Pimentée, Espelette devient une attraction basque

07 AOUT 13
Quotidien Paris
OJD : 122744
Surface approx. (cm²) : 318
N° de page : 17
16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE
75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65
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Pimentée, Espelette devient une attraction basque
AQUITAINE
Promu pour son
condiment, le village
gagne des habitants
mais se heurte à des
problèmes fonciers.
Pierre Etcheleku
— Correspondant à Bayonne
A Marseille pour épicer la
bouillabaisse, à Paris pour corser un sauté de veau, le piment
d'Espelette est de toutes les sauces désormais. Ce condiment a
sorti de l'anonymat un petit village du Pays basque, qui en est
devenu l'un des spots les plus
appréciés.
A 20 kilomètres au sud-est de
Bayonne, la localité appartient à
la province basque du Labourd et
abrite un peu plus de 2.000 âmes.
La population du village ne cesse
d'augmenter sous la poussée de
tous ces « néo » qui rêvent de
vivre à Ezpeleta (en langue basque). Son attraction est d'autant
plus forte que le foncier disponible y est rare, bien plus que les
projets immobiliers. Et ce ne sont
TISSAGE
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pas les lotissements prévus sur la
carte communale qui vont
résoudre la question : les candidats se bousculent.
L'agriculture fut longtemps
l'activité dominante de ce cheflieu de canton au pied du Mondarrain (749 mètres). Sans
oublier une tannerie qu'a faite
prospérer la famille Carriat,
dont la maison Hermès apprécie
les cuirs de luxe.
Naissance d'une filière
Tout a pris une nouvelle dimension avec l'attribution en 2000
de l'appellation d'origine contrôlée (AOC, maintenant AOP) à
« Ezpeletako biperra », le
piment d'Espelette. Depuis
longtemps, les maisons blanches à volets et toit rouges arboraient des cordes de piment
séchant au vent et au soleil.
Mais, avec le label, la culture a
gagné en extension : d'abord
comme activité d'appoint pour
des exploitants agricoles ou les
habitants du bourg et des communes environnantes incluses
dans la zone délimitée. Puis,
quèlques maisons y ont consacré tous leurs efforts, avec les risques de toute monoculture.
Ainsi, cette année, après les
pluies du printemps, nombre de
plants semés en février ont
pourri sur pied.
Selon le Syndicat du piment
d'Espelette, la filière génère
aujourd'hui un chiffre d'affaires c u m u l é de 9 millions
d'euros. Force de cet « or
rouge » qui se récolte à partir
d'août, c'est le seul piment
reconnu comme tel en France,
même s'il existe tout près des
condiments plus doux comme
le piment d'Anglet. En 2000,
55 producteurs avaient fourni
6 tonnes de poudre correspondant aux normes. Un total
porté à 68 tonnes en 2008 et à
HO tonnes l'année dernière.
Espelette dispose également
d'autres atouts : un animal fétiche (le pottok, petit cheval sauvage qui a sa foire les 26 et
27 janvier), une spécialité gastronomique avec le « axoa »
(des dés de veau avec un peu de
sauce, des oignons... et du
piment), un hôtel mythique
baptisé depuis 1955 Euzkadi.
Fort de tous ces attraits, le village frôle la syncope chaque
dernier dimanche d'octobre
quand des dizaines de milliers
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L'attribution
en 2000 de
l'appellation d'origine
contrôlée au piment
d'Espelette a sorti
le village basque
de l'anonymat.
d'amateurs et de curieux venus
de très loin accourent à la Fête
du piment. Ils étaient 30.000
lors de l'édition 2012. Et, dans ce
qui est devenu « un joli village
basque typique » pour les uns,
« le Lourdes du Pays basque »
pour d'autres, bien des entreprises du sud de l'Aquitaine ont
pris pignon sur rue : les chocolats Antton, les linges Artiga et
Tissages de Luz ainsi que, tout
dernièrement, Forge Adour et
ses inévitables planchas de
l'été. •
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L'effet d'entraînement des labels
Depuis treize ans, la filière
piment AOP a créé
650 emplois directs, dont 250 à
temps plein, selon le cabinet
Innovation et stratégie. L'Inao
estime qu'il y a une centaine
d'IGP et d'AOP dans la région
Aquitaine : vins d'Irouléguy
(1970), fromage Ossau-Iraty
(1980). Kiwi de l'Adour (2010)
et enfin le porc du Sud-Ouest
depuis cette année. La
production ou la
transformation doivent se
faire dans la zone de référence,
ce qui a provoqué depuis 1998
l'arrivée de groupes
salaisonniers européens dans
les pays de l'Adour pour y
élaborer du jambon de
Bayonne. Sur l'ensemble de la
France, les exportations liées
aux signes de qualité sont
estimées à 4 milliards.
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