le Sport au Service de la Société
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le Sport au Service de la Société
Le Spor t au ser vice de la société journal n°1 Gia com o de PA SS ® novembre 2007 EDITO Chers lecteurs, Nous sommes heureux de vous annoncer la création de l’association Sport et Citoyenneté. Sa signature, le Sport au Service de la Société, a donné naissance à son abréviation : “ 3S ”. SOMMAIRE 4 Entretien avec Marie-Josée Lallart L’association voit le jour pour tenter d’apporter des solutions à une société parfois en proie au doute, qui ne demande qu’à retrouver la foi en un avenir prometteur. Le sport est, parmi d’autres, un moyen fondamental d’y parvenir. Son ambition est donc l’étude et la promotion des valeurs fondamentales du sport afin de les mettre au service de la société. Ce défi se base sur une réflexion de fond menée au sein d’un réseau de sportifs, de professionnels du sport, d’institutions sportives et d’organisations gouvernementales et non gouvernementales nationales et européennes. 6 L’objectif principal de l’association est de convaincre les décideurs (aussi bien les personnalités politiques que les entreprises privées et les institutions publiques, les réseaux d’influences ainsi qu’un maximum de citoyens) de l’utilité des valeurs du sport et de leur impact positif sur la société. Elle sera un lieu de réflexion et de lobbying auprès des pouvoirs publics, du secteur privé et du milieu associatif européen. Elle sera également une plate-forme unique de référence pour les acteurs du mouvement sportif désirant améliorer leur “ visibilité ” par une meilleure communication, par l’accès à des subventions, aux médias, par le développement de projets, par l’engagement dans des actions citoyennes, par des conseils personnalisés... 8 Pour vous le démontrer, une équipe motivée et passionnée, entourée d’éminents spécialistes, s’est mobilisée afin de vous fournir le plus d’informations possibles dans les domaines du sport citoyen. Nos thématiques sont variées et au cœur de l’actualité. Nous espérons vous communiquer notre enthousiasme et pouvoir susciter chez vous le plaisir et l’envie de vous engager par la lecture de ce premier journal qui portera sur le thème général du “ Sport et de la Citoyenneté ” : - Le Sport est-il réellement vecteur de citoyenneté ? - Incite t-il à une citoyenneté plutôt locale, nationale, européenne ou encore mondiale ? - Au moment où les instances européennes se livrent à une vaste réflexion sur le Sport, pensent-elles réellement qu’il est source d’identité européenne ? - Quelle vision du Sport, pour quelle Citoyenneté ? - Le Sport et les sportifs peuvent-ils encore se mobiliser pour le bien commun ? - Comment redonner ses lettres de noblesse à l’engagement citoyen ? Des scientifiques et des associations de terrain, mais aussi des citoyens et des sportifs tentent de dessiner le contour de ce vaste sujet. Vous retrouverez également dans ce journal des thèmes récurrents sur les relations entre le sport et les médias, le sport et la politique, le sport et la société, l’éthique du sport… Vous découvrirez aussi des présentations d’associations, de fédérations, d’ONG, d’entreprises citoyennes et d’événements concrets traitant du “ Sport et de la Citoyenneté ”. Un site internet est également lancé en parallèle, nous vous invitons à le consulter : http://www.sportetcitoyennete.org Enfin ce journal est aussi le vôtre, il est ouvert à tous, transparent et se veut être un lieu de liberté et de mise en lumière d’actions concrètes dans ces domaines. Nous vous solliciterons donc tout au long de votre lecture pour nous faire part de vos initiatives ou d’actions qui vous touchent particulièrement. L’objectif est que nous soyons tous des “ lobbyistes ” du sport ! Pour finir, un grand merci à nos ambassadeurs de choix, Marie-Claire Restoux, Marie Josée Lallart, Lilian Thuram, Mikaël Silvestre, Edgard Pisani, Jacques Delors et Michel Platini qui ont toujours fait le choix d’être des citoyens engagés ! N°1/07 Paroles de sportif avec Mikaël Silvestre 7 Nos ambassadeurs Marie-Claire Restoux-Gasset Lilian Thuram Réflexions sur les notions de sport et de citoyenneté de Jean Camy Alexandre Husting Jonathan Hill Gilles Klein Roland d’Hoop 15 Tribune de André Heinrich 16 Associations partenaires Culture Foot Solidaire Sport sans frontières Diambars F. Française Sport pour Tous Solid’Air 17 18 Actions de terrains Sport et Medias avec Jérôme Clément - arte 19 Comptes-rendus d’événements • Les jounées thématiques de l’ANDIISS • La conférence internationale du réseau FARE • Racisme dans le football : Enquête de la LICRA • Les journées du sport solidaire Avec le soutien de Dans le cadre du lancement de l’association Sport et Citoyenneté, ce premier journal est distribué gratuitement et téléchargeable sur notre site. Si vous êtes sensible à la défense des valeurs du sport et si vous avez aimé les réflexions que nous continuerons à aborder dans les prochains journaux (à la fréquence d’un journal par trimestre) nous vous invitons à devenir membre de l’association et à nous contacter à l’adresse suivante : [email protected] 2 SOUTIENNENT ILS NOUS Michel Platini Jacques Delors Edgard Pisani Président de l’UEFA, Ballon d’or 1983, 1984 et 1989. Plusieurs fois ministre, ancien président de la Commission européenne et président de l’association Notre Europe, acteur majeur de la construction de l’Europe, il livre à Sport et Citoyenneté une pensée sur le rôle du Sport. Plusieurs fois ministre, ancien Commissaire européen, acteur majeur de la naissance de l’Europe, il livre à Sport et Citoyenneté une pensée sur le Sport et la Politique. “ Le football est un jeu avant d'être un produit, un sport avant d'être un marché, un spectacle avant d'être un business ”. “ Les vertus du sport sont célébrées et pourtant... Son image est parfois floue en raison de certains excès de professionnalisme. Il est vital de lutter contre ces dérives. Mais surtout, d'illustrer la contribution essentielle du sport à l'éducation de tous, à la fraternité et donc à la volonté de vivre ensemble. Dans cet esprit Sport et Citoyenneté mérite notre soutien ”. “ En politique, on devrait, comme en sport, aller boire un pot ensemble après la fin d’un match où, sur le terrain, on ne s’est pas plus ménagé qu’on ne se ménage à la tribune. Vœux de succès pour Sport et Citoyenneté ”. Le Spor t au ser vice de la société ILS NOUS EMBELLISSENT Dans chaque numéro, nous vous donnons rendez-vous avec des artistes qui partagent, à travers leurs œuvres, les valeurs du Sport et de la Citoyenneté. Bienvenue à Pascal RASO Son site officiel: www.pascalRaso.net Et à Ex-membre et ex-capitaine de l’Equipe de France de ski de vitesse (KL). Membre du Top 10 mondial. Peintre - Dessinateur - Photographe. Formé à l’Atelier MARTENOT-COVO, aux beaux arts. “ Construire une photo, peindre avec la lumière, peaufiner la composition dans l’univers de la couleur ou du noir et blanc, quel que soit le sujet, voilà mon terrain de jeux préféré ”. Giacomo de Pass Son site officiel: www.gdepass.com Artiste de renommée mondiale, ces œuvres ont été reproduites et exposées sous le thème de “ L’Art et le Sport “ au Palais des Congrès à Antibes dans le cadre du Colloque EuroMéditerranéen “Femmes et Sport” en 2000, mais aussi dans le cadre de meetings sportifs. Les prix, remis aux Champions, sont alors des lithographies, à tirage limité, que Giacomo de Pass réalisa pour ces événements... Ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées, dans des espaces publics, ainsi que dans de nombreuses et prestigieuses collections à travers le monde... Une rétrospective de son œuvre lui sera consacrée en 2008 au Musée de TRETYAKOV (Moscou) en Mai-Juin 2008. Pascal RASO ® Giacomo de PASS ® “ Le Sport, tout comme l’Art sous ses différentes formes d’expression, est un des moyens de communication universel entre les hommes ” . 3 L’INTERVIEW ENGAGÉE ! Dans chaque numéro, nous vous donnons rendez-vous avec des personnalités qui partagent, à travers leurs expériences, leurs connaissances du Sport et de la Citoyenneté. chose d’absolument inouï : être le meilleur dans leur discipline, ou presque. Parmi ceux que j’admire beaucoup, il y a Mikaël Silvestre qui est d’une très grande modestie, d’un Entretien avec très grand humanisme. Marie-José Perec me touche également beaucoupMONDIAL car elle a surmonté ses peurs avec son PATRIMOINE travail dans des circonstances souvent très difficiles. Elle a Ancienne Fonctionnaire internationale à l’UNESCO quand même réussi “ à être une exception ”, comme le Membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté souligne Roger Bambuck. Elle a un talent naturel inégalé, admirable. Et puis il y a Sébastien Flute, tout aussi Qui plus que Marie-José Lallart pouvait, dans ce admirable. VAL DE LOIRE Marie José Lallart premier journal, incarner les valeurs du sport et nous montrer une autre facette des sportifs qu’elle connaît bien ? Fondatrice du programme Espérance et Solidarité autour d’un ballon à l’UNESCO, elle connaît particulièrement le sens des mots Sport et Citoyenneté. Elle nous présente ici, avec passion, ses actions d’alphabétisation par le Sport en Afrique et au Brésil accomplies avec l’aide de sportifs de renom. Discussion à bâtons rompus autour d’un café avec une femme très engagée. : Madame Lallart, comment êtes vous arrivée à vous charger des programmes liés au sport à l’UNESCO ? M.J.L. : Je suis arrivée à l’UNESCO il y a 28 ans. Je m’occupais à l’époque du sport dans le cadre des conférences des Ministres sur l’Education physique et le Sport et des Comités intergouvernementaux pour l’Education physique et le Sport, des activités extrêmement institutionnelles. Une O.N.G. libanaise, Offre Joie, a été créée à la suite de la première guerre du Liban ; ses responsables sont venus me proposer un programme sur la réunification de toutes les communautés qui se sont faites la guerre pendant 17 ans et qui, par le biais du sport, voulaient se réunir. Ils m’ont demandé du matériel sportif ainsi que le soutien de l’UNESCO pour pouvoir mettre en place dans un premier temps des camps d’été. C’est ainsi que le premier projet a pu voir le jour dans le cadre de ce programme ESB au Liban. Pour la première fois, le sport était utilisé comme moyen : soutenir une population déchirée et la réunir. Pour la première fois, le sport était utilisé comme moyen : soutenir une population déchirée et la réunir. : Pourquoi cet intérêt passionné pour le sport ? M.J.L. : Parce que j’étais un peu sportive probablement (ancienne escrimeuse) et que des perspectives de postes se libéraient à l’UNESCO. J’ai été choisie également parce que j’ai la mentalité plutôt pugnace : je vais jusqu’au bout. S’il y a des choses à défendre, il faut être convaincu. Et quand on est convaincu, on agit jusqu’à la finalité de notre objectif. C’est aussi cela le sport, cette volonté de ne pas s’arrêter même si on commence à perdre ; c’est tout faire pour retomber rapidement sur ses pieds ou sur son fleuret avec la rage de réussir et de pouvoir, si possible, gagner. Mais en ce qui me concernait, c’était surtout le beau geste qui m’intéressait et la finalité plutôt que la victoire. : C’est un exemple de reconversion réussie. M.J.L. : Oui, lui aussi est solide. Il est impressionnant, précis, très humain. A Gaoua, au sud du Burkina Faso, il a beaucoup impressionné par sa gentillesse. : Comment expliquez-vous la fascination que les sportifs peuvent exercer sur les gens ? M.J.L. : C’est vrai qu’ils deviennent des héros. Ils occupent leurs rêves : celui de devenir quelqu’un d’important, qui sort de la masse, au-delà de l’argent gagné. Je ne crois pas que l’argent soit, au moins en Afrique, l’objet de leur admiration. Il s’agit plutôt de héros sportifs qui réussissent à dépasser des limites que tout être humain s’impose en général. L’enfant peut alors se dire que tout est possible. Quand on dépasse les limites, on entre dans un rêve peut-être impossible, mais un rêve tout de même, qui mobilise et stimule beaucoup, qui donne envie de vivre ! : L’enfant et l’adulte. M.J.L. : Et l’adulte bien sûr. Les artistes aussi connaissent la performance, mais pas de la même façon. Quand on dépasse les limites, on entre dans un rêve peut-être impossible, mais un rêve tout de même, qui mobilise et stimule beaucoup, qui donne envie de vivre ! : Quelle est votre vision de l’évolution de la société, de plus en plus individualiste, de plus en plus rapide en particulier chez les plus jeunes ? M.J.L. : C’est essentiellement une question de zapping. C’est vrai que le temps maintenant est fractionné, il n’est pas linéaire ! Le sportif quant à lui, respecte le temps dans la durée. Quand il commence quelque chose, il va jusqu’au bout. Il ne s’arrête pas en découpant le temps en petites séquences comme peuvent le faire les jeunes dans la société. Pour réussir, sa carrière doit être une ligne continue qui a un début, peut-être pas une fin mais une finalité ! Et entre-temps, il ne peut pas se permettre de s’arrêter. : C’est en cela aussi que le parcours d’un sportif de haut niveau est très dur ? M.J.L. : Oui indubitablement. Il y a un grand décalage entre la vie d’un sportif et la vie des jeunes actuels. Surtout en Afrique, il est très difficile d’envisager le lendemain, de se projeter dans le futur, que ce soit un futur proche ou éloigné ! Marie-José Perec me disait la première fois que j’ai assisté aux Jeux olympiques : “ la prochaine fois, dans quatre ans, c’est moi qui suis sur le podium ”. Ils ont tous un tel un fonctionnement, je crois, et quand elle m’a dit cela, elle avait déjà son plan d’entraînement en tête et elle ne voulait pas le lâcher. : Mais très peu réussissent… M.J.L. : Oui, je sais, mais c’est parce qu’ils ne sont pas assez bien soutenus, encadrés. Il ne s’agit pas d’être directif, mais d’accompagner, simplement, et les sportifs en reconversion peuvent le faire. : Maintenant, parlez-nous des actions concrètes que vous avez réalisées ? M.J.L. : Je vais vous parler des dernières. Avec Mikaël Silvestre, on a créé ensemble les Ecoles de l’Espoir. Elles consistent, essentiellement dans les pays en développement et en post conflit, à alphabétiser les enfants de la rue qui ne sont pas inscrits au registre de l’Etat civil, des enfants en errance totale, rattachés ni à une famille, ni à des amitiés, ni à une société, ni à une justice. Nous pouvons leur proposer d’apprendre à lire, à écrire et à compter ainsi qu’un apprentissage professionnel. A Kan Kan, en Guinée, vingt-cinq enfants étaient des pousseurs de charrettes. Ils dormaient dans la rue. Un an après, ils nous paraissent très heureux et ils ont déjà acquis un très bon apprentissage des fondamentaux. Au plan de leur santé qui est déficiente, la pratique du sport peut les aider considérablement. Là le sport joue un rôle concret. : Un apprentissage sur un plan sportif aussi ? M.J.L. : Le volet sportif est important. Il y a toujours un terrain de sport attenant aux Centres que nous créons. Pourquoi ? Parce que tout d’abord, au plan de leur santé qui est déficiente, la pratique du sport peut les aider considérablement. Là le sport joue un rôle concret. Des compétitions sont organisées avec les enfants des villages. L’apprentissage de l’arbitrage est aussi une excellente formation de la vie. : Vous avez des structures adaptées avec des médecins. M.J.L. : Il y a toujours des médecins qui arrivent et qui peuvent faire le bilan de santé des jeunes. Et Mikaël Silvestre leur a appris les rudiments de l’entraînement de football, sans vouloir pour autant que ce soit une école de foot. Attention ! Il ne faut pas tout confondre ! C’est une école pour les enfants de la rue, ce n’est pas une école de foot. C’est pour aider ces enfants à retrouver leur dignité, en apprenant à lire, à écrire et à compter et en leur offrant la possibilité d’un apprentissage professionnel. Mais le sport a un rôle non négligeable. D’ailleurs, lorsque nous : Parlons des sportifs : vous en avez rencontrés beaucoup ! Les sportifs en tant qu’Hommes avec un grand H sont assez méconnus. Pouvez-vous nous parler de la face cachée de ces sportifs ? M.J.L. : Je pourrais dire que je les admire tous parce qu’ils ont, chacun d’entre eux, réussi à faire quelque 4 commençons un programme dans un pays, nous organisons toujours des rencontres sportives entre les enfants de la rue et les enfants scolarisés, ou entre les enfants de différentes religions ou communautés. Malgré leurs différences, ils peuvent établir des relations amicales. Mais il faut arriver avant tout à ce qu’ils soient autonomes à travers une formation. : Pour les former à un métier… M.J.L. : Oui, un métier tel que la plomberie, la menuiserie, en fonction de leur choix. Au bout de deux ans, ils peuvent créer leur atelier professionnel. Ils ont un an pour apprendre à lire et à écrire et un an de formation professionnelle avant que vingt cinq autres enfants arrivent. C’est une association locale, Kosimankan, qui met en œuvre le programme sur place. : Ces exemples et en particulier celui des “ Ecoles de l’Espoir ” de Mikaël Silvestre nous montrent qu’il y a des actions concrètes de citoyenneté grâce au sport et aux sportifs. A chaque fois que nous partons avec un sportif de haut niveau pour qu’il rencontre les enfants de la rue, eh bien, c’est miraculeux pour leur moral, leur sourire, leur joie, leur désir de vivre. : Vous pouvez nous dire quel est le coût d’une telle opération ? M.J.L. : Cinquante mille Euros pour un fonctionnement pendant trois ans. M.J.L. : Absolument. A chaque fois que nous partons avec un sportif de haut niveau pour qu’il rencontre les enfants de la rue, eh bien, c’est miraculeux pour leur moral, leur sourire, leur joie, leur désir de vivre. : Cinquante mille Euros ! Cela parait peu en comparaison des salaires des plus grands sportifs. D’autres pourraient reproduire de telles actions ? M.J.L. : Bien sûr, on va la reproduire au Niger, toujours avec Mikaël Silvestre. Là, ce n’est pas un orphelinat, c’est un centre ouvert pour les enfants exclus du système scolaire. Cent quatre vingts enfants vont l’intégrer quand Mikaël aura terminé sa rééducation. Et l’idée est de créer une école par an avec ce même système. : Nous parlons d’enfants en grande détresse, mais dans notre pays, dans nos sociétés, il y a aussi des enfants qui sont en situation de détresse. Des actions locales de citoyenneté par le sport doivent donc également voir le jour ? M.J.L. : Oui, bien sûr, il y en a beaucoup, la détresse du cœur est la plus difficile à vivre. Un champion de boxe, Mahyar Monshipour, avec qui nous avons créé d’ailleurs une école en Iran, suite au tremblement de terre, est très impliqué dans les banlieues. Ses actions sont très attendues. C’est quelqu’un de charismatique, qui donne envie de faire du sport. Je l’ai vu entraîner des gamins dans des écoles à Bam (Iran) où les enfants ne connaissaient pas la boxe et au-delà du sport pratiqué, c’était motivant. : Et si d’autres sportifs veulent continuer ce système ? M.J.L. : Si “ des Silvestre ” veulent venir dans les “ Ecoles de l’Espoir ” et proposer aussi de créer leur école, eh bien nous fonctionnerons tous ensemble ! Ce serait très intéressant d’avoir un pôle, non seulement de footballeurs mais de sportifs, toutes disciplines confondues. Sport et Citoyenneté pourrait nous aider à monter ce pôle. : Que fait concrètement l’UNESCO pour aider à monter ces centres ? M.J.L. : Dans le cadre du programme ESPERANCE ET SOLIDARITE AUTOUR D’UN BALLON, nous sommes en contact avec des ONG sur place. Nous partons en mission préparatoire pour savoir avec qui nous pouvons travailler et pour régler les formalités administratives avec le Gouvernement en question (comment obtenir toutes les autorisations, solliciter leur participation, soit financière, soit en terme de structures, de suivi ou d’enseignement). Les bureaux de l’UNESCO sont sur place et peuvent s’assurer que tout se déroule correctement. Nous avons aussi créé un centre à Kinshasa, en collaboration avec la fondation Mayamona située à côté de l’aéroport dans un endroit très difficile. A Kinshasa, 120 000 enfants dorment dehors ou dans les cimetières, dans les arbres. La situation est catastrophique. Avec des enfants que l’on appelle les shégués ou sorciers… C’est pourquoi nous avons crée ce centre avec l’aide d’Emmanuel Petit, Christian Karembeu, Cédric Pioline, Stéphane Diagana, Laurent Cabannes et beaucoup d’autres qui se sont impliqués dans ce programme en agissant directement sur le terrain, auprès des enfants de la rue. Au Brésil également, à l’Oyapoque, c’est au Nord-Ouest, à côté de la Guyane. On a créé un Centre pour les moins de 15 ans. Les parents sont orpailleurs et les enfants sont laissés à l’abandon. : Dans les banlieues, le sport peut incontestablement avoir un rôle contre l’exclusion ? M.J.L. : En effet, même différents types d’exclusion, vous savez ce n’est pas forcément une exclusion raciale, cela peut être une exclusion sociale. Et le sport peut dans ce cas effacer les différences. : Mais a contrario avez-vous été également confrontée à des éléments négatifs que vous rejetez dans le sport ? M.J.L. : Peut-être la question de l’argent et encore il n’est pas facilement gagné ! L’effort consenti mérite d’être récompensé. La seule chose qui me déplaît vraiment c’est la vente et l’achat des footballeurs, et la question du dopage. Dans ce domaine, on aimerait que les pouvoirs publics soient vraiment sensibilisés à ces trafics, on ne doit pas fermer les yeux. Oui, c’est de l’esclavage ! Un trafic absolument honteux ! Je milite beaucoup pour certaines associations dont Culture Foot Solidaire (l’association est présentée en page 16), par exemple. Et avec l’UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football) nous sommes en train de sortir un manuel pour que les gens, les familles notamment, ne soient pas dupes et les enfants non plus. Il faut que les entraîneurs arrêtent d’aller en Afrique ou ailleurs pour aller récupérer un gamin qui jouera peut-être bien au football par rapport aux autres mais qui ne restera pas longtemps dans un club en Europe. : Les sportifs les plus populaires, les plus médiatiques ne devraient-ils pas, au sens du devoir, eu égard au salaire qu’ils perçoivent, à l’aura, à l’influence qu’ils ont sur les jeunes, s’engager, être des porte-paroles pour des actions citoyennes ? Comment pourrait-on les inciter à s’engager ? M.J.L. : En effet, mais le problème est que les grands footballeurs africains qui sont en Europe sont mal à l’aise parce qu’ils se disent : “ après tout, peut-être que je peux interrompre la chance de quelqu’un aussi ”. J’ai entendu cela souvent, ils n’osent pas prendre position et dire véritablement non, stop ! Alors qu’il n’y en aura qu’un sur un million qui réussira ! : C’est aussi le rôle des pouvoirs publics et du mouvement sportif de créer et d’appliquer des réglementations sur les transferts qui permettent, par exemple, que dans un centre de formation, quand on teste les aptitudes d’un jeune, on ait au moins l’obligation de payer son billet retour ! M.J.L. : Oui mais même avec le billet retour ce ne serait pas suffisant parce qu’” ils auraient la honte ” de rentrer au village et dans la famille. Ils ne peuvent plus rentrer. Ils sont partis la tête haute, fiers et heureux. Ils ne peuvent plus rentrer ! : Vous m’avez dit que le sportif devait avoir un rôle citoyen mais comment l’inciter à s’engager : les sportifs sont venus à vous, vous les avez contactés souvent ? M.J.L. : Oui, je les ai contactés, nous avons discuté. Je vous assure qu’ils ont envie de faire des choses, de donner de leur temps, de s’impliquer. Peut-être moins ceux qui sont en activité, pris par leur travail mais ceux qui viennent de quitter leur activité, restent quelques temps à attendre puis commencent à s’engager. : D’autant plus que la carrière s’arrête très tôt et qu’il faut repenser à une reconversion du sportif de haut niveau, quel beau tremplin pour démarrer une nouvelle vie ! M.J.L. : En effet, ils ont envie de s’impliquer, je les sens très sensibilisés, en particulier sur la situation des enfants de la rue. : Les institutions publiques, les entreprises, les médias ont-il aussi un rôle de sensibilisation à jouer ? M.J.L. : Sensibiliser les médias, oui mais ça demande vraiment que ce soit fédéré parce que ça part un peu dans tous les sens. Thierry Henry fait une action de lutte contre le racisme, Lilian Thuram lance des actions pour lutter contre la drépanocytose, etc… C’est bien, mais si il y avait un lieu, un champ qui réunisse, qui fédère et qui oriente aussi toutes ces actions-là, je crois que ce serait plus efficace. S’il y avait un lieu, un champ qui réunisse, qui fédère et qui oriente aussi toutes ces actions-là, je crois que ce serait plus efficace. : Cela pourrait être le rôle d’une association comme Sport et Citoyenneté. M.J.L. : Exactement, vous avez saisi. En prenant de grands thèmes et en réunissant les différents sportifs qui sont impliqués dans ces thèmes-là, en menant des actions globales avec tous ces sportifs et toutes les associations qui s’engagent sur ces sujets. L’idée serait de faire des pôles par actions. Un pôle de lutte contre la drépanocytose si on veut s’y intéresser, un pole de lutte contre le palu, un pôle exclusion, un pôle formation professionnelle, un pôle éducatif etc. mais que tout le monde soit impliqué dans une même action. : Sport et Citoyenneté va reprendre votre idée et inscrire son action dans ces perspectives. M.J.L. Oui je crois qu’il faut arriver à cela parce que sinon on est encore dans l’action zapping… Je ne critique pas mais cela manque de réunification. Cela manque de coordination et d’efficacité. ■ 5 PAROLES DE SPORTIFS Mikaël Silvestre Mikaël Silvestre est l’exemple même du citoyen engagé. Footballeur professionnel français, il est né le 9 août 1977 à Chambray-lès-Tours. Champion d’Angleterre en 2000, 2001, 2003 et 2007 et vainqueur de la Coupe d’Angleterre en 2004 et de la Coupe de la Ligue d’Angleterre en 2006 avec Manchester United, il est aussi finaliste de la Coupe du monde 2006 avec l’équipe de France. A travers une interview très personnelle, il livre à 3S ses combats, ses croyances et pourquoi il a tant de générosité à partager ! Nous vous invitons à trouver plus d’informations sur son action “ les Ecoles de l’Espoir ” sur le lien suivant : : Avez-vous des grands principes de philosophie, de vie justement ? M.S. : J’essaye de profiter au maximum de l’instant présent avec ma famille, mes amis car le temps passe vite, je ne veux pas partir avec tout mon argent dans ma tombe. Je me fais plaisir. : Cette philosophie personnelle est-elle compatible avec votre vision et avec l’évolution de la société ? N’estelle pas très individualiste ? M.S. : Pour être honnête, je vis dans ma bulle depuis l’âge de 16 ans où j’ai commencé à apprendre mon métier. A partir du moment où l’on vit dans un univers comme celui où je gravite, on n’évolue pas dans le même rythme que la plupart des gens. Le seul moyen de sortir de la bulle se fait grâce aux médias. C’est cela qui me permet de rester en contact avec le monde extérieur en dehors des discussions que je peux avoir avec ma famille et mes amis. C’est vrai que ces réalités me permettent de rester les pieds sur terre. : Mais rester dans cette bulle, cela ne vous empêchet-il pas de vous engager socialement et politiquement ? M.S. : Je m’intéresse à la politique mais je ne m’engage pas. C’est l’aspect social qui prime à mon sens. http://www.lesecolesdelespoir.com/ : Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel, de votre histoire. Comment s’est déroulée votre enfance ? M.S. : Je suis né en Touraine, d’un père antillais et guadeloupéen, cheminot et maintenant retraité, et d’une mère tourangelle. J’ai eu une enfance heureuse, au sein d’une famille modeste, mais bien présente et qui m’a bien entouré. Avec la chance de pouvoir voyager, grâce à la SNCF. Très jeune, j’ai pris goût aux voyages. A Paris, j’ai été voir beaucoup d’expositions, de musées. Ces dernières années je partais tous les deux ans séjourner deux mois en Guadeloupe : je me sens donc enraciné en Touraine et en Guadeloupe en même temps. : Et là, il y a tout de même des choses qui vous révoltent. M.S. : Ce qui me révolte, ce qui me vient à l’esprit, c’est la situation dans les quartiers en France. C’est une bombe à retardement, c’est un incendie qui n’a pas été éteint. Regardez quand les banlieues autour de Paris et même ailleurs en France avaient brûlé ! Je réalise que je ne peux malheureusement pas faire grand chose ! : Vous dites que vous ne pouvez pas faire grand chose mais le sport peut être un moyen d’acquérir certaines valeurs qui peuvent aider ces populations en difficulté. M.S. : Oui mais les tournois organisés, cela va un moment. Les personnes des quartiers désirent avant tout du travail. : Et quand vous étiez gamin, quels étaient vos rêves ? M.S. : La priorité apportée à mes études était celle de beaucoup de lycéens, celle de passer mon BAC. Et mes parents insistaient sur ce travail d’étude avant de pouvoir aller jouer au football et suivre l’entraînement du week-end. Mes parents n’ont pas, comme d’autres de leur génération, atteint un niveau d’études supérieures, donc leur préoccupation était que je passe ce cap pour pouvoir accéder à des études universitaires. C’est au bout du compte toujours la force mentale qui joue. Je crois aussi que la créativité est une valeur que le sport apprend. : Ces études étaient-elles un rêve ? M.S. : Non, j’avais le rêve de voyager et de m’ouvrir au monde, j’ai réalisé ma vie de sportif et à travers cela j’ai pu voyager énormément. : Vous même, vous avez appris beaucoup de valeurs à travers le sport que vous pourriez faire partager à ces jeunes des quartiers ! M.S. : J’ai appris à évoluer dans un collectif, à ne pas exister tout seul ! Jouer à 11, dans un collectif de 22 à 23 dans un championnat ou dans une Coupe du Monde, donne tout son sens à la valeur du collectif. Le don de soi, le goût de l’effort, le défi physique et mental sont des valeurs du sport. Pendant ma blessure aussi, il y a un défi mental qui est important. Pour l’instant, je l’ai bien relevé. C’est au bout du compte toujours la force mentale qui joue. Je crois aussi que la créativité est une valeur que le sport apprend. : Vous avez donc en quelque sorte réalisé vos rêves mais nous imaginons aussi que vous avez dû avoir des moments forts qui ne sont pas que liés à cette carrière sportive ? Parvenez-vous à les identifier ? M.S. : La naissance de mes deux premières filles, c’est inoubliable. Pour la naissance de la troisième, c’est un peu plus délicat puisqu’elle est née prématurée et ne pesait pas plus d’un kilo à sa naissance. Mais à un an aujourd’hui sa vie est sauvée, donc tout va bien. Et c’est après la naissance de chaque enfant qu’on devient un peu plus adulte, on devient un homme, ce sont les moments les plus forts de la vie. : Nous croyons beaucoup, pour les jeunes en difficulté, en réinsertion, que les sportifs peuvent servir d’exemple et donner une image positive. Les sportifs de haut niveau ont une aura assez extraordinaire. Quand vous vous exprimez, on vous écoute. Réalisez-vous l’importance que peuvent prendre certains mots, en dehors des commentaires d’un match, lorsque vous parlez d’un sujet de société ? Est-ce que vous réalisez combien un sportif comme Lilian Thuram est écouté par les jeunes ? M.S. : Je réalise que l’on nous demande notre avis mais je ne sais pas exactement quel est l’impact réel sur les jeunes. Je ne parviens pas trop à le mesurer. Mais cela me donne envie d’aller dans les quartiers que j’ai connus. Au lycée, j’étais avec des jeunes de la banlieue tout simplement et déjà, à l’époque, cela remonte à 1995, on constatait qu’il y avait des difficultés. Je voulais travailler sur le long terme, en formant réellement les jeunes pour qu’ils puissent apprendre un métier et sortir de la rue. : On sait que vous êtes déjà impliqué dans les projets sociaux et en particulier à travers les “ Ecoles de l’Espoir ” avec l’UNESCO. Là, vous êtes tout de même sorti de votre bulle ! M.S. : Je suis parti en Afrique et en Guinée, pour des aides d’urgence mais moi je voulais travailler sur le long terme, en formant réellement les jeunes pour qu’ils puissent apprendre un métier et sortir de la rue. J’ai pris conscience aussi de l’importance de l’éducation quand mes petites filles ont commencé à aller à l’école. C’est pourquoi nous avons ouvert cette école. Le coût pour engager deux enseignants et un peu de personnel n’est pas énorme. Tous les deux ans, il faut mettre la main à la poche mais le plus important a été fait. Il fallait remettre le bâtiment en état et faire beaucoup de travaux, ce qui est réalisé. J’essaie aussi de sensibiliser d’autres joueurs. Il y en a beaucoup qui viennent d’Afrique mais ils sont sollicités de toutes parts et pas toujours à des fins honnêtes. L’argent investi doit aller directement aux enfants dans le besoin. L’argent investi doit aller directement aux enfants dans le besoin. 6 : Avec l’UNESCO, il y a une légitimité, un gage de confiance. M.S. : En effet avec Marie José Lallart et l’UNESCO, il y a une transparence totale, c’est ce qui fait la différence avec les autres offres. Cette honnêteté m’a donné envie de m’occuper des Ecoles de l’Espoir. Mais il faut continuer avec encore plus de moyens, notamment en Guinée où le matériel manque et au Niger où une nouvelle école va être ouverte. Cela suppose de trouver du temps et des partenaires et heureusement plusieurs joueurs sont intéressés pour faire des actions pour leur pays. NOS AMBASSADEURS Ils s’engagent… Marie-Claire Restoux-Gasset : Une association comme “ Sport et Citoyenneté ” a donc toute sa place afin de vous aider à structurer de tels projets ? M.S. : En effet. J’ai le sentiment qu’en France nous sommes vraiment en retard par rapport à l’Angleterre, c’est indéniable, au niveau de la charité, du lobbying. En faisant l’honneur à “ Sport et Citoyenneté ” de devenir sa porte-parole, Marie-Claire Restoux-Gasset, double championne du Monde individuelle de Judo en 1995 à Shiba-Japon et en 1997 à Paris-Bercy et championne Olympique en 1996 à Atlanta (USA), devient une voix forte pour porter haut les couleurs de “ 3S ” et assurer son rayonnement. “ Sport et Citoyenneté ”, grâce à l’engagement de Marie-Claire RestouxGasset à ses côtés, peut légitimer ses actions et mettre en avant ses convictions. Mais aussi, grâce à son image positive, à sa notoriété et à son engagement politique citoyen, l’association prend son essor et peut réaliser ses objectifs. Marie-Claire Restoux-Gasset nous rappelle les valeurs fondamentales du sport qui sont, selon elle, également des valeurs personnelles qu’elle a véhiculées tout au long de sa carrière. : Enfin, quelles personnalités artistiques vous fascinent et quels grands hommes admirez-vous ? M.S. : J’ai bien aimé l’action de Bono, le chanteur de U2, qui était même en lice pour le prix Nobel de la paix. J’ai lu un de ses livres retraçant ses actions et je suis agréablement surpris par le personnage et son combat pour annuler la dette des pays les plus pauvres. ■ Mikaël Silvestre est convalescent et ne pourra reprendre son activité professionnelle qu’au mois de mars 2008. D’ici là Sport et Citoyenneté s’engage à effectuer avec Mikaël Silvestre, sur les lieux de son enfance, une action d’éducation et d’insertion par le sport dans des quartiers difficiles. “ Le sport est avant tout un vecteur d’éducation pour les jeunes, un moyen d’échanges, de rencontres et il représente aussi la vie du tissu associatif local ”. Les valeurs qu’il véhicule sont “ le respect de l’autre, la confiance (base de toute action), le plaisir, le respect de la règle, l’apprentissage de la vie en société et même l’apprentissage de la vie tout simplement. Le sport est un condensé de vie ”. Le sport est aussi un outil pour arriver “ à se connaître soi-même ” et “ à atteindre un objectif, il donne le goût de l’effort ”. Marie-Claire Restoux-Gasset aime le sport, elle est l’incarnation du sport et de ses valeurs fondamentales. C’est pour ces nombreuses raisons qu’elle, mieux que personne, est en mesure de les défendre. Elle a aussi aimé défendre les couleurs de sa Nation et souhaite désormais mettre ses compétences au service de la vie politique. Elle aime à rappeler que les sportifs sont plus que de simples pratiquants du sport et des “ faiseurs ” de performance mais aussi des exemples de vie et des porteurs de messages. Elle compte sur “ Sport et Citoyenneté ” pour véhiculer ces messages auprès des pouvoirs publics, des entreprises actives dans ce secteur et pour s’appuyer sur les médias et les sportifs afin de clamer haut et fort que le sport est vecteur de citoyenneté. Lilian Thuram En faisant l’honneur à Sport et Citoyenneté de devenir son porte-parole, Lilian Thuram, champion du Monde et d’Europe avec l’équipe de France de football, membre du Haut conseil à l'intégration et du collectif "Devoir de mémoire", devient une voix forte pour porter haut les couleurs de “ 3S ” et assurer son rayonnement. Le Spor t au ser vice de la société est convaincu que les possibilités physiques et mentales déployées par un sportif de haut niveau peuvent être utilisées à d’autres fins que la performance sportive. Les forces latentes de ces Hommes peuvent certainement être utiles à la collectivité ! Les missions et les convictions de Sport et Citoyenneté et de Lilian Thuram se rejoignent : Lutte contre les discriminations. Il faut toujours lutter contre le racisme de façon positive afin de faire avancer les hommes, tous les hommes. Défense des droits de l’Homme et de l’Enfant. Renforcement du rôle de l’éducation. Nous traversons une véritable crise de la citoyenneté. On parle d'une crise de l'intégration. Mais à qui la faute ? Aujourd'hui, il est devenu beaucoup plus difficile de réussir à l'école. La ghettoïsation de l'école m'inquiète. Aspiration à une société plus juste où chacun à sa chance. Moi, ma priorité, c'est de tout faire pour que les gens vivent ensemble, se respectent. Engagement de tous. Implication des sportifs. Le jour où chacun de nous comprendra qu'on a le pouvoir de faire changer les choses... Il y a des revendications d'histoire ou de mémoire vis-à-vis de la colonisation, de l'esclavage ou de tout simplement, trouver sa place dans la société, qui prouvent bien que ces citoyens veulent participer à la France. Lilian THURAM nous rappelle sans cesse que ces combats sont réalisables à travers les valeurs fondamentales du sport. 7 Dans chaque nouveau numéro du Journal, plusieurs scientifiques traiteront un thème lié au Sport et à la Citoyenneté. REFLEXION SUR LES NOTIONS DE SPORT Pour ce premier numéro, il nous paraissait évident de commencer par aborder le thème général du Sport et de la Citoyenneté. A travers des articles d’universitaires, de consultants, de spécialistes du sport, de représentants d’associations sportives et d’ONG de renom nous tenterons de définir les concepts de Sport et de Citoyenneté et d’envisager leurs relations. Quel sport pour quelle citoyenneté ? Par Jean Camy Professeur émérite à l’Université de Lyon, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté avec la collaboration d’Emmanuel Bayle, professeur à l’Université de Bourgogne L’association des termes “sport” et “citoyenneté” ne va pas de soi. Si l’on veut échapper au risque de faire de la citoyenneté, “un terme galvaudé, un nouveau talisman que l’on brandit pour appuyer toute revendication” (D.Schnapper, 2000), il est nécessaire de préciser quelles sont les conditions de la participation du sport à la citoyenneté. Qu’est-ce que la citoyenneté ? La citoyenneté désigne “l’appartenance à une communauté politique autonome, définissant des droits et des devoirs” (D.Schnapper, 2000). En fait on distingue deux façons différentes d’envisager la citoyenneté : - la première envisage l’appartenance comme un état. On est citoyen c’est-à-dire que l’on appartient de fait (et de droit) à une communauté avec tous les droits afférents ; - la seconde traite plutôt des formes de l’appartenance. La citoyenneté, en particulier dans nos sociétés démocratiques modernes, est moins un état qu’une attitude. De ce point de vue, la citoyenneté se gagne. On est pleinement citoyen parce que l’on participe activement à la vie collective, mieux même, parce que cette participation contribue à la construction de cette communauté. Mais au-delà de la participation à une communauté de proximité, la citoyenneté, c’est une appartenance symbolique à divers ensembles qui constituent notre horizon d’existence. On parlera de “citoyenneté universelle” pour désigner la communauté de tous les hommes à laquelle se rattachent par exemple les “droits de l’homme”, de “citoyenneté européenne”, de “citoyenneté française”... Le sport comme institution et manière (citoyenne ?) de vivre ensemble Le sport moderne, créé au XIXe siècle dans les collèges anglais, s’inscrit dans une perspective universaliste qui tranche avec la conception “communautariste” des jeux traditionnels populaires dont il est formellement issu. En fait, au cours du XXe siècle, des formes différentes de “sport”, donnant progressivement naissance à des institutions diversifiées, se sont affirmées : - la première, héritière des toutes premières organisations sportives, s’inscrit dans une logique d’association (c’est-à-dire de mise en commun d’un projet et des ressources nécessaires pour le mettre en œuvre) volontaire (fondée sur la libre adhésion des membres, sans exclusive). Il s’agit de pratiquer ensemble, dans un cadre établi en commun, un ou plusieurs sports, en général sous une forme compétitive ; - la deuxième, qui s’est progressivement intégrée au sportif associatif après avoir été largement condamné par lui, c’est le “sport professionnel” c’est-à-dire la production de spectacles par des sportifs salariés ou indépendants, au sein de véritables entreprises de spectacles ; - la troisième, est le produit d’une d’intégration progressive dans l’univers du sport, de jeux et de gymnastiques qui lui étaient au départ étrangères. On utilise de façon habituelle le terme de “sport loisirs” pour désigner cette forme de pratique dont une partie reste organisée sous forme associative et dont une partie croissante s’inscrit dans une démarche commerciale de vente de services. Ces trois formes qui correspondent à des demandes différentes de nos concitoyens et relèvent de logiques d’offres différentes, cohabitent tant bien que mal dans nos sociétés. Quelle citoyenneté dans les sports ? Si l’on retient comme élément clé de la citoyenneté, la construction collective d’une “communauté”, le sport peut contribuer à cette construction collective de deux façons principales : - Tout d’abord parce qu’il est une “communauté singulière” construite elle aussi de façon collective et en tant que telle un lieu potentiel de formation citoyenne. Cependant les trois formes sportives que nous avons évoquées plus haut, n’ont a priori pas la même capacité et le même souci de s’inscrire dans une “ perspective citoyenne ”. Bruno Libert, président de l’Alliance pour les Organisations Citoyennes, définit l’entreprise citoyenne comme “ une organisation qui engage ses compétences dans des actions pour contribuer à la vie de la cité et pour résoudre des dysfonctionnements de la société avec les intéressés et en complément des services publics, des collectivités territoriales et du monde associatif ”. Dans cette perspective, beaucoup de grands clubs professionnels cherchent à développer une “ dimension sociale ” comme par exemple le FC Barcelone et ses accords avec l’UNICEF. Mais est-on vraiment là dans l’accès à la citoyenneté au sens ou nous l’avons définie ou bien dans un espace indéterminé entre promotion et action humanitaire ? - Ensuite en tant que “communauté emblématique” qui peut jouer de son statut singulier pour faciliter un processus d’intégration des individus, des populations, ou même des nations en situation d’exclusion. L’intégration par le sport peut être un passage vers une pleine appartenance aux communautés locales, nationales ou universelles. Ceci bien sûr à la condition que la “citoyenneté sportive” ne soit pas un substitut à la pleine citoyenneté auquel tout sportif comme tout citoyen a droit. En fait il faudra sans doute mener un combat de tous les instants pour que le formidable “potentiel citoyen” du sport devienne réalité ! ■ Références bibliographiques : - Libert, B., L’entreprise citoyenne de quoi s’agit-il ? L’Expansion Management Review, 1996, pp. 94-99. - Rosanvallon,P., (1992), Le sacre du citoyen, histoire du suffrage universel en France, Gallimard. - Schnapper, D., (1994), La communauté des citoyens, Gallimard. - Schnapper, D., (2000), Qu’est-ce-que la citoyenneté ? Gallimard. 8 “ Vous pourrez constater que plusieurs articles font référence au Livre blanc sur le Sport que la Commission européenne vient de publier et qui suscite naturellement le débat. Nous vous invitons à le consulter à l’adresse suivante : http://ec.europa.eu/sport/whitepaper /wp_on_sport_fr.pdf ” DE CITOYENNETE ET Nos réflexions nous amèneront inévitablement vers la question d’une identité commune à travers le sport, en particulier l’identité européenne si difficile à construire aujourd’hui. Nous réaliserons vite que le sport, si l’on croit réellement en ses valeurs, n’a pas de limite dans la construction d’une citoyenneté mondiale qui devrait être un exemple de société idéale ! De la difficulté d’instrumentaliser le sport au service de l’identité européenne Par Alexandre Husting Chercheur au CEVIPOL, université libre de Bruxelles, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté “ E pluribus unum ” S’il est possible de décrire le projet politique des EtatsUnis à l’aide de la devise américaine “ E pluribus unum ” (un à partir de plusieurs), la situation est différente pour l’Union européenne. Sa devise “ Unis dans la diversité ”, traduit bien l’absence d’homogénéité culturelle, ethnique ou linguistique. Donc l’absence d’identité européenne commune, réelle ou imaginaire. Nombreux sont ceux qui définissent d’ailleurs l’Europe comme un “ formidable melting pot des singularités ” 1 ou parlent à son propos des “ Europe(s) ” 2 . Ce qui explique la difficile identification émotionnelle des citoyens européens avec “ l’Europe ”. Au-delà du débat académique, il s’agit de la condition sine qua non de la légitimité démocratique des institutions européennes. Sans une identité européenne véritable, les citoyens n’adhèreront que difficilement au projet européen, et sans support démocratique à un tel projet, l’intégration européenne est vouée au déclin. Au printemps 2005, les référendums populaires sur le Traité constitutionnel, organisés en France et aux Pays-Bas, l’ont confirmé. Si l’absence de définition claire de “ l’identité européenne ” ne clarifie pas les débats, il manque de toute évidence, au sein des citoyens européens, de cette conscience d’appartenir à un espace commun. Homo européanus Consciente de la distance entre l’Europe qui se construit et ses citoyens qui “ sont laissés sur le côté ” 3 et pour renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté de destin, les institutions européennes se sont dotées, depuis les années 1980, de symboles européens communs : un drapeau, un hymne, une devise et une monnaie. S’il apparut également très tôt, dès la fin des années 1960, que le sport pouvait aussi servir à l’avènement d’un Homo européanus, c’est le “ rapport Adonnino ” 4 de 1985 qui jeta les bases de son instrumentalisation. Dans le cadre du point “ sport ”, le rapport proposait notamment “ l’organisation de compétitions de la Communauté européenne ”, “ la constitution, pour certains sports, d’équipes sportives de la Communauté qui seraient appelées à affronter des équipes mixtes originaires d’ensembles géographiques avec lesquels la Communauté a des liens spéciaux ”, et une “ invitation aux équipes sportives à arborer sur leur maillot, à côté de leurs couleurs nationales, l’emblème communautaire lors de rencontres sportives importantes présentant un intérêt régional ou mondial ”. L’objectif était clairement de faire prendre conscience aux citoyens européens, par le sport, de leur appartenance à un nouvel espace public communautaire et que se dégage une identité européenne. (Pour beaucoup d’Etats, le sport avait contribué à la cohésion nationale (Sokol,…), il ne pouvait dès lors qu’en être de même au niveau européen). Une fonction de test d’identité Le choix du sport était pertinent. Il remplit “ une fonction de test d’identité ” 5 reconnue, il s’est toujours facilement prêté aux instrumentalisations politiques 6 des Etats et il touche un public très large et qui généralement intéresse les classes sociales peu concernées par les réalisations concrètes du Marché commun. Cette analyse est partagée par les institutions européennes, pour qui “ il est logique que le sport vienne à l’esprit lorsqu’on cherche des instruments pour promouvoir l’identité européenne ” 7 car “ il intéresse et touche une large majorité d’Européens, toutes classes d’âge, toutes catégories professionnelles ou socio-culturelles confondues ”. 8 Ce que le récent Livre blanc sur le sport confirme en reconnaissant son “ rôle essentiel (lorsque la Commission) doit se rapprocher des citoyens ”. Si le choix du sport était judicieux, sa mise en application allait se révéler très difficile. Les propositions du “ rapport Adonnino ”, à l’exception de quelques réalisations ponctuelles, sont restées pour l’essentiel lettre morte. Dans la mesure où des Jeux de la Communauté entreraient en conflit avec les manifestations sportives déjà organisées 9 la Commission a préféré soutenir, sans véritable stratégie, 10 des manifestations sportives existantes à condition qu’elles affichent une dimension communautaire (courses cyclistes, courses de bateaux à voile, athlétisme en salle, natation, tennis, marathons et haltérophilie 11 ainsi que les cérémonies d’ouverture des JO de 1992). L’emblème communautaire n’a été associé que très rarement aux couleurs nationales sur les maillots (JO de 1992 et Tour de France cycliste 2003). En dépit de certaines concrétisations isolées (le voilier “ Traité de Rome ” en 1976 et 1978 ou la 23ème équipe cycliste présente au Tour de France de 2003), la constitution d’équipes européennes pérennes n’existe qu’en golf dans le cadre de la Ryder Cup. La conscience européenne Pour le reste la Commission se montre très réticente à poursuivre encore cette instrumentalisation, reconnaissant qu’il s’agit là de “ matières pour lesquelles les organisations sportives sont responsables en premier lieu ” 12 et craignant surtout, dans le contexte actuel de scepticisme à l’égard du projet européen, qu’une ré-instrumentalisation du sport à des fins politiques soit très mal perçue si elle est portée par des “ fonctionnaires ”. C’est alors peutêtre les compétitions européennes et tout particulièrement celles de football qui contribuent aujourd’hui, au travers de la mise en contact régulière de sportifs européens, à assurer l’intégration communautaire et à forger la conscience européenne du grand public. Il faudra cependant envisager une réforme de ces compétitions afin qu’elles ne se limitent pas à faire se rencontrer des clubs d’une poignée de pays riches d’Europe occidentale. Ainsi, depuis 10 ans, les clubs des 5 championnats occidentaux majeurs trustent 84% des places en quarts de finale de la Ligue des champions. Quel intérêt a un spectateur polonais de suivre la compétition si jamais il n’y voit un de ses clubs évoluer ? On dira que la participation à ces compétitions est conditionnée par la taille du marché, mais au niveau institutionnel européen on a bien réussi à se doter de mécanismes correcteurs (pondération des voix au Conseil) afin de contrebalancer les effets de taille des Etats. A moins que l’intérêt pour ces compétitions ne repose sur le cosmopolitisme de la composition des clubs. C’est alors, dans l’accomplissement de la ■ ■ ■ Références bibliographiques : A paraître avec J-M. De Waele “ Football, identités sportives et mondialisation ”. Editions de l’Université de Bruxelles. J. Henri, “ L’hétérogène dans tous ses états ”, in A. Absire et al (éd.), Le désir d’Europe, Paris, La Différence, 1992, p.102. J. Attali., Europe(s), Paris, Fayard, 1994, p. 11 3 John Peet, “ Europe’s Mid-Life Crisis, The Economist, 31 mai 1997. 4 Commission des Communautés européennes, Rapport Adonnino sur l’Europe des citoyens, Bull. CE, Suppl. 7/85, pp. 13-14. 5 E. Dunning “ Le rôle du sport dans le processus d’européanisation ”, in Pascal Boniface (éd.), L’Europe et le sport, 2001, p. 92-93. 6 Sur l’instrumentalisation politique du sport voir notamment J. Meynaud, Sport et politique, Paris, Payot, 1966 et L. Allison, L. (éd)) The Politics of Sport. Manchester: Manchester University Press, 1986. 7 Rapport Jessica Larive PE Doc. A3-0326/94 et “ La Communauté européenne et le sport ”, doc. de la Commission des Communautés européennes, Office des publications officielles, n° CC-AD-92-002-FR-C, 2/1992 p. 11 et réponse à la question n°E-1983/04 de Rodi Kratsa-Tsagaropoulou concernant les Jeux olympiques et l’Union européenne. 8 Discours de V. Reding, Intensifier le dialogue entre le sport et politique en Europe au 11ème Forum européen du sport à Copenhague le 7/11/2002, SPEECH/02/552 9 Question n’ 733/86 de M. Wijsenbeek concernant la politique en matière de subventions, JO, n°C 124 du 11 mai 1987, p. 2 10 J. Larive “ Incidence des résolutions du Parlement européen et des règlements de la Commission p. 183-185, in 1992 et le sport, (éd.) L. Silance ed. La charte, Brugge, 1991, p. 184 11 Question n°1106/88 de M. Ejner Christiansen concernant la classification concernant les activités de sponsorisation de la Commission, JO n° C 111 du 2 mai1989, p.42 12 Réponse à la question n°E-1983/04 de Rodi Kratsa-Tsagaropoulou concernant les Jeux olympiques et l’Union européenne. 1 2 9 REFLEXION SUR LES NOTIONS DE SPORT “ citoyenneté européenne ”, plus que dans l’identité, que le sport, et tout particulièrement le football professionnel, a, volontairement ou non, très fortement contribué. La libre-circulation des sportifs professionnels imposée par l’arrêt Bosman a ainsi fait du football l’activité la plus européanisée. Dans le championnat de football anglais, 67% des joueurs étrangers sont ressortissants d’un Etat-membre de l’Union, ils sont 28% en Italie et 15% en France. Audelà de la concrétisation légale de la citoyenneté européenne, ce brassage des joueurs incite très certainement les supporters à suivre les clubs étrangers dans lesquels évoluent leurs nationaux. Cependant, ici aussi seuls quelques clubs occidentaux ont la faculté d’attirer des joueurs étrangers alors que ceux des nouveaux Etats-membres d’Europe centrale sont toujours composés à 80-90% de joueurs nationaux. Développer une identité communautaire Si le sport pouvait théoriquement constituer un outil idéal pour “ développer une identité communautaire ” 13 les obstacles rencontrés sont révélateurs des difficultés d’une instrumentalisation du sport comme vecteur d’une symbolique et d’une identité européennes. Il constitue un lieu d’affirmation d’identités infra-communautaires : nationales, sociales, culturelles, religieuses ou historiques. La difficulté d’utiliser le sport comme symbole de l’affirmation de l’identité européenne, pose la question de savoir comment il serait possible d’envisager une armée européenne ou une politique étrangère commune s’il semble si difficile de constituer une équipe sportive européenne voire même d’habiller une équipe nationale des emblèmes communautaires. Cette résistance à l’intégration sportive peut certainement s’expliquer par le fait que les identités nationales y sont plus exacerbées en Europe qu’elles ne le sont dans le reste du monde. En dépit de tous les efforts d’intégration, tant économique que sociale réalisés depuis près de 50 ans, on ne distingue toujours pas l’émergence d’un véritable sentiment d’appartenance européenne. Les initiatives des institutions européennes afin de faire émerger ce sentiment par l’instrumentalisation du sport n’ont guère été couronnées de succès. Il est manifeste qu’à l’occasion de la finale de Coupe du Monde de 2002 beaucoup de Français souhaitaient la victoire du Brésil contre l’Allemagne. Ce qui ne signifie pas pour autant une totale fermeture des frontières nationales. Le cosmopolitisme de la composition des clubs de football, encouragé par la Cour de Luxembourg, tout comme l’organisation de rencontres européennes prestigieuses ont certainement contribué à créer un espace européen. Aujourd’hui limité, mais qui sait demain… ■ Références bibliographiques : 13 Rapport J. Larive sur le sport dans la Communauté européenne et l’Europe des citoyens, 1/12/1988 série A, Doc. de séance du PE 19881989, série A, doc. A2-282/88 pt. B et pt. C. de l’exposé des motifs Nous vous invitons aussi à consulter le projet de rapport de la Commission de la culture et de l'éducation du PARLEMENT EUROPÉEN sur le rôle du sport dans l’éducation (2007/2086(INI)) http://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2004_ 2009/documents/pr/669/669478/669478fr.pdf 10 ET DE CITOYENNETE Le football, l’Europe et notre identité Directeur des bureaux bruxellois de l’UEFA, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté Le football constitue un véritable microcosme de la société contemporaine Nous, supporters, sommes en même temps des citoyens : nous exhalons nos craintes et nos espoirs dans les travées des stades. Sur le terrain, l’élite du football a connu un processus de commercialisation et de rationalisation économique fulgurant. On y retrouve ainsi des dynamiques caractéristiques de notre société, au premier rang desquels figure le contraste entre la prospérité d’un petit nombre de privilégiés et l’indigence de la majorité. Pour autant, les différents protagonistes s’accommodent les uns des autres. Certes, ils ne reposent pas sur un pied de parfaite égalité, mais, dans le fond, tous appartiennent à la même famille. Quant aux joueurs et aux fans véritables citoyens de l’Etat football - ils sont mis à l’épreuve de certains des maux les plus caractéristiques de notre société. Se contenter d’affirmer, dans ces circonstances, que le football est plus qu’un jeu relève de la plus banale des platitudes. Par Jonathan Hill Version originale en anglais disponible sur www.sportetcitoyennete.org l’internationalisation croissante des clubs induite par cette mobilité est de nature à influencer notre façon à tout le moins celle des supporters - de percevoir l’autre, nous-même, et peut-être même l’UE. La deuxième serait que le football constitue un moyen contribuant à faire émerger progressivement un “ espace public européen ”, c’est-à-dire à véhiculer une identité - dans le sens politique du terme - au-delà des frontières nationales, entre des citoyens qui partagent la même passion. Notre propos n’est pas ici de suggérer que la Ligue des Champions est en train de réussir là où le Parlement européen a peut-être échoué par le passé - ce serait absurde. Mais le seul fait que des millions d’Européens regardent les mêmes matches, en même temps, nous incite à croire que le football a pu contribuer à forger de nouvelles traditions européennes. Anthony King, auteur de “ The European Ritual - football and the New Europe”, s’en fait d’ailleurs l’écho lorsqu’il écrit que les “ symboles de la Ligue des Champions font partie des premiers symboles européens ”. Troisième assertion, enfin : les résultats sportifs et les moments forts d’un match accaparent désormais nos conversations. Les fans de football peuvent ici être appréhendés comme une communauté au sein de laquelle tout le monde a son avis sur tout - et pas seulement sur les mérites de l’arbitre d’avoir refusé un penalty à la dernière minute de la rencontre de la veille - et peut l’exprimer. Si à l’avenir, la notion d’ “ espace public européen ” prend forme, les fans de football auront une contribution importante à donner. L’Union européenne célébrant le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, son acte fondateur, le moment est venu de se demander si le football constitue aussi un microcosme de l’intégration européenne. Dans quelle mesure le football européen reflète-t-il, s’il ne la façonne carrément pas, cette identité au demeurant évolutive ? Le sport le plus populaire contribue-t-il à nous faire prendre conscience d’une “ citoyenneté européenne ” ? Ou bien alors, à l’inverse, doit-on considérer qu’il a tendance à accroître les sentiments d’appartenance régionale et locale ? Ces trois hypothèses mettent en exergue, parfois de manière prospective il est vrai, l’apport du football sur la construction d’une identité européenne. Là encore, les plus sceptiques nous répondront que tout cela ne représente qu’une expression contemporaine du consumérisme ; ils y décèlent une simple étape dans l’évolution de l’individu, plutôt que l’émergence d’un authentique citoyen cosmopolite. Ne soyons pas si radical et aussi réducteur. N’est-il pas plus constructif de croire que le football européen conforte, sinon renforce, notre sentiment d’appartenance locale - comme il l’a d’ailleurs toujours fait - en même temps qu’il nous fait plonger dans un environnement élargi ? Au cours du XIXème siècle, en effet, les clubs locaux constituaient le socle de l’identité des travailleurs des grandes cités industrielles. Toutes les raisons portent à croire que le football continue aujourd’hui de jouer le même rôle, en raison de la fragmentation sociale de notre société causée par la mondialisation de l’économie. Nous ne voulons ni ne pouvons nous passer de nos équipes locales. Que leurs joueurs viennent de l’étranger n’y change rien. Un laboratoire séduisant Pour répondre à ces questions, la Ligue des Champions de l’UEFA, la compétition de football interclubs la plus prestigieuse d’Europe, s’affiche comme un laboratoire séduisant. Par le biais de cette compétition, des millions de citoyens et de joueurs européens expriment et manifestent leur identité de façon tout à fait significative. Que nous apprend, dès lors, le développement de cette compétition sur l’identité européenne ? Pour la résoudre, une problématique de cette envergure nécessiterait de longues recherches. Elle mériterait aussi les analyses les plus rigoureuses. Sans y avoir recours, il est toutefois possible d’émettre trois assertions. Chérir “ notre ” équipe Une mobilité professionnelle unique Le coup d’envoi d’une nouvelle saison de Ligue des Champions vient d’être donné. C’est une occasion pour les amateurs de football de l’Europe entière de débattre sur le recrutement de leurs équipes respectives. Mais, surtout, c’est un nouveau chapitre de l’histoire du sport le plus populaire d’Europe qui débute. Le mouvement sportif a connu des changements considérables au cours des dix dernières années et il est difficile de prévoir la direction dans laquelle il évoluera lors des dix prochaines. Une chose est néanmoins sûre : que les joueurs composant les effectifs de nos équipes soient originaires des contrées les plus lointaines et les plus exotiques ne nous importe guère ; nous continuerons, quoiqu’il arrive, à chérir “ notre ” équipe. ■ La première est que la plupart des joueurs participant à la Ligue des Champions témoignent d’une mobilité professionnelle unique. En Europe, aucune autre branche de l’activité humaine ne peut se targuer de connaître le même degré de mobilité. La libéralisation du marché du travail des sportifs provoquée par le célèbre arrêt Bosman rendu en 1995 par la Cour européenne de justice a été à l’origine de ce phénomène. A cette truculente question de l’identité, certains détracteurs pourraient néanmoins faire valoir que la mobilité d’une portion réduite de l’élite du sport est davantage une conséquence pratique de la globalisation de l’économie que toute autre chose. Que l’on adhère à l’une ou l’autre de ces thèses, il y a en tout cas lieu de croire que, à l’avenir, 11 REFLEXION SUR LES NOTIONS DE SPORT Le Livre blanc sur le sport, instrument de promotion du développement de la citoyenneté européenne par le sport Par Nicolas Gyss Consultant KEA European Affairs, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté Cet extrait du Livre blanc sur le sport publié par la Commission européenne en juillet 2007 illustre l’importance du sport dans le développement d’une citoyenneté active, c’est-à-dire, à l’échelle européenne, l’implication des citoyens et des organisations de la société civile dans le processus d’intégration européenne. Mais qu’en est-il dans les faits de la place du sport comme instrument de développement de la citoyenneté au sein de l’Union européenne ? La citoyenneté européenne dans les traités La citoyenneté européenne est aujourd’hui une réalité au sein du Traité instituant la Communauté européenne. Complétant la citoyenneté nationale, la citoyenneté de l’UE a été instituée par le traité de Maastricht en 1992 : “ Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un Etat membre ”. Lien entre les citoyens et l’UE, la citoyenneté européenne est destinée à favoriser l’identification des citoyens à l’UE et le développement d’une opinion publique et d’une identité européenne. Pourtant, dans une Europe plurielle et en perpétuelle mutation caractérisée par des différences de langues, de cultures, de niveaux de vie, d’histoires ou encore de valeurs, le développement d’une véritable identité européenne et d’un sentiment fort d’appartenance à une même entité est un travail difficile, un processus long et toujours en cours. L’UE dispose d’instruments classiques et efficaces pour cela, en particulier des droits conférés aux citoyens tels que ceux de circuler et de séjourner librement sur le territoire des Etats communautaire. Il est pourtant un instrument fabuleux de promotion d’une citoyenneté active au sein de l’UE, ne serait-ce que parce qu’il est l’un des secteurs qui touche le plus les citoyens dans leur ensemble. Beaucoup le pratiquent, tous le vivent. Il est ainsi un formidable outil social et de dialogue et de rapprochement entre les citoyens. C’est pourquoi, même en l’absence de base juridique, l’UE promeut le développement de la citoyenneté européenne active par le sport. Dans son Livre blanc sur le sport, la Commission européenne encourage la promotion du bénévolat et de la citoyenneté active au moyen du sport. Elle propose de développer et d’encourager le bénévolat dans le sport par l’intermédiaire du programme communautaire “ Jeunesse en action ”, mais aussi grâce à des échanges d’informations et de bonnes pratiques. Elle réalisera par ailleurs une étude européenne sur le bénévolat dans le sport. La Commission européenne déclare par ailleurs dans le Livre blanc sur le sport son intention de soutenir le sport de masse au moyen du programme communautaire “ L’Europe pour les citoyens ”. Ce programme est aujourd’hui un instrument clé de la politique de citoyenneté de l’UE visant au développement d’une citoyenneté européenne active. Etabli pour la période 2007-2013, il dispose d’une enveloppe budgétaire de 215 millions d’Euros et affiche les objectifs suivants : • Donner aux citoyens la possibilité d’interagir et de développer la citoyenneté de l’UE. • Développer un sens de l’identité européenne. • Encourager le sentiment d’appartenance à l’UE parmi les citoyens. • Renforcer la tolérance et la compréhension mutuelle entre citoyens européens. Le sport a un rôle évident à jouer eu égard aux objectifs du programme ; les organisations actives dans le domaine du sport sont parmi les parties prenantes qui 12 peuvent y participer. Des actions liées à l’éducation par le sport et au sport amateur peuvent ainsi prétendre à des financements communautaires dès lors qu’elles promeuvent une citoyenneté européenne active. On peut regretter que le Livre blanc sur le sport n’offre pas plus d’instruments visant à développer la contribution du sport à la citoyenneté européenne. Il traduit néanmoins la volonté de l’UE de soutenir le bénévolat dans le sport ainsi que des projets à dimension sportive participant au développement d’une citoyenneté européenne active. En l’absence de base juridique, le Livre blanc sur le sport utilise ainsi les moyens qui sont à sa disposition pour promouvoir la citoyenneté active par le sport. Vers un accroissement du rôle du sport dans le développement de la citoyenneté européenne Au-delà du Livre blanc sur le sport, le nouveau traité européen simplifié devrait donner, après ratification, une base juridique au sport d’après les conclusions du Conseil européen des 21 et 22 juin 2007. En effet, l’article III-282 du Traité instituant une constitution européenne - relatif au sport - est repris dans le nouveau traité. L’UE pourrait ainsi avoir une compétence directe en matière de sport. Elle aura alors l’opportunité d’entreprendre des actions de plus grande envergure pour mettre le sport au service de la citoyenneté européenne en gardant à l’esprit que le sport et la citoyenneté sont deux piliers essentiels à la construction d’une “ union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe ” telle que désirée par les Pères fondateurs. ■ Giacomo de PASS ® “ L’appartenance à une équipe, les membres ou le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales dans l’Etat membre de principes tels que le fair-play, le résidence. Au-delà, certaines politiques ont un rôle essentiel à jouer dans le développement d’une respect des règles du jeu et des citoyenneté européenne. C’est le cas de celles menées les secteurs de l’éducation, de la culture et du autres, la solidarité et la discipline dans sport. ainsi que l’organisation du sport La promotion de la citoyenneté dans le Livre blanc sur le amateur, qui repose sur des clubs européenne sport alors que l’UE est compétente pour agir dans les sans but lucratif et le bénévolat, Mais domaines de l’éducation et de la culture, le sport renforcent la citoyenneté active. ” ne dispose pas (encore) de base juridique DE CITOYENNETE ET Une citoyenneté planétaire par l’éducation physique et le sport ? Par Gilles Klein Directeur Général Programme EPS Organisation Inter Gouvernementale, World Sports Alliance en partenariat avec les Nations Unies, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté La Déclaration du Millénaire En septembre 2000, 192 Chefs d’Etats signent la Déclaration du Millénaire sous l’égide des Nations Unies. Une déclaration solennelle qui est suivie en septembre 2001 de la décision de 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), dont l’atteinte doit être évaluée en 2015 1. En 2005, constatant les piètres développements et le retard pris dans l’atteinte des objectifs, la société civile décide de développer une stratégie. L’AICESIS (Association Internationale des Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires), l’UN-NGO-IRENE (Réseaux Informels Régionaux des Organisations Non Gouvernementales) et le UN-DESA (Département Economique et Social des Nations Unies) considèrent que l’atteinte des objectifs passe par l’éducation et la formation. En 2005-2006, ces institutions organisent quatre tables rondes régionales à Paris, Alger, Brasilia et Beijing pour évaluer les formations aux OMD. Ainsi, à Paris, sous la direction du Président Jacques Dermagne, à l’occasion du soixantième anniversaire de l’ONU, le Conseil économique et social de France montre toute sa détermination pour appuyer ce dossier. Des centres d’excellence Un des objectifs de ces organisations, appuyées par l’UNITAR (Institution des Nations Unies pour la Formation et la Recherche) et l’AIFOMD (Association Internationale pour la Formation aux OMD), est d’instituer un centre d’excellence mondial, des centres d’excellence régionaux et nationaux pour la formation aux OMD. Le sport et l’éducation physique sont appréhendés par les Nations Unies comme un vecteur essentiel pour l’éducation et la formation aux OMD. Dans ce contexte, l’éducation physique n’est pas considérée au sens étroit de matière scolaire, mais comme la pratique d’activités physiques, à l’école, mais aussi en dehors de l’école, que ce soit dans le temps périscolaire ou dans le cadre des organisations sportives. Le sport au service du développement et de la paix Dans ce domaine particulier, l’ONU rassemble en 2003 une équipe de travail inter institutions sur le sport au service du développement et de la paix. Ce groupe considère le sport comme instrument de développement et de paix selon plusieurs directions : sport et santé ; sport et éducation ; sport et développement durable ; sport et paix, sport et communication ; sport et partenariats ; sport et VIH/SIDA. Cette réflexion conduira à l’Année Internationale du Sport et de l’Education Physique (IYSPE) promue en 2005 par les Nations Unies, un an après 2004 - Année Européenne de l’Education par le Sport (EYES). Dans le domaine du sport et de l’éducation physique, la société civile est aussi active pour la formation aux OMD. A la suite de l’IYSPE, la World Sports Alliance (WSA), agence qui travaille en partenariat avec les Nations Unies, lance un programme d’éducation physique et de sport en faveur des OMD. Au Segment de Haut Niveau de l’ECOSOC (Conseil Economique et social des Nations Unies), à Genève en juillet 2006, WSA présente son programme, lequel sera appuyé par le message Royal de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le programme WSA consiste à implanter des centres communautaires dans les Etats qui adhéreront à la WSA (devenue OIG dans le cadre de la Déclaration de Rabat en mai 2007). Le centre WSA qui offre des installations sportives, sociales et culturelles, est implanté dans un quartier, une commune qui souhaite s’appuyer sur le sport, et développer des programmes en dehors de l’école pour offrir des opportunités éducatives à l’enfance et la jeunesse dans les périodes extra scolaires. De nombreux Etats se montrent intéressés à rejoindre la WSA et développer les formations aux OMD par l’éducation physique et le sport. Pour développer le contenu de son programme la WSA organise un séminaire d’experts internationaux à New York en septembre 2006 (10 experts internationaux de l’éducation et du sport sont invités à proposer un projet de formation). Le projet retenu propose des modules et des outils pratiques pour transmettre aux enfants et aux jeunes les valeurs des OMD dans les centres communautaires WSA, durant les périodes para et extra scolaires. L’éducation aux OMD se pose en effet de façon cruciale, entre autres, dans les quartiers de Casablanca sujets à l’extrémisme, les quartiers du Bronx et du Queens sujets à une violence latente, les quartiers de Seine-Saint-Denis sujets à la violence en France en 2005. L’activité football, la plus universelle Une expérimentation du projet est réalisée en Afrique, continent prioritaire pour les OMD, sur les thèmes les plus cruciaux : la santé, l’égalité homme/femme en prenant des illustrations sur l’activité football, la plus universelle. Un séminaire d’experts euro-africains se déroule à Rabat les 6-9 mai 2007. Il permet d’activer le réseau d’experts internationaux sollicités, de procéder à une analyse régionale des besoins, d’expérimenter et valider des modules et produits de formation EP.S/OMD, de valider un protocole transférable à d’autres secteurs que le sport, à d’autres publics cible et usagers finaux, dans d’autres régions du monde. La WSA choisit cette occasion pour annoncer la naissance de l’Organisation Inter Gouvernementale WSA avec l’adhésion des trois premiers pays pilotes signataires : le Royaume du Maroc, la République du Niger et la République Dominicaine signent la Déclaration de Rabat. De nombreux autres Etats ont depuis adhéré à l’OIG. D’autres souhaitent la rejoindre pour implanter le programme. Le rapport du séminaire d’experts et la Déclaration de Rabat seront portés par la Fondation Mohammed V au Segment de Haut Niveau de l’ECOSOC de Genève en juillet 2007. A cette occasion, la création du Centre d’Excellence Mondial EPS/OMD et la création du Centre d’Excellence National EPS/OMD au Maroc sont officiellement annoncées à Genève. Peut-on former à une citoyenneté planétaire par l’éducation physique et le sport ? La contribution de ces disciplines, souvent considérée comme modeste, est cependant porteuse d’enjeux majeurs. Dans ce programme, l’éducation physique et le sport peuvent devenir pilotes dans la formation aux OMD, mais plus largement sur des questions d’ordre géo-politique. En effet, les centres communautaires locaux conçus par WSA sont loin d’être seulement des espaces de sports et de culture. Ils relaient deux enjeux socio politiques majeurs du XXIe siècle : - un enjeu de co-développement : au plan local, ils sont un espace de dialogue, de coopération, un espace de régulation des questions sociales. Au plan global, ils sont un enjeu pour les politiques de co-développement que peuvent bâtir les sociétés du Nord et du Sud. - un enjeu de gouvernance : la coopération au plan local est à l’image des partenariats qui se tissent à l’échelle globale entre l’Etat et la société civile, posant les conditions d’une meilleure cohésion sociale dans nos sociétés. ■ Références : 1) Eradiquer la faim et l’extrême pauvreté. 2) Assurer l’éducation primaire universelle. 3) Promouvoir le statut de la femme et l’égalité de genre. 4) Réduire la mortalité enfantine. 5) Améliorer la santé maternelle. 6) Combattre le VIH Sida et autres pandémies. 7) Assurer un environnement durable. 8) Développer un partenariat mondial pour le Développement. 1 13 REFLEXION SUR LES NOTIONS DE SPORT J.O. DE PÉKIN : l’enjeu des droits humains, une question de citoyenneté mondiale ? Par Roland d’Hoop Responsable du programme jeunesse pour Amnesty International Belgique Francophone, membre du Comité scientifique de Sport et Citoyenneté Les Jeux Olympiques vont se dérouler en Chine. Et alors ? Faut-il mélanger les sports et les droits humains ? Les J.O. sont-ils un événement purement sportif ? Pourquoi Amnesty International profite-t-elle de cet événement pour parler des droits humains en Chine ? d’offre, sous le slogan “De nouveaux Jeux, un nouveau Pékin - Une occasion pour la Chine et pour le monde”, on trouve une chambre d’exécution dans laquelle les personnes condamnées à la peine capitale par le tribunal populaire supérieur de Pékin seront mises à mort par injection mortelle. Une chambre d’exécution ? Voilà un bel exemple de progrès ! Il semble que les autorités chinoises se servent des J.O. comme d’un test afin de voir jusqu’où la communauté internationale acceptera de fermer les yeux sur les violations des droits humains qu’elles commettent. Cela dit, la Chine montre également quelques signes d’ouverture. Ainsi, elle a quelque peu allégé son soutien inconditionnel au Soudan, un gouvernement ami de Pékin qui participe aux massacres dans la région du Darfour, en armant les milices Janjawid. condamner ce qui se passe dans des régimes comme l’Algérie, la Syrie ou la Birmanie, et ensuite fermer les yeux sur ce qui se déroule en Chine, au nom des intérêts économiques. Cette cohérence entre les discours et les actes est sans doute un des plus grands défis de ce XXIème siècle. Commençons par préciser qu’Amnesty International ne demande pas le boycott de ces J.O. Pour Amnesty International, on ne peut passer sous silence les graves violations des droits humains qui se déroulent dans le pays le plus peuplé du monde. L’avenir de la Chine concerne en effet le monde entier tant sur le plan démographique, économique, écologique que politique et les Jeux Olympiques de Pékin représentent à la fois un espoir et une menace pour les droits humains. Il faut dire que plusieurs personnalités menaçaient de boycotter les J.O. si la Chine continuait à mettre son veto à toute résolution visant à envoyer des casques bleus pour pacifier le Darfour. • la “ ré-éducation par le travail ” : plus de 250 000 personnes sont détenues en Chine dans des camps de travail, sur la base de charges à la définition très vague, sans avoir jamais pu consulter d’avocat, sans jamais avoir été jugées et sans aucune forme de contrôle judiciaire. Amnesty International lance un appel pour que la “ré-éducation par le travail” soit abolie immédiatement. Les J.O., un tremplin pour les droits humains en Chine ? Après l’attribution des Jeux à Pékin en 2001, les responsables olympiques et chinois ont déclaré que la situation des droits humains en Chine allait s’améliorer. Ainsi, Jacques Rogge, président du CIO a déclaré : “ Nous sommes convaincus que les Jeux olympiques amélioreront la situation des droits humains en Chine ”; et Wang Wei, secrétaire général du Comité organisateur de la ville de Pékin a déclaré : “Nous croyons que le fait d’accueillir les Jeux est non seulement favorable à notre économie mais que cela va aussi permettre de faire avancer les droits humains”. Amnesty est loin d’être convaincue de l’idée que les J.O. auront automatiquement un impact positif sur les droits humains. Au contraire, la réinstallation forcée de quartiers entiers dont les habitants ont été sommés de partir, avec peu ou pas de compensation, pour faire place aux installations olympiques est un exemple de la façon dont les droits humains se sont, de fait, détériorés en relation directe avec les préparations olympiques. Parmi les projets de construction pour lesquels les autorités de Pékin ont lancé des appels Une Chine vraiment au top ! ? La Chine occupe une place à part dans le monde : elle rassemble un cinquième des habitants de la planète et a acquis le statut d’une hyper puissance, tant sur le plan économique que sur son influence politique et militaire. Pour Amnesty International, le progrès ne peut se faire sans les droits humains. La guerre contre le terrorisme, la course au développement ou les différences culturelles ont souvent servi de prétextes à certains pays, dont la Chine, pour mettre les droits humains de côté. La Déclaration universelle des droits de l’homme, dont on fête en 2008 le 60ème anniversaire, a défini ces droits comme universels et interdépendants. On ne peut les considérer comme un luxe de pays riches et occidentaux ! Autrement dit, ces droits appartiennent à l’humanité tout entière, ils sont la base d’une citoyenneté mondiale. Il est donc de la responsabilité de l’ensemble des nations mais aussi du mouvement olympique de veiller à ce que les valeurs des droits humains soient respectées partout dans le monde. En effet, comme le stipule la Charte olympique, le but de l’olympisme est de “ mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme en vue de promouvoir une société pacifique soucieuse de préserver la dignité humaine ”. Le sport peut et doit donc être un levier pour améliorer la condition humaine, il est incontestablement vecteur de citoyenneté, une citoyenneté universelle ! Il est également de la responsabilité des pays démocratiques d’adopter une politique étrangère favorisant les droits humains. On ne peut à la fois 14 Le bilan de la Chine en matière de droits humains est en effet pour le moins préoccupant. Parmi les préoccupations d’Amnesty, citons les points suivants : • la peine de mort : la Chine continue d’exécuter plus de personnes chaque année que l’ensemble des autres pays. Amnesty International appelle à un moratoire immédiat sur les exécutions en prélude à l’abolition de la peine de mort. • la torture : la torture est généralisée en Chine et pour ceux qui passent par le système judiciaire, la probabilité est grande qu’ils subissent, à un moment ou à un autre, des actes de torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Amnesty International appelle le gouvernement chinois à coopérer pleinement avec le rapporteur spécial (des Nations unies) sur la torture et à mettre en œuvre d’urgence toutes les recommandations qui ont été faites. • la liberté d’expression et de religion : des milliers de personnes sont détenues et condamnées chaque année pour avoir exercé de façon pacifique leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression et à la liberté de croyance religieuse. Amnesty International lance un appel pour que les garanties constitutionnelles concernant la liberté d’expression et de religion soient reconnues et appliquées en droit et pour que les personnes détenues pour avoir exercé ces libertés soient immédiatement remises en liberté. Recevoir les Jeux Olympiques va donner un élan extraordinaire au niveau international au peuple chinois. Il incombe maintenant au gouvernement chinois de se montrer digne de cet événement phare, porteur d’espoir et de paix pour le monde en améliorant de façon importante la situation des droits humains en Chine. ■ ET DE CITOYENNETE SPORT, CITOYENNETE … et EDUCATION Par André Heinrich : Ancien formateur en éducation spéciale, membre fondateur de Sport et Citoyenneté Je n’arrive pas à dissocier ce troisième terme, “ Education ”, des deux précédents, “ Sport et Citoyenneté ”, comme si la recherche et la construction d’une indispensable harmonie entre les deux premiers dépendaient inévitablement, j’allais dire heureusement, de l’intervention du troisième. N’estce pas en effet dans le cadre de l’Education au sens le plus large, mais aussi et plus précisément dans le cadre même de l’Enseignement que se doit construire le futur citoyen, que se doivent s’apprendre, en théorie, mais aussi surtout dans leur mise en pratique, et dans la quotidienneté, les principes et les règles élémentaires de la vie en société ? TRIBUNE ➥ Si être citoyen c’est se sentir appartenir pleinement à un groupe, dans l’acceptation, la compréhension, le respect et la participation à l’élaboration de ses droits et devoirs, n’est-ce pas l’école, qui en premier, doit en formuler et en adapter les initiations, les constructions, les mises en oeuvre ? Le sport ne peut-il être un des supports privilégiés pour ces nécessaires mises en pratiques ? L’école, puis plus tard, le Collège, le Lycée et l’Université, n’ont-ils pas besoin d’espaces concrets de mise en pratique, de mise à l’épreuve, de ces principes élémentaires qui doivent guider l’entrée progressive dans la vie des groupes, mais aussi et surtout de leur compréhension et de leur évaluation permanente ? Le terme d’ “ Education Physique ” jadis inséparable de celui de “ Sport ” ne doit-il pas retrouver sa pleine signification ? Tous les lieux de l’Enseignement, du plus simple au plus élevé, ne doivent-ils pas être aussi les lieux de la mise en œuvre progressive des conjugaisons harmonieuses des passions et de la raison ? C’est en ce sens, que les sports peuvent être essentiels dans la construction de la personnalité et de ses rapports aux autres, dans la connaissance des règles de vie, dans un climat d’amitié, de fraternité, dans le respect de l’autre, dans la compréhension de la différence entre un adversaire et un ennemi, et finalement aussi dans l’introduction de la raison, de la compréhension dans toutes les formes de conflit. C’est bien aussi dans le cadre de l’enseignement que se peuvent, que se doivent, conjuguer les indispensables rapports du Sport et de la Santé ! N’est-ce pas encore du rôle de notre enseignement d’apprendre à connaître son corps, son fonctionnement, ses limites, apprendre et expérimenter sur soi et avec les autres, la notion d’équilibre à tous les sens du terme ? Une conjugaison plus volontariste, une meilleure transversalité entre les interventions des médecins scolaires, des professeurs des sciences du corps, et celles des enseignants des sports, à l’occasion des activités sportives, me semblent aujourd’hui indispensables et devraient aussi participer à la prévention de bien des dérives actuelles… apprendre que faire du sport, c’est nécessairement connaître son corps, son fonctionnement, ses capacités relatives, ses aptitudes particulières. N’est-ce pas aussi réussir à “ être bien dans son corps, à respirer, à souffler, se détendre, et finalement… savoir prendre conscience de soi pour mieux accéder au rapport aux autres et au monde ? ” La maxime de Juvenal “ Mens sana in corpore sano ”, n’est-elle plus commentée à l’école ? N’est-ce pas là aussi que l’on nous apprenait que les plus belles victoires sont celles que l’on remporte sur soi-même ? Une étude anglaise récente nous apprend que “ l’entraînement intensif des jeunes, au tennis, fragilise les vertèbres des jeunes champions ” (1), et un grand quotidien nous dit que “ chaque année entre 400 et 500 sportifs meurent subitement en France ” (2). Les “ dopages ” de toutes sortes et dans tous les sports sont devenus objets de commentaires d’une grande banalité chez les chroniqueurs de nos médias ! “ Attention aux boursouflures temporaires et précoces de l’ego dont on se remet mal plus tard ” , comme se remettent mal bien des grands sportifs de leurs entraînements démesurés. Où peut-on le mieux, ailleurs que dans le cadre de nos enseignements, voir clair, essayer de comprendre, mesurer, situer, relativiser ces multitudes d’informations, qui, d’exagérément alarmistes à trop banalisées, s’adressent plus à notre émotion qu’à notre raisonnement et à notre compréhension ? Et cette fameuse intégration ? On souhaite toujours que l’école soit et devienne, de mieux en mieux, le lieu privilégié de l’intégration sociale et il reste beaucoup à faire. Le sport, dit-on, le serait autant, et ne présente-t-on pas parfois les carrières sportives comme les seules voies d’ascension sociale pour les enfants des classes dominées. Cela reste vrai dans quelques cas, mais tout le monde ne peut devenir un Zizou ou un Yannick Noah. Alors, ne trichons pas ! Soyons nous-mêmes citoyens ! Le sport deviendra vraiment un outil d’intégration et d’adaptation, le jour où nous aurons dans les quartiers que l’on rend de plus en plus difficiles, non seulement des installations sportives dignes de ce nom, mais aussi et surtout des encadrements suffisamment nombreux, bien formés, compétents et correctement payés, pour conjuguer avec l’école du lieu, l’éducation à la citoyenneté des jeunes du quartier. En un mot, de véritables éducateurs, et non pas seulement des coachs, même si l’expression “ fait mode ” ! La préparation de ces jeunes à des formations, à la connaissance des premiers soins à donner, aux brevets de sauvetage élémentaires, délivrés par la Croix Rouge, les pompiers et certaines associations, pourraient être aussi pour eux, dans ce contexte, un moyen de se valoriser, d’apprendre à exister pour soi et les autres, et de construire progressivement une existence socialement reconnue. Accaparés et dénaturés par l’industrie de l’image, bien des citoyens, et souvent les plus jeunes, sont surtout devenus de simples consommateurs du spectacle sportif qui, comme le rappelait Bourdieu, apparaît de plus en plus clairement comme “ une marchandise de masse, une marchandise parmi d’autres du show-business. L’industrie du spectacle sportif est de plus en plus soumise aux lois de la rentabilité. ” (3) La violence chez les jeunes serait, nous disait-on par ailleurs, pour partie, “ liée au culte systématique de la compétition et de la domination ”. Or nous en sommes littéralement “ gavés ” par nos médias ; n’avons-nous pas entendu récemment un journaliste sportif, commentant un match de rugby, évoquer “ la charge fracassante ” d’un rugbyman décrit par ailleurs comme “ Attila, Raspoutine, l’homme des cavernes ” … ? Où mieux qu’à l’école peut-on, devant ces débordements de toutes sortes, faire, face aux médias, l’apprentissage de la critique, de la mesure, du recul, de la distance ? CITOYEN, dites-vous ? On devra bien sûr veiller à ne pas confondre citoyenneté et nationalisme, l’Histoire nous a appris où peut conduire une telle confusion, et l’école peut et doit nous le rappeler… Quel citoyen alors ? En 1860, Armand Barbès écrivait déjà “ citoyens de l’Univers dans le vrai sens du mot, nous sommes partis de la croyance à la solidarité des nations et de l’humanité terrestre pour en arriver enfin à la pratique du dogme de l’humanité universelle ”. Il reste du chemin à parcourir… A l’heure de la mondialisation que l’on nous présente essentiellement sous ses aspects économiques et financiers, n’est-ce pas dans l’Enseignement que l’on peut encore y lire, y apprendre, y apprécier, y valoriser, y construire, y défendre quelques autres valeurs fondamentales dont le sport ne peut manquer d’être porteur ? 1.British Journal of Sport Medicine - 18.07.07 2. Le Monde du 31.08.07 - P.15 3. Bourdieu - questions de sociologie.P.173 et sqii 15 ASSOCIATIONS PARTENAIRES Chaque numéro du Journal présentera une ou plusieurs associations/ONG/fédérations partenaires effectuant un travail inédit et conséquent sur les questions de Sport et de Citoyenneté. N’hésitez pas à nous faire connaître des associations actives en Europe sur les sujets de Sport et Citoyenneté ! CULTURE FOOT SOLIDAIRE Culture Foot Solidaire est une association de loi 1901 créée en 2000. Elle a pour but de défendre les droits des jeunes footballeurs africains et de mettre en place de nouveaux mécanismes d’aide, d’échanges et de soutien Nord-Sud dans les domaines éducatif et socio sportif. Objectifs: • Favoriser l’intégration des jeunes footballeurs africains en Europe et prévenir les situations qui peuvent les conduire à la marginalisation, l’exclusion et la clandestinité. • Combattre le trafic et l’exploitation des enfants dans le football en intervenant directement dans les principaux pays africains à partir desquels les jeunes sont recrutés. • Favoriser la coopération Nord-Sud en initiant des interactions et des échanges dans les domaines éducatif et socio sportif pour stabiliser les mineurs. Culture Foot Solidaire a reçu des récompenses pour son action: ✦ Diplôme d’honneur LICRA/Fédération Française de Football. ✦ Prix “ Fais-nous-rêver ” 2005 de meilleur projet de solidarité internationale par le Sport. ✦ Challenge du Fair-play LFP / UCPF 2005 et 2006. L’association vient de créer un Livret d’accueil du jeune footballeur africain, en partenariat avec l’Union des Clubs de Football Professionnels (UCPF) et qui a été présenté le 4 octobre 2007 à Paris au cours d’une conférence de presse. Le Livret d’accueil, support d’éveil à la citoyenneté, a pour but d’accompagner les jeunes joueurs africains dans leurs premiers pas en France, en favorisant leur autonomie pour toutes les démarches qu’ils auront à effectuer pendant leur séjour. La solidarité, c’est avant tout un sport collectif. SPORT SANS FRONTIERES DIAMBARS Né de l’imagination de Champions de football (Bernard LAMA, Patrick VIEIRA, Jimmy ADJOVIBOCO), A partir du 20 novembre prochain, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Enfance, Sport Sans Frontières lance un défi à tous les amoureux du sport : celui de former la Plus Grande Equipe du Monde. Pourquoi un tel défi ? Pour rappeler que jouer et faire du sport permet aux enfants de se construire, de grandir et de s’épanouir. C’est pourquoi Sport Sans Frontières se bat chaque jour pour développer des programmes d’éducation par le sport pour les enfants démunis à travers le monde. Si, comme nous, vous pensez que le sport peut aider ces enfants, rejoignez la Plus Grande Equipe du Monde. Comment intégrer cette équipe ? En achetant une paire de lacets orange 3 €. A défaut de porter le même maillot, portons tous des lacets orange en signe de solidarité. Toute la famille du sport se mobilise, clubs professionnels et amateurs, fédérations, ligues nationales, médias (L’Equipe, Infosport, Sport) ainsi que de prestigieux parrains (Stéphane Diagana, Virginie Dedieu, Philippe Candelero, Richard Dacoury, Tony Estanguet…). www.sportsansfrontieres.org Cette équipe n’attend plus que vous… www.footsolidaire.org l’Institut DIAMBARS a pour ambition de mettre le football au service de l’Education. Pour atteindre cet objectif, DIAMBARS crée un modèle sport-éducation reposant sur : 1 Des académies sport-études de haut niveau. 2 Des infrastructures satellites visant à attirer et mobiliser le plus grand nombre de jeunes en leur offrant la possibilité de pratiquer un sport, aider à l’alphabétisation, au renforcement scolaire et permettre l’accès aux savoirs en général. 3 Des outils technologiques ludo-pédagogiques innovants alliant sport et éducation pour faciliter et promouvoir l’accès aux savoirs. Après le projet pilote au Sénégal, et grâce à la bonne image conférée par le soutien de champions, Diambars entend mettre à profit son expérience et son expertise dans le domaine du sport et de l’éducation pour reproduire le concept sur l’ensemble du continent africain. Ce projet de développement continental (DIAMBARS AFRICA 2015) a été présenté au Président de la République Française Mr Nicolas SARKOZY lors d’un entretien à l’Elysée le 23 Août 2007. Le Président de la République a félicité les membres fondateurs pour cette initiative, et leur a assuré que la France serait présente à leurs côtés pour le développement de cet ambitieux projet. www.diambars.org Le Spor t au ser vice de la société FEDERATION FRANÇAISE SPORTS POUR TOUS Vous avez dit “ Sports pour Tous ” ? SOLID’AIR Parmi toutes les Fédérations qui composent le mouvement sportif français, il en est une qui privilégie le loisir et qui se distingue par sa vocation sociale. Il s’agit de la Fédération Française Sports pour Tous dont la mission, depuis 50 ans, est de promouvoir la santé et le bien-être, de favoriser l’intégration sociale, de développer l’échange et la générosité et de rendre la pratique d’activités physiques accessibles à tous. Présente sur toute la France et les DOM-TOM, elle intervient auprès de tous les publics (très jeunes enfants, adultes sédentaires, jeunes retraités, personnes âgées dépendantes…) et joue un rôle important dans les zones urbaines sensibles (ZUS) et dans les zones de revitalisation rurale (ZRR) où elle est particulièrement bien implantée. Enfin, en tant qu’association loi 1901 reconnue d’utilité publique et agréée par le Ministère des Sports ainsi que par le Ministère du Travail, elle intervient dans les entreprises en proposant des programmes liés à la remise en forme et à la santé, mais également des formations professionnelles centrées sur la prévention et la santé. Au total, ce sont 180 000 licenciés, 3 800 animateurs diplômés et formateurs, 2 700 associations, 67 comités départementaux et 20 comités régionaux qui représentent donc les “ sports pour tous ” en France. www.sportspourtous.org Fondée le 24 décembre 1997, l’association humanitaire Solid’Air s’est donnée comme mission l’organisation d’évènements sportifs à des fins caritatives au profit de l’enfance défavorisée (maladie, malnutrition, handicap) en France et à l’étranger. Ils sensibilisent l’opinion publique sur le bien fondé de leurs interventions. Quelques projets réalisés : - Match de solidarité pour ELA (maladies génétiques orphelines) dont Z. Zidane est le parrain. - Téléthon transport en avion de 28 enfants handicapés Orly/Nice/Orly avec visite du parc des dauphins de Marineland Antibes. Leur dernier événement remonte au 8 mai 2007 au profit de l’O.N.G. Ayuda Caribe avec un match de football pour la création d’un service de chirurgie orthopédique pour enfants en République Dominicaine. www.solid-air.asso.fr 16 ACTIONS DE TERRAINS Chaque Journal laissera une place à ses membres pour présenter une ou plusieurs actions de terrain dans le domaine du Sport et de Citoyenneté. Le sport pour s’insérer professionnellement Pour Thierry Lacroix, ancien rugbyman, et Paul Orsatti, ancien footballeur, le terrain est source de vérité et de mixité sociale. Ils proposent de réinsérer des jeunes désocialisés de 16 à 25 ans par un apprentissage des matières scolaires (français, math, géographie, etc...) basé sur le sport. “Il est source d’intérêt pour un public ayant une forte aversion des cursus traditionnels”. C’est ACADOSPORT, une émanation de l’association PARLESPORT qui donne aux adolescents de zones urbaines sensibles et de milieux ruraux, la possibilité de suivre un dispositif d’enseignement particulier. Les centres ACADOSPORT existent aujourd’hui à Cognac (Poitou Charente) et à Marseille (Bouches du Rhône). Contact : [email protected], Téléphone (0033) 1 43 58 39 03 Basket et insertion à Nice La “ NBA ” de l’ouest de Nice réussit à apporter une lueur d’espoir à des jeunes gens issus de quartiers très défavorisés et tente ainsi de reconstruire cette jeunesse désorientée. Contact : NBAO Nice Basket Association Ouest [email protected] www.nbao.fr Foot Volley et “ Street attitude ” à Marseille. Ce sport, que tout le monde connaît ou a au moins une fois déjà pratiqué, fait fureur à Marseille. Les terrains de foot volley remplacent peu à peu les terrains vagues où avait l’habitude d’errer une jeunesse désabusée et sans repères. La Fédération Française de Boxe tente l’insertion sociale par le sport Le FFB, à travers l’implantation d’une école de boxe dans un quartier difficile de la banlieue parisienne, va tenter d’allier la dimension sportive à un projet éducatif et social. Ce dernier prendra enfin en compte les problématiques de la ville en matière de prévention de la délinquance, ainsi que d’insertion sociale et professionnelle. L’open de tennis en fauteuil roulant en Belgique La valorisation et l’intégration croissante des personnes moins valides, la reconnaissance de leurs prouesses techniques et athlétiques, voilà les buts de l’action menée au Tennis club de Géronsart (Namur, Belgique). Justine Henin ou encore Filip De Wulf soutenaient cette opération. Contact : [email protected] Contact : Fédération Française de Boxe www.ffboxe.com Lorsque sport et insertion surfent sur la même vague En utilisant la métaphore du surfeur qui affronte la vague et l’océan telle une perpétuelle lutte comme dans “ la vraie vie ”, afin de ne pas se noyer dès les premières difficultés, l’association SurfInsertion s’applique à inculquer des valeurs souvent méprisées chez les nouveaux jeunes adultes d’aujourd’hui. Contact : SURF INSERTION Téléphone (0033) 5.57.59.14.95 Quand psychologie et sport font bon ménage L’association régionale des psychologues du sport d’Aix en Provence s’est réunie avec un certain nombre de responsables du monde sportif pour débattre, réfléchir sur la pratique sportive mais également essayer d’identifier les dérives et les mutations qu’elle peut parfois et malheureusement de plus en plus souvent rencontrer : violence, dopage, incivilité, drogue … Contact : Association Régionale des Psychologues du Sport La Fondation Suisse Maroc pour le Développement durable (FSMD) A travers un partenariat solide entre des experts suisses de jeunesse et sport et des moniteurs sportifs marocains, FSMD tente d’assurer un transfert de connaissances et de compétences ainsi qu’un partage du savoir. Ainsi, à travers neuf disciplines sportives, des messages clefs sur la santé, la protection de l’environnement, l’importance des études, le respect de soi et des autres, l’hygiène et les conduites à risques (drogue, MST…) seront abordés et analysés. Contact : Fondation Suisse Maroc pour le Développement Durable [email protected] Téléphone : (0033) 4 42 93 07 94 Contact : Association Footy-Volley - [email protected] A NE PAS MANQUER Le Sport pour un Monde Meilleur En partenariat avec Nike, Changemakers, une initiative d’Ashoka (www.ashoka.org), a lancé un concours international pour les projets innovants utilisant le sport comme vecteur de changement social. Les participants sont invités à postuler avant le 12 décembre 2007. La communauté en ligne de Changemakers élira trois lauréats parmi les 12 finalistes choisis par un panel de juges. Les trois lauréats recevront chacun 5.000 $ US. Pour plus d'information sur le concours, rendez-vous sur le site Web de Changemakers : www.changemakers.net/competition/sports Les associations sportives et personnes intéressées par le sujet sont invitées à prendre part au dialogue même si elles ne participent pas au concours. Pendant la durée du concours, la communauté en ligne de Changemakers va contribuer à affiner et consolider les stratégies présentées par les participants. Le concours est ouvert à tout type d'organisations (organisations de la société civile, entreprises privées ou entités publiques) de tous pays. Ashoka se concentre sur l'innovation sociale, un domaine en rapide expansion. Elle offre des solutions pratiques et de multiples ressources pour tous ceux qui désirent devenir acteurs de changement, y compris des articles qui explorent les principes fondamentaux des innovations sociales ayant réussi à travers le monde. Changemakers a pour ambition de construire la première communauté en ligne internationale et en accès libre (“ open source ”) afin d’identifier les meilleures solutions aux grands problèmes sociaux pour les affiner, les enrichir, et les diffuser. www.changemakers.net. 17 SPORTET MEDIAS Jérôme Clément Président d’ARTE, il nous fait l’honneur d’être le premier ! TV Chaque nouveau numéro du Journal laissera la parole à un grand dirigeant des médias afin d’exposer sa vision du développement du Sport et de la Citoyenneté dans les médias. PUB Le constat de “ Sport et Citoyenneté ” : les chaînes privées et publiques sont très friandes des compétitions sportives, plus particulièrement du football, qui réalisent une audience extraordinaire, entraînant des recettes publicitaires conséquentes ou des abonnements. Ce cercle vertueux a toutefois ses limites au moins sur le plan de l’éthique et de l’intérêt général. En effet, un excès de diffusion de compétitions sportives n’est pas contrebalancé par une diffusion de sport de masse, de sport de base pratiqué par tous qui pourrait s’effectuer à travers deux supports : des documentaires sur l’éducation et l’insertion par le sport et la diffusion des compétitions sportives handisport ou de sports dit “ mineurs ”. Jérôme Clément confirme notre constat et nous rappelle que “ la mission à ARTE, n’est pas de faire de la diffusion sportive, d’abord ça coûte horriblement cher, c’est le rôle principal des télévisions privées, ce n’est pas le nôtre. Nous avons une mission de service public qui est la Culture. Il y a beaucoup d’autres chaînes qui diffusent beaucoup de sports ”. Il nous explique néanmoins que “ quand vous parlez du sport sur un plan psychologique, on a fait beaucoup de choses : une série d’émissions qui traitaient des grands noms du sport, qui montraient l’histoire de la compétition sportive des grands athlètes, pas seulement dans les combats individuels, boxe, escrime ou autre, mais aussi dans l’athlétisme, le cyclisme, etc… Nous avons fait également des émissions que beaucoup ont appréciées sur des portraits de sportifs sous forme de documentaires sport-fiction, sur les origines du sport. ARTE traite beaucoup du sport mais sous un autre angle ”. Coup de CŒUR S’il est regrettable qu’aucune chaîne ne veuille se battre pour acheter et diffuser certaines compétitions sportives, et c’est là que le service public ne joue pas son rôle, sport pour handicapés, sports régionaux, sport dans les quartiers, “ street sport ”, Jérôme Clément nous incite à rester positif. En effet il reconnaît que bien que la diffusion de compétitions sportives n’entre pas dans le cahier des charges d’ARTE, il serait prêt, demain, à diffuser encore plus de documentaires sur des actions de terrain d’éducation, d’insertion par le sport ou de promotion du sport pour handicapés. Il laisse aussi une place importante à une possible évolution du rôle du service public dans ce domaine et reconnaît le rôle de relais entre le mouvement sportif de terrain et les médias que pourrait jouer l’association “ Sport et Citoyenneté ”. Pour la diffusion de compétitions de sports “ mineurs ” et de sports pour handicapés, le fait qu’ils soient peu ou pas diffusés est donc la preuve qu’il y a un lobbying très important à faire auprès des diffuseurs et auprès des politiques pour la diffusion de ces événements sportifs. ■ invite donc toutes les fédérations sportives, associations, ONG Le Spor t au ser vice de la société sportives, mais également sociales qui aimeraient que leurs actions soient filmées, à nous contacter, à “ Sport et Citoyenneté ”, afin d’envisager une possible diffusion. Sport et Citoyenneté récompense l’association AIDES pour sa campagne médiatique LIVRE « Et si j'étais séropositif ? » associant des sportifs de haut niveau à la lutte contre la discrimination des séropositifs dans notre société. www.sijetaisseropositif.com Une histoire syndicale de l’Education physique (1880-2002) La force du militantisme Par Guilhem VEZIERS Editions Syllepse, 2007 A commander au centre EPS et société, 76 rue des Rondeaux, 75020, Paris L’auteur, qui n’est pas un militant syndical, livre ici le résultat de plusieurs années de recherches menées dans le cadre d’un doctorat en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS). Dans cet ouvrage, il étudie les différents terrains de luttes investis par les professeurs d’Education physique, dans l’espoir de faire reconnaître leur discipline, non seulement comme une composante indispensable de l’Education, mais également comme un authentique enseignement porteur de savoirs. Public visé : Cet ouvrage s’adresse aux étudiants et enseignants en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, et tout particulièrement aux candidats aux concours de recrutement des professeurs d’EPS. Il s’adresse aussi à tous les enseignants d’EPS, syndicalistes ou non. Il est susceptible d’intéresser, également, les personnes concernées par l’histoire de l’enseignement et par celle des mouvements sociaux. Enfin, l’ouvrage vise tous curieux, soucieux d’en savoir plus sur les combats certainement menés par ses “ profs de gym ”, aimés ou détestés, lorsqu’ils étaient élèves. L’auteur : Guilhem VEZIERS, docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, professeur agrégé d’EPS, enseigne depuis sept ans à l’Université d’Avignon et des pays de Vaucluse. Préface de Pierre ARNAUD, Professeur émérite de l’Université Lyon 1 18 COMPTES-RENDUS D’EVENEMENTS Chaque nouveau numéro du Journal présentera un ou plusieurs événements ayant eu un impact sur les questions de Sport et de Citoyenneté. Si vous avez participé à des événements sur le Sport et la Citoyenneté, n’hésitez pas à nous adresser un compte-rendu ! Journée thématique sur les Politiques sportives d’éducation et d’insertion Avoine (France, 37) le 4 octobre 2007. Par Bertrand POITOU - Vice-Président de l’ANDIISS Organisée par l’Association Nationale des Directeurs et Intervenants d’Installations et des Services des Sports (ANDIISS), cette journée avait pour vocation l’échange et la réflexion sur le rôle du sport comme outil d’insertion et d’éducation. Les tables rondes ont permis de montré l’importance d’intervenir dans ce secteur par une démarche transversale et inter-services mais aussi et surtout ont mis en avant l’obligation de réaliser des diagnostics territoriaux partagés afin d’établir des projets cohérents et efficaces. Le Pôle Ressource National-Sport/Education/Insertion a présenté son guide méthodologique sur la mise en œuvre de projet socio-sportif. Ce document devrait être disponible à partir de novembre 2007 : http://www.sport-educationinsertion.jeunesse-sports.gouv.fr/ Enfin, deux présentations d’action de terrain ont été données à titre d’illustration : • Les actions d’insertion par le sport dans les quartiers de Saint Nazaire (44) par Claire Le Gal (responsable de l’animation de la ville) • Comment intervenir autrement sur les conditions de l’enseignement de l’EPS en milieu rural ? par Olivier Cheminade (responsable jeunesse à la communauté de communes du Véron (37)). Les réflexions actuelles au sein du Ministère de l’Education Nationale français sur les temps périscolaires et la suppression des cours le samedi matin en élémentaire et primaire ont été au cœur des discussions, la question redondante étant de savoir qui de l’Etat ou des Collectivités Territoriales financeraient ces orientations. Vous pouvez consulter les comptes-rendus des différentes interventions sur le site www.andiiss.org rubrique Région puis Centre. Les Journées du Sport Solidaire du 15 sept. au 15 octobre 2007 Le réseau FARE réuni à Paris Par Christophe THOMAS - Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme La LICRA a rassemblé, à l’occasion de la 4ème édition de la Conférence internationale du réseau FARE (Football Against Racism in Europe), plus de 130 délégués venus de 23 pays européens, les samedi 19 et dimanche 20 mai derniers au siège de la Fédération Française de Football (FFF) à Paris. Ce rendez-vous, intitulé “ Football, diversité et égalité ”, placé sous l’égide du Président de l’UEFA Michel Platini, a été l’occasion de travailler et d’échanger sur les politiques nationales et européennes de lutte contre le racisme dans le football. Outre les associations du réseau, instances politiques (Parlement européen, Commission européenne, Conseil de l’Europe), sportives (UEFA, FFF, UCPF, UNECATEF), entraîneurs (Joël Muller), sportifs de haut niveau (Christian Karembeu, Luc Sonor, Anthony Baffoe) ou encore sociologues ont participé aux travaux. Un tour d’horizon de la situation dans chaque pays européen a été réalisé et quatre ateliers ont permis d’aborder les thèmes suivants : “ Le football, vecteur d’universalité ou de discrimination ? ”, “ Votre stade ressemble-t-il à votre ville ? ”, “ Le racisme dans le football amateur ”, et “ Football et immigration ”. Divers problèmes ont été soulevés pendant ces deux jours, tels que l’absence de diversité dans les pôles décisionnels du football en Europe, le trafic scandaleux dont sont victimes les jeunes footballeurs africains, la nécessité d’harmoniser les législations et règlements sportifs entre les pays, ou encore la non prise en compte des dérives homophobes dans/par le milieu du football. Par ailleurs, La LICRA a été désignée, à Vienne le 15 septembre dernier, membre permanent du bureau exécutif de FARE (Football Against Racism in Europe) et représente donc aujourd’hui en France la voix officielle de ce réseau européen d’associations (www.farenet.org). Lors de la 8ème édition de la Semaine européenne d’action contre le racisme et les discriminations dans le football du 17 au 30 octobre 2007, initiative du réseau FARE en partenariat avec l’UEFA, la LICRA a une nouvelle fois la charge de coordonner l’ensemble des projets en France et dans les pays francophones. Par Julia Longavesne - Fédération Française Sports pour Tous Racisme dans le football, la LICRA enquête Par Christophe THOMAS - Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme Pour la troisième année consécutive, la LICRA a lancé, en France, une enquête d’envergure nationale, interrogeant 589 communes sur les dérives racistes constatées dans le sport. La première partie de l’investigation est consacrée au football professionnel, particulièrement ses tribunes, dans lesquelles 25% des villes interrogées déclarent avoir eu connaissance d’actes racistes. Au fil des années, les langues se délient ; lors de notre première enquête, en 2005, une seule commune osait parler de la politisation extrémiste de certains virages français. La lutte pour éradiquer ce phénomène des stades semble toutefois porter ses fruits, notamment suite au durcissement récent des mesures législatives. Toutefois, il faut se méfier du déplacement de ce type de violences vers le monde amateur (comme cela a été le cas en Angleterre et comme le match PSG 2/ Red Star Saint-Ouen l’a illustré l’an dernier). 53% des communes ayant répondu déclarent avoir connu des dérives racistes dans le sport amateur et observent une banalisation de l’acte. Au-delà du racisme à proprement parler, ces villes nous font également part de discriminations à l’accès dans la pratique sportive, principalement envers les populations féminines et homosexuelles. Néanmoins la LICRA relève des progrès très encourageants quant aux suites données aux incidents constatés par les communes (54 % proactives). L’évolution du règlement fédéral, par la prise en compte du racisme comme une violence particulière, et les diverses campagnes multi-partenariales menées ces dernières années, commencent à porter leurs fruits. Parallèlement à ces phénomènes, des tensions communautaires perdurent (17% des communes sondées déclarent connaître une augmentation de ce phénomène), entraînant un repli dangereux pour l’équilibre républicain. La LICRA a observé la formation depuis plusieurs années de clubs fermés à tout individu “ étranger au groupe ”, mettant ainsi en péril le principe du “ vivre ensemble ” défendu par l’association antiraciste. Pour plus de renseignements, rendez-vous sur www.licra.org, section “ sport ”, rubrique “Nos outils ”. Pascal RASO ® La Fédération Française Sports pour Tous organise, pour la 4e année consécutive, les Journées du Sport Solidaire. Cette opération nationale de rentrée a pour objectif d’accueillir pendant 1 mois, dans les 2800 clubs de la Fédération, toutes les personnes qui rencontrent des difficultés à pratiquer une activité physique. Le principe est le suivant : les licenciés parrainent une personne de leur entourage en leur offrant un Pass solidaire qui leur donne droit à un cours d’essai gratuit. Personne âgée, handicapée, jeune en formation professionnelle, chômeur… chacun peut ainsi expérimenter le concept “ sports pour tous ” en bénéficiant d’un encadrement et d’une offre adaptée à ses besoins. En 2006, cette opération a permis de toucher plus de 50 000 personnes ! La Fédération poursuit donc ses efforts et mobilise cette année encore, du 15 septembre au 15 octobre 2007, l’ensemble des acteurs fédéraux pour continuer à “ rendre le sport accessible au plus grand nombre ”… 19 PROCHAIN NUMERO La Santé et le Sport Comment faire davantage prendre conscience au citoyen que le sport est bénéfique pour la santé ? Comment faire davantage prendre conscience que le sport est bénéfique pour la santé physique et mentale des handicapés ? Quelle est la place du sport dans la lutte contre certaines maladies comme par exemple le cancer ou encore les maladies psychiques telle que la dépression ? Quelle est la place du sport dans la lutte contre l’obésité ? Quelle place peut-on faire au sport pour le développement personnel ? Les sportifs d’élite mais aussi certains jeunes amateurs sont-il surentraînés ? Ont-ils inévitablement besoin d’un soutien psychologique ? Quels sont réellement les risques du dopage sur la santé des athlètes ? Quels sont les risques sur la santé d’un entraînement physique en zone polluée ? ... En France : 3 Impasse Combier - 49400 - Saumur & 299 Boulevard Chave - 13004 - Marseille Tél. : (00 33) 9 62 26 77 41 - GSM : (00 33) 6 31 50 69 12 En Belgique : 51, Rue du Trône 1050 Bruxelles Tél. : (00 32) 2 289 26 03 - GSM : (00 32) 4 94 64 31 38 Pour obtenir des dossiers de presse, des communiqués de presse et participer à des actions de communication ou devenir partenaire de l’association “ Sport et Citoyenneté ” : [email protected] Pour s’abonner au Journal, faire un don ou devenir membre de l’association “ Sport et Citoyenneté ” ou pour d’autres informations sur l’association “ Sport et Citoyenneté ” : [email protected] Pour être mis en contact avec des responsables de l’association “ Sport et Citoyenneté ” [email protected] Pour réaliser un stage au sein de l’association “ Sport et Citoyenneté ” : [email protected] Directeur de la publication : Jappert Julian Rédacteur en chef : Jappert Emmanuelle Pascal RASO ® Un remerciement particulier à nos scientifiques qui ont su enrichir le Journal de leurs réflexions indispensables : Bayle Emmanuel, Camy Jean, D'Hoop Roland, Gyss Nicolas, Hill Jonathan, Husting Alexandre et Klein Gilles. Et à Heinrich André pour sa Tribune Libre. Le Spor t au ser vice de la société Création du logo : Fatton René Création du site et de la charte graphique : Jouret Lloyd Conception graphique du journal : Bertonneau Jean-Pierre Avec le soutien de Imp. Val de Loire / 02 41 51 28 17 Sincères remerciements à toutes les personnes qui ont collaboré à ce premier journal : Adjovi-Boco Jimmy, Agbo Noëllie, Bellier Laurence, Bigot Emilie, Bloch Carine, Bobichon JeanPierre, Clément Jérôme, Cuadros Vargas Xavier, De Pass Giacomo, Delors Jacques, Dezecot Julien, Erneux Jean-Louis, Gaignebet Christophe, Gaillard William, Godin Sophie, Guilbaud Olivier, Goubeaux Therese, Gremeaux Alain, Heinrich Pascale, Janvrin Patrick, Jappert Hugo, Jappert Quentin, Landa Sylvain, Le Saux Xavier, Longavesne Julia, Lallart Marie José, Mbvoumin Jean-Claude, Nal Marie-Laure, Platini Michel, Poitou Bertrand, Pisani Edgard, Thieule Laurent, Thomas Christophe, Thuram Lilian, Olivier Turkel, Tyler E. Ahn, Raso Pascal, Reboul Cyril, Rebourg Huguette, Rebourg François, Restoux Marie-Claire, Riley Emily, Silvestre Mikaël, Simeti Martina, Sygnet Piotre, Van Overbeck Bastien, Veziers Guilhem, Wells Alan, Zylberstein Julien.