Objet : Lettre ouverte à Jean-Claude JUNCKER, Président de la

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Objet : Lettre ouverte à Jean-Claude JUNCKER, Président de la
Paris, le 13 avril 2016
Objet : Lettre ouverte à Jean-Claude JUNCKER, Président de la Commission européenne.
Monsieur le Président,
La Commission européenne souhaite-t-elle en finir avec la production de viande bovine, au sein de l’Union ?
Est-elle favorable à la disparition de plusieurs dizaines de milliers d’emplois, à l’origine de services majeurs
rendus aux populations, aux territoires et à l’environnement ? A-t-elle pour ambition de détruire le modèle
d’élevage européen, majoritairement familial et herbager, et largement façonné par la Politique Agricole
Commune ?
Souhaite-t-elle proposer aux citoyens européens de ne consommer, demain, que des viandes issues de
l’importation et de systèmes de production répondant à des standards à l’opposé de leurs attentes sur le plan
sanitaire, environnemental, et bien-être animal ?
Si la réponse à l’ensemble de ces questions est OUI, alors, Monsieur le Président, la Commission européenne
fait effectivement preuve d’une cohérence regrettable en ouvrant un véritable boulevard aux Etats du
Mercosur – les principaux producteurs au monde de viande bovine à bas coût– et en leur permettant
d’abonder le marché intérieur, aujourd’hui autosuffisant, de 80 000 tonnes de viandes supplémentaires.
Tout comme elle le fit en accordant un contingent de viandes bovines au Canada dans le cadre du CETA et
qu’elle s’apprête à le faire pour les Etats-Unis à travers les accords bilatéraux en cours. Qu’importe qu’il
s’agisse de viandes bovines issues de gigantesques usines à viandes hors sol.
En revanche, si vous considérez que la Politique Agricole Commune et l’ensemble du Paquet réglementaire
encadrant la production de viande bovine en Europe ont encore un sens ; si la sécurité alimentaire, l’emploi et
l’aménagement du territoire constituent des enjeux prioritaires à préserver ; si les préférences sociétales en
matière de production de viande bovine doivent, selon vous, être prises en considération, … alors comment,
Monsieur le Président, pouvez-vous laisser votre Direction générale du Commerce détruire l’élevage européen
et l’ensemble des activités économiques en dépendant, à la seule fin de mener à bien sa stratégie
« Commerce pour tous » ?
Un slogan que nous souhaiterions que la Commission utilise davantage pour ouvrir des marchés aux
producteurs européens plutôt que d’ouvrir les vannes de l’importation.
Monsieur le Président, c’est la survie même de notre filière et la préservation de nos métiers qui se jouent,
actuellement, entre vos mains.
C’est pourquoi nous vous lançons aujourd’hui ce cri d’alarme : mettez fin à cette escalade de la
libéralisation de notre secteur ! Ne nous imposez pas la concurrence déloyale insoutenable de viandes
issues de systèmes de production aux standards fondamentalement opposés à ceux que nous nous
appliquons, en Europe, dans l’intérêt de nos consommateurs et citoyens européens.
Pour cela une seule solution : l’exclusion de la viande bovine du Partenariat Transatlantique de Commerce
et d’Investissement et de l’accord avec le Mercosur.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.
Le Président :
Dominique LANGLOIS