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KILLING CAR
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Titre original : KILLING CAR
Autre titre : FEMME DANGEREUSE, LA
Année : 1993
Nationalité : France
Acteurs : Tiki Tsang, Frédérique Hayman, Jean-Jacques Lefeuvre, Karine Swenson, Jean-René Gossard,
Karine Hulewicz, Pascal Montsegur, Oum Dierryla, Samuel Tastet, Morgan Buquen, Jean-Pierre Bouyxou,
Anissa Rohmer, Maurice Rohmer, Fabienne Beze & Jean-Loup Philippe
Réalisateur : Jean Rollin
Scénario : Jean Rollin
Musique : Philippe Bréjean
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Une mystérieuse jeune femme (Tiki Tsang) assassine des
personnes qui n´ont aucun lien apparent entre elles. Elle signe
ses meurtres d´une petite voiture qui semble apeurer les
victimes, et intriguer fortement le jeune flic qui mène
l´enquête, épaulé par un coéquipier proche de la retraite.
KILLING CAR (aka LA FEMME DANGEREUSE, sortie
cinéma en 1993), est l´un des films les plus récents de Jean
Rollin. Ce dernier a développé, durant les années 80
(PERDUES DANS NEW YORK, LES TROTTOIRS DE
BANGKOK) une thématique parallèle à celle de ses films de
vampires : action, érotisme, décors urbains… qu´on retrouve
dans KILLING CAR (l´action y est omniprésente, plans de
coupe dans les rues de New York, Paris …) mêlée à des scènes
plus «classiques» (le meurtre des deux trafiquants, dans une
maison isolée, à la campagne).
L´intrigue de ce film, tourné en une dizaine de jours, éloigne
Rollin de ses rivages habituels : la place de la voiture, sa
trivialité, l´ouverture du film dans une casse, c´est là le centre
du film (dont le titre se fait l´écho). La scène d´amour dans la
voiture, où les raisons de la vengeance sont enfin dévoilées,
évoque de façon lointaine le thème et le traitement de CRASH
de Cronenberg. Le monde onirique, fantastique de Jean Rollin
est perverti par la présence de plus en plus forte du quotidien et
de ses objets symboles.
KILLING CAR n´est pas un film d´horreur. Ce métrage
oscille entre le roman-feuilleton et le polar. Sa filiation est
donc autant littéraire que filmique : l´histoire s´organise en
cinq séquences de meurtre tranchées par l´apparition récurrente
de l´héroïne posant de façon mélancolique sur son yacht ;
chaque séquence apporte son (faible) lot d´informations
menant à la résolution finale et met en scène un aspect de la
personnalité de l´héroïne. Le choix narratif de ne pas dévoiler
d´emblée la cause de la vengeance fonctionne ; c´est d´ailleurs
le principal intérêt du film.
Film noir, KILLING CAR l´est par son intrigue, mais aussi
par ses personnages. Policiers, prostituées, maquereaux ou
danseuses de strip-tease semblent tout droit sortis de quelque
série TV allemande (le son en prise directe renforce
évidemment l´analogie entre le film et une série TV) ; les
actrices n´hésitent pas en plus à se dénuder, comme de
coutume chez ce cinéaste. Seule l´héroïne trouve grâce aux
yeux du réalisateur : Rollin fait de ce personnage, une tueuse
vengeresse, un personnage énigmatique, puissant et déterminé,
pour laquelle il n´y a plus de bien et de mal, prête à toutes les
compromissions pour obtenir sa vengeance, rappelant (de loin)
les flics de John Woo ou certains personnages de Charles
Bronson.Les scènes de meurtre ne brillent pourtant pas par leur
côté spectaculaire, puisqu´elles reposent toutes (ou presque) sur
une fusillade, et Rollin n´excelle pas vraiment dans le
traitement de l´action. Les séquences illustrant la vengeance
lassent vite par leur aspect répétitif .
Rollin fait pourtant preuve de ses qualités de réalisation dans
la meilleure séquence du film : deux receleurs sont attirés par
l´héroïne dans une ferme ; elle pourchasse l´un et sa petite
amie, puis les tue et les stocke dans une remise. Le suivant
arrive, lui aussi en charmante compagnie. Il s´installe pour la
nuit, peu rassuré, et le couple finit assassiné au revolver pour
lui, à la fourche pour elle. Image de la faucheuse, meurtre à la
fourche (enfin, l´héroïne pose son arme à feu !) dans une ferme
perdue à la campagne, lumière sombre et profonde, plans
subjectifs, Rollin convoque pour cette séquence ses fantômes
(FASCINATION, LES RAISINS DE LA MORT) et réalise un
moment de cinéma intense. Le furtif regard caméra de la
victime, qu´on peut bien sûr taxer une nouvelle fois de
maladresse, appelle le spectateur de façon subliminale, le fait
pénétrer dans cette scène d´éventration, morceau de bravoure
d´un film assez terne pour le reste. A part dans cette séquence,
le rythme, si particulier, du cinéaste semble laissé de côté, ou
du moins ne fonctionne pas avec la même efficacité que dans
ses films des années soixante-dix ; restent quelques réflexes
quant aux couleurs et aux lumières (surtout dans la séquence
sus-citée). L´ambiance pourrait fonctionner parfois : il manque
peu de chose, une bande son plus soignée peut-être, une
musique moins mélancolique que la partition de piano de
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Philippe Bréjean, un peu plus de conviction.
Ce disque fait partie de la collection Jean Rollin qui compte
une dizaine de titres édités par L.C.J. et distribués en VPC. Le
transfert est loin d´être parfait et l´image subit très
régulièrement des sautes et un assaut de tâches auxquelles les
pratiquants du cinéaste sont habitués : le travail de l´éditeur est
cependant correct, on pouvait craindre bien pire (!). Le DVD
propose une image au format 4/3 au ratio 1.33:1.
Les disques de la collection offrent tous les mêmes bonus et
utilisent la même présentation. Les bandes-annonces font un
rapide tour du meilleur de Jean Rollin (ou du moins du plus
marquant) mais on peut regretter qu´elles soient presque
identiques sur tous les disques : elles sont enchaînées en un
seul programme heureusement chapitré, ce qui permet l´accès
direct à une bande annonce. Même remarque pour l´interview,
proposée en ratio 1.77:1, qui apporte néanmoins quelques
précisions intéressantes sur le travail de Rollin, et sur la
perception qu´il a de son oeuvre.
KILLING CAR est donc loin d´être un des meilleurs films
de Jean Rollin, même s´il possède quelques passages
savoureux. Il met en scène encore une fois Jean-Pierre
Bouyxou (acteur chez Franco dans FEMALE VAMPIRE, chez
Rollin dans LA MORTE VIVANTE… scénariste des LES
RAISINS DE LA MORT) et Jean-Loup Philippe (LEVRES DE
SANG) que l´on retrouve avec plaisir.
Jérôme Peyrel
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