Un bel anniversaire ! L`Auditorium Maurice Ravel fête 40 années de

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Un bel anniversaire ! L`Auditorium Maurice Ravel fête 40 années de
Un bel anniversaire !
L’Auditorium Maurice Ravel fête 40 années de réussite
Il y a quelques années, un journal lyonnais eut l’idée de questionner
les utilisateurs de salles de spectacles de notre ville pour connaitre
leurs fréquentations et leurs appréciations. Le résultat fut un véritable
plébiscite. L’Auditorium Maurice Ravel recueillit tous les suffrages avec
ce commentaire : notre salle préférée. Bel hommage et quelle fierté
pour ce temple de la musique quand on se souvient, avant sa
construction, des doutes et des critiques concernant son utilité.
d’orchestre amovible, nécessaire pour les ouvrages lyriques. La scène
sera apte également à accueillir Ballets, Music-hall, Récitals et Musique
de chambre. Il est nécessaire d’utiliser partout au maximum le bois en
particulier sur les murs, garant d’une bonne acoustique.
Les conclusions largement diffusées eurent pour effet de déclencher
avant même une décision de construction des oppositions farouches
à un projet sûrement trop cher, et destiné à satisfaire une poignée de
mélomanes.
Une mise en œuvre difficile
Dans le cadre d’une décentralisation musicale voulue par André
Malraux, initiée par Marcel Landowski, Directeur de la Musique au
Ministère de la Culture, Lyon avait été choisie comme première ville de
réalisation. Robert Proton de la Chapelle avait su jouer de son autorité
et de son amitié avec Landowski pour imposer ce choix. Un grand
Orchestre symphonique de 100 musiciens fut donc créé dès 1969, sous
l’appellation d’Orchestre symphonique Rhône-Alpes, transformé peu
après en Orchestre de Lyon, labellisé quelques années plus tard en
Orchestre National de Lyon.
L’Auditorium en construction.
(Photo André Gamet)
Une salle digne d’un grand orchestre et d’une grande ville
Dans les années 60, nombre d’orchestres symphoniques parisiens ou
étrangers hésitaient à se produire à Lyon. La salle Rameau dédiée à la
musique disposait d’un plateau trop étroit pour accueillir correctement
un orchestre de 100 musiciens. La salle un peu vieillotte, datant de
1908, bien petite avec son bon millier de sièges assez peu confortables,
ne correspondait ni aux nouvelles normes ni aux exigences d’acoustique, ni au goût du public.
L’Auditorium terminé.
(Photo France Wisten)
La disparition des casernes de la Part Dieu, l’implantation d’un grand
Centre Commercial, la mise en œuvre d’un nouveau quartier à vocation
économique, la disponibilité de nombreux terrains, voici l’occasion
d’ajouter une vocation culturelle à cette future zone de développement.
Ainsi pensèrent quelques élus et en particulier l’Adjoint aux Beaux
Arts de Louis Prael, désireux de doter notre ville de nombreux atouts
artistiques de première grandeur. Ainsi fut constitué en 1966 un petit
groupe d’étude de quatre personnes qui, avec l’assentiment du Maire,
firent le tour de quelques scènes symphoniques célèbres en Europe.
Ainsi purent-ils visiter successivement Londres, Malmö et Berlin.
Comment dès lors laisser un tel ensemble symphonique sans une salle
digne de son avenir ? Ainsi, Louis Pradel sut-il rapidement, avec son
esprit de décision habituel, dire à son Adjoint : banco, mais pas trop
cher tout de même. Henri Pottier, Grand Prix de Rome choisi comme
architecte, en compagnie de Charles Delfante, surent en quelques
années construire la salle que l’on connait. Mais peu ou pas de bois
pour garnir les murs. Trop cher. Trop chers également les escalators
prévus à l’origine. Trop chers les trois ou quatre ascenseurs envisagés.
Un seul fut retenu. Pas non plus de fosse d’orchestre. Ainsi, si dépassement de budget il y eut, ce fut très limité.
Leurs conclusions furent précises : nous avons besoin d’une salle semicirculaire à trois niveaux, sans aucun pilier, permettant une visibilité
totale à toutes les places. Configuration totale de 2.000 places environ
pouvant se limiter à 1.200 en utilisant des cloisons mobiles. Réserver
un emplacement pour un orgue futur, prévoir si possible une fosse
Les critiques ne manquèrent pas tout au long de la construction, y
compris pour dénoncer un ensemble lourd, disgracieux extérieurement dont l’aspect en forme de coquille renversée pouvait en effet
surprendre, outre la dimension de la salle à nouveau dénoncée : 2.000
places : c’est une folie !
transmission électrique et un combinateur électronique. Inauguré en
octobre 1977, cet instrument sut séduire de nombreux organistes,
venus des quatre coins du monde les années suivantes. L’Auditorium
de Lyon fut pendant des décennies la seule salle de concert en France
disposant d’un orgue et permettant donc l’interprétation de Messes,
Oratorios, Requiem, Concertos pour orgue.
Quarante années de succès
L’Auditorium Maurice Ravel ainsi dénommée par Robert Proton de
la Chapelle, en souvenir de son amitié et de son admiration pour ce
compositeur, a su vieillir assez bien. Certes il fut largement rénové
dans les années 95, sous l’impulsion en particulier d’E. Krivine trouvant
l’acoustique désastreuse. Les murs furent garnis de bois, tous les sièges
changés, les moquettes supprimées, le plafond totalement remodelé et
l’acoustique particulièrement réétudiée, complétée par une très légère
sonorisation. L’orgue lui-même fut l’objet d’un relevage important et
très récent qui se justifiait pleinement.
Concert d’inauguration le 14 février 1975.
(Photo France Wisten)
Toutefois, l’inauguration en février 1975 fut un immense succès. La
Presse parisienne fut élogieuse, Bernard Gavoty dont on savait la
sévérité des appréciations, louant cette salle de concert, à l’acoustique
très réussie, la plus belle salle en France pour la musique symphonique.
Un orgue objet de nouvelles batailles
L’Adjoint aux Beaux Arts dont on savait la passion et la connaissance de
l’Orgue, avait donc dès l’origine exigé qu’un emplacement soit réservé
derrière la scène pour permettre d’implanter plus tard un buffet
d’orgue. L’occasion se présenta dès 1976. En effet, les tuyaux de l’Orgue
de Chaillot, magnifique instrument construit par le célèbre facteur
Cavaillé-Coll, démontés lors de la démolition de la salle, attendaient
gentiment qu’on leur trouvât une nouvelle destination.
L’orgue en construction.
(Photo Gérard Amsellem))
Le cahier des charges permit à plusieurs facteurs de présenter des
offres, un seul acceptant d’utiliser les tuyaux de l’Orgue de Chaillot. De
nombreux organistes consultés dénoncèrent le choix éventuel de ces
vieux tuyaux. Orchestrée par certaine Presse, une véritable cabale se fit
jour, enflée jusqu’à dénoncer une décision scandaleuse, dans l’incompétence totale ! Il fallut toute l’autorité de Pierre Cochereau, dont
la notoriété était universelle, pour qu’une solution avec les fameux
tuyaux soit malgré tout retenue. L’ensemble comprenait d’ailleurs une
nouvelle console pourvue des derniers perfectionnements avec une
Carte et timbre pour le 10e anniversaire.
(Collection de l’auteur)
Pour ceux qui ont connu la salle à ses débuts, qui sont des familiers et
s’y sentent bien, leur cher Auditorium n’a rien perdu de son charme
premier. Ils se souviennent de tous les spectacles qui y furent donnés,
y compris opérettes, œuvres lyriques même, quand l’Opéra était en
travaux. Que dire des Orchestres venus du monde entier, qui s’y firent
applaudir ; que dire des concerts éducatifs permettant de réunir
12.000 enfants chaque année ; que dire des concerts expresso du
vendredi (une heure pour découvrir la musique autrement) ? Comment
ne pas citer les concerts participatifs, les ateliers d’orgue, les soirées
de ciné-concerts, l’Académie des Juniors, les concerts de musique
de chambre le dimanche matin, comment, comment ? L’Auditorium
Maurice Ravel est une ruche permanente. Les 2.200 places sont parfois
insuffisantes !
Celle salle, disions-nous en introduction, est la préférée du public lyonnais. Elle l’est plus encore, depuis l’arrivée il y a bientôt trois saisons de
Léonard Slatkin pour diriger l’Orchestre, et celle tout autant appréciée
de Jean-Marc Bador en qualité de Directeur Général. Tout deux font
l’unanimité auprès des musiciens de l’orchestre, et des mélomanes
pour conduire longtemps encore, ils l’espèrent, les destinées conjointes
de l’Auditorium Maurice Ravel et de l’Orchestre National de Lyon.
Les festivités du 40ème anniversaire de la construction, qu’ils ont su
concocter avec soin, seront ponctuées d’un concert somptueux dirigé
comme il y a quarante ans par Serge Baudo. On ne pouvait rêver
meilleur ambassadeur pour faire revivre Berlioz, pour faire vibrer les
mélomanes lyonnais qui savent se souvenir.
B. Proton de la Chapelle