Densification urbaine

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Densification urbaine
1 2015 Le magazine destiné aux clients d’Ascenseurs Schindler SA
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Densification urbaine
Richti à Wallisellen – un quartier vivant pour vivre et travailler
Des espaces réduits: le Japon ouvre la voie
Au Tessin, des cœurs de village médiévaux exemplaires
Se retirer – le traitement du «Dichtestress»
Sommaire
4
Kees Christiaanse, professeur à l’EPF:
«Il y a encore assez de place en Suisse»
8
Le quartier du Richti à Wallisellen
Urbanisé, dense et généreux
11
Bien pensé: le quartier Matthäus de Bâle,
la plus forte densité de population de Suisse
14
Le Japon ouvre la voie – une organisation
intelligente des espaces réduits
18
Genève bâtit une nouvelle ville dans la ville
21
Villages médiévaux du Tessin:
une densification moderne exemplaire
24
Se mettre au vert en ville – le traitement
contre le «Dichtestress»
28
4 World Trade Center – un nouveau
site emblématique à Manhattan
31
Hôtel InterContinental de Davos:
derrière les ors de la façade, la tradition grisonne
34
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Projets spéciaux de l’univers Schindler
Mentions légales
Editeur Ascenseurs Schindler SA, Marketing & Communication, CH-6030 Ebikon Rédaction Beat Baumgartner Adresse de la rédaction next floor,
Zugerstrasse 13, CH-6030 Ebikon/Lucerne, [email protected] Gestion des adresses [email protected] Photo de couverture Iwan Baan,
Amsterdam Mise en page aformat.ch Litho click it AG Impression Multicolor Print AG Tirage 32 000 ex. Edition next floor paraît deux fois par an
en allemand, en français et en italien Copyright Ascenseurs Schindler SA, reproduction sur autorisation et avec indication de la source www.schindler.ch
Illustration de couverture A Tokyo, les immeubles se lovent dans de minuscules ­espaces. C’est pour de telles réalisations dans des ­périmètres aussi réduits
que l’architecte Ryue Nishizawa a reçu le prestigieux prix Pritzker.
Editorial
Densification intérieure
Chères lectrices, chers lecteurs,
La population suisse continue de croître. L’année dernière, elle a augmenté de 1,2%, pour
­atteindre 8,326 millions de personnes. Elle a donc plus que doublé en un peu plus d’un siècle
(1900: 3,3 millions). Tandis que d’autres pays industrialisés comme le Japon ou l’Allemagne
voient leur population totale stagner, voire commencer à régresser lentement du fait de l’évolution démographique (faible taux de natalité et peu d’immigration), la Suisse reste donc encore
l’un des Etats les plus dynamiques d’Europe en termes de croissance du nombre d’habitants.
Cette évolution, qui favorise la prospérité et assure notre prévoyance vieillesse, a toutefois
­également une face plus sombre: la dispersion de l’habitat, les problèmes de transport ou le
stress lié à la densité, par exemple.
La nouvelle loi sur l’aménagement du territoire révisée entrée en vigueur en 2014 et son
­ordonnance connexe visent sciemment une gestion économique du sol, imposant une croissance
vers l’intérieur des espaces urbanisés existants notamment par densification, construction dans
les zones en friche et exploitation des terrains inutilisés. L’heure est à la «densification des
constructions» – une thématique à laquelle se consacre aussi la dernière édition de next floor.
Pour densifier, il est possible de «construire en hauteur», c’est-à-dire d’autoriser davantage de
tours et de hauts bâtiments en Suisse. Mais pour ce faire, il faudrait que les villes et les communes modifient leurs plans de construction et de zone. Les oppositions à de tels projets,
comme à Lucerne, montrent cependant que les tours ont toujours mauvaise presse en Suisse.
Il existe une autre voie qui recèle nettement plus de potentiel: celle de l’examen des indices
d’utilisation du sol. Il s’agit du rapport entre la surface brute au plancher d’un bâtiment dans
son ensemble et la surface constructible. L’indice d’utilisation du sol empêche une utilisation
judicieuse des zones à bâtir et donc une densification intérieure. Il s’agit d’un «vieux truc» qui
doit être aboli. Des prescriptions concernant des distances à la limite minimales et des hauteurs
de bâtiments sont amplement suffisantes. Il arrive souvent que des greniers ou des combles
d’immeubles ne puissent pas être convertis ou élargis de façon judicieuse ou qu’un jardin
­d’hiver ne puisse pas être construit, simplement parce que l’indice d’utilisation du sol serait
alors dépassé. En outre, il arrive bien trop souvent que les règles précises de calcul de cet
­indice, de ce qui doit être inclus ou exclu, soient confuses et compliquées.
La suppression de l’indice d’utilisation du sol n’entraînerait pas une croissance sauvage des
constructions. Les normes existantes comme les plans d’aménagement détaillés contraignants
suffisent à stopper de telles dérives.
Rainer Roten
CEO Schindler Suisse
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Densification de la construction
«Il y a encore assez de place
en Suisse»
Bien que la construction soit de plus en plus dense en
Suisse, le professeur Kees Christiaanse estime qu’il n’y a pas
encore de quoi s’affoler. La photo ci-dessus présente
la ­résidence pour seniors SüdPark à Bâle; ci-dessous,
le ­nouveau quartier résidentiel lucernois de Tribschenstadt.
4
Habiter et travailler au même endroit:
de plus en plus dynamique, la population
est appelée à se loger plus souvent
en ville. Ci-contre, le nouveau quartier
d’affaires et résidentiel Europaallee, près
de la gare de Zurich.
Professeur à l’EPF, Kees Christiaanse travaille sur les processus d’urbanisation
dans le monde. Il constate, même en Suisse, une renaissance des villes. Il détecte un fort
potentiel dans la reconversion des friches industrielles et des cités vieillissantes.
TEXTE DAVID EPPENBERGER PHOTOS MANUEL RICKENBACHER
E
n Suisse, le «non-mot de l’année» 2014 était: «Dichtestress»
(stress dû à la densité); qu’en pensez-vous?
Kees Christiaanse: Pour moi, ce débat fait écho à des plaintes de privilégiés. Quand on regarde les autres régions du monde, la notion de
densité devient toute relative et, non, en Suisse, il n’y a pas de stress
dû à la densité!
Pourtant, nombreux sont ceux qui déplorent le recul des terres
agricoles et le bétonnage du Plateau suisse. Pensez-vous que ce
ne soit pas si grave?
La qualité de vie sur le Plateau est exceptionnelle. En pourcentage, la
Suisse est peu urbanisée parce qu’une large part de son territoire se
trouve à plus de 1500 mètres d’altitude; mais, même sur le Plateau, il
reste encore beaucoup de zones vertes. Les zones de forte concentration
urbaine se trouvent principalement dans les agglomérations de Zurich, de
Lausanne et de Genève. Même à Zurich, d’ailleurs, on voit de n’importe
où en ville une colline boisée que l’on peut atteindre en un quart d’heure.
A titre de comparaison, aux Pays-Bas, autant de personnes vivent dans
le périmètre entre Amsterdam, Utrecht, Rotterdam et La Haye que
sur le Plateau suisse, sur une surface pourtant deux fois plus petite.
Pourquoi la Suisse est-elle moins densément bâtie que les Pays-Bas?
En Suisse, le développement de l’habitat est régi par de nombreux
instruments juridiques. Par exemple, les terres agricoles ne peuvent
pas être converties aisément en terrains constructibles, et la forêt est
sacrée. Des plans directeurs stipulent quelles sont les zones où la
construction est autorisée. En Suisse, il y a donc peu de concurrence
entre les communes. Il en va autrement dans d’autres pays, où les ar-
guments économiques ont plus de poids. L’évolution future de
­l’habitat en Suisse dépendra fortement de l’application de ces instruments d’aménagement du territoire.
Les maisons abritant une ou deux familles représentent en Suisse
70% de l’espace résidentiel. Ces bâtiments pourraient être
­surélevés. Pourquoi la densification des constructions n’est-ce
pas à l’ordre du jour dans ces zones?
L’instinct de l’homme l’incite à posséder son propre lopin de terre et
à se mêler le moins possible à ses voisins. Et tant que cela sera possible, il y aura des maisons individuelles en Suisse. La qualité de la
desserte des transports publics joue également en faveur de cet étalement de l’habitat, notable en particulier autour des gares dans les
petites villes et dans les villages. La dissémination des constructions
reste toutefois limitée en Suisse et n’a pas encore donné naissance à
de gigantesques cités, comme par exemple à Rotterdam ou à Berlin.
La population suisse augmente. Les nouveaux arrivants doiventils obligatoirement habiter dans de grands ensembles, comme
dans l’arrondissement d’Affoltern à Zurich?
Il existe une autre voie urbanistique, qui permet de loger autant de
personnes que les grands ensembles, tout en leur offrant un meilleur
cadre de vie. Ce développement s’oriente davantage vers une combinaison de blocs urbains dans lesquels on trouve, par exemple, aussi
bien des appartements que des maisons mitoyennes. Les zones d’habitation «monofonctionnelles» comme à Affoltern ne sont en réalité
pas très densément bâties et ne sont pas adaptées à la renaissance
actuelle de la ville. c
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5
Densification de la construction
Kees Christiaanse
En 1989, Kees Christiaanse a créé
à Rotterdam son propre cabinet
­d’architecture et bureau d’études.
Il s’est ­spécialisé dans l’établissement
de plans directeurs pour la réhabilitation d’anciennes zones
­industrielles et (aéro)portuaires.
Depuis 2003, ce Néerlandais d’origine enseigne l’architecture et l’urbanisme à l’EPF de Zurich, où il s’occupe principalement des défis liés à l’urbanisation durable.
Habiter en ville redevient attrayant: tous les
équipements du quotidien peuvent être rejoints
à pied, comme le montre également l’exemple
de l’Europaallee.
Comment se manifeste cette renaissance de la ville?
Le phénomène est avant tout d’ordre socioéconomique. La société,
toujours plus dynamique, comporte davantage de personnes seules
ou âgées, et la part de la famille traditionnelle recule. La taille des
unités économiques diminue, avec de plus en plus d’entreprises individuelles. Les ménages se composent de personnes qui ont toutes un
emploi, ce qui fait augmenter la demande de crèches et d’autres
structures pour répondre aux besoins quotidiens. Les habitants
veulent pouvoir aller partout à pied. Tout cela explique la renaissance
de la culture citadine.
c
Où édifier de tels quartiers urbains?
Nous avons mené des enquêtes dans les petites villes d’Aarau, d’Olten et de Granges, qui disposent encore de très nombreux terrains
constructibles et d’anciennes zones industrielles qui pourraient être
plus densément bâties. La Confédération pourrait même aujourd’hui
prononcer une interdiction totale de construction sur les terrains
vierges. En effet, l’utilisation des surfaces disponibles dans les friches
industrielles et, par exemple, les zones d’habitat ancien des années
1950, suffirait sans problème à loger les futurs habitants. Je ne crois
pas, toutefois, que la Suisse s’apprête à connaître une vague d’immigration vraiment massive.
Faut-il construire davantage de tours?
Non, nous n’avons plus besoin de tours. Les surfaces existantes recèlent bien plus de capacités qu’on ne le pense et il y a encore assez
de place en Suisse. Ce qui importe, c’est de concevoir avec précision
des quartiers compacts. On constatera alors que la question des
tours n’est pas si importante. Naturellement, je n’ai rien contre
­l’édification d’une tour ici ou là, mais il est évident que la Suisse –
6
à l’exception peut-être de l’agglomération de Zurich – a peu besoin
de telles constructions.
Du fait de la multiplication des ménages de petite taille, la surface moyenne habitable par habitant, déjà importante en Suisse
par rapport aux autres pays, progresse encore.
Après une croissance exponentielle du nombre de mètres carrés habités par personne, le point de saturation devrait être progressivement atteint. Mais avoir un peu de luxe n’est pas un péché et nous
sommes finalement sur Terre pour mener une vie agréable. Avoir un
grand appartement ne pose pas de problème tant que ses performances énergétiques ne nuisent pas à l’environnement, ce qui ne
sera plus un problème à l’avenir grâce aux normes des maisons passives, selon lesquelles chacune d’entre elles pourra couvrir ses
propres besoins en énergie.
En géographie urbaine, le desakota, un terme issu de la configuration des agglomérations asiatiques, désigne la coexistence,
voire la fusion, de formes d’habitat et d’exploitation urbaines et
rurales. La Suisse est-elle un desakota?
La moitié de la population mondiale vit en réalité aujourd’hui non
en ville, mais dans de telles zones, qui constituent un modèle
­­d’urbanisme de demain. Le Plateau suisse est une belle variante de
desakota et toute l’Europe occidentale représente un excellent
exemple de cadre de vie durable, avec de bonnes infrastructures
techniques qui permettent un bon fonctionnement de l’approvisionnement en énergie et en nourriture, mais aussi de l’évacuation
des déchets. La mobilité entre les villes est bonne et, malgré les
­lamentations sur la crise, l’Europe fonctionne mieux que d’autres
­régions du monde. n
Pour répondre aux besoins de nouveaux logements,
il n’est pas absolument nécessaire de construire des tours:
l’avenir est aux quartiers compacts autonomes. Ci-dessus,
le quartier densément peuplé de Tribschenstadt à Lucerne
et, ci-dessous, le complexe SüdPark à Bâle.
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Densification de la construction
TEXTE ULRIKE NICHOLSON PHOTOS JULIEN VONIER
L
a vallée de la Glatt, au nord de Zurich, est l’une des régions à la
croissance le plus dynamique de Suisse. Des stratégies ont été
adoptées dans le cadre du plan directeur cantonal afin de maîtriser
l’extension de la population croissante dans l’espace. Sont ainsi préconisées la densification des zones d’habitat existantes ou encore
des efforts en faveur d’une quantité suffisante d’espaces verts et de
mixité de l’espace social. Le quartier du Richti, à Wallisellen, en plein
milieu d’une vallée de la Glatt en plein essor, en est un bon exemple.
Après avoir été abandonnée pendant une vingtaine d’années, cette
zone industrielle située entre la gare de Wallisellen et le centre commercial Glatt a été reconsidérée sous un autre angle et son potentiel
reconnu. Au vu de son exceptionnelle desserte par les transports en
commun (RER, bus et tramway «Glattalbahn») mais aussi par les
transports individuels motorisés, cet emplacement était tout indiqué
pour se transformer en quartier urbain de logements, de bureaux et
de commerces. En 2010, les travaux ont commencé sur cette zone
de 72 000 mètres carrés, pour s’achever progressivement à partir de
l’été 2013.
De friche à
quartier vivant
Pour transformer la friche industrielle du Richti en un quartier où il fait bon vivre et travailler,
la construction s’est faite dense, avec de larges îlots et une tour. Le projet élaboré par six
cabinets d’architecture a fait clairement ressortir, outre l’importance de la diversité architecturale
et de l’ambiance citadine, celle de la qualité des espaces intermédiaires.
Des espaces publics en compensation
Aujourd’hui, le quartier du Richti offre des logements pour
1200 personnes et des bureaux pour plus de 3500 actifs, dans six
blocs de six étages et une tour de bureaux. Quasiment tous ces espaces ont été vendus ou loués. «Sur un total de 488 appartements,
il ne reste qu’un logement à louer et cinq à acheter», confirme
­Matthias Meier, responsable de la communication d’Allreal, la société immobilière de Zurich qui a imaginé et réalisé le quartier en
tant qu’entreprise totale. L’architecte et urbaniste Vittorio Magnago
Lampugnani, ­professeur à l’EPF de Zurich et directeur du «Studio di
Architettura» de Milan, a assumé la responsabilité du plan directeur.
Après la présentation de son projet est apparue une contre-proposition de maisons individuelles dévoreuses d’espace et de complexes
de bureaux monotones, comme ceux qui se rencontrent d’ordinaire
dans l’agglomération. Sur la zone du Richti a été édifié un morceau
de ville, avec des immeubles denses, des rues bien définies, une allée,
des ­arcades, des cours arborées et une place centrale. Le concept de
Vittorio Magnago Lampugnani a montré qu’il était possible à la fois
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Les rues, les ruelles, les cours intérieures
et la place au cœur du quartier du Richti
confèrent à ce dernier une véritable
­atmosphère malgré la densité du bâti.
Facts & Figures
de mars 2010 à l’été 2013
40 680 m2
Investisseur Groupe Allreal
Promoteur Allreal Generalunternehmung AG, Zurich
Projet directeur Vittorio Magnago Lampugnani,
Zurich / Milan
Architectes Wiel Arets Architects,
Maastricht / Amsterdam / Zurich
Entreprise totale Allreal Generalunternehmung AG, Zurich
Travaux
Surface utile
de bâtir densément et d’aménager d’agréables espaces entre les
­bâtiments. «Pour compenser la densité, il faut des espaces publics
qui offrent aux habitants une qualité de séjour, un espace de mouvement, des lieux de rencontre et des possibilités d’identification»,
explique l’urbaniste italien, qui s’est inspiré des structures typiques
d’une ville européenne compacte et diversifiée. Il n’entend pas par
là uniquement l’installation de cours intérieures équipées de jeux
pour les enfants, de sièges ou de promenades, mais aussi la création
d’une place au centre du quartier et des «Arcades Richti» inspirées
des villes transalpines, qui courent sur toute la longueur en abritant
échoppes et cafés.
Plusieurs architectes pour la diversité
Ascenseurs
15 ascenseurs de personnes Schindler 5400 Eurolift:
Bloc, secteur 1 6 installations duplex et 3 simplex
Tour, secteur 7 6 ascenseurs de personnes Schindler 5400
1 ascenseur pompiers Schindler 2600 Cust
Secteur 6 11 ascenseurs de personnes Schindler 5500
2 Schindler 2600
www.richti.ch
Pour créer une grande mixité d’usages et une diversité architecturale
dans le nouveau quartier, six cabinets d’architectes ont été engagés:
en plus de dessiner le plan directeur, Vittorio Magnago Lampugnani
a également imaginé l’un des six immeubles d’habitation. Ses
confrères SAM, Max Dudler, Joos & Mathys et Diener & Diener ont
insufflé la nouvelle identité du quartier avec un immeuble chacun.
Les projets pour la tour de bureaux de près de 70 mètres de haut
pour Allianz Suisse et l’immeuble correspondant ont été élaborés
par le cabinet d’architectes néerlandais Wiel Arets.
La construction de la tour – un format qui, comme le bloc d’immeubles, joue un grand rôle dans la densité du bâti – a permis de
dégager au nord du secteur 7 l’espace nécessaire pour la création
de la place du Richti. c
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9
Densification de la construction
Le nouveau quartier du Richti redonne vie à une
ancienne friche industrielle entre voies de chemin
de fer, Glattalbahn et échangeur autoroutier.
En tant que locataire principal, Allianz Suisse souhaitait pour les
deux blocs d’immeubles une harmonie visuelle. La façade de verre,
composée de fenêtres en caisson et qui reprend le motif du mur de
marbre du Pavillon allemand de Barcelone dessiné par l’architecte
Mies van der Rohe pour l’exposition universelle de 1929, domine
ainsi tout le complexe. Un concept de desserte était inscrit au cahier
des charges, afin de relier les surfaces utiles à l’intérieur des deux
bâtiments. Wiel Arets Architects a eu une idée à la fois garante d’efficacité et de sécurité, mais aussi de sensation d’espace. C’est ainsi
qu’ont été édifiées des passerelles entre l’immeuble du bas et la
tour, mais aussi une liaison verticale polyvalente au sein de la tour
elle-même. A partir d’une cage d’escalier ouverte sculpturale, on
peut par exemple accéder, depuis le hall d’entrée, à chaque niveau
par différents espaces aérés. Des liaisons plus rapides sont assurées
par six ascenseurs de personnes et un pour les pompiers. Tout en
haut, au 17e étage du bâtiment, on peut admirer une vue totalement dégagée sur tout le quartier du Richti, dont les spécificités urbanistiques ressortent alors clairement. En effet, tandis que les travaux sont maintenant terminés sur l’ancienne friche industrielle,
d’autres zones de la vallée de la Glatt sont en cours d’aménagement, et cette construction urbaine et dense, qui a donné naissance
à ce quartier urbain du Richti si bien intégré dans son environnement, semble rester une exception. n
c
10
La Klybeckstrasse, l’un des axes
principaux du quartier Matthäus.
Ici, la densification, loin d’être un concept, est un fait –
depuis déjà un siècle. Dans le quartier Matthäus de Bâle,
les gens, dont bon nombre d’étrangers, habitent et travaillent tout près les uns des autres. Pendant longtemps,
ce quartier du Petit-Bâle a eu la réputation de ne présenter
aucun ­avantage. Mais le vilain petit canard s’est mué
en un magnifique cygne, devenant au fil des décennies
un endroit agréable, voire à la mode.
Quand le vilain petit canard
devient cygne
Vue sur l’Unterer Rheinweg depuis le débarcadère des bateaux de promenade.
TEXTE KATRIN AMBÜHL PHOTOS JULIEN VONIER
O
rozlan, Kotopoulis, Chebbah, Useini ou encore Kofmel; les
noms sur les sonnettes reflètent ici un bout de la Suisse qui ressemble à un village mondial, une impression que renforce encore
une balade dans le quartier. Kebabs, restaurants indiens et entreprises de nettoyage albanaises bordent les rues Feldberg et Klybeck,
les deux principaux axes du secteur. Leurs voisins sont des bistrots
branchés ou de petites boutiques de créateurs. «Le quartier Matthäus est particulièrement apprécié des jeunes, qui aiment son caractère vivant et multiculturel», explique Roland Frank, chef du service de développement du quartier, avant d’ajouter: «les familles
suisses viennent aussi de plus en plus souvent dans le secteur». Tel
n’a pas toujours été le cas et pendant des dizaines d’années Matthäus a été considéré comme une zone à problèmes. «Le quartier
Matthäus est le plus densément peuplé de Bâle, et son pourcentage
d’étrangers de 51,2% est élevé», précise Roland Frank, également
directeur adjoint du développement urbain et cantonal de la ville.
Cette forte densité s’explique aisément: le quartier Matthäus a été
édifié à la fin du XIXe siècle pour loger les ouvriers, à l’époque où
l’industrie chimique s’imposait comme un pilier de l’économie bâloise. Les usines avaient besoin de main-d’œuvre pour fabriquer des
colorants puis, plus tard, des médicaments. «En ces temps fondateurs, la construction a progressé à vive allure, ce qui explique cette
impression d’unité architecturale», explique Roland Frank. Aux côtés
des immeubles d’habitation ouvrirent également des magasins et
ateliers où travaillaient fabricants de cercueils, menuisiers ou tailleurs. «Ce caractère de quartier d’habitation et artisanal s’est c
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11
Densification de la construction
maintenu jusqu’à nos jours», explique l’urbaniste.
L’unité architecturale a cependant commencé à se fissurer à partir
des années 1960, comme on le voit bien aujourd’hui. Comme des
corps étrangers, des blocs de béton des années 1970 ont poussé en
maints endroits entre les vieux murs de briques. Mais ça aurait pu
être bien pire si un groupe de résidents actifs n’avait mis tout son
cœur à sauvegarder le quartier.
L’architecte Ruedi Bachmann figurait parmi ces résistants de la première heure. Son «QG» était – et est toujours – situé sur la Bärenfelserstrasse au milieu du quartier Matthäus, entre le Rhin et la Klybeckstrasse. Une rue résidentielle calme, élégamment bordée de
verdure, presque idyllique. Les passants se saluent, la plupart se
connaissent. La Bärenfelserstrasse est le point névralgique du mouvement de population amorcé dans les années 1960, à l’époque où
l’étudiant Ruedi Bachmann s’installe ici avec des personnes qui partagent ses idées. Les logements n’étaient pas chers, car de nombreux travailleurs immigrés italiens ou espagnols qui avaient perdu
leur travail à cause de la crise pétrolière avaient dû rentrer chez eux.
Avec les étudiants est aussi venue la rébellion. «C’était un non-quartier», explique Ruedi Bachmann, qui estime qu’environ la moitié des
bâtiments ont été rasés et remplacés par des blocs d’immeubles
dans les années 1970. Avec ses coreligionnaires, il a commencé à s’y
opposer. Une attitude que l’ancien activiste résume en ces mots:
«On y est, on y reste, on en fait partie.»
c
Des étudiants devenus propriétaires
Les activistes autour de Ruedi Bachmann ont trouvé un moyen de
stopper, ou du moins de modérer, l’effondrement du quartier et la
spéculation foncière: l’achat collectif. Ils ont ainsi créé une coopérative et une fondation de caisse de pension qui leur ont permis
­d’acquérir des biens immobiliers. «Les étudiants sont devenus propriétaires, ce qui a joué un rôle décisif pour pouvoir exercer une influence», explique Ruedi Bachmann. Grâce à ce dispositif, les combatifs Bärenfelsler, comme ils s’appelaient eux-mêmes, ont pu acheter
de plus en plus de biens dans la rue. Dans les années 1980, ils se sont
également battus contre la destruction d’une usine de style Art
­nouveau, d’où étaient sortis des radiateurs puis, plus tard, l’Araldite.
Après plus de 30 ans d’exploitation transitoire, l’usine a finalement
été réhabilitée. Elle abrite aujourd’hui un ensemble mixte et vivant
d’ateliers et de logements. Ces initiatives privées ont été complétées
par de nombreuses mesures urbaines, parmi lesquelles un projet de
rue résidentielle initialement prévu pour l’Oetlingerstrasse mais qui,
face à la résistance des résidents, a finalement vu le jour en 1977
dans la Bärenfelserstrasse transversale. «C’était la première rue
­résidentielle de Suisse», précise Ruedi Bachmann.
Beau certes, mais aussi vivant
Les «Bärenfelsler» ne voulaient toutefois pas seulement que leur
quartier soit beau – ils le voulaient aussi vivant. C’est pourquoi ils
ont organisé régulièrement à partir de 1978 des fêtes de rue avec
marché aux puces, stands de jeux et bien sûr buvettes proposant
des plats de tous les pays du monde. Comme se le remémore Ruedi
Bachmann, «ces activités ont permis d’intégrer les habitants étrangers de Matthäus». Et c’est toujours le cas aujourd’hui, car cette tradition a perduré.
La construction de la tangente nord a représenté un projet clé pour
la revalorisation du quartier Matthäus. Dans les années 1970, il était
prévu de construire une autoroute urbaine censée traverser le quar-
12
tier en surface, ce qui aurait engendré encore plus de trafic et dégradé la qualité de vie des habitants. Toutefois, après de longs débats politiques et grâce à la lutte résolue des résidents, la tangente
nord a finalement été construite sous terre entre 1994 et 2000. Elle
passe par la Horburgstrasse à la lisière nord du quartier directement
devant les installations de la Dreirosenanlage. Une fois les travaux
de l’autoroute terminés, cette zone verte a été réaménagée, avec un
parc et des aires de jeu.
«Tout cela a pris beaucoup de temps», explique Ruedi Bachmann,
toujours actif aujourd’hui auprès du point de contact du secteur et
qui écrit de temps en temps pour la revue de quartier Mozaik. Cette
dernière titre «Mladi mali bazel, junges Kleinbasel» et ses pages intérieures contiennent des articles en turc, albanais, anglais ou arabe,
des langues que l’on entend fréquemment sur le parvis de l’église
Saint-Mathieu. «Cette place est un lieu de rencontres», indique
Coosje Barink, pasteure depuis 20 ans dans cette église, une oasis
de calme au cœur du quartier. «Toute la journée se croisent sur
cette place de nombreuses femmes turques, serbes, kosovares et
suisses, qui tricotent, font du crochet et bavardent tandis que leurs
enfants s’amusent sur l’aire de jeux.»
L’église a été rénovée il y a quelques années et la place a été embellie, avec une vaste aire de jeux et des îlots de verdure. «L’église et sa
place font partie de ma vie», complète la pasteure. «Une fois à la retraite, j’aimerais bien y séjourner pendant l’été.» C’est grâce à des
gens comme Coosje Barink, Ruedi Bachmann et bien d’autres, qui
restent et investissent, que le quartier Matthäus est devenu ce qu’il
est aujourd’hui: un lieu dense, animé et agréable à vivre. n
Densités de population
Genève
Bâle
Zurich
Lausanne
Berne
Winterthour
Impressions du quartier Matthäus, zone la plus densément
peuplée de Suisse, avec 27 510 habitants au kilomètre carré.
Ci-dessus: l’angle Bläsiring / Unterer Rheinweg.
A gauche: Ruedi Bachmann devant la Bärenfelserstrasse 28.
Ci-dessous: construction de logements dans l’Unterer Rheinweg.
En haut à droite: la salle de loisirs de Dreirosen.
En bas à droite: de précieuses arrière-cours malgré la densification.
11 721 / km²
7 301 / km²
4 046 / km²
2 846 / km²
2 484 / km²
1 470 / km²
On estime que la plus forte densité de population du monde jamais
atteinte était celle de la citadelle de Kowloon, un quartier de Hong
Kong rasé en 1993, où vivaient 33 000 habitants sur seulement
0,026 km², soit un record de densité mondial de 1 300 000 personnes/km². En Europe, Paris présente une très forte densité de
­population, avec 21 289 habitants/km²; son arrondissement le plus
dense est le 11e (Popincourt), avec 41 744 habitants/km². Le ­quartier
le plus densément peuplé d’Europe se trouve dans la ville espagnole
de L’Hospitalet de Llobregat, où le quartier de la Florida concentre
quelque 77 000 personnes sur un kilomètre carré.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Densit%C3%A9_de_population
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13
L’architecture au Japon
Hiroyuki Shinozaki Architects / Photo: Hiroyasu Sakaguchi
Atelier Fuse / Photo: Shigeru Fuse
Sou Fujimoto Architects / Photo: Iwan Baan
NAF Architect / Photo: Toshiyuki Yano
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Les architectes japonais sont les plus créatifs
du monde. Avec une diversité de formes qui
semble inépuisable, ils imaginent sans cesse de
nouvelles créations intéressantes d’espaces.
SANAA / Photo: Iwan Baan
Si la maison individuelle suisse type semble sortie tout droit d’une chaîne de production, les
architectes japonais sont bien plus audacieux. Motivés par une lourde fiscalité, la surpopulation
et des conditions de lumière défavorables, 25 mètres carrés leur suffisent pour créer de petits
habitats paradisiaques... pour un prix relativement bas.
Le Japon ouvre la voie – une organisation
intelligente des espaces réduits
TEXTE CHRISTIAN TRÖSTER
L
orsqu’on demande à des enfants suisses de dessiner une maison, le résultat ressemble généralement à un carré surmonté d’un toit pointu, peut-être
inspiré des chaumières des contes de Grimm ou de la
triste uniformité de si nombreux lotissements.
Ce schéma de la maison carrée à toit pointu semble
tellement ancré dans la psyché suisse que même les
architectes dessinent la même chose que les enfants
et que les services d’urbanisme limitent toute fantaisie
en matière de gouttières en ordonnant de construire
des toits pointus. En effet, comment expliquer sinon
que dans la plupart des quartiers résidentiels même
les formes modernes «classiques» (comme celles du
Bauhaus) soient déjà jugées trop osées... alors que
ces «modernes» ont déjà 100 ans?
Le Japon ouvre la voie
Il faut aller à l’autre bout du monde, en l’occurrence
au Japon, pour voir à quel point l’habitat peut faire
preuve d’innovation. En effet, depuis quelques années, le pays voit fleurir des chefs-d’œuvre architecturaux difficilement concevables chez nous, tels que des
maisons qui offrent comme par miracle de larges espaces de vie sur des terrains minuscules, et néanmoins
souvent tellement étroites qu’on les appelle «Unagino-nedoko» (lits d’anguilles). D’autres sont tout en
coins et recoins et emboîtées, avec des parois cintrées
ou amoncelées en pentes dignes des Alpes. L’audace
des projets va tellement loin que les architectes osent
même empiler plusieurs maisons au toit pentu. Ainsi
naissent des espaces de vie aux imbrications inédites –
et, soit dit en passant, une critique ironique des architectures anciennes et de la densité urbaine.
Mais le plus incroyable avec les maisons japonaises ne
réside pas dans leur fantaisie de forme ou dans une
envie ludique, mais dans leur organisation souvent
­intelligente de l’espace. Ici, les pièces sont empilées et
imbriquées, les angles aigus sont exploités au maximum et de surprenantes associations sont créées, à
moins d’imaginer carrément un nouveau type de logement: la Maison Moriyama de Tokyo, bien connue
des spécialistes, éclate l’habitat en plusieurs pièces
­réparties séparément sur le sol. Le logement devient
ainsi comme une ville en miniature, avec des chemins
et des places.
L’architecte Ryue Nishizawa, qui a également conçu
l’étroite demeure mise en couverture, a reçu en 2010
le prix Pritzker, la plus haute distinction du monde architectural. L’ingéniosité des architectes s’explique
par de nombreuses raisons, au premier rang desquelles, bien souvent, le manque de place. Le Japon
est en effet l’un des pays les plus densément peuplés
du monde. Comme il est montagneux, ses 127 millions
d’habitants doivent se partager un espace réduit.
Dans la région de la métropole tokyoïte s’entassent
36 millions de personnes, soit 14 000 au kilomètre carré,
contre 4000 à Zurich et seulement 2800 à Lausanne.
Autre facteur: le niveau élevé de l’impôt sur les successions. Les héritiers sont ainsi bien souvent obligés
de vendre de larges parts du terrain de leurs ­parents c
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15
L’architecture au Japon
pour pouvoir en conserver de plus petites, ce qui
explique que les parcelles à bâtir soient divisées, puis
subdivisées, jusqu’à parfois ne plus représenter que
50 mètres carrés, avec des formes bizarres: en T,
en bandes très fines, en trapèzes.
c
Les normes de construction les plus strictes
du monde
Comme si de telles contraintes n’étaient pas suffisantes, la construction n’est souvent autorisée que
sur la moitié des terrains – un exercice de grand art
pour les architectes. En effet, quel maître d’ouvrage
suisse serait tenu d’édifier une maison individuelle sur
25 mètres carrés? «Les Japonais travaillent dans des
conditions extrêmes», explique l’experte en architecture Cathelijne Nuijsink, qui présente 21 architectes et
leurs réalisations dans son livre «How to Make a Japanese House». Ces professionnels lui inspirent un
grand respect: «Ils sont confrontés aux normes les
plus strictes du monde, parmi lesquelles on trouve
bien souvent des exigences de sécurité parasismiques
et la marge obligatoire de 50 centimètres avec la
­parcelle du voisin.»
Il importe également de respecter une quantité minimale de lumière du jour et de tenir compte de la vue
des voisins. En revanche, la dimension esthétique
n’est soumise à aucune restriction. Contrairement à
l’Europe, le Japon ne possède aucune norme d’urbanisme visant à respecter le caractère local ou historique de l’espace urbain. De ce fait, les résidents n’ont
aucun moyen de s’opposer aux extravagances architecturales de leurs voisins, tant qu’ils respectent les
normes en vigueur.
Construire avec un budget modeste
La Maison I à Tokyo a été imaginée par Asai Architects
de manière à ce que les pièces du rez-de-chaussée soient
­légèrement décalées par rapport à la rue, un souci de la
discrétion encore accentué par la plantation d’arbres supplémentaires, qui permettent aux habitants, une famille de
quatre personnes, de profiter de la vue depuis la terrasse.
Asai Architects / Photo: Taisuke Ogawa
16
Par rapport à la sévérité des normes imposées, les
budgets de construction sont étonnamment modestes au Japon: le prix moyen d’une maison n’atteint
en effet que 190 000 francs suisses, ce qui représente
nettement moins que la valeur du terrain, à la découpe souvent irrégulière. Toutefois, comme l’explique Cathelijne Nuijsink, architectes et maîtres
d’œuvre «font tout pour transformer en lieu de vie
agréable une parcelle de terre à première vue inhabitable». L’architecte australien Alistair Townsend, qui
travaille à Tokyo, rappelle un autre aspect de la richesse de formes nipponne: pour lui, les maisons japonaises n’auraient qu’une durée de vie limitée, ce
qui aurait des conséquences sur leur conception. En
Occident, au moment de la construction, beaucoup
songent à la revente, ce qui incite à rester classiques.
«Des idées trop osées peuvent présenter des risques
pour l’investissement», estime Alistair Townsend. Au
Japon en revanche, où les biens se déprécient en
­général totalement au bout de 15 ans, les maîtres
d’ouvrage ne doivent pas réfléchir à ce que penserait
l’acheteur ultérieur – puisqu’il n’y en aura pas.
Selon l’architecte australien, il s’ensuit donc en général une perte de valeur pour tout bien immobilier
privé. D’un autre côté, les maisons peuvent être bâties de manière à répondre exactement aux besoins et
aux goûts du commanditaire: 87% de toutes les acquisitions de logements au Japon sont de premières
occupations, soit des constructions neuves, contre
11 à 34% dans les pays occidentaux. La faible valeur
accordée aux constructions anciennes s’explique selon Alistair Townsend essentiellement par la fréquence des séismes, un risque qui se justifie au vu des
événements passés et en raison duquel les bâtiments
du pays du Soleil levant sont moins considérés
comme durables et donc construits de manière à pouvoir être rebâtis rapidement et à moindre coût. C’est
dans ce contexte que naissent aujourd’hui des projets
très admirés: maisons aux pièces ouvertes et escaliers
en raidillon, avec des étages libres sans garde-corps et
des configurations lumineuses difficiles à décrypter.
On trouve ainsi des planchers de verre, des fenêtres
ouvertes comme liaison entre deux pièces ou des espaces à mi-hauteur dans lesquels le plancher de la
pièce du dessus sert en même temps de table à celle
du dessous. Il arrive que des pièces dans la tradition
japonaise des portes coulissantes en papier soient séparées par des panneaux de plastique transparents
ou par des rideaux. Autre idée pour le moins surprenante: mettre cuisine et chambre dans la même pièce.
Les nouvelles possibilités de l’habitat collectif
Les constructions souvent remarquables ouvrent également de nouvelles voies à l’habitat collectif, comme
le montre particulièrement la Maison Moniyama, toujours considérée comme l’archétype de l’ultramoderne japonais. L’agencement en différents corps de
bâtiment ne se contente pas de transformer les dégagements en ruelles et les entrées en places; la cohabitation des habitants s’organise aussi différemment
autour des dix cubes blancs qui forment la maison.
Lorsqu’une maison n’est plus structurée autour d’un
centre mais qu’elle devient une sorte de ferme
condensée, le rapport des habitants à la proximité et
à la distance, à la collectivité et à l’individualisme est
complètement différent de celui que l’on peut avoir
dans un trois pièces avec cuisine, salle de bain et abri
de voiture. Il est difficile d’imaginer un modèle plus
souple pour les cohabitations non familiales.
Pourtant, aussi exemplaire que puisse paraître la nouvelle architecture japonaise, la comparaison ne suffit
pas à inciter les Européens à l’autoflagellation. Au Japon aussi, les réalisations créatives restent l’exception.
La maison préfabriquée la plus vendue dans le pays
s’appelle xevoE. Son fabricant, Daiwa, en vend quelque
15 000 par an, ce qui fait de xevoE une sorte de Toyota
Corolla de la maison en kit. Cet article est tellement
passe-partout qu’il pourrait se fondre incognito dans
n’importe quelle agglomération de Suisse. n
Littérature:
Cathelijne Nuijsink, How to Make a Japanese House
Broché, 324 pages, NAi Publishers, 2012
ISBN 905662850X (ISBN13: 9789056628505)
Yuko Nagayama & Associates / Photo: Daici Ano
Les architectes japonais doivent fréquemment se préoccuper du guidage de
la lumière dans des zones densément bâties. La maison construite par Yuko
Nagayama Architects dans le quartier Shibuya de Tokyo s’ouvre sur une
cour intérieure. Ici, le dernier étage mansardé est tout en verre, pour laisser
entrer suffisamment de lumière dans la maison.
Dans la Maison BB, également à Tokyo, l’architecte Yo Yamagata a associé
avec raffinement lumières directes et indirectes.
Yo Yamagata Architects / Photo: Forward stroke Inc.
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17
Développement du centre-ville
Genève construit une
nouvelle ville dans la ville
La ville de Genève se prépare à une incroyable mutation urbaine, sans comparaison avec
ce qui s’est passé jusqu’ici en Suisse. Elle poursuit sa densification avec son projet PAV,
qui va transformer tout le centre-ville.
TEXTE JEAN-LOUIS EMMENEGGER IMAGES DE SYNTHESE EQUIPE DUPRAZ-BYRNE PHOTO CLAUDE BOSSEL
A
vec 11 721 habitants par km2, Genève est nettement en tête de la densification des villes
suisses, et elle va encore la renforcer. Ainsi, le périmètre du PAV (Praille-Acacias-Vernets), d’une surface totale de 230 hectares, sera entièrement transformé et six nouveaux quartiers seront construits.
Pour le futur quartier de l’Etoile, c’est le bureau de
l’architecte genevois Pierre-Alain Dupraz et ses partenaires qui a gagné le mandat d’études parallèles
organisé par le Canton.
Le PAV: un nouveau centre-ville
Les Genevois connaissent bien le PAV, car ce périmètre urbain est en plein bouleversement. Sur les
230 hectares, 140 seront réaffectés à l’habitat. L’objectif des urbanistes est de réaliser la mutation d’une
18
zone industrielle et artisanale vers un nouveau
centre-ville mixte et dense. Quelque 11 000 logements seront construits et le PAV comptera près de
25 000 habitants: il est le projet phare de la densification de Genève, une ville qui voit sa population
croître mais qui ne peut pas s’étendre car son territoire est limité partout. Genève n’a pas d’autre solution que de croître en hauteur!
Le futur quartier Etoile
Le quartier Etoile, situé au centre du PAV, est l’un
des six quartiers prévus dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets. Sur 13 hectares, l’Etoile sera un quartier mixte d’habitation, avec des logements pour environ 6000 habitants, des grands magasins ou des
petits commerces, des crèches, peut-être des écoles
et homes pour personnes âgées. Le but est de proposer la meilleure qualité de vie possible aux futurs
habitants. Le projet retenu intègre les paramètres
que sont les routes et rues existantes, l’accès aux
transports publics, la mobilité douce, les espaces
verts, les parkings souterrains, les énergies renouvelables, etc.
Une équipe internationale
Vue de la place de l’Etoile,
centre névralgique du futur
quartier.
L’équipe lauréate du concours pour le quartier Etoile
est internationale: aux côtés de la jeune équipe genevoise du bureau d’architectes Pierre-Alain Dupraz,
qui a dirigé le projet, deux partenaires sont de Lisbonne, auxquels se sont jointes Ingeni SA (Genève)
pour le génie-civil et Swisstraffic SA (Lausanne) pour
la mobilité et le trafic. «De notre côté, nous avions
une connaissance très complète des paramètres
propres à Genève. Néanmoins, j’ai voulu compléter
mon équipe en y apportant d’autres compétences.
C’est pourquoi j’ai fait appel à mon éminent confrère
portugais Gonçalo Byrne qui connaît bien les villes
en général, ainsi qu’aux architectes paysagistes de
Proap qui venaient de remporter deux concours à
Genève. Je pense que ce sont cette complémentarité
et cette excellente collaboration entre des profes-
sionnels créatifs de Lisbonne et de Genève qui ont
fait que le jury a choisi notre projet», indique PierreAlain Dupraz.
Sept tours
Le projet Etoile répond aux spécificités fixées dans le
masterplan de ce quartier. «Concrètement, il est
prévu de construire sept tours, trois grandes de
172 mètres de haut et quatre petites de 80 mètres
de haut», précise Pierre-Alain Dupraz. Il s’agira de la
seule exception de cette ampleur à l’intérieur du
­périmètre du PAV. La hauteur des tours répond à
une analyse qui identifie trois hauteurs de base qui
existent déjà dans la ville.
L’habitat est prioritaire: 1 500 logements seront
construits (diverses surfaces, ainsi que des logements
d’utilité publique). Le logement représentera au
moins le tiers des surfaces du projet deux tiers sont
pour les bureaux, commerces, services de proximité
et équipements publics). Pour l’espace et les équipements publics, l’aménagement revêtira une importance cruciale. Les rez-de-chaussée des constructions offriront une affectation en forte interaction
avec ­l’espace public, afin d’assurer une animation et
vie culturelle et sociale. c
Qualité de vie – grâce à l’agencement soigneux des espaces
entre les immeubles, avec voies
piétonnières et pistes cyclables
entourées de verdure, par
exemple le long de la future
­avenue de la Praille.
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19
Développement du centre-ville
«Densification et qualité
de vie optimale»
Tel est le défi de l’architecte Pierre-Alain Dupraz
Pierre-Alain Dupraz,
architecte, pilote de l'équipe
lauréate du concours, composée des bureaux Pierre-Alain
Dupraz Architectes (Genève),
Gonçalo Byrne Arquitectos
LDA (Lisbonne), PROAP LDA
(Lisbonne), Ingeni SA (Genève)
et Swisstraffic SA (Lausanne).
Pour vous, que signifie la densification urbaine?
Pierre-Alain Dupraz: Densifier une ville contribue à optimiser la
­surface au sol disponible pour y loger le programme voulu. Il est
donc facile de comprendre que la verticalité soit souvent privilégiée
lorsqu’il s’agit d’atteindre une certaine densité. Le jeu consiste à
trouver le bon équilibre entre le programme à construire et les
­dégagements ou les espaces verts à créer, afin de garantir une très
bonne qualité de vie aux habitants.
Et la mutation urbaine?
La mutation urbaine est un long processus qui tend à étendre la ville
en opérant des changements d’affectation ou en déclassant certaines zones. C’est pourquoi nous constatons que bien souvent les
zones artisanales ou industrielles, qui autrefois étaient situées en
­périphérie de la ville, laissent à présent la place à de nouveaux quartiers parfaitement intégrés à la ville par l’ajout de nouveaux réseaux
de transports publics ou par l’intermédiaire de nouvelles voies dédiées à la mobilité douce.
Comment voyez-vous le développement des villes suisses ces
­prochaines décennies (en fonction de l’application de la loi sur
l’aménagement du territoire ­révisée)?
La densification urbaine ainsi que la mutation urbaine répondent de
manière efficace, censée et sensible à cette question. Pour ma part, il
est indispensable de construire d’abord la ville en ville et de participer
de cette manière à sauvegarder le paysage dans son ensemble. Il est
évident que si l’on veut préserver le territoire et ses qualités paysagères, les villes suisses devront augmenter leur densité, et donc assouplir certaines règles.
20
c
Transports publics et mobilité douce
Le quartier Etoile est situé à proximité de la future
gare de Lancy-Pont-Rouge du CEVA (train urbain).
Des chemins et accès pour cyclistes permettront aux
habitants du quartier de se rendre rapidement par le
CEVA au centre de Genève, à la gare Cornavin et à
l’aéroport international de Genève.
Les espaces verts n’ont bien sûr pas été oubliés. Le
projet de Pierre-Alain Dupraz prévoit de construire
quatre îlots de taille généreuse, ce qui permet de
créer un espace vert au centre et d’y laisser entrer
la lumière du jour. Des chemins et espaces de jeux
­formeront un environnement de verdure. La Place
de l’Etoile sera le centre de vie du quartier. Les deux
principaux espaces publics seront reliés par des
chemins pour piétons et cyclistes. La rivière Drize,
aujourd’hui couverte, sera mise à ciel ouvert. La
­mobilité douce sera concrétisée par des axes spécifiques, dont la Voie verte. Aujourd’hui, le principal
défi du projet Etoile est d’intégrer le futur Palais de
Justice du Canton de Genève. n
L’exemple du Tessin
Des villages médiévaux
du Mendrisiotto montrent la
voie d’un bâti plus dense.
Parler de densification du bâti ne signifie pas forcément se référer à des exemples de
l’architecture contemporaine. Au Moyen Age déjà, on construisait de manière ramassée,
comme le montrent des exemples particulièrement intéressants dans le Mendrisiotto
tessinois et en Italie du Nord.
La leçon des cœurs
de villages médiévaux
TEXTE MARCO ENGELER PHOTOS MANUEL RICKENBACHER
L
a plupart des métropoles du monde ont aujourd’hui investi tous
les terrains à disposition. Comme elles jouxtent déjà les communes limitrophes, toute extension est impossible. Afin de pouvoir
néanmoins construire de nouveaux logements et bureaux, la seule
possibilité qui s’offre aux planificateurs et urbanistes réside donc
dans la densification, ce qui explique que cette voie soit privilégiée
depuis des dizaines d’années. L’impulsion ne vient pourtant pas seulement de la science ou de conditions de construction plus favorables, mais aussi, de manière surprenante, de la manière dont on
bâtissait au Moyen Age.
L’habitat ramassé du Moyen Age
Pour se représenter les pratiques urbanistiques de cette époque,
il suffit de flâner dans un bourg médiéval du Mendrisiotto ou dans
les rues d’un village (ou d’une petite ville) de Lombardie. On voit
alors immédiatement combien ces habitats anciens sont étroits
et denses. Les maisons sont parfois si près les unes des autres
que, même en pleine journée, la lumière pénètre à peine dans
les pièces.
«Nous ne devons pas oublier que, dans une société rurale, la terre
était étroitement liée à la production de nourriture», rappelle Gian
Paolo Torricelli, professeur d’architecture à l’université de la Suisse
italienne (USI), avant de poursuivre: «Comme les terres devaient
servir à l’agriculture, il fallait économiser sur les surfaces habitables.» Aujourd’hui aussi il faut économiser de la place, même si
le but principal n’est plus la production de nourriture. Dans la
­société occidentale moderne, le foncier a plutôt une valeur
d’échange, ce qui explique, selon le professeur Torricelli, l’agrandissement («hypertrophie», en langage scientifique) des surfaces à
bâtir et la dispersion de l’habitat. c
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21
L’exemple du Tessin
c
Le «mitage», caractéristique de l’habitat moderne
«Beaucoup protestent lorsqu’on construit un bâtiment moderne
dans une vallée éloignée», estime Roberto Briccola, maître de
conférences à l’USI. «Pourtant, ce sont les mêmes qui restent sans
bouger face à l’urbanisme inconsidéré de nos vallées» (du Tessin,
Ndr.). Nombreux sont ceux qui ignorent que le sol est un bien limité.
Dans une étude pour l’USI, Roberto Briccola a montré comment
mettre fin au mitage (étalement urbain) et embellir les zones
­périurbaines dégradées du Tessin en densifiant la construction.
Pour son travail, il s’est appuyé sur un quartier excentré de la commune de Giubiasco, dans les faubourgs de Bellinzone, qu’il a comparé au cœur de village d’Arzo, une petite commune à l’ouest de
Mendrisio. Les différences entre les deux localités sont phénoménales: Arzo a un bourg extrêmement dense, les maisons se
touchent, aucune place n’est restée inutilisée, alors qu’à Giubiasco,
au contraire, les terrains ont été gaspillés et bâtis en dépit du bon
sens, avec un nombre très élevé de parcelles inutilisées et pourtant
une absence totale d’espace public où les habitants peuvent se
rencontrer. La voiture est reine des rues du quartier périurbain,
tandis que le centre d’Arzo, interdit à la circulation, permet aux
gens de se retrouver.
Aspiration à une vie urbaine de qualité
«Pendant des siècles, la périphérie des villes a abrité les résidences
de ceux qui pouvaient avoir une villa à la campagne en plus de leur
palais citadin», explique Vittorio Magnago Lampugnani, professeur
d’architecture à l’EPF de Zurich. Ce n’est qu’à partir des années
1850 que la banlieue est devenue une zone de repli face à la pollution et à la surpopulation des grandes villes, accessible également
aux classes modestes et moyennes. Aujourd’hui, environ les deux
tiers des ­Européens habitent en périphérie.
Toutefois, la tendance inverse ne s’est pas fait attendre et de plus
en plus de gens aspirent aujourd’hui à une vie urbaine de qualité.
Le mouvement contraire, à savoir un retour de la campagne vers
les villes, est à l’œuvre depuis plusieurs années. «La proximité
­spatiale facilite toutes les activités, du logement au travail en passant par les loisirs, et minimise ainsi les déplacements», précise
­Vittorio Magnago Lampugnani. Or, si de plus en plus de personnes
veulent s’installer en ville, il faut évidemment y densifier le bâti.
La leçon de Giubiasco
Quelle leçon peuvent tirer les architectes et urbanistes d’aujourd’hui
des constructions ramassées édifiées il y a des siècles? L’exemple
de la banlieue de Giubiasco démontre que des mesures sont nécessaires. «Rien qu’en Suisse, le total des surfaces inutilisées
22
Dans une société rurale, la terre était
étroitement liée à la production de
nourriture. Les cœurs de village
comme à Arzo (TI) étaient donc très
densément construits.
L’étude de Roberto Briccola
­analyse le cœur du village d’Arzo
(à droite) et le quartier périphérique de Giubiasco, à l’habitat
très clairsemé (à gauche).
r­ eprésente une zone de la taille de Genève. Autrement dit, on
pourrait y installer 13 000 entreprises comptant 140 000 employés,
ou encore y loger, équipements de proximité compris, 190 000 personnes», estime Vittorio Magnago Lampugnani. D’après lui, l’extension de la banlieue n’est pas imputable avant tout à un urbanisme défaillant, mais à des préférences erronées. Cette structure
découlerait en ­effet d’une «volonté politique, mise en œuvre de
force à coups de lois et d’incitations financières». C’est pourquoi il
faut aujourd’hui changer tout cela et imaginer de nouvelles stratégies de densification, par exemple avec des projets comme ceux
présentés dans l’étude de Roberto Briccola, qui préconise de
construire de façon plus dense dans les centres et d’éviter l’éparpillement en ­agglomération. Mais combien de temps prendra cette
conversion? Et de tels projets et idées ne sont-ils pas un peu utopiques? ­Roberto Briccola l’admet, on ne peut pas simplement raser
des quartiers entiers.
Certaines communes, telles que Biasca, possèdent toutefois encore des terrains à bâtir. «A côté de la gare, une parcelle n’est pas
entièrement construite», explique-t-il encore. Ici, selon son projet,
on pourrait bâtir, non pas 13 maisons individuelles, comme ce qui
est prévu aujourd’hui, mais 36. Il ne fait aucun doute que la réalisation d’un tel projet permettrait de contrer la dispersion de l’habitat aux environs de Biasca. Pour construire plus densément, il importe de revoir les règles de construction locales. En effet, les
indices d’utilisation sont dans bien des communes beaucoup trop
bas, de même que les hauteurs maximales et les intervalles obligatoires, ce qui fait qu’il est impossible de procéder à une densification ciblée. Selon Roberto Briccola, l’impulsion décisive devrait
donc venir des politiques, si l’on ne veut pas que les bonnes intentions se limitent à des améliorations timides. n
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23
Espace public
Se mettre au vert – le traitement
contre le «Dichtestress»
Agitation et isolation sociale: les villes mettent la santé mentale de leurs habitants à rude
épreuve. Certains n’y résistent pas. Comment les architectes et urbanistes, mais aussi les
psychologues, peuvent-ils les préserver du stress lié à la densité?
24
En outre, la densité sociale n’exclut pas forcément l’isolation sociale, dont les personnes âgées qui vivent seules en ville sont les
principales victimes. «L’association de la densité sociale sous sa
forme néfaste et de l’isolement social crée un mélange toxique»,
affirme Mazda Adli. Un véritable tourment pour l’âme. De fait, la
question d’une ville supportable gagne en importance face à l’urbanisation croissante. Comment aménager une ville respectueuse
de ses habitants? Pour le savoir, Mazda Adli a mis sur pied le projet «Stress and the City», dans lequel des neuroscientifiques, des
psychologues, des architectes, des géographes et des urbanistes
s’efforcent d’élaborer des concepts en faveur d’une urbanité saine
dans le cadre d’un échange interdisciplinaire.
Des possibilités de contact plus près de chez soi
Pour Joëlle Zimmerli, sociologue spécialisée dans la planification et
­l’architecture (ici au restaurant du parc Bäckeranlage), la Sechseläutenplatz
située près de la place Bellevue (à gauche) et le Bäckeranlage dans le
4e arrondissement de Zurich sont des lieux voués à la détente et à la vie
sociale, en plein cœur de la ville.
Joëlle Zimmerli, sociologue zurichoise spécialisée dans la planification et l’architecture, s’intéresse également à cette question. A
titre d’exemple, la densification urbaine très répandue aujourd’hui
est-elle une solution adaptée à une ville saine? La densification
est-elle compatible avec la vie urbaine telle que les citadins la
conçoivent? Joëlle Zimmerli a analysé l’«acceptation de la densité
urbaine» dans le cadre d’une étude menée auprès de plus de
1000 Zurichois. Leurs réponses illustrent clairement leurs attentes
vis-à-vis d’une ville attrayante et sans stress. c
TEXTE PIRMIN SCHILLIGER PHOTOS JULIEN VONIER
L
es magasins viennent de fermer, le tram gronde et grince. A l’intérieur, les occupants s’efforcent de couvrir le bruit. Ils crient littéralement dans leurs téléphones portables. Difficile de ne pas s’immiscer dans des conversations privées avec une telle proximité. D’autant
plus que de nouveaux voyageurs viennent s’ajouter à chaque arrêt.
Se frayer un chemin à travers la ville moderne exige des nerfs d’acier.
Tout le monde n’est pas suffisamment fort mentalement pour surmonter la frénésie quotidienne. Les citadins souffrent en effet 20%
plus souvent de troubles anxieux et même 40% plus fréquemment
de dépressions que les habitants des zones rurales. Telle est la
conclusion de chercheurs de l’Université d’Amsterdam, qui ont mené
une méta-analyse de plus de 20 études dans ce domaine.
Le revers de la densité sociale
La vie urbaine nous rend-elle malade? «C’est surtout le stress social qui rend malade», estime Mazda Adli, psychiatre et médecinchef de la clinique Fliedner à Berlin. Par stress social, il entend «la
somme de l’isolation sociale et de la densité sociale». D’après
­Mazda Adli, la densité sociale a deux facettes. Elle peut être positive, dans le sens où elle est un gage de qualité pour la ville. Elle
implique des contacts, des rencontres, des échanges, des réseaux,
des expériences diversifiées, le tout dans un espace des plus exigus. Cela étant, elle peut aussi s’avérer néfaste quand le citadin
n’est plus en mesure de choisir librement la distance qui le sépare
de ses semblables et qu’il est contraint à une proximité incommodante. Comme dans un bus ou un tram bondé, dans la file d’attente d’une caisse, voire chez lui, lorsque les cloisons sont tellement fines que l’on ne s’entend plus à cause du téléviseur du
voisin. Le facteur de stress s’accroît encore lorsque la densité
­sociale s’accompagne d’un sentiment d’insécurité, par exemple
dans les quartiers où criminalité et violence sont quotidiennes.
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25
Espace public
La Sechseläutenplatz
baigne dans une
­ambiance méditerranéenne, ce qui en fait
l’un des lieux de
­rencontre les plus
prisés des Zurichois.
c «Ils aspirent à des lieux qui leur offrent de multiples possibilités
de contacts sociaux, à deux pas de chez eux», déclare Joëlle Zimmerli. Les personnes interrogées estiment que l’essence même de
l’urbanité d’une ville réside dans un espace public invitant à s’attarder sans forcer à la consommation, c’est-à-dire des places et
des parcs, comme la Sechseläutenplatz près de la place Bellevue,
le parc Bäckeranlage ou les quais et les terrains de jeu le long du
lac et de la Limmat à Zurich.
La vision de la ville idéale révèle l’existence de deux groupes distincts, dont les besoins diffèrent: il y a d’une part, les «inconditionnels du centre-ville», qui sont attentifs aux courtes distances,
à la mixité sociale et à la proximité des transports publics, et de
l’autre les «habitants enracinés dans les quartiers», qui recherchent avant tout la tranquillité. Ces derniers ne sont pas aussi
tolérants que les habitants du centre-ville à l’égard de la densification urbaine et sociale. Etonnamment, une grande majorité des
personnes interrogées (77%) juge que le développement urbain
devrait prendre de la hauteur et non s’étendre en largeur. Et serait
donc ravie que la ville de Zurich autorise des constructions de
deux à trois étages supplémentaires. «Mais ce n’est pas la tendance actuelle», observe Joëlle Zimmerli. En effet, environ la moitié des nouvelles constructions ne compte pas plus de quatre
étages. A l’heure actuelle, la densification s’opère si possible à
l’horizontale à Zurich, les derniers espaces verts et les friches reconverties disparaissant sous les constructions. «La densification
en hauteur serait l’approche souhaitée et adaptée, notamment en
raison de l’exploitation plus efficace du sol.»
26
Des niveaux inférieurs vivants
Mais jusqu’à quelle hauteur faut-il construire? Sur la base des
­résultats de son étude, Joëlle Zimmerli plaide pour une vision différenciée. Selon elle, les immeubles qui posent problème sont
ceux situés en périphérie voire à l’extérieur de la ville, partout où
les transports laissent à désirer. «Ils sont construits avant tout à
des endroits déjà denses, c’est-à-dire dans des zones centrales
bien desservies par les transports.» D’après Joëlle Zimmerli le critère décisif de l’acceptation des tours par la population n’est pas
vraiment la hauteur, mais plutôt le niveau inférieur. «S’il dispose
d’un niveau inférieur bien aménagé, facile à traverser et ouvert au
public, le bâtiment élevé n’est plus du tout perçu comme tel»,
souligne-t-elle en référence aux créations éloquentes d’architectes
américains. Le niveau inférieur ou le rez-de-chaussée à mixité
d’usages avec des boutiques, des cafés, des restaurants et des
aménagements publics est un signe distinctif de l’espace urbain. Il
influe sur la perception positive ou négative de la densité urbaine.
Par ailleurs, les Zurichois sont unanimes à souhaiter que toute
­habitation urbaine comporte un balcon ou une terrasse.
Le stress urbain n’est-il donc qu’une fausse alerte?! Si l’on considère l’étude précitée, il n’a pas grand-chose, voire rien à voir, avec
la densification. «Certes, les gens ressentent le stress lié à la densité, notamment dans le flux de pendulaires dans le métro ou aux
heures de pointe», concède Joëlle Zimmerli, «mais il est dû à un
mauvais développement territorial, avec des distances toujours
plus grandes entre la maison et le travail, et en aucun cas à la densification urbaine.» n
«Vie urbaine méditerranéenne»
Entretien avec Mazda Adli,
chercheur sur le stress, Berlin
Comment soulager au mieux la détresse urbaine et
de quoi les urbanistes et les architectes doivent-ils
tenir compte?
Mazda Adli: Les bâtiments et les quartiers devraient être
aménagés de telle sorte que les gens aient envie d’être
dehors plutôt que de rester chez eux. La planification
doit veiller à offrir des possibilités de contact optimales.
Il faut des espaces communs animés, des rues accessibles aux piétons, des places accueillantes, bref, tout ce
qui permet un mode de vie méditerranéen dans les lieux
­ouverts au public.
L’exemple méditerranéen peut-il fonctionner
en Suisse?
Le style de vie méditerranéen n’est pas une question de
chaleur et de climat. Une ville peut être aménagée de
telle sorte que les gens aiment passer du temps en plein
air, même en hiver.
Mais comment éviter le stress lié à la densité?
La densité n’est pas forcément synonyme de stress. Elle
est problématique quand on ne peut y échapper pour
se «mettre au vert», c’est-à-dire à l’écart. Mais au fond,
nous recherchons et apprécions tous un environnement
social dense et vivant. Il faut juste qu’il ne soit pas
­oppressant.
C’est donc une question de qualité. La solution passet-elle par des bâtiments élevés voire des gratte-ciel?
Tout dépend de leur emplacement et de leur utilisation.
Le rez-de-chaussée est la vitrine sociale de l’immeuble.
C’est elle qui détermine comment les habitants se
sentent en circulant entre des bâtiments élevés. Ils
doivent donc également être vivants, c’est-à-dire bien
aménagés et multifonctionnels.
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27
Schindler global
Wall Street, la Bourse de New York et le nouveau World Trade Center dans le quartier de Downtown
Manhattan forment le centre mondial de la finance et du commerce. Les façades vitrées des gratte-ciel y
brillent de mille feux, à un jet de pierre seulement de la Trinity Church bâtie en 1697, avec son fameux
cimetière. L’esprit des capitaines d’industrie de la première heure enterrés ici continue d’alimenter les rêves
des leaders économiques actuels qui, depuis les attentats du 11 septembre 2001, se sentent investis d’une
mission de reconstruction du quartier et du World Trade Center.
4 WTC – un symbole
spectaculaire de Manhattan
28
Facts & Figures
Architecte
Développement
Maître d’œuvre
Hauteur
Superficie
Matériaux construction
Utilisation principale
Ouverture
Coût
Fumihiko Maki
Silverstein Properties
Tishman Construction
72 étages, 297,7 m
216 000 m² de surfaces commerciales et de bureaux
Acier et béton
Immeuble de bureaux avec surfaces commerciales
13 novembre 2013
USD 1,7 milliard
Ascenseurs / escaliers roulants
37 ascenseurs à hautes performances Schindler 7000 personnalisés:
34ascenseurs de personnes avec technologie PORT Schindler
3 ascenseurs de service pour bâtiments élevés
2 ascenseurs de service à engrenages
2 ascenseurs personnalisés à entraînement hydraulique
6 Schindler 9300AE
TEXTE ET PHOTOS SCHINDLER USA
E
tablie à Manhattan, la société immobilière et d’investissement
Silverstein Properties, Inc. (SPI) est le moteur de la reconstruction
du complexe du World Trade Center. Conjointement avec des architectes et des partenaires commerciaux de renommée mondiale,
SPI a pris le pari d’entreprendre ce projet d’USD 10 milliards qui
concerne essentiellement le réaménagement du complexe WTC.
Le nouveau 4 World Trade Center illustre parfaitement l’architecture
et le design typiques de Silverstein Properties. Ouvert en novembre
2013, le bâtiment de bureaux est le premier immeuble de bureaux
construit sur le spacieux site réaménagé de 6,4 hectares et le plus
récent gratte-ciel du sud de Manhattan.
Conçu d’après la norme LEED® Gold par Fumihiko Maki, lauréat du
prix Pritzker, il est déjà considéré par beaucoup comme l’édifice le
plus moderne du XXIe siècle.
Le mur en granit noir de l’entrée se démarque de manière spectaculaire de
la zone d’accès aux ascenseurs, habillée de bois dur africain poli.
Un bijou de technologie
Du haut de ses 72 étages, le 4 World Trade Center est actuellement le
deuxième gratte-ciel le plus haut du complexe, avec 216 000 m² de
surfaces commerciales et de bureaux. Le nouvel édifice se distingue
en particulier par l’utilisation de technologies de pointe et sa méthode
de construction durable et sobre en énergie: l’alimentation électrique
provient exclusivement de ressources renouvelables telles que le vent,
l’eau et l’énergie solaire. En outre, le bâtiment consomme 20%
d’énergie en moins que des bâtiments similaires grâce à des systèmes
de chauffage et de refroidissement modernes, à l’utilisation de piles à
combustible et à la technologie de récupération de Schindler: l’énergie produite par les entraînements régénératifs des ascenseurs est redistribuée au réseau électrique.
La tour au profil angulaire unique se dresse vers le ciel. Sa façade en
verre à couches multiples, gage d’économies d’énergie, scintille et
rayonne sous la lumière du soleil. Les parois de l’entrée principale sont
habillées de granit noir et reflètent les bâtiments alentours, ainsi que
les arbres plantés autour du mémorial.
Le 4 World Trade Center marque surtout par sa façade vitrée et ses
­fenêtres à hauteur de plafond. Elles sont tellement bien isolées qu’elles
contribuent au chauffage en hiver et à la climatisation en été. Avec les
régulateurs de débit et le système de collecte des eaux de pluie, elles
permettent au 4 World Trade Center de consommer 30% d’eau en
moins que les gratte-ciel classiques de dimensions similaires. En outre,
les différents systèmes du bâtiment sont reliés via une technologie de
communication intelligente. De cette manière, le dispositif de sécurité
enregistrera à l’avenir les locataires qui viennent travailler le weekend, quand tous les systèmes sont désactivés, afin de réactiver les
équipements nécessaires pour chauffer ou refroidir les bureaux
concernés.
Des vues à couper le souffle, une esthétique inspirée
Grâce aux fenêtres transparentes à hauteur de plafond, les bureaux
reçoivent davantage de lumière naturelle que n’importe quel bâtiment de New York. En outre, les fenêtres offrent une vue panoramique époustouflante sur les différents quartiers, le port, la Statue de
la Liberté et le New Jersey, de l’autre côté de l’Hudson. La conception
sobre du bâtiment a été choisi avec soin, afin d’offrir suffisamment
d’espace pour assurer la quiétude du mémorial dédié aux victimes du
«9/11», situé directement en face. L’aménagement intérieur du bâtiment se veut à la fois artistique et dynamique. Une vaste entrée majestueuse donne le ton au rez-de-chaussée. Elle est entourée de trois
côtés par des cloisons en verre de 14 mètres de haut, qui laissent entrer beaucoup de lumière naturelle reflétée par le fond noir en granit.
Les parois à LED à hauteur de plafond entre les groupes c
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29
Schindler global
La technologie PORT de Schindler indique à chaque utilisateur
l’ascenseur qu’il doit prendre pour accéder à l’étage souhaité.
Un immeuble supplémentaire
du WTC doté d’ascenseurs Schindler
Directement à côté du 4 World Trade Center, le 3 World Trade
Center conçu par Richard Rogers de Rogers Stirk Harbour +
­Partners voit le jour. Ce gratte-ciel de 80 étages doit accueillir
48 ascenseurs hautes performances de type Schindler 7000. Les
deux tours du WTC seront reliées au World Trade Center Transportation Hub situé à proximité, la nouvelle station qui relie le
WTC à toute la région par bus et trains. Le 3 World Trade Center
aspire également à la certification LEED® Gold.
La nuit règne aussi une ambiance très animée dans les commerces,
les restaurants et les autres établissements prestigieux.
Des ascenseurs sobres
aux lignes épurées
d’ascenseurs soulignent la ligne épurée du bâtiment. Parallèlement,
elles mettent en scène un spectacle naturel mêlant le ciel, l’eau et les
arbres, diffusé à l’intérieur du bâtiment au moyen d’une installation
vidéo. Le 4 World Trade Center accueille notamment l’entreprise
technologique Media Math, les autorités portuaires de New York et
du New Jersey et les bureaux de la City of New York. En outre, de
nombreuses marques renommées telles que Apple, Breitling, Disney,
Eataly, Godiva, L’Occitane, Michael Kors, Pandora, Swarovski et
­Victoria’s Secret comptent y ouvrir de nouveaux établissements.
Le réaménagement du complexe du WTC va pérenniser l’importance
du quartier de Lower Manhattan, en tant que «cœur du monde du
commerce et de la finance». En outre, le nouveau World Trade Center
incarne l’esprit d’entreprise sans limites de l’Amérique et, avec la
­célèbre «Liberté éclairant le monde», est un symbole intemporel de la
liberté. n
c
30
La pureté des lignes et un design sobre soulignent l’élégance
des groupes d’ascenseurs du 4 World Trade Center. Le système
PORT de gestion des déplacements de Schindler raccourcit les
délais d’attente et la durée des trajets tout en réalisant des
­économies d’énergie, puisqu’il groupe les passagers voulant se
rendre au même étage. Six ascenseurs Schindler donnent accès
aux surfaces commerciales du 4 World Trade Center, et 37 ascenseurs de personnes Schindler 7000 supplémentaires pour bâtiments de grande hauteur ont également été installés. L’accès
aux ascenseurs est régi par des portiques qui communiquent directement avec la technologie PORT de Schindler.
Architecture Suisse
Derrière des ors de la façade,
la tradition grisonne
L’hôtel InterContinental doit consolider la position de Davos en tant que centre
de congrès au cœur des Alpes. Parallèlement, le bâtiment futuriste est aussi un havre
de paix haut de gamme pour les vacanciers, qui conjugue habilement des éléments
traditionnels au raffinement ultramoderne. Les ascenseurs Schindler contribuent
également au confort de l’hôtel. c
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31
Architecture Suisse
TEXTE CHRISTIAN SCHREIBER PHOTOS JULIEN VONIER
L
e nouvel hôtel de luxe InterContinental de Davos
peut compter sur un partenaire fiable: le soleil.
Lorsqu’il brille, il contribue non seulement à la bonne
humeur générale, mais confère aussi à la façade dorée du bâtiment futuriste un aspect si impressionnant
qu’elle capte l’attention. Les promeneurs du domaine
de Parsenn admirent émerveillés le sommet des Grisons saupoudré de neige et, en contrebas, la vallée de
Davos, la ville la plus haute d’Europe.
L’«œuf d’or» attire tous les regards
Au cœur de la ville trône l’important centre de
congrès qui accueille chaque année le Forum économique mondial (WEF). Mais tous les observateurs sont
hypnotisés par l’étincelant hôtel InterContinental,
déjà surnommé «l’œuf d’or» en raison de sa forme
ovale et de sa précieuse enveloppe extérieure, composée de 790 panneaux revêtus d’aluminium. Chaque
élément possédant ses propres caractéristiques, ils
ont dû être fabriqués individuellement. L’immeuble
conçu en grande partie par le cabinet d’architectes
Oikios GmbH de Munich a fait sensation dans la
branche hôtelière du monde entier. Toutefois,
tous
Ascenseurs pour l’hôtel
les habitants ne voient pas cette architecture
4ascenseurs 5400 pour les hôtes, avec commande
comme
un enrichissement par rapport aux toits plats alpins de
­extérieure multilingue
3 Schindler 5500
rigueur dans le centre-ville, qui remontent à l’archi d’alti2 Schindler 2400
tecture des sanatoriums de la station thermale
tude au XXe siècle.
Complexe d’appartements
Vu de haut, force est toutefois de constater que l’édi4 Schindler 5500
fice s’intègre parfaitement dans le paysage. Sa forme
arrondie se marie avec la crête montagneuse verdoyante, où une ceinture d’arbres et de forêts semble
veiller sur lui. Malgré la façade futuriste, l’intérieur des
216 chambres et suites de luxe combine essentielleimprenable sur Davos et la montagne. Après toutes
ment le bois et la pierre, en parfaite harmonie avec
ces émotions, le visiteur peut finalement se consacrer
l’environnement alpin. Les visiteurs sont accueillis
à l’enregistrement. L’accès aux chambres est également une expérience en soi: des portes en bois
dans une atmosphère chaleureuse qui véhicule un raffinement moderne, mais intègre des éléments tradisombres se succèdent le long des couloirs elliptiques.
tionnels et régionaux de façon ludique. Les dalles arLes murs qui les séparent arborent des toiles simples
gentées en pierre naturelle mènent à l’entrée
qui semblent découper aux ciseaux les montagnes
spacieuse qui ne met pas en évidence la réception ou
des Grisons dans leur grand manteau blanc. Les
le centre d’affaires, mais propose des coins salon
chambres sont telles qu’on les imagine pour un hôtel
conviviaux avec fauteuils et feu de cheminée.
de luxe: de grands lits avec oreillers au choix, une machine à café, une salle de bains spacieuse, un sol en
De hautes étagères en bois complètent le tableau,
parquet et un vaste balcon.
tandis que de grandes baies vitrées offrent une vue
Facts & Figures
32
Nouveau pôle d’attraction du tourisme de congrès
Le nouvel établissement haut de gamme fait partie
des plus grands hôtels de congrès de Suisse. Il doit
renforcer la position de Davos en tant que centre de
congrès des Alpes, face au recul du tourisme lié aux
sports d’hiver. Après environ trois ans de travaux,
l’hôtel a été terminé à temps pour la cérémonie d’ouverture du WEF 2014. Les planificateurs ont accompli
un véritable coup de force en déplaçant complètement la zone de congrès au sous-sol. De cette manière, les événements organisés par les entreprises sur
une zone de congrès de 1500 m² passent presque
inaperçus aux yeux des touristes. La salle de bal à elle
seule peut accueillir jusqu’à 500 convives. Sept salles
de conférence supplémentaires élégamment habillées
de noyer sont également disponibles.
L’ancrage régional transparaît également dans le
Loungebar Nuts & Co. En revanche, le Studio Grigio,
qui accueille un bar à cocktails et l’un des trois restaurants, évolue dans un monde parallèle: le célèbre designer Henry Chebaane a en effet transformé le
dixième étage en une véritable galerie d’art ornée de
lièvres de Dürer argentés et de bouquetins manga,
où sont servis des mets raffinés.
250 millions de francs ont été investis dans
l’«InterContinental» de Davos, qui comprend également un complexe de 38 appartements. Le maître
d’ouvrage est un fonds immobilier du Credit Suisse.
Le preneur de bail est l’entreprise Weriwald AG. n
L’hôtel InterContinental jongle avec
le bois et la pierre, des matériaux du milieu
alpin environnant, comme le prouvent
de manière éblouissante le Loungebar
Nuts & Co (à gauche) et l’aménagement
des cabines d’ascenseurs (en bas).
Une architecture futuriste, une situation
unique et des espaces exclusifs tels que le
Club Lounge (à droite), au beau milieu des
montagnes grisonnes.
next floor
33
nextnews
Premier immeuble
résidentiel
solaire de Suisse
autosuffisant
en énergie
Schindler pour une
résidence de luxe
sur les hauteurs
du lac des QuatreCantons
Un immeuble résidentiel totalement
déconnecté du réseau électrique habituel voit le jour à Brütten (ZH): il est
alimenté exclusivement par le courant
provenant de son propre système
photovoltaïque.
Avec son tout dernier projet, Walter
Schmid, fondateur de la société Kompogas
et de l’Umwelt Arena de Spreitenbach, entend démontrer qu’un immeuble résidentiel peut fonctionner exclusivement à partir
de l’énergie solaire, et ce même en Suisse.
L’ensemble de l’énergie consommée par le
bâtiment et les habitants des neuf apparte-
Schindler Lucerne remporte l’une
des plus grosses commandes de ces
dernières années: la livraison de
42 ascenseurs pour un projet colossal
sur les hauteurs du lac des QuatreCantons.
Un nouveau chapitre s’ouvre sur le légendaire Bürgenstock, également appelé
­Bürgenberg, avec la mise en place d’un
complexe sans voitures. Ce projet de
grande envergure porte sur trois hôtels de
400 chambres, 68 suites résidentielles avec
services hôteliers et une vaste offre de bienêtre et de loisirs, pour un investissement
MAQUETTE DE ­
L’IMMEUBLE
RÉSIDENTIEL
DE BRÜTTEN
LE NOUVEAU COMPLEXE
ments doit être produite sur place. Un objectif qui sera atteint grâce à l’isolation de
l’enveloppe du bâtiment et à l’utilisation
d’appareils ménagers économes en énergie,
ainsi que d’un ascenseur Schindler muni
d’un système de récupération d’énergie.
Le toit et la façade du bâtiment forment
une véritable centrale: ils sont composés de
modules photovoltaïques. Dans le bâtiment de Brütten, le stockage des excédents
à l’aide de différents systèmes pendant
l’été permet d’utiliser l’énergie la nuit et
pendant l’hiver. A court terme, grâce à des
batteries, ou à moyen terme avec un grand
réservoir d’eau chaude.
Scannez le code QR pour obtenir
le lien vers d’autres infos sur les projets.
Vous trouverez sur l’App Store des
instructions et des apps de lecture
de codes QR gratuites.
34
DU BÜRGENSTOCK
t­ otal de 500 millions de francs suisses.
Le volet financier est pris en charge par
­Katara Hospitality Switzerland SA, une entreprise basée à Zoug déjà responsable des
projets de l’hôtel Schweizerhof à Berne et
de l’hôtel Royal Savoy à Lausanne. Mi-août
2014, Schindler Lucerne a signé un contratcadre avec Katara Hospitality. Il porte sur
la livraison et le montage de 42 ascenseurs
­répartis en dix projets partiels.
Il s’agit de 34 installations de type Schindler
5500, de cinq Schindler 3300, de deux
Schindler 2200 et d’un Schindler 3400.
L’ensemble du complexe sera inauguré au
printemps 2017.
Des ascenseurs
à double cabine
pour deux immeubles de la VietinBank à Hanoï
Mobilité signée
Schindler pour les
jardins verticaux
les plus élevés du
monde au Sri Lanka
Schindler va équiper le nouveau siège
social de la VietinBank à Hanoï
­d’ascenseurs et d’escaliers roulants.
La VietinBank est l’une des plus
grandes banques du Vietnam. L’achèvement du siège social doté de
300 000 m² de surfaces administratives et commerciales au total est
prévu pour 2017.
Les deux bâtiments ont été planifiés par les
architectes britanniques renommés Foster +
Partners. Le gratte-ciel le plus haut, de
68 étages ou 363 mètres, accueillera le
quartier général de la banque.
Schindler va prendre en charge la mobilité verticale du «Clearpoint Residencies», une tour située dans la capitale
du Sri Lanka. Conçu d’après des critères écologiques, l’immeuble résidentiel est d’ores et déjà qualifié de «plus
haut jardin vertical du monde».
Situé à Colombo, le «Clearpoint Residencies»
est considéré comme le premier immeuble
résidentiel durable de l’Etat insulaire. Il est
équipé de panneaux solaires pour la production d’électricité, d’un système de recyclage
des eaux usées, de façades ornées de plantes
vertes, ainsi que d’ascenseurs Schindler 7000
LA VIETINBANK
À HANOÏ
IMMEUBLE RÉSIDENTIEL
L’autre culminera à 250 mètres du sol.
Schindler va livrer 75 ascenseurs et 46 escaliers roulants, dont six ascenseurs dits à
«double cabine» de type Schindler 7000.
Avec une vitesse maximale de 10 m/sec, ils
feront partie des ascenseurs les plus rapides
du Vietnam. Les ascenseurs de l’immeuble
de bureaux sont commandés par la technologie PORT, le système innovant de gestion
des déplacements de Schindler à la pointe
de la technologie.
Lors de son implantation au Vietnam en
1996, Schindler était l’une des premières
entreprises d’ascenseurs et d’escaliers roulants étrangères du pays. Son siège social se
trouve à Ho-Chi-Minh-Ville et elle possède
des filiales à Hanoï et Da Nang.
«CLEARPOINT RESIDENCIES» À COLOMBO,
AU SRI LANKA
sobres en énergie. L’édifice compte 52
étages et 164 logements d’une surface individuelle de 214 m². Chaque habitation dispose d’une terrasse verdoyante. La végétation est arrosée par un système d’irrigation
automatique alimenté par la collecte des
eaux de pluie et des eaux non potable, ce qui
permet de réduire la consommation d’eau
d’environ 45%. Tous les ascenseurs Schindler
installés disposeront d’un système de récupération d’énergie, ainsi que de la commande
d’appel de destination de technologie PORT.
Cette solution permet de réduire la consommation d’énergie totale du bâtiment, et de
contribuer à la réalisation des objectifs en
matière de durabilité. Pour Anomal de
Soysa, directeur responsable de la représentation Schindler au Sri Lanka, il y a tout lieu
de se réjouir: «Schindler est très fier d’avoir
été sélectionné comme fournisseur de solutions de mobilité verticales pour Clearpoint
Residencies.»
next floor
35
4 World Trade Center, New York
Mobilité.
A Colombier et dans ses environs.
Un milliard de personnes utilisent chaque jour les ascenseurs, escaliers
mécaniques et solutions de mobilité innovantes de Schindler. Nous devons
ce succès à nos 54 000 collaborateurs actifs sur tous les continents.
www.schindler.ch