La crémation - Carrefour Incendie

Transcription

La crémation - Carrefour Incendie
La crémation des humains
Demande d’information
Chers amis,
Je travaille actuellement sur l'expertise d'un incendie au cours duquel le corps d'une victime a
totalement disparu.
Si les ouvrages spécialisés confirment bien la disparition possible des corps lors des incendies
violents, les exemples portant sur des situations rencontrées sont rares.
Afin de communiquer au tribunal des éléments solides, je vous remercie de bien vouloir
m'indiquer :
1. Si vous avez connaissance d'incendies au cours desquels il aurait été constaté des
disparitions totales ou quasi totales d'un ou de plusieurs corps.
2. Si la réponse à la question 1 est positive, pouvez-vous me décrire en quelques mots les
incendies concernés.
Dès réception de vos réponses, je les organiserai et je vous adresserai une copie de la note
transmise au tribunal.
Comptant sur votre aide et très cordialement.
Un expert
5 Mai 2008 Carrefour Incendie
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La crémation des humains
Message envoyé à des experts du milieu
Bonjour à vous tous.
Je vous transmets le message (plus bas) d'un expert de la France en ce qui concerne la
disparition totale du corps d'une victime dans un incendie.
Je sais que les os d'une victime peut se consumer plus rapidement si elle souffrait
d'ostéosporose, une fois que le torse soit entièrement consumé, après de longues heures de
combustion à haute température.
Je crois que lors d'un incendie à Shawinigan, dans les années 1980, à la suite d'un backdraft,
où deux pompiers sont décédés, le corps d'une femme locataire de l'édifice à logements n'a
jamais été retrouvé.
Vous rappelez-vous de certains cas spécifiques semblables?
Avez-vous de la documentation à cet effet?
Merci à l'avance de votre précieuse collaboration.
Amicalement.
Gilles Rudolphe
[email protected]
Responsable de la formation RCCI
(Recherche des causes et circonstances d'incendie)
Centre de formation, Fort de Domont (France)
http://www.fort-de-domont.com
Carrefour Incendie au Fort de Domont (France)
http://www.incendie.qc.ca/fortdomont.html
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5 Mai 2008 Carrefour Incendie
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La crémation des humains
Réponses obtenues :
``Je n'ai pas souvenir personnellement d'un cas semblable où le corps d'une victime ait
complètement été consumé par un incendie. Par contre, je me souviens vaguement d'un dossier
enquêté à la section incendie lors dequel le corps d'une vieille dame n'avait pas été retrouvé. Les
restes d'un corps avaient été retrouvés au cours des fouilles, mais il s'était avéré qu'il s'agissait
du torse d'un gros chien. Effectivement, il était connu que la victime possédait un gros chien, soit
un collie ou un berger allemand. Je ne sais pas si ces quelques indications peuvent t'aider mais
c'est tout ce que je peux faire.``
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``Dans les années entre 84-87 j'ai fait une scène d'incendie où le corps d’un homme, qui
demeurait seul, fut consumé par les flammes. Il n'y avait pas de sous-sol sous son chalet
construit entièrement en bois avec un plancher en bois. Il était construit sur de la terre battue.
C'était une espèce de camp rustique.
Il y avait un trou d'environ 60 cm de profond directement sous son lit. Quand le matelas a été
consumé par le feu, il ne restait que les ressorts qui ant servi comme grill avec la braise qui s'est
formée sous le matelas. Le corps étant complètement entouré par le feu, comme un BBQ.
Je n'ai trouvé q'une croix en bronze (que la victime portait de son vivant) qui était grandement
fondue. Aussi avec un tamis, j'avais trouvé quelques petits ossements humains et d’animal (son
chat) qu'il avait.
Dans toutes mes scènes d'incendie avec cadavres (environ 20), celui là est le seul où nous
n'avons pas retrouvé au moins les restes du torse d'une victime.``
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La crémation des humains
`` Au sujet des victimes consumées, c'est qu'elles ont subi l'effet du four crématoire. Je viens de
me souvenir que j'ai eu un cas de meurtre où l'accusé a fait disparaître sa victime sur un
bûcher. Aucun témoin. C'est l'accusé qui a dit quelques mots à une tierce personne qui a fait
déclencher l'enquête. C'est rare qu'on accuse lorsqu'on n’a pas retrouvé la victime. Les policiers
de la SQ de Québec (crimes contre la personne) n'ont rien trouvé. Je n'ai fait aucune expertise.
J'ai seulement assisté avec une patho du labo au témoignage d'un contre-expert.
Mis à part la victime de Shawinigan, il y a une victime qui n'a pas été retrouvée dans l'incendie
d'un manoir pour personnes âgées dans l'ouest de Montréal. C'était dans les années 95-97. Il ne
restait que la charpente de la maison. C'était l'hiver et il faisait très froid.
Il y a aussi l’incendie de Rivière Bleue où, par chance, nous n'avons trouvé qu'un petit morceau
de chair.``
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``Dans les cas que j'ai eu à traiter, il restait au moins les dents qui disparaissent à des
températures sup à 1000°C.``
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``Pour être consumé, on parle de températures de 1800 a 2100 F (950- 1100 C). C'est très rare
comme cas.
On peut généralement retrouver le crâne, les dents et certains os. (référence: "Kirk's Fire
Investigation" par John D. Dehaan).``
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``La violence et la durée de l'incendie doivent être confirmées. En outre, des sources
intéressantes à consulter sur le sujet concernent la crémation des corps.
Les températures requises et durée de combustion nécessaires pour causer la combustion
complète de l'ossature humaine est généralement hors du commun et ne se retrouve pas dans
des scénarios d'incendies classiques (ie la littérature parle d'un strict minimum de 1 heure à
environ 800-900 degrés centigrades).
Cette situation est très difficile à obtenir dans un incendie réel, puisque les corps ne sont pas
chauffés uniformément, mais sont presque toujours protégés par les surfaces sur lesquells ils
reposent.
Voir ce document pour référence : http://www.vho.org/aaargh/fran/erv/grundlagen/cmfd.html ``
(Document reproduit ci-après…)
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L'Holocauste en question
Chapitre 15
Les fours crématoires d'Auschwitz et Birkenau
Carlo Mattogno et Franco Deana
(édition abrégée)
Introduction
S'il s'est commis au camp d'Auschwitz-Birkenau, pendant la seconde guerre mondiale, un
horrible massacre de plusieurs centaines de milliers d'êtres humains dans des chambres à gaz et
si les corps des victimes ont été incinérés dans les installations de crémation de ce camp, les
armes du crime furent non seulement les chambres à gaz, mais aussi les fours crématoires.
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Les "témoins oculaires" ont présenté les fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau comme des
engins diaboliques et non comme des installations normales, soumises, de même que toutes les
autres, aux lois physico-chimiques qui régissent les techniques de la chaleur. Les historiens ont
fait une confiance aveugle aux témoins, ce qui les a conduits à des conclusions totalement
erronées.
Parmi les auteurs d'études historiques sur la crémation à Auschwitz-Birkenau, Jean-Claude
Pressac est le seul, à part les révisionnistes, qui n'ait pas négligé le point de vue technique. Dans
son ouvrage Auschwitz: technique and operation of the gaz chambers, il arrive aux conclusions
suivantes:
- les trois fours bimoufles (= à deux moufles) du crématoire I, dans le camp central (Stammlager)
d'Auschwitz, avaient une capacité de trois cent quarante incinérations en vingt-quatre heures;
- les cinq fours trimoufles des crématoires II et III (situés à Birkenau) avaient chacun une capacité
maximale de mille à mille cinq cents incinérations en vingt-quatre heures, mais leur capacité
normale variait entre mille et mille cent corps en vingt-quatre heures.
- les deux fours à huit moufles des crématoires IV et V (Birkenau) avaient chacun une capacité
de crémation de cinq cents corps en vingt-quatre heures.
Pour Pressac, la capacité totale des crématoires d'Auschwitz I et d'Auschwitz-Birkenau était donc
de trois mille cinq cent quarante incinérations par jour. Mais ce chiffre n'a aucune base technique.
Parmi les révisionnistes, c'est surtout Fred A. Leuchter qui, dans son célèbre rapport, s'est
occupé de ce problème. En se fondant principalement sur les déclarations d'Ivan Lagacé,
directeur du crématorium de Bow Valley à Calgary (Canada), Leuchter a évalué la capacité
effective de crémation à cent cinquante six corps par jour au total. Ce chiffre est toutefois fort
inférieur aux possibilités réelles.
Pressac et Leuchter aboutissent à des conclusions diamétralement opposées et aussi peu
prouvées les unes que les autres, parce que le problème fondamental des fours crématoires
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d'Auschwitz et de Birkenau n'a pas encore été étudié de façon sérieuse et scientifique, ni par les
historiens orthodoxes ni par les révisionnistes. Notre but est de combler cette importante lacune.
Le texte qui suit est le résumé d'un travail beaucoup plus vaste, résultat d'années de recherche
intensive. L'ingénieur civil H.O.N., de Dantzig, disparu tragiquement en 1991, nous a fourni, dans
cette recherche, une aide inestimable.
1. La crémation aujourd'hui
[1.1. La technologie des fours crématoires jusqu'à la première guerre mondiale]
[1.2. Progrès et développements techniques entre les deux guerres]
[1.3. La firme J.A. Topf & Fils, Erfurt]
1.4. La consommation de coke (charbon) d'un four à foyer au coke.
La consommation de combustible d'un four crématoire dépend essentiellement du mode de
construction, du procédé et de la fréquence d'incinération, de l'état des corps et de la façon dont
on utilise le four. C'est pourquoi il est absurde de parler de la consommation d'un four crématoire
sans tenir au moins compte des trois facteurs suivants: le mode de construction du four, le
procédé (direct ou indirect) de crémation et la fréquence des incinérations. Le procédé indirect de
combustion est beaucoup plus coûteux que le direct, car il exige que toute la masse réfractaire
du récupérateur soit chauffée à 1000 degrés centigrades.
La fréquence des incinérations influe fortement sur la consommation parce que, pendant les
premières crémations, la maçonnerie réfractaire du four absorbe la plus grande partie de la
chaleur mise en oeuvre. C'est pourquoi la consommation est minimale quand le four est en
équilibre thermique à la température de fonctionnement.
Le bilan thermique d'un four crématoire à foyer au coke est un problème très difficile à résoudre
théoriquement, car, dans la pratique, un rôle important est joué par des facteurs qu'on ne peut
prévoir dans le cadre théorique et auxquels il faut adapter l'usage du four cas par cas.
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Dans les années vingt, des chercheurs comme Fichtl et Tilly ont étudié ce problème, mais la
principale contribution à sa solution est l'article de Wilhelm Heepke "Le four moderne à coke pour
l'incinération des corps, son bilan thermique et sa consommation de combustible". Les calculs de
Heepke montrent qu'un four de moyenne grandeur en équilibre thermique consomme 30 kg de
coke par corps (plus un cercueil de bois de 40 kg). Toutefois, l'évaluation de ce bilan thermique
est entachée d'erreurs, aussi bien au point de départ que dans les calculs, de sorte que les
conclusions en sont douteuses.
En corrigeant ces erreurs, on arrive à une consommation de 205 kg de coke. Ce chiffre concorde
bien avec les résultats expérimentaux. Lors d'une expérience avec chauffage par coke faite par
R. Kessler le 5 janvier 1927, la consommation de combustible fut la suivante:
Consommation totale
436 kg de coke
Préchauffage du four
200 kg de coke
8 incinérations successives
236 kg de coke
Consommation pour une incinération, préchauffage compris
54,5 kg de coke
Consommation pour une incinération sans préchauffage du four 29,5 kg
La quantité de coke consommée par les huit incinérations successives sans préchauffage du four
comprend encore la chaleur absorbée par la maçonnerie réfractaire du four jusqu'à l'équilibre
thermique. Un calcul basé sur la perte de chaleur causée par le rayonnement et la conduction
montre que, dans un four en équilibre thermique, chaque crémation demande environ 20 kg de
coke.
Cela confirme la valeur de notre méthode de calcul, qu'on peut donc utiliser aussi pour évaluer le
bilan thermique des fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau.
1.5. La durée du processus d'incinération avec un foyer au coke
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L'incinération est un processus physico-chimique qui ne peut s'accomplir en moins d'une certaine
durée. Cette durée minimum dépend essentiellement de la composition chimique du corps. La
structure des protéines joue un rôle important, comme l'ont confirmé des expériences faites en
Angleterre dans les années soixante-dix.
Les protéines présentent une grande résistance à la combustion, à cause de leur teneur
relativement forte en azote, de leur haute température d'inflammation et des transformations
chimiques qu'elles subissent aux températures élevées. Cette résistance est encore augmentée
par le fait que la substance protéinique est pour ainsi dire plongée dans le liquide du corps et ne
peut être brûlée avant que ce liquide ne soit évaporé. Une incinération pratiquée dans les
meilleures conditions ne peut donc se faire en moins de temps que n'en exigent les processus
physiques. Et, naturellement, la durée de l'incinération augmente dans la mesure où l'on
s'éloigne des conditions idéales, soit qu'on utilise le four avec négligence, soit que son système
de construction soit mal conçu.
Avant de chercher à résoudre le problème de la durée du processus d'incinération, nous devons
définir ce que nous entendons exactement par là. De façon générale, on peut dire qu'une
incinération est complètement achevée lorsque les cendres du corps ont été retirées du four.
Pour un four qui n'est pas équipé d'une grille de postcombustion, on peut définir la durée de
l'incinération comme le temps qui s'écoule entre le moment où le cercueil est introduit dans le
moufle et celui où les cendres incandescentes tombent dans le collecteur de cendres. Dans le
cas d'un four équipé d'une grille de postcombustion, comme les fours à foyer de Beck et Topf et
les fours à gaz de Volckamnn-Ludwig dans les années 30, on considère comme moment final de
l'incinération le moment où les cendres incandescentes sont retirées de leur réceptacle ou
transférées de la sole du moufle sur la grille de postcombustion.
Bien que ce fût contraire aux normes éthiques formulées en 1932 par R. Kessler, on avait
coutume, dans certains crématoriums, de ne pas attendre que les restes d'un corps aient fini de
brûler avant d'introduire le corps suivant dans le moufle, de sorte que deux corps se trouvaient
simultanément dans le même four (mais à des stades différents d'incinération). Cette méthode
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était courante avec les fours de type Volckmann-Ludwig, de Stuttgart, dont la chambre à cendres
était munie d'un panneau de séparation.
Comme cela a déjà été dit, on a fait en Angleterre, dans les années 1970, des expériences
scientifiques pour déterminer quels facteurs influent sur le processus d'incinération. Les résultats
furent rendus publics en juillet 1975, à la réunion annuelle de la Cremation Society of Great
Britain. Les expériences furent réparties en deux séries: une série préliminaire au crématorium
Breakspear, à Ruislip, et la série principale au crématorium Chanterlands, à Hull. Les chercheurs
du premier groupe sélectionnèrent les facteurs qui leur semblaient influer sur la durée du
processus de crémation. L'influence des facteurs techniques fut neutralisée, car on employa pour
toutes les expériences le même four à gaz (Dowson&Mason Twin Reflux Cremator) et le même
agent de combustion.
Ces recherches montrèrent que les facteurs décisifs pour la durée de la crémation étaient la
température maximum du four et le sexe du défunt. Les résultats des expériences furent mis en
graphiques par des statisticiens. Un des chercheurs, le Dr E.W.Jones, a commenté ces résultats
comme suit:
Ce graphique a permis au statisticien de nous dire --et cela nous a semblé très intéressant-- qu'il
existe un temps de combustion maximal, ou, pour mieux dire, minimal, en dessous duquel il est
impossible de descendre. Cette durée minimale, que notre statisticien a définie comme une
barrière thermique, ne peut, en raison de la composition des tissus humains, être inférieure à
soixante-trois minutes. Il est vrai que certaines personnes indiquent comme durée minimum
soixante, cinquante-neuf ou cinquante-huit minutes: c'est vraiment l'échelon le plus bas, et la
température optimale de cette barrière thermique est de 800 à 900 degrés C.
Le graphique montre que, pour une température de 800 degrés C, la durée la plus proche de la
"barrière thermique" est de soixante minutes. Si on élève la température jusqu'à mille degrés C,
la durée d'incinération s'allonge jusqu'à soixante-sept minutes; à mille cent degrés C, elle
redescend à soixante-cinq minutes.
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Il est possible qu'à des températures plus élevées, la durée continue à se raccourcir, mais on n'a
pas mis de telles températures en oeuvre. A des températures extrêmement élevées, la durée
d'incinération descend vraisemblablement en dessous de la barrière thermique. Le Dr Jones
déclare à ce sujet que si on voulait ramener ainsi la durée de l'incinération à vingt ou même à
quinze minutes, on devrait construire un four à température de combustion de deux mille degrés
C.
En réalité, le processus de crémation doit se dérouler entre des limites thermiques très précises.
A des températures supérieures à mille cent ou mille deux cents degrés C, on constate le
phénomène de frittage, c'est-à-dire que les os du cadavre et la maçonnerie réfractaire du four
commencent à se ramollir et à se mélanger; à des températures plus basses que sept cents ou
six cents degrés C, le corps est seulement carbonisé. Le Dr Jones fait alors une constatation
particulièrement intéressante pour nous:
Notre collègue statisticien a fourni un travail important. Il a étudié les statistiques se rapportant
aux crématoires allemands de la dernière guerre et il est apparu que les autorités furent alors aux
prises avec un problème analogue: ils se heurtèrent à une barrière thermique. Ils ne réussirent
pas à inventer un four ramenant la durée stricte d'incinération à la limite souhaitée. Nous avons
alors commencé à rechercher la cause de cette barrière thermique.
Comme nous l'avons écrit, cela tient aux protéines du corps humain, qui subissent une
transformation chimique quand on les chauffe à huit cents ou neuf cents degrés C. Elles sont
soumises à des dissociations et à des combinaisons "qu'on ne peut décrire que comme la
formation d'une croûte dure".
Dans les fours crématoires à foyer au coke, le processus de combustion prenait évidemment plus
de temps. Les renseignements qu'on trouve sur cette durée dans la littérature de l'époque sont
loin d'être sûrs, tout d'abord parce qu'on n'y définit presque jamais explicitement ce qu'on entend
par durée de la crémation, et ensuite parce qu'il faut tenir compte des déformations que les
données subissaient pour motifs de concurrence et de réclame.
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C'est pourquoi nous prenons comme point de départ objectif et indubitable les données fournies
par les appareils de mesure placés dans les fours. Très important est à ce point de vue le
diagramme concernant les incinérations au coke faites par R. Kessler le 5 janvier 1927. On peut
affirmer que ces incinérations furent exécutées dans des conditions optimales pour un four muni
d'un foyer à gaz; en effet:
- le système de construction du four était excellent;
- Kessler avait pris toutes les précautions pour préparer le four de façon idéale au point de vue de
la technique thermique;
- les instruments nécessaires furent utilisés pour suivre le processus de crémation dans toutes
ses phases;`
- sous la surveillance d'un ingénieur spécialiste, le four fut employé de façon irréprochable.
Lors de ces expériences, le temps moyen d'incinération fut d'une heure et onze minutes,
l'incinération la plus brève prit une heure. La température de combustion moyenne dans le
moufle était environ de 870 degrés C. Nous y reviendrons plus loin. Il est important de noter à ce
sujet que l'ingénieur Kessler employait le système direct d'incinération. A titre de comparaison,
signalons une autre série de huit crémations que Kessler effectua dans le même four, mais cette
fois avec des briquettes. Pour cette série, la durée moyenne de combustion fut d'une heure et
vingt-six minutes. Deux semaines plus tard, la même expérience avec chauffage du four au gaz
avait donné une moyenne d'une heure et douze minutes pour chacune des huit crémations.
2. Les installations d'incinération TOPF d'Auschwitz-Birkenau
Vers la fin des années trente, la firme Topf et d'autres entreprises, surtout la firme H. Kori, de
Berlin, et les Didier-Werke, également de Berlin, commencèrent à concevoir, pour les camps de
concentration, des fours crématoires plus simples à fabriquer que les fours à usage civil. La firme
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Topf présenta six projets pour des fours de ce type, mais seuls nous intéressent les modèles qui
furent installés dans les crématoires d'Auschwitz et de Birkenau.
2.1. Le four crématoire Topf à chauffage au coke et double moufle
A notre connaissance, la firme Topf a construit quatre fours de ce type, dont trois furent installés
dans le crématoire I (l'ancien crématoire du camp central d'Auschwitz) et un à Mauthausen.
L'installation du premier four d'Auschwitz commença au début de 1940. D'une lettre de la
direction du camp d'Auschwitz, en date du 16 septembre 1940, il ressort que ce four "fonctionnait
déjà depuis quelques semaines". On peut donc admettre que le four fut mis en usage vers la fin
de juillet 1940. Selon J.C.Pressac, il fut monté entre le 28 juin et le 5 juillet 1940 et la première
crémation eut lieu le 15 août.
Le devis relatif au second four porte la date du 13 novembre 1940. La firme Topf livra les pièces
séparées à Auschwitz le 20 et le 21 décembre 1940 et le 17 et le 21 janvier 1941, de sorte que
ce second four fut probablement monté en février 1941. Selon J.C.Pressac, il le fut entre le 20
janvier et le 22 février 1942.
La pose des fondations du troisième four débuta le 19 novembre 1941 et fut terminée le 3
décembre. Ensuite, les opérations furent interrompues par le manque de matériaux réfractaires.
Le devis de la firme Topf porte la date du 16 décembre 1941 mais ne fut envoyé que le 22 mai
1942, comme cela ressort d'un cachet apposé sur le document. Il est donc certain que ce four fut
monté en juin 1942.
Le four de Mauthausen fut commandé à la firme Topf le 16 octobre 1941, mais la direction SS
des constructions (SS.Neubauleitung) en différa longtemps le montage. Les éléments du four
furent envoyés à Mauthausen entre le 6 février 1942 et le 12 janvier 1943, mais le montage fut
décidé fin 1944 et exécuté en janvier-février 1945, ce qui explique que ce four soit conservé en
état relativement bon.
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Les deux fours crématoires bimoufles qui se trouvent maintenant au crématoire d'Auschwitz sont
des reconstitutions assez maladroites d'après-guerre, pour lesquelles on a réutilisé les parties
originelles qui avaient été démontées par les SS. Il est donc tout à fait inutile d'examiner ces
reconstitutions si l'on veut comprendre la structure et le fonctionnement de ce type de fours. C'est
pourquoi notre description est entièrement fondée sur l'examen du four de Mauthausen et sur les
documents auxquels nous avons eu accès concernant les fours d'Auschwitz et de Mauthausen
(qui, comme on l'a vu, était du même modèle).
Les éléments du four de Mauthausen sont également énumérés sur la liste de livraison dressée
par la firme Topf le 12 janvier 1943. Le mode de construction du four crématoire bimoufle est
représenté sur le plan Topf D 57 253 du 10 juin 1940, qui se rapporte au premier four monté à
Auschwitz. Le four est solidement maçonné et clos par une série de fers d'ancrage. Les
dimensions du four de Mauthausen sont pratiquement celles qu'indique le plan D 57 253,
lesquelles correspondent aux dimensions des fers d'ancrage figurant sur la liste de livraison
dressée par la firme Topf le 17 janvier 1941 pour le second four d'Auschwitz. Le four est équipé
de deux moufles. Son fonctionnement est expliqué dans les Instructions pour l'utilisation du four
crématoire Topf à chauffage au coke et double moufle.
A l'origine, le crématoire d'Auschwitz fut construit conformément au plan Topf D 50 042 du 25
septembre 1941, qui fut établi pour la construction du troisième four. Chaque four était muni de
son propre dispositif d'air pulsé. Ce dispositif était une soufflerie actionnée par un moteur à
courant triphasé de 1,5 CV à embrayage direct et par une tuyauterie. A l'origine, la cheminée
était carrée (500x500mm). Le système d'aspiration, qui avait une puissance d'extraction d'environ
4000m3 de fumée par heure, consistait en un tirage forcé actionné par un moteur à courant
triphasé de trois chevaux vapeur à embrayage direct et muni d'un clapet séparant la zone
d'aspiration et la zone sous pression. Le fonctionnement de cette installation était décrit dans un
manuel édité par la firme Topf.
Le système d'introduction du corps comprend un chariot sur rails, le cercueil étant posé sur une
glissière.
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Le 19 juillet 1943, on mit le crématoire hors d'usage et les fours furent démolis. Après la fin de la
seconde guerre mondiale, les Polonais ont reconstruit les fours 1 et 2 à l'aide des éléments
d'origine que les SS avaient démontés et dont beaucoup se trouvaient encore dans l'ancienne
réserve de coke. Cette reconstruction fut assez approximative, de sorte que les fours, dans leur
état actuel, ne pourraient pas fonctionner.
2.2. Le four crématoire Topf à chauffage au coke et à trois moufles.
Ce four, comme celui à huit moufles, fut conçu dans les derniers mois de 1941 par l'ingénieur
Pruefer. Le 22 octobre 1941, la direction centrale des constructions d'Auschwitz commanda à la
firme Topf les éléments de cinq fours Topf à trois moufles et à dispositif d'air pulsé pour le
nouveau crématoire qu'elle voulait construire dans le camp central. Ces fours furent installés l'un
après l'autre dans le crématoire II de Birkenau. La facture relative à ce travail porte la date du 27
janvier 1943. Le prix d'un four était de six mille trois cent soixante-dix-huit marks. La Bauleitung
commanda les cinq fours trimoufles destinés au crématoire III une première fois par téléphone le
25 septembre 1942, puis le 30 septembre par lettre recommandée. Le 28 octobre, la firme Topf
envoya à la Bauleitung le plan D 59 934 pour le montage des fours des crématoires II et III. Ce
plan est perdu. La facture relative aux cinq fours trimoufles du crématoire II de Birkenau porte la
date du 27 mai 1943. Le prix d'un four était de 7.830 marks. Les deux premiers fours trimoufles
fournis par la firme Topf furent mis en service dans le camp de Buchenwald, le 23 août et le 3
octobre 1942.
La description du four trimoufle Topf que nous allons donner dans ce qui suit est fondée sur un
examen direct des fours de Buchenwald et sur les documents disponibles. Trois photos de
source SS confirment que les fours installés dans les crématoires II et III de Birkenau étaient du
même modèle que ceux de Buchenwald. L'un d'eux, toutefois, pouvait aussi être chauffé au
mazout.
Pour ce qui est du mode de construction, le four trimoufle est constitué d'un four à deux moufles
munis chacun d'un foyer à coke, auquel on ajoute en position centrale un troisième moufle; on
apporte également certaines modifications techniques, que nous avons exposées ailleurs.
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Le four est enfermé dans une solide structure maçonnée, armée de fer forgé et de fonte. Le poids
de la maçonnerie réfractaire de chaque four était environ de 10.400 kg. Si l'on songe que la
maçonnerie réfractaire du modèle de four bimoufle d'Auschwitz pesait environ 10.000 kg, il est
clair que le four trimoufle était économique, ce que montre aussi son prix considérablement
moins élevé. Le troisième four bimoufle d'Auschwitz coûta 7.332 marks, y compris un dispositif
d'air pulsé et une installation pour l'introduction des corps avec rails. Les fours du crématoire II de
Birkenau coûtèrent chacun 6.378 marks, y compris un dispositif d'air pulsé. Compte tenu du fait
que les deux systèmes d'introduction des corps et les rails accompagnant les cinq fours
trimoufles coûtèrent 1.780 marks, un four trimoufle, muni des mêmes accessoires qu'un four
bimoufle, était en fait moins cher. Le prix unitaire des fours du crématoire III, à savoir 7.380
marks sans le chariot d'introduction, était plus élevé que celui des fours du crématoire II, mais
encore bien plus intéressant que celui des fours bimoufles d'Auschwitz.
Les crématoires II et III de Birkenau comprenaient une grande salle des fours de 30x11,24m. Les
cinq fours trimoufles étaient alignés dans la longueur. Cette pièce avait une aile attenante de dix
mètres sur douze, divisée en deux parties par un mur. La plus petite partie, à laquelle on accédait
par la salle des fours, était à son tour divisée en trois locaux: deux salles des moteurs et une
pièce abritant un des trois systèmes d'aspiration dont le crématoire était pourvu. L'autre partie
comprenait la cheminée, les deux autres systèmes d'aspiration et un four pour l'incinération des
ordures, raison pour laquelle ce local était appelé "four aux ordures".
Les fumées des fours étaient aspirées à l'aide d'un appareil logé dans une pièce voisine et
étaient soufflées à grande vitesse dans la cheminée. En mars 1943, les trois tirages forcés furent
gravement endommagés et démontés. Pour ce motif, on n'installa pas les systèmes d'aspiration
qui avaient été prévus pour le crématoire III. Alors que, dans le crématoire II, on avait installé des
rails pour l'introduction des corps, on n'en installa pas dans le crématoire III, où on les remplaça
par des brancards. Le modèle de brancard utilisé --qui l'était aussi pour le four Topf bimoufle de
Mauthausen et pour les fours Kori d'autres camps de concentration-- consistait en deux tubes de
métal parallèles d'une longueur de 350 cm et d'une section de 3 cm de diamètre. A la partie
avant, qu'on introduisait dans le moufle, était soudée une plaque de métal légèrement courbée
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de 190 cm de long et 38 cm de large. Les deux bras du brancard avaient le même écartement
que deux roulettes de guidage fixées aux montants du four, de sorte qu'ils pouvaient facilement
glisser dessus. En mars 1943, ce système fut étendu au crématoire II. L'usage du four trimoufle
chauffé au coke est expliqué dans les Instructions pour l'utilisation du four crématoire trimoufle
chauffé au coke, éditées par la firme Topf et fondées sur la notice relative au four bimoufle. La
seule différence notable est que la température maximale permise dans les moufles était de
1.000 degrés centigrades pour le four trimoufle, contre 1.100 pour le four bimoufle. Ce
désavantage tient au fait que la masse de la maçonnerie réfractaire était moindre dans un four
trimoufle (environ 2.1000kg)) que dans un four bimoufle (environ 3.000kg) et aussi, sans doute, à
l'usage d'un moins bon matériau.
En Allemagne, au début de la seconde guerre mondiale, la crémation dans les camps de
concentration était réglée par le "Décret sur l'exécution des incinérations dans le crématoire du
camp de concentration de Sachshausen", promulgué par Himmler le 28 février 1940. Les
dispositions de ce décret étaient identiques à celles qui concernaient les crématoires civils. On
ignore si ces prescriptions légales furent modifiées ou abrogées par la suite ou si les camps de
concentration des territoires occupés de l'Est étaient soumis à d'autres règles que ceux de
l'ancien Reich.
En tout cas, il est certain que les fours crématoires Topf bimoufles et trimoufles étaient installés
selon les mêmes normes que les fours civils. Dans les devis de la firme Topf relatifs à ces fours
figurent des chariots ou d'autres systèmes d'introduction pour cercueils, ce qui montre que cette
firme prévoyait des incinérations avec cercueil. Cela est confirmé par les instructions d'utilisation,
qui conseillent de mettre les souffleries d'air pulsé en marche immédiatement après l'introduction
du corps dans le moufle et de les laisser fonctionner environ vingt minutes. Cette
recommandation convient parfaitement si les corps sont introduits dans le four avec les cercueils,
car la combustion rapide et intense du cercueil nécessite une grande quantité d'air. En revanche,
cela n'a aucun sens dans le cas d'une incinération sans cercueil, car l'apport d'une grande
quantité d'air froid durant la phase d'évaporation de l'eau du corps (phase qui absorbe une
grande quantité de la chaleur du four) n'aurait que contrarié le processus d'incinération. Il ressort
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également des manuels d'utilisation que les fours étaient conçus pour des incinérations où il ne
se trouvait jamais plus d'un corps à la fois dans un même moufle, car, selon ces manuels, les
corps devaient être introduits l'un après l'autre.
2.3. Le four Topf à huit moufles et à chauffage au coke
Ce four, dont le mode de construction était sans doute expliqué sur le plan D 59 478 (aujourd'hui
perdu) de la firme Topf, avait été conçu par l'ingénieur Pruefer, probablement fin 1941. En tout
cas, il l'a été après le four trimoufle, car le plan de celui-ci porte un numéro inférieur, D 59 394.
Le 4 décembre 1941, le SS-Hauptamt Haushalt und Bauten, office central SS du budget et des
constructions), de Berlin, commanda à la firme Topf "les éléments de quatre doubles fours
crématoires Topf à quatre moufles" pour Moghilev, en Biélorussie, où se trouvait le camp de
transit de prisonniers de guerre 185. La commande fut confirmée le 9 décembre, mais on
n'envoya à Moghilev --le 30 décembre-- que la moitié d'un four (quatre moufles). Les autres
éléments restèrent provisoirement dans l'entrepôt de la firme Topf.
Conformément à une proposition faite par l'ingénieur Pruefer à l'occasion de sa visite à Auschwitz
du 19 août 1942, le WVHA (Wirtschafts-und Verwaltungshauptamt, bureau central économique et
administratif) ordonna le 26 août que deux des fours commandés pour Moghilev fussent envoyés
à Auschwitz. Toutefois, la Direction centrale des constructions attendit deux mois et demi avant
de demander un devis pour ce modèle de four à la firme Topf. Celle-ci envoya ce devis le 16
novembre. Le prix total, qui était de 55.200 RM (13.800 pour chaque four), comprenait un
supplément de 6%, parce que la firme devait souvent changer les plans et concevoir de
nouveaux modèles pour les armatures.
Les plans du crématoire IV de Birkenau (image réfléchie du crématoire V), qui montrent les
fondations et la coupe verticale du "four crématoire à huit moufles", les photos des ruines du
crématoire V prises par les Polonais en 1945 et l'examen direct de ces ruines nous permettent de
reconstituer la structure de ce type de four avec une précision suffisante. Le four Topf à huit
moufles et chauffage par coke est constitué de huit fours à un moufle chacun, tels que sur le plan
58173 de la firme Topf. Ces huit moufles se partagent en deux groupes de quatre, chaque
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groupe consistant en deux paires de moufles; ces paires sont disposées comme images
réfléchies l'une de l'autre, de sorte que chaque four a en commun les deux parois arrière et les
deux parois centrales du moufle.
Les deux groupes sont reliés l'un à l'autre par quatre foyers et, dans chaque groupe, les moufles
sont couplés deux par deux selon le même système; le tout forme ainsi un seul four à huit
moufles qui, en raison de sa grandeur (la surface de base est d'environ 32 m2) est appelé "four
crématoire de grandes dimensions" sur la facture. Le four est encadré par une solide structure
maçonnée comportant une série de fers d'ancrage. Ces fers sont nettement visibles sur les
photos polonaises de 1945 et encore présents dans les ruines de ce crématoire.
Les grilles étaient également prévues pour brûler du bois, comme on peut l'inférer d'une facture
de la firme Topf datée du 5 avril 1943, où il est question de "chauffage au bois". Le système
d'introduction du corps consistait en un brancard, comme dans les crématoires II et III. Pour faire
passer ce brancard sous la guillotine de fermeture du moufle, on le posait sur deux roulettes
d'une fabrication simplifiée, chevillées au fer d'ancrage.
Le four n'était sans doute pas pourvu de dispositifs d'air pulsé, car la facture du 5 avril 1943 n'en
mentionne pas. Les cheminées n'avaient pas de système d'aspiration. L'élément de base du four
crématoire Topf à huit moufles consistait en deux moufles et un foyer. Le système d'évacuation
des fumées correspondait à celui du four crématoire à un moufle représenté sur le plan Topf D
58173.
2.4 Les fours crématoires de la firme H. Kori, de Berlin
3. La consommation de coke des fours crématoires Topf d'Auschwitz-Birkenau
3.1 Bilan thermique des fours crématoires Topf bimoufles d'Auschwitz-Birkenau
Pour déterminer avec une précision suffisante l'équilibre thermique des fours crématoires Topf
bimoufles d'Auschwitz-Birkenau, on peut étendre la méthode de calcul de l'ingénieur W.Heepke
aux fours Topf bimoufles car, en ce qui concerne la structure, ce modèle était le plus proche des
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fours civils. Comme cette méthode de calcul est relativement compliquée, nous ne voulons pas
lasser nos lecteurs inutilement et nous préférons les renvoyer aux calculs détaillés que nous
avons effectués ailleurs. Au bout de ces calculs, on arrive à la quantité de coke qui est
nécessaire, dans des conditions idéales, pour maintenir soixante minutes à une température de
800 degrés centigrades un four bimoufle contenant deux corps de poids normal (70 kg). Cette
quantité est de 22,7 kg par corps.
Pour deux corps maigres de 54,5 kg, ayant perdu 25% de leurs protéines et 37,5% de leur
graisse, on a besoin de 25,3 kg de coke par corps. Pour deux corps complètement décharnés
(dans l'argot des camps: "des musulmans") pesant 39 kg, ayant perdu 50% de leurs protéines et
75% de leur graisser, on a besoin de 27,8kg par corps.
3.2 La consommation de coke du four Topf bimoufle de Gusen
Ces chiffres sont pleinement confirmés par la pratique. Concernant le crématoire de Gusen,
équipé d'un four Topf bimoufle, il existe un document qui détaille le nombre de corps incinérés et
la consommation quotidienne de coke pour vingt-huit jours, dans la période du 26 septembre au
12 novembre 1941.
Dans ce qui suit, nous allons essayer de déduire la consommation moyenne de coke par corps
du nombre quotidien d'incinérations. Dans la période du 26 septembre au 15 octobre 1941, une
période de vingt jours donc, il y eut cent quatre-vingt-treize incinérations, pour lesquelles le four
fut utilisé pendant onze jours. Au total, le four a été au repos neuf jours. Pendant cette période de
repos, il se refroidissait, aussi la consommation moyenne de coke par corps est-elle extrêmement
élevée: environ 47,5 kg.
Dans la période du 26 au 30 octobre, en quinze jours donc, il y eut cent vingt-neuf incinérations,
soit 26 par jour en moyenne. Le four fonctionna tous les jours. Pour cette raison, la
consommation moyenne de coke fut plus faible: environ 37,2 kg par corps.
Du 31 octobre au 12 novembre 1941, sur une période de treize jours, donc, il y eut six cent
soixante-dix-sept incinérations, soit cinquante deux par jour en moyenne. Le four se trouva
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constamment en équilibre thermique, ce qui fit tomber la consommation moyenne de coke à un
minimum de 30,5 kg par corps. Dans cette période, le jour où la consommation moyenne de coke
fut le plus faible est le 3 novembre. Ce jour-là, quarante-deux corps furent incinérés, avec ne
consommation moyenne de 27,1 kg de coke. La plus grande consommation moyenne de coke
(37,5 kg par corps) fut enregistrée le 6 novembre.
Ces chiffres peuvent certainement s'appliquer au four Topf bimoufle d'Auschwitz. Si l'on admet
que, contrairement à la vraisemblance, les six cent soixante-dix-sept corps dont il est question
dans le document cité étaient tous décharnés ("musulmans"), la consommation moyenne de coke
par corps était 22,7:27,8 x 30,5 kg @ moyennement amaigri, on obtient une consommation
moyenne de coke de 25,3:27,8x30,5 kg @ 28 kg.
Les crémations par le four Topf à double moufle, modèle d'Auschwitz, nécessitaient donc, en
moyenne, en cas d'alimentation continue, les quantités suivantes de coke:
- un corps normal : 25 kg de coke
- un corps moyennement amaigri: 28 kg de coke
- un corps décharné ("musulman") 30,5 kg de coke
Ces chiffres sont fondés sur la supposition que le four fonctionnait dix-neuf heures par jour (une
heure pour l'allumage et le chauffage, dix-huit heures pour les incinérations). Le retour à
l'équilibre thermique, c'est-à-dire la récupération d'une quantité de chaleur égale à celle qui a été
perdue pendant la pause de cinq heures, augmente la consommation d'environ 3%. En d'autres
termes: si le four avait fonctionné vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la consommation de coke
aurait été inférieure de 3%.
3.3 Bilan thermique pour les fours crématoires Topf à trois et à huit moufles
L'ingénieur Kurt Pruefer, dans une lettre du 15 novembre 1942 aux patrons Ludwig et ErnstWolfgang Topf, confirma que les fours trimoufles dont il avait fait les plans et qui l'avait montés
dans le crématoire de Buchenwald avaient un rendement qui dépassait ses prévisions d'un tiers.
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La cause de cette erreur était sans doute que Pruefer avait fait les plans des fours à trois et à huit
moufles "pendant son temps libre", comme il l'écrivit lui-même aux Topf dans une lettre du 6
décembre 1941.
Les choses s'expliquent sans doute comme suit: quand Pruefer installa trois moufles dans un
four d'environ 43 m2, et qu'il calcula la chaleur qui pourrait être épargnée par moufle du fait que
la perte due à la conduction et au rayonnement de la chaleur serait moins grande, il partir des
valeurs correspondant au four bimoufle. Celui-ci avait une surface d'environ 32 m2 (16 m2 par
moufle). Pruefer n'avait prévu qu'une faible réduction de la consommation de coke par rapport au
four bimoufle, parce que l'économie des coûts était pour lui plus importante que celle du
combustible.
En effet, le second four bimoufle qui fut monté à Auschwitz coûtait 7.753 RM (3.876,5 RM par
moufle), alors que le prix du four trimoufle du crématoire III était de 7.830 RM (2.610 RM par
moufle). Le four à huit moufles coûtait 13.800 RM, soit seulement 1.700 RM par moufle.
Il y avait encore un autre avantage économique de ce four que Pruefer n'avait pas pris en
considération: la possibilité d'utiliser comme comburant l'air chaud présent dans les fumées.
Dans le four trimoufle, les deux moufles situés sur le côté, qui fonctionnaient comme un four
bimoufle, apportaient au moufle central des fumées à haute température, qui contenaient assez
d'air pour incinérer un corps. La combustion du corps fournissait alors au moufle central une
quantité de chaleur qui compensait la perte de chaleur subie par ce moufle, de sorte que la
consommation de coke du four trimoufle était à peu près la même que celle du four bimoufle mais
permettait l'incinération de trois corps au lieu de deux. Dès lors, le rendement du four trimoufle
était en effet supérieur d'un tiers à celui du four bimoufle.
La consommation de coke du four trimoufle est donc:
- pour un corps normal: 25 kg x 2/3= 16,7 kg de coke;
- pour un corps moyennement amaigri 28 kg x 2/3 @ 18,7 kg de coke
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- pour un corps décharné: 30,5 kg x 2/3 @ 20,3 kg de coke
Ces chiffres ne valent que si le four est utilisé de façon optimale.
En faisant cette réserve, nous voulons dire ce qui suit.
Le dégagement des fumée en provenance des moufles latéraux vers le moufle central avait, à
côté de l'avantage déjà mentionné, l'inconvénient que le volume de fumées passant par le moufle
central représentait plus du double de celui des fumées passant par un seul moufle d'un four
bimoufle, de sorte que leur vitesse doublait également.
Si la vitesse moyenne d'un mélange gazeux combustible traversant une chambre de combustion
est supérieure à la vitesse de propagation de la flamme, il ne prend pas feu dans la chambre de
combustion. Deux cas sont envisageables: ou bien le mélange gazeux garde, en sortant de la
chambre, une température au moins égale à sa température d'inflammation et il s'enflamme alors
hors de la chambre; ou bien sa température descend en dessous de son point d'inflammation et,
dans ce cas, il quitte l'installation sans brûler.
Pour empêcher que les gaz non brûlés n'arrivent dans l'atmosphère, les installations modernes
d'incinération ont des chambres de postcombustion, où les fumées achèvent de brûler. On peut
en prendre pour exemple les installations pour l'incinération des ordures ménagères. Dans ces
installations, les fumées doivent rester au moins deux secondes dans la chambre de
postcombustion. Pour le plus récent incinérateur électrique de la firme B.B.C. Brown Boveri, un
séjour de 1,3 à 2,3 secondes dans les carneaux de postcombustion chauffés à 800 degrés
centigrades est prévu. On peut donc admettre comme temps minimum de séjour des fumées
dans le moufle une durée de 1,3 seconde.
Le calcul montre que, pour un cadavre normal et une crémation de 60 minutes, le temps moyen
de séjour des fumées dans chaque moufle du four bimoufle était d'une seconde 32, alors que
dans le moufle central du four trimoufle, il n'était que d'environ 0,68 seconde. Cela signifie que
les gaz chauds formés par la décomposition du corps placé dans le moufle central du four
trimoufle n'avaient pas le temps de brûler dans ce moufle et en sortaient donc non brûlés. La
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contrepartie de cette chaleur perdue devait être fournie par le foyer, de sorte que la
consommation de coke, si on voulait exécuter la crémation en une heure, augmentait d'environ
15% pour chaque corps.
Pour assurer la combustion des gaz chauds dans le four, il aurait fallu porter le volume du moufle
central de 1,5 à plus de 2,20 m3 ou la durée d'incinération de 60 à plus de 115 minutes.
Un inconvénient analogue était déjà apparu dans le fonctionnement du premier four électrique
Topf, installé dans le crématorium d'Erfurt. Dans ce four,
"où la puissance d'extraction était de 12-24 mm H2O, les vitesses des fumées étaient élevées et
le temps qu'elles mettaient pour parcourir leur trajet du moufle au canal d'évacuation des fumées
était donc très réduit. Ce temps n'était pas suffisant pour permettre aux particules de carbone de
s'enflammer."
Pour diminuer la vitesse des fumées, on élargit le volume du moufle en installant une chambre de
combustion dans sa voûte. De même, quand, à la fin des années trente, on installa au cimetière
de Francfort, au-dessus des installations d'incinération déjà existantes, un four destiné au
nettoyage du cimetière, ce nouveau four avait, lui aussi, une chambre de combustion pour les
fumées.
Le four à huit moufles était constitué de quatre paires de moufles séparées, mais où les deux
moufles de chaque paire communiquaient. Les fumées qui passaient du premier moufle dans le
second contenaient une certaine quantité d'air pur et chaud, qui suffisait pour incinérer le corps
placé dans le second moufle.L'excédent de chaleur du premier moufle pouvait compenser la
perte de chaleur du second. Dès lors, la consommation de coke d'une paire de moufles était
environ la même que celle d'un moufle dans un four bimoufle, ce qui signifie qu'un moufle du four
à huit moufles consommait environ moitié moins de coke qu'un moufle du four bimoufle.
La consommation de coke d'un four à huit moufles peut donc être schématisée comme suit:
- corps normaux: 25:2=12,50 kg de coke
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La crémation des humains
- corps moyennement amaigris 28:2 = 14,00 kg de coke
- corps décharnés: 30,5 : 2 = 15,25 kg de coke
La comparaison avec les fours crématoires pour cadavres d'animaux montre que la
consommation de coke du four à huit moufles correspond en théorie à la consommation
minimale. Ces fours crématoires pour cadavres d'animaux, où on ne brûle pas les cadavres
individuellement, sont soumis aux normes économiques les plus strictes. Cela en fait les
installations les plus efficaces pour l'incinération de substances organiques et ils nécessitent,
pour l'incinération d'une même masse, moins de coke que les crématoriums pour corps humains.
Avant la guerre, le plus important constructeur allemand de telles installations était l'ingénieur h.
Kori, dont la firme avait établi fin 1892, dans l'abattoir de Nuremberg, la première installation
d'incinération pour cadavres d'animaux. En 1924, la firme Kori avait déjà construit deux cent
soixante fours de ce type, en améliorant constamment la technique des installations. Selon les
indications du constructeur, ces fours crématoires permettaient de brûler en dix à douze heures
environ cent vingt kilos de substance organique, en consommant en moyenne une masse de
coke égale à 20 ou 30% de celle du cadavre. Pour un corps humain de 70 kg, ceci abaisserait la
consommation à un minimum de 14 kg.
4. La durée d'une incinération dans les fours Topf d'Auschwitz-Birkenau
4.1 Les documents
Sur le problème très controversé de la capacité (nombre d'incinérations) des fours crématoires
Topf, il existe trois documents qui, à vrai dire, fournissent des renseignements fort
contradictoires.
4.1.1 Une lettre, adressée le 1er novembre 1940 par la firme Topf à la SS-Neubauleintung
(direction des constructions) du camp de Mauthausen contenait un devis pour un "four crématoire
Topf bimoufle, à chauffage par coke et à dispositif d'air pulsé" et pour un "système Topf
d'intensification du passage d'air". On y lit littéralement:
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La crémation des humains
"Notre ingénieur M. Pruefer a déjà signalé que le four proposé précédemment d'incinérer deux
corps par heure."
Comme il s'agit du four à deux moufles, modèle Auschwitz, cette indication de Pruefer signifie
qu'un corps pouvait être incinéré par moufle et par heure. La capacité théorique du four bimoufle
était donc de quarante-huit corps en vingt-quatre heures.
4.2 Le 14 juillet 1941, la firme Topf répondait comme suit à une question spécifique de la SSNeubauleintung du camp de Mauthausen:
"Dans le four crématoire Topf bimoufle chauffé au coke, on peut incinérer de trente à trente-six
corps en dix heures environ."
D'après ce renseignement, une incinération durait de trente-trois à quarante minutes et la
capacité théorique du four état de soixante-douze à quatre-vingt-six corps en vingt-quatre heures.
4.3 Le troisième document est une lettre, adressée le 28 juin 1943 par le chef de la direction
centrale des constructions d'Auschwitz, le SS-Sturmbannfuehrer Bischoff, à l'Amsgruppenchef du
WVHA, le SS-Brigadefuehrer Kammler. Cette lettre attribuait aux crématoires d'AuschwitzBirkenau les capacités suivantes (pour vingt-quatre heures):
- ancien crématoire I 340 personnes
- crématoire II 1.440 personnes
- crématoire III 1.440 personnes
- crématoire IV 768 personnes
- crématoire V 768 personnes
- Total 4.756 personnes
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La crémation des humains
Selon ce document, une incinération dans les fours à deux moufles durait environ vingt-cinq
minutes et dans les fours à trois ou huit moufles quinze minutes.
Pour apprécier dans quelle mesure les données fournies par ces trois documents sont fondées
techniquement et pour évaluer la durée minimum du processus d'incinération dans les fours Topf
d'Auschwitz, nous allons utiliser deux critères objectifs, fondés tous deux sur les enseignements
de la pratique: les résultats des expériences d'incinération au coke menées le 5 janvier 1927 par
l'ingénieur R.Kessler (voir 1.4) et le registre des incinérations du crématoire de Gusen, un camp
annexe de celui de Mauthausen (voir 3.2).
4.2 Les enseignements de la pratique
Comme nous l'avons expliqué au chapitre 1.5, la durée du processus d'incinération dépend
essentiellement de la structure et de la composition chimique du corps humain, mais aussi, et en
bonne part, du mode de construction du four crématoire et de la façon dont on s'en sert.
Puisque les fours d'Auschwitz-Birkenau étaient chauffés au coke, on peut pour se faire une idée
du processus d'incinération, prendre comme point de comparaison l'expérience avec chauffage
au coke faite par l'ingénieur Richard Kessler au crématoire de Dessau le 5 janvier 1927 (voir 1.4).
Bien sûr, une appréciation correcte doit tenir compte non seulement des différences de structure
entre le four utilisé par Kessler (système des frères Beck) et le four trimoufle Topf (modèle
d'Auschwitz), mais aussi des différences d'utilisation.
Ainsi, Kessler --pour des motifs soit légaux soit déontologiques-- devait attendre que les cendres
des corps eussent cessé de rougeoyer avant de pouvoir les faire passer dans le collecteur de
cendres. Dans les fours crématoires Topf d'Auschwitz-Birkenau, au contraire, il résulte du manuel
d'utilisation qu'on introduisait un corps dans le moufle dès que les restes du corps précédent
étaient tombés à travers la grille dans le collecteur de cendres, où le processus d'incinération
allait s'achever. Donc, dans les fours Topf, la partie principale de la combustion se terminait au
moment où les restes du corps tombaient à travers les grilles dans la chambre de
postcombustion, où ils brûlaient encore vingt minutes.
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La crémation des humains
Il est important aussi que, dans les expériences de Kessler, les corps aient été incinérés dans
des cercueils, alors qu'à Auschwitz, on plaçait le corps nus dans les moufles. Le cercueil, d'une
part, tend à allonger la durée de l'incinération, parce que, durant quelques minutes, avant
d'éclater sous l'effet de la chaleur, il forme une sorte d'écran thermique qui retarde l'évaporation
de l'eau du corps. Mais d'autre part, le cercueil tend aussi à raccourcir la durée de l'incinération,
parce qu'en brûlant, il élève la température dans le moufle et accélère ainsi l'évaporation de l'eau
du corps. De plus, une partie de la chaleur libérée par la combustion du cercueil s'accumule dans
la maçonnerie réfractaire, qui la restitue quand l'état thermique du moufle l'exige. On peut donc
supposer que ces deux effets se compensent.
Deuxièmement, le système de four utilisé par Kessler, celui des frères Beck, était équipé de tous
les instruments de mesure nécessaires pour suivre le processus d'incinération dans toutes ses
phases, et les crémations étaient exécutées très soigneusement sous la surveillance d'un
ingénieur expérimenté, de sorte qu'on peut parler ici d'un usage optimal du four, alors qu'à
Auschwitz, le travail était fait par des auxiliaires, membres du Sonderkommando (commando
spécial).
Chez Kessler, il s'écoulait en moyenne cinquante-cinq minutes entre l'introduction du corps et le
moment où la température montait jusqu'à près de 900 degrés centigrades. Donc, la durée de
l'incinération dans le moufle jusqu'au moment où les restes du corps tombaient à travers la grille
dans la chambre à cendres, était nécessairement supérieure à cinquante-cinq minutes. Lors des
huit crémations avec briquettes du 12 janvier 1927, la température maximum de la crémation fut
atteinte en moyenne après soixante-deux minutes.
Compte tenu de ces faits, la durée du processus d'incinération dans le four bimoufle Topf
correspondait vraisemblablement à celle qu'indiquait l'ingénieur Pruefer dans sa lettre du 1er
novembre 1940, à savoir une heure.
Comment se fait-il, maintenant, que, dans sa lettre du 14 juillet 1941, la Topf mentionne une
durée d'incinération de trente-trois à quarante minutes? Cela tient à la présence d'une installation
d'aspiration. Que cette installation pût effectivement abréger la durée de l'incinération, cela
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La crémation des humains
ressort des expériences faites en 1939 au crématoire de Gera, avec un four Topf qui, il est vrai,
était chauffé au gaz. Avec les fours à coke, ce système avait une action encore plus grande, mais
la consommation de coke augmentait de 50%. C'est confirmé par les relevés faits au crématoire
du camp de Gusen, qui était équipé d'un système d'aspiration et permettait d'obtenir une durée
moyenne de crémation d'environ quarante minutes. Au cours des expériences d'incinération
faites par l'ingénieur Kessler le 5 janvier 1927, la durée minimum de la partie principale de la
combustion (quarante minutes) fut observée lors des deux dernières crémations. Dans les fours
crématoires modernes, la partie principale de la combustion dure de trente à quarante minutes.
En conclusion, la durée minimum de la partie principale de la combustion d'un corps introduit nu
dans le moufle est, dans les conditions optimales (ce qui signifie que le moufle est maintenu
constamment à une température d'au moins 800 degrés centigrades) d'environ une demi-heure.
A des températures plus basses, le processus dure plus longtemps.
Si maintenant nous examinons la lettre de la Topf en date du 14 juillet 1941, il semble défendable
de soutenir que l'incinération de trente cadavres en dix heures environ (= quarante minutes par
crémation) est le meilleur résultat qu'on puisse obtenir en pratique à l'aide d'une installation
d'aspiration. La combustion de trente-six corps en dix heures environ (trente-trois minutes par
incinération) est la plus haute capacité théorique de l'installation à deux moufles; elle ne peut être
atteinte que pendant un temps bref et dans des conditions extraordinairement favorables. Selon
le manuel édité par la firme Topf pour les fours à deux et à trois moufles, la combustion finale
dans le collecteur de cendres durait environ vingt minutes. Si on ajoute à cette durée les
quarante minutes de la combustion principale qui a lieu dans le moufle, on obtient une durée
totale d'incinération de soixante minutes, ce qui correspond à la valeur limite, celle que le Dr
Jones appelle la "barrière thermique" (thermal barrier), autrement dit la plus courte durée
possible d'incinération. En revanche, dans les fours à trois et à huit moufles des crématoires de
Birkenau, qui n'avaient pas d'installations d'aspiration, la durée moyenne de la combustion
principale était de soixante minutes, plus encore vingt minutes de combustion finale dans le
collecteur de cendres.
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La crémation des humains
Les fours bimoufles du crématoire I d'Auschwitz étaient, à l'origine, équipés d'une installation
d'aspiration d'air qui était semblable à celle de Gusen mais servait pour six moufles et non pour
deux. La capacité de ces fours d'Auschwitz était nettement inférieure à celle du four de Gusen,
comme cela résulte des faits suivants:
deux lettres de la SS-Neubauleintung (direction des constructions) d'Auschwitz, datées l'une du
22 novembre 1940 (à ce moment-là, il n'y avait dans le crématoire en question qu'un seul four
Topf bimoufle) et l'autre du 8 janvier 1941; il résulte de ces deux lettres que le four ne pouvait pas
incinérer vingt à trente corps par jour.
les inscriptions sur les couvercles de deux urnes (urnes reproduites par Pressac) dont il résulte
que le corps du détenue Szczesni Wrobel, qui mourut le 19 octobre 1940, fut incinéré quatre
jours plus tard et que celui de Karl Witalski, qui mourut le 28 mars 1941, ne put être brûlé que
cinq jours plus tard;
les activités continuelles qui étaient nécessaires pour assurer un minimum d'efficacité.
Sur ces bases, on peut admettre que les trois fours bimoufles du crématoire I d'Auschwitz avaient
besoin d'au moins soixante minutes pour incinérer un corps.
Il est flagrant que les résultats de ce chapitre ne concordent en aucune manière avec les
données de la lettre du 28 juin 1943. D'après cette lettre, rappelons-le, une crémation durait
vingt-cinq minutes dans le four à deux moufles et quinze minutes dans le four à trois ou à huit
moufles. Au point de vue de la technique thermique, ces affirmations sont impossibles.
Examinons maintenant si, dans les fours Topf d'Auschwitz-Birkenau, il était possible de brûler
plusieurs corps en même temps dans le même moufle.
4.3 L'incinération simultanée de plusieurs corps dans un même moufle
Dans une incinération effectuée à l'aide d'un four crématoire chauffé au coke, la phase critique,
qui peut même compromettre les opérations, est l'évaporation de l'eau contenue dans le corps.
Ce processus d'évaporation et le processus simultané de gazéification de la substance organique
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La crémation des humains
du corps absorbent beaucoup de chaleur et provoquent une forte baisse de la température dans
le moufle, malgré la chaleur apportée par la combustion du cercueil et par les gaz chauds
provenant du foyer.
La température du moufle ne peut pas descendre en dessous de 700-600 degrés centigrades,
sinon les corps ne sont que carbonisés. Comme l'air est un mauvais conducteur thermique, le
moindre retrait de chaleur fit très vite baisser la température dans le moufle.
Comme la plupart des corps incinérés le furent dans les crématoires II t III, c'est le modèle
installé dans ces crématoires, le four Topf à trois moufles, que nous allons prendre en
considération pour étudier la possibilité de l'incinération simultanée de plusieurs corps dans un
même moufle.
Comme les incinérations se faisaient avec apport naturel d'air, nous allons étudier le résultat
d'une incinération se déroulant dans des conditions normales, avec deux corps normaux par
moufle. Nous admettrons donc que la température la plus élevée, durant la partie principale de la
combustion, est atteinte après soixante minutes et que l'évaporation dure trente minutes.La plus
haute capacité théorique du four et de cent quarante-quatre corps en vingt-quatre heures, celle
de chacun des deux crématoires est de sept cent vingt corps.
Pour que l'incinération se déroule normalement, il est nécessaire que la température ne
descende pas en dessous de 600 degrés centigrades. Sinon, comme on l'a dit, le corps est
seulement carbonisé. Nous supposerons donc une température initiale de 800 degrés
centigrades, qui s'abaisse rapidement pendant l'opération et se stabilise à 600 degrés
centigrades.
Le calcul montre que la quantité de chaleur perdue en trente minutes à cause de l'évaporation de
l'eau du corps est d'environ 237.000 kcal. Cela fait un déficit d'environ 40.700 kcal par moufle. A
600 degrés centigrades, la chaleur cédée par les murs à chaque moufle est d'environ 900 kcal
par minute. Si cet afflux de chaleur restait constant, les murs de chaque moufle céderaient en
trente minutes 27.600 kcal, et il resterait un déficit de 13.000 kcal. Dans la pratique, toutefois, la
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La crémation des humains
chaleur cédée en une minute par les murs du moufle ne serait que de 70 kcal. L'équilibre
thermique s'établirait donc fort en dessous de 600 degrés centigrades.
Dès lors, il est impossible d'effectuer une crémation avec deux corps par moufle sans un
gaspillage absurde de combustible et de temps. Ceci est évidemment vrai a fortiori pour la
combustion simultanée de trois corps ou plus par moufle.
L'expérience pratique des incinérations du camp de Gusen confirme entièrement ces
considérations. Du 31 octobre au 12 novembre 1941, le four Topf bimoufle y fonctionna
intensivement et incinéra six cent soixante-dix-sept corps, avec une consommation moyenne de
coke de 30,5 kg par incinération et un temps moyen de crémation d'environ quarante minutes.
Ces incinérations étaient effectuées sous la surveillance de l'installateur de la firme Topf, August
Willing, qui séjourna à Gusen jusqu'au 9 novembre.
A cette époque, précisément, toutes les conditions étaient remplies pour inciter à l'incinération
simultanée de deux corps ou plus dans un même moufle, à savoir un grand nombre de corps et
la présence d'un expert qualifié. Dans ces circonstances, on aurait certainement brûlé plusieurs
corps ensemble si cela avait augmenté la capacité.
Mais la liste des incinérations et des consommations de coke montre que, même si on l'avait fait,
cela n'aurait eu aucun avantage. Ainsi, par exemple, on incinéra le 8 et le 9 novembre soixantedouze corps en mille quatre cent soixante-dix minutes environ, avec une consommation totale de
2.100 kg par corps. Cela signifie que, dans chaque moufle, on introduisit (72:2)= 36 fois un seul
corps, dont la combustion dura chaque fois environ quarante-et-une minutes.
Supposons maintenant que, dans chaque moufle, on ait introduit deux corps. Dans ce cas, il y
eut (72:4) = 18 introductions de corps dans chaque moufle et la durée d'incinération pour chaque
paire de corps était d'environ quatre-vingt-deux minutes. La consommation de coke pour quatre
corps était de (2100:18) = 116,6kg, ce qui représente (116,6:4) = 29,1kg par corps. Les mêmes
considérations valent pour tous les autres jours de crémation. Si donc on avait incinéré deux
corps par moufle, la durée et la consommation de coke de chaque opération auraient doublé.
Cela veut dire que le résultat final aurait été le même.
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4.4 La capacité de crémation des fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau
Tirons maintenant les conclusions qui s'imposent quant à la capacité des fours crématoires
d'Auschwitz et de Birkenau. Il faut tout d'abord tenir compte que les fours à foyer au coke ne
peuvent fonctionner vingt-quatre heures sans interruption, car il se forme alors des scories de
coke qui adhèrent à la grille et empêchent l'arrivée d'air. C'est pourquoi la notice de la firme Topf
prescrivait (pour les fours à deux et à trois moufles):
"chaque soir, la grille du foyer doit être débarrassée des scories de coke et la cendre doit être
enlevée."
On peut supposer que, pour le nettoyage des grilles, le fonctionnement des fours de Birkenau
était interrompu quatre heures. Le nettoyage n'était en fait possible qu'après que le coke présent
dans les foyers avaient complètement brûlé, ce qui, dans certains cas, durait très longtemps.
Enfin, après le nettoyage, on devait de nouveau allumer le feu et attendre que le coke soit
complètement incandescent avant de commencer un nouveau cycle d'incinérations.
En admettant donc qu'un four Topf des crématoires d'Auschwitz-Birkenau avait une capacité d'un
cops par heure et par moufle et fonctionnait vingt heures par jour, nous trouvons pour ces
crématoires les capacités maximales suivantes pour vingt-quatre heures:
Crématoire Nombre de moufles
Capacité
Capacité avec corps d'enfants (voir 4.5)
Crématoire I
6
120 corps par jour
144 corps par jour
Crématoire II
15
300 corps par jour
360 corps par jour
Crématoire III
15
300 corps par jour
360 corps par jour
Crématoire IV
8
160 corps par jour
192 corps par jour
Crématoire V
8
160 corps par jour
192 corps par jour
Total
52
1040 corps par jour
1248 corps par jour
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La crémation des humains
4.5 La capacité de crémation des fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau dans l'hypothèse des
prétendus meurtres de masse
Dans l'hypothèse où des gazages massifs qu'on dit avoir été commis à Auschwitz-Birkenau
furent une réalité, les enfants représentaient une certaine proportion des victimes.Cela aurait
augmenté la capacité des fours et diminué la consommation de combustible, parce qu'on aurait
pu brûler deux ou plusieurs enfants dans le même moufle. Il nous faut donc déterminer quel fut le
pourcentage des enfants et adolescents, et dans quelle proportion la capacité de crémation des
fours en aurait été augmentée.
Sur les 70.870 juifs de France déportés à Auschwitz, dont les âges sont connus, on dit que
42.310 furent gazés après les sélections. Sur les 70.780 déportés, 10.147 étaient des enfants et
des adolescents de moins de dix-sept ans. Nous supposons dans ce qui suit que tous les enfants
et adolescents de moins de dix-sept ans furent gazés. Cela correspondrait à 23,98 % des
prétendus gazés. Vu la plus grande fécondité des juifs de l'Est, on peut admettre que, chez eux,
la proportion des enfants et adolescents parmi les "gazés aurait été de 33%. Un tiers des gazés
hypothétiques aurait donc appartenu à ce groupe d'âge. Les 10.147 enfants et adolescents en
question se répartissaient dans les groupes d'âge suivants:
Age
Nombre
Poids
moins de 6 ans 1.893 = 4,47 % 13,5
de 7 à 12 ans
4.129 = 9,76% 26
de 13 à 17 ans 4.125 = 9,75% 53
Le poids moyen des enfants et des adolescents peut donc être estimé à 35 kg environ. Comme
cette catégorie d'âge représentait un tiers du nombre des "gazés", le poids de six personnes
(quatre adultes et deux enfants ou adolescents) correspondait à celui de cinq adultes pesant
chacun soixante-dix kg. Dès lors, la capacité des fours est à multiplier par un facteur 1,2. La
capacité plus grande ainsi obtenue est indiquée dans la dernière colonne du tableau précédent
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(4.4). Dans ce cas, la consommation de coke aurait diminué d'un sixième et serait tombée à
environ 13,6kg par corps.
L'étude du bilan thermique et de la capacité des fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau nous
permet de tirer une conclusion définitive sur la lettre du 28 juin 1943 (voir 4.1):
- la crémation de 4.756 corps par jour (environ 3,8 fois plus que la capacité maximale théorique)
est impossible au point de vue de la technique thermique;
- une consommation moyenne de coke par crémation égale à (16.200:4.756) = 3,4 kg (environ
quatre fois moins que la consommation minimale) est, au point de vue de la technique thermique,
tout aussi impossible.
Dès lors, ce document est un faux.
5. Le nombre de crémations dans les fours d'Auschwitz et de Birkenau
5.1 Les registres de décès
Les registres de crémation d'Auschwitz-Birkenau ont disparu, de sorte qu'il n'est plus possible
d'établir le nombre précis des incinérations et, par là, le nombre des personnes décédées dans le
camp.
D'autre part, les registres de décès qui subsistent fournissent des informations insuffisantes sur
le nombre des détenus immatriculés individuellement dans le camp. Ils donnent le tableau
suivant:
- le Totenbuch (registre de décès) des prisonniers de guerre soviétique couvre la période du 7
octobre 1941 au 28 février 1942 et contient 8.320 inscriptions de décès;
- le Leichenhallenbuch (registre de la morgue), relatif à la morgue du bloc 28, dans le camp
central, concerne la période du 7 octobre 1941 au 31 août 1943 et mentionne 22.902 décès;
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- les Sterbebuecher (registres de décès) contiennent les certificats de décès des détenus
enregistrés
à
Auschwitz-Birkenau,
y
compris
pour
les
décès
mentionnés
dans
le
Leichenhallenbuch, mais non pour ceux du camp de prisonniers de guerre russes. De ces
registres de décès, on a conservé quarante-six volumes, avec quelques lacunes. Les volumes
conservés couvrent la période du 4 août 1941 au 31 décembre 1943. Chaque volume comporte
mille cinq cents pages qui, toutefois, ne sont presque jamais utilisées complètement. Les
certificats sont numérotés de façon continue, le premier certificat de chaque année portant le
numéro 1. Dans les quarante-six volumes, 67.283 décès sont enregistrés (en 1941: 2.988; en
1942: 36.796; en 1943: 27.499). Il manque treize volumes de cette série: un pour 1941, six pour
1942 et six également pour 1943. Chaque volume pouvait contenir au plus mille cinq cents
certificats. Les lacunes ne nous empêchent pas de connaître le nombre exact des décès
enregistrés en 1942 et 1943. Le dernier certificat de 1942 porte le numéro 45.616 et le dernier de
1943 le numéro 36.991. Pour l'année 1941, le volume manquant va du 23 novembre au 31
décembre. Comme la mortalité moyenne de novembre était d'environ quarante-cinq personnes
par jour et qu'en décembre, il mourut six cent soixante-treize détenus, on peut admettre avec une
grande vraisemblance que ce volume manquant comprenait environ mille trente certificats. Les
registres de décès fournissent donc les chiffres suivants:
1941 : 4.018 1942 : 45.616 1943 : 36.991 Total : 86.625
si nous ajoutons à ce total les mille trois cent vingt décès mentionnés dans le Totenbuch (registre
des prisonniers de guerre soviétiques), nous arrivons, pour la période du 4 août 1941 au 31
décembre 1943, à un total de 94.945 décès. En 1940, il mourut sans doute environ mille neuf
cents détenus et, de janvier à août 1941, environ six mille trois cents. On peut donc admettre,
pour la période allant de la création du camp jusqu'au 31 décembre 1943, un total d'environ cent
trois mille décès.
Dans les Sterbebuecher, les noms de femme ne constituent qu'une infime minorité. Sans doute
les femmes étaient-elles inscrites dans des registres à part, où la raison de leur détention était
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indiquée. Il est certain que la mortalité était encore beaucoup plus élevée dans le camp des
femmes que chez les hommes et il est très vraisemblable que les décès de femmes étaient
inscrits dans d'autres registres. Cet enregistrement séparé peut se déduire notamment d'un
document du XX-WVHA (Wirtschaftsverwaltunghauptamt, Office central d'administration
économique), en date du 30 septembre 1943. En effet, d'après ce document, il mourut à
Auschwitz-Birkenau, au mois d'août de cette année-là, mille quatre cent quarante-et-un détenus
de sexe masculin et neuf cent trente huit de sexe féminin, soit en tout deux mille trois cent
quatre-vingts personnes. Or le Sterbebuch n·18, qui couvre la période du 29 juillet au 29 août
1943, ne comprend, lui, que mille quatre cent quatre-vingt-quatorze noms, c'est-à-dire, à peu de
chose près, ceux des morts du camp des hommes. Comme tous les camps étaient obligés
d'enregistrer tous les décès avec précision et de communiquer les chiffre mensuels au SSWVHA, il n'est pas douteux que les neuf cent trente huit femmes décédées ont toutes, ou
presque toutes, été inscrites dans d'autres registres.
Le nombre des décès dans le camp des femmes ne peut être calculé avec une certaine précision
que pour l'année 1943: il est d'environ dix-neuf mille. Pour 1942, on ne dispose pas de données
sûres mais, de toute façon, la mortalité était terriblement élevée, car de toutes les femmes
enregistrées entre le 26 mars et le 31 décembre 1942, il ne restait plus dans le camp, le 1er
janvier 1943, que cinq mille trois cent soixante-sept. Des neuf cent trente deux juives internées
pour motifs politiques durant l'année 1942,, il était mort sept cent vingt, c'est-à-dire 77%, à la fin
de l'année. Dans les trois premiers mois de 1944, le chiffre total des décès dans le camp
représentait à peu près 10% des effectifs moyens. Cela signifie qu'il ne peut pas être mort moins
de vingt mille détenues.
De ces chiffres résulte un nombre total d'environ cent quarante deux mille décès. Pour la période
qui suivit, jusqu'à la libération du camp en janvier 1945, on ne dispose pas de documents sûrs.
Une estimation prudente donne un total d'environ cent soixante à cent soixante-dix mille morts
parmi les détenus immatriculés.
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La crémation des humains
Comme les documents dont nous disposons ne concernent que les décès survenus parmi les
détenus immatriculés, ils ne nous permettant pas encore d'évaluer correctement le nombre total
des morts, car, selon la théorie de l'extermination, les gazés n'auraient jamais été immatriculés.
D'après la thèse de l'extermination, les corps des gazés étaient eux aussi brûlés. Nous devons
donc maintenant examiner si les installations crématoires d'Auschwitz-Birkenau pouvaient
incinérer les corps de toutes les victimes (détenus immatriculés morts de mort naturelle et
déportés hypothétiquement tués dans les chambres à gaz).
Il faut tout d'abord déterminer le nombre des êtres humains qui, selon l'hypothèse de
l'extermination, furent brûlés à Auschwitz-Birkenau.
5.2 Le nombre d'incinérations selon Jean-Claude Pressac
Dans son ouvrage Auschwitz. Technique and Operation of the Gas Chambers. (ATO), JeanClaude Pressac donne les chiffres suivants pour les corps incinérés à Auschwitz et Birkenau:
Lieu de crémation
Nombre
Référence
Crématoire I
10.000 incinérés
125
Crématoire II
400.000 incinérés
126
Crématoire III
350,000 incinérés
126
Crématoire IV
6.000 incinérés
127
Crématoire IV
15.000 incinérés
127
Crématoire V
157.000 incinérés 127,128
Total
938.000 incinérés
Ces chiffres concernent exclusivement les supposés gazés et ne comprennent pas les détenus
morts de mort naturelle, dont Pressac ne tient pas compte ici.
Dans son livre Les Crématoires d'Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse, Pressac
abaisse le nombre des supposés gazés à six cent trente mille, faisant disparaître comme par
enchantement non moins de trois cent huit mille gazés. Dans la traduction allemande parue chez
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La crémation des humains
Piper en avril 1994 sous le titre Die Krematorien von Auschwitz, le nombre des "gazés" est de
nouveau énergiquement abaissé, à savoir entre quatre cent soixante-dix et cinq cent cinquante
mille (p.202) Par rapport au premier livre, environ quatre cent mille gazés ont donc disparu sans
laisser de traces.
Dans la version originale (française) du second ouvrage, le nombre total des victimes (juifs gazés
non inscrits, détenus inscrits morts et prisonniers de guerre soviétiques) descend à sept cent
soixante-quinze mille ou, arrondi, à huit cent mille; dans la version allemande, il tombe entre six
cent trente-et-un et sept cent onze mille (p. 202). Dans son second ouvrage, Pressac diminue
aussi le nombre des corps incinérés en plein air en 1942: il l'abaisse de cent sept à cinquante
mille. Pour 1944, il ne donne cette fois aucun chiffre, de sorte que nous nous en tiendrons au
nombre antérieur: cinquante mille. Il résulte donc des chiffres donnés par Pressac que, sur les six
cent trente mille victimes des chambres à gaz, on en brûla environ cent mille en plein air et cinq
cent trente mille dans les crématoires. Ces victimes auraient été à peu près toutes tuées et
brûlées à Birkenau, car, si nous en croyons Pressac, il n'y eut dans le camp central que "très
peu" de gazages.
Avant de contrôler la vraisemblance de ces affirmations, nous devons faire une remarque
préalable. Pour arriver au nombre de six cent trente mille gazés, J.C. Pressac se fonde sur les
conclusions de F. Piper, le directeur du musée d'Auschwitz, mais en leur apportant quelques
changements importants. Nous pouvons démontrer que ces changements reposent en partie sur
des fautes de calcul et en partie sur des suppositions erronées de Pressac. La cause de celles-ci
est sans doute que Pressac a constamment le souci d'adapter le nombre des victimes
d'Auschwitz aux capacités des crématoires telles qu'il les tire de son imagination. Par manque de
place, nous renonçons à prouver notre affirmation ici et, dans la suite, nous adopterons les
chiffres de Pressac.
5.3 Le fonctionnement des crématoires de Birkenau
Le tableau que voici indique les périodes d'existence des crématoires de Birkenau:
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Période d'existence
Jours
Crématoire II du 15 mars 43 au 27 novembre 44 624
Crématoire III du 25 juin 43 au 27 novembre 44
522
Crématoire IV du 22 mars 43 au 7 octobre 44
566
Crématoire V
656
du 4 avril 43 au 18 janvier 45
crématoires II et III à eux deux: 1145 jours; crématoires IV et V à eux deux: 1.222 jours.
Toutefois, les fours crématoires Topf de Birkenau furent constamment sujets à des pannes, qui
causaient des interruptions d'activité fréquentes et parfois longues.
En 1943, le crématoire II fonctionna du 15 au 24 mars et du 18 juillet au 31 décembre, le
crématoire III du 25 juin au 31 décembre et le crématoire IV du 22 mars au 10 mai. Quant au
crématoire V, il est très vraisemblable qu'il fonctionna tout au plus jusqu'à l'entrée en activité du
crématoire III. Cela signifie moins de trois mois, du 4 avril au 24 juin.
On obtient ainsi le tableau suivant pour les temps d'activité et d'arrêt des quatre crématoires de
Birkenau en 1943:
Période
Existence Activité Arrêt
Crématoire II 15.3 - 31.12
292
177
115
Crématoire III 25.6 - 31.12
190
190
--
Crématoire IV 22.3 - 31.12
285
50
235
Crématoire V 4.4 - 31.12
272
82
190
1.039
499
540
Total
En outre, il est vraisemblable que du 21 octobre au 27 janvier 44, donc pendant une période 98
jours, certains fours des crématoires II et III aient été en arrêt à cause des réparations à vingt
portes de four.
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Pour 1944, les données dont nous disposons sont moins complètes. Le 3 avril, des ordres furent
donnés pour la "réparation de vingt portes" aux fours des crématoires II et III. La réparation fut
terminée le 17 octobre, soit cent quatre-vingt-seize jours plus tard. Entre le 20 juin et le 20 juillet,
on répara en outre "deux grandes portes de four et cinq petites". En 11943, le crématoire III avait
subi des dégâts irréparables et le crématoire V avait été lui aussi gravement endommagé.
Début juin 1944, on tenta de les remettre en état, comme cela ressort d'un ordre, daté du 1er
juin, pour la "réparation de trente portes de four" dans ces deux crématoires. Le 6 juin, les
réparations étaient terminées, mais le même jour, de nouveaux ordres étaient donnés pou des
"réparations nécessaires" dans les crématoires II à V. Les travaux cessèrent le 6 septembre.
Toutefois, s'il faut en croire Pressac, le crématoire IV fut utilisé à partir de fin mai 1944 comme
dortoir pour les détenus du Sonderkommando (commando spécial). On peut donc admettre que
le crématoire IV ne fonctionna pas du tout en 1944 et que le crématoire V fonctionna du début du
mois de juin au 18 janvier 1945, soit pendant deux cent trente jours.
Les durées de fonctionnement des crématoires de Birkenau pour 1944 et janvier 1945 peuvent
donc être récapitulées dans le tableau suivant. On notera qu'il n'y est pas tenu compte qui,
comme on l'a dit plus haut, affectèrent tel ou tel four.
Période
Jours Fonctionnement Arrêt
Crématoire II 1.1/27.11 1944 332
332
Crématoire III 1.1/27.11.1944 332
332
Crématoire IV --
--
Crématoire V 1.1.44/18.1.45 384
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--
--
--
227
157
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Les périodes d'inactivité de certains fours des crématoires II et III, causées par les réparations
qu'il fallut faire aux portes de ces fours, représentent environ soixante jours en tout. Nous
arrivons à ce total de la façon suivante:
- un four à trois moufles avait dix portes;
- vingt portes furent en réparation pendant deux cent quatre-vingt-quatorze jours et sept autres
portes pendant trente jours, ce qui correspond à dix portes inutilisables pendant six cents jours;
- dans les deux crématoires, il y avait en tout dix fours.
Nous pouvons maintenant calculer le nombre total des jours d'activité des crématoires de
Birkenau:
Jours d'activité
Crématoire II 509
Jours d'activité
Crématoire
IV
50
Crématoire V 309
Crématoire III 522 - 60 = 462
Crématoires II et III 971
Crématoires IV et V 359
D'après le Kalendarium d'Auschwitz, de Danuta Czech, le dernier gazage eut lieu le 30 octobre
1944. On aurait donc eu la possibilité de tuer des êtres humains pendant (971 - 28 [novembre] 28 [décembre]) = 915 jours dans les crématoires II et III et pendant (359 - 80) = 279 jours dans
les crématoires IV et V.
Entre la mi-mars 1943 et le 18 janvier 1945, on incinéra dans les crématoires de Birkenau les
corps d'au moins soixante-quinze mille détenus immatriculés. Si nous admettons que les quatre
crématoires y ont participé proportionnellement à leurs jours d'activité et au nombre de leurs
moufles quotidiennement disponibles, 85% environ des soixante-quinze mille corps (c'est-à-dire
environ soixante-trois mille sept cent cinquante) ont été brûlés dans les crématoires II et III et les
158% restants (environ onze mille deux cent cinquante) dans les crématoires IV et V. Cela
correspond à peu près à deux cent douze jours avec la plus longue durée possible d'activité
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La crémation des humains
(vingt heures par jour) pour les crématoires II et III et à soixante-dix jours pour les crématoires IV
et V.
En conclusion, même si les crématoires avaient fonctionné sans interruption pendant toute leur
durée d'activité, ils n'auraient pu brûler au plus que le nombre suivant de déportés non
immatriculés:
- crématoires II et III (915 - 212) jours x 360 corps par jour = 253.080 corps
- crématoires IV et V (279 - 70) jours x 192 corps par jour = 40.128 corps.
Au total, il aurait donc été impossible de brûler plus de 293.208 cadavres de gazés, c'est-à-dire
un peu plus de la moitié du nombre indiqué par Pressac.
Dès lors, la crémation des corps de tous les gazés qui, selon Pressac, auraient été incinérés à
Birkenau était impossible techniquement, déjà au seul point de vue du temps disponible.
5.4 Durabilité des matériaux réfractaires ("chamotte") des fours crématoires d'Auschwitz-Birkenau
En raison de l'échauffement qu'elle subit, la maçonnerie réfractaire d'un four crématoire est
sujette à une usure inévitable qui, à la longue, compromet gravement le fonctionnement de toute
l'installation. Pour les fours crématoires civils, la longévité de la maçonnerie réfractaire était, avec
les procédés de construction et les matériaux qu'on utilisait normalement dans les années trente,
d'environ deux mille incinérations, mais la firme Topf était parvenue à porter ce nombre à trois
mille.
Pour les fours Topf des camps de concentration, l'usure de la maçonnerie réfractaire posait des
problèmes plus graves, vu la masse plus réduite et la moindre qualité des matériaux réfractaires,
avec les procédés de construction et les matériaux qu'on utilisait normalement dans les années
trente, d'environ deux mille incinérations, mais la firme Topf était parvenue à porter ce nombre à
trois mile.
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Pour les fours Topf des camps de concentration, l'usure de la maçonnerie réfractaire posait des
problèmes plus graves, vu la masse plus réduite et la moindre qualité des matériaux réfractaires,
l'usage plus intensif des installations et enfin l'emploi d'un personnel constitué de détenus
inexercés ou hostiles à leur travail.
L'importance de es facteurs apparaît bien dans le cas du four bimoufle Topf de Gusen. Ce four
fut mis en service le 29 janvier 1941, mais était déjà endommagé après huit mois. Le 24
septembre, la SS-Bauleintung (direction SS des bâtiments) du camp de Mauthausen exigea de la
firme Topf "l'envoi immédiat d'un de vos spécialistes pour la réparation du four crématoire du
camp de Gusen". La société Topf envoya le monteur August Willing, qui avait installé le four.
Willing vint à Gusen le 11 octobre et se mit au travail le lendemain. De la "facture des journées
de travail fournies", il résulte que les travaux furent exécutés du 12 octobre au 9 novembre 1941.
Dans la semaine du 16 au 22 octobre, Willing remplaça la maçonnerie réfractaire du four en
soixante-huit heures de travail ("démolition du four et reconstruction de l'intérieur"). Pendant la
semaine suivante, il acheva en cinquante-deux heures de travail le revêtement de la maçonnerie
extérieure du four et fit un essai d'incinération. Il resta à Gusen jusqu'au 9 novembre pour mettre
le four au point et en surveiller l'utilisation.
De février à octobre 1941, il mourut au camp de Gusen trois mille cent soixante-dix-neuf détenus
en deux cent soixante-treize jours. Cela signifie que dans chaque moufle, on pratiqua environ
mille six cents incinérations (3.179 : 2). Cela confirme que la longévité moyenne de la
maçonnerie réfractaire d'un moufle était environ de deux mille crémations. Mais, même si l'on
admet que les fours aient été utilisés jusqu'aux limites de leurs capacités, la longévité de la
maçonnerie réfractaire ne pouvait dépasser trois mille incinérations.
Les quarante-six moufles des fours de Birkenau ne pouvaient donc incinérer qu'un maximum de
(46 x 3.000) = 138.000 corps. Après cela, on aurait dû les démolir pour remplacer leur
maçonnerie réfractaire.
Si Pressac était dans le vrai quand il suppose qu'outre les ± 100.000 détenus immatriculés dont il
est prouvé qu'ils furent incinérés après une mort naturelle, on brûla encore dans ces fours cinq
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cent trente mille gazés (voir 5.2), on aurait dû remplacer la maçonnerie des moufles (630.000 :
138.000 = environ 5 fois. Pour les seuls crématoires II et III, cela aurait exigé 320.000 kg de
matériaux réfractaires (abstraction faite de l'endommagement inévitable du revêtement réfractaire
interne des foyers), ce qui aurait demandé environ neuf mille heures de travail, si nous en
jugeons par la durée des travaux de Willing à Gusen.
De tels travaux auraient donné lieu à des montagnes de documents, mais dans l'importante
correspondance échangée par la firme Topf à la Bauleitung (direction des constructions), on n'en
trouve pas trace. Aucune indication de travaux aussi gigantesques, aucune allusion à une
exception près: une lettre de la firme Topf "un wagon de matériaux réfractaires". Ces matériaux,
dont la quantité permettait "la reconstruction d'un four", servirent "comme matériaux de
remplacement pour des travaux de réparation".
Les six moufles d'Auschwitz I pouvaient -- compte tenu de la réparation du matériau réfractaire
de deux moufles-- incinérer vingt-quatre mille corps. (3 fours à 2 moufles = six moufles; + 2
moufles après réparation = 8 moufles; à capacité maximum de 3.000 corps par moufle = 24.000
corps).
De ce qui précède, on peut conclure que les fours d'Auschwitz I et Birkenau pouvaient, à eux
tous, brûler environ (138.000 + 24.000) = 120.000 corps. Ce chiffre correspond avec précision au
nombre des détenus immatriculés dont la mort est prouvée. La combustion des supposés gazés
était donc impossible techniquement.
5.5 Le nombre des incinérations pour 1943: une évaluation par la SS.
Une note du 17 mars 1943, rédigée par la direction des crématoires "sur la base de
renseignements donnés par la firme Topf et fils" contient une évaluation de la quantité de coke
nécessaire aux quatre crématoires de Birkenau, et par là, implicitement, du nombre des corps à
incinérer. Comme cette note compte douze heures pour une journée de travail, il est possible de
calculer le nombre de corps à partir de la consommation de coke. Les 5.600 kg de coke prévus
pour les crématoires II et III correspondent à l'incinération de (5.600 : 20,3) = 276 corps
décharnés. Les 2.40 kg de coke prévus pour les crématoires IV et V correspondent à
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l'incinération de (2.240 : 15,5)= 146 corps. En tout, 422 corps. Toutefois, comme les fours sont
supposés ne fonctionner que douze heures par jour, et donc se refroidit pendant les douze
heures restantes, la consommation prévue comprend aussi la quantité de coke nécessaire à les
réchauffer.
du 26 au 30 octobre 1941, le four de Gusen brûla cent vingt-neuf corps, avec une consommation
moyenne de 37,2 kg de coke par crémation et une durée quotidienne d'activité de neuf heures.
Avec une durée d'activité de douze heures par jour, il aurait fallu environ 35 kg de coke par
incinération, ce qui correspond à peu près à 23,3 kg pour le four à trois moufles et à 17,5 kg pour
le four à huit moufles. Avec de telles consommations par corps, les crématoires II et III auraient
pu incinérer environ deux cent quarante corps et les crématoires IV et V cent trente corps; donc
environ trois cent soixante-dix corps en tout. L'évaluation faite dans la note signifie donc que l'on
prévoyait d'incinérer en moyenne trois cent soixante-dix corps décharnés d'adultes par jour.
Comme dit plus haut, la note date du 17 mars 1943. Il en existe une première version, datée du
12 mars, qui contient un calcul erroné. La note reflète donc le taux de mortalité à AuschwitzBirkenau en mars 1943. Des registres de décès (Sterbebuecher) de 1943, il résulte que, du 17
février au 18 mars, il mourut sept mille trois cent soixante-deux détenus, soit en moyenne deux
cent quarante-cinq par jour. Au camp de femmes, il mourut, en mars 1943, deux mille cent
quatre-vingt-neuf détenues, soit soixante-treize par jour. Le nombre quotidien moyen de décès
pour l'ensemble des détenus était donc environ trois cent vingt.
Toutefois, ce chiffre de mortalité comprend aussi le camp central d'Auschwitz, où il y avait trois
fours Topf bimoufles. Ils servaient à incinérer les corps du camp central et la note en question ne
les concernait pas. Du 1er au 17 mars, il est mort quatre cent quarante-sept détenus dans le
camp central, soit en moyenne vingt-six par jour. Le chiffre quotidien moyen de mortalité à
Birkenau était donc d'environ deux cent quatre-vingt-dix (320 - 26). Ce chiffre représente à peu
près 80% de l'estimation sur laquelle semble reposer la note. Cela signifie que cette estimation
partait de la mortalité réelle, plus une marge de 20%. Cette marge correspond à quatre-vingt
corps par jour. Pourtant, d'après le Kalendarium de D. Czech, on aurait gazé à Birkenau, en mars
1943, vingt-quatre mille cent cinquante personnes au total, soit environ sept cent quatre-vingt par
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jour en moyenne. Le 20 mars arriva à Auschwitz le premier convoi de juifs de Grèce. Jusqu'au 28
juin, il arriva encore treize autres convois, amenant en tout trente quatre mille neuf cent vingt-trois
déportés, dont vingt-six mille quatre cent cinquante trois auraient été gazés. S'il faut en croire le
Kalendarium, vingt mille quatre cent quarante-quatre personnes furent gazées en avril (soit en
moyenne environ six cent quatre-vingt par jour). Si ces gazages avaient vraiment eu lieu, le
nombre moyen des décès à Birkenau se serait élevé à mille soixante-dix par jour.
Cela prouve que l'évaluation faite dans la note en question concernait exclusivement
l'incinération de corps de détenus immatriculés et que la SS n'envisageait pas de brûler des
gazés.
5.6 Le nombre d'incinérés en 1943: la consommation de coke
Dans les archives du musée d'Auschwitz sont conservées des centaines de bons relatifs aux
fournitures de coke aux crématoires. Les quantités mentionnées dans ces bons ont été relevées
mois par mois par un membre du personnel du musée. Nous avons une liste des fournitures de
coke pour la période du 16 février 1942 au 25 octobre 1943.
J.C. Pressac a prouvé par un calcul que cette liste de fournitures est complète. Elle donne pour
1943 le tableau suivant:
Mois Coke (en tonnes)
Mois
Coke (en tonnes)
mars
144,5
juillet
67
avril
60
août
71
mai
91
septembre
61
juin
61
octobre
82
En septembre et en octobre furent fournis, outre le coke, 96 stères de bois au total. Le crématoire
II fut mis en service vers la mi-mars et le crématoire IV le 22 mars 1943.
A Auschwitz-Birkenau, il y eut, du 15 au 31 mars 1943, environ trois mille neuf cents décès dans
les camps des hommes (dont huit cent quatre-vingt-six dans le camp central) et environ mille
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deux cents décès dans le camp des femmes. Il s'y ajoute environ trois cent cinquante-huit décès
survenus du 1er au 14 mars 1943 dans le camp central. Il mourut donc au total environ cinq mille
cinq cents détenus, dont mille deux cent cinquante furent incinérés à Auschwitz et les quatre
mille deux cent cinquante autres à Birkenau.
Si nous supposons que la consommation de coke était la consommation maximale, celle qui
correspond aux corps décharnés, nous trouvons comme quantité totale de coke nécessaire
1.250 x 30,5 = 38.125 kg pour le crématoire I
4.250 x 18,5= 78.625 kg pour les crématoires II et IV
Consommation totale : 116.751 kg, arrondi: 117.000 kg.
Il reste donc (144.500 - 117.000) = 27.500 kg.
Pour le séchage du four, on se servait principalement de bois et ce n'était qu'à la fin qu'on
ajoutait de petites quantités de coke. Au crématorium d'Erfurt, le troisième four électrique Topf à
chauffage électrique fut séché à l'aide de 750 kg de bois.
Pour amener à leur pleine température les cinq fours bimoufles du crématoire III, il fallait environ
2.100 kg de coke et pour le four à huit moufles du crématoire IV environ 900 kg. Cela fait en tout
environ 3.000 kg. Si, pour la dernière phase du séchage, on joute encore au maximum 15%, on
arrive à une consommation totale de 3.500 kg.
Comme le nombre total de corps incinérés était environ 5.500, la consommation moyenne de
coke est d'environ 26,3 kg.
Examinons maintenant l'hypothèse des gazages massifs. Selon le Kalendarium d'Auschwitz,
treize mille huit cent vingt-six personnes furent gazées du 15 au 31 mars 1943. Puisque, comme
Pressac le confirme, on n'utilisait plus les "fosses de combustion" lors de la mise en service du
crématoire II, les 144.000 kg de coke fournis aux crématoires ont suffi, dans l'hypothèse des
gazages, à l'incinération de dix-neuf mille trois cents corps (cinq mille cinq cents détenus
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immatriculés = treize mille huit cent vingt-six prétendus gazés). Donc, pour un corps, il aurait suffi
de 7,5 kg, ce qui est impossible pour motifs de technique thermique.
L'impossibilité de la chose apparaît encore plus clairement si l'on tient compte de ce qui suit:
puisque l'incinération des morts immatriculés a nécessité au moins 120.500 kg de coke (117.000
pour l'usage normal + 3.500 pour le séchage), le surplus disponible de 26.000 kg aurait dû suffire
à la crémation des gazés, ce qui revient à 26.000 : 13.800) = environ 1,9 kg par personne!
La conclusion s'impose: la consommation de coke des crématoires d'Auschwitz-Birkenau en
mars 1943 prouve que seuls les corps des décédés immatriculés ont pu être incinérés et que, par
conséquent, il n'a pu y avoir de meurtres massifs.
Du 1er avril au 25 octobre 1943, quatorze mille cinquante décès, environ, sont notés dans les
Sterbebuecher. Pour la même période, il mourut environ sept mille huit cents femmes détenues,
de sorte que le nombre total de morts était d'environ vingt-et-un mille huit cent cinquante. Les
fournitures de coke pour cette période s'élevèrent à quatre cent quatre-vingt-dix-sept tonnes.
Cela fait en moyenne 22,7 kg de coke pour l'incinération d'un corps.
Le poids des 96 stères de bois livrés en septembre et en octobre devait être environ de quarantetrois tonnes. Si l'on admet que l'équivalent calorifique d'un kilo de bois est un demi-kilo de coke,
les quarante-trois tonnes de bois correspondent à 21,5 tonnes de coke. Nous pouvons donc
assimiler la valeur thermique des quantités fournies de coke et de bois à celle de (497 + 21,5) =
518,5 tonnes de coke. Il y a ainsi 23,5 kg de coke pour chaque corps, ce qui est comparable au
chiffre que nous avons obtenu pour mars (26,5 kg). Comme les quatre-vingt-seize stères de bois
furent livrés aux mois de septembre et octobre, les crématoires II et III, qui étaient alors les seuls
à fonctionner, ont brûlé avec ce bois (21.500 : 20,3) = environ 1.060 corps.
Le tableau suivant indique, pour les deux cent huit jours allant du 1er avril au 25 octobre, les
périodes de fonctionnement des différents crématoires et le nombre des décédés immatriculés
qui y furent incinérés:
Périodes
Jours Crématoires Nombre de morts Nombre totaux de morts
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1.4--24.06.43
I, IV/V
1.956/9.094
11.050
25.06--17.07.43 23
I, III
250692.094
2.300
18.07/25.10.43 100
II/III
8.500
8.500
Total
85
208
21.850
Comme consommation de coke correspondant à ces chiffres de décès, nous trouvons, en partant
des valeurs relatives aux corps décharnés:
Crémations Coke/corps (kg) Poids total de coke (kg)
Crématoire I
30,5
65.941
Crématoire II/III 10.594
20,3
215.058,2
Crématoire IV/V 9.094
15,25
138.683,5
TOTAL
2.162
21.850
420.0001222.i.
C'est la consommation minimale théorique, dans l'hypothèse où les moufles auraient fonctionné
tous les jours, dix-neuf sur vingt-quatre. Comme, en fait, on disposait en moyenne de vingt-qutre
moufles par jour et que le nombre quotidien de décès parmi les immatriculés était en moyenne
d'environ cent cinq, chaque moufle, dans l'hypothèse où seuls des morts immatriculés auraient
été brûlés, n'aurait fonctionné que quatre heures par jour environ. La consommation de coke par
crémation aurait donc été plus élevée que nous ne l'avons supposé, ce qui rapproche encore la
quantité totale calculée de la quantité réellement fournie. Il est également possible que les corps
ne fussent pas tous décharnés, ce qui contribuerait encore à rapprocher la quantité de coke
calculée de la quantité réellement fournie.
Occupons-nous maintenant des prétendus gazages massifs. D'après le Kalendarium
d'Auschwitz, les nombres d'êtres humains tués dans les chambres à gaz du 1er avril au 25
octobre 1943 sont les suivants:
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Mois Victimes
Mois
avril 20.444 août
mai
13.512 septembre
juin
7.158 octobre
juillet
Victimes
42.564
8.43
10.707
440
102.968
Si c'était vrai, on aurait, durant cette période, incinéré, avec 497 + 21,5 tonnes de coke, un
nombre de personnes égal à (102.968+ 21.850) = 124.818 -- en arrondissant : 124.800
personnes. La consommation de coke par corps aurait donc été de (518.500 : 124.800) = environ
4,1 kg. C'est évidemment impossible.
J.C. Pressac écrit que d'avril à octobre 1943, on incinéra dans les fours de Birkenau de 165.000
à 215.000 corps, ce qui représente une consommation de 3 à 2,3 kg de coke par corps.D
Puisque la crémation des 21.850 corps de détenus immatriculés exigeait au minimum 420.000 kg
de coke, les corps des 102.968 prétendus gazés auraient dû être brûlés avec les 98.500 kg
supplémentaires, autrement dit, avec 0,95 kg de coke par corps!
Ces quatre-vingt-dix-huit mille kg de coke, si l'on en retire les quatre mille deux cents nécessaires
au préchauffage des fours des crématoires II et III, pouvaient théoriquement brûler les cadavres
de six mille huit cents personne gazées dans ces crématoires.
5.4 Le nombre d'incinérés en 1944: la consommation de coke
D'après David Irving, des documents conservés aux archives de Moscou donnent les chiffres
suivants pour les fournitures de coke aux crématoires d'Auschwitz-Birkenau:
Crématoire Période Coke (t)
I 1.01.40/28.02.40 041,6
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1.03.41/31.10.41
166,4
01.11.41/31.01.42 093,6
16.02.42/28.02.43 395,5
I-V
15.03.43/31.10.43 568,0
II - III
01.01.44/27.11.44 923,0
TOTAL
2.188,1
Ces chiffres appellent les remarques suivantes:
1. Les fournitures du 16 février 1942 au 28 février 1943 pour le crématoire I (395,5 tonnes)
correspondent exactement aux quantités indiquées par les documents du musée d'Auschwitz.
Ces documents commencent précisément le 16 février 1942.
2. Les fournitures du 15 mars au 31 octobre 1943 pour les crématoires I à V (568 t) sont
inférieures de 39 t à celles qu'indique le musée d'Auschwitz (607 t).
3. Les fournitures du 1er janvier au 27 novembre 1944 pour les crématoires iI et III s'élevaient à
923 t. Du reste, le crématoire II n'entra en service qu'à la mi-mars 1943. Pour ces raisons, ces
fournitures ont été notées séparément, sans doute à partir du 1er janvier 1944.
4. Cela semble confirmé par les faits suivants. Les fournitures mensuelles moyennes pour la
période du 15 mars au 31 octobre 1943 (sept mois et demi) s'élevaient à (607:7,5) @ 81 t. Pour
la période du 1er janvier au 27 novembre 1944 (onze mois), elles s'élevaient à 923 : 11) @ 84 t.
On peut donc considérer que le fournitures indiquées pour 1944 sont complètes et comprennent
très vraisemblablement celles qui étaient destinées au crématoire V.
5. Il est probable que, comme en 1943, le chauffage au coke fut complété par un chauffage au
bois.
Si nous tenons compte des jours d'activité des crématoires II, III et V et du nombre de moufles
disponibles par jour en 1944, nous trouvons que la consommation de coke nécessaire à
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l'incinération d'un corps décharné était en moyenne de 20 kg. Donc, les 923 t de coke fournies
permettaient au plus de brûler (923.000 : 20) = 46.150 corps.
Si, avec plus de réalisme, on admet pour la période de mars à octobre 1944 une consommation
moyenne de coke de 24,2 kg par corps, on obtient (923.000 : 24,2) @ 37828 incinérations pour la
période de mars à octobre 1944. Cette hypothèse concorde bien avec l'estimation du nombre des
détenus immatriculés morts à Auschwitz-Birkenau de janvier à décembre 1944. Selon Pressac, le
chiffre de mortalité fut alors 36.000? Toutefois, il n'est pas exclu que, pour la crémation des
quelques milliers de corps, les fours aient été chauffés au bois.
Examinons maintenant l'hypothèse du meurtre massif. Du 1er janvier au 30 octobre 1944, le
nombre de jours d'activité se distribue comme suit, compte tenu des interruptions pour la
réparation des portes de fours: crématoires II et III: 563; crématoire IV: 146. Selon le Kalendarium
de D. Czech, on gaza, du 1er janvier au 30 octobre, au moins 522.000 personnes. Ces gazages
se répartissent comme suit dans le temps:
Période
1er janvier au 30 avril 1944
Gazés
environ 27.000
du 1er mai au 30 octobre 1944 environ 436.000
Dans la période du 1er mai au 30 octobre 1944, le nombre des jours d'activité des crématoires II
et III fut 331 et celui du crématoire V 146. Durant cette période, on brûla au moins 17.000 corps
de détenus immatriculés. Compte tenu des jours d'activité et des moufles quotidiennement
disponibles, ces crémations se répartissent comme suit: crématoires II et III: 13.600 (80%);
crématoire V : 3.400 (20%). Cela correspond à (13.600 : 300) = 45 jours d'activité maximale (20
heures) pour les crématoires II et III, et à (3.400 : 160) = 21 jours pour le crématoire V.
Dès lors, on aurait disposé, pour brûler les corps des prétendus gazés, de (331 - 45) = 286 jours
d'activité aux crématoires II et III et de (146 - 21) = 125 jours d'activité au crématoire V, ce qui
correspond à l'incinération de (286 x 360) = 102.960 corps de gazés. Les "fosses à combustion"
auraient donc dû brûler 395.000 corps.
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La crémation des humains
Si l'on admet (voir 3.3) une consommation moyenne de coke de 13,2 kg (avec diminution d'un
sixième en raison de la présence de corps d'enfants et d'adolescents), la crémation de ces cent
vingt-six mille neuf cent soixante corps aurait exigé environ 1.670 t de coke, en plus des 903 t
fournies. L'incinération des prétendus gazés était donc également impossible en 1944.
Il nous reste à nous demander si la quantité gigantesque de corps de prétendus gazés qui ne put
être brûlée dans les crématoire a pu être incinéré à Birkenau dans des "fosses à combustion",
comme le prétendent les témoins oculaires.
··6. Les "fosses crématoires de Birkenau"
6.1 Le témoin capital Filip Mueller
Le plus important témoin attestant l'élimination des cadavres à l'aide de fosses crématoires est
Filip Mueller, qui parle de cinq fosses, situées dans la cour nord du crématoire V. Sa description
est très prolixe. Nous en donnons ici l'essentiel.
Les deux fosses creusées avaient quarante à cinquante mètres de longueur, environ huit mètres
de largeur et deux mètres de profondeur. Toutefois, le grand centre d'extermination était encore
loin d'être fonctionnel. Après le gros du travail, il fallait encore exécuter les détails imaginés par
l'inventive et atroce fantaisie exterminatrice de Moll.
Avec son assistant Eckart, l'ingénieur en meurtres descendit dans une des fosses et traça une
bande large de vingt-cinq à trente centimètres au milieu de la fosse, dans le sens de la longueur.
Il fallait creuser le sol dans cette bande de façon à former un canal en pente légèrement
descendante à partir du milieu de la fosse et en direction de chacun des deux extrémités. Par ce
canal, la graisse des cadavres brûlant dans la fosse s'écoulerait vers deux collecteurs qui
devaient être creusés aux deux extrémités du canal."
Une fois ce travail exécuté, Moll descend dans la fosse pour tester la pente du canal avec un
seau d'eau. La pente se révèle insuffisante, le canal est relevé et, à l'essai suivant, l'eau coule le
long du canal vers le collecteur situé à l'extrémité. Mueller poursuit:
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"A l'aube, on avait mis le feu dans deux fosses, où peut-être deux mille cinq cents cadavres
étaient empilés. Deux heures plus tard, on ne pouvait déjà plus reconnaître les morts. Au sein
des flammes, d'innombrables cadavres desséchés et carbonisés gisaient les uns contre les
autres. Leur aspect noir et phosphorescent indiquait que le processus d'incinération était déjà à
un stade avancé. Le feu devait maintenant être constamment entretenu de l'extérieur, parce que
le bûcher qui, au début, dépassait d'environ cinquante centimètres le bord de la fosse, s'était
entre-temps affaissé en dessous de ce niveau.
Alors que, dans les fours crématoires, des ventilateurs activaient constamment la combustion
une fois que les corps avaient bien pris feu, les flammes ne duraient dans les fosses que tant que
l'air pouvait circuler entre les corps. Comme le tas de cadavres s`affaissait sans cesse et ne
recevait plus d'air de l'extérieur, nous, les surveillants du feu, nous devions continuellement
arroser la masse brûlante avec u pétrole ou du méthanol et avec la graisse humaine qui s'était
accumulée et bouillait dans les réservoirs aux deux extrémités de la fosse. Avec de longues tiges
de fer courbées à leur extrémité inférieur comme une canne, on puisait la graisse bouillante à
l'aide de seaux que nous prenions avec de gros gants. Quand on répandait la graisse à tous les
endroits possibles de la fosse, de grands jets de flammes s'élevaient en sifflant et en crépitant.
D'épais nuages de fumée montaient sans arrêt de la fosse. L'air sentait le pétrole, la graisse, le
benzol et la chair brûlée. [...]
Il y avait en outre environ vingt-cinq porteurs de corps dont la tâche était d'empiler les corps en
trois couches sur le combustible dans les fosses. Une quinzaine de chauffeurs devaient placer le
combustible dans les fosses, allumer le feu et l'entretenir en remuant constamment les cadavres
et en les arrosant de pétrole, de méthanol et de graisse humaine. Le commando des cendres
comptait environ trente-cinq hommes. Certains d'entre eux devaient retirer la cendre des fosses
et la transporter au dépôt de cendres. Les autres devaient pulvériser la cendre en marchant
dessus. [...]
Dans la troisième fosse, où on élevait justement un nouveau bûcher, on empila de vieilles
traverses de chemin de fer puis on les recouvrit d'une couche de branches de pin sèches. Les
porteurs de corps placèrent là-dessus quatre cents morts l'un à côté de l'autre en quatre rangées,
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le visage tourné vers le haut. La couche suivante était de nouveau du bois à brûler, recouvert lui
aussi de branches de pin sèches. Puis venait une nouvelle couche d'environ quatre cents corps,
placés eux aussi l'un à côté de l'autre en quatre rangées.
Après une nouvelle répétition de ces opérations, il y avait environ mille deux cents corps en trois
couches superposées. Entre-temps, l'équipe du feu avait placé, un peu partout dans les
interstices du bois à brûler, des chiffons et d'autres objets imbibés de pétrole et de méthanol pour
mettre le feu en route."
Le processus de crémation durait cinq ou six heures:
"Dans les deux autres fosses, il [le feu] s'était éteint entre-temps. L'incinération des cadavres
avait duré cinq ou six heures. Ce qui restait remplissait encore juste un tiers de la fosse."
6.2 Le procédé de combustion dans une fosse crématoire
Le système de combustion décrit par Filip Mueller et l'élimination des corps par ce moyen sont
impossibles pour des raisons de technique thermique. En effet, pour pouvoir être brûlés dans les
fosses décrites par Mueller, les corps auraient dû être empilés de façon serrée en alternance
avec du bois.
Comme, d'en bas, une telle pile ne reçoit pas du tout l'air indispensable à la combustion, et que la
convection de la chaleur et l'empilement serré ne lui permettent d'en recevoir qu'un peu d'en
haut, elle ne peut, dans le meilleur des cas, que brûler à petit feu. Dire qu'une fosse crématoire
ainsi conçue peut fonctionner efficacement au point de vue de la technique thermique revient en
somme à dire que, par exemple, un crématoire à foyer au coke pourrait fonctionner normalement
sans aucune ouverture pour l'arrivée d'air.
L'expérience montre que la combustion complète d'un corps dans un four crématoire n'est
possible que si l'apport d'air est suffisant. Pour une étude plus approfondie de ce sujet, on peut
se reporter à notre ouvrage principal.
6.3 La récupération de la graisse humaine
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Le point d'inflammation des graisses animales se situe aux environs de 184 degrés centigrades.
Cela signifie que les graisses animales, y compris la graisse humaine, brûlent à proximité d'un
feu ou d'une source de chaleur de 184 degrés centigrades ou plus. Donc, du bois brûlant
enflammerait sans aucun doute la graisse coulant des corps. Il suffit d'avoir vu fonctionner un
barbecue"e pour le savoir: bien vite, tout le gril émet des flammes claires.
Le système décrit par Filip Mueller est donc une pure absurdité et exclut toute récupération de la
graisse humaine.
6.4 Combustion réelle en plein air
John C.Ball, expert canadien en photos aériennes, a démontré que les vue aériennes
d'Auschwitz prises par les Alliés ne présentent pas le moindre indice de crémations massives
dans des fosses. Outre les raisons alléguées ci-dessus, nous avons énuméré dans notre ouvrage
principal des arguments supplémentaires contre la possibilité de crémations massives dans des
fosses ouvertes. Toutefois, cela ne signifie pas qu'on ne fit jamais à Birkenau de crémations en
plein air, soit sur des bûchers, soit dans des fours ouverts rudimentaires.
Il est certain que, fin 1941, quand la mortalité prit des proportions inquiétantes à Auschwitz, on
transporta beaucoup de cadavres à Birkenau, où ils furent enterrés dans des charniers. Selon le
Leichenhallenbuch, et le Totenbuch, il mourut en novembre 1941 mille trois cent cinquante-huit
détenus et trois mille sept cent vingt-six prisonniers de guerre soviétiques, donc cinq mille quatrevingt-quatre personnes en tout et, en moyenne, cent soixante-neuf par jour. A cette époque, il n'y
avait que deux fours dans le crématoire du camp central; ces fours pouvaient au plus brûler
quatre-vingt-quatre corps par jour et, en outre, ils étaient endommagés. Les fournitures de coke
au crématoire prouvent elles aussi que seule une partie des détenus décédés put être incinérée.
Du 1er novembre 1941 au 31 janvier 1942, le crématoire reçut 93,6 t de coke, ce qui, dans le
meilleur des cas, aurait suffi pour trois mille corps alors que, durant cette période, il mourut neuf
mille trois cent cinquante cinq détenus. Dans les mois qui suivirent, le crématoire vint
péniblement à bout d'incinérer les morts du camp central. Le 1er mars 1942, les prisonniers de
guerre soviétiques furent amenés à Birkenau. Le 6 août, on y amena aussi les détenus du camp
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des femmes, qui avait été ouvert le 26 mars. Du 1er mars 1942 au 28 février 1943, il mourut au
camp central quatorze mille cinq cent quinze détenus de sexe masculin, qui furent enregistrés
dans le Leichenhallenbuch, de même que quelques milliers de détenues. Pourtant, il ne fut fourni
au crématoire, durant cette période que 373,5 t de coke, qui permettaient au plus de brûler
environ douze mille deux cents corps. Les cadavres de tous les détenus morts à Birkenau furent
enterrés dans des charniers.
Dans les mois qui suivirent, la mortalité fut encore accrue par la terrible épidémie de typhus
exanthématique qui avait éclaté sous forme aigue en juillet 1942. En raison de cette épidémie, le
commandant du camp, Rudolf Hoess, ordonna le 23 juillet "un complet isolement du camp". On
enterra plusieurs milliers de victimes du typhus dans des charniers, ce qui rendit la situation
sanitaire de Birkenau encore plus désastreuse. On ne croit Pery Broad que trop volontiers quand
il écrit, fût-ce avec une certaine exagération de propagande, que les cadavres enterrés auraient
contaminé la nappe phréatique de toute la région, ce qui avait fait mourir beaucoup de poissons
dans les étangs des environs de Birkenau, surtout à Harmense. Et, en effet, c'est la
contamination non seulement de l'eau, mais aussi de la terre et de l'air par la ptomaïne qui avait
été un des arguments principaux des partisans de la crémation à la fin du siècle dernier.
A long terme, les SS d'Auschwitz luttèrent contre ce danger sanitaire en faisant les projets des
quatre crématoires de Birkenau (dont un, le futur crématoire II, avait déjà été conçu en octobre
1941, mais alors en vue du camp central) et en créant des installations efficaces de désinfection
et d'épouillage (le Zentralsauna, sauna central). A court terme, ils résolurent de déterrer les
cadavres et de les brûler.
La décision de construire les crématoires de Birkenau fut prise le 19 août 1942, à un moment où
l'épidémie de typhus tuait en moyenne deux cent soixante-dix détenus par jour sur une
population carcérale (en août 1942) d'environ vingt-deux mille hommes et dix mille femmes. Lors
d'une inspection du camp qu'il avait faite le 17 et le 18 juillet 1942, Himmler avait ordonné que la
capacité du camp de prisonniers de guerre de Birkenau fût portée de cent vingt-cinq mille à deux
cent mille. Dans ces conditions, il est clair que la capacité des crématoires de Birkenau (où la
note du 17 mars 1943 prévoyait une durée quotidienne d'activité de douze heures), à savoir cinq
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cent cinquante corps par jour, n'était pas du tout exagérée, puisque, lors des épidémies futures
auxquelles on pouvait s'attendre, le camp contiendrait trois ou quatre fois plus de détenus.
Sur l'ouverture des charniers et la crémation des corps qui y avaient été enterrés, on sait peu de
chose. Le 17 septembre 1942, le SS-Untersturmfuehrer Walter Dejaco, qui, avec son collègue
Hoessler, avait accompagné le commandant du camp, Rudolf Hoess, à Litzmannstadt (Lòdz) ,
rédigea un "rapport de déplacement" où il écrivait que le but du voyage avait été une "visite de la
Sonderlage (installation spéciale) et une conversation avec le SS-Standartenfuehrer Blobel sur la
construction d'une installation semblable." Cette Sonderlage était presque sûrement une
installation servant à brûler des corps en plein air. Dejaco signale en outre que les matériaux de
construction commandés "sur ordre spécial du Staf. Blobel" aux Ostdeutschen Baustaffwerken,
de Posen, devaient être livrés immédiatement à Auschwitz? En outre, la firme Schriver & co, de
Hanovre, avait dû livrer "un broyeur à boulets pour matières solides". C'était fort probablement
une machine à broyer les résidus de combustion. D'après le Kalendarium de Danuta Czech, la
crémation des corps déterrés commença le 21 septembre, ce qui est très vraisemblable, et finit
en novembre. On ignore de quelle façon ces corps furent brûlés. Il est possible que ce fût dans
des installations telles que Pressac en décrit, mais probablement moins rudimentaires et, de
toute façon, pas dans des "fosses crématoires". Les charniers se trouvaient presque
certainement au sud-est du "bassin de terre provisoire", près de deux cents mètres à l'ouest du
futur secteur B III de Birkenau, car les photos aériennes du 31 mai 1944 montrent dans cette
zone les traces de quatre immenses fosses parallèles (voir J.C.Ball, Air photo evidence).
La plupart des détenus morts entre le 23 septembre 1942 et l'ouverture des crématoires furent,
eux aussi, incinérés en plein air. Si l'on trouvait dans les environs de l'ancien camp de Birkenau
des traces d'une incinération massive d'êtres humains, cela ne prouverait nullement que des
meurtres de masse y aient eu lieu, et l'expertise "Hydrocop" n'a aucune force probante.
Traduit de la version allemande.
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ARTICLE 19 <Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit
de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans
considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce
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Déclaration internationale des droits de l'homme, adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU à
Paris, le 10 décembre 1948.
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Bûcher
Le bûcher est une forme de peine de mort qui consiste à brûler un condamné, attaché à un pieu
fiché en terre, avec du bois parfois complété de divers combustibles (paille, foin, cadavres de
porcs ou de chats, poix).
Les corps des hérétiques étaient souvent offerts au Saint-Esprit. Au sens religieux, le bûcher était
conçu comme une « flamme bénie » ayant un aspect purifiant (cf theosis, purgatoire).
Présentation
Sous l'Ancien Régime en France, il existait une multitude de modalités d'application de la peine
capitale, selon le crime et la condition du condamné : la décapitation à l'épée était réservée aux
nobles, la pendaison, le bûcher, la roue, pour les roturiers, l'écartèlement aux régicides. L'ancêtre
de la guillotine est le gibet, existant bien avant sa mise en œuvre pendant la Révolution
française.
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Particularités du bûcher
En ce qui concerne le bûcher, deux écoles existent :
Æ
sur la disposition du bois:
o
soit le bois, en fagots, est disposé autour du pieu, le condamné entrant alors
dans le bûcher, qui est refermé derrière lui;
o
soit le bois est entassé sur une certaine hauteur, et le condamné attaché audessus.
Æ
sur la qualité du bois:
o
le bois est vert, brûle mal : le supplicié meurt asphyxié (l'agonie est moins
cruelle);
o
le bois est sec: le supplicié meurt véritablement brûlé: il s'agit alors d'une
crémation (l'agonie s'avère insuportable).
En règle générale, le bourreau disposait une pile de bois autour des pieds et mollets du
condamné, complétée par des fagots de paille.
Le (la) condamné(e) était nu(e), - les beaux vêtements coûtant cher étaient récupérés par le
bourreau, les hardes jetées au feu, l'alimentaient - mais il arrivait aussi qu'il soit revêtu d'une
simple chemise enduite de soufre, qui augmentait ls brûlures (internes et externes) et accélérait
l'asphyxie.
Dans le cas d'exécutions collectives, le bûcher était de taille importante et la mort le résultat du
manque d'oxygène et de l'inhalation du monoxyde de carbone avant même que le feu ne
s'attaque au corps des victimes. Lorsque le bûcher était de taille plus modeste, le condamné
agonisait avant de mourir par arrêt cardiaque ou hémorragies.
Lire : http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%BBcher
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