Programme de Cantates
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Programme de Cantates
CANTATES CANTATES MUSIQUE DE CHAMBRE mardi 25 et jeudi 27 mars à 13h ANDRÉCAMPRA Énée et Didon, second livre Élodie Fonnard, dessus Reinoud Van Mechelen, haute-contre Victor Sicard, basse FRANÇOIS COUPERIN « La Française » de la suite pour instruments Les Nations 8 Musiciens des Arts Florissants William Christie, direction et clavecin MICHEL PIGNOLET DE MONTÉCLAIR Pyrame et Thisbé, second livre Introduit en France par Charpentier, le genre de la cantate s’épanouit au Siècle des Lumières sur des sujets profanes et donne lieu à de véritables opéras miniatures. Les grands contemporains de Rameau y excellent et, l’ayant précédé sur la scène lyrique, méritent d’être représentés dans ce festival. Concert sans entracte, durée : 50 min environ Concert enregistré et retransmis sur France Musique le 21 avril 2014 à 14h La forme de la cantate française évolue jusqu’au programme que nous proposent aujourd’hui Les Arts Florissants. En effet, chacune des deux cantates programmées s’inspire, à sa manière, de l’opéra et dépasse ainsi le cadre d’une interprétation chambriste. Jean-Jacques Rousseau, dans son Dictionnaire de Musique paru en 1768, faisait d’ailleurs remarquer qu’une cantate, « bien que faite pour la chambre, doit recevoir du musicien la chaleur et les grâces de la Musique imitative et théâtrale ». En 1768, la cantate a déjà une belle fortune. La vogue du genre et son plein épanouissement se situent dans les trente premières années du XVIIIe siècle. La dramaturgie de la cantate française peut apparaître au premier abord comme un exercice ludique : composer « pour la chambre », à partir de quelques vers sur un sujet profane amoureux, mythologique ou chevaleresque, une suite d’airs et de récitatifs, sans préoccupation « dramatique », en suivant un schéma précis directement inspiré de la cantata italienne. Le genre italien est défini par Sébastien de Brossard dans son Dictionnaire de Musique en 1701 : « CANTATA, au pluriel Cantate. On commence à rendre ce terme François par celui de Cantate. C’est une grande pièce, dont les paroles sont en Italien, variée de Récitatifs, d’Ariettes et de mouvements différents ; pour l’ordinaire à voix seule et une basse continue souvent avec deux Violons ou plusieurs Instruments, etc. Quand les paroles sont de piété ou de morale, on les nomme Cantate morali ò Spirituali ; quand elles parlent d’amour, ce sont Cantate amorosè, etc… » En 1703, le poète Jean-Baptiste Rousseau, désireux de voir ses vers mis en musique sur le modèle de la cantata, invite le compositeur Nicolas Bernier à composer Diane. Le « schéma type » ainsi posé comporte l’alternance de trois récitatifs avec trois airs. Les récitatifs permettent une progression narrative, les airs sont l’occasion d’une pause dans la diégèse sur un mode méditatif. Des premiers, Jean-Baptiste Rousseau indique qu’ils sont « le corps », et des seconds qu’ils sont « l’âme » de la cantate. Le dernier air est souvent l’occasion d’une « morale ». André Campra (1660-1774) fait le lien entre Lully et Rameau. Au début du XVIIIe siècle, alors que s’accentuent les antagonismes entre les musiques française et italienne, il parvient à concilier les deux esthétiques dans son œuvre abondante. Sa carrière, vite parisienne, est double. D’une part, il consacre une part importante de sa production à la musique sacrée, officiant un temps comme maître de musique à Notre-Dame de Paris puis à la Chapelle royale de Versailles. D’autre part, il s’affirme comme un pilier de l’Opéra (Académie royale de musique), chef d’orchestre puis inspecteur, et compositeur à l’origine du succès public de l’opéra-ballet à la fin du règne de Louis XIV et sous la Régence. Auteur de trois livres de cantates publiés entre 1708 et 1728, Campra est l’un des principaux artisans du développement du genre en France. Dans l’Avertissement de son premier livre (1708) il exprime le souhait de faire de la cantate un manifeste en faveur des « goûts réunis » mêlant « la délicatesse de la musique Française avec la vivacité de la musique Italienne ». Dans les deuxième et troisième livres (1714, 1728), il oriente ses cantates vers le drame. Ce sont Antoine Danchet (1671-1748) et Louis Fuzelier (1672-1752), tous deux hommes de théâtre, qui lui fournissent ses textes. André Campra tisse des liens privilégiés avec ses librettistes, à tel point que Danchet dira de lui en 1743 : « tous les enfants de mon imagination sont aussi les siens ». Composée sur un texte de Fuzelier, la cantate Énée et Didon paraît en 1714 avec le sous-titre de « fête musicale » dans le Livre II (n°6). Elle illustre la tendance du genre à tirer vers l’opéra et s’ouvre sur une violente scène de tempête qui se poursuit jusqu’au duo initial entre les deux protagonistes de l’Énéide. Sur une proposition de Fuzelier, Campra se distingue des compositeurs de son temps en évitant le topos de la Didon abandonnée et en achevant sa pièce sur un duo heureux. François Couperin, dit le Grand (1668-1733), est le membre le plus éminent de la dynastie Couperin, clavecinistes et organistes à Paris. Attaché à l’église SaintGervais et maître de clavecin à la cour, il est réputé pour ses compositions destinées au clavier puis à la musique de chambre, dont il est un grand promoteur. En témoigne son fameux recueil de concertos Les Goûts réunis, publié en 1724 « à l’usage de toutes les sortes d’instruments », donc pas destinées à des instruments précis, ce qui facilite son appropriation par tous types d’interprètes. Dans ce registre, son génie de la construction assure la xxxxxx diffusion internationale de son œuvre. Si l’opéra est une source d’inspiration pour Campra qui signe près d’une vingtaine de titres lyriques, c’est moins le cas pour Charles Pignolet de Montéclair (16671737), compositeur d’une seule œuvre lyrique. Il s’agit de Jephté, tragédie biblique créé en 1732 à l’Académie royale de Musique sur un livret de l’abbé Pellegrin, auteur qui deviendra l’année suivante le librettiste de Rameau pour Hippolyte et Aricie. Compositeur de musiques de chambre et de motets, Montéclair publie trois livres de cantates entre 1709 et 1728. Pyrame et Thisbé est extraite du Livre II (n°6) publié en 1717. C’est au genre de l’oratorio que le compositeur emprunte le personnage du narrateur, « l’historien ». Cantate la plus longue et la plus dramatique de Montéclair, elle est écrite pour trois voix (soprano, haute-contre et baryton), violon et continuo. Son auteur la décrit ainsi : « Quoiqu’il y ait beaucoup plus de vers dans la cantate suivante que dans aucune de celles que j’ai faites, j’ose me flatter qu’elle ne paraitra pas plus longue. J’en ai retranché les répétitions ordinaires dans ces sortes d’ouvrages, à quoi j’ai suppléé par une variété qui peut être ne déplaira pas. Elle est moitié Épique, moitié Dramatique. Ce qu’il y a d’épique est chanté par une basse-taille qui représente l’historien, et ce qui est Dramatique doit être exécuté par un dessus et une [sic] haute-contre qui représenteront les personnages agissants ». BIOGRAPHIES WILLIAM CHRISTIE Claveciniste, chef d’orchestre, musicologue et enseignant, William Christie est le pionnier de la redécouverte en France de la musique baroque, révélant à un très large public le répertoire français des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa carrière a pris un tournant décisif en 1979 quand il fonde Les Arts Florissants. À la tête de cet ensemble instrumental et vocal, il renouvelle l’interprétation d’un répertoire jusqu’alors largement négligé ou oublié. Il connaît une véritable consécration publique avec Atys de Lully à l’Opéra Comique en 1987. Avec Les Arts Florissants, il aborde aussi la musique italienne ou anglaise avec Purcell et Handel, et va jusqu’à s’immiscer chez Mozart et Haydn. La formation et l’insertion professionnelle des jeunes artistes sont également au cœur de ses préoccupations, révélant plusieurs générations de chanteurs, d’instrumentistes et de chefs. En 2002, il fonde Le Jardin des Voix, une académie dont les lauréats entament rapidement une brillante carrière internationale. Depuis 2007, le programme Arts Flo Juniors permet à des étudiants de conservatoire d’intégrer l’orchestre et le chœur pour le temps d’une production. Depuis 2007, William Christie est aussi artiste en résidence à la Juilliard School de New York où il donne des master-classes en compagnie de musiciens des Arts Florissants. Passionné d’art des jardins, il a créé en 2012 un festival, Dans les Jardins de William Christie. Ces rencontres musicales en Vendée réunissent Les Arts Florissants, ses élèves de la Juilliard School et les lauréats du Jardin des Voix pour des concerts et des promenades dans les jardins qu’il a créés à Thiré. William Christie a acquis la nationalité française en 1995 et a été élu en 2008 à l’Académie des Beaux-Arts. Il a été officiellement reçu sous la Coupole de l’Institut en 2010. ÉLODIE FONNARD DESSUS Révélée en 2011 par le Jardin des Voix de W. Christie, elle étudie aux conservatoires de Caen et d’Alençon avec A. Buet. Diplômée en Musique Ancienne (CRR de Paris), elle fait ses débuts à 17 ans au Théâtre de Caen dans La Périchole d’Offenbach. Depuis elle s’est produite avec Le Concert d’Astrée d’E. Haim (The Fairy Queen), Le Poème Harmonique de V. Dumestre (Cadmus et Hermione), Les Arts Florissants de W. Christie dans Atys, Dido and Aeneas, Acis and Galatea, Actéon, David et Jonathas. Parallèlement à sa carrière de chanteuse lyrique, elle intègre la compagnie de théâtre Soleil de Nuit (Bouteille(s) à la mer d’après J. Prévert, Zazie dans le métro de R. Queneau). Parmi ses projets : La Petite Messe solennelle avec le Chœur Aedes, et Daphnis et Eglé avec les Arts Florissants. REINOUD VAN MECHELEN HAUTE-CONTRE Il fait ses études de chant au Conservatoire Royal à Bruxelles. En 2007, il participe à l'Académie Baroque Européenne d'Ambronay, où il incarne Plutus dans Le Carnaval et la Folie de Destouches (dir. H. Niquet). Il est très vite sollicité comme soliste, collaborant avec des ensembles tels que Il Gardellino, l'Arpeggiata, Ausonia, Poème Harmonique, Ludus Modalis, B'Rock, Ricercar Consort et l'European Union Baroque Orchestra. De 2011 à 2013, il est membre du Jardin des Voix, et interprète en tournée le rôle de Zéphir dans Atys avec les Arts Florissants. Sa collaboration avec Les Arts Florissants ne cesse de s'intensifier depuis et l'a notamment conduit au Festival d'Aix en Provence, au Festival d'Edinbourg et au Château de Versailles. VICTOR SICARD BASSE Il étudie la musicologie à l’université de Tours avant d’intégrer la Guildhall School of Music and Drama, et au National Opera Studio (NOS), Londres. Lauréats de nombreux prix, il interprète A Midsummer Night’s Dream, Rita et Die Lustigen Weiber von Windsor, Der Zauberfllöte, Pélléas et Mélisande ou The Rape of Lucretia. En oratorio, son répertoire comporte Carmina Burana, Ein Deutsche Requiem, La Petite Messe solennelle, Theresa Mass ou Nelson Mass. Passionné par le récital, il se produit avec sa pianiste et partenaire A. Cardona en Europe et à l’étranger (Wigmore Hall, Barbican Hall, le Chipping Campden Festival, etc.). Il est membre du Jardin des Voix 2013. Cette saison, ses projets incluent Dido and Aeneas au Festival de Thiré, une tournée européenne avec le Jardin des voix, ses débuts à l’Opéra de Linz (Die Fledermaus), le Requiem de Mozart au Royal Albert Hall. LES ARTS FLORISSANTS Dessus de violon Myriam Gevers, Sophie Gevers-Demoures / Viole Juliette Guignard / Flûte traversière Serge Saitta, Directeur musical fondateur William Christie Directeur musical adjoint et chef associé Paul Agnew Chef associé Jonathan Cohen Ensemble de chanteurs et d'instrumentistes voués à la musique baroque, fidèles à l'interprétation sur instruments anciens, Les Arts Florissants sont, dans leur spécialité, l'une des formations les plus réputées. Fondés en 1979, et dirigés depuis lors par le claveciniste et chef d'orchestre W. Christie, ils portent le nom d'un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier. L’ensemble a joué un rôle pionnier pour imposer dans le paysage musical français le Grand Siècle français, mais aussi la e e musique européenne des XVII et XVIII siècles. Depuis Atys de Lully à l’Opéra Comique en 1987, recréé en 2011, c’est la scène lyrique qui leur a assuré les plus grands succès (Les Indes galantes, Hippolyte et Aricie, Les Boréades, Les Paladins, L’Allegro, il Moderato ed il Penseroso, King Arthur, Didon et Enée, The Fairy Queen, La Flûte enchantée, L’Enlèvement au sérail). En résidence privilégiée depuis vingt ans au Théâtre de Caen, Les Arts Florissants présentent chaque année une saison de concerts en région Basse-Normandie. L’ensemble assure en même temps une large diffusion nationale, tout en jouant un rôle actif d’ambassadeur de la culture française à l’étranger (Arts Flo junior, Jardin des Voix). En 2013, les Arts Florissants ont lancé leur propre label discographique : les Éditions Arts Florissants. Les Arts Florissants sont soutenus par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Caen et la Région Basse-Normandie. Ils sont en résidence au théâtre de Caen. IMERYS, leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie, et ALSTOM, groupe mondial dans le transport ferroviaire et les équipements de production et de transmission d'électricité, sont Grands Mécènes des Arts Florissants.