Permis, radars, PV… faites taire les rumeurs
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Permis, radars, PV… faites taire les rumeurs
Pratique Question de droit Permis, radars, PV… faites taire les rumeurs ! Il n’est pas rare qu’une information concernant le permis à points, les radars, etc., nous soit transmise par messagerie ou par la « bonne parole » d’un proche. Nombre d’entre elles sont infondées ou dépassées. Il est désormais temps de tordre le coup aux mauvaises rumeurs ! Ce que dit la rumeur : Le permis à points a été instauré par la loi du 10 Juillet 1989. Il est entré en application, le 1er Juillet 1992. La loi instituant le retrait de points n’est pas rétroactive. Tous les conducteurs ayant obtenu un permis avant cette date ne peuvent pas perdre de points ! La vérité : Cette rumeur est infondée en droit. L’article 21-II de la loi du 10 juillet 1989 instaurant le permis à points précise que « les permis de conduire en cours de validité à la date d’entrée en vigueur seront affectés d’office du nombre de points prévu à l’article L.11 du Code de la route ». Au niveau national, la mise en pace du système de points attribué à un permis antérieur à la loi, n’a pas été remis en cause. En l’état actuel du droit, et alors que la loi est explicite sur la question, l’argument n’est pas juridiquement fondé. ➢ Ne consultez pas vos points sur Internet ! Ce que dit la rumeur : Le fait de consulter son nombre de points sur Internet serait une erreur. En effet, l’administration enregistrerait toutes les connexions et ne pourrait donc plus se voir reprocher de ne pas avoir averti le contrevenant de sa perte de points, motif qui permet de se défendre pourtant efficacement devant les tribunaux. © D.R. ➢ Pas de perte de points pour les permis obtenus avant 1992 ? La vérité : Cette information n’est pas (pour le moment) crédible tant sur un plan purement pratique que sur un plan juridique. D’une part, l’administration n’a pas mis en place un tel traçage et, d’autre part, encore faudra t-il démontrer l’identité certaine de la personne qui a pris connaissance de l’information. Pas d’affolement donc à ce jour. ➢ La fin des panneaux annonçant les radars ? Ce que dit la rumeur : Une note « Confidentiel Préfecture » émanant du chef de Cabinet du ministre de l’Intérieur adressée aux préfets précise la suppression des panneaux annonçant la présence des radars fixes et l’envoi à domicile des contraventions en port dû. La vérité : Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a pu confirmer que ce document grossier était un faux. Cela étant, pour les nouveaux radars, des zones de contrôle radars de plusieurs kilomètres vont progressivement être mis en place, mais resterons signalées. Concernant les radars automatiques mo- biles, une circulaire officielle demande en effet aux préfectures de ne plus les signaler. ➢ Faut-il signer la vignette d’assurance ? Ce que dit la rumeur : Le décret n° 2004-293XBS paru début juillet au Journal Officiel relatif à la sécurité routière et modifiant le Code de procédure pénale et le Code de la route crée désormais une infraction spécifique à tout conducteur n’ayant pas signé le verso de la vignette d’assurance automobile sur le parebrise, ainsi que la carte verte. Pour éviter de payer l’amende de 180 euros en cas de contrôle, nous vous recommandons de vérifier la vignette d’assurance sur le pare-brise de votre véhicule. La vérité : Rassurez-vous, cette information est parfaitement fausse ! Aucune règlementation ne prévoit cette obligation. Les textes cités par ce courrier n’existent même pas. ■ Rémy Josseaume, Docteur en Droit pénal, Président de la Commission juridique de 40 Millions d’Automobilistes En bref Qu’est-ce qu’un cas de force majeure ? Tout acte qui constitue en principe une infraction n’est pas sanctionné si son auteur a agi par contrainte motivée par un cas de force majeure. Le cas de force majeure est défini comme un évènement irrésistible, imprévisible et extérieur au conducteur ou à sa conduite qui justifie la violation des règles du Code de la route. Pour ces raisons et au regard du caractère exceptionnel des circonstances qui motivent cette violation de la loi, les tribunaux sont très restrictifs et ne reconnaissent jamais le cas de force majeure pour les infractions au Code de la route. À titre d’exemples, ne sont pas constitutifs d’un cas de force majeure la panne d’essence du véhicule (tout conducteur est à même de prévoir et de prévenir une telle circonstance), la contrainte physique d’une femme enceinte stationnant après un malaise sur un stationnement réservée aux handicapés. Pourtant, le confrère de la Commission juridique de l’association 40 Millions d’Automobilistes, maître Matthieu Lesage, a obtenu en juillet de cette année une décision fort intéressante. Il défendait devant la Cour d’appel de Paris un chauffeur de taxi qui avait été contraint d’emprunter sur l’autoroute une voie réservée à la circulation des services de police en sens interdit. La Cour d’appel de Paris a purement et simplement relaxé le chauffeur de taxi en estimant à bon droit que cette violation des règles du Code de la route résultait « d’un incident mécanique du véhicule l’obligeant à sortir de l’autoroute le plus rapidement possible afin d’éviter tout risque d’accident ». Pour la Cour il s’agit, dans ce cas précis, d’un cas de force majeure. L’Officiel du Taxi - N°117 - octobre 2010 - 33