savinien de cyrano de bergerac - Association Suisse des Libres

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le libre penseur
Périodique romand laïc et indépendant
Editeur: Association vaudoise
de la Libre Pensée
Case postale 5264
CH-1002 Lausanne
35e année
Juin 2009
Trimestriel
N° 141
Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3
Etranger Euro 10.–
ISSN 0256-8985
Rédacteur responsable
Ivo Caprara
Tirage 1700 exemplaires
SAVINIEN DE CYRANO DE BERGERAC
SA VIE ET SES EXTRAORDINAIRES PRESSENTIMENTS
ET VISIONS
Savinien de Cyrano (1619-1655) dit de
Bergerac, naît à Paris. Son acte de baptême fut retrouvé par l’érudit Auguste
Jal, au milieu du XlXe siècle, dans les
registres de la paroisse Saint-Sauveur, à
Paris. Il porte le même prénom que son
grand-père paternel, marchand de poissons de mer à Paris, et on retrouve la
trace de son commerce dès 1560. Abel,
père de Savinien, est l’aîné des enfants
du grand-père Savinien et a donc la
jouissance des terres de Mauvières et de
Bergerac, situées dans la vallée de
Chevreuse. Abel choisit de porter le
nom de sieur de Mauvières et de
Bergerac.
La famille quitte Paris en 1622 pour
s’installer au château de Mauvières. Ce
château, situé près de Saint-Forget, dans
l’actuel département des Yvelines, n’était
en réalité qu’une belle gentilhommière
perdue dans la campagne.
Savinien est relié de bonne heure à l’ésotérisme. Il doit cette instruction très
particulière au curé de Mauvières, dont
il est l’élève en même temps que Le
Bret, son ami de toujours. Le brave curé,
qui leur enseigne le latin dans des livres
qui sentent le soufre, est soupçonné de
Cyrano de Bergerac d’après une gravure du
XVIIe siècle.
sorcellerie. On lui retire les deux garçons et on les place comme internes au
collège de Beauvais. Intrépides, ils s’en
échappent plus d’une fois pour rendre
visite au vieux philosophe italien
Campanella, qui achève à Paris sa vie tragique. Campanella les initie à sa Cité du
Soleil et à ses Utopies: religion de la nature, culte solaire, culte des arts et des
héros prudemment mêlé de catholicisme, communauté des biens et des personnes, égalité d’éducation et de coutumes pour les hommes et les femmes,
travail réduit à quatre heures par jour,
vie prolongée jusqu’à deux cents ans,
vols humains à travers les airs et jusque
dans les étoiles les plus éloignées. A
travers le curé de Mauvières et
Campaneila, Savinien est constamment
relié aux doctrines ésotériques, incompréhensibles aux personnes non initiées.
Est-ce par coquetterie ou par dérision
que Savinien ajoute «de Bergerac» à son
nom? En tout cas, c’est ainsi qu’il signera
ses œuvres plus tard. Peut-être porte-til ce patronyme par simple nostalgie? Il
n’était plus tout à fait légitime puisque
son père avait vendu les terres de
Mauvières et de Bergerac en 1636. En
SOMMAIRE
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Savinien de Cyrano de Bergerac
Un problème Indien non résolu
Auguste Blanqui
Bouffons du curé...
Le don qui es-tu?
On sort du Moyen Âge
Les tribunaux religieux en Europe
Devinette
L’Express masque le visage
supposé de Mahomet
10. Excommuniés pour cause
d’avortement: polémique au Brésil
11. Narcisse Praz à l’université
Juan de Pradena
p.1-3
Claude Cantini
p. 3-4
André Panchaud p. 4-6
André Thomann p. 6-8
Olivier Lazo
p. 8-10
ATS/Ivo Caprara p. 10
Guillaume Plas p. 10-13
Narcisse Praz
p. 13
Jocelyn Bézecourt p. 14
Chantal Rayes p. 14-15
J.-Marc Theytaz
p. 15
12. Crucifix interdits dans les classes d’une école
p. 15
13. Connaissance et raison
Yves Bernasconi p. 16-17
14. Le juge Tosti acquitté!
p. 18
15. Viens de paraître/Libre service
p. 18
16. Dieu
Robert Nicole
p. 19
17. Courrier des lecteurs
Michel Jörimann
p. 19
18. En lisant
p. 20
19. Le nouvel allié du Vatican
Edouard Kutten
p. 20
20. Les créationnistes à l’assaut des écoles
p. 21
21. Procès de la scientologie
Narcisse Praz
p. 21
22. Les brèves
Thor Danneman p. 21
23. La fouine des archives
p. 22
24. Histoire du drapeau européen
La Raison
p. 23
25. Bon de commande
p. 24
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vérité, nous ne sommes pas sûrs que
Savinien ait fait ce choix à cette époquelà, mais on peut penser qu’il ne dédaigna
pas cette petite touche d’humour avant
d’aller rejoindre «les cadets de
Gascogne», la fameuse compagnie de
Monsieur de Carbon de Casteljaloux.
Il y brille rapidement par sa bravoure au
combat et dans les duels: «… la réputation de son courage et de son adresse
l’engagèrent plus de cent fois à être
second car il n’eut jamais une querelle
de son chef…».
Bien que Richelieu eût interdit les duels
en mars 1626, ils sont encore fréquents
et il est d’usage dans ce genre de combat de se faire accompagner d’un ou
plusieurs amis qu’on appelle des
«seconds». Ils croisent le fer et prennent
les mêmes risques que les premiers
intéressés: «… les duels qui semblaient
en ce temps-là le plus prompt moyen de
se faire connaître, le rendirent en peu de
jours si fameux que les Gascons qui
composaient cette compagnie le considéraient comme le démon de la bravoure, et on comptait autant de combats
que de jours qu’il y était rentré. Tout
cela ne le détournait cependant point de
ses études, et je le vis un jour dans un
Corps de Garde travailler à une élégie
avec aussi peu de distraction que s’il eût
été dans un cabinet fort éloigné du
bruit.»
En 1639, pendant le siège de Mouzon, il
est blessé «d’un coup de mousquet à
travers le corps». Quelques mois plus
tard, remis de sa blessure, il repart au
front. En 1640, au siège d’Arras, il reçoit
«un coup d’épée dans la gorge». C’est
aussi à Arras, au cours d’une de ces
échauffourées, que meurt le baron de
Neuvilette, époux de la cousine de
Cyrano, Madeleine Robineau; et c’est
dans ces mêmes circonstances que
d’Artagnan essuie une de ses premières
blessures.
Quelques romanciers, comme Paul Féval
ont imaginé une rencontre entre
Cyrano et d’Artagnan. Ce fut en effet
possible, puisque pour soigner leurs
blessures respectives, il est plausible
qu’ils aient fait un séjour dans le même
hôpital. Ils ignoraient évidemment que
plus de deux siècles plus tard ils auraient
un point commun bien surprenant: être
tous deux inoubliables héros de la littérature!
Savinien arrête là sa carrière militaire,
usé, désabusé, déçu. La reconnaissance
ou l’avancement en grade a moins de
rapport avec le talent ou le courage d’un
individu qu’avec son sang de naissance et
cette injustice ne peut lui convenir. En
dehors de cela, «le peu d’espérance qu’il
avait d’être considéré, faute d’un patron
auprès de qui son génie épris de liberté
le rendait incapable de s’assujettir, et
enfin le grand amour qu’il avait pour l’étude, le firent entièrement renoncer au
métier de la guerre». Toutefois, de cette
époque, il conserve de bons amis: Royer
de Prade, et de Guigy, ainsi que quelques
ennemis et un début de notoriété.
Pourtant, en 1653, il franchit le pas.
Malgré ses réticences et certainement
désireux d’être enfin édité, il accepte de
se mettre sous la protection du duc
d’Arpajon et s’installe chez lui à l’Hôtel
du Marais. Il a un temps l’espoir d’obtenir la reconnaissance qu’il mérite, fût-ce
au prix de sa chère liberté, et son premier pseudonyme littéraire est Hercule
de Bergerac. Enfin, La mort d’Agrippine
est jouée à Paris, mais Cyrano est victime de ses détracteurs et de leur haine
féroce. Très vite, les représentations de
la pièce sont arrêtées à la suite d’un
scandale «organisé par tous ceux qui lui
en veulent et jalousent son immense
talent. Malgré cela, La mort d’Agrippine
plaît et sera publiée au début de 1654 et
très régulièrement rééditée par la suite.
D’après Charles de Sercy, son éditeur,
cette publication donnera lieu à un beau
succès de librairie, grâce, écrit-il, aux
«belles impiétés» que contient la pièce.
L’ouvrage Œuvres diverses de Monsieur de
Bergerac est aussi publié la même année.
Il contient Le pédant joué et quarantesept lettres de Savinien. Voilà enfin la
reconnaissance tant impossible, car il
était courant aux amis d’échanger pièces
littéraires et signatures. Cela permettait
aux uns de profiter de la célébrité des
autres, et à ces derniers d’avoir de nouvelles productions fraîches sans beaucoup d’efforts.
Entre-temps, son frère aîné, Denys, a
endossé l’habit de prêtre, et sa sœur
Catherine a pris le voile en 1641.
Savinien se retrouve donc très seul.
Dans un acte notarié du 1er avril 1645,
on retrouve une reconnaissance de
dette signée par lui. Sur cet acte, il
reconnaît devoir la somme de 400 livres
tournois à un certain Hélie Pigou, maître
barbier chirurgien à Paris, «pour l’avoir
pansé, médicamenté et guéri d’une maladie secrète». Cependant, l’ingestion de
mercure qui s’utilisait alors pour traiter
les maladies vénériennes laisse des
séquelles qui transforment Savinien physiquement et moralement. Il perd sa
belle chevelure d’antan, il est maigre,
maladif. Sa souffrance et sa solitude lui
remplissent le cœur d’amertume. Il
demeure extrêmement discret sur sa ve
sentimentale. On retrouve des traces de
souffrances amoureuses dans ses écrits,
mais il ne donne jamais de nom et déguise l’objet masculin de son tourment en
dame. On lit Monsieur dans le manuscrit
original, mais Monsieur devient Madame
lors de la publication.
Savinien s’accommode mal de la vie qui
lui est imposée chez le duc d’Arpajon,
qui apprécie peu les critiques qui sont
faites à l’auteur qu’il a recueilli. Un événement, aujourd’hui célèbre, va faire
basculer sa vie. Il est victime d’un grave
accident (ou attentat?). Un soir qu’il chemine vers l’hôtel de son protecteur, il
reçoit sur la tête une lourde pièce de
bois. D’après Le Bret, cet événement
marque la fin de l’hospitalité du duc
d’Arpajon.
Savinien est dans un état de grande
détresse. Sa lettre de Thésée à Hercule
résonne comme un appel au secours
adressé à son dernier bienfaiteur,
Tanneguy Renault des Boisclairs, chevalier, conseiller du roi et grand prévôt de
Bourgogne et de Bresse. Ami de longue
date de la famille, il héberge Savinien à
partir de 1654 et c’est à lui que Le Bret
dédiera l’édition posthume de Etats et
Empires de la Lune.
Il est probable que la maladie secrète
contractée par Savinien dix ans auparavant se soit réveillée. Le 23 juin 1655, il
se fait porter chez son cousin germain,
Pierre de Cyrano, à Sannois, où il passera les derniers mois de sa vie. Il aime à
penser que la mort permettra à ses
malheurs et disgrâces de prendre fin,
mais sa plus grande souffrance est «de
ne pas avoir employé mieux sa vie». Il a
le temps de se voir mourir. Son corps se
dérobe et son esprit lui fait souvent
défaut. Il s’éteint à l’âge de 36 ans et est
enterré par Pierre de Cyrano dans l’église de Sannois. On ne sait toujours pas
situer sa tombe dans cette église.
Celui qui fut notre Léonard de Vinci,
notre Faust, a tout pressenti: la montgolfière, le parachute, le darwinisme,
l’ampoule électrique, le phonographe.
Tout le XXe siècle, avec ses splendeurs
techniques et ses audaces, est en filigrane dans son œuvre stupéfiante: la primauté psychanalytique de l’imagination
et du rêve, le surréalisme, les doctrines
sur l’atome, la critique des dogmes
chrétiens, les idées de liberté et d’égalité, le culte de la jeunesse, l’engagement
politique, l’exaltation de la vie sexuelle
et de l’amour libre, la reconnaissance
de l’homosexualité, le droit au suicide, la
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crémation des morts, les machines
mises en mouvement par l’action de la
lumière, sans oublier le cosmopolitisme
qu’il résume ainsi: «Un honnête homme
n’est ni Français, ni Allemand, ni
Espagnol, il est citoyen du monde.»
Il a décrit le transistor, la télévision, les
rayons X, la non-pesanteur dans l’espace, la fusée à étages, la locomotion sur
coussin d’air. Il a même fait allusion à de
futures découvertes qui n’existent pas
encore, comme les gaz nutritifs, l’immortalité biologique, le rajeunissement
total, les villes mobiles et les villes qui
pourront à volonté rentrer dans la
terre.
Il a affirmé la pluralité des mondes, la
possibilité des voyages interplanétaires,
le lent refroidissement du Soleil, l’occupation de la terre par des êtres venus
d’ailleurs.
La littérature d’anticipation procède de
lui: le Swift des Voyages de Gulliver et le
Voltaire de Micromégas se sont inspirés
de ses textes, sans toutefois aller aussi
loin dans les hardiesses et les prophéties. Maintenant que la plupart de ses
hypothèses et pressentiments se sont
vérifiés, il est beaucoup plus proche de
nous qu’il ne l’était d’Edmond Rostand,
capable de voir en lui surtout le duelliste, le bretteur jailli d’un dessin de
Callot, et le Gascon… qu’il ne fut
jamais.
Son importance comme écrivain est
considérable. Avec une existence plus
longue et un peu plus de chance,
Cyrano aurait pu être un autre
Corneille (voir sa Mort d’Agrippine), un
autre Molière (voir son Pédant joué). Il y
a même du Pascal en lui: le fameux pari
se trouve déjà dans Le voyage dans la
Lune. Que d’écrivains ont puisé sans le
dire dans son œuvre, véritable caverne
d’Ali-Baba! Son style, haut en couleur, le
rend plus proche de nous que des classiques. Il y a dans ses poésies burlesques
et ses pamphlets, des audaces, des gauloiseries à faire pâlir les réalistes les plus
endurcis et les surréalistes les plus farfelus. En 1957, les Russes envoyaient dans
l’espace le premier satellite. En 1657,
deux ans après la mort de Cyrano, son
ami de toujours publiait son Voyage dans
la Lune et son Histoire comique des Etats
et Empires du Soleil. Ce que Savinien y dit
du corps transparent rejoint tout ce que
nous savons actuellement sur le corps
métaphysique.
Mieux employer sa vie? Qui peut faire et
écrire autant en trente-six ans de vie?
JUAN DE PRADENA
Psychopédagogue, écrivain
3
UN PROBLÈME INDIEN NON
RÉSOLU: LES INTOUCHABLES
En 2007,1’Inde a fêté en fanfare le 60e
anniversaire de son indépendance et les
médias occidentaux n’ont pas lésiné sur
les éloges, en parlant des indiscutables
succès économiques de l’Inde, tout en
signalant parfois, il est vrai, les zones
d’ombre de la lourde fracture sociale.
Rares par contre ont été les voix qui ont
rappelé la scandaleuse survivance d’une
discrimination: celle qui frappe les intouchables («dalit») ou parias; quelque chose
comme 150 millions, sur une population
d’un milliard d’habitants. Une triste situation qui persiste malgré une loi constitutionnelle, promulguée en 1951, qui prévoit justement sur le plan fédéral (l’Inde
compte 18 Etats autonomes) l’émancipation des intouchables par l’abolition pure
et simple des castes, ainsi que l’introduction de quotas en leur faveur dans les
écoles, les emplois et même dans les parlements. Cette loi courageuse est en effet
restée pratiquement lettre morte dans
les campagnes; la société rurale indienne
qui représente le 70% d’une population
ayant conservé presque inchangé le poids
écrasant du fanatisme religieux.
Historiquement, le système social des
castes – deux ou trois fois millénaire –
est le grand «cadeau» que l’hindouisme a
fait à l’Inde. Elles sont (en simplifiant, car
il faudrait détailler autrement les souscastes, au nombre de trois mille) au
nombre de quatre (l’appartenance à
l’une ou à l’autre était encore mentionnée, vers 1970, sur les cartes d’identité.
Au sommet de la hiérarchie les «brahmanes» (prêtres), puis celle des «kshatriya» (militaires) et celle des «vaisya»
(paysans, artisans et marchands), enfin la
caste la plus basse, celle des «sudra»
(serviteurs). Les trois premières castes
sont considérées par certains ethnologues comme ayant une origine aryenne
(cela ne vous rappelle rien?). Comme si
tout cela ne suffisait pas, la tenace autant
que rigide tradition hindoue prévoit
encore une catégorie de gens «hors
caste»; ce sont justement les intouchables qui englobent tous ceux qui exercent les métiers qui les mettent en
contact avec toutes les matières qui sont
considérées comme impures. (Le Million,
tome 7, Novare 1971, p.212). Il s’agit
donc des vidangeurs de fosses d’aisance,
des blanchisseurs, des balayeurs et des
tanneurs.
L’obsession de la pureté est telle que
même un simple cadeau venant d’un
membre d’une caste inférieure rend obligatoire un acte purificateur. L’hindou
«parfait» est en effet pour beaucoup
encore aujourd’hui celui qui croit que
«tous les actes qu’il accomplit lui seront
comptés dans une autre vie. S’il a manqué à ses devoirs sur terre, il vivra sa
nouvelle vie comme membre d’une caste
inférieure» (ibidem, p. 212); ce qui est
pire, à ses yeux, que d’être exclu de sa
caste en cas de «faute» grave. Et pourtant l’exclusion signifie une véritable
excommunication sociale car «en sortant de sa caste, l’homme ne perd pas
seulement parents et amis, mais très
souvent sa femme et ses enfants, qui préfèrent l’abandonner plutôt que de partager son sort maudit. Personne n’ose plus
manger avec lui; tous l’évitent et ses
enfants ne trouveront plus à se marier. La
déchéance est totale, car le malheureux
ne pouvant entrer dans une caste inférieure ne trouvera asile que chez les
intouchables» (ibidem, p. 213).
Aujourd’hui encore donc, malgré les
bonnes intentions laïques du gouvernement – précédées par l’inoubliable
exemple fracassant donné par Gandhi
qui avait tout simplement adopté un
enfant paria qui, avec un geste qu’avec sa
cohabitation avec des musulmans, lui
avait coûté la vie) – les intouchables
n’ont toujours pas le droit, dans les villages, où vivent généralement dans des
quartiers séparés, de lire les livres sacrés
et d’envoyer leurs enfants à l’école
publique (rien d’étonnant donc si l’analphabétisme touche encore au moins le
35% de la population: il est vrai qu’en
1960 ce taux était de 76%), de tirer l’eau
du puits communal, car leur ombre
contaminerait l’eau» (ibidem, p. 213). Par
ailleurs, «les relations intimes entre des
personnes de castes différentes, sans
parler du mariage, étaient exclues, sauf
dans le contexte d’un rapport entre maître et servante» (S.Tharoor, p.144-145)».
Les conséquences tragiques de cet
incroyable conditionnement social peuvent, hélas, être encore constatées dans
les campagnes indiennes.
«En dépit de soixante années de liberté,
d’administrateurs éclairés possédant une
très bonne formation, d’un discours politiquement correct à tous les niveaux, la caste
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continue d’asservir la société villageoise. La
presse nationale révèle chaque semaine de
nouvelles histoires horribles. Une femme
intouchable est dévêtue et exhibée nue à travers les rues de son village parce que son fils
a osé voler un thakur, un propriétaire terrien
de haute caste; elle est ensuite contrainte d’avoir des relations sexuelles avec son propre
fils, coupable de ce délit, devant des thakur
goguenards. Une jat de haute caste, amoureuse d’un intouchable, a été surprise alors
qu’elle tentait de s’enfuir avec lui.Après avoir
rattrapé le couple et leur complice, également
intouchable, les villageois les rouent de coups,
les torturent devant leurs familles et les pendent. On brûle ensuite leurs corps. La jeune
fille, qui n’est pas morte immédiatement
après la pendaison est encore vivante lorsqu’on allume le bûcher. Elle tente de s’enfuir
en rampant, mais elle est rejetée dans les
flammes. Dans un autre village, vingt-deux
intouchables «prétentieux» sont abattus lors
d’un massacre perpétré par des gens de
haute caste. Quatre cents famille de dalit sont
chassées de leurs huttes qui sont incendiées,
car ils ont osé demander le salaire minimum
légal pour leur travail.
Il ne s’agit pas d’incidents isolé; des dizaines
d’histoires analogues sont signalées tous les
ans» (S.Tharoor, p.146-147).
Dans la mesure où l’on partage l’optimisme
du même auteur, une bonne dose d’espoir
existe néanmoins: «Ces épisodes tragiques ne
doivent pas faire douter des perspectives de
changement social dans l’Inde rurale. Ils
témoignent davantage de la résistance opposée au changement plutôt que de son impossibilité». (p. 147).
Dans les villes par contre, les exigences
d’une fréquentation sociale quotidienne
inévitable (transports en commun, démarches administratives, contacts professionnels) ont fait tomber bien des barrières. En
effet, comment un «brahmane» orthodoxe pourrait-il vivre et exercer dans une
ville, tout en respectant tous les devoirs
sacrés que lui impose l’hindouisme? Soit:
«ne jamais être en contact avec les intouchables; se hâter de prendre un bain dès
que l’effleure l’ombre d’un paria; ne
consommer que des aliments préparés
par un cuisinier de sa propre caste; ne
voyager qu’en compagnie de membres de
sa caste; n’enseigner qu’à ses pairs» (Le
Million cité, p. 212).
Du reste, aujourd’hui, malgré tout, toute
généralisation tombe à plat, car – même
s’il s’agit dans les deux cas d’une minorité
– il existe des brahmanes pauvres et sans
pouvoir et des intouchables (dalit) membres de la classe moyenne. La grande misère
indienne, qui touche environ la moitié de
la population, n’est donc plus, en particulier dans les localités importantes, une
question de caste mais de classe, une lutte,
parfois manipulée, entre pauvres et riches,
ou en voie d’enrichissement.
L’intolérance hindoue en matière de castes a non seulement provoqué un important exode rural vers les villes, mais poussé également à la conversion vers d’autres
religions: vers le bouddhisme (pratiqué par
1% des Indiens) et le christianisme (2,5%
contre les 12% de musulmans). Un moindre mal? Rappelons à tout hasard que «les
missionnaires chrétiens durent eux aussi
s’adapter aux réalités de la caste: on dit
que les églises portugaises de Goa avaient
deux portes, l’une pour les brahmanes
chrétiens et l’autre pour les convertis de
basses castes» (Tharoor, p. l45). Par
ailleurs, «pour lutter contre les effets
sociaux du système traditionnel des castes, l’Inde a donné des avantages fiscaux et
éducatifs aux «dalits», les «intouchables»
de naguère. Ces avantages ne sont plus
accordés si un «dalit» se convertit au
christianisme. Les fondamentalistes ont
vraiment peur. Sans ces mesures discriminatoires, les conversions pourraient se
compter en millions d’individus, surtout
chez les plus pauvres» (présentation de
l’ouvrage de Thomas Grimaux, Le livre noir
des nouvelles persécutions chrétiennes,
Lausanne 2007, dans Bonne Nouvelle de
mars 2008).
Avec d’autres marginaux de la société
indienne, un certain nombre d’intouchables sont enfin attirés par les promesses
du «Shiv Sena», une organisation religieuse
d’extrême droite.
Malgré tout, une lueur d’espoir tout de
même: en décembre 2008, le «Bahujan
Samaj Party», le parti des dalit, a obtenu à
New Delhi le 14% des suffrages contre le
5% de 2003.
CLAUDE CANTINI
Sources principales
Heuzé Djallal, Des intouchables aux
dalit: les errements d’un mouvement d’émancipation dans l’Inde contemporaine.
La Courneuve 2006.
Tharoor Shashi, L’Inde. D’un millénaire à
l’autre, 1947-2007, Paris 2007.
AUGUSTE BLANQUI,
L’HOMME SANS DIEU NI MAÎTRE
De même que de Proudhon beaucoup
de gens ne connaissent que son célèbre
aphorisme «la propriété c’est le vol»,
nombreux sont ceux pour qui le nom de
Blanqui n’évoque que la formule «ni Dieu
ni maître».
Selon l’historien Maurice Dommanget1,
Blanqui aurait lancé ladite formule quand
il la choisit comme titre de son journal,
en novembre 1880 Mais l’idée même
était depuis déjà longtemps dans l’air. Un
siècle auparavant, Sylvain Maréchal l’avait
formulée dans ces vers:
Qu’ai-je besoin d’un Dieu, qu’ai-je besoin
d’un maître,
Si je suis vertueux pour le plaisir de 1’être?
Le titre du journal marquait clairement
1’antithéisme de son fondateur et rédacteur. Tous les dictionnaires présentent
Blanqui comme homme politique, théoricien socialiste, révolutionnaire. Certes, il
fut tout cela. Mais l’anticléricalisme, l’athéisme même du personnage furent
trop souvent négligés voire occultés par
les lexicographes et même ses biographes.
C’est cet aspect du grand révolutionnaire qui mérite d’être évoqué pour les libres penseurs.
«L’ENFERMÉ»
La vie d’Auguste Blanqui peut se résumer
dans cette récapitulation de Maurice
Dommanget: Quinze procès, deux
condamnations à la peine capitale, vingtsept prisons différentes, trois évasions,
presque sept ans d’exil ou surveillance
policière, trente-trois ans et demi de
prison effective, en tout plus de quarante-quatre ans d’enchaînement sous des
formes diverses2.» Le surnom de
«1’Enfermé» sous lequel on le désignait
était donc parfaitement justifié.
Et cependant, cet enfermé perpétuel fut
peut-être le plus libre des hommes. «Il
était plus indépendant que les gens au
pouvoir et que les valets qui l’emprisonnaient» remarque Edouard Rothen3.
Conspirateur-né, en une époque où les
sociétés secrètes foisonnaient, il s’affilia
dès 1823 à la Charbonnerie. En 1831, il
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entre à la Société des amis du peuple et,
en 1837, crée la Société des saisons. S’il
n’adhéra pas à la Chevalerie du travail,
beaucoup de chevaliers (dont Octave
Martinet qui collabora à Ni Dieu ni
Maître) s’inspiraient de ses idées. Quant
à ses rapports avec la franc-maçonnerie,
il semble que «l’Enfermé « ait été membre des Amis de la Vérité dans les années
1830 et du Temple des Amis de
l’Honneur français en 1842. Lors de ses
obsèques (5 janvier 1881), la loge parisienne Le Lien des Peuples défila avec
bannière et insignes4.
PLUS DE DIEU NI DE MAÎTRE
Pour le pédagogue Blanqui – il fut professeur, précepteur, répétiteur – l’école
est un instrument d’asservissement
entre les mains des classes dirigeantes.
L’école cléricale sert ouvertement à la
«production des ténèbres», et l’école
officielle, dispensatrice de la soi-disant
instruction publique, n’est souvent
qu’une «simple succursale des sacristies». Aussi manifestait-il une opposition
farouche à l’enseignement clérical, qu’il
assimilait à un «vampirisme des cerveaux». «L’Enfermé» est, souligne
Dommanget5, aussi acharné sur le terrain rationaliste contre les religions
révélées et contre Dieu que sur le terrain social contre le Capital et l’Etat
bourgeois.
La révolution ne doit pas se faire seulement à l’usine, dans la rue mais aussi à
l’école. «Point de révolution durable
sans lumières! Point d’émancipation sans
l’intelligence pour base! La liberté, c’est
l’instruction! L’égalité, c’est l’instruction!
Des instituteurs, des livres, la lettre
moulée, voilà les vrais agents révolutionnaires!6»
Pour le croyant, le seul maître c’est
Dieu. «Je suis votre maître» dit l’Eternel
(Jér. 3:14). En supprimant Dieu nous supprimons non seulement le maître mais
aussi tous ses prétendus représentants,
parasites de la société.
L’idée de Dieu, les religions sont, aux
yeux de Blanqui, les sources de l’ignorance, de l’abrutissement du peuple.
Dieu est un moyen de gouvernement,
une protection pour les privilégiés, une
mystification pour la multitude. «Dieu,
c’est le mot qui prétend tout expliquer,
qui n’explique rien et qui interdit toute
explication. C’est le mot qui satisfait la
paresse et l’orgueil en faisant de l’ignorance le savoir 7». Le péril clérical s’avérait, pour lui, l’une des plus formidables
entraves à l’avènement d’un régime
social égalitaire et fraternel. «Les
«Le grand révolutionnaire, écrit Paul
Louis11, n’a pas été uniquement comme
certains l’ont cru et avancé, un chef d’émeutes, un directeur de barricades. A
côté du courage froid, du dévouement à
une cause, de la vision nette, des vertus
morales qui en firent un exemple et un
maître, il a déployé des qualités de pensée qui ne furent point médiocres. […]
Peu d’hommes ont droit à un égal
respect du prolétariat, car peu ont manifesté une pareille abnégation, en sacrifiant tout à la lutte.»
Il était un de ces hommes «qui stimulent
les tièdes, raffermissent ceux qui chancellent, effraient les timides et déconcertent les théoriciens12.»
(suite au verso)
Auguste Blanqui à 25 ans.
croyants dépensent tant de foi dans le
trafic avec Dieu qu’il n’en reste plus un
atome dans le commerce avec les hommes. […] Nous ne reconnaissons pas
ces imaginaires devoirs envers Dieu,
véritable bonne fortune pour l’égoïsme
qui se hâte de les traduire en superstitions, heureux de leur immoler d’autres
devoirs plus gênants, les devoirs envers
les hommes 8.»
L’athéisme de Blanqui s’en prend non
seulement à la Bible et au christianisme
mais à toutes les religions révélées: «La
Bible, livre exécrable, pire que la peste
et le choléra, inépuisable tonneau d’ordures d’où sont sorties et sortent encore toutes les immondices qui infectent
l’humanité: le judaïsme, le christianisme,
l’islamisme, le mormonisme9.»
Les religions sont – ont toujours été – le
frein, l’entrave à tout progrès, à tout
effort d’émancipation des peuples. On
en a encore un exemple récent par les
prises de position rétrogrades du pape
actuel et de son prédécesseur.
FIDÉLITÉ ET DÉVOUEMENT
À UNE CAUSE
La fidélité à ses convictions est un des
traits dominants du caractère de Blanqui.
Elle suscite l’approbation élogieuse de
Jules Vallès: «Auguste Blanqui est, je l’avoue, un de ceux que j’admire tout bas et
que j’ai défendu et défendrai tout haut,
car il a, celui-là au moins, la logique terrible de ses convictions10.»
Loin d’être une girouette tournant à tout
vent, il fut en effet l’un des rares hommes
politiques dont les idées et les combats
furent en harmonie avec leur règle de
vie.
PICSOU-FLASH
Nous avons encarté dans ce numéro
(pour la Suisse) un bulletin de versement afin de vous permettre:
– de vous acquitter de l’abonnement
2009, pour ceux qui n’auraient pas
encore effectué leur versement;
– d’alimenter l’indispensable «souscription de solidarité» (même un
versement symbolique sera le bienvenu).
Aux lecteurs habitant hors de Suisse,
nous conseillons de se renseigner à la
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difficile de les encaisser et souvent la
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Merci d’avance
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6
La fin de vie de Blanqui fut aussi pénible
que l’avait été son combat militant.
S’étant toujours refusé à être le disciple
ou le chef d’un parti politique, il eut sa
part d’horions, de médisances, de calomnies, d’attaques fielleuses. «Dévasté par
les souffrances morales et physiques, par
les malheurs publics et les douleurs privées, exténué par une vie plus qu’ascétique, par la séquestration, par de vastes
espérances déçues, abreuvé d’amertumes et d’outrages, vaincu, écrasé, anéanti, il est resté inflexible dans ses convictions. Inébranlable dans sa foi13.»
Victime d’une congestion cérébrale,
Auguste Blanqui s’éteint le 1er janvier
1881, au domicile de son ami Ernest
Granger. Cent mille personnes assistent
aux obsèques. «Une impression d’âpre
tristesse et de beauté farouche se déga-
ge de cette affluence humaine qui entoure enfin celui qui a toujours vécu seul»
relate son biographe14.
Ultime hommage à l’«Enfermé», Eugène
Pottier, le chantre de L’Internationale, lui
dédia ce poème:
A présent qu’il est mort, tu l’entendras…
peut-être!
Ce combattant, passant de la geôle au cercueil,
Du fond de son silence, il dit: Ni Dieu ni maître!
Contre une classe sans entrailles,
Luttant pour le peuple sans pain,
Il eut, vivant, quatre murailles,
Mort, quatre planches de sapin!
ANDRÉ PANCHAUD
Notes
1 Préface de Ni Dieu ni Maître. Editions
Aden, 2009.
2 Les grands socialistes et l’éducation, Armand
Colin, Paris, 1970.
3 Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure,
réédition de 1974,
4 Daniel Ligou: Dictionnaire de la franc-maçonnerie, PUF, 1987.
5 Blanqui EDI Etudes et documentation
internationales, Paris, 1970.
6 Les grands socialistes…, op. cit.
7 Ni Dieu ni Maître, op. cit.
8 Candide N° 1, 3 mai 1865.
9 Manuscrit 9587, f° 4O8, B.N. NAF.
10 La Rue. Les Editeurs Français Réunis,
Paris, 1969.
11 Histoire du socialisme en France. Librairie
Marcel Rivière et Cie Paris, 1950.
12 Nouveau Dictionnaire universel de Maurice
Lachâtre, t. 1, 1870.
13 Pierre Larousse: Pages du Grand
Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Union Générale d’éditions, 1975. Coll.
«10-18» N° 935.
14 Gustave Geffroy: L’Enfermé, Fasquelle,
1926. Ed. Rencontre, Lausanne, s.d.
BOUFFONS DU CURÉ
ET QUELQUES PRÉLATS EN PRIME
– Vous plaisantez, Thomann, avec votre titre
ringard.
– ?...
– On ne bouffe plus du curé depuis,... est-ce
que je sais, depuis le XIXe siècle.
– En voilà d’une autre! Ces messieurs
auraient-ils été déclarés peu digestes?
– C’est pas ça, il s’agit d’une question d’image. Le Libre Penseur se veut aimable, moderne et tolérant. Il accueille toutes les opinions,
c’est d’ailleurs dans son titre et si elles sont en
majorité mécréantes, c’est un pur effet statistique. Car de fait, nos collaborateurs trouvent
plus facilement accès à nos colonnes qu’au
Association vaudoise
de la Libre Pensée
Case postale 5264
CH-1002 Lausanne
Internet: www.librepensee.ch
Libre Pensée de Genève
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Libre Pensée FVS-ASLP
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Internet: www.freidenker.ch
International Humanist
and Ethical Union
Internet: www.iheu.org
journal parisien La Croix ou au bulletin
paroissial du Gibloux. C’est la vie! Mais nous
sommes ouverts, c’est notre vocation. Nous
serions à même de publier – il a le droit de
penser librement – une homélie du pape, quitte naturellement à ce qu’il subisse les huées
des lecteurs, c’est le jeu; nous serions même
disposés, en poussant les limites de la tolérance vraiment très loin, à accepter une interview
de Mgr Genoud.
– Si je vous comprends bien, l’ECAR (Eglise
catholique, apostolique et romaine) n’est plus
ce qu’elle était et que nous n’avons plus aucune raison de nous méfier.
– C’est exactement ça.
– Et si je vous prouve le contraire? Vous me
donnez la même liberté qu’au pape et au
Genoud?
– Parfaitement. Mais plus de dérives intempestives.
Ce qui me surprend de plus en plus, c’est
l’ignorance abyssale de mes interlocuteurs
sur les sujets sur lesquels ils désirent
pourtant irrésistiblement donner leur avis.
Ils ne savent rien, ils ne se sont renseignés
sur rien, ils ont vaguement entendu parler
de telle chose mais n’ont rien approfondi.
Ils ont un dogme soutenu par rien et qui
est en gros celui d’une tolérance universelle. Les religions ont le droit d’exister et
c’est marre. Celui qui dit le contraire aura
une tapette. Il y a là une formulation irréfléchie. Que celui qui croyait en Dieu et
celui qui n’y croyait pas (selon la formule
saisissante d’Aragon), ce sont deux posi-
tions également acceptables. Nous sommes là dans le domaine de la liberté de
conscience. D’accord. Mais il ne faut pas
confondre la liberté de conscience et sa
manifestation, et l’admirable Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen de
1789 fait avec pertinence cette distinction
entre cette liberté et le droit de pratiquer
sa religion, laquelle est soumise à des
contingences pratiques, et qui en interdit
les manifestations ostentatoires. Petite
parenthèse: le bonheur d’être citoyen d’un
canton (Genève) rigoureusement laïque,
où on ne paie pas d’impôt ecclésiastique
(ça me ferait mal), où il n’y a pas de processions, où on ne rencontre pas de prêtres (et de nonnettes) en uniforme, où on
ne vous parle pas de la mise en orbite de
personnages inventés qui vont rejoindre la
divinité sise sur un petit nuage, je compte
mes bénédictions.
Oh, je connais l’objection: les religions ne
sont plus ce qu’elles étaient, on rencontre
désormais des prêtres catholiques sympas
qui portent des baskets et ne vous font
plus peur avec la punition de l’enfer pour
vos péchés petits et grands. Ils ont pris la
succession des prêtres tyranniques qui
interdisaient les bals dans leurs paroisses.
Je tiens de Fernanda, qui est croyante,
Portugaise et pleine de bon sens, que la
confession auriculaire a fait son temps
dans la paroisse helvète où elle pratique sa
religion. Mais elle me raconte aussi que,
petite fille, elle était encore bel et bien
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soumise à cette avanie et que si elle avait
le malheur d’oublier un seul de ses péchés,
tous gravissimes quand on a huit ans, elle
devrait rentrer chez elle en portant un
loup sur les épaules, loup que le curé
tenait dans un sac et gardait pour punir les
petites pécheresses. Or, Fernanda n’a pas
quarante ans, ces faits remontent donc à
une trentaine d’années, et rien ne me dit
que si un prêtre d’ici n’ose plus raconter
ces fariboles sous peine de ridicule et d’incrédulité, son confrère lusitanien ne continue pas à répandre la terreur chez les
gamines de son village. Mes doutes sont
fondés entre autres sur une petite nouvelle récente qui nous explique qu’un prélat
polonais, violet ou même rouge du chapeau, décrit (il y était?) un traitement différencié, en enfer, pour les hommes et
pour les femmes, ces dernières devant
être plus punies, étant donné que le péché
originel, c’est bien à elles qu’on le doit. Ben
voyons Ergo, on continue, en Pologne tout
au moins, à convaincre les croyants, et ils y
sont nombreux, que a) l’enfer existe, et
que b) les femmes n’auront que ce qu’elles méritent en y étant moins bien traitées. Je rappelle, car j’aime bien être complet, que la Pologne est un de ces pays qui
demandaient à cor et à cri que la valeur de
l’héritage judéo-chrétien (judéo un peu
moins il est vrai) soit inscrit dans la
Constitution européenne. Et si vous permettez, je remets la compresse. Il y a en ce
moment, dans la bonne catholicité allemande et autrichienne des cardinaux parfaitement déjantés (on parlera plus loin
d’un cardinal français qui vaut aussi le
déplacement) qui vont disant, le premier
qu’il n’y a pas de différence entre le nombre des avortements et celui des victimes
juives (et tsiganes, n’oublions pas ces autres martyrs) de la Shoa; le second que si
la tempête avait durement frappé La
Nouvelle-Orléans, c’est qu’on trouvait
dans cette cité de perdition des cliniques
qui pratiquaient l’avortement et que son
mode de vie était de toute façon répréhensible. Cela rappelle, mais ça paraît loin
tout ça, les bons pasteurs de Boston qui
expliquaient que le tremblement de terre
de Lisbonne (1755) avait pour cause la vie
dissipée des habitants du Massachusetts.
(Cité par Isaac Asimov, un malicieux
mécréant.) Si, comme on le prétend, l’histoire ne repasse pas les plats, la religion
oui.
Il est juste de dire que la plupart des autres prélats allemands se sont indignés de
ces déclarations d’un autre âge. Il y a
même de la fronde dans l’air, ce qui ne
peut que réjouir le démocrate qui écrit
ces lignes: si l’Eglise catholique cessait d’ê-
7
tre une dictature? Remarquez, moi, ce que
j’en dis... Mais on remarquera que ces chapeaux rouges ont été nommés en toute
connaissance de cause par le Grand
T(i)aré dont on ne peut pas suspecter qu’il
ne savait pas ce qu’il faisait.
Alors, revenons à nos curés en espadrilles:
c’est bien joli de se faire un petit aggiornamento de quartier, en douce, comme ça,
en disant que le péché, ça n’est pas si
grave, que l’Enfer, oui bon, et que si par
exemple, j’ai parmi mes ouailles des divorcés remariés qui veulent communier, moi,
je ferme l’œil et le bon. (Pourquoi ces obstinés tiennent à avaler une hostie reste
pour moi un mystère mais bon, chacun
son truc.) Mais si la hiérarchie impose aux
employés des chefs qui sont manifestement réacs, liberticides et, disons-le, à côté
de leurs escarpins, la base se retrouve
dans la situation du fantassin qui obéit aux
ordres sans les approuver. La Wehrmacht,
la Grande Armée, sans parler des troupes
qui saccagèrent l’Europe entre 1618 et
1648 ni de celles d’Alexandre, ont dû avoir
parmi leurs rangs des biffins qui se demandaient ce qu’ils faisaient là et qui auraient
bien aimé être ailleurs.
La logique voudrait que ces petits, ces
sans-grades, désertassent et, s’ils le portaient encore, jetassent leur froc aux
orties. Il devrait tout de même être possible de quitter son Eglise sans quitter sa
religion. Ils disent être attachés à l’une
comme à l’autre.Attaché à sa religion, c’est
croire en Dieu. Alors allez-y, croyez, personne ne vous en empêche, même pas la
Déclaration de 1789. Mais attaché à
l’Eglise? Si c’est à l’institution, ils savent que
l’institution les a trompés, humiliés, réduits
à l’obéissance béate. Alors il ne reste plus
que l’attrait (irrésistible?) des ors et des
fanfares, des vitraux colorés, des cierges,
de l’encens et des musiques censément
célestes, d’une missa, qu’elle soit solemnis
ou non. Mais d’autres monothéismes se
passent parfaitement de ces adjuvants sans
que la piété en souffre. Qu’ils fassent donc
le saut, comme le font, dans leur congrégation, des fidèles (qui cessent ipso facto
de l’être) écœurés par une hiérarchie
imposant d’en haut et qu’ils ne reconnaissent plus.
Je lis ce livre où Marie Métrailler, une
sacrée bonne femme, pleine de vie et d’humour, raconte sa vie. M.M. est Evolènarde,
tisserande pour gagner sa vie, qui explique
que ses contemporains (elle a vécu les
trois premiers quarts du XXe siècle)
étaient terrorisés par la perspective de
l’enfer que leur décrivaient des curés sans
scrupules psychologiques. J’aime à croire
que les temps ont changé et que le Valais
est enfin entré dans l’ère moderne. On me
dit qu’il y a même dans cette vallée ensoleillée des pervers qui votent socialiste.
Lesquels, qui sait, ne croient pas à l’enfer.
Sauf que l’enfer, contrairement à ce que les
optimistes pourraient penser, continue à
exister, et cela sous une forme assez surprenante. Si jadis, et même, on vient de le
voir, naguère, la peur de l’enfer s’adressait
à des foules peu éduquées à qui on pouvait faire croire n’importe quoi, il n’en va
pas de même pour l’Opus Dei. Vous
connaissez l’Opus Dei? Vaguement entendu parler. Deux lignes dans le journal et
après, on passe au sport. Alors un petit
topo. Il faut savoir que l’Opus Dei est une
société secrète (oui, secrète, sur les bâtiments qui abritent leur organisation, le
nom n’apparaît pas) et qui, bien que de tradition récente, elle date de 1928, fait la
pige à cette vieille institution que sont les
vénérables jésuites. Ces derniers sont tout
penauds. L’Opus Dei est si puissant dans le
système catholique que l’élection des
deux derniers papes est due à leur influence. Ce qui explique la béatification express
de leur fondateur Balaguer, alors que les
béatifications et canonisations prennent
normalement des dizaines d’années. C’est
un prêté pour un rendu. Les lecteurs du
L.P. pourraient considérer à juste titre que
l’élection d’un pape est ce dont ils se foutent le plus. Aussi n’est-ce pas mon propos. Ce qu’il faut vraiment savoir, c’est que
les méthodes de l’Opus Dei sont au mieux
discutables, au pire criminelles. Pour commencer, ils ne recrutent pas des Soubirous
illettrées mais au contraire des adolescents prometteurs, premiers de classe,
rejetons de bonnes familles croyantes et
pieuses. Ces petits jeunes dès quatorze
ans sont peut-être intelligents mais ont,
pour ce qui est de l’acceptation des dogmes les plus discutables, une âme de bergère du Sud-Ouest. On leur inculque d’abord que l’enfer existe bel et bien et c’est
à eux de s’empêcher d’y tomber plus tard
en évitant désormais tout faux pas dans le
cursus qui leur est imposé par des prêtres
sachant manier la savonnette qui lave les
cerveaux. Dès lors qu’ils ont mis le doigt
dans l’engrenage, il est facile ensuite de
leur faire prendre des décisions qui ne
sont pas de leur âge: ainsi, on leur demandera de se flageller un peu et de se mettre
sur la cuisse un truc avec des pointes qui
entrent dans les chairs, histoire de souffrir
comme a souffert le fameux J.-C. Ne
croyez pas que ce sont là des rumeurs ou
que j’invente: j’ai mes sources et elles sont
fiables. Puis ils voudront bien passer au
stade suivant: celui de prononcer trois
vœux définitifs: vœu de pauvreté, d’obéis-
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sance et de chasteté. Promettre de rester
chaste quand on a dix-sept ans, vous voyez
un peu. Enfin, ils exigent la mise à l’écart
des parents, la coupure du cordon, ce
qu’ont fait tous les gourous de tous les
temps, y compris le gourou Jésus (Luc,
14:26, donc pas une rumeur non plus). Ces
agissements, à la limite de la légalité (il y a
eu d’ailleurs des plaintes de parents) ne
sont pas connus du public pour qui le nom
Opus Dei ne signifie rien. Mais le Vatican,
et pour cause, voir plus haut, sait tout mais
puisque tout cela est fait ad majorem dei
(et Vaticani) gloriam...
Quelquefois, le public est tiré de son ignorance grâce au bon fonctionnement des
médias. Quand l’archevêque de Recife,
qu’on ne saurait qualifier sans employer de
gros mots, se met en tête d’excommunier
une mère pour avoir laissé avorter sa
fillette de neuf ans violée et qui attendait
des jumeaux dans son petit bassin de
gamine, le geste qui aurait dû rester
«molto catimini» a fait le tour de la planète. Argument de ce prélat las: La loi de
Dieu prime sur celle des hommes. La charia chrétienne en quelque sorte. Il faut
vraiment se méfier de tout le monde.
Cela laisse même les autres prélats pantois et indignés et ils commencent à se
rebiffer. Il était temps. Le Vatican, lui, n’a pas
moufté, la curie n’en a cure. Pour les ignorants toujours, on précisera que l’excommunication est une chose gravissime pour
ceux qu’on a endoctrinés à croire que ne
plus pouvoir communier menait tout droit
à l’enfer. Les lecteurs du L.P. en revanche,
pourront s’en battre l’œil jusqu’au sang.
L’Eglise catholique est une nef qui prend
l’eau de toute part. Elle se rend ridicule, ce
qui n’est pas grave, elle se couvre d’opprobre, elle bafoue la charité qu’elle appelle abusivement chrétienne dont elle nous
rabat* hypocritement les oreilles. Il faut
savoir gré au pape actuel de précipiter le
mouvement. Avant le dernier conclave, il
était question d’élire un nègre (oh, pardon,
un Africain) à la papauté. On sait ce qu’il
est advenu, on a nommé un vieillard
incompétent dont le seul mérite était d’être bon théologien. Benoît XVI, qui a passé
sa vie dans les bureaux et les sacristies, n’a
aucune idée du monde tel qu’il est, au
point de n’avoir pas été au courant qu’un
prélat anglais de son obédience niait
l’Holocauste. Enfin, lui dit qu’il ne savait pas
et ce petit mensonge aura vite fait d’être
pardonné grâce au détergent de la confession.
Contrairement à l’archevêque de Recife,
nous ne voulons pas la mort du pécheur.
Si des catholiques bon teint croient à la
présence réelle, à l’enfer et à la résurrection des corps, rien ne les empêche de
créer une maison concurrente qui serait à
mi-chemin entre celle peccamineuse qu’ils
quitteraient et celle du compère Luther
qu’ils jugeraient un peu trop bolchevique.
Ils pourraient continuer à allumer des
cierges et répandre de l’encens. Par parenthèse, on me fait croire qu’il y a du cannabis dans l’encens; n’étant pas chimiste, je
ne me prononce pas. L’essentiel pour eux
serait que la plus grande gloire de Dieu
soit reconnue. Bonne chance!
ANDRÉ THOMANN
* Je prétends, contre tous les puristes, et
ils sont nombreux, qu’il faut dire
«rabattre» les oreilles. Rebattre ne
veut rien dire. Vous aurez remarqué
que si nos yeux ont des paupières qui
nous permettent, quand on les ferme,
de ne plus voir les horreurs du monde,
nous n’avons pas, ce qui serait pourtant bien utile, l’équivalent pour les
oreilles. A l’exception des cockers, qui
peuvent se permettre, le cas échéant,
de ne pas écouter. Il leur arrive de
regarder leur maître de ce regard
sympa qu’ils ont et de leur dire:
«Cause toujours, j’ai rabattu mes
oreilles.»
LE DON QUI ES-TU?
Il y a plusieurs sortes, natures et formes
de dons (le don traditionnel, moderne, de
soi, de sang, d’organes, d’argent, divin, du
ciel, du Saint-Esprit, du Père Noël... à Dieu,
d’énerver, avoir un don et le contre-don,
etc.) qui revêtent des significations différentes en fonction du contexte et du
cadre qu’ils contribuent à créer.
Il concerne notre rapport avec autrui.
Il peut être spontané, affectif, objectif
comme subjectif.
Il peut agir en fonction d’exigences d’amour, de solidarité, de sollicitation
comme de morale ou en fonction de tel
texte de loi.
Ce peut être l’action de donner quelque
chose que l’on possède, en espèces, en
Association vaudoise
de la Libre Pensée
Service des obsèques civiles,
tél. 022 361 94 00
026 660 46 78
Service gratuit pour les membres.
Pour s’exprimer lors des
cérémonies, s’adresser au comité
nature, un bienfait, une faveur ou encore
faire don de son corps à la science.
Il y a aussi le don du ciel, celui qui ne veut
rien dire.
Il est possible d’avoir un don, une qualité
naturelle, du talent en parlant des facultés
d’une personne, comme avec le don de
réussir comme d’énerver.
Celui que l’on appelle le don de soi, c’est
le soi, mais si c’est le soi, avoir en quoi se
distingue-t-il de l’oubli de soi?
Si ce n’est pas le soi qui est donné, le don
de soi n’est-il qu’une forme raffinée d’affirmation de soi?
Il n’est pas tout à fait la destination de cet
acte gratuit car, on ne se donne pas soimême dans le don, parce qu’il apparaît
plutôt comme une manière de faire discret en s’exposant ou en se surexposant
à d’autres formes d’expression que celles
que permet la mise en avant de soi.
Donner serait bien vulgaire s’il s’agissait
de se donner, de se montrer voire de se
vendre.
Au lieu de constituer le don de soi, il doit
passer au travers d’un objet ou d’une aide
matérielle.
Il y a aussi le don traditionnel, qui possède toujours cette capacité de pouvoir
exprimer ce que nous pouvons dire par
des mots et signifie l’estime et l’honneur
que nous portons à l’autre.
C’est pourquoi tout apport n’est pas obligatoirement un don.
Plusieurs dons relèvent soit du don divin
qui pourrait être de donner un livre à
quelqu’un, soit du don humain qui serait
plutôt de lui apprendre à lire.
C’est la grande différence entre le vivre et
le penser où l’apport humain aide l’autre
à devenir vraiment soi-même, tandis que
le don divin, charitable, provient non pas
d’un élan de pur altruisme, mais de phénomènes passionnels qui dérivent directement de l’effort que chacun fait pour se
préserver dans son être.
Et pourtant, le don doit être un acte libre,
gratuit, généreux qui n’attend en retour
aucune contrepartie ou réciprocité.
Ce don véritable, à la différence de la charité, dite bien souvent chrétienne, est libre
de toute référence théologique et n’obéit
à aucun commandement.
Inverse de cette charité humiliante, ce
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don véritable ne postule aucune supériorité métaphysique, morale, sociale du
donateur, ni aucune aliénation du destinataire.
Pas de hiérarchie entre donateur et destinataire.
Ce n’est pas ou ne doit pas être une
offrande faite à une divinité avec cette
intention religieuse.
Sans en attendre de reconnaissance, le
donateur peut néanmoins se réjouir de
l’éventuelle réponse du destinataire,
dépassant la dialectique de la servitude
présente dans le remerciement.
Marcel Mauss, sociologue et anthropologue 1872-1950, définit le don comme une
prestation totale de type agonistique.
Sa forme la plus élevée n’est pas le potlatch archaïque ou le cadeau rituel et obligé, mais l’activité consacrée à l’autre.
Là, le don a cette vertu créative sans être
morale qui crée le lien, la joie et c’est à ce
titre qu’il a une valeur.
Dans le langage courant, on emploie souvent le verbe «donner» dans un sens très
différent de «faire un don».
Ne pas confondre don et donner.
Le don s’oppose à l’échange.
On pourrait dire que le don ne fait naître
qu’une obligation morale.
Dans un couple, quand le cycle paisible du
don est brisé, peut s’installer une spirale
qui conduit à la rupture, au divorce.
Dans les rapports commerciaux, on trouve une place importante au don: les vendeurs offrent souvent des cadeaux pour
fidéliser la clientèle, les négociations s’accompagnent souvent d’un bon déjeuner
au restaurant, etc.
Dans le travail c’est aussi donner soi aux
autres, sachant que le don de soi participe
au salaire.
D’un point de vue historique, en France,
le Gouvernement de Vichy a voulu réunir
la famille, le travail et la patrie, en imposant ce don de soi à ce qu’il considérait
comme trois «valeurs» essentielles.
Le don a une connotation religieuse au
départ qui relève plus du renoncement à
soi-même car c’est du sacrifice par amour
de Dieu. On fait d’abord don à Dieu. Dans
les sociétés féodales, on travaillait la terre
pour vivre ou survivre mais aussi pour se
donner à Dieu, ce qui n’est, espérons-le,
plus le cas aujourd’hui car la fonction du
sacré a apparemment disparu.
En sociologie, le don «substantif du verbe
donner» est une forme d’offrande, comme
le don de sang, d’organes ou d’argent.
En droit, le don ou donation est un
contrat solennel.
«Le don est l’action de donner sans
contrepartie au moins apparente», disait
9
Montaigne. Action de remettre à quelqu’un quelque chose sans rien recevoir en
échange.
Le don se veut désintéressé et intemporel; cependant, pour faire honneur au don,
la personne en bénéficiant peut faire un
don en retour, qu’on appelle le contredon. Il ne s’agit pas d’un acte d’échange de
valeurs comme la vente ou le troc,
puisque le receveur n’est pas tenu de rendre le don et la valeur des dons ne rentre pas directement en compte. Il convient
donc que le donateur agisse sans répondre à aucune forme d’obligation autre que
sa motivation, en dehors du respect de
formalités légales réglant les dons d’une
valeur importante «donation».
Le troc: peut se rapprocher du
don/contre-don par le fait qu’il s’agit d’un
échange sans garantie d’une tierce partie.
La vente: cet échange est régi par des lois
fixes dépendantes du pouvoir ou du marché.
Un grand nombre de circonstances sont
l’occasion de dons plus au moins traditionnels: les aumônes, les étrennes et
autre cadeaux liés aux fêtes, qui sont des
cadeaux de fin d’année ou d’anniversaire
qui s’inscrivent dans une logique d’échanges; les offrandes pour cérémonies religieuses, comme le don du Saint-Esprit qui
s’exerce sur l’âme par le sacrement de la
confirmation «force, piété, crainte de
Dieu, etc.»; les pourboires et gratifications diverses, les souscriptions favorisant
des réalisations collectives, les opérations
de solidarité à l’occasion de guerres,
catastrophes, etc.
Dans la théologie chrétienne, la grâce
divine est conçue comme un don pur
représenté d’ailleurs par le Père Noël qui
illustre très bien ce don pur. «Faut-il
encore croire au Saint-Esprit comme au
Père Noël».
Les dons sont aussi le fait d’institutions
publiques sous la forme d’aide alimentaire
en priorité, puis d’aides sociales et de subventions, mais aussi d’organismes privés
apparaissant comme sponsors.
Les dons de personnes les plus fortunées
prenaient la forme du mécénat et permettaient en particulier aux artistes de
réaliser leurs œuvres. Il y a aussi les personnes, employant une notable partie de
leurs fortunes en dons, qui sont appelées
philanthropes.
Jean-Luc Marais, (histoire du don en
France de 1800 à 1939) a évalué à 30% la
proportion de donateurs inspirés au
moins en partie par le désir de perpétuer
leur mémoire. Plus généralement dans la
perspective religieuse, la «générosité» pratiquée sur terre est assez souvent un gage
d’amélioration de sa condition post-mortem.
Certains dons prennent la forme de la
constitution d’une bourse commune pour
permettre à l’intérieur de corporations ou
confréries la constitution de systèmes
d’entraide basés sur la mutualité ou solidarité.
Selon les pays et les cultures, des formes
de dons «en apparence» sont illégaux
«corruption, commissions occultes dites
pots-de-vin, etc.» et certains plus forts
encore relèvent directement de la délinquance tel le racket ponctuel ou organisé
«mafia».
Historiquement, on peut différencier trois
sortes de don/contre-don:
1 L’échange rituel: il s’agit d’honorer des
puissances avec l’espoir d’obtenir des
faveurs terrestres ou la clémence de Dieu.
2 L’échange intercommunautaire: il s’agit
de garantir les bons rapports entre deux
communautés par le biais de relations privilégiées.
3 La marque d’une distinction sociale: il
s’agit de faire reconnaître sa primauté par
le biais d’une compétition du don, les
valeurs données pouvant parfois être
détruites «potlatch».
Selon Marcel Mauss, le don en tant qu’acte social suppose que le bonheur personnel passe par le bonheur des autres, il sous
entend les règles: donner, recevoir et rendre «par le contre-don: potlatch».
1 L’acte fondateur en est un don, donc la
reconnaissance de l’alter ego «ce qui
m’appartienait t’appartient maintenant»
2 Le deuxième acte comprend l’acceptation du don, le receveur reconnaissant
ainsi la valeur du don pour son propre
usage «force unificatrice du oui».
3 Le troisième acte élimine une différence
de valeur entre celle que lui accorde le
donateur et celle que perçoit le receveur
ce qui revient à annuler la valeur matérielle de l’échange pour mettre en avant la
valeur sociale de l’échange.
Le don se base sur une valeur de sociabilité primaire: la réciprocité.
En France, les dons sont prévus en particulier par les articles 930 et 937 du Code
civil. Par les lois de 1901 et 1905 où les
institutions religieuses perdirent la possibilité de recevoir des dons ou legs, par contre toutes associations sont aptes à recevoir des dons en contrepartie d’un reçu.
Les dons sont réglementés par le Code
général des impôts et particulièrement
l’article 200.
D’un point de vue humaniste, nous sommes appelés à combattre les inégalités et à
lutter pour davantage de justice, car la justice ne peut se contenter d’appliquer sans
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cœur et sans intelligence les règles et les
lois qui la commandent et le don doit
apparaître comme le principe d’une existence infiniment exigeante mais pleinement humaine, à la fois libre, généreuse et
douée de sens.
Mais comment donner, se donner sans se
décourager, par le biais du don ou du
bénévolat?
Malgré son aspect direct et spontané, le
don moderne s’inscrit dans la vie sociale
et ses conventions.
Il y a aussi l’utilisation des médias qui offre
une gigantesque plateforme aux spectacles
de la misère.
En langue italienne, don est un nom donné
aux curés.
Don est un titre social en espagnol et en
italien devant un patronyme.
Que de dons…
Mais un don n’est jamais exigible, s’il l’était
ce ne serait pas un don.
La vertu du don (s’il est pur, sans calcul)
est la générosité car il va au-delà de l’intérêt du donateur.
Enfin: celui qui donne ne doit jamais s’en
souvenir
Celui qui reçoit ne doit jamais l’oublier.
OLIVIER LAZO
ON SORT
DU MOYEN AGE
Enfin le canton de Lucerne lève l’interdiction de danser pendant certains jours
fériés.
En effet, à l’issue du vote très serré, 51
députés se sont exprimés en faveur et 50
contre, on met fin à une querelle vieille de
500 ans dans ce canton majoritairement
catholique.
L’interdiction de danser concernait le
dimanche de Pâques, le dimanche de la
Pentecôte, le jour du Jeûne fédéral, Noël et
le mercredi des Cendres.
La députée Verte Katharina Meile, qui a présenté le projet de loi, a estimé que l’Etat n’avait pas à décider des activités des gens
pendant les jours fériés. L’Etat et l’Eglise doivent être séparés, a-t-elle souligné. Mme
Meile a estimé paradoxal qu’au terme de la
législation actuelle, on puisse jouer de la
musique dans un bar dansant, mais que danser sur la musique soit interdit.
Le Parti démocrate-chrétien et l’Union
démocratique du centre (UDC) ont en
revanche défendu le maintien du statu quo.
Cette interdiction était un sujet récurrent
dans le canton de Lucerne et débattu
depuis 1428.
SOURCE ATS / IVO CAPRARA
LES TRIBUNAUX RELIGIEUX
EN EUROPE
L’Europe bascule lentement mais sûrement dans l’obscurantisme religieux et la
communautarisation à outrance, dans tous
les domaines. L’Union européenne ellemême est de plus en plus noyautée par les
lobbies religieux. L’émission sur les religions par ARTE l’a récemment encore
confirmé. Le président Sarkozy ne veut
pas uniquement communautariser et
théocratiser la France, mais l’Europe tout
entière. C’est pourquoi il est aussi l’instigateur ou le promoteur du colloque
«Religions et puissance publique dans
l’Union européenne» qui a eu lieu le
17.12.2008 à Paris, avec ses délégués des
religions (prêtres, popes, pasteurs, rabbins
et imams). Il a prononcé quatorze fois le
mot «Dieu» dans son discours, le
14.1.2008 devant le roi Abdallah d’Arabie
saoudite, ce pays musulman où les hommes sont décapités et les femmes abattues
ou lapidées au nom d’Allah, conformément à la charia saoudienne. Benoît XVI
est tellement fier du chanoine Sarkozy
qu’il ne faut pas s’étonner qu’il en fasse le
premier Français canonisé vivant.
Les règles de la charia s’introduisent partout et dans toute l’Europe, grâce à l’appui
des politiciens qui bafouent la Convention
européenne des droits de l’homme et la
vident de sa substance. Il est inacceptable
que les femmes musulmanes n’aient pas
les mêmes droits que les hommes en
Europe, et qu’elles soient soumises partiellement ou entièrement à la charia, ce
fatras juridico-religieux discriminatoire,
injuste, arbitraire et moyenâgeux. Dire
qu’elles acceptent soi-disant volontairement d’être jugées par des tribunaux islamiques est un sophisme. C’est tout aussi
faux que de prétendre qu’elles portent
soi-disant volontairement le voile ou la
burqa, cette prison ambulante, qui les déféminise, les dépersonnalise, et les font vivre
selon des règles islamiques moyenâgeuses,
du VIIe siècle de notre ère. Dans
l’Afghanistan théocratique, les talibans
brûlent les écoles pour filles, tuent les
instituteurs, mutilent les filles qui osent
aller à l’école et les menacent de mort si
elles ne se résignent pas à déserter l’école avant le 15 janvier 2009.Va-t-on ensuite
prétendre que les filles ont abandonné
volontairement l’école par respect pour la
charia afghane?
La liberté religieuse a ses limites, et la tolérance ne permet pas de tolérer l’intolérable, par intérêt électoral, par lâcheté, par
ignorance, par indifférence, ou par imbécillité. On se souvient que l’archevêque de
Canterbury, Rowan Williams, a défrayé la
chronique, en disant que «l’adoption» de
certaines parties de la charia islamique au
Royaume-Uni semble «inévitable», et que
cela permettrait de maintenir la cohésion
sociale. Il estime que le Royaume-Uni doit
«affronter le fait que certains de ses concitoyens ne se reconnaissent pas dans le système juridique britannique». Cet archevêque, à demi converti à la charia, qui
trouve que la foi chrétienne en la Trinité
est difficile, parfois même offensante pour
les musulmans, (voir sa lettre A Common
Word for the Common Good du 15.7.2008)
ignore donc que les musulmans qui ne se
reconnaissent pas dans le système juridique britannique ou européen ont la possibilité de retourner ou d’émigrer dans les
pays musulmans, où la loi coranique n’est
pas appliquée partiellement, mais entièrement.
Selon les sondages, 44% des jeunes musulmans voudraient qu’on introduise la charia
au Royaume-Uni. Leurs parents ont fui la
charia et émigré en Europe, rien ne les
empêche d’émigrer (ou selon le cas de
retourner) vivre dans un pays où la charia
fait le bonheur des musulmans, s’ils n’acceptent pas le droit européen. Ils pourront
y vivre le vrai islam, celui des décapitations,
amputations, lapidations, condamnations à
mort pour apostasie, adultère, blasphème,
homosexualité, et j’en passe. Fuir les pays
musulmans où l’on applique la charia et
ensuite vouloir imposer celle-ci en Europe
n’est pas tolérable.
Ceux qui veulent introduire petit à petit la
charia (règles religieuses du VIIe siècle)
dans tous les domaines de la vie, veulent
détruire les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la démocratie. Ils veulent diviser les citoyens en «communautés ethno-religieuses», qui pratiquent
l’ostracisme les uns envers les autres. Ils
veulent «anarchiser» l’Europe, créer un
système de droit communautarisé et d’apartheid selon la religion pratiquée.
Si l’on comprend bien l’archevêque, on
évitera ainsi la ségrégation des populations musulmanes. Il faut dire à sa décharge que cet humaniste chrétien a précisé
que l’acceptation de la charia n’irait pas
jusqu’à l’acceptation de châtiments du
genre amputation, lapidation ou flagellation. C’est vrai que l’introduction de la
charia doit se faire par étapes. Il faut que
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les Européens aient le temps de s’habituer
aux règles barbares de l’islam. Quelle
mansuétude! Nous voilà rassurés par un
archevêque qu’on peut qualifier de
«musulman modéré».
C’est encore trop tôt pour réinstaller les
tribunaux chrétiens et musulmans de
l’Inquisition, mais il y déjà une volonté
commune coranique et évangélique. Le
cardinal Jean-Louis Touran estime même
que Dieu a fait son retour dans les sociétés européennes grâce aux musulmans.
Dieu est donc si faible qu’il a fallu l’aide
des imams, des mullahs et des ayatollahs
pour y retrouver sa place. Il a fallu dixneuf siècles pour réaliser les droits de
l’homme, tels qu’ils figurent dans la
CEDH, il faudra moins de cinquante ans
pour retourner au Moyen Age, grâce à la
nouvelle collaboration et conspiration
entre religions monothéistes.
En juillet 2008, le lord Chief Justice
Philips (président de la Haute Cour
d’Angleterre) se déclarait d’accord pour
que les musulmans puissent régler leurs
conflits familiaux (droit familial) et financiers selon les règles de la charia. Il estime
que la charia souffre d’une incompréhension généralisée (sharia suffers from «widespread misunderstanding»), tout comme
Hani Ramadan du centre islamique de
Genève. Il est en faveur de l’application de
la charia, mais elle ne peut s’étendre à des
peines corporelles. Le lord Chief Justice
et l’archevêque, sont sur la même longueur d’onde pour communautariser le
droit selon la religion, l’ethnie, ou les deux
à la fois.
Ce haut magistrat anglais et l’archevêque
se moquent donc la CEDH et sont donc
d’accord pour que diverses communautés
ethnoreligieuses appliquent des lois religieuses absurdes, iniques, discriminatoires,
variables d’un tribunal ethnoreligieux à un
autre et d’un texte religieux à un autre.
Mais au Royaume-Uni, il n’y a pas que les
tribunaux de la charia qui s’installent. Cinq
banques halal ont été autorisées et pratiquent les principes de la charia financière.
Le virus de l’intégrisme religieux, si violent
aux Etats-Unis, se répand comme une
pandémie dans la classe politique européenne et dans le monde tout entier.
Selon le ministre chrétien néerlandais
J.P.H. Donner l’instauration de la charia
aux Pays-Bas doit être possible si une
majorité parlementaire le vote et ce
serait scandaleux, selon lui, de la refuser
parce que la «majorité» c’est l’essence de
la démocratie. Dès que la charia sera
votée, le ministre J.P.H Donner ne devra
d’ailleurs plus voter, il ne sera plus qu’un
dhimmi, ou un «soumis». Le ministre
11
néerlandais, Wouter Bos, socialiste PvdA,
veut autoriser des banques halals, appliquant la charia financière, pour satisfaire
les musulmans. Le refuser, selon ce ministre, pourrait avoir un effet contraire sur le
combat antiterroriste. La ministre néerlandaise Ella Vogelaar (parti du Travail)
n’est pas contre le port de la burqa, mais
dit que ce n’est pas recommandable dans
les cas où cela crée un obstacle professionnel, parce que le travail exigerait un
contact trop important avec le public, etc.
D’Afganistan à Hollandistan, on n’en est
plus loin, avec des femmes ministres qui
acceptent la déshumanisation totale de la
femme dans leur prison ambulante. On ne
peut que dire «shame on you», Ella Vogelaar
et Donner. La ministre néerlandaise, chrétienne CDA Maria van der Hoeven a
demandé, dans un débat parlementaire,
qu’on enseigne à l’école «l’intelligent
design» autrement dit le «créationnisme».
Nous ne voulons pas d’une justice parallèle et discriminatoire. Nous voulons
maintenir en Europe l’égalité entre tous
les hommes et toutes les femmes, le
respect de la Déclaration universelle des
droits de l’homme, la démocratie etc.
Nous disons donc non à la charia contraire à tous les principes de justice, d’équité
et d’égalité.
Nous refusons la communautarisation de
la société en groupes ethnoreligieux qui
vivent selon des lois différentes. Nous
condamnons la haine propagée par les
religions entre elles et contre les infidèles.
L’infidèle n’est pas, comme le dit le Coran,
un criminel, un pervers, un hypocrite, un
méchant. La liberté de croire ou de ne pas
croire est un droit et la discrimination ne
peut être pratiquée à l’aide des livres
saints.
Les livres saints divisent le genre humain
en catégories de fidèles et d’infidèles,
qu’on oppose ensuite les uns aux autres.
En réalité il n’existe pas de fidèles, parce
que les fidèles d’une religion sont des infidèles envers une autre religion. Le droit
religieux ne peut se substituer au droit
séculier. Le droit à la différence ne peut
conduire à la différence des droits.
Dans plusieurs grandes villes anglaises, telles que Londres, Birmingham, Bradford,
Manchester, Nuneaton (Warwickshire)
des tribunaux islamiques opèrent depuis
août 2007. Ces tribunaux islamiques prononcent des jugements religieux basés sur
la charia. Deux autres tribunaux islamiques (sharia courts) s’ouvriront à
Glasgow et Edimbourg. L’Eglise écossaise
anglicane est également favorable à la
création de tribunaux de la charia. Le
révérend Ian Galloway a dit que les tribu-
naux islamiques avaient été injustement
dépeints à la suite des propos de l’archevêque de Canterbury.
Les tribunaux religieux prononcent des
sentences conformes à la loi coranique, au
nom d’Allah, qui donne son exequatur,
etc., dans le domaine du droit civil familial,
du mariage et du divorce, d’héritages, de
nuisances entre voisins, et même pour violences domestiques. Les musulmans se
sont inspirés des Beth Din, les tribunaux
rabbiniques, qui existent depuis environ
cent ans au Royaume-Uni. Ces tribunaux
rabbiniques règlent des conflits de droit
civil, les disputes familiales, les mariages
religieux et les divorces, les violations de
contrats civils et commerciaux, etc. Selon
la loi juive, les juifs orthodoxes ont interdiction de porter leurs disputes civiles
devant un tribunal séculier, ils doivent faire
appel au Beth Din. Les tribunaux religieux
juifs (Beth Din) au Royaume-Uni fonctionnent également sur base de «l’Arbitration
Act 1996».
Sous l’Arbitration Act on peut régler des
conflits en se servant de n’importe quel
droit étranger ou de n’importe quel code
religieux, que ce soit la Thora, le Talmud, la
Sharia, la Bible, les Evangiles, le livre de
Mormon, etc. Dans la loi juive, les femmes
ne peuvent divorcer religieusement tant
que le mari ne délivre pas le guet ou «lettre de répudiation». Le grand rabbin de
France, Joseph Sitruk, veut créer un tribunal rabbinique national.
Dès que des lois religieuses servent de
base au règlement des conflits entre
époux, on sait que la femme est toujours
la victime discriminée, désavantagée,
méprisée. Les pays qui autorisent l’application de ces règles religieuses moyenâgeuses, ne sont plus des démocraties. Les
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musulmans prennent comme modèles les
tribunaux judaïques, appelés généralement
Beth Din. C’est pourquoi, au Canada, le
gouvernement de la province de l´Ontario
a décidé de refuser la création de tribunaux d’arbitrage islamiques et de remettre en cause les tribunaux existants, chrétiens et juifs. On ne peut interdire les
tribunaux de la charia et autoriser les tribunaux de la Thora. Il faut stopper la folie
religieuse intégriste et fondamentaliste,
sans quoi l’Europe deviendra l’Europe de
la discrimination, l’Europe de la ségrégation, l’Europe de l’apartheid, qu’elle a tant
condamnée en Afrique du Sud.
Les tribunaux ethnoreligieux en Europe,
c’est la boîte de Pandore, c’est la communautarisation du droit selon l’ethnie, la religion, la nationalité, et autres tendances
diverses. Si chaque communauté religieuse
érige son propre tribunal basé sur des
règles religieuses et ethniques, ce sera l’anarchie et ce tribalisme religieux mettra
l’Europe à feu et à sang. Pourquoi pas aussi
des tribunaux d’arbitrage pour les Blancs,
les Noirs, les jaunes, les basanés? Où est la
limite?
On aura en Europe des tribunaux musulmans, selon leur ethnie ou leur nationalité:
des tribunaux de la charia marocains, algériens, tunisiens, saoudiens, libyens, iraniens,
turcs, pakistanais, soudanais, nigériens,
indonésiens, etc. mais aussi selon les tendances dans l’islam, des tribunaux sunnites
ou chiites, des tribunaux conservateurs,
orthodoxes, type salafistes ou wahhabistes, etc.
L’existence de tribunaux de la charia ou de
tribunaux de la Thora a pour conséquence que toute autre religion ou secte doit
avoir les mêmes droits.
Ce sera la prolifération de tribunaux
catholiques, protestants, orthodoxes, juifs,
hindous, bouddhistes,Témoins de Jéhovah,
Mormons, etc. sans oublier aussi leur division selon la nationalité. Le monopole des
tribunaux religieux ne peut être octroyé ni
à l’islam ni au judaïsme. Il faut qu’on interdise les tribunaux religieux parce qu’ils
sont irrationnels, arbitraires et injustes.
C’est inacceptable au XXIe siècle. Ce
serait pire qu’au temps des tribunaux
d’Inquisition de la religion catholique, qui
avait le monopole en matière de législation et de jurisprudence ecclésiastiques.
Les tribunaux religieux portent atteinte
aux droits de l’homme et à l’égalité entre
les sexes. Les articles 5, 6 et 7 du texte de
la résolution 1464 adoptée le 4.10.2005
par l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe, ne tolèrent pas de tels tribunaux et invitent à supprimer ceux qui existent:
«Toutes les femmes vivant dans des Etats
membres du Conseil de l’Europe ont droit
à l’égalité et à la dignité dans tous les
domaines de la vie. La liberté de religion
ne peut pas être acceptée comme un prétexte pour justifier les violations des
droits des femmes, qu’elles soient flagrantes ou subtiles, légales ou illégales, pratiquées avec ou sans le consentement théorique des victimes – les femmes. Il
incombe aux Etats membres du Conseil
de l’Europe de protéger les femmes contre les violations de leurs droits au nom de
la religion, et de promouvoir et pleinement mettre en œuvre l’égalité entre les
sexes. Les Etats ne doivent accepter aucun
relativisme culturel ou religieux en matière de droits fondamentaux des femmes. Ils
ne doivent pas accepter de justifier la discrimination et l’inégalité touchant les femmes pour des raisons telles que la différentiation physique ou biologique fondée
sur ou imputée à la religion. Ils se doivent
de lutter contre les stéréotypes sur le rôle
des femmes et des hommes motivés par
des croyances religieuses, et ce depuis le
plus jeune âge, y compris à l’école.»
L’assemblée parlementaire exhorte donc
les Etats membres du Conseil de l’Europe,
en son article 7, à protéger pleinement
toutes les femmes vivant sur leur territoire contre toute violation de leurs droits
fondée sur ou attribuée à la religion: en
mettant en place et en appliquant des politiques spécifiques visant à lutter efficacement contre toutes les violations du droit
des femmes à la vie, à l’intégrité physique,
à la liberté de circulation et au libre choix
du partenaire, notamment les prétendus
crimes d’honneur, les mariages forcés et
les mutilations génitales féminines, quels
que soient le lieu où ces violations sont
commises et la personne qui en est l’auteur, et quelle que soit leur justification,
indépendamment du consentement théorique de la victime; ce qui signifie que la
liberté de religion trouve ses limites avec
les droits de la personne humaine; en refusant de reconnaître les codes de la famille
étrangers et les lois relatives au statut personnel reposant sur des principes religieux qui violent les droits des femmes, et
en cessant de les appliquer sur leur propre
sol, en renégociant si nécessaire des traités bilatéraux.
L’article 14 de la CEDH interdit les discriminations fondées notamment sur le sexe,
la race, la couleur, la langue, la religion, les
opinions politiques ou toutes autres opinions.
Il faut aussi rappeler que, par un arrêt
rendu à Strasbourg le 31 juillet 2001 dans
l’affaire Refah Partisi, Erbakan, Kazan et
Tekdal c. Turquie (ns 41340/98 & 413424/98), la Cour européenne a jugé que l’intention d’établir un système multijuridique
fondé sur la discrimination selon les
croyances, d’instaurer la loi islamique (la
charia) qui se démarque nettement des
valeurs de la Convention européenne des
droits de l’homme, est contraire à ladite
convention, et aucune disposition de la
convention ne peut, en vertu de son article 17, être interprétée comme impliquant
pour un Etat, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une
activité ou d’accomplir un acte visant à la
destruction des droits ou libertés dans la
présente convention ou des limitations
plus amples de ces droits et libertés que
celles prévues à ladite convention.
La charia ne peut donc servir de législation
dans des tribunaux islamiques, sur le territoire européen, même si les personnes
jugées, notamment les femmes musulmanes seraient soi-disant théoriquement
consentantes.
Le Conseil européen pour la Fatwa et la
recherche (1), créé en 1997 établi au
Royaume-Uni (Londres) veut introduire la
charia partout en Europe et les tribunaux
islamiques en sont une application pratique. Le Conseil européen de la Fatwa et
les tribunaux de la charia sont contraires à
l’ordre public, à la Constitution de chaque
pays européen, à la Déclaration universelle des droits de l’homme, à la Convention
de sauvegarde des droits de l’homme
(CEDH), au Pacte international relatif aux
droits civils et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels, à la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes. Avant de conclure il est peut-être
utile de dire qu’il y a plus de 1600 madrasas au Royaume-Uni, ce qui est encore
bien plus inquiétant que les tribunaux isla-
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miques, parce qu’on y endoctrine dangereusement les enfants à l’aide d’un Coran
qui incite à exterminer l’infidèle.
Pour ne citer qu’un exemple de madrasas
à la pakistanaise, au Royaume-Uni, un article dans The Independent U.K titré: Les dirigeants musulmans craignent que des
milliers d’enfants soient abusés dans les
madrasas au Royaume-Uni (traduction
partielle) Robert Verkaik, écrit que des
milliers d’écoliers musulmans sont physiquement et sexuellement abusés par leurs
enseignants religieux et les imams chaque
année, d’après un rapport relatif au système d’éducation islamique. Selon le rapport
du Muslim Parliament of the U.K, «les dirigeants musulmans craignent que des
milliers d’enfants soient abusés dans les
madrasas. Deux cent mille enfants musulmans suivent un enseignement coranique
dans 1600 écoles islamiques ou madrasas
opérant au Royaume-Uni selon le Times
(1.1.2009) Les abus y seraient si graves
que le Dr Ghayasuddin Siddiqui, dirigeant
du Muslim Parliament, dit que la solution
du problème ne consiste pas à balayer le
problème sous le tapis. Une douzaine
d’enfants sont sexuellement abusés
chaque année par les enseignants et
imams; rarement un cas est rendu public.
Si rien n’est fait, ajoute-t-il, maintenant, il
faudra faire face à une avalanche de scandales d’abus sexuels d’enfants, comme cela
a été le cas chez les catholiques en 1990.»
(1) Le Parlement musulman demande au
gouvernement un schéma d’enregistrement national des madrasas. Les exigences
ségrégationnistes des islamistes sont telles
qu’ils veulent vivre totalement en dehors
des lois européennes et des traditions
européennes. Sous prétexte de sauvegarder leur «propre identité religieuse et culturelle», ils veulent compromettre la nôtre
et vivre dans un isolement, un ostracisme
total, avec leurs traditions et prescriptions
coraniques absurdes et anachroniques de
leur pays d’origine, et nous imposer de gré
ou de force la charia qui règle toute la vie
musulmane. La liste des principes de la
charia, qui sont déjà en usage dans la société européenne s’allonge chaque jour et les
revendications musulmanes s’amplifient, vu
la complicité de nos politiciens.
Les musulmans dans les grandes villes
vivent complètement «repliés sur euxmêmes», avec leurs us et coutumes musulmans, comme dans leur pays d’origine.
C’est le rejet total de l’intégration, c’est de
l’ostracisme à outrance. Une femme qui
épouse un non-musulman risque d’être
tuée, on ne se marie en principe qu’entre
musulmans et quitter l’islam est interdit. Ils
installent des tribunaux de la charia. Ils fré-
13
quentent uniquement le boucher halal et
pratiquent l’abattage halal, l’épicier halal, la
boulangerie halal, la poissonnerie halal, la
banque halal, le coiffeur musulman, le
bijoutier musulman, les cafés et snacks
musulmans, le médecin musulman, le pharmacien musulman, la cuisine halal séparée
à l’école publique (on ne cuisine pas dans
une casserole impure de l’infidèle), ils exigent la fin de la mixité dans les écoles, un
programme scolaire adapté, les filles voilées doivent briser la laïcité et la mixité à
l’école «publique et dans l’administration
en refusant les règles de la neutralité
publique, on crée de plus en plus des écoles purement musulmanes, ils exigent les
règles de la charia dans les hôpitaux, ils
créent des hôpitaux halal en Allemagne, au
Royaume-Uni, aux Pays-Bas et bientôt
aussi des maisons de repos halals aux
Pays-Bas. Les fournisseurs pour tous ces
commerces halal sont souvent des marchands en gros halal. C’est un circuit économique, social, politique et religieux complètement fermé dans lequel les
commerçants musulmans sont approvisionnés par des fournisseurs musulmans,
et dans lequel on vit dans un système
qu’on peut appeler «autarcie musulmane».
On achète, on vend, on dépense et on
consomme, mais uniquement entre musulmans, sauf cas de force majeure. Une telle
évolution ségrégationniste et communautariste, dans la société européenne ne
peut que déclencher des tensions graves
entre communautés, telles que celles
qu’on découvre chaque jour en Inde et
ailleurs dans le monde.
Qui va encore arrêter cette folie religieuse intégriste et fondamentaliste, aussi bien
chrétienne que musulmane, qui se répand
comme une pandémie? Il a fallu dix-neuf
siècles de combat contre l’obscurantisme
moyenâgeux, le despotisme de l’Eglise et
des rois catholiques, pour obtenir en
Europe la démocratie et le respect des
droits de l’homme. On a créé une civilisation avancée grâce au siècle des Lumières.
Les islamistes veulent détruire, à l’aide de
l’islam totalitaire et de la charia qui en est
l’application, en moins de cinquante ans ce
que nous n’avons pu réaliser qu’en dixneuf siècles, c’est-à-dire, la civilisation occidentale, la démocratie, les droits de l’homme, pour nous imposer de gré ou de force
l’obscurantisme religieux et moyenâgeux
d’un bédouin illettré du VIIe siècle.
Mesdames et Messieurs les politiciens à la
Sarkozy, à la Donner, à la Bos, à la Vogelaar,
etc., ne venez pas prétendre: Ich wusste
nicht.
GUILLAUME PLAS
EUROPE ET LAÏCITÉ
DEVINETTE
«La nécessité est une vie voulue par
Dieu. Une vie avec un sens, puisqu’à
l’origine Dieu nous veut et que tout
au bout lors de la mort, Dieu nous
reprend en lui.»
Qui a prononcé cette affirmation
sans nuance et sans réplique? Sa
Sainteté Benoît XVI? Le Grand Mufti
de Jérusalem? L’ayatollah Khomeiny?
Le Grand Rabbin de Paris? Jean
Calvin? Mgr l’évêque de Fribourg?
Celui de Sion? Toute vie humaine
étant voulue par Dieu, grâces lui en
soient rendues par les nés estropiés,
les nés aveugles, sourds, muets, boiteux, borgnes, crétins, demeurés,
abrutis, les nés futurs assassins et
futurs assassinés, les futurs cancéreux, futurs paralytiques, futurs
morts dans la fleur de l’âge et tous
les futurs condamnés à mort que
nous sommes tous! Dieu l’a voulu!
Dieu le veut! C’est avec ce slogan
que de tout temps une prétendue
élite a mené à n’importe quelle
extrémité par le bout du nez les
masses humaines ignorantes. Aux
Croisades! A Berlin! A Moscou! Mais
au fait, qui est l’auteur de cette géniale philosophie? Et à quelle occasion
cette fulgurante affirmation a-t-elle
été énoncée? C’est au cours d’une
causerie de réflexion posant pour
principe central et indubitable l’existence de Dieu. Vous avez bien lu:
indubitable! Cela se passait en Valais,
à Vercorin, et le défenseur du postulat de l’indubitable existence de Dieu
se nomme Jacques Chessex. (Cf. Le
Nouvelliste du lundi 6 avril 2009.)
Décidément Jacques Chessex ne
connaît pas les affres et les bonheurs
du doute si chers aux vrais grands
philosophes. Vrais. Grands. Il ne
doute surtout pas de lui-même.
Heureux homme!
Signé: l’idiot du village qui remercie
Dieu de l’avoir fait naître idiot avec
des doutes plutôt qu’intellocrate
bardé de certitudes indubitables.
NARCISSE PRAZ
Les articles du Libre Penseur peuvent
être reproduits librement, en indiquant la source, à l’exception (rare)
de ceux qui sont protégés par le
copyright ©
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L’EXPRESS MASQUE LE VISAGE SUPPOSÉ DE
MAHOMET POUR COMPLAIRE AUX FANATIQUES
Après le Palais Bénédictine de Fécamp
(autocensure du titre du Mahomet de
Dali), la mairie du VIe arrondissement de
Paris (suppression du mot Allah dans le
titre d’une pièce de théâtre) et les
Editions Belin (floutage du visage supposé de Mahomet dans un manuel scolaire), c’est L’Express qui a succombé à la
couardise face à l’obscurantisme islamique. Sur la couverture de l’édition
internationale de son numéro 2991 (30
octobre au 5 novembre 2008) consacré
au légendaire Jésus et à Mahomet, le
visage supposé du gourou de l’islam est
masqué alors qu’il est visible dans l’édition française.
Cette attention délicate n’a toutefois
pas éloigné les foudres du gouvernement marocain qui a interdit le magazine sur son sol pour cause d’insulte à l’islam. Le changement de couverture fut
donc bien inutile. On n’achète pas les
obscurantistes en cédant par avance à
leur phobie de la représentation d’un
chef antique (bien qu’on connaisse de
nombreuses représentations du visage
de Mahomet imaginé par des artistes
musulmans).
CH’TI LIBRE PENSEUR N°83
JOCELYN BÉZECOURT
EXCOMMUNIÉS POUR CAUSE
D’AVORTEMENT: POLÉMIQUE AU BRÉSIL
Le Dr Rivaldo Mendès d’Albuquerque ne
parvient pas à cacher «sa tristesse». Ce
fervent catholique, qui a coutume d’aller à
la messe tous les dimanches, est l’un des
médecins excommuniés la semaine dernière par l’archevêque de Recife (Etat de
Pernambouc, dans le nord-est du Brésil),
Mgr José Cardoso Sobrinho, pour avoir
fait avorter une fillette de neuf ans violée
par son beau-père. Une affaire qui révolte
et abasourdit les Brésiliens.
Frêle, mal nourrie et anémique, la victime,
dont l’identité ni même les initiales n’ont
été révélés, portait des jumeaux. Les
médecins ont expliqué que l’IVG était
d’autant plus inévitable que la fillette risquait de surcroît de succomber à la grossesse, entrée dans sa quinzième semaine.
La victime et sa mère – qui ignorait tout
du comportement de son époux – ont
quitté leur ville d’Alagoinhas, dans l’arrière-pays de Recife, et vivent maintenant
dans un lieu tenu secret.
Quant au beau-père, un ouvrier agricole
de 23 ans, il est sous les verrous après
avoir avoué qu’il abusait de l’enfant depuis
qu’elle avait 6 ans, ainsi que de sa sœur
aînée âgée de 14 ans, de surcroît handicapée. La famille est issue d’un milieu pauvre
– c’est souvent le cas parmi les victimes
de sévices sexuels au Brésil – où l’avortement est très mal vu.
Aidée par des activistes, sa mère a fait face
aux pressions de son entourage et
notamment… du père biologique de la
gamine, un évangélique, qui ne voulait pas
entendre parler d’IVG. Pour avoir autorisé la démarche, elle a également été
excommuniée.
L’IVG reste interdite au Brésil, sauf en cas
de viol ou de danger pour la vie de la
mère. L’avortement était donc parfaitement légal. Mais pour Mgr Sobrinho, un
ultra qui avait tenté, l’an dernier, de faire
interdire la distribution par le gouvernement de la pilule du lendemain dans le
Pernambouc, «la loi de Dieu est au-dessus
de celle des hommes». Enfin, quand on lui
a demandé pourquoi il n’a pas puni le
beau-père, le prélat a répondu, imperturbable: «Le viol est un péché moins grave
que l’avortement».
Le président Luiz Inacio Lula da Silva a
fustigé ce «comportement si conservateur». De nombreux catholiques brésiliens parlent, eux, d’«obscurantisme» et
de «cruauté» de l’Eglise. D’autant que le
Vatican, par la voix du cardinal Battista Re,
président de la commission pontificale
pour l’Amérique latine, a défendu cette
excommunication collective au nom du
«droit à la vie».
«A partir d’aujourd’hui, je cesse d’être catholique!» écrit une lectrice de Folha de Sáo
Paulo, «écœurée». Une autre se demande
pourquoi les prêtres pédophiles, eux,
n’ont pas été excommuniés... L’opinion
est d’autant plus choquée que ce cas n’est
pas isolé. Selon une étude menée l’an dernier dans un hôpital de Sáo Paulo, 76% des
victimes de sévices sexuels ont moins de
17 ans et près de la moitié, moins de 12.
Ces sévices sexuels sont souvent commis
par quelqu’un de leur entourage.
«Souvent les victimes ne savent même pas
que la loi autorise l’avortement en cas de
viol et bien des médecins se gardent de
leur en parler, par conviction ou par peur
de représailles», dénonce Yury Puello
Orozco, de l’ONG «Femmes catholiques
pour le droit de décider».
Le Dr Olimpio Moraes, chef de l’équipe
qui a procédé à l’IVG, en sait quelque
chose. C’est la deuxième fois que Mgr
Sobrinho l’excommunie: le prélat ne lui
avait pas pardonné non plus sa défense de
la pilule du lendemain. «Je ne donne pas
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mon avis sur la religion et je m’attends à
ce que les religieux ne donnent pas non
plus le leur sur la médecine», a lancé le Dr
Moraes, très applaudi à Brasilia.
Le ministre de la Santé, José Gomes
Temporão, a salué son équipe qui a «sauvé
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la vie d’une enfant». L’affaire devrait permettre de «faire mûrir l’idée que l’avortement est une question de santé
publique», a espéré Temporão. L’écrasante
majorité des Brésiliens, imprégnés des
préceptes religieux, reste opposée à la
dépénalisation totale de l’IVG. Au Brésil,
les IVG clandestines – près d’un million
par an – sont pourtant la quatrième cause
de mortalité maternelle.
CHANTAL RAYES
PENSER ET AGIR N°108
ÉCHO DE LA PRESSE
NARCISSE PRAZ À L’UNIVERSITÉ
L’écrivain nendard voit l’un de ses romans faire l’objet d’une thèse à l’Université de Pescara. Un grand moment pour cet
écrivain prolifique et totalement hors des normes. Interview.
Monsieur Praz, une thèse de Mlle Valentina
d’Alfonso, étudiante en lettres, sur votre roman
Sous le pont Mirabeau à l’Université
Gabriele-d’Annunzio de Pescara, c’est la
consécration de votre itinéraire en littérature,
et un grand saut hors des frontières romandes?
Pour répondre au vœu de cette étudiante
en lettres de l’Université de Pescara, j’ai
assisté à sa soutenance de thèse qui fut
spectaculaire par le rituel à l’italienne, j’allais dire à la romane antique, qui y préside
et où chaque lauréat se voit revêtu de la
toge noire à parements couleur vieil or.
Est-ce à dire qu’il s’agit là d’une consécration venue de l’étranger? Le fait est que,
nul n’étant prophète en son pays, il est vrai
que mes plus grandes satisfactions sont
venues de l’étranger. L’Université de
Pescara m’a par ailleurs sollicité pour deux
conférences sur l’athéisme et l’anarchisme, l’une face à une délégation de ses professeurs, l’autre pour les étudiants.
Certains de mes articles ont été par
ailleurs publiés aux Etats-Unis.
Vous avez assisté à la défense de cette thèse
dans l’université italienne; quelle impression
éprouve l’auteur-écrivain lorsque son «enfant»
fait l’objet d’une «dissection» devant un nombreux public de lettrés, de spécialistes en schémas actantiels, narrations linéaires ou circulaires, temporalités en spirales… un peu de
vertige sur ce carrousel littéraire?
J’ai assisté à la soutenance de la thèse de
littérature française de Mlle Valentina
d’Alfonso au siège de l’Université
Gabriele-d’Annunzio de Pescara sur le
thème de mon roman Sous le pont
Mirabeau aux Editions Mon Village. Le travail de la lauréate lui a valu la note idéale
de 110/110. Mon humilité naturelle en
matière de mérites littéraires m’interdit
d’imaginer que mon roman puisse y être
pour quoi que ce soit. Je dois rendre un
hommage tout particulier à l’hospitalité à
l’italienne dont j’ai été honoré. J’aimerais
noms propres et malpropres, disponible
dans les librairies.
(Ndlr:Voir en dernière page pour le livre
de Narcisse Praz)
Le Mag du 4 mai 2009
208, rue Lecourbe
F-75015 Paris
préciser que l’humilité n’est pas la vertu
majeure du monde de la littérature française contemporaine, tant s’en faut, où l’on
oublie aisément qu’ont droit à l’appellation
d’écrivain(e) celles et ceux dont au moins
une de leurs œuvres a une chance de traverser non pas seulement quelques
décennies mais quelques siècles et donc
d’être lues, analysées et expliquées dans
300 ou 500 ans. Après un XIXe siècle
fécond, si nous nous référons au XXe siècle, quels noms ajouterons-nous à ceux
d’Albert Camus, de Jean-Paul Sartre, succédant aux Victor Hugo, Gustave Flaubert,
Charles Baudelaire, Rimbaud et autres
Emile Zola du siècle précédent sur la liste
des auteurs qui auront vraiment marqué
durablement leur temps?
Quelle est votre relation au Valais, canton que
vous chérissez particulièrement?
Elle est essentiellement liée à l’écriture du
patois: j’ai écrit, fait jouer – et parfois joué
moi-même – plusieurs pièces de théâtre
en patois de Nendaz. La troupe A Cobva
de Conthey en a joué une l’an passé et en
prépare une nouvelle pour 2009 qui s’intitule Nostradametta.
PROPOS RECUEILLIS
PAR JEAN-MARC THEYTAZ
Par ailleurs, signalons que Narcisse Praz
vient de publier dans un autre genre aux
Editions Slatkine Dictionnaire satirique des
CRUCIFIX
INTERDITS DANS
LES CLASSES D’UNE
ÉCOLE ESPAGNOLE
Un juge a ordonné de retirer les croix
de Jésus des murs des classes, une
première!
Un juge du Tribunal administratif de
Valladolid (nord), Alejandro Valentin, a
demandé à l’école publique MaciasPicavea de «retirer les symboles religieux des salles de classe et espaces
publics».
Le magistrat, qui ainsi accède à la
demande formulée en 2005 par un
parent d’élève et une association
locale de défense de l’école laïque,
s’appuie sur la Constitution espagnole, qui garantit la «liberté de religion
et de culte» et assure le caractère
«laïque et neutre» de l’Etat espagnol.
«La présence de ces symboles dans
les zones […] où des mineurs en pleine phase de formation reçoivent des
cours peut provoquer chez eux le
sentiment que l’Etat est plus proche»
de la religion catholique que d’autres
confessions, argumente le juge.
Trente ans après la fin de la dictature
franquiste, les symboles catholiques
demeurent très présents en Espagne.
En particulier, tout nouveau chef de
gouvernement doit jurer fidélité à la
Constitution devant un crucifix lors
de sa prestation de serment.
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CONNAISSANCE ET RAISON
SONT LE CONTRAIRE DES CROYANCES D’IGNORANCE ET FOLIE
AVATARS DES PREMIÈRES PEURS ET SUPERSTITIONS
LA SCHIZOPHRÉNIE EST UNE
MALADIE MENTALE QUI, COMME
LA CONNERIE, NE PEUT ÊTRE
DÉTECTÉE SCIEMMENT PAR L’INDIVIDU QUI EN EST ATTEINT…
D’OÙ L’UTILITÉ D’UN PSY (PAS
BARJO LUI-MÊME) POUR AIDER À
LA QUÊTE D’UNE CERTAINE
LUCIDITÉ
Vous madame et monsieur sincères
croyants du «Père Noël tout-puissant» et
du fictif «Christ Sauveur au Paradis
Imaginaire» comme antan avec force gravité et constance vous avait conté votre bon
pasteur si convaincant ou gentil curé intégriste farouche…
Un jour, certainement dans votre petit
restaurant sympa avec horreur avez
remarqué dans une pile de journaux Le
Libre Penseur malicieusement laissé ici
selon vous par un infâme suppôt du Diable
malfaisant…
Il est flagrant que déjà à vos yeux commettrez un péché mortel, serez précipités
en enfer d’oser seulement en lire quelques
lignes, n’est-ce pas?
Ainsi, pour vous éviter tous de fauter malgré vous, d’urgence à un mur vous devriez
fixer un imposant et magnifique crucifix
bien visible indiquant à chacun entrant en
ce lieu que seule ici est acceptée la «Parole
de Dieu» pour y éloigner tout individu vil
cartésien aux mauvaises pensées (on ne
sait jamais).
Non, assurément, ce n’est pas facile de se
délivrer le psychisme de «cette drogue
dure» si on a l’entendement saturé de
bondieuseries depuis la plus tendre
enfance.
FAUT-IL CROIRE OU NON CROIRE?
Selon les témoignages abondant en ce
sens, si on écoute à la radio sur RSR1
«accidentellement» dimanche à 20 h l’émission Haute Fréquence diffusée pour
généreusement nous convertir aux délires des dévots…
Il paraît qu’invoquer le «Seigneur» si on
y croit, de lui exiger d’exaucer des vœux
si on est plongé dans les emmerdes sans
fin, par enchantement ça fonctionnera
(Alléluia!).
Qu’ils sont bizarres ces curieux hasards
(ou «synchronicités») non encore élucidés aujourd’hui par la science. On prétend qu’un des «Jésus» (lequel?) très
inspiré un jour a dit bien à propos
«Heureux, les simples d’esprit…».
Lisons la Bible, quoi!
Bref, c’est à me demander si je dois virer
ma cutie me faire bigot pétrifié borné au
risque de sombrer dans un profond créti-
nisme contre mon gré, pour être multimillionnaire, baigner béat dans le fric
comme Bertarelli, Schumacher et Zep (le
nirvana, quoi!).Ah, les mystères de la foi!
DINGUERIE OR NOT DINGUERIE?
Quand, à Cery et ailleurs, il sera possible
enfin de mesurer en laboratoire avec
exactitude et méthode le degré (?) de lucidité de chacun, nombre d’éminents neurologues effarés seront saisis de vertige à la
lecture du rapport sous leurs yeux du
nombre de détraqués dépistés, voire des
psys constatés singulièrement plus fous
que leurs patients censés être soignés par
eux.
Ici en démocratie chacun-chacune est
libre de cultiver sa «différence» (tels les
lions mâles se faisant de tendres
mamours), d’avoir sa propre opinion, de
gober des balivernes, inversement aux
rationalistes détestables adultes ne faisant
confiance qu’en ce qui est vérifié scientifiquement (ciel!).
LE HASARD C’EST DIEU
ET LE POGNON LA SEULE VÉRITÉ
Il est vrai que la conviction en un irréel
pur esprit est une illusion faute de mieux
confortant les modestes gens pour les
aider à surmonter les difficultés de leur
trop pénible existence, voire d’éviter d’en
finir par désespoir.
Etant «un humble parmi les humbles»,
pour simplement espérer je préfère de
loin jouer chaque semaine au SwissLotto
et à l’Euro Millions deux ou quatre grilles,
si j’ai assez de blé dans le porte-monnaie.
Cela me convient mieux que prier à
genoux dans ma tête pour rien dans le
vide (comme beaucoup).
Si demain dans les églises et autres lieux
dits «sacrés», nous chantons en chœur «la
Rirette, la Rirette…» ce sera la preuve
suprême qu’enfin d’un pas de géant l’espèce humaine en sa totalité aura évolué.
«Oui, c’est Dieu!» me répondit lors d’une
discussion très sérieusement une «bête à
Bon Dieu» aimable particulier persuadé
que depuis le début des temps n’existe
que «l’Unique Vérité» révélée en la
«Sainte Bible écrite de la main même du
Divin».Amen!
Si au cours de leur évolution les êtres
humains s’étaient contentés d’une telle
réponse face aux énigmes de la nature, de
nos jours nous serions tous velus encore
à nous balancer d’arbre en arbre, à nous
nourrir de fruits, à copuler pour nous distraire… Vu que notre espèce n’aurait
jamais pu à ce stade-là inventer la télé, le
cinéma porno, les actualités, internet, les
jeux vidéo pour idiots, le son «mosquito»,
plus un futur trou noir (dit improbable).
AU TOUT DÉBUT DU COMMENCEMENT
Sous toutes les appellations qu’on y
donne, comme tout mythe «Dieu» et le
reste n’est que la projection non consciente du moi d’humains effrayés par le
monde qui nous entoure, pour se rassurer
les uns les autres.
Au départ informel, ceci s’est modifié en
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une soumission à des idéologies de peur
infondée par pure ignorance du réel, d’obscurantisme totalitariste figé excluant
toute réflexion, opposant à la raison
quantité de dogmes, d’interdits stupides,
fuyant, réprimant les remises en question
«embarrassantes».
C’est une quasi-démence provoquée au
début des premières civilisations par des
fieffés parasites cyniques pour le profit de
tous les puissants se succédant et aussi
s’octroyer sans exagérément s’éreinter
une part fort importante du produit du
labeur des naïfs hypnotisés.
Au fil du temps, des contes de fées vrais
bobards invérifiables à l’origine peu à peu
ancrés dans les mentalités par des traditions immuables seront sacrés.
Et suite aux fables sur Dieu le Père et de
«Super-Jésus» immaculé beau barbu blondinet top-modèle tout illuminé qui reviendra sur son nuage blanc nous sauver du
péché et de méchant Satan, déclencha une
abominable contagion abêtissant hélas
des foules de gens au cerveau vulnérable.
ET LA FUNESTE TÉNÈBRE FUT!
Sur tous les continents fatalement se
répandirent des doctrines vecteurs de
l’affreux sida mental religieux (qu’on sait)
multipliant les mornes tristusses constipés s’ingéniant à enquiquiner leurs prochains avec leurs âneries.
Aux hordes d’idolâtres manipulées par
d’intouchables vieux déments maîtres à
penser s’ajoutèrent des clans de dévots à
l’envers tarés complices du «Démon»
imaginé, en plus des sectes New Age de
follos déjantés dont les soucoupistes du
dénomme Raël dit «Cloclo l’halluciné» et
ses superbes Claudettes «women in black»
groupies nudistes clonées (toutes bandantes) venues ici en OVNI.
Sans compter les ricains imbéciles créationnistes bornés dilapidant un fric colossal pour nous imposer leurs théories
sans cesse frappé l’humanité, c’est
incroyable comme nos sociétés continuellement se reconstituent.
Vive les bébés!
LE NÉANT EST L’ISSUE NATURELLE
DE NOS DESTINÉES ET MÊME
JÉSUS (LEQUEL?) SIMPLE MORTEL
N’A PU ÉCHAPPER À LA MORT QUI
TUE
Je suis toujours étonné de savoir ici que
de malheureux hères songent dur comme
fer après leur mort aller s’envoler pour le
Jardin d’Eden des prudes cathos et de
s’ennuyer ferme parmi d’éblouissants
anges vertueux sans queue ni chatte aux
ailes de pigeon géant, pour prime durant
leur misérable destinée faite de dures privations, frustration, de n’avoir pu profiter
de la vie selon leurs envies, s’éclater en de
sublimes orgies.
absurdes contraires aux indices accumulés depuis par tous les savants chevronnés. Comment sont-ils devenus riches en
étant si cons?
Oui, le monde est mal fait!
ENTRE INFANTILISME ET BARBARIE LES RELIGIONS ET LEUR FANTASMAGORIE SONT L’ANTITHÈSE
DE LA RAISON
Etre converti à une religion aggrave la difficulté à évoluer, devenir adulte pour discerner le réel, surtout si on est déjà
schizophrène profond.
C’est une des causes par laquelle les «pas
cons» ne sont pas légion ici-bas.
Afin de rester lucide s’essayer à taire son
mental, en corriger les errances, à mon
avis s’accorde bien avec une quête rationaliste de clarté (en soi) envers la solide
bêtise nous cernant (oui-oui!).
TOUS NÉS POUR NUIRE!
Depuis toujours, nous voyons les jeunes
cons agressifs succéder aux vieux cons
haineux «sales bêtes» décédées, prenant
leur relève… Oui, par malheur eux aussi
se reproduisent!
Malgré cela et les diverses calamités ayant
RELIGION ET LOGIQUE ÇA FAIT
DEUX!
Pour ce qui est de ces incohérences du
«spirituel» dans l’imaginaire fertile du restant des vivants présentement, c’est inutile d’en faire allusion, la majorité n’en guérira pas pour autant.
C’est irréversible, fini pour eux!
Contre ceci de vouloir jouer au débile
brave con héros téméraire mal barré ne
sert à rien… Car c’est à chacun (ici
comme ailleurs) de se rendre compte de
l’influence malsaine des mirages et diktats
théocratiques imposés sous toutes les latitudes (du nord au sud, d’est en ouest), de
s’en détacher une bonne fois sans regret,
sinon vite se «sauver» à toutes jambes.
Et tant pis pour tous ceux et celles ne
l’ayant pas déjà compris!
Oui, il faut se protéger des ouragans
lourds de noirs maléfices, durs courants
violents pouvant nous emporter, ne se fier
qu’en son bon sens.
N’empêche, c’est dingue ces croyances, le
pensez-vous aussi?
Hélas on n’y peut rien, et lorsque c’est
possible il est plus sage de s’éloigner des
z’autres et leur ahurissante sottise pour
ne pas en être «contaminé».
YVES BERNASCONI
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VIENS
DE PARAÎTRE
COMMUNIQUÉ DE LA FÉDÉRATION
NATIONALE DE LA LIBRE PENSÉE
LE JUGE TOSTI
ACQUITTÉ!
Nous apprenons que la Cour de cassation réunie à Rome le 17 février 2009
vient d’abandonner toutes les charges
contre le juge Tosti qui avait refusé de
siéger sous un crucifix et pour cela,
condamné à sept mois de prison.
Cet acquittement est une grande victoire pour tous les laïques, à commencer
par nos amis italiens de la Fédération de
Libre Pensée «Giordano Bruno».
La Fédération nationale de la Libre
Pensée française se félicite de ce succès,
dû notamment à la mobilisation internationale, il s’inscrit dans le combat
pour la séparation des Eglises et de
l’Etat partout dans le monde.
L’abrogation du Concordat de 19291984 est une nécessité pour la laïcité en
Italie.
Le juge Tosti doit maintenant être rétabli dans ses fonctions et les charges disciplinaires contre lui doivent être abandonnées.
Enfin un «Larousse» sans censure,
indispensable pour en savoir plus et pour
toutes recherches que l’on ne trouve
nulle part ailleurs.
LIBRE SERVICE
• DIEU N’EST PAS GRAND
COMMENT LA RELIGION EMPOISONNE TOUT
A l’heure où la laïcité positive fait débat, où
les thèses créationnistes tentent de s’imposer, où la question religieuse n’a jamais
été aussi brûlante, Christopher Hitchens,
chef de file des nouveaux athées, polémiste génial, «un des meilleurs journalistes de notre époque», selon le London
Observer, lance un pavé dans la mare: la
religion empoisonne tout.
La religion se mêle de sexe, contrôle ce
que nous mangeons et exacerbe notre
propension à la culpabilité en multipliant
les interdits les plus arbitraires. La religion diabolise la science, se fait complice
de l’ignorance et de l’obscurantisme.
Source de haine, de tyrannie et de guerres, la religion met notre monde en danger.
Voir en dernière page pour le bon de commande.
L’INQUISITION PROTESTANTE
Pour le 500e anniversaire de la naissance de Jean Calvin, la «fouine des
archives» vous propose la lecture de la brochure de J. Rouquette Les victimes de Calvin, publiée en 1908 mais toujours d’actualité.
Table des matières:
– Préface
– Caractère et législation de Calvin
– Le poète Gruet, son supplice (1547)
– Les patriotes de Genève, supplice de Berthelier
– Bolsec et la légende du fer rouge
– Supplice de Michel Servet
– Castalion (Castellion) et la peste à Genève
– Quelques autres victimes
Pour en savoir plus vous pouvez aussi demander à notre rédaction (AVLP, case postale 5264, CH-1000 Lausanne) la brochure d’Edouard Herriot La vie et la passion
de Michel Servet.
■
J. Rouquette – Les Victimes de Calvin
1908, 66 pages, Fr. 15.– + port
Edouard Herriot – La vie et la passion de Michel Servet.
1932 (1907), 34 pages, Fr. 8.– + port.
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A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne
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Avec un mélange jubilatoire d’érudition
et d’humour, s’appuyant sur une argumentation rigoureuse et une parfaite
connaissance des textes sacrés et des
classiques, Christopher Hitchens nous
livre un pamphlet intelligent et incisif, un
brûlant plaidoyer pour un nouvel humanisme des Lumières. Que l’on soit fidèle
croyant, fervent athée ou indécis, cet
ouvrage soulève le débat et fait souffler
un vent de liberté de pensée et de paroles.
Anglais en exil à Washington, diplômé
d’Oxford en philosophie, sciences politiques et sciences économiques,
Christopher Hitchens est écrivain et
chroniqueur à Vanity Fair, Harper’s
Magazine, Vogue, The London Review of
Books, ainsi que dans le supplément littéraire du Times.
Editions Belfond, prix pour la Suisse
environ Fr. 43.–
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DIEU
Après les dieux, voici Dieu, quatre lettres avec majuscule.
D’après la définition du Petit Robert,
ce serait: «Le principe d’explication de
l’existence du monde conçu comme un
être personnel, selon des modalités
particulières aux croyances, aux religions.»
«Un être personnel!» Comment les
croyants des trois religions monothéistes s’imaginent-ils donc leur Dieu:
Yahvé, l’Eternel ou Allah?
Sont-ils demeurés anthropomorphistes
comme les peintres du Moyen Age
attribuant à Dieu une forme humaine?
Le conçoivent-ils comme «esprit» dont
il est bien difficile de définir l’essence
et les attributs?
Que pensent-ils du panthéisme d’un
Spinoza, opposé à toute conception
anthropomorphe de Dieu, mais affirmant Celui-ci: «substance infinie du
Tout, ayant des attributs infinis et en
nombre infini, dont seules l’étendue et
la pensée nous seraient accessibles»?
Affirmant aussi que chaque corps ou
esprit particulier, de l’étoile à la grenouille et à l’humain, ne serait qu’un
mode (une expression) fini et passager
de cette même substance?
Que pensent-ils de l’existentialisme
athée d’un Sartre qui affirme la liberté
absolue de l’homme (il n’y a rien au
ciel, ni Bien, ni Mal, ni personne pour
me donner des ordres), liberté qui
rend l’homme responsable de ses
choix devant lui-même et devant les
autres? Que peuvent-ils bien penser du
livre Le Hasard et la Nécessité de
Jacques Monod, père de la biologie
moderne, et de sa conclusion:
«L’ancienne alliance (avec le Dieu de la
Bible) est rompue; l’homme sait enfin
qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’Univers d’où il a émergé par
hasard. Non plus que son destin, son
devoir n’est écrit nulle part. A lui de
choisir entre le Royaume et les ténèbres.»?
Mais les croyants pensent-ils… ou se
contentent-ils de prier, le regard tourné vers le passé? Et que pouvait bien
penser Jésus qui se disait en relation
directe avec le Père quand il disait aux
chefs religieux: «Vous sondez les
Ecritures, mais moi, je vous dis…»?
Qu’avait-il découvert de si extraordinaire pour oser proclamer: «Tous ceux
qui sont venus avant moi sont des
voleurs et des brigands»? (Jean 10:8)
Et encore pour fustiger docteurs de la
loi et pharisiens; «Si Dieu était votre
Père, vous m’aimeriez… mais vous ne
pouvez comprendre mon langage, car
vous avez pour père le diable et vous
voulez accomplir les désirs de votre
père. Il a été menteur dès le commencement, et il ne se tient pas dans la
vérité, parce qu’il n’y pas de vérité en
lui…» (Jean 8:42 et suivants), condamnant ainsi la religion du temple de
Jérusalem et de son dieu Yahvé?
Dieu? est aussi le titre d’un ouvrage
d’Albert Jacquard (Stock/Bayard 2003).
On y trouve un passage intéressant à
propos du nom de Dieu: dans l’Exode
(3:13), lorsque Dieu l’envoie vers son
peuple, le mythique Moïse aurait
demandé: «Si je leur dis: le Dieu de vos
pères m’envoie vers vous, ils me
demanderont quel est son nom: que
répondrai-je? Alors Dieu dit: Je suis
Celui qui dit: Je suis.»
Jacquard estime cette traduction
imparfaite. Il faudrait en français,
comme cela existe dans la conjugaison
des verbes de certaines langues orientales, disposer d’un temps dit «présent
inaccompli» évoquant des actions en
cours sans que leur effet soit encore
pleinement réalisé. La définition de
Dieu deviendrait alors: «Je suis Celui
qui est en permanente construction.»
Avec cette définition, la scène de
Moïse, face à ce Dieu masqué par le
«buisson ardent», tout imaginaire
qu’elle soit, gagne en intérêt par l’idée
originale qu’elle apporte: celle de
l’existence d’une puissance évolutive, à
la fois immanente et transcendante;
l’idée d’un Dieu vivant, éternel et
omniprésent, origine et moteur de
notre Univers en pleine évolution;
l’idée d’un Dieu, non pas tout-puissant
et fantaisiste, mais croissant selon ses
propres lois dont l’une permettrait
même au hasard de se manifester.
Et nous, fils et filles de ce Dieu-EspritPère-Univers, participants comme tout
le reste à l’évolution, cette permanente construction?
ROBERT NICOLE
COURRIER
DES LECTEURS
Chers amis,
Merci à André Panchaud d’avoir évoqué,
dans le dernier numéro, la très intéressante personnalité de l’écrivain libertaire Michel Zévaco. Père notamment de
l’extraordinaire saga des Pardaillan.
Depuis que j’ai découvert, adolescent,
ce fascinant cycle de romans de cape et
d’épée, j’ai toujours placé Zévaco au
premier rang des écrivains du genre.
Devant Alexandre Dumas.
Pourquoi? Parce que Pardaillan (qui tout
comme d’Artagnan a réellement existé)
est un héros libre. Contrairement au
célèbre mousquetaire qui, lui, obéit au
roi et parfois à la reine. Pardaillan n’a
qu’un seul camp: celui de la liberté. En
ce sens, c’est un héros libertaire voire
anarchiste.
C’est pourquoi, à la fin du XIXe et au
tout début du XXe, il a choqué la très
bourgeoise IIIe République.
Un héros d’une indépendance totale
face au pouvoir qu’il soit politique ou
religieux, voilà qui était totalement nouveau et qui avait de quoi déranger. Mais
il a fasciné, à l’époque, toute une génération d’adolescents. Dont certains se
nommaient Jean-Paul Sartre ou Julien
Gracq, comme le rappelle André
Panchaud. Qui s’interroge: «Lit-on
encore de nos jours les romans de
Michel Zévaco?». Qu’il se rassure. La
réponse est oui. J’ai personnellement
initié plusieurs adolescent(e)s à cet
auteur.
Dont ma propre fille, aujourd’hui quadragénaire, et toujours admiratrice de
Pardaillan!
Et qui m’a fait remarquer un fait singulier. Alors que les Mousquetaires de
Dumas ou le Bossu de Paul Féval ont
fait l’objet de nombreuses adaptations
cinématographiques, rien ou presque
pour Zévaco. Il semble que Jean Marais
ait incarné le «Capitan» et qu’un
Pardaillan ait été tourné dans les années
70 sans laisser de souvenir.
N’est-ce point parce que les justiciers
de Zévaco sont anarchistes?
Et que l’anarchie si elle est populaire
n’est pas populiste. Par conséquent, on
ne va prôner, sur grand et petit écran,
les exploits d’un héros sans Dieu ni maître, c’est-à-dire politiquement incorrect.
Vive Zévaco!
Bien cordialement à vous.
MICHEL JÖRIMANN
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EN LISANT
«Il est compréhensible que des chrétiens
sincères s’acharnent à voir en Jésus le
Fils de Dieu, au point de nier les faits. En
revanche, il est étonnant qu’ils soient si
nombreux à ignorer les inexactitudes
historiques des Evangiles. Jamais la masse
d’informations disponible n’a été si grande» (Lynn Picknett & Clive Prince, La
révélation des Templiers, Paris 2001, p.
286).
«Adam et Eve ont enfanté Abel et Caïn,
lesquels ont ensuite donné naissance à
l’humanité. Pour ce faire, il faut bien qu’ils
aient couché, soit avec leur mère, soit
avec leur sœur, soit avec les deux.
L’humanité a donc commencé son histoire par un inceste. Et si c’était ça, le péché
originel?» (Evelyne Dress, Les tournesols
de Jérusalem, Paris 2001, p.36).
A propos de l’Arabie saoudite, ce passage qui éclaire le présent, tiré de La princesse oubliée de Laurent Joffrin (Paris
2002, pp. 313-314): «Nous (les Anglais) et
les Américains, nous avons tout intérêt à
maintenir ces wahhabites au pouvoir. Ce
sont des féodaux immondes, mais, depuis
Lawrence, ce sont nos amis. C’est une
dictature religieuse, mais ils nous livrent
le pétrole à bon prix. Ils tiennent le sol
sacré, nous tenons le sous-sol. C’est ainsi
qu’Allah est grand.»
«Depuis l’effroyable période des
Croisades… la plupart des savants et des
maîtres juifs, aigris par leurs deuils, et à
qui toute possibilité créatrice était refusée, passèrent leurs plus belles années
plongés dans les pages du Talmud, à couper les cheveux en quatre et à ruminer
sur les lois. La Bible devint trop souvent
un véhicule de superstition. De nombreux Juifs croyaient tous les charlatans
qui leur promettaient la délivrance. A
chaque génération, des dupes furent la
proie des manigances de coquins ou de
fanatiques qui se prétendaient des messies envoyés par Dieu pour ouvrir la
porte d’un monde nouveau, où la souffrance juive prendrait fin et où l’humanité vivrait en paix. Une décence intellectuelle et spirituelle se produisit presque
partout, engendrant des perversions telles que celle de la Cabale, une foi aveugle
et de faux messies, et une fidélité étroite
et sans compromis aux rites et aux dogmes (Abram-Léon Sachar, Histoire des
Juifs, Paris 1973, pp. 272-273).
«J’ai peu de sympathie pour les prêtres.
Un homme qui fait vœu de chasteté et
professe l’éloignement du sexe ne peut
être qu’un impuissant, qui fait de nécessi-
té vertu, ou bien un hypocrite, qui s’accorde en douce les satisfactions prohibées. Un tout petit nombre seulement
choisissent l’abstinence en s’en tiennent
à ce qu’ils ont choisi (Dominique
Fernandez, La course à l’abîme, Paris
2002, p. 152).
Sur le même sujet, une pensée (d’auteur
inconnu) que le clergé catholique non
oriental aurait intérêt à méditer: «De
toutes les perversions sexuelles, la chasteté est la plus dangereuse.»
Même si pour les habitants cela – indifférence sinon ignorance – n’éveille plus,
depuis longtemps, la moindre curiosité
(en dehors de l’occasion de faire la fête),
il est intéressant de savoir qu’en Ardèche
(ancien Vivarais), sur 339 communes, 97
(soit le 28,5%) portent la dénomination
d’un saint, voire de deux comme c’est le
cas pour Saint-Julien-en-Saint-Alban et
Saint-Pierre-Saint-Jean! Le curieux, dans
tout ce foisonnement c’est que certains
saints n’ont probablement jamais existé
(c’est le cas de Saint-Pons) et que pour
d’autres, dont l’existence est avérée,
n’ont pas été reconnus comme tels par
la «Congrégation des Rites» et ne sont
pas mentionnés dans le Sanctorum catalogo adscribium qui en compte pourtant dix
mille. Permettez-moi de citer ces pauvres oubliés: Agrève, Bauzile, Christol,
Cierge, Cirgues, Jeure, Lager, Péray,
Priest, Remèze et Thomé. De toute façon
– comme l’écrit si bien Mathilde Asensi
(Iacobus, Paris 2003. pp. l36,193 et 276)
«La plupart des saints et martyrs reconnus, quand ils n’avaient pas été des simples guerriers dont les batailles avaient
servi les intérêts de l’Eglise, n’étaient
souvent même pas des chrétiens, mais,
comme d’habitude, la hiérarchie ecclésiastique avait maquillé leurs vies de
païens ou d’initiés pour les ajuster aux
canons romains de la sainteté. Créer des
légendes, modifier des faits, bâtir des vies
de saints ou bénir de fausses reliques
était une coutume invétérée de l’Eglise
de Rome. Elle inventait des saints inexistants et transformait les célébrations des
dieux antiques en fêtes chrétiennes.»
«Hitler, non seulement se présente
comme croyant, mais il paiera son impôt
ecclésiastique, c’est-à-dire restera membre de l’Eglise catholique jusqu’à la fin de
sa vie» (Gilbert Merlio, Les résistances
allemandes à Hitler, Paris 2003, p. l02).
L’Italie ne pouvait pas ne pas développer
sa propre fabrique de miracles, grâce au
saint le plus vénéré du pays; Padre Pio di
Pietralcina. C’est lui qui a permis à ses
frères capucins de transformer la petite
ville de San Giovanni Rotondo, dans le
Sud, en une deuxième Lourdes. «La célébrité du «capucin aux stigmates», né en
1887 près de Naples, s’est bâtie sur les
blessures inguérissables qu’il avait aux
mains. Très controversé, jusqu’au Vatican
même, il faudra attendre Jean Paul II pour
que Padre Pio (décédé en 1968) soit
béatifié en 1999, puis canonisé en 2002.
Les sceptiques n’ont pourtant jamais
manqué. Dans un livre récent (Padre Pio,
le grand mensonge) Sergio Luzzato avance
que le moine entretenait ses blessures
aux mains avec de l’acide».
24 HEURES, 25 AVRIL 2008
LE NOUVEL ALLIÉ
DU VATICAN
Le nouveau parti italien PdL (Popolo
della Libertà) constitué d’opportunistes de la Forza Italia de
Berlusconi et d’ex-fascistes du MSI
et de l’AN de Fini a reçu la bénédiction du Vatican. Le Vatican (cf.
Osservatore Romano 31.3.2009) voit
en effet dans ce parti le défenseur
des vraies valeurs des Italiens et des
catholiques. Mais le Vatican ne bénit
pas pour rien. Il a aussi fait connaître ses revendications. Ainsi le SaintSiège veut-il que le PdL change la loi
sur «fin vita» par exemple.
Ceux qui sont choqués par le fait
que l’Eglise catholique bénit un parti
où se retrouvent d’anciens fascistes
ont oublié que cette Eglise catholique a toujours vu ses «valeurs»
défendues par des politiciens fascistes, que ce soient Mussolini, Hitler,
Pétain, Franco, Salazar ou Pinochet.
Donc, de ce côté-là, rien de nouveau.
EDOUARD KUTTEN
BIBLIOTHÈQUE
Avez-vous des livres anciens, des revues
ou des documents dont vous souhaitez
vous débarrasser? Si oui, faites-le-nous
savoir ou envoyez-les-nous directement
à notre rédaction, afin d’enrichir notre
documentation et nos collections.
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LES CRÉATIONNISTES
À L’ASSAUT DES ÉCOLES
Les deux cents ans de la naissance de
Darwin donnent de drôles d’idées aux
chrétiens fondamentalistes. Président de
l’association ProGenesis, en lutte contre
les idées du naturaliste anglais, Gian Luca
Carigiet va profiter de cet anniversaire
pour lancer une initiative populaire hautement polémique. Son but: que la Bible et
Darwin soient enseignés sur un pied d’égalité lors des cours de biologie à l’école
publique. Selon lui, le programme actuel
pousse les élèves à l’athéisme en n’enseignant que la théorie de l’évolution, qui
contredit la version biblique de la création
en six jours.
En Suisse alémanique, certains politiciens
conservateurs ont déjà affirmé leur soutien. Et en Romandie? «Ce serait bien que
le peuple puisse voter sur cette question», se réjouis Maximilien Bernhard, de
la très chrétienne UDF. «Selon le texte de
l’initiative, nous pourrions tout à fait la
relayer.»
Les professeurs ne sont pas enthousiastes. «Si tous les lobbies remodèlent l’école à leur idée, autant la jeter à la poubelle», peste Olivier Baud, de la Société
pédagogique genevoise. Jacques Daniélou,
son homologue vaudois, craint que les
élèves suisses, très moyens en sciences, ne
soient troublés par l’introduction d’une
théorie non scientifique.
D’APRÈS LE JOURNAL «LE MATIN»
PROCÈS DE LA SCIENTOLOGIE
Enfants de chœur! En édictant des lois
sanctionnant les sectes, la France, réputée
laïque au nom de la séparation de l’Eglise
et de l’Etat, se met en fait au service des
banques du Vatican, éliminant un à un leurs
concurrents plus ou moins menaçants. Le
procès actuel fait à la scientologie en est la
démonstration. En effet, en matière d’arnaque et de manipulation mentale de leurs
adeptes, scientologues et autres témoins
de Jéhovah sont de pâles enfants de
chœur en compoaraison de leur modèle
absolu, l’Eglise de Rome. Parlons manipulation mentale: quel degré de folie mystique
ne faut-il pas avoir atteint pour adhérer à
son sacrement d’eucharistie théophage?
Psychiatres, au secours! Parlons exploitation de la crédulité humaine: depuis plus
d’un siècle, l’Eglise de Rome entretient le
culte de guérisons miraculeuses attribuées
à une bonne femme morte depuis deux
mille ans et plus mais revenue dire à une
gamine mythomane et hystérique illettrée
«Je suis l’immaculée conception.» En vertu
de quoi, ladite Eglise perpétue des pèleri-
nages qui lui rapportent des centaines de
millions d’euros escroqués à des malheureux dont elle sait pertinement par avance qu’ils rentreront chez eux bredouilles.
Si ça n’est pas de l’escroquerie, alors
qu’est-ce qui en mérite l’appellation?
Parlons terrorisme intellectuel avec prise
d’otages: que dire de l’invention du purgatoire où de prétendues âmes seraient en
attente d’offrandes sonnantes et trébuchantes leur permettant, à force de messes payantes, d’échapper aux horreurs de
l’enfer, sacrée invention terroriste s’il en
fut? Et cela dure et perdure de nos jours
encore, à Lourdes comme à Trifouilly-lesOies, à Paris comme chez Mère Teresa.
Les sectes ne sont jamais que de pâles
imitatrices du modèle universel, la romaine qui, elle, a réussi. Bon vent à vous,
Mesdames et Messieurs les arnaqueurs!
Vous avez encore du chemin à parcourir
avant de parvenir à égaler votre modèle
universel, l’Eglise catholique, apostolique
et romaine.
NARCISSE PRAZ
LES BRÈVES
DE
THOR DANNEMAN
• Je lis cette phrase étonnante dans un
journal, à propos des minarets: «Les
musulmans ont bien le droit de prier
leur dieu comme ils l'entendent.» Leur
dieu? J'avais cru comprendre que les
religions monothéistes n'avaient qu'un
seul dieu. Il ne peut donc y avoir un dieu
des musulmans, un dieu des juifs et un
dieu des chrétiens.A moins qu'il y ait en
effet trois et qui se tirent la bourre.
Non, restons sérieux. Il n'y a, à ce qu'ils
disent, bel et bien qu'un seul dieu, mais
il s'appelle Allah en arabe. Si vous allez à
Londres/if you go to London, vous arrivez
dans la même ville.
• Si j'étais une femme, ce qui ne m'a pas
été accordé, je ne pense pas que je
signerais la pétition demandant à avoir
accès au Mont Athos. On rencontre
assez de cinglés épars dans la vie quotidienne pour ne pas vouloir les trouver
concentrés sur un petit territoire. Pour
mémoire, ce sont ces chastes moines
qui ne tolèrent aucun être vivant femelle sur leur petite presqu'île. Sur un
point on est obligé de leur donner raison: la malaria n'est transmise que par
l'anophèle femelle.
• C'est sans doute le passage le plus
nunuche du Pentateuque: «Alors leurs
yeux se dessillèrent à tous deux et ils
virent qu'ils étaient nus. Ils cousirent
donc des feuilles de figuier et s'en firent
des ceintures.» Pour se protéger des
regards? Mais quels regards puisque ces
deux prototypes étaient seuls sous les
frondaisons? On remarquera qu'il est
seulement question des ceintures, ce
qui laisse entendre qu'Eve continuait à
se promener les nibards à l'air. La postérité jugera.
Mine de rien, on assiste là, petitement, à
la naissance de l'érotisme. Malheureusement le passage suivant qui
commence ainsi «Alors Adam se mit à
bander...» a été supprimé. C'en était
trop pour le puritain monothéiste chargé de la rédaction de la Genèse.
Le comité de rédaction, respectueux
d’une totale liberté d’expression,
précise que les articles signés sont
sous la responsabilité de leurs
auteurs et ne peuvent engager
l’Association vaudoise de la Libre
Pensée dans son ensemble.
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LA FOUINE DES ARCHIVES
Copie des brochures disponibles de nos archives que vous
pouvez demander à notre rédaction (AVLP, Case postale
5264, CH-1002 Lausanne)
■ Neuchâtel – Rapport du Conseil d’Etat au Grand
Conseil sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat,
1869, 37 pages, Fr. 10.– + port
■ Ch. Malato – L’assassinat de Ferrer (éclaircissements)
1911, 16 pages, Fr. 5.– + port
■ Pasteur Léopold Jacobi – L’interdiction des jésuites en
Suisse
1964, 11 pages, Fr. 5.– + port
■ Lucie Guyot – Gandhi
1936, 64 pages, Fr. 15.- + port
■ Jean Bossu – Henri Rochefort
Date? 80 pages, Fr. 15.- + port
■ Jean Bossu – Le Syllabus
1938, 32 pages, Fr. 8.- + port
■ Jean Bossu – Petite histoire de la Libre Pensée en
France (La Libre Pensée en 1848)
1950, 48 pages, Fr. 10.- + port
■ Augustus – Les Questions de mon Fils
Date? 32 pages, Fr. 8.– + port
■ Jean Grave – Les scientifiques
1913, 8 pages, Fr. 4.– + port
■ Auguste Forel – L’Union libre (1908)
1935, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ Dikran Elmassian – Dieu n’existe pas
Date?, 6 pages, Fr. 3.– + port
■ Geo Welby van Pelt – Cinq arguments contre le
christianisme
1925, 8 pages, Fr. 4.- + port
■ L’Unique – Pensées d’Epicure
Date?, 24 pages, Fr. 10.– + port
■ Georges Matisse – Qu’est-ce que le matérialisme?
Date?, 16 pages, Fr. 5.– + port
■ Otto Karmin – Le problème du mal. Conférence faite à
Neuchâtel, au Locle et à La Chaux-de-Fonds
1907, 24 pages, Fr. 10.– + port
■ Statut de l’Association Libre Pensée vaudoise
1900, 8 pages, Fr. 4.– + port
■ Otto Karmin – Qu’on connaisse aujourd’hui que tu
es Dieu
1915, 24 pages, Fr. 8.- + port
■ Lorulot/Desgranges – Le Catholique, la Paix et la
Société des Nations (controverse publique)
1927, 34 pages, Fr. 8.- + port
■ Albert Flua – Les véritables origines de la papauté
1928, 38 pages, Fr. 10.- + port
■ Lorulot/Viollet – Pour ou contre la confession?
(controverse publique)
1928, 34 pages, Fr. 8.- + port
■ André Lorulot – Notre ennemie: la Femme
1930, 26 pages, Fr. 8.- + port
■ Edouard Herriot – La vie et la passion de Michel
Servet
1932 (1907), 34 pages, Fr. 8.- + port
■ M. Belbende – Les méfaits du christianisme
1932, 42 pages, Fr. 10.- + port
■ Albert Flua – La question juive
1934, 34 pages, Fr. 8.- + port
■ Louis Launay – Le christianisme des banquiers
1937, 26 pages, Fr. 8.– + port
■ Aristide Bochot – La colossale imposture
1979, 24 pages, Fr. 8.- + port
■ Dr Brotteaux – La maison volante de Lorette
1949, 32 pages, Fr. 8.- + port
■ André Girard – Anarchistes et Bandits
1914, 24 pages, Fr. 8.- + port
■ André Lorulot – La vérité sur La Salette
1949, 48 pages, Fr. 10.- + port
■ Statuts (projet) de la Fédération romande de la
Libre Pensée
1908, 4 pages, Fr. 2.– + port
■ Michel Bakounine – L’organisation de l’Internationale
(1872), 1914, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ E. Fournier – Le péché d’Adam et d’Eve
1932, 24 pages, Fr. 8.- + port
■ André Lorulot – Lourdes (La vérité sur Bernadette)
1933, 32 pages, Fr. 8.- + port
■ Abbé Joseph Turmel – Jésus, sa vie terrestre
48 pages, Fr. 10.– + port
■ André Lorulot – La Libre Pensée de 1939 à 1945
1945, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ René Ghaughi – Les trois complices
(La bonne collection)
1924, 20 pages, Fr. 6.- + port
■ Abbé Joseph Turmel – Jésus, sa seconde vie
48 pages, Fr. 10.– + port
■ André Lorulot – La vérité sur la Vierge de Boulogne
1948, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ Jean Most – La peste religieuse
1925 (1892), 16 pages, Fr. 5.– + port
■ Victor Hugo? – Le Christ au Vatican
1925, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ Louis Bertoni (pour son 70e anniversaire)
36 pages, Fr. 10.– + port
■ J. Peyrou – Les principales âneries des religions dites
chrétiennes, 1927, 12 pages, Fr. 5.- + port
■ Brenno Bertoni – La morale nel libero pensiero
(in italiano)
1908, 14 pages, Fr. 5.– + port
■ E.-Paul Graber – Guerre et militarisme
1928, 16 pages, Fr. 5.- + port
■ Sylvain Maréchal – Dictionnaire des Athées (extrait)
1926, 28 pages, Fr. 10.– + port
■ Biblioteca del Popolo – Darwin e il Darwinismo
(in italiano)
1893, 64 pages, Fr. 10.– + port
■ Sébastien Faure – Les crimes de Dieu
1982, 20 pages, Fr. 8.– + port
■ André Lorulot – L’Eglise en guerre / Le Vatican
contre la Serbie + carte en couleur de 1894
1961, 9 pages, Fr. 5.- + port
■ Eugène Fournière – Les moyens pratiques du
socialisme, 1900, 32 pages, Fr. 8.- + port
■ Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità
1904, 48 pagine, Fr. 15.– più spese di spedizione
(Copia dell’originale in italiano)
■ Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità
1964, 64 pagine, Fr. 15.– più spese di spedizione
(Copia di una ristampa in italiano delle Edizioni «La
Fiaccola», con note varie, commenti e caricature)
■ Jenny Wilson – Sacco et Vanzetti
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■ Benito Mussolini – L’Homme et la Divinité
1937, 48 pages, Fr. 15.– + port
(Copie de la traduction en français par le professeur
Gaberel de Neuchâtel, publiée aux éditions de L’Idée Libre)
■ André Lorulot – Alfred Naquet
1934, 52 pages, Fr. 10.- + port
■ La Laïcité (Les Cahiers de «Terre Libre»)
1938, 32 pages, Fr. 6.– + port
■ Dr N. Simon – Viaggio umoristico attraverso i dogmi
e le religioni – I Vangeli (in italiano)
1963, 30 pages, Fr. 8.- + port
■ Pier Tarragona – Il progresso della scienza e la Chiesa
di Roma (in italiano)
1964, 50 pages, Fr. 10.- + port
■ Aristide Bochot – Catéchisme laïque
1965, 20 pages, Fr. 8.- + port
■ Emilio Bossi – Jésus-Christ n’a jamais existé (résumé)
Date?, 16 pages, Fr. 6.- + port
■ Emilio Bossi – Gesù non è mai esistito
(riassunto in italiano)
1951, 24 pages, Fr. 6.- + port
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1908, 66 pages, Fr. 15.- + port
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EUROTRICHERIE
HISTOIRE DU DRAPEAU EUROPÉEN
Le drapeau européen représente 12 étoiles en cercle sur un fond bleu. Son histoire comporte une version officielle, et une
version cachée – même si depuis, le secret a fait long feu. Côté officiel, l’histoire
remonte aux années 50, lorsque la
Communauté européenne du charbon et
de l’acier (CECA) n’était composée que
des six Etats fondateurs. A ses côtés siégeait un autre organisme, plus important
en nombre, le Conseil de l’Europe, préposé à la défense des droits de l’homme
et à la promotion de la culture européenne. Le 18 août 1950, il charge une
commission de trouver, pour le représenter, un symbole qui traduirait (déjà!) «les
valeurs spirituelles et morales qui sont le
patrimoine commun des peuples qui le composent».
UNE QUESTION «DÉLICATE»
Paul-Henri Spaak, homme politique belge
considéré comme un des pères de
l’Europe, aurait, paraît-il, murmuré:
«Question délicate», ce qui prouve sa perspicacité. 120 projets ont vu le jour: D’un
«E» vert sur fond blanc, à un disque d’or
sur fond rouge avec une croix, tout fut
rejeté (notamment par les Turcs qui ne
voulaient pas de croix).
Lors d’une exposition au palais de Tokyo,
un artiste japonais propose une grande
étoile dorée sur fond bleu. On commence alors à s’orienter autour de ce thème.
Un artiste espagnol propose un champ
d’azur avec des étoiles représentant les
capitales européennes. La constellation
ainsi formée ressemble à la Grande
Ourse. Le président de la commission,
Robert Bichet, annonce finalement un
champ d’azur avec 15 étoiles figurant les
15 membres du Conseil de l’Europe.
L’Allemagne proteste, parce que la Sarre
– qui siège en tant que telle – a sa propre
étoile. Le 12 novembre 1954, on met au
vote un drapeau avec huit anneaux d’or,
mais ce projet est retiré à cause de sa
ressemblance avec le drapeau olympique,
de plus les anneaux évoquent la servitude pour les uns, un cadran de téléphone
pour les autres.
C’est alors qu’à l’initiative de Paul
M.-G. Levy, journaliste, professeur à
l’Université catholique de Louvain, et premier directeur de l’information et de la
presse du Conseil de l’Europe, le projet
est confié à Arsène Heitz – simple pré-
posé au courrier au Conseil de l’Europe
et dessinateur à ses heures – qui propose un cercle de 12 étoiles sur fond bleu.
Le projet est finalement adopté, et le drapeau est inauguré le 13 décembre 1955 à
Paris. Puis le Conseil de l’Europe invite
les autres institutions européennes à
adopter le même symbole. En juin 1985,
le drapeau est accepté par tous les chefs
d’Etat après avoir été approuvé par le
Parlement élu au suffrage universel en
1979. Son entrée en vigueur est fixée au
1er janvier 1986, date à laquelle la
Communauté européenne devait – ça
tombait bien (n.d.l.r. Quand on veut tricher) – comporter 12 Etats membres.
Le Conseil de l’Europe, quant à lui, n’a
jamais comporté 12 membres, et la
Communauté européenne en comporte
aujourd’hui 27: d’où vient cette idée des
douze étoiles, et pourquoi ce nombre
est-il immuable1?
LA «MÉDAILLE MIRACULEUSE»
On apprendra la vérité (mais était-elle
ignorée des décideurs?) seulement après
la mort de Heitz, et de la bouche même
de sa veuve: «Il avait beaucoup de dévotion
pour la Sainte Vierge, mais il fallait garder le
secret, car il y a des juifs et des protestants
en Europe. On ne pouvait pas dévoiler que
c’était la médaille miraculeuse.» Le drapeau
est en fait un symbole marial2.
On le trouve notamment dans l’introït de
la messe de l’Assomption du 15 août:«Un
signe grandiose est apparu dans le ciel, une
femme revêtue du soleil, la lune sous ses
pieds, et sur la tête une couronne de douze
étoiles3».
Cette couronne a été reproduite à des
milliers d’exemplaires, grâce à la «médaille
miraculeuse», évoquée par la veuve. Elle
commémorait les «apparitions de la
Vierge» à la bienheureuse Catherine
Labouré, dans son couvent de la rue du
Bac à Paris en 1830. Ces visions furent
d’ailleurs les premières de la série qui –
avant celles de Bernadette Soubirous
(1851) à Lourdes – aboutiront à la proclamation par Pie IX du dogme de l’immaculée conception (1854). Les apparitions de Fatima (1917) en auraient été les
derniers soubresauts, sans la ruse dévote
du fonctionnaire strasbourgeois.
Certains avaient cru échapper aux racines chrétiennes de l’Europe référencées
dans les traités de l’Union européenne,
pour affirmer, paraît-il, son caractère
laïque.
Mais c’est sur les fonts baptismaux, dès sa
naissance, qu’elle avait été bénie.
LA RAISON
RUE DES FOSSÉS-ST-JACQUES 10-12
F-75005 PARIS
1
Par exemple, le drapeau des Etats-Unis
représente bien le nombre des Etats
qui le compose. On ajoutait régulièrement une étoile à chaque fois qu’un
nouvel Etat se formait.
2
Le bleu est la couleur mariale traditionnelle
3 Apocalypse 12;1.
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en considération.
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