Nouveaux phénomènes migratoires au Laos : l`exode
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Nouveaux phénomènes migratoires au Laos : l`exode
http://www.reseau-asie.com Enseignants, Chercheurs, Experts sur l’Asie et le Pacifique Scholars, Professors and Experts on Asia and the Pacific NOUVEAUX PHÉNOMÈNES MIGRATOIRES AU LAOS : L’EXODE RURAL VERS LES VILLES NEW MIGRATION PATTERNS IN LAOS: THE INCREASE OF URBANITY Vanina Bouté Université de Picardie Thématique A : Dynamiques migratoires, enjeux postcoloniaux Theme A: Migration dynamics, post-colonial challenges Atelier A 08 : Dynamiques migratoires et logiques communautaires en Asie Workshop A 08: Migratory dynamics and communitarian logics in Asia 4ème Congrès du Réseau Asie & Pacifique 4th Congress of the Asia & Pacific Network 14-16 sept. 2011, Paris, France École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville Centre de conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes © 2011 – Vanina Bouté Protection des documents / Document use rights Les utilisateurs du site http://www.reseau-asie.com s'engagent à respecter les règles de propriété intellectuelle des divers contenus proposés sur le site (loi n°92.597 du 1er juillet 1992, JO du 3 juillet). 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Any opinions expressed are those of the authors and do.not involve the responsibility of the Congress' Organization Committee. NOUVEAUX PHÉNOMÈNES MIGRATOIRES AU LAOS : L’EXODE RURAL VERS LES VILLES Vanina BOUTE Université de Picardie Les mobilités des populations sont un des traits caractéristiques de l’histoire de la Péninsule indochinoise. Deux formes de mobilité étaient récurrentes : celles nées de dynamiques propres aux populations, ancrées dans des habitudes culturelles (recherche de nouveaux sites propres à l’essartage, ou de localités auspicieuses, déplacements d’un village à la suite de malheurs répétés, etc.) et, d’autre part, des déplacements répondant à des conflits locaux ou régionaux (Goudineau, 1997). Les guerres, qui engageaient parfois les populations locales, pouvaient entraîner la fuite de populations et/ou la prise en captivité de populations, déplacées sur le territoire des vainqueurs (ce pouvait même en être l’objectif premier, Tambiah, 1976 : 122). Dans la première moitié du 20ème siècle, les principaux mouvements de populations sont également associés à la guerre, à celle d’Indochine, puis à celle du Vietnam : le Laos est ainsi marqué par des déplacements de populations qui touchent, à l’échelle du pays, plus de la moitié des villages (Goudineau, 1997 : 11). Dans les années 1960 et 1970, dans le contexte de “libération” du pays, apparaissent de nouveaux types de mouvements migratoires qui, à la différence des précédents, sont planifiés par l’administration révolutionnaire à des fins de développement : de nombreux villages de montagne des zones “libérées” sont incités à se déplacer dans les basses terres afin de développer la culture du riz inondée. Dans les années 1990, ces déplacements de populations commencent à être organisés à l’échelle nationale et entraînent des relocalisations massives de villages transférés dans les plaines ou le long des routes – une politique qui devait toucher en 2000 environ un million de villageois, soit près d’un quart de la population totale du pays (Goudineau 2000 : 26). Dans la décennie qui suit, au nom d’une politique de développement rural articulée autour de la création de zones focales de développement, les villages sont déplacés et regroupés en bord de route afin de faciliter le développement et la commercialisation de cultures commerciales (thé, hévéa, café, maïs, etc.) ; d’autres sont évacués pour permettre l’aménagement d’infrastructures de taille importante (barrages, mines, concessions) liées, le plus souvent, à des investisseurs étrangers. Atelier A 08 / Dynamiques migratoires et logiques communautaires en Asie Nouveaux phénomènes migratoires au Laos : l’exode rural vers les villes Vanina Bouté / 2 Il est enfin, depuis ces deux dernières décennies, et de façon concomitante avec les déplacements forcés, un phénomène nouveau par ses fondements et son ampleur, les migrations rurales vers les centres urbains. Le recensement de 2005 du Laos estime à 20% la part de population au Laos ayant migré ces dix dernières années en dehors de son district de naissance. Ce chiffre, déjà très élevé, est sans doute bien en deçà de la réalité car il ne prend pas en compte les migrations à l’intérieur d’un district où s’opèrent, généralement, les déplacements forcés, ainsi que les migrations des villageois vers les chefs-lieux de district ou les capitales de province. Dans le contexte actuel d’une mobilité paysanne importante, liée non seulement à des politiques nationales (avec des déplacements au bord des axes routiers, des regroupements de plusieurs villages afin de constituer des unités administratives plus importantes), mais aussi à l’attractivité économique de certaines provinces – en raison de l’ouverture des frontières et de l’implantation croissante d’investisseurs étrangers –, deux phénomènes nouveaux apparaissent : le développement de nouveaux centres urbains, et une migration rurale importante à destination de ces localités urbaines. Entre 2005 et 2010, le taux d’accroissement urbain a été de 5,6%, un chiffre supérieur à l’accroissement de la population au niveau national qui est de 1,8%, et largement supérieur à l’accroissement de la population en zone rurale qui est de 0,1% et qui, à lui seul, pourrait illustrer cette déperdition des campagnes pour les villes1. L’objectif de cette communication est, à partir de recherches ethnographiques, de présenter et de contextualiser ces deux phénomènes, qu’il faut penser ensemble. Peu d’études ont été consacrées aux villes au Laos ; il s’agira dans un premier temps de mettre au jour les processus de constitution sociologique de ces villes. On verra ainsi comment les départs, volontaires, des paysans d’aujourd’hui sont liés aux réseaux nés de la première vague migratoire d’enfants de paysans qui se sont engagés dans la fonction publique de la jeune RPD Lao dans les années 1970 et ont rejoint les villes de province. On s’attachera, ensuite, aux spécificités des migrations paysannes contemporaines vers les villes en montrant leurs causes et les multiples stratégies que les migrants mettent en place pour préparer leur départ ; les difficultés auxquels ils sont confrontés – selon les périodes, selon leur profil – au moment de leur intégration. 1 Selon les chiffres des Nations Unies (http://data.un.org). Atelier A 08 / Dynamiques migratoires et logiques communautaires en Asie Nouveaux phénomènes migratoires au Laos : l’exode rural vers les villes Vanina Bouté / 3