La coiffure - IStockFile
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fardée se découpait et c’était joli. On trouvait aussi que les femmes avec des nuques longues étaient belles, et le nihon ashi et le sanbon ashi auraient été inventés pour que la nuque paraisse mince et élancée. C’est vrai, j’ai l’impression qu’elle paraît plus longue avec du fard en forme de V que quand on la recouvre entièrement. C’est sûrement la sagesse des gens de l’époque ! A ce propos, en général on se farde la nuque soi-même en utilisant deux miroirs, mais pour le sanbon ashi, c’est l’onêsan qui le fait pour nous en utilisant un pochoir spécial. La coiffure I l existe plusieurs sortes de coiffures pour les maiko. Par exemple, le wareshinobu quand on vient de débuter en tant que maiko, l’ofuku après plusieurs années, et le sakkô pour le moment précis où l’on devient geiko. Dans tous les cas, les coiffures sont élaborées à partir de nos propres cheveux. C’est pourquoi toutes les maiko ont les cheveux longs jusqu’au milieu du dos. Nous ne pouvons évidemment pas nous coiffer nous-mêmes, nous allons donc chez un coiffeur spécialisé. C’est long et cela coûte cher, aussi n’y allons-nous en général qu’une fois par semaine. Ainsi, nous les maiko passons presque toute l’année avec la coiffure japonaise traditionnelle. Pour ne pas nous décoiffer, nous dormons la tête appuyée sur un petit oreiller posé sur une base en bois ou en poterie. Quand nous dormons sur le côté en le posant sous le cou, rien ne vient déranger la coiffure. Pour moi, ce fut d’autant plus difficile que je dormais depuis long42 temps dans une mauvaise position et que je ne m’habi tuais pas à cet oreiller. En fait, même maintenant c’est dur ! Cela m’est arrivé plusieurs fois d’écraser ma belle coiffure parce que l’oreiller s’était déplacé dans mon sommeil… Pour que ce genre de choses n’arrive pas, on dit qu’à l’époque on mettait du son de riz sous l’oreiller. En effet la rumeur prétend que quand on sait qu’il y a du son de riz, on est attentif même en dormant et donc, à moins d’une raison grave, on garde son oreiller bien à sa place. A ce propos, mon okâsan m’a dit : « Toi, tu ferais mieux de dormir en mettant une petite planche à clous sous ton oreiller. » C’est dire à quel point ma position est mauvaise quand je dors, j’ai honte… Hana kanzashi une expression des saisons Q uand elles mettent le kimono ohikizuri, les maiko portent dans leurs cheveux une 43 parure ornementale qu’on appelle hana kanzashi, « parure de la fleur ». Elle représente la saison : le pin pour janvier, le prunier pour février, les fleurs de colza pour mars, les fleurs de cerisier pour avril, les fleurs de glycine pour mai, le saule avec l’œillet pour juin, l’éventail pour juillet, la miscanthe pour août, le platycodon pour septembre, le chrysanthème pour octobre, l’érable pour novembre et le maneki * pour décembre. Les maiko changent ainsi chaque mois de parure. En outre il existe une parure spéciale pour la fête de Gion, avec par exemple un motif en éventail avec des tourbillons, mais chaque année pour cette fête les motifs changent aussi. La parure de la fleur est une création d’une grande finesse. C’est un objet d’art précieux, en soie fine teinte, joliment coloré, un objet artisanal de belle facture soigneusement achevé jusqu’aux détails de chaque pétale. Tout comme le pocchiri, il fait partie des trésors du yakata, et c’est l’okâsan ou l’onêsan qui le choisit pour nous. Parmi nous, certaines maiko créent elles-mêmes les motifs de leur parure, mais dans ce cas également il leur faut respecter la saison et utiliser les motifs spécifiques à chaque mois. Même si une maiko adore les roses, il lui est interdit d’utiliser la rose occidentale comme motif. De la même façon, on pourrait penser que choisir le tournesol pour l’été s’accorderait bien avec la saison, mais c’est contraire aux règles. Les gens pensent peut-être que toutes ces conventions sont fastidieuses, mais c’est l’un de mes plaisirs de jouer à combiner mes propres goûts avec les normes, par exemple en introduisant un cerf au milieu d’un motif automnal de feuilles rougeoyantes. 45