explication de texte

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explication de texte
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L’explication de texte: exemple pratique de la méthode
Sujet : dégager l’intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.
« La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît
pas misérable.
C’est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c’est être grand que de
connaître qu’on est misérable.
Pensée fait la grandeur de l’homme.
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n’est que l’expérience qui
nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir
l’homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute. […] L’homme n’est qu’un roseau,
le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier
s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais quand l’univers
l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et
l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il nous faut relever et non de
l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir.
Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. »
Pascal, extrait des Pensées, édition de Brunschwigg.
1- Préparation au brouillon :
1-lecture attentive du texte : à l’origine, ce texte était vierge. C’est seulement après l’avoir lu
plusieurs fois attentivement qu’il a été possible de repérer ce qui est important, c’est-à-dire les
notions principales (ici, elles sont en gras), les différentes articulations (que nous avons
encadrées), les phrases essentielles (qui sont soulignées) .
2-repérer le thème : dans notre texte, il s’agit de la grandeur de l’homme. Ainsi sous forme de
question, le thème est : qu’est-ce qui fait la grandeur de l’homme ?
3-repérer la thèse : Pascal soutient ici plus particulièrement, l’idée que « Pensée fait la
grandeur de l’homme. ».
4- élaborer la problématique : il est possible de se demander pourquoi, précisément, est-ce la
pensée qui fait la grandeur de l’homme ? N’y a-t-il pas une autre qualité essentielle ou un
autre attribut purement humain qui fasse sa grandeur ? Pourquoi est-ce la pensée, et seulement
la pensée, qui soit la supériorité de l’homme dans l’univers en comparaison aux autres
espèces ?
5- repérer le mouvement : dans ce texte, il y a trois parties principales.
1. Quelle est la grandeur de l’homme ? (du début jusqu’à « Pensée fait la grandeur de
l’homme. »)
2. Pourquoi est-ce la pensée qui fait la grandeur de l’homme ? ( de « Je puis bien
concevoir… » jusqu’à « […] l’univers n’en sait rien. »)
3. A quoi cela lui sert-il ? ( de « Toute notre dignité… » jusqu’à « […] voilà le principe de la
morale. »)
5- repérer les notions : tout au long du texte, nous retrouvons deux notions essentielles, celles
d’homme et de pensée. Il est d’ores et déjà possible de définir l’homme, d’une manière
générale, par opposition aux autres espèces. L’homme ne fait pas partie du règne végétal, ni
minéral et il n’est pas un animal comme les autres, puisqu’il est doué de raison. L’homme
tient donc une place particulière au sein de la nature. La pensée, quant à elle, peut être définie
comme faculté relevant de l’esprit, qui permet de comparer, de combiner des idées, de
concevoir, d’imaginer, de raisonner etc…Faculté qui apparaît d’ailleurs comme propre à
l’homme.
2-L’introduction : exemple de rédaction.
Dans ce texte extrait des Pensées, Pascal aborde le thème de la grandeur de l’homme.
L’auteur paraît , en effet, s’intéresser ici à la qualité humaine essentielle : celle qui lui donne
toute sa « dignité ».Pour Pascal, c’est la « Pensée [qui] fait la grandeur de l’homme. » Mais
pourquoi, précisément, est-ce la pensée qui fait la grandeur de l’homme ? Pourquoi, selon le
philosophe, n’y a-t-il pas d’autre attribut humain qui le rende supérieure aux autres espèces ?
C’est donc ce que nous tenterons de voir tout au long de cette explication. En nous intéressant
dans un premier temps à cette « grandeur de l’homme » : quelle est-elle ? Puis dans un second
moment, nous verrons pourquoi, plus particulièrement, est-ce la pensée qui fait la grandeur de
l’homme ? Et enfin nous tenterons de comprendre, à quoi cette « grandeur de l’homme »
qu’est « la pensée », lui sert-elle ?
3- Le développement : exemple détaillé non rédigé, comme vous devez
le faire au brouillon.
- 1ère partie : Quelle est la grandeur de l’homme ?
- les notions et termes importants : « homme », puisque c’est une des deux notions principales
du texte, voir à son sujet l’analyse que nous en avons fait précédemment. « misérable », c’est
un terme qui revient 5 fois dans cette partie et qui signifie le fait d’être faible physiquement,
d’avoir une puissance limitée, d’être mortel. « connaissance », terme qui revient 4 fois sous
différentes formes, ici la connaissance c’est la « pensée », l’esprit, la réflexion, et aussi et
surtout, le fait d’avoir conscience de ce qu’on est : ce qui est le propre de l’homme pour
Pascal. « grandeur », terme qui apparaît dans la thèse de l’auteur. La grandeur ici, c’est celle
de l’homme, c’est-à-dire sa supériorité, sa force, sa puissance par rapport aux autres espèces
et à la nature. La grandeur de l’homme n’est pas physique mais intellectuelle, elle réside dans
son esprit, sa « pensée », son raisonnement et dans cette conscience qu’il a de lui-même.
- les problèmes et questions : il y a une sorte de paradoxe dans cette partie, puisque Pascal
nous dit de l’homme, qu’il est à la fois « grand » et « misérable ». L’homme est « misérable »
du fait de ses imperfections, de ses limitations, de sa faiblesse physique par rapport au reste de
la nature. Mais l’homme est « grand » parce qu’il sait tout cela, il a conscience de sa misère. Il
ne s’illusionne pas sur ses possibilités et sur ses capacités par rapport au reste de la nature.
Ainsi l’homme est « grand » parce qu’il sait qu’il est « misérable ». Cette idée, en effet, n’est
pas contradictoire, puisque la supériorité de l’homme réside justement dans cette conscience
qu’il a d’être « misérable », et de ce fait, il ne s’illusionne pas sur ce qu’il est ou ce qu’il peut
faire, il ne se met pas en danger et ne désire pas des choses impossibles.
- les articulations : « donc », sorte de conclusion à l’intérieur de la partie. « mais », opposition
avec ce qui précède.
- les exemples : cf . « Un arbre ne se connaît pas misérable. » L’arbre est un exemple choisi
par Pascal dans cette partie. L’auteur met en opposition l’homme et l’arbre. Un arbre, en effet,
est beaucoup plus « grand » qu’un homme, mais l’homme est en réalité pour Pascal beaucoup
plus grand qu’un arbre, parce qu’il « se connaît misérable ». La grandeur de l’homme n’est
pas physique, contrairement à celle de l’arbre, mais c’est une grandeur intellectuelle,
spirituelle et morale : une conscience de ce qu’il est, que ne possède pas l’arbre.
- les comparaisons possibles : il est possible de comparer ce que Pascal nous dit ici avec ce
que nous dit Socrate : « je sais que je ne sais rien ». Chez Socrate aussi, en effet, il y a une
connaissance et une conscience de sa misère. Chez Socrate, cette misère c’est l’ignorance de
l’homme, tandis que chez Pascal, cette misère est une faiblesse d’ordre plus physique. Mais
dans les deux cas, c’est la conscience de cet état de misère qui donne à l’homme sa force, sa
sagesse et sa supériorité, car alors il ne s’illusionne pas et peut donc véritablement s’occuper
de ce qui est essentiel.
- 2ème partie : Pourquoi est-ce la pensée qui fait la grandeur de l’homme ?
- les notions et termes importants : « homme », le terme revient 4 fois. Dans cette partie,
Pascal semble encore plus insister sur le fait que l’homme est essentiellement une substance
pensante. « pensée » / « penser », ici la notion connaît toujours le même sens que celui défini
précédemment, toutefois il paraît important de mettre en relation et par là même de souligner,
le lien entre la notion d’homme et de celle de pensée. Dans cette partie, en effet, Pascal
semble insister plus qu’ailleurs sur l’idée que l’homme c’est la pensée et que la pensée c’est
l’homme. « univers », terme qui revient 3 fois et que l’on peut définir ici comme la nature
même, mais sous sa forme la plus grande, la plus puissante et la plus impressionnante.
- les problèmes et questions : qu’est-ce que l’homme ? Est-il seulement un corps, une
substance matérielle ? Ou est-il autre chose : un esprit, une âme, une substance immatérielle ?
Pour Pascal en réalité il n’y a pas de doute : l’homme est avant tout une substance pensante et
il est même essentiellement cela, puisque sinon, il n’est rien. Pascal, en effet, nous dit qu’il est
possible, c’est-à-dire que l’on peut imaginer, ou pour reprendre ses termes « concevoir un
homme sans mains, pieds, tête… ». Le corps de l’homme n’est donc pas important, puisque
l’on peut s’en passer. Au contraire, il est impossible d’imaginer un « homme sans penser »,
car alors il n’est rien, ou tout au moins pas plus qu’un animal ou une plante. C’est donc bel et
bien la pensée qui est l’essence de l’homme, sa caractéristique propre, et ce qui fait sa
« grandeur » comparé aux autres espèces.
- les articulations : « car » et « parce que », ce sont les indices d’une explication, d’une
justification de la part de l’auteur au sujet de ce qu’il a dit précédemment. « mais », c’est une
opposition, une sorte de contradiction volontaire afin de bien faire ressortir une idée.
- les exemples : « une pierre », « une brute », ce sont deux exemples différents, mais dans
lesquels on retrouve la même idée. L’idée que sans la pensée, l’homme ne serait pas ce qu’il
est. Sans la pensée, l’homme ne serait qu’un être passif et inanimé ( cf. la pierre ), ou un être
sans réflexion, sans raison, sans morale, sans âme en quelque sorte ( cf. la brute ). « le
roseau », ici encore on retrouve cette même idée que sans la pensée, l’homme n’est pas grandchose. Si l’on s’en tient uniquement à son corps, à sa capacité physique : « L’homme n’est
qu’un roseau », c’est-à-dire un être « faible », insignifiant et fragile. Mais heureusement,
l’homme est un « roseau pensant » et c’est cette pensée qui le sauve de sa faiblesse physique.
« une vapeur », « une goutte d’eau », souligne également cette faiblesse et cette fragilité
physique de l’homme vis-à-vis de l’univers et des forces de la nature.
Ainsi la force de l’homme : sa « noblesse », sa « grandeur », n’est en aucun cas physique mais
intellectuelle, elle réside dans sa pensée : il « sait qu’il meurt », il en a conscience.
- les comparaisons possibles : il est possible de comparer ce que Pascal nous dit ici avec ce
que nous dit Descartes dans « les animaux machines ». Dans cette œuvre, en effet, Descartes
réalise lui aussi une comparaison entre l’homme et les animaux. Pour l’auteur, si l’on retire
leurs corps aux animaux, alors ils ne sont plus rien, ils n’ont plus d’existence. Tandis que
l’homme, même sans corps, conserve une forme d’existence, puisqu’il reste malgré tout une
substance pensante. On retrouve donc cette même idée selon laquelle l’homme est supérieur
au reste de la nature, et plus particulièrement aux animaux pour Descartes, de part son esprit
et cette capacité à penser, qui est lui est propre.
-3ème partie : A quoi cela lui sert-il ?
- les notions et termes importants : « pensée », notion récurrente du texte puisque c’est une
des deux notions principales, mais la définition n’ayant pas évoluée, il n’est pas nécessaire
d’en reparler ici. « espace » et « durée », termes importants de la 3éme partie, qui signifient
ici le matériel, ce qui est limité et fini, et dont l’homme ne doit précisément pas se préoccuper
selon Pascal, puisque c’est ce qui lui échappe. « la morale », autre terme important que l’on
peut définir comme l’ensemble des règles pour bien agir et qui, chez Pascal, est le but de la
pensée, l’essentiel et ce dont il faut se préoccuper.
- les problèmes et questions : quel est le but de cette pensée qui fait la grandeur de l’homme ?
A quoi cela lui sert-il véritablement ? Pourquoi plus précisément est-ce cela qui fait sa
dignité ? La réponse ici, c’est la morale. Pour Pascal, en effet, la première grandeur de
l’homme réside dans la pensée, dans le fait de prendre conscience de sa misère. C’est sa
grandeur, car il est le seul de la nature à avoir cette capacité. Mais en plus de cela, l’homme se
pose la question du bien. Et c’est d’ailleurs cette capacité à penser (sa première grandeur) qui
l’amène à cette autre capacité : s’interroger sur le bien, qui est alors sa seconde grandeur.
Puisque là encore, il est le seul à posséder cette capacité.
- les articulations : « donc », sorte de conclusion à l’intérieur du texte.
- les exemples : « espace » et « durée », déjà expliquer puisqu’ils sont à la fois des exemples
et des termes importants de cette partie.
- les comparaisons possibles : il est possible ici de comparer ce que nous dit Pascal, non pas
avec un autre auteur de la philosophie, mais avec l’auteur lui-même. En d’autres endroits de
son œuvre, Pascal aborde en effet l’idée du divertissement, que l’on retrouve ici d’une
certaine manière. Que ce soit lorsqu’il parle du divertissement ou de la grandeur de l’homme,
l’auteur soutient la même idée : l’homme doit penser, afin de prendre conscience de la réalité
et surtout de sa réalité, à savoir qu’il est « misérable », faible, limité et mortel. Mais en
s’occupant de tous les côtés ( cf. le divertissement selon Pascal ), en se préoccupant de ce qui
n’est pas essentiel comme « de l’espace et de la durée », il évite de penser et de se poser trop
de questions, qui sont pourtant les bonnes et qui sont, en réalité, essentielles : celles de la
morale. C’est-à-dire : comment bien agir ? Comment agir le mieux possible en tenant compte
de cet état de misère qui est celui de l’homme ? Que peut-il vraiment faire et le mieux
possible étant donné cette imperfection, cette faiblesse, ces limites qui sont les siennes ? etc…
NB : pour chacune des parties, nous avons relevés dans l’ordre suivant, les notions et termes
importants, les problèmes et questions, les articulations, les exemples et les comparaisons
possibles, comme vous avez à le faire au brouillon. Toutefois lors de la phase de rédaction,
vous ne devez pas nécessairement les livrer selon cet ordre, mais plutôt selon l’ordre du texte.
A savoir par exemple, parler d’une notion au moment où elle apparaît dans le texte, d’un
exemple au moment où il se présente et ainsi de suite. Il est toujours préférable, en effet, de
suivre l’ordre imposé par le texte.
4- La conclusion : exemple de rédaction.
Ainsi dans ce texte de Pascal, nous avons vu que la grandeur de l’homme résidait dans sa
pensée, c’est-à-dire dans sa capacité à prendre conscience de ce qu’il est. L’homme en effet,
comparé au reste de la nature, est faible, limité et mortel, mais sa supériorité est de le savoir.
Cette pensée, ce savoir, cette conscience, est non seulement ce qui lui assure une place
privilégiée au sein de la nature, mais c’est également, selon Pascal, ce qui lui donne accès à la
morale. C’est donc une double grandeur que celle de l’homme, puisque la première est la
pensée et la seconde est rendue possible, justement, grâce à la première. A savoir, se poser la
question du bien.

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