magazine en gros caractères

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MIEUX VOIR
magazine en gros caractères
Portrait
Dany Brillant
Basse Vision
La malvoyance
en trois points
Dossier
Entretenir l’amitié
avec d’anciens
collègues
Savoir
Inondations : la France
peut se protéger !
Médecine
LES BONS RÉFLEXES ET
LES GESTES QUI SAUVENT
AVC
JANVIER
MARS 2015
2011
N°N°
203
157
- 6,99 €
- 6,30 €
SOMMAIRE MARS 2015
6 PORTRAIT
42 FORME
Dany Brillant
5 bonnes raisons
de cajoler son foie
10 DOSSIER
Entretenir l’amitié avec
d’anciens collègues
16 HISTOIRE
Vos souvenirs
du débarquement
du 6 juin 1944
10
52 BASSE VISION
26 SAVOIR
60 JEUX
peut se protéger !
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Suède, la cuisine
du Grand Nord
Quand la violence
s’invite dans la famille
Inondations : la France
Mieux Voir
46 TOURISME
l
l
20 FAMILLE
6
l
l
Les professionnels
intervenant dans
le traitement de
la malvoyance
La malvoyance
en trois points
62 ANIMAUX
Mieux comprendre
l’épargne solidaire
Du chat sacré
aux chats du Bristol
32 MÉDECINE
64 CUISINE
l AVC : que faire ?
l Mieux comprendre
les génériques
Hachis parmentier
allégé
65 HOROSCOPE
66 ABONNEMENT
Principaux associés :
Maryse Verhille,
Alain Le Gall,
Guillaume Verhille.
Directrice de la publication,
responsable de la rédaction :
Maryse Verhille.
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ALLEMAGNE
52
CPPAP : N° 0512 K 89154
ISSN : 1281-0312
Dépôt légal : A parution
PORTRAIT
Dany Brillant fait partie de ces artistes français
qui interpellent. Sa voix, son style et son déhanché
sont clairement identifiés et reconnaissables entre
mille… Ses «modèles» se prénomment Serge
Reggiani, Yves Montand, Frank Sinatra ou encore
Charles Aznavour. Ses lieux de «perdition» collent
aux sonorités qui ont fait son succès, cabarets,
clubs de jazz et piano-bars, des lieux «habités» où
règne une véritable atmosphère. Dans Le Dernier
Romantique, Dany raconte une histoire d’amour en
dix tableaux, et veut nous faire redécouvrir le slow.
«Les années 1970 ont fait exploser le couple,
mais aujourd’hui c’est une notion qui revient en
force - y compris chez les gays.»
Propos recueillis par Akio Matsushima
© Dreamstime
«Le dernier romantique»,
c’est vraiment vous ?
Dany Brillant,
version crooner
4
Mieux Voir
Texte : Questions de Femmes N° 200
Oui ! Une fille dont j’étais
très
amoureux,
quand
j’étais au lycée Bergson,
m’a surnommé comme ça.
Je lui écrivais des lettres
hypersentimentales, ce qui
était considéré comme très
ringard. Ma fille me dit
que c’est pareil aujourd’hui
d’ailleurs !
Vous invitez votre
public à vous envoyer
des vidéos où ils
dansent le slow…
On peut encore envoyer
la sienne ?
Oui, n’hésitez pas 
! Mon
but, c’est d’inciter les gens
à oser. Il y a comme un blocage à faire passer. Quand
on prend quelqu’un dans ses
bras, on produit de l’ocytocine, l’hormone de l’atMieux Voir
5
PORTRAIT
tachement - la même que
développent les mamans
avec leur bébé. C’est quand
même pas mal !
Qui est le plus grand
crooner, à vos yeux ?
Malgré ma grande affection
pour la distance amusée de
Dean Martin, je dirais Sinatra.
Pour moi, c’est «the Voice»,
l’exemple à atteindre. Son
côté classe et voyou…
À quoi ressemble
la maison de
Dany Brillant, que
l’on ne voit jamais en
photo ?
Je vis toujours dans le Quartier Latin, dans un ancien
monastère, avec mes enfants… Je regrette l’évolution commerciale du quartier, comme Souchon, mais
il reste un charme quand
même. Chez moi, ce n’est
pas rétro, les seuls objets
auxquels je suis vraiment
attaché sont mes guitares.
6
Mieux Voir
La mode de
l’électroswing, ça vous
touche ?
J’ai une préférence pour
l’acoustique, depuis le début. Je suis un peu un puriste
avec ça. Si je veux écouter
«Swing, Swing, Swing», je
vais toujours vers la version
originale. J’ai le sentiment
que les instruments acoustiques traversent mieux le
temps. Il peut y avoir une
séduction des sons électro,
quelque chose qui accroche
bien l’oreille tout de suite,
mais ça se démode aussi.
Cela dit, si ça peut faire venir des jeunes vers les versions originales, pourquoi
pas… Le remix de «Tu vuo
fa l’Americano» a fait redécouvrir cette chanson, plus
que ma version.
Quand vous étiez ado,
avez-vous été inspiré
par le style de Matt
Bianco ?
J’ai adoré ! C’était vrai-
ment bien fait, avec les
harmonies vocales de Basia. Mais vous voyez, justement, c’est la partie électro-synthés de ce groupe
qui fait que ça n’a pas
duré, selon moi. À la même
époque, il y a eu aussi le
groupe Vaya Con Dios, et
puis «La Boîte de jazz»
de Jonasz… À travers ces
chansons, j’ai senti qu’un
retour de la musique que
j’aimais était possible.
On vous a vu chanter
avec votre fille Léa,
est-ce qu’elle veut être
artiste ?
J’ai mis trois mois à la
convaincre… Elle a une
belle voix, mais elle n’aime
pas être devant. Et connaissant les difficultés de ce métier, je ne la pousserai pas.
C’est trop anxiogène, et
encore plus pour une fille !
Il y a trop d’intermédiaires,
de gens qui vous jugent
sans vous connaître… Pour
l’instant, elle voudrait être
chef opérateur dans le cinéma, et ça me paraît très
bien.
Vous semblez isolé
sur la scène musicale.
Pourtant on pourrait
vous imaginer
collaborer avec
Sanseverino, Thomas
Dutronc, Pink Martini…
Par timidité - et peut-être
aussi par peur du rejet -,
je ne demande jamais rien,
je n’ai jamais proposé une
chanson à personne. Pourtant, c’est vrai qu’il y a aujourd’hui beaucoup plus
d’artistes qui me plaisent
qu’il y a quinze ans. Des
artistes étrangers ont repris
mes chansons 
: en Hongrie, une chanteuse nommée Myrtille en a sorti un
album entier. Il y a aussi eu
des adaptations en Turquie,
en Algérie… ça m’a fait très
plaisir.  n
Mieux Voir
7
FAMILLE
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a honte et n’ose pas en parler. Jusqu’au coup de trop.
«Je suis allée porter plainte
et je suis partie. L’affaire est
toujours en cours.»
Quand la violence
s’invite dans la famille
Comment faire face aux manifestations de violence au sein de l’univers familial ? Témoignages
d’internautes et conseils de la psychoclinicienne
Yvonne Poncet-Bonissol, auteure de Pour en finir
avec l’enfer familial*. PAR SARAH PETITBON
La violence au sein
du couple
Pendant longtemps, Nelly,
35  ans, a encaissé sans bron8
Mieux Voir
cher les insultes et les propos
humiliants de son conjoint.
«Une vinaigrette mal assaisonnée pouvait le mettre
Texte : Pèlerin N° 6877
dans une rage folle. Je mettais ça sur le compte de la
fatigue, du stress. Mon compagnon occupait un poste à
responsabilité, il rentrait du
travail souvent épuisé.» Un
soir, Nelly reçoit un premier
coup de poing. «Le lendemain, il s’est confondu en
excuses, me répétant qu’il
ne savait pas ce qui l’avait
pris. Il semblait si mal que je
lui ai pardonné.» Peu à peu,
les coups reviennent. Nelly
L’avis d’Yvonne
Poncet-Bonissol
Les auteurs de violences
conjugales prennent souvent comme alibi le stress, la
fatigue ou l’excès de travail
pour excuser leur attitude.
Peu importe les motivations
avancées, il faut réagir dès
le premier coup et affirmer
bien fort que ce geste est
absolument intolérable. Ne
pas hésiter non plus à poser
un ultimatum : «Si tu recommences une seule fois,
je pars.» Certaines femmes
victimes de ces violences
culpabilisent et imaginent
que ce qui leur arrive est de
leur faute. C’est une erreur
de penser cela. Rien ne justifie jamais de lever la main
sur son conjoint. Si cela se
reproduit, il faut inciter
Mieux Voir
9
FAMILLE
La violence à l’égard
de son enfant
Sophie est mère de deux petites filles. Elle avoue perdre
parfois le contrôle face à son
aînée de 6 ans. «Une fois,
j’étais tellement fatiguée et
énervée que je l’ai secouée
et lui ai mis la main sur la
bouche pour qu’elle se taise
et ne réveille pas sa sœur. Je
lui crie beaucoup dessus et
j’ai des paroles parfois dures
lorsqu’elle ne m’obéit pas.
En vacances, elle a fait un
10
Mieux Voir
parents. Perdre son sangfroid est donc perçu comme
un aveu de faiblesse. Face à
un enfant, l’adulte doit éviter d’imposer son autorité
par la force ou la violence, sinon il perd toute crédibilité.
D’autres modes de contrôle
sont à privilégier. En premier
lieu, le dialogue, bien sûr.
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son compagnon à se tourner vers des thérapies de
groupe. Dans certains cas,
la violence est une addiction, un engrenage, comme
l’alcoolisme. Partager son
expérience, se confronter
à d’autres hommes qui ont
connu les mêmes situations
peut permettre de s’en sortir. Quand la violence se
répète et qu’on se sent en
insécurité, il faut bien sûr
porter plainte.
énorme caprice et je me suis
mise en colère. Je l’ai à nouveau secouée. Je traverse
moi-même une période difficile. Je culpabilise énormément et me dis que je suis
maltraitante, une mauvaise
mère !»
L’avis d’Yvonne
Poncet-Bonissol
Sophie n’est pas une mauvaise mère mais elle doit rapidement prendre conscience
qu’elle est animée de pulsions qui la dépassent et
qui font sans doute écho à
son propre passé de petite
fille. Elle semble s’identi-
fier fortement à son aînée.
Peut-être est-elle elle-même
l’aînée de sa fratrie ? Peutêtre a-t-elle été secouée ou
maltraitée étant enfant ? Il
lui faut examiner sa propre
enfance et exhumer d’éventuelles souffrances enfouies.
Une fois la crise passée, il
est important de savoir s’excuser auprès de son enfant.
Pour éviter que ce type de
geste ne se reproduise, il faut
penser à changer de pièce
et passer le relais à un autre
adulte lorsque l’on sent la
colère monter en soi. En faisant un caprice, les enfants
testent les limites de leurs
La violence d’un
adolescent envers
ses parents
Au début, Sylvie pensait que
les crises de colère de Mathias, 14 
ans, passeraient
d’elles-mêmes.
Pourtant,
depuis qu’il est au collège,
cette mère de trois enfants
a le sentiment que la situation empire chaque année.
Elle a donc placé Mathias
en pension. «Mais le weekend, lorsqu’il rentre, c’est
l’horreur. Il refuse de se
plier aux règles familiales.
Si on lui demande de faire
ses devoirs ou de mettre la
table avant de jouer à des
Mieux Voir
11
FAMILLE
jeux vidéo, il entre dans une
colère folle et c’est une succession d’insultes, de coups
de pied dans les portes, de
projection d’objets qui sont
à portée de main. Maintenant, il profite de sa taille
d’adolescent pour que je
cède à ses caprices. Il s’est
mis à lever la main sur moi.
Parfois, mon mari doit le maîtriser physiquement pour
qu’il cesse. Avec son frère
et sa sœur (plus jeunes), il
joue au caïd et leur donne
des coups sans raison.»
L’avis d’Yvonne
Poncet-Bonissol
Cet enfant est dans la
toute-puissance. Il refuse
toute forme de frustration.
Il a sans doute été mis sur
un piédestal dans la petite
enfance et a développé un
caractère tyrannique. Ses
parents semblent avoir perdu toute autorité sur lui.
Dans un premier temps, il
est important de ne pas ré12
Mieux Voir
pondre à la violence car elle
n’est, en réalité, pas dirigée
contre les parents mais liée
à un sentiment d’insécurité et probablement à une
souffrance psychologique.
Les parents doivent chercher à dialoguer et à apaiser le jeune garçon. On peut
essayer de le faire sortir de
cette crise, de ce cataclysme
intérieur, en détournant son
attention sur autre chose «Tu sais qui vient ce weekend ?» Une fois l’accès de
rage passé, il est bon de revenir avec l’adolescent sur
ce qui s’est passé. Pendant
la crise, il subit sa violence
intérieure. L’inciter à mettre
des mots lui permettra de
reprendre le contrôle. Les
parents peuvent aussi envisager d’inscrire leur enfant à
un sport où il pourra se défouler, évacuer sa colère. Si
aucune de ces solutions ne
fonctionne, le recours à un
tiers (thérapeute, éducateur)
sera d’un grand secours.
La violence
dans la fratrie
Emma, 17 ans, a toujours
entretenu
une
relation
conflictuelle avec son frère,
de trois ans son aîné. Disputes, bagarres, insultes…
L’ambiance à la maison s’est
vite révélée étouffante. Pour
y échapper, Emma est partie en internat en seconde.
«Quand je rentre, les disputes reprennent de manière encore plus violente.
Ses réflexions, souvent humiliantes, me blessent et
me font partir en crise de
nerfs. L’autre jour, je me suis
jetée sur lui, je lui ai mis des
claques, je l’ai griffé, mordu,
bref j’ai passé mes nerfs sur
lui. Face à notre conflit, ma
mère reste impuissante.»
L’avis d’Yvonne
Poncet-Bonissol
Les conflits entre frères et
sœurs ont à voir avec la position que les parents leur
ont attribuée au sein de la
fratrie. Ici, le grand frère
semble être très jaloux de
sa sœur. Il ne lui laisse aucune place à la maison,
s’investit propriétaire des
lieux et impose ses directives. Les parents doivent
reprendre le dessus et s’imposer comme protecteurs.
Et s’impliquer dans la résolution du conflit qui mine la
relation de leurs enfants, en
leur faisant comprendre que
toute manifestation de violence, verbale ou physique,
est à bannir parce qu’elle
témoigne d’une incapacité à régler le conflit autrement que par l’élimination
symbolique de l’autre. Si le
dialogue ne fonctionne pas,
une autre solution consiste
à demander au frère et à la
sœur d’écrire ce qu’ils ont
envie de se dire. La lettre ou
le mail, en leur évitant toute
confrontation, contribuera
à apaiser les tensions.  n
*Éd. Chiron, 2014,
168 p.; 15 €.
Mieux Voir
13
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SAVOIR
Inondations
La France peut
se protéger !
Les récentes inondations qui ont affecté le Midi
ont rappelé à quel point la France est exposée à
ce risque. Mais sa fragilité n’est pas une fatalité.
Revue des mesures urgentes à généraliser pour
limiter les dégâts humains et matériels.
PAR VÉRONIQUE BADETS
L
e bilan des inondations
qui ont frappé la France
en 2014, de la Bretagne au
Midi est lourd : 24 morts et
au moins 1,6 milliard d’eu14
Mieux Voir
ros de dégâts matériels. Une
année exceptionnelle ? «La
fréquence de fortes pluies
dans le Sud a surpris, explique Stéphanie Bidault,
Texte : Pèlerin N° 6889
du Centre européen de prévention des risques d’inondation. En revanche, le fait
que l’ensemble du pays,
avec ses nombreux fleuves,
rivières et rivages maritimes,
soit aussi vulnérable aux
inondations ne devrait pas
nous étonner.» Selon une
étude réalisée en 2011, un
Français sur quatre vit dans
un territoire exposé à ce
risque. Mais trop peu en ont
conscience et savent quels
comportements adopter en
cas de crise. D’où des imprudences parfois mortelles,
comme celle commise dans
le Var fin novembre 2014
par cette maman qui, malgré des pluies diluviennes,
a pris sa voiture pour aller
chercher sa fille à l’école. Au
retour, toutes deux ont été
emportées par le courant…
Apprendre à vivre
avec le risque
«Il y a encore de gros progrès à faire en France pour
développer une «culture
du risque». Le but est d’apprendre à vivre avec les
inondations, plutôt que
les considérer comme une
fatalité face à laquelle on
serait impuissant», estime
Stéphanie Bidault. Une des
premières étapes consiste
à installer des repères de
crues pour garder une mémoire précise des inondations. Ces petites plaques
apposées sur les bâtiments
permettent de visualiser le
niveau d’eau atteint par une
crue remarquable. Ces éléments d’information sont
jugés si importants par l’État
que les communes devront
les installer si elles veulent
bénéficier du Fonds de prévention des risques naturels (dit «Fonds Barnier»).
Dans le bassin de la Meuse,
plusieurs communes qui se
savent vulnérables vont bien
plus loin dans la «culture
du risque». Tous les ans depuis 2006, avec l’aide de
Mieux Voir
15
SAVOIR
l’armée, habitants, élus et
pompiers y font des exercices «grandeur nature» qui
permettent d’apprendre les
gestes et actions à exécuter
face aux inondations.
Autre chantier qui permettrait en France de limiter le
coût humain et financier
des inondations 
: adapter
les logements situés dans
les zones les plus exposées.
«Une maison avec des cloisons en Placoplâtre, du parquet et des prises situées
près du sol sera beaucoup
plus longue à remettre en
service que celle qui a des
murs de briques, un système
électrique relevé et du carrelage», explique Freddy Vinet,
professeur de géographie et
spécialiste des inondations
à l’université de Montpellier III. «Dans toutes les maisons de plain-pied situées en
zone inondable, une pièce à
16
Mieux Voir
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Rendre les logements
moins vulnérables
l’étage devrait au moins être
aménagée pour servir de
refuge», souligne-t-il. Dans
le Gard, 35 communes du
bassin versant des Gardons
ont ainsi mis en place le programme Alabri : il aide les
particuliers, après un sinistre
survenu dans leur maison, à
réaliser ces aménagements
(et d’autres), qui leur permettront d’être moins vulnérables en cas d’inondations.
Maîtriser l’urbanisation
Le meilleur moyen de protéger les populations est encore d’éviter leur installa-
tion en zone inondable, via
la maîtrise de l’urbanisation
des territoires. Pour cela,
depuis les années 1990,
les communes peuvent se
doter de Plans de prévention de risques inondation
(PPRI). Ces documents, élaborés avec les services de
l’État, permettent de déterminer les zones peu, pas
ou très inondables… Et de
délivrer, en fonction, des
permis de construire. «Certains maires sont hostiles
à ces plans, qu’ils considèrent seulement comme
des contraintes freinant leur
développement, constate
Roland Nussbaum, responsable de la Mission risques
naturels, qui travaille pour
les sociétés d’assurances.
Alors que pour nous, assureurs, ils sont précieux car
ils permettent de limiter les
dégâts. » Heureusement, les
mentalités changent, et les
élus sont de moins en moins
réticents à adopter des PPRI.
Cette évolution est en partie
due à la prise de conscience
des risques judiciaires auxquels ils s’exposent en cas
d’inondations dramatiques.
Notamment depuis la tempête Xynthia, qui a causé la
mort de 29 personnes sur
le littoral vendéen et charentais en février 2010. Hasard de l’actualité : c’est le
12 décembre que sera rendu le jugement concernant
le procès de René Marratier,
l’ancien maire de La Fautesur-Mer (Vendée). Ce dernier risque quatre ans de
prison dont trois ferme…  n
Mieux Voir
17
BASSE VISION
Le professionnel
Sa mission
Le niveau de
prise en charge
Sa prise en charge est
assurée par l’assurance
maladie.
L’orthoptiste
Spécialisé dans la basse
vision, il vient rééduquer
la vue suivant la
pathologie détectée.
L’assurance maladie
prend en charge les actes
ayant fait l’objet d’une
prescription médicale.
L’opticien
Il donne accès à des
solutions d’aide à la
vision, avec un matériel
adapté tel que les loupes,
les télé-agrandisseurs.
Une prise en charge financière peut être demandée auprès de différents
organismes, notamment
la MDPH.
Les professionnels
intervenant dans le traitement
de la malvoyance
L’ergothérapeute
Intervenant au domicile
ou en institution, il vient
participer au maintien de
l’autonomie dans toutes
les activités, que ce soit
les tâches quotidiennes
telles que la réalisation
des repas et les soins,
ou les loisirs.
La Sécurité sociale ne
prend pas en charge ces
soins. Cependant, il est
possible de bénéficier
d’aides ou d’allocations
spécifiques, notamment
la PCH. Certaines complémentaires santé peuvent
aussi prendre en charge
le montant des séances.
La détection de la déficience visuelle est une
première étape, marquant le début de
l’accompagnement de la personne atteinte de
malvoyance, quel qu’en soit le degré.
Le psychomotricien
Il intervient dans la réadaptation en psychomotricité pour favoriser les
déplacements et l’autonomie. Toutefois, peu de professionnels sont spécialisés dans les spécificités
de la déficience visuelle.
L’assurance maladie ne
prend pas en charge les
séances, sauf cas particulier. Certaines complémentaires santé peuvent
prendre en charge le
montant des séances.
Le psychologue
Intervenant essentiel
dans le suivi de la malvoyance, il permet un
suivi du patient dans sa
perception et son acceptation de la perte partielle
de la vision.
À la différence de la
psychiatrie, les séances
en psychologie ne sont
pas prises en charge par
la Sécurité sociale.
Plusieurs structures
permettent toutefois de
consulter un professionnel, par exemple à l’hôpital, dans les services dédiés, ou dans les centres
médico-psychologiques.
La MDPH
Interlocuteur social
unique, cet organisme
permet toutes les démarches administratives,
notamment concernant
l’ouverture des droits, les
demandes de prestations
et de financement des
aides techniques.
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L’ophtalmologiste
Outre la détection de la
maladie, il est en charge
du suivi et de la mise en
place des traitements.
C
elui-ci se fait tant au niveau médical que social,
les deux étant indissociables
pour une prise en charge
adaptée et surtout efficace,
non seulement dans le traitement de la maladie, mais
aussi dans son acceptation.
Chaque intervenant dispose
18
Mieux Voir
alors d’un rôle spécifique
pour soigner, rééduquer, utiliser la vision conservée, ou
adapter l’environnement,
notamment.
Rôle et niveau de prise en
charge financière des principaux intervenants :
BASSE VISION
globale. Ceux-ci sont présents dans de très nombreux
départements :
Centres Basse Vision
Ces centres regroupent le plus souvent
ophtalmologistes, orthoptistes et
opticiens dans le cadre d’un service
hospitalier.
Établissements de Soin de Suite
ou de Réadaptation : SSR
Les centres spécialisés dans le
handicap visuel permettent une prise
en charge globale des patients.
Parmi les SSR existants figurent :
* L’institut ARAMAV à Nîmes
* Le CRDV Fondation Sainte-Marie à Paris
* L’ASEI Centre André Mathis à Saint-Gaudens
* La FIDEV à Lyon
* Le CRMBV à Angers
* L’Institut Montéclair à Angers
* Le SSR de Limoges
* Le SSR de Poitiers (St Benoit)
* Le SSR de Nancy
* Le SSR de Le Port (97)
Services d’Accompagnement
Médico-Social pour
Adultes Handicapés : SAMSAH
Les centres spécialisés dans l’accompagnement des déficients visuels sont :
SAMSAH ARRADV de Marseille
SAMSAH DV GIHP Aquitaine- Mérignac
Services d’Accompagnement à
la Vie Sociale : SAVS
Présents sur tout le territoire, ils ne
concernent que le volet social,
non médical.
Services d’Appui pour l’Emploi
des Déficients Visuels : SAEDV
Ces services sont spécialisés dans le
domaine de l’insertion professionnelle.
20
Mieux Voir
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Certains centres pluridisciplinaires permettent de
grouper les professionnels
pour une prise en charge
La malvoyance en trois points
S
ouvent confondue avec la
cécité, la malvoyance est
un état bien spécifique qui
vient altérer la vision de façon plus ou moins prononcée,
sans pour autant signifier une
perte totale de la vue. Pour
beaucoup de patients, il s’agit
alors d’apprendre à «voir autrement» en apprenant au
cerveau à analyser différemment les messages visuels qui
lui parviennent. Un exercice
qui est loin d’être simple et
qui nécessite certains équipements pour y parvenir.
La malvoyance concerne
aujourd’hui, en France, près
de 2 millions de personnes.
Quelles en sont les causes ?
Quelles solutions d’aide et de
prise en charge peuvent être
mises en place ? Quelques
éléments de réponse…
Quelles sont les
maladies à l’origine de
la malvoyance ?
La première cause de malvoyance en France est la
DMLA. Touchant principalement les personnes de plus
de 50 
ans, la dégénérescence maculaire liée à l’âge
concerne plus d’1 million de
Français. Ses symptômes sont
une altération du centre de
Mieux Voir
21
BASSE VISION
la vision, se traduisant le plus
souvent par l’apparition de
taches blanches venant altérer le champ de vision. Elle se
présente sous deux formes :
la DMLA dite humide et la
forme sèche. Cette dernière
est la plus courante, représentant 90 % des cas.
D’autres maladies sont également à l’origine de déficience
visuelle, parmi lesquelles :
l Le glaucome
Cette pathologie est la deuxième source de malvoyance.
Elle se caractérise par l’apparition de lésions au niveau du
nerf optique due à une pression du nerf optique. Sa particularité vient de sa détection souvent tardive, quand
les lésions sont irréversibles.
l La rétinopathie
diabétique
Elle concerne près de la moitié des personnes diabétiques
de type 2 et est due à une
fragilisation des vaisseaux
de la rétine, les capillaires,
22
Mieux Voir
en raison d’un taux de sucre
trop élevé. Ceux-ci finissent
par rompre, avec pour effet
des troubles visuels.
l La rétinite pigmentaire
Cette pathologie d’origine
génétique concerne 35 000
personnes en France. Elle
entraîne une perte lente de
la vision. Les premiers symptômes apparaissent le plus
souvent entre 10 et 30 ans.
Quels sont les
traitements disponibles ?
Les évolutions médicales permettent aujourd’hui de limiter
l’évolution de certaines maladies par des solutions autres
que médicamenteuses. C’est
le cas pour la DMLA avec un
traitement au laser pour coaguler les vaisseaux sanguins
anormaux, ou encore la thérapie photodynamique, toujours dans les cas de DMLA
humide. La technologie au
laser est également employée
dans le traitement de la rétinopathie diabétique.  n

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