la gaule belgique

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la gaule belgique
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LA GAULE BELGIQUE
Introduction
Les limites de la Belgique actuelle ne correspondent en rien à celles du territoire
romain du même nom: la Gallia Belgica était beaucoup plus étendue puisqu'elle
atteignait au sud la Seine et la Marne et que les populations belges occupaient
des territoires qui touchaient la Moselle et le Rhin à l'est.
Dès le 1er siècle, les empereurs romains organisent la Gaule en 3 provinces :
Gaule Belgique, Gaule Lyonnaise et Gaule Aquitaine. La Belgica est divisée en
deux provinces: la Belgique Première avec Trèves pour capitale et la Belgique
Seconde dont la métropole était Reims. Très tôt, les provinces furent partagées
en civitates (= « cités ») qui correspondaient plus ou moins aux tribus gauloises
antérieures à la conquête romaine. Quatre « cités » se partageaient les
territoires qui sont devenus la Belgique actuelle: la cité des Ménapiens, la cité
des Nerviens, la cité des Tongres et la cité des Trévires. Le voyage scolaire à
Bavay se déroule dans la cité des Nerviens.
1.
Cadre historique
En 58 acn (ante Christum natum = « avant Jésus Christ »), César commence la
conquête de la Gaule et les premiers contacts avec les « tribus belges » ont lieu
l'année suivante: les Nerviens sont battus à la bataille du Sabis (la Sambre ou la
Selle ?).
En 54 acn, Ambiorix et les Eburons écrasent une légion romaine dans une
embuscade et César passe l'année 53 acn en expéditions punitives contre les
Eburons.
En 52 acn, Vercingétorix, à la tête d'une coalisation de tribus gauloises, est
bloqué dans Alésia et se rend à César ; dès 50 acn, la Gaule est pacifiée.
Dès 25 acn, la situation est stabilisée dans la Belgica : les anciennes tribus ont
fait leur soumission à Rome et des populations immigrées - notamment des
Tongres - remplacent les Eburons rayés de la carte par César ...
A Rome, c'est la fin de la République et le début de l'Empire.
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C'est dès le 1er siècle pcn (post Christum natum = « après Jésus Christ ») que
les archéologues datent les premiers vestiges de l'occupation romaine en
Belgique, notamment à Arlon et Tongres. C'est aussi la romanisation des
campagnes, surtout par la construction de villas (= exploitations agricoles) et la
construction du réseau routier.
Désormais, la Pax Romana est bien établie en Gaule et ses bienfaits se font
sentir : les riches propriétaires fonciers équipent leurs villas de tout le confort
connu à l'époque (hypocauste et thermes) et se font ériger des monuments
funéraires grandioses (tumuli ou piliers funéraires). Le commerce du sel se
développe; les villes grandissent et accueillent artisans et commerçants
prospères.
Le IIe siècle est la période de la plus grande extension des villas; les activités
économiques et artistiques connaissent leur apogée: c'est l'âge d'or de la
« Belgique Romaine ».
A partir du IIIe siècle, les Francs et les Alamans commencent à franchir le Rhin
et le limes (=système romain de frontières fortifiées) ne suffit plus à contenir
les « Barbares ». Les villes se replient, se rétrécissent et se retranchent
derrière des remparts construits à la hâte avec des matériaux de remploi (entre
autres, des reliefs sculptés de monuments funéraires).
Au IVe siècle, des tribus de Francs entreprennent une installation pacifique en
Belgique : les empereurs romains leur confient même la défense des territoires
qu'ils viennent occuper ! Tout l'est de la Belgique est infiltré de Francs à la fin
du siècle.
En 402, les Romains retirent leurs armées pour tenter d'arrêter les invasions
germaniques qui déferlent. Les Francs Saliens en profitent pour s'installer à
l'ouest: Tournai devient capitale; la Belgique est devenue mérovingienne.
Odoacre, chef de bande germain, dépose le dernier empereur romain d'Occident
en 476 : fin de l'empire romain d'Occident.
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2.
La romanisation de la Gaule Belgique
La politique extérieure menée par les premiers empereurs a engendré en Gaule
du Nord deux réalisations complémentaires qui ont été les principaux
instruments de la romanisation de la Gallia Belgica : les routes et les villes.
A. Les routes
Les routes restent à coup sûr une des réalisations les plus caractéristiques du
génie romain, celle où se révèlent le mieux l'esprit positif des Romains et leurs
qualités d'organisation. C'est grâce à la densité de leur réseau routier, dont la
longueur totale atteignait peut-être 100.000 km, que leur civilisation s'est
répandue à travers tout l'Empire. Les légions avaient ouvert la voie, les
fonctionnaires, les marchands, les voyageurs les suivirent, puis les courriers
impériaux et les commerçants se mirent à sillonner régulièrement les grandsroutes.
Deux particularités essentielles caractérisent les routes romaines. En premier,
elles sont tracées en ligne droite, autant qu'il est possible, ou, du moins, elles
sont faites de longs tronçons rectilignes, peut-être parce qu'elles sont destinées
à des voyageurs qui se déplacent à pied ou à cheval et que n'effraient pas des
côtes rudes et de fortes descentes. Seconde caractéristique : la chaussée
romaine évite le fond des vallées, exposé aux inondations et où le sol manque de
fermeté ; elle court généralement à mi-côte, parfois au sommet des collines. La
route craint l'eau, et il faut une rivière ou des marais pour la contraindre à
abandonner son allure rectiligne.
Alors que les modernes se contentent d'une faible épaisseur pour leurs
chaussées, les Romains, qui souhaitent que la route soit praticable en toute
saison et soit un ouvrage durable, font de leur route un véritable mur, épais
souvent d'un mètre ou plus. Deux fossés parallèles délimitent la route de chaque
côté ; elle ne dépasse guère 4 ou 5 m. de large, comme nos petites routes de
campagne. Entre ces fossés, on creuse le sol à la profondeur qu'on donnera à la
route ; la terre est aplanie et battue.
La reconstitution théorique de la voie est habituellement la suivante: plusieurs
rangs de pierres plates fixées avec de l'argile ou du mortier ; un béton de petits
cailloux ; un béton plus fin composé de chaux et de sable ; le recouvrement,
légèrement bombé au centre pour assurer l'écoulement des eaux de pluie vers
les rigoles, est fait de gravier ou de dalles.
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Construction d’une route
La reconstitution théorique mais contestable des couches formant la voie est habituellement la
suivante :
1.
2.
3.
4.
Statumen : plusieurs rangs de pierres plates fixées avec de l'argile ou du mortier
Rudus : un béton de petits cailloux
Nucleum : un béton plus fin composé de chaux et de sable
Summum dorsum : le recouvrement bombé au centre fait de gravier ou de dalles
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Toutes les routes étaient jalonnées de mille en mille par des bornes, les
milliaires, qui donnent la distance, jusqu'à la ville prochaine et, souvent, indiquent
la date de construction ou de la dernière réfection importante. De loin en loin se
dressent, au bord de la route, des pierres qui aident le cavalier à descendre de
cheval s'il désire se reposer. D'ailleurs, tous les 10 milles, il trouve un relais
(mutatio), où il pourra changer de monture, et tous les 30 milles, il rencontre une
auberge (mansio) pour passer la nuit. Cette dernière distance semble avoir
représenté la moyenne que pouvait accomplir normalement un voyageur en une
journée.
Les routes romaines en Gaule
Dès avant la conquête, la Gaule avait eu des chemins bien tracés et parcourus par
un trafic intense. La rapidité avec laquelle se déplacèrent les légions de César
suffirait à le prouver. Les gués étaient aménagés, et il y avait même quelques
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ponts, celui de Genève sur le Rhône notamment. Mais les Romains développèrent
les réseaux gaulois et améliorèrent l'état des routes. L'Empereur Claude, au
milieu du 1er siècle de notre ère, y contribua plus que tout autre, sans doute à
cause de la conquête de la Grande-Bretagne. Les milliaires qui portent son nom
sont de loin les plus nombreux.
Milliaires de Rennes dédiées à Maximin et à Maxime, datées de l’an 237.
Milliaire de Claude, Gard. Ces bornes se distinguent de celles datées d’Auguste ou de Tibère
grâce à leur forme cylindrique et par l’inscription, gravée dans un cartouche rectangulaire.
Borne de C. Iulius Verus Maximinius, datée de 245.
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Dans le nord de la Gaule, le principal nœud de communication était Bavay. C'est là
qu'aboutissait les routes de la mer du Nord, du Rhin et du centre de la Gaule.
Celle du Rhin, qui venait de Cologne par Maastricht, Tongres et Gembloux, était
la plus grande chaussée romaine de notre pays, celle que dans le Hainaut on
appelle encore traditionnellement la chaussée Brunehaut, du nom d'une reine
d'Autrasie au début du VIème siècle.
La permanence des itinéraires romains
Ce qui montre sans doute le mieux l'importance historique des chaussées
romaines, c'est le fait que leur tracé s'est conservé sans modifications sensibles
jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, et que, de nos jours encore, il reste facile à
reconnaître, même dans notre pays, sur n'importe quelle carte un peu détaillée.
L'exemple le plus remarquable, dans nos régions, est celui de la route de Mons à
Assche, où l'itinéraire romain pratiquement rectiligne a subsisté sur une
distance de près de 55 km.
(D'après J. Verdyck et C. Groeninckx – J. Michel, Via Nova III, pp 93 à 97.)
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B. Les Villes
L'urbanisme romain, héritier des Etrusques, n'est pas seulement affaire des
architectes ou de géomètres, dont on admire aujourd'hui les réalisations nettes
et ordonnées; une ville romaine a aussi un caractère religieux, qu'attestent des
rites de fondation archaïques.
Le fondateur trace d'abord sur le sol un templum, périmètre sacré qui lui
permettra de prendre les auspices et de connaître la volonté des dieux : c'est
l'inauguration.
Le second acte est l'orientation: le fondateur, assisté toujours de l'augure et
d'un arpenteur, détermine le decumanus maximus et l'emplacement où il sera
coupé perpendiculairement par le cardo maximus ; ces deux rues principales de la
ville sont déterminées et orientées au moyen d'un instrument appelé groma; le
croisement entre ces deux rues sera le centre de la ville, où sera situé le forum.
Ensuite vient la limitation : le fondateur trace un sillon avec une charrue tirée
par une vache et un taureau blancs, mais il prend soin de soulever le soc à
l'emplacement qui est prévu pour les portes. La bande de terrain qui se trouve de
part et d'autre du sillon est le pomerium, enceinte sacrée et fictive de la ville.
Après quoi on fixe les emplacements où s'élèveront les différents bâtiments
nécessaires à la vie de la cité : on choisit une hauteur sur laquelle sera construit
le temple consacré à Jupiter, Junon et Minerve (Capitole). C'est par rapport au
forum que sont choisis les emplacements des monuments. Les arpenteurs
quadrillent le terrain en traçant des decumani et des cardines secondaires,
parallèles au decumanus maximus et au cardo maximus, morcelant ainsi la ville en
îlots et prévoyant les rues principales. Enfin le dernier temps est celui de la
consécration, acte religieux qui consiste en sacrifices et en prières.
Le quadrillage des villes romaines, qui leur donne l'aspect d'un damier, est bien
connu ; on le retrouve du reste dans les camps militaires, et aussi dans la
discipline des augures quand ils découpent le ciel et la terre en droites
perpendiculaires ; mais il est évident que ce n'était là qu'un idéal, réalisable dans
la mesure où le terrain s'y prêtait et où l'on créait une ville nouvelle de toutes
pièces. Lorsque le terrain était accidenté, qu'un village préexistait, avait grandi
irrégulièrement ou était accroché aux pentes d'une colline, les Romains se
contentaient d'adapter, tant bien que mal, leurs techniques aux conditions
locales.
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Bien entendu, Rome a exercé son prestige dans tout l'Empire, et de même
qu'elles ont peu à peu modelé leurs institutions sur celles de la capitale, les villes
disséminées dans le monde romain ont cherché à avoir des monuments analogues:
au centre, le forum et ses annexes (Capitole, la curie, la basilique), des thermes,
un théâtre, un amphithéâtre, des arcs de triomphe, des fontaines, et
généralement, à la périphérie, des temples élevés à des divinités locales, tandis
que les cultes romains demeuraient groupés au centre.
(Dictionnaire de la civilisation romaine sous la rubrique « urbanisme »).
Les principales villes de notre pays à l'époque romaine étaient des nœuds de
communications et devaient leur prospérité à leur situation le long d'une route ou
au carrefour de plusieurs voies importantes. C'est le cas, notamment, de Tournai,
Arlon, et Tongres, qui a gardé dans son aménagement actuel des traces
évidentes du plan en damier caractéristique des villes romaines.