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Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr DOSSIER 20 UN ACCOMPAGNEMENT EN TROIS TEMPS Sur les 261 000 entreprises créées chaque année1, moins d’un tiers d’entre elles ont bénéficié d’un accompagnement. Or, cet accompagnement leur garantit de bien meilleures chances de réussite que leurs consœurs non accompagnées. Projet, financement, suivi : le point sur les trois volets de l’accompagnement. Pour mener à bien cette clarification du projet, l’accompagnateur utilise notamment : l’étude de marché : le porteur doit avoir une idée précise de sa clientèle, de ses besoins et de ses attentes. L’accompagnateur doit lui apporter une méthodologie adaptée ; l’étude du modèle économique : il s’agit d’étudier la cohérence des éléments économiques du projet (par exemple le prix en fonction des clients et des fournisseurs) et de les corriger au besoin. Conseils techniques L e sujet n’est pas nouveau. Depuis la création de l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise par le gouvernement de Raymond Barre jusqu’au récent dispositif NACRE, les politiques publiques de l’emploi se sont mobilisées pour appuyer les créateurs d’entreprise dans la formalisation et le financement de leur projet. Ces politiques ont pu s’appuyer sur un réseau d’associations dynamiques, inscrites dans les tissus socio-économiques locaux. Très concrètement, ces réseaux apportent leur soutien aux créateurs afin de rendre leur projet réalisable. Cet accompagnement, nécessaire pour tout projet économique, qu’il soit sous statut commercial ou associatif, comporte trois volets : le montage, le financement et le suivi. PHASE 1 : AIDE AU MONTAGE DU PROJET L’objectif de l’accompagnement au montage est à la fois d’aboutir à un projet économiquement viable et de le formaliser via un plan d’affaires. Il se présente en trois parties. Formalisation du projet Il s’agit ici de préciser les contours de l’activité et de vérifier la cohérence avec les compétences et l’environnement du porteur. L’accompagnateur pourra être amené à aider le créateur à mieux définir son projet, à le recadrer vers un projet plus réaliste ou, enfin, à lui conseiller une autre voie que celle de la création d’entreprise pour sortir du chômage. le soutien à la création d’entreprise, “les Dans politiques publiques ont pu s’appuyer sur un réseau d’associations dynamiques, inscrites dans les tissus socio-économiques locaux ” jurisassociations 443 - 15 juillet 2011 L’accompagnateur a une fonction de conseil sur les sujets propres à la création d’entreprise. Notons entre autres : le statut social : l’accompagnateur doit aider le créateur à définir le statut social le plus adapté à la dimension de son projet. Les critères à prendre en compte incluent notamment la protection du patrimoine personnel du porteur2 ; le statut fiscal : il s’agit de conseiller le porteur sur le statut fiscal le plus intéressant au regard de sa situation et de son projet. Élaboration d’un plan d’affaires Le plan d’affaires reprenant les différents éléments du projet servira de support de présentation à tous les partenaires potentiels. Il doit inclure au minimum : une présentation de l’activité, qui contient la description de l’activité en elle-même, des clients, du marché, de l’emplacement, de la concurrence, des fournisseurs, de la communication, etc. ; une présentation du porteur, avec son parcours, ses diplômes, son expérience, etc. ; un prévisionnel sur trois ans, incluant le détail des charges et le détail du calcul du 1. Hors statut d’autoentrepreneur. 2. Voir en p. 26 de ce dossier. LE POINT DE VUE DE... ARNOLD BORNET chiffre d’affaires en fonction des hypothèses de vente. En l’absence du détail des conditions de financement, les charges financières doivent être calculées approximativement ; une évaluation des besoins sur trois ans. Il s’agit de la liste chiffrée des besoins en termes d’investissements, de stock et de besoin en fonds de roulement (BFR)3. La totalité des besoins doit être à la mesure des apports (un projet avec 500 000 euros de besoins pour 5 000 euros d’apport doit être exclu) et de la capacité de remboursement prévisionnelle ; un plan de trésorerie simplifié. PHASE 2 : AIDE AU FINANCEMENT DU PROJET L’objectif de cette deuxième phase est, d’une part, d’apporter un appui à la mobilisation de financements nécessaires pour réaliser le projet dans de bonnes conditions et, d’autre part, d’évaluer le risque. Elle se base sur les éléments réalisés pendant la première phase. Expertise d’un projet de création, de reprise ou de développement d’entreprise L’expertise répertorie les principales caractéristiques du projet de façon synthétique, en donne une analyse critique et évalue le risque global du projet au regard de trois points. Le modèle économique du projet : le marché (validation de l’existence d’une demande pour les produits proposés, étude de l’évolution de la demande) ; la concurrence (étude du positionnement de la concurrence directe et indirecte par rapport au positionnement du projet) ; 3. Le BFR correspond aux décalages entre, par exemple, le règlement des clients et le paiement des factures fournisseurs. 4. Le prêt NACRE est un prêt à taux 0 % d’un montant compris entre 1 000 et 10 000 euros. Il doit être systématiquement accompagné d’un prêt bancaire qui peut être garanti par France Active Garantie. Quels sont les différents besoins de financement auxquels doit faire face un créateur d’entreprise ? Le créateur d’entreprise doit réaliser différents types de dépenses pour lancer son entreprise sur de bons rails. Les dépenses auxquelles on pense naturellement sont évidemment les investissements matériels (véhicule, outils, travaux dans le local) mais aussi immatériels (acquisition d’un fonds de commerce, franchise). D’autres emplois sont trop souvent oubliés ou sous-évalués par les créateurs d’entreprise : le besoin en fonds de roulement et la trésorerie de démarrage. Cette dernière représente les premières charges de l’entreprise (premiers loyers, assurance, etc.) qu’elle doit décaisser alors qu’elle ne réalise pas encore de chiffre d’affaires. Le montant de ces dépenses doit être évalué avec précision et couvert par des « ressources » : apports personnels, prêt à taux 0 %, aides diverses… et, bien sûr, le crédit bancaire. Près de 60 % des créateurs d’entreprise ne mobilisent pas de crédit bancaire lors du lancement de leur projet : cette démarche est-elle prudente ? Le souhait de ne pas s’endetter peut apparaître comme une démarche pleine de bon sens mais se révèle souvent très dangereux pour les jeunes entreprises, qui ne possèdent alors pas les ressources suffisantes pour démarrer leur activité. Pourquoi faire appel au crédit bancaire lors de la création d’une entreprise ? Tout d’abord, lorsque les besoins de financement ont été correctement évalués, le prêt bancaire est souvent indispensable pour boucler le plan de financement. Ensuite, l’avis extérieur du banquier sur le projet de création est essentiel pour valider les différents aspects du modèle économique et financier du projet. Enfin, la banque est un partenaire clé à toutes les étapes de la vie d’une entreprise. Par conséquent, autant mobiliser un crédit bancaire dès la création de l’entreprise pour déjà favoriser les CHARGÉ DE MISSION EXPERTISE, FRANCE ACTIVE conditions d’une relation durable avec son banquier. Mais est-il facile pour les créateurs d’accéder au crédit bancaire ? Malheureusement, il n’est pas toujours simple pour les créateurs de convaincre les banques de l’intérêt et de la viabilité de leur projet. C’est pour cette raison que France Active dispose d’un réseau spécialisé dans l’intermédiation bancaire des créateurs d’entreprise. Concrètement, comment le réseau France Active facilite-t-il l’accès au crédit bancaire des créateurs d’entreprise ? L’aide au montage financier proposé par France Active permet d’assurer une évaluation complète des besoins de financement et de construire un plan de financement permettant d’articuler les différentes ressources mobilisables : crédit bancaire, prêt NACRE4, apport, prime à la création... L’expertise approfondie permet de valider la cohérence et la faisabilité économique du projet. Cette expertise sécurise les banques et constitue donc souvent un élément décisif pour les convaincre. L’intermédiation bancaire a pour objectif de favoriser un accès au crédit bancaire dans de bonnes conditions : montant du prêt en adéquation avec les besoins de financement, durée compatible avec les capacités de remboursement et limitation des cautions personnelles par la mobilisation d’une garantie France Active. Un dernier mot sur France Active ? Côté territoire, nous participons à sa dynamisation en permettant la création ou le maintien d’emplois durables et non délocalisables. Au porteur de projet, trop souvent éloigné du marché de l’emploi, nous lui permettons de créer son propre emploi dans les meilleures conditions possibles, c’est-à-dire en limitant ses cautions personnelles et en vérifiant qu’il sera en capacité d’accéder à un salaire décent. C’est cela notre engagement quotidien à France Active ! 15 juillet 2011 - jurisassociations 443 Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr “ Lancer son entreprise sur de bons rails ” 21 DOSSIER RETOUR D’EXPÉRIENCE DE... CLAUDINE COIN Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr CRÉATRICE D’UNE ENTREPRISE DE GLACES ARTISANALES 22 l’emplacement (validation de la pertinence de l’emplacement et des caractéristiques du local au regard de la clientèle visée) ; la mercatique (validation de la stratégie choisie par le porteur en fonction du positionnement voulu). L’adéquation entre le créateur d’entreprise et le projet : les compétences (analyse des compé- tences du porteur et de leur compatibilité avec le projet) ; l’environnement (analyse de l’environnement professionnel et personnel du porteur et de son incidence sur sa capacité à mettre en œuvre le projet) ; les aptitudes et capacités personnelles du créateur d’entreprise (capacité à convaincre, capacité d’adaptation, motivation, etc.) ; la capacité de remboursement. La cohérence financière du projet : le chiffre d’affaires (validation du réalisme du chiffre d’affaires au regard notamment des hypothèses de vente qu’il implique) ; les charges (validation de la correcte évaluation des charges prévisionnelles), les emplois (validation de l’évaluation des besoins d’investissement et de BFR) ; les ressources (validation de l’adéquation entre les besoins et les ressources et de l’articulation des différentes ressources prévues au plan de financement). L’expertise se concrétise par une note de synthèse, qui permet de porter un regard sur le risque intrinsèque au projet. Chaque élément à analyser fait l’objet d’une évaluation chiffrée et argumentée par des éléments objectifs. jurisassociations 443 - 15 juillet 2011 Claudine Coin vient de créer son entreprise de glaces artisanales à ClermontFerrand. À 50 ans, après avoir fait carrière dans le commerce (vendeuse, manager puis responsable adjointe dans une grande enseigne de textile), Claudine était sans emploi. C’est alors que germe l’idée de rebondir professionnellement en créant sa propre entreprise à partir d’un constat fait suite à plusieurs voyages à l’étranger : aucun commerce de Clermont-Ferrand ne propose de glaces artisanales. Pour financer son projet, elle sollicite sa propre banque qui lui refuse sa demande de prêt. C’est alors qu’elle se décide à contacter Auvergne Active pour l’aider à accéder au crédit bancaire. Elle connaît le fonds territorial membre du réseau France Active grâce aux stages de formation qu’elle a suivis auprès de la chambre de commerce et d’industrie de sa ville. Claudine bénéficie de l’expertise d’Auvergne Active, qui travaille avec les réseaux de l’accompagnement et les banques. Elle obtient ainsi un prêt bancaire de 38 000 euros, garanti à 70 % par le fonds de garantie dédié aux femmes et sans caution personnelle. Financement du projet La décision de financement est prise par un comité d’engagement organisé par l’accompagnateur et réunissant des acteurs locaux de la création d’entreprise tels que banques, Aujourd’hui, consciente des difficultés que suppose la création ex nihilo d’une entreprise, Claudine Coin précise : « Il est essentiel de s’entourer de professionnels riches de bons conseils. La conjoncture n’est pas bonne, mais il faut trouver des niches. Être une femme et avoir 50 ans, ce sont plus des atouts que des handicaps. Il faut y croire, se battre et ne jamais baisser les bras tout en capitalisant sur son expérience et en faisant confiance aux gens compétents. [...] Quand on créé sa propre boîte, on fait tout, toute seule. Pour y parvenir, il existe des structures mais encore faut-il le savoir ! Ces réseaux nous motivent, nous soutiennent et nous permettent d’éviter les écueils classiques. » Aujourd’hui, Claudine Coin travaille sur la saisonnalité : glaces et smoothies en été et salon de thé en hiver. Elle reste prudente en cette première année mais les premiers mois ont été encourageants : la clientèle est fidèle et satisfaite, le bouche à oreille positif. Elle a ainsi développé un concept unique à Clermont-Ferrand, entend bien affermir son offre originale et renouveler sans cesse ses produits venus de toutes les régions de France. chefs d’entreprise, collectivités ou encore réseaux de l’accompagnement. Le réseau France Active a la particularité d’accompagner également le porteur dans sa relation avec la banque, partenaire incon- Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr “ Il faut y croire, se battre et ne jamais baisser les bras ” tournable du futur chef d’entreprise. Pour cela, deux volets : ingénierie financière et intermédiation bancaire. L’ingénierie financière consiste à bien évaluer les besoins de financement des projets et à trouver les solutions de financement adéquates : prêts bancaires long, moyen et court terme, subventions, avances, etc. L’ingénierie se base à la fois sur l’expertise réalisée et sur une bonne connaissance des acteurs du financement et de leurs pratiques. Concernant les besoins de financement, il reviendra à l’accompagnateur de valider les montants des investissements et du besoin en fonds de roulement (BFR) : adéquation entre les investissements prévus et la dimension du projet. Les écarts peuvent être dus notamment à des questions d’évaluation de la valeur des investissements (par exemple, un fonds de commerce vendu trop cher par rapport au prix du marché), de juste évaluation de la gamme des besoins (par exemple, un véhicule acheté neuf alors que le porteur peut commencer avec un véhicule d’occasion), de nécessité des besoins (par exemple, l’achat dès le démarrage d’une machine qui ne servira qu’à partir de la deuxième année). Ces éléments sont systématiquement analysés au regard de la rentabilité raisonnablement atteignable du projet et du niveau d’apport personnel du créateur ; estimation du BFR : c’est un point capital, qui a une incidence forte sur le calibrage du plan de financement. Il s’agit notamment de la validation de l’évaluation du stock, de l’évaluation des délais de paiement 15 juillet 2011 - jurisassociations 443 23 DOSSIER Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr REGARDS CROISÉS DE... DEUX ACTEURS 24 DE L’ACCOMPAGNEMENT Un mot de présentation ? D.D. : En Ile-de-France, nous sommes trois Boutiques de gestion, ou plutôt trois BGE car nous venons de changer de nom : BGE PaRIF (75, 77, 91, 92, 93, 95), BGE Adil (75, 94) et BGE des Yvelines (78). Nous intervenons très en amont des projets, lorsque l’idée est encore floue mais que l’envie de créer est réelle. Notre rôle est d’accompagner les porteurs sur la faisabilité du projet, mais aussi de leur faire prendre conscience des risques encourus. Sans une grande disponibilité et un appui de l’entourage, créer une entreprise peut être dangereux. A.-S.C. : …Et sans financements adaptés, le projet a encore moins de chances de se pérenniser. France Active est un financeur solidaire. Nous intervenons dans un deuxième temps pour étudier le financement du projet. Ile-deFrance Active compte huit représentations départementales et 70 salariés qui accompagnent les porteurs de projet : Paris Initiative Entreprise, Afile 77, Yvelines Actives, Essonne Active, Hauts-de-Seine Initiative, Garances 93, Val-de-Marne Actif pour l’Initiative et Vald’Oise Actif. Combien de porteurs de projet avez-vous pu accompagner en 2010 ? D.D. : En 2010, la BGE PaRIF a conseillé plus de 13 000 porteurs de projet et a aidé à la création de 1 420 nouvelles entreprises. Nos 65 conseillers reçoivent les créateurs dans 40 lieux d’accueil différents, notamment dans les locaux des BGE, les mairies ou les maisons de l’emploi. A.-S.C. : Nous avons connu une forte croissance de l’activité en 2010 : au total, 900 créateurs ont été financés et 1 600 emplois créés sur le territoire. Nous avons investi 14 millions d’euros avec nos outils financiers, ce qui a permis de lever 38 millions d’euros de prêts bancaires pour les créateurs. jurisassociations 443 - 15 juillet 2011 ANNE-SOPHIE CASTEIGT DIRECTRICE D’ILE-DE-FRANCE ACTIVE DANIELLE DESGUÉES DIRECTRICE GÉNÉRALE DE BGE PaRIF La crise économique a-t-elle eu une incidence sur votre travail au quotidien ? D.D. : Il y a eu une grande confusion dans les esprits avec les messages sur la simplicité de la création d’entreprise, véhiculée notamment autour du régime de l’autoentrepreneur. Il s’agit d’un nouveau régime fiscal mais qui n’empêche en aucun cas de vérifier la faisabilité de son projet avant de se lancer ! Avec la crise, nous rencontrons des publics en grande précarité, isolés, fragilisés, et qui ont besoin, plus que jamais, d’un accompagnement dans la concrétisation de leur projet. A.-S.C. : De plus en plus de créateurs ont frappé à notre porte à partir de 2009. Deux raisons principales : côté porteurs, la création d’entreprise est vue comme une alternative pour sortir du chômage ; côté partenaires, les banques se sont tournées vers nous pour avoir des garanties sur les projets. Mais nous continuons à être vigilants sur la qualité des projets. Il s’agit pour nous de financer des projets économiquement viables, dont le chef d’entreprise pourra tirer des revenus décents. Comment travaillez-vous ensemble ? D.D. : Sur le territoire francilien, l’objectif est de répondre aux besoins des porteurs de projet et de proposer collectivement une offre visible du parcours de la création d’entreprise. Entre les BGE qui accompagnent au montage du projet puis au développement des entreprises et France Active concentré sur le financement, les actions sont très complémentaires. A.-S.C. : Nous sommes effectivement deux maillons complémentaires de la chaîne de l’accompagnement. Concrètement, sur le terrain, les équipes se connaissent bien, il y a des allers-retours fréquents entre les Boutiques de gestion et France Active. Nous réorientons les porteurs lorsque le projet n’est pas abouti et nous nous basons souvent sur le travail mené par la BGE pour réaliser notre expertise financière. Ces échanges permettent au porteur de bénéficier de conseils d’experts à toutes les étapes de la création d’entreprise. Des particularités concernant l’accompagnement en Ile-de-France ? D.D. : Comme la région est dynamique et génère beaucoup d’activité, on a tendance à croire qu’il est plus facile de créer son entreprise ici que dans d’autres régions. Mais la concurrence y est plus dense et les projets souvent plus coûteux, notamment lors de la reprise d’un fonds de commerce. A.-S.C. : Nous avons donc des projets avec des besoins de financement plus importants que dans les autres régions, sans que les créateurs aient plus de ressources personnelles qu’ailleurs. Seulement un créateur sur quatre passe par un réseau d’accompagnement ! Il est nécessaire que l’État, les collectivités et les réseaux poursuivent leurs efforts pour accompagner et sécuriser davantage la création d’entreprise. Un dernier mot ? D.D. : Un Français sur deux souhaite créer son entreprise, mais très peu concrétisent leur projet. Nous ne possédons pas la culture de la prise de risque, et c’est la raison pour laquelle la BGE PaRIF sensibilise les publics à la création d’entreprise, et notamment les jeunes au sein des écoles. Nous organisons différents événements, comme les concours Talents et Talents des cités. C’est par manque de référence que les gens n’osent pas se lancer. Promouvoir des parcours d’entrepreneurs, c’est un moyen d’encourager ceux qui n’osent pas ! A.-S.C. : Dans le même esprit, nous lançons un concours sur l’entrepreneuriat féminin, auquel les Boutiques de gestion et l’ensemble des réseaux de l’accompagnement sont associés. Les femmes hésitent trop souvent à créer leur entreprise : ce concours vise à valoriser les créatrices pour montrer à d’autres que créer son entreprise, c’est possible en Ile-de-France et que créer accompagnée, c’est encore mieux. L’accompagnateur construit ensuite avec le créateur une solution globale de financement adaptée à ses besoins et qui tient compte des critères d’octroi des différents organismes mobilisables. Il se doit d’avoir une connaissance fine et à jour des différents dispositifs existants : leur objet, leurs conditions d’éligibilité et leurs modalités de mise en œuvre. La solution globale de financement ainsi conçue doit prendre en compte deux éléments essentiels : la durée du financement : les crédits à moyen terme ne sont pas les seuls que peuvent mobiliser les créateurs d’entreprise. Il est, par exemple, souvent plus intéressant de financer la TVA sur investissement par un crédit-relais TVA court terme ; la nature du financement : en fonction de l’investissement, le financement le mieux adapté n’est pas toujours le même. Ainsi, un crédit-bail peut parfois être plus indiqué. Cette étape est naturellement essentielle à l’intermédiation bancaire. Il s’agit à la fois d’emmener les projets vers la bancarisation et de permettre une bancarisation de qualité. Pour cela, les conditions d’un partenariat durable devront être établies entre le créateur et son banquier et l’accompagnateur devra maîtriser les techniques bancaires et avoir une bonne connaissance du métier ainsi que des contraintes des banques. PHASE 3 : AIDE AU SUIVI DU PROJET Cette troisième phase permet au porteur d’être accompagné dans son nouveau rôle de chef d’entreprise, notamment sur les aspects de gestion de l’entreprise. Cette approche est adaptée aux besoins du porteur. Pour cela, l’accompagnateur doit avoir une bonne connaissance de chaque entreprise et du parcours du porteur et être capable d’anticiper les difficultés de l’entreprise. Accompagnement dans la gestion de l’entreprise L’accompagnateur établit avec le porteur de projet un plan d’accompagnement personnalisé à partir notamment de la synthèse des préconisations émises par les accompagnateurs des phases précédentes. Il sera amené à aborder les points suivants : bilan économique et financier ; rappel des échéances fiscales et sociales à venir ; rappel des événements clés à venir tels que les déclarations ; proposition d’amélioration de la gestion (relance suite à un devis, encaissement des montants facturés, réduction des frais, etc.) ; rappel des grands équilibres financiers. Suivi de la rentabilité et des prévisions L’accompagnateur met à disposition tous les outils qu’il juge nécessaires pour le bon démarrage de l’entreprise. Il est possible de graduer la sophistication des outils, par exemple, de la sensibilisation du porteur à quelques indicateurs de rentabilité simples jusqu’à l’instauration de tableaux de bord structurés et l’établissement régulier de prévisionnels. Appui au développement Le champ des actions d’accompagnement possibles est également diversifié. Il peut aller d’un appui technique d’ordre juridique ou en matière de bureautique, vente, recrutement, marketing, hygiène ou sécurité à une aide à la décision sur les choix de développement (recrutement, prospection, changement de locaux, etc.) en passant par une assistance en cas de difficulté et la définition de scénario de redressement. AUTEUR TITRE Fanny Gérôme Chargée de mission, CNAR Financement – France Active Cet article a été rédigé avec le concours de France Active et du CNAR Financement. 15 juillet 2011 - jurisassociations 443 Article extrait de jurisassociations n° 443 du 15 juillet 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr des clients et des fournisseurs au regard de ce qui a déjà été négocié par le porteur de projet et des habitudes sectorielles, du besoin de trésorerie au démarrage. L’accompagnateur devra réaliser un plan de trésorerie prévisionnel sur un an, prenant en compte la montée en charge de l’activité et la saisonnalité. L’accompagnateur se doit d’avoir “ une connaissance fine et à jour des différents dispositifs existants ” 25