La supervision de l`ananlyse de rêves

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La supervision de l`ananlyse de rêves
ÉCOLE DU RÊVE
ET DES PROFONDEURS
La Supervision de l’analyse des rêves
ÉCOLE DU RÊVE ET DES PROFONDEURS La Supervision de l’analyse des rêves
Principes de notre démarche psychanalytique
La psychanalyse symbolique est pour nous une psychanalyse totalement jungienne (cf. notre texte fondateur).
Elle procède d’un « retour à Jung » que nous opérons d’une ampleur analogue pour nous à ce qu’a représenté
le « retour à Freud » opéré par Lacan. Un livre sur la question est en préparation à Réel éditions.
Ce retour vise à conscientiser dans toutes ses dimensions la centralité du Soi dans la psyché et l’analyse de
rêves. Cette centralité est le foyer ardent de la démarche de Jung (qui a dit « mes pensées tournent autour du
Soi comme les planètes tournent autour du soleil »). Mais il ne l’a pas toujours exprimé de manière cohérente
et « décomplexée », ayant été toute sa vie sous la pression de la grave rupture avec Freud et d’une persona
« scientifique ».
Le retour à Jung suppose une relecture contemplative de ses textes pour dégager la piste de son intuition
fondamentale qui fait sa spécificité et la singularité de sa voie : dépister le « dire » de Jung qui dépasse son
« dit » conscient.
Jung était fort triste à la fin de sa vie de voir certains de ses élèves les plus en vue, fascinés par la « réussite »
freudienne, trahir l’esprit fondamental de sa psychanalyse.
Nous appelons notre psychanalyse « symbolique » parce que le symbole (qui se manifeste au travers des
rêves et des synchronicités) en est le véhicule central. Le Soi, traversant de l’intérieur aussi bien le rêveur que
son analyste en est le « psychanalyste réel ». Le praticien-analyste est, lui, le psychanalyste « symbolique »
dont la fonction est de faciliter au rêveur sa confrontation personnelle avec le Soi.
La source des rêves est le Soi. De rêve travaillé en rêve travaillé, un chemin analytique subtil se fait qui est
une voie alchimique de confrontation des contraires en vue de leur union harmonieuse et de la refondation
symbolique de la vie.
Le fait que le rêve soit toujours le point de vue du Soi ne signifie pas toujours nécessairement qu’il y apparaisse
en tant que symbole.
Et le fait que pour nous le rêve soit l’expression du Soi ne signifie pas que nous « manquerions » la confrontation
avec l’ombre.
Le rêve est la scène la plus adéquate et la plus précise pour se confronter à l’ombre. Mais dans le rêve,
approché correctement, on s’y confronte précisément à partir du point de vue du Soi qui s’y exprime de
manière subtile. Ce qui signifie que l’ombre y est déjà prise dans un travail de transmutation alchimique qui la
transforme (en même temps que le moi) dans le sens d’une refondation harmonieuse de la vie.
Le risque dont nous avertit Jung est que l’ombre soit uniquement approchée à partir du moi conscient du
rêveur ou du moi conscient de l’analyste bardé de ses diagnostics et de ses grilles d’interprétation. Dans ce
cas on ne fait que ressasser le connu et l’analyse devient interminable et souvent décourageante. Le risque
est toujours de parler sur le rêve en le « traitant » par des grilles et concepts abstraits qui le réduisent à
notre savoir établi, au lieu de prendre le temps de laisser « monter » du rêve l’information alchimique du Soi,
toujours inédite (pour le moi) et elle seule vivifiante.
C’est pourquoi Jung préconise de partir du rêve et du rêve uniquement. Le diagnostic ne compte pas dans sa
démarche :
« Le diagnostic de la maladie est une chose entièrement secondaire (...). Dans le cours des années, j’ai
même pris l’habitude de faire abstraction de tout diagnostic spécifique des névroses. Autant il est important
et souhaitable en médecine générale d’établir un diagnostic et d’en disposer en toute sécurité, autant le
psychothérapeute a avantage à faire abstraction le plus possible d’un diagnostic spécifique. En général, moins
le psychothérapeute sait de choses d’avance, et plus le traitement a des chances d’évoluer favorablement »
(Jung, La Guérison psychologique, Buchet Chastel)
ÉCOLE DU RÊVE ET DES PROFONDEURS La Supervision de l’analyse des rêves
Esprit de notre démarche de supervision
La supervision que nous proposons est donc elle-même exclusivement centrée sur les rêves présentés dans
le groupe de supervision.
L’enseignement qui s’y vit n’y est pas abstrait et n’y est pas théorique. Ce n’est pas un lieu où le superviseur
dispense son savoir théorique mais un lieu où tout le groupe (y compris le superviseur) reçoit l’enseignement
qui monte naturellement des rêves présentés et contemplés dans le groupe d’analystes.
Cette supervision se conçoit comme exclusivement centrée sur le Soi qui s’exprime à travers le tissu symbolique
des rêves présentés. Ainsi s’agit-il d’expérimenter dans nos groupes de supervision que le Soi est en vérité
le superviseur réel. Il enseigne tous les membres du groupe (y compris le superviseur officiel qui n’est qu’un
« superviseur symbolique »).
Dans ce travail, les analystes intègrent toujours plus profondément que le Soi n’est pas un vague principe
spirituel mais un processus analytique alchimique extraordinairement pertinent et opérant. Les analystes le
vivant, ils peuvent également aider leurs analysants à le vivre intensément dans le travail de leurs rêves.
L’enjeu est aussi dans ces groupes d’expérimenter la réalité du transfert archétypal qui est la voie singulière
ouverte par Jung. A savoir prendre conscience que le rêve amené par l’analysant à son analyste est l’expression
d’une communauté symbolique inconsciente provisoire entre eux deux (procédant de la réalité de l’inconscient
collectif). Cette communauté est travaillée, transcendée par le Soi dans le sens de la réalisation du chemin
de l’analyse. Le rêve amené par l’analysant est l’expression de ce travail du Soi qui vient dès lors enseigner
et interpeller aussi bien l’analyste que le rêveur. Avertis de cette réalité, nous découvrons ainsi dans le rêve
même que l’analyste amène de son client les éléments symboliques de sa propre supervision. La supervision
ne se fait pas à propos du rêve présenté mais par et dans le rêve lui-même.
Découvrant dans le rêve lui-même qu’il amène de son client l’interpellation qui concerne son travail, l’analyste
peut dès lors réorienter le processus de l’analyse avec lui dans le sens voulu par le Soi pour le plus grand
bénéfice des personnes qu’il accompagne.
Jung préconisait de favoriser d’entrée de jeu cette approche du transfert archétypal qui met le Soi au centre
de l’analyse. Ce qui implique de marginaliser l’importance du transfert (et contre-transfert) personnaliste
qui tend à mettre au contraire l’analyste au centre du processus, à la place du Soi, l’encourageant ainsi à une
position d’inflation (de maitrise, de pouvoir) préjudiciable pour l’analysant.
Tout le groupe de supervision travaille à contempler ensemble l’alchimie du Soi qui est à l’œuvre au travers
des rêves proposés. Il est alors fréquent que se manifestent dans la séance collective des phénomènes de
synchronicité : au cours d’un atelier de supervision, on constate ainsi très souvent que les rêves présentés
venant de rêveurs qui ne se connaissent pas développent un même thème d’enseignement au bénéfice de
l’ouverture et de la cohérence symbolique des analystes présents. Il arrive aussi très souvent de constater que
le travail fait autour d’un rêve semble avoir profité directement au rêveur qui l’avait reçu, et ce avant même
que son analyste ait eu besoin d’y faire retour, après sa supervision.
Ce sont des phénomènes qui se produisent couramment lorsqu’on travaille à partir de l’alchimie du Soi.
Pierre Trigano et Agnès Vincent

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