Les mensonges, moteur du rire

Transcription

Les mensonges, moteur du rire
La première chose qui saute aux yeux dans la
mise en scène proposée par Jean-Paul Tribout de «
Monsieur chasse ! », c’est une série de portes qui se
dressent en fond de scène. On les sent prêtes à claquer à
tout moment, comme il se doit dans ce formidable
vaudeville de Feydeau. Pour l’heure, elles s’ouvrent sur
ce que l’on imagine être un salon bourgeois, puisque le
plateau est blanc et vide.
Ce sont les costumes des personnages qui nous
renseignent : ils fleurent bon la Belle Époque. C’est un
trio auquel nous sommes d’abord confrontés. Un mari
qui se prépare à partir pour une partie de chasse
imaginaire, puisqu’en fait de biches ou de poules
faisanes, c’est sa maîtresse qu’il va lutiner. Son meilleur
ami, qui compte bien profiter de son absence coupable
pour courtiser sa femme. Laquelle épouse, ne demande
qu’à se laisser convaincre pour peu qu’elle ait la preuve
de l’adultère de son époux.
Sur cette situation de départ, aisément compréhensible,
le dramaturge va glisser toute une série de gags, de
quiproquos, de situations burlesques avec une si implacable efficacité que « Monsieur chasse
! » est devenu un modèle en son genre.
Les mensonges, moteur du rire
Le moteur de cette mécanique du rire, ce sont les mensonges que chacun fait à l’autre.
D’autant que lorsque les balivernes sont éventées, ce sont de nouvelles inventions qui
surgissent. Jusqu’au délire ! On le vérifie dans le deuxième acte, où l’on retrouve notre trio de
départ dans un lieu de rencontre devenu un repaire d’amours illégitimes.
Pour maîtriser cette folie poussée jusqu’à l’absurde, Jean-Paul Tribout (qui incarne le mari
cocufieur et cocufié) s’appuie sur le jeu impeccable des acteurs. Olivier Breitman interprète
son rôle de séducteur de province avec une réelle conviction et une curieuse ressemblance
avec Arnaud Montebourg. Mais rien d’Aurélie Filippetti chez Marie-Christine Letort, qui
passe du rôle de faible proie à celui de cruelle prédatrice avec une aisance surprenante. Ces
trois-là, dûment épaulés par toute une série de personnages secondaires qui arrivent toujours
au pire moment, nous prouvent que la vis comica de Feydeau est bien intacte.
Nicolas BLONDEAU
« Monsieur Chasse ! », jusqu’au 18 octobre et du 4 au 16 novembre. Théâtre Tête d’Or 60, avenue Maréchal-de-Saxe - Lyon 3e. Tél. 04 78 62 96 73 www.theatretetedor.com

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