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Retranscription de la question au Préfet de M. Bruno COUSEIN, Conseiller Général
du canton de Berck, sur les risques de submersion marine en Baie d’Authie et
réponse de M.Denis ROBIN, Préfet du Pas-de-Calais
Monsieur le Préfet, Monsieur le Président, mes chers collègues, dans le volet
environnement et développement durable du rapport d’activité des services de l’Etat figure
une présentation de l’action de l’Etat dans le département pour la préservation des milieux
aquatiques.
Cette présentation fait référence aux différents travaux en matière d’élaboration des
schémas d’aménagement et de gestion des eaux mais également de la mise aux normes de
certains ouvrages au titre du classement en faveur de la continuité écologique de certains
cours d’eau et affluents.
Parmi ces cours d’eau classés au titre de la continuité écologique figurent l’Authie, la
Canche et leurs affluents.
Par la présente intervention, Monsieur le Préfet, je souhaite mettre en exergue le cas de
la baie d’Authie et notamment le problème de la lutte contre la submersion marine. En effet,
la remontée des sédiments du sud vers le nord de la baie risque, si rien n’est fait de manière
urgente, de provoquer des conséquences majeures.
La première, humaine, puisque le banc sableux créé par la remontée de sédiments
rabat l’Authie sur la rive nord et crée ainsi une très forte érosion qui fragilise de jour en jour le
cordon dunaire, ultime protection des populations contre le franchissement conjugué de
l’Authie et de la mer.
Ce ne sont pas moins d’une centaine d’arbres qui sont tombés à la mer au cours des
dernières semaines, emportés par la marée vers Berck et Merlimont, et des centaines
d’hectares de bas-champs ainsi que de nombreuses habitations qui risquent un jour d’être
submergées.
La seconde, écologique et économique. La baie d’Authie actuellement en train de se
colmater par ce banc sableux risque de perdre sa maritimité et de ce fait toute la biodiversité
qui lui a valu son classement au titre de Natura 2000. Pour rappel, la baie d’Authie est l’une
des dernières en France à subsister à l’état naturel. Cela constitue indéniablement un atout
pour le littoral du Pas-de-Calais et un attrait touristique majeur.
Les conséquences de la perte de cette maritimité ne seraient pas sans effet non plus sur
le plan économique et humain. Il est donc nécessaire et primordial d’intervenir rapidement
pour lutter efficacement contre les risques de submersion marine dans la baie d’Authie afin
de préserver son intérêt faunistique, floristique et touristique, mais également de protéger les
personnes et les biens.
En ce sens, la Communauté de communes Opale Sud a conclu un partenariat avec le
Syndicat mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard qui gère la partie sud de la baie
d’Authie. Ce partenariat s’est concrétisé le 13 juillet dernier par la signature avec Monsieur
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DELPUECH, Préfet de région Picardie, d’un programme d’actions de prévention contre les
inondations, le PAPI de l’estuaire de la Bresle à l’estuaire de l’Authie.
Ce programme doit permettre de compéter les études de vulnérabilité du littoral picard et
du sud du Pas-de-Calais, de définir une stratégie d’intervention partagée par l’ensemble des
partenaires assortie d’un programme d’actions et de mettre en place une gouvernance
effective.
Deux ans sont nécessaires pour finaliser cette démarche et entrevoir les premières
actions concrètes. Deux ans, c’est très long au regard d’une situation qui se dégrade au
quotidien à la faveur des marées et des vents dominants.
Face à ce constat, il serait sans doute nécessaire de pouvoir constituer sous votre
égide, Monsieur le Préfet, une cellule de vigilance qui réunirait les élus, les collectivités
locales, les services de l’Etat, les représentants des associations des usagers afin de veiller
à l’évolution de la criticité de cette situation.
Par ailleurs, Monsieur le Préfet, en cas d’urgence avérée, pouvez-vous m’indiquer s’il
existe des dérogations permettant la mise en œuvre rapide d’actions conservatoires avant
que l’irréparable ne se produise ?
Je vous invite d’ailleurs, Monsieur le Préfet, lors d’une de vos prochaines visites dans
notre secteur à Berck, de visualiser la situation.
Je vous remercie de votre attention.
Réponse de Monsieur Denis ROBIN, Préfet du Pas-de-Calais
Monsieur le Préfet, rassurez Monsieur COUSEIN.
M. LE PREFET.- Monsieur le Président du Conseil général, la question des submersions
marines est importante dans le département du Pas-de-Calais et dépasse la baie d’Authie.
Je m’en suis emparé depuis ma prise de fonction et, régulièrement, c’est un sujet que nous
évoquons avec le Préfet de région.
Nous constatons que le foncier concerné est extrêmement morcelé entre un nombre
important de propriétaires, ce qui ne facilite pas la mise en place d’actions efficaces en tout
cas à la hauteur du risque qui pèse le long du littoral.
Des pistes de réflexion sont en cours pour essayer d’avoir une meilleure gouvernance
de ce sujet sur l’ensemble du Pas-de-Calais.
S’agissant plus particulièrement de l’Authie, comme le rappelait Monsieur COUSEIN,
l’Authie est soumise à deux aléas différents.
D’abord, la divagation du chenal de l’Authie, c’est un phénomène naturel qui conduit
actuellement à une érosion de la rive nord de la rivière.
Ensuite, le risque de submersion marine qui est identifié sur ce territoire par l’étude qui a
été pilotée par les services de la DREAL.
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Deux constats importants en la matière.
Premièrement, on ne gagnera jamais contre la nature. On peut prendre un certain
nombre de mesures, on peut encadrer, on peut prévenir, mais nous n’arriverons jamais à
lutter contre un phénomène d’érosion maritime.
Deuxièmement, on ne peut intervenir que sur un territoire pertinent, et cela renvoie à ce
que je vous disais en introduction sur la nécessité de trouver un système de gouvernance
qui nous permette de gérer ces sujets à grande échelle.
Je me réjouis, s’agissant de l’Authie, que les acteurs locaux aient su s’associer
étroitement avec le Syndicat mixte de la baie de Somme Grand littoral picard pour travailler à
la mise en place d’un programme d’actions de prévention contre les inondations, un PAPI,
parce que c’est incontestablement la bonne démarche et que c’est par là qu’on devait
commencer.
En ce qui concerne le cas particulier du bois des Sapins, dont vous avez dit qu’un grand
nombre d’arbres tombaient régulièrement, il est indéniable que celui-ci subit une érosion qui
est due non seulement aux effets de la divagation mais aussi aux effets de la mer et du vent.
L’analyse des différents facteurs qui engendrent cette érosion et surtout les éventuelles
actions correctives de prévention doivent être envisagées avec tous les éléments de
l’interaction sur l’ensemble de la zone côtière et c’est là la difficulté. L’échelle du PAPI est
sans doute la plus pertinente.
Bien sûr, Monsieur COUSEIN, l’Etat reste vigilant sur cette question mais je voudrais
dire avec beaucoup de force et de conviction qu’il faut se garder de croire que seule
l’intervention rapide, simple et conservatoire, mettra fin instantanément aux phénomènes
naturels. Des actions d’urgence ont déjà été menées par mon prédécesseur. On peut en
envisager mais ce ne sont pas elles qui règleront les problèmes de fond qui se posent à
nous.
J’ai bien noté votre invitation, je n’ai pas souvent l’occasion de me rendre dans cette
région du département. C’est donc avec beaucoup de plaisir que je viendrai constater moimême la question de la divagation de l’Authie.
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