Auschwitz (Mémoires de l`horreur) ici et maintenant

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Auschwitz (Mémoires de l`horreur) ici et maintenant
Auschwitz (Mémoires de l'horreur) ici et maintenant
Par Ruben Darío Salazar
Traduit par Alain de Cullant
Número 09, 2015
La Galerie Provincial Pedro Esquerre, de la ville de Matanzas, expose actuellement
l'exposition personnelle Auschwitz (Mémoires de l'horreur), de l'artiste Ariel
Balmaseda. Connu principalement pour ses travaux photographique, pleins de
symbolismes, de jeux avec les concepts minimalistes et de métaphores aiguës sur la
réalité environnante, ce retour d'Ariel dans les salles d'exposition présente une tournure
inattendue dans sa carrière. Cette fois il ne se sert pas d'images capturées avec son
propre objectif, mais de photographies historiques sur la Seconde Guerre Mondiale pour
nous parler d'un hier qui a des échos maintenant.
Le dilemme de l'antagonisme mémoire/oubli est placé devant les yeux du spectateur à
travers des photos grand format, manipulées avec les yeux scrutateurs de la vie, jamais
de la mort, des photographies crues, révélatrices d'un drame qui a affecté le monde pour
toujours. Les œuvres, travaillées numériquement par Ariel, causant non seulement un
impact purement culturel par le biais d'un minutieux traitement technique, mais qui
avivent les valeurs éthiques de l'être humain avec ce qui concerne l'holocauste juif, un
fait inexplicable et criminel où la pensée absurde et la haine raciale des nazis ont vaincu
la raison.
Des Juifs, enfants, adultes et personnes âgées, sont montrés dans un état de
dépérissement, qui, pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire des camps de
concentration et d'extermination comme Auschwitz, pourraient ressembler à des images
de films d'horreur, saturées d'effets spéciaux. La société contemporaine va si vite que
l'on oublie le nécessaire et que l'on donne de la force au banal. C'est là où le matériel
provenant d'Internet choisi par Balmaseda atteint, par le biais des filtres et des effets
plastiques de photoshop et d'autres programmes, un résultat contondant allant au-delà de
la dénonciation nécessaire, mais fait revivre des faits passés regrettables qui se répètent
avec d'autres procédures actuellement.
Avec une sensibilité engagée avec la race humaine, cette exposition ne parle pas au
passé mais au présent et au futur. La mémoire émotionnelle est présentée sous la forme
d'une œuvre d'art pour émouvoir, accuser, faire frémir. Dès l'accès à la salle d'exposition
on est reçu avec la célèbre affiche de bienvenue des sites de massacres et de travail «
Arbeit macht frei » (le travail libère). Un fil de fer barbelé graphique entoure toutes les
œuvres, dans un montage aussi net qu'essentiel dans son discours de la ligne
d'exposition. Des corps sans vie, empilés comme s'ils étaient des déchets, des corps
maigres, la tristesse, le désespoir, la folie, tout ce que nous ne devons pas oublier.
Auschwitz (Mémoires de l'horreur) nous fait entrer dans un domaine où il est impossible
de tirer un trait sur ce qui s'est passé, mais parie pour que ceci ne se répète jamais plus.
Parmi toutes les photos on souligne le visage innocent d' Annelies Marie Frank
Hollander, mieux connue sous le nom d'Anne Frank. Anne, renaissante grâce à Ariel
comme un ange accusateur dans l'exposition. Anne, qui a laissé un témoignage littéraire
reflétant les plus incroyables cruautés. Perdue derrière les fils de fer barbelés de son
camps de la mort. Une belle Anne, toujours avec la force de crier pour la vie. Tout ceci
et plus place l'artiste devant les yeux de ceux qui ne valorisent peut-être pas ce qu'ils
ont.
La fermeture du chemin de l'exposition montre une photo de jeunes néo-nazis. Il n'y a
aucun travail de manipulation technique sur la photo. C'est l’œuvre la moins artistique.
C'est la réalité telle quelle, comme une grossière exhibition de la folie du monde.
Il y a eu un jeune garçon présent à l'inauguration qui m'a demandé avec une certaine
naïveté coupable « pourquoi l'artiste parle-t-il de ce thème ? » Il ne savait peut-être pas
le cas des jeunes étudiants disparus d'Ayotzinapa, au Mexique, des bombardements
israéliens journaliers sur le territoire palestinien, des afro-américains assassinés par la
propre police de leur pays... la plus récente exposition d'Ariel Balmaseda nous parle de
tout ceci et pas seulement des crimes commis envers la population juive par les
fascistes.
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