaire de façon anonyme, mais dans ce cas, vous ne participerez pas au tirage au sort. 9. Concerts, écoute de CD 10. Clubbing, fréquentation de bars 11. Fréquentation d’un club de sport 12. Fréquentation d’instituts de beauté, spa … 13. Shopping 14. Repas au restaurant 15. Réalisation des recettes de cuisine « élaborée » 16. Escapades ou voyages en France 17. Escapades ou voyages à l’étranger _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ 18. Classez les modes de transport suivants selon l’usage que vous en avez (1 étant attribué à celui que vous utilisez le plus souvent, une seule réponse par rang, 4 réponses maximum) 1- Voiture personnelle _____ 2- Covoiturage _____ 3- Location de voitures _____ 4- Transports en commun (bus, tramway, métro, TER) _____ 5- Deux roues motorisé _____ 6- Vélo personnel _____ 7- Vélo loué _____ 8- Train _____ 9- Autre(s) _____ êtes-vous personnellement intéressé(e) par les domaines suivants ? Très intéressé(e) : répondez 1 Assez intéressé(e) : répondez 2 Peu intéressé(e) : répondez 3 Pas du tout intéressé(e) : répondez 4 19. L’écologie et le développement durable _____ 20. Les produits bio _____ 21. Les nouvelles technologies _____ 22. Les nouvelles tendances (décoration, culinaires, mode etc.) _____ VOTRE RELATION à INTERNET 23. Vous êtes à votre domicile … 1- Connecté(e) en haut débit 2- Connecté(e) en bas débit 3- Pas connecté(e) (aller question 25) 29. Vous vivez 1- Seul(e) 24. A u cours des 6 derniers mois, avez-vous réalisé des achats ou réservations sur Internet ? 1- oui, à plusieurs reprises 2- oui, une fois 3- non SIGNALÉTIQUE 2- Un homme 2- En famille ______ 30. Combien avez-vous d’enfants ? 25. En plus du magazine papier, Cigale se développe sur Internet et ses offres sont également disponibles sur téléphone portable. Cela vous semble-t-il, pour vous personnellement ? 1- Très intéressant 2- Intéressant 3- Peu intéressant 4- Pas du tout intéressant 26. S i le magazine Cigale vous proposait des bons de réduction, sous quelle forme préféreriez-vous en prendre connaissance ? (classer les hypothèses suivantes de 1 à 4, une seule réponse par rang) 1- Dans le magazine, par des cartes à découper ______ 2- Via le site Internet, en téléchargement ______ 3- Par courriel ______ 4- Par SMS ou MMS sur votre téléphone portable ______ 5- Vous n’êtes pas intéressé(e) ______ 27. Vous êtes… 1- Une femme 28. Votre âge 1- Moins de 35 ans 2- 35-44 ans 3- 45-54 ans 4- 55 ans et plus 31. Quelle est votre activité ? 1- Employé(e) 2- Fonctionnaire, agent de maîtrise 3- Cadre, chef d’entreprise 4- Profession libérale 5- Commerçant(e) 6- Inactif (ve) 7- Retraité(e) 8- Etudiant(e) 32. Avez-vous un animal de compagnie ? 1- oui, un chien 2- oui, un chat 3- oui, un autre 4- c’est en projet 5- non 33. êtes-vous intéressé(e) par la possibilité de vous abonner à domicile au prix de 15€ pour 10 numéros ? 1- Très intéressé(e) 2- Intéressé(e) 3- Peu intéressé(e) 4- Pas du tout intéressé(e) 34. Quel est votre code postal complet ? ______ 35. Seriez-vous intéressé(e) pour participer à d’autres études sur Cigale ? 1- Oui 2- Non Pour participer au tirage au sort, complétez en totalité le formulaire ci-dessous : Prénom : . .................................................................................................................................Nom :������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ Adresse : ������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ Code postal : . ..................................................................................................................Ville :������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Adresse courriel : ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� Téléphone : ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� à retourner au plus tard le 20 octobre 2007 à : Seprem Études & Conseil étude CIGALE 6, rue Jules Simon 92100 Boulogne SECRETS DE CUISINE La recette de Recette de l’émission « Viande et fruits » diffusée le mardi 09 octobre à 11H00 Les fruits s'invitent dans le plat principal pour nous changer des légumes. Aujourd'hui, les figues sont à l'honneur. De saison, elles se marient parfaitement avec le filet mignon de veau. Mignon de veau aux figues et trompettes séchées POur 2 PersOnnes PrÉPArAtIOn : 15 Mn cuIssOn : 15 Mn >>> 300 g de filet mignon • 4 figues • 8 trompettes-de-la-mort • 150 g de roquette • 2 dl de vin rouge corsé • 1 bâton de cannelle • 1 orange • 1 fleur de badiane • 1 gousse d’ail • 50 g de beurre • Huile d’arachide • sucre semoule > Préchauffer le four à 180° C. Éplucher et laver les trompettes. Les ouvrir en deux et les disposer sur une plaque antiadhésive. Les assaisonner de sel fin et de poivre du moulin, un trait d’huile d’arachide et disposer l’autre plaque dessus. Enfourner le temps de la recette, en les surveillant de temps en temps. > Essuyer les figues à l’aide d’une feuille de papier absorbant, les couper en 6 ou 8 selon leur taille. Laver l’orange et récupérer son zeste. Disposer les figues dans une casserole, couvrir de vin, ajouter le bâton de cannelle, la fleur de badiane, le zeste d’orange, une pointe de sucre, sel fin et poivre. Déposer la casserole sur le feu. > Dans une poêle, mettre à cuire le filet mignon de veau avec un trait d’huile et un peu de beurre pour environ 8 minutes. Saler et poivrer en fin de cuisson. > Vérifier la cuisson des trompettes, surveiller les figues. Laver soigneusement la roquette, éplucher la gousse d’ail, la dégermer. © Nicolas Louis > Prendre la deuxième poêle, mettre à fondre le beurre avec l’ail, Laurent Mariotte Animateur de 24 minutes chrono Nouveaux horaires : du lundi au jeudi à 11h00 ajouter la salade et laisser cuire pendant 3/4 min en surveillant. > Débarrasser la viande sur une assiette, la laisser reposer. Débarrasser les figues et faire réduire le vin dans la poêle de cuisson du veau à feu vif. > Sortir les champignons du four. Tailler la dernière figue en quartiers et dresser le plat : salade de roquette cuite, compote de figues, mignon de veau émincé, jus court de cuisson des figues et chips de trompettes-de-la-mort en décor. Terminer par un tour de moulin de poivre. CIGALE SEPTEMBRE 2007 49 SECRETS DE CHEF chaque mois, un artisan boulanger-pâtissier vous propose ses recettes gourmandes. recette de Pascal Barillon La Tarte au citron POur 2 tArtes Ou 15 tArtelettes teMPs tOtAl De PrÉPArAtIOn : 45 MIn >>> Pâte sablée : 600 g de beurre • 400 g de sucre glace • 4 oeufs entiers • 1 kg de farine >>> Garniture : ¼ l de jus de citron • 375 g de sucre • 8 œufs • 75 g de beurre >>> Présentation : citrons verts et jaunes coupés en fines lamelles >> Pâte sablée > Malaxer le beurre afin de le ramollir > Incorporer le sucre glace puis les œufs un à un > Ajouter la farine > Mélanger le tout > Mettre cette pâte sablée 6 heures au réfrigérateur avant l’utilisation >> Garniture > Mettre le jus de citron dans une casserole sur le feu > Ajouter le sucre, puis les œufs un à un, puis le beurre fondu > Porter le tout à ébullition 1 minute > Mettre cette crème au réfrigérateur pendant 4 heures >> Finalisation > Foncer la tarte (avec la pâte sablée) > Garnir de cette crème aux ¾ de la hauteur du moule > Faire cuire à 220° 50 CIGALE SEPTEMBRE 2007 > Laisser refroidir, puis démoulez > Décorer avec les citrons verts et jaunes préalablement coupés en fines lamelles.