L`ordre de la Toison d`or

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L`ordre de la Toison d`or
L’ordre de la Toison d’or
(24-06-2007) - Soumis par Constance Cousin - Dernière mise à jour : (24-06-2007)
Les armes de Philippe le Bon avec, en bonne place, le lion des Flandres, devenu, pour l'occasion, de gardien de
l'Occident. Le 18 juin 2007, le roi Abdallah d'Arabie saoudite entamait une tournée des capitales européennes.
Première étape : l'Espagne, où il sera reçu par le roi Juan Carlos et se verra décerné une distinction dans l'ordre de la
Toison d'or. Etonnant quant on sait que Philippe le Bon, grand duc de Bourgogne, Ã l'origine de cette distinction, l'avait
créé pour la croisade... Depuis la perte de la Terre Sainte et la disparition de l'ordre des Templiers, de nouveaux ordres
avaient fleuri à travers l'Europe. Et lorsque Edouard III crée, en 1346, l'ordre de Saint-Georges de la Jarretière, les
ordres de chevalerie ont trouvé un nouveau modèle : un saint patron, un nombre restreint de chevaliers, placés sous
l'autorité du roi, devenu le grand maître, et un signe particulier, telle une ceinture ou un collier, se retrouvent dans tous
les pays. Comme tous ces ordres de chevalerie, celui de la Toison d'or avait pour but ultime la croisade et la défense de
l'Occident chrétien. Pour le duc Philippe III le Bon, la croisade était une quête, semblable à celle du Graal. Profondément
marqué par la défaite de son père, lors de la croisade de Nicopolis, en 1396, Philippe le Bon gardera, tout au long de
son règne, cette idée d'une croisade contre les Turcs. Ce sera aussi, pour le plus grand seigneur d'Occident, l'occasion
rêvée de rassembler ses principaux vassaux afin de les unir, plus étroitement, à sa personne.
C'est ainsi que le 10 janvier 1430, à l'occasion de son mariage, à L'Écluse, en Flandre, avec Isabelle de Portugal, le
puissant duc de Bourgogne reprend le projet de son grand-père, fondateur de la maison de Bourgogne-Valois, Philippe
le Hardi, et fonde l'ordre de la Toison d'or.
Les « Voeux du Faisan »
Charles le Téméraire présidant une réunion de l'ordre de la Toison d'or. Une des caractéristiques de cet ordre est le
faste extraordinaire entourant ses réunions.
Depuis longtemps, les ducs de Bourgogne avaient montré qu'ils aimaient le luxe ; ils se plaisaient à rappeler sans cesse
leur puissance et leur richesse lors de somptueux banquets. Les séances de l'ordre seront autant d'occasions d'éblouir
le reste de l'Occident par la magnificence du duc.
C'est ainsi qu'en 1454, Philippe le Bon réunit toute sa chevalerie pour un banquet de plusieurs jours. Le thème
principal en était, bien entendu, Jason et l'ordre de la Toison d'or. Et c'est alors qu'apparurent des nefs d'orfèvrerie, des
tableaux « mouvants » figurant les douze travaux d'Hercule et l'aventure de Jason, également mise en scène dans
trois « mystères ».
Mais le spectacle plus impressionnant fut sans nul doute cette apparition de l'Empire byzantin, récemment tombé aux
mains des Turcs. Exposée sous les traits d'une jeune femme abattue, elle était gardée par le lion des Flandres qui figure
sur le blason du Bourguignon.
Ce discret appel à la croisade récoltera un succès immédiat et, aussitôt, les trente-et-un chevaliers se lèveront pour
jurer de partir en croisade. C'est ce que l'on appellera les « Voeux du Faisan ». Voeu pieux s'il en est, le souffle de la
croisade s'évanouissant aussi vite que les effluves des bons vins de Bourgogne...
« Je suis Jason, celui qui laboure en douleur... »
Sceau de Philippe le Bon. Le patronage de Jason sera également violemment contesté. En effet, comment un ordre
de chevalerie chrétien et perpétuant l'idée de croisade pouvait-il s'appuyer sur un patron qui n'était autre qu'un héros
païen, un héros méprisé ? Il ne restait plus qu'une solution : réhabiliter Jason...
Les poètes médiévaux ne se précipiteront pas pour prendre la défense du héros grec, suggérant plutôt au duc Ph
le Bon de le remplacer par Gédéon, un personnage biblique. Le débat durerait encore si Charles le Téméraire, fils et
successeur du duc Philippe le Bon à la tête du domaine bourguignon comme à celle de l'ordre, n'avait décidé d'y
remédier.
En 1468, le Téméraire charge donc Guillaume Fillastre de célébrer, en six livres, les différentes Toisons d'or. Le but
initial était de confirmer l'ordre lors de la succession de Charles le Téméraire et d'éclairer l'histoire de la Toison de
commentaires ainsi que d'exemples pieux. Cette vaste histoire des six Toisons, celles de Jason, de Jacob, de Gédéon,
de Mésa, de Job et de David, devait correspondre à six vertus : la magnanimité, la justice, la prudence, la fidélité, la
patience et la clémence.
Cependant, le projet n'aboutira pas car à la mort de Guillaume Fillastre, en 1468, seuls trois volumes étaient achevés.
Pourtant la réhabilitation de Jason avait déjà commencé et le travail de Fillastre ne faisait qu'entamer celui de Raoul Le
Fèvre, auteur du fameux Roman de Jason.
Chapelain du duc de Bourgogne, Raoul Le Fèvre entame son oeuvre, en 1460, à la demande du prince. Dans cet
ouvrage, Jason, « celui qui conquit le veau d'or en Colcos et qui, journellement, laboure en tristesse pour le déshonneur
», va à nouveau apparaître comme un véritable héros médiéval. Il combat, joute et l'emporte toujours. Et, lorsqu'il se
libère de la magie de Médée, qui, par ses pouvoirs, l'a contraint à certaines bassesses, Jason, grand seigneur, lui
accorde son pardon.
Au final, l'ordre de la Toison d'or n'aura été qu'un souffle pieux, guerrier mais sans réel impact si ce n'est un sujet
littéraire. Le souffle initiateur, celui de la croisade, avait déjà disparu, s'il avait même jamais existé. Pourtant, plus qu'une
simple distinction honorifique il était un symbole, un rappel de la renaissance de l'Occident chrétien. Et c'est ce que le roi
d'Espagne vient de lui retirer.
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