Protection phytosanitaire du niébé : nombre de traitements

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Protection phytosanitaire du niébé : nombre de traitements
Numéro 23 - décembre 1998
Bulletin de la Recherche Agronomique
Protection phytosanitaire du niébé : nombre de traitements
chimiques pour un bon rendement
A. YEHOUENOU '
Résumé:
Le niébé, Vigna unguiculata Walp (L) est une source importante de protéine dans l'alimentation des populations
au Bénin. Des programmes de recherche ont permis de sélectionner et de diffuser des variétés à haut potentiel
de rendement qui, en raison notamment de la pression des insectes ravageurs, ne peuvent exprimer toute leur
potentialité en milieu paysan. En l'absence d'une résistance variétale adéquate, de bons rendements de niébé
ne peuvent être obtenus sans protection phytosanitaire. Les premiers chercheurs ont recommandé six à huit
traitements chimiques, nombre qui a été ensuite diminué à trois ou quatre. La présente étude a été menée pour
comparer la protection assurée par un, deux et trois traitements chimiques comparés à un témoin non traité.
Les observations ont été portées sur les ravageurs ci-après : les thrips (Megalurothrips sjostedtîï, les punaises
suceuses de gousses, la chenille foreuse de fleurs et dè gousses (Maruca testulalis) et le tortricide (Cydia
ptychora). Les essais étaient conduits dans le Nord Bénin. Les résultats ont montré que les effets de deux et
trois traitements chimiques sur les populations de ravageurs ne diffèrent pas significativement et il n'y a non
plus de différence significative entre ces deux traitements pour ce qui concerne le rendement grain (p : 0,05).
Les considérations économiques ont montré que le surplus de rendement quelquefois dégagé des parcelles
traitées trois fois par rapport à celles traitées deux fois n'est rémunérateur qu'à la condition que le producteur
attende cinq à six mois avant la commercialisation.
Mots-clés: insectes ravageurs, traitements chimiques, niébé, Bénin.
Abstract
Cowpea. Vigna unguiculata (L) Walp is an important source of protein for the population in Benin. Research
programs improved and released cowpea varieties of high yield potentiality, which, due to insect pest
constraints cannot express their potentiality in far mer fields. As adequate levels of variety resistance against
insect pests have yet to be found, high cowpea yield cannot be attained without the use of chemicals. Earlier
researchers on cowpea insect pests recommended six to eight sprays. This number of spraying has been
reduced later to three or four. During this study, two and three chemical sprays have been compared and focus
was on four insect pests: legume flower thrips (Megalurothrips sjostedtîï, pod sucking bugs, legume pod borer
(Maruca testulalisl and the tortricid (Cydia ptychora). The trials were carried out at two locations in northern
Benin. Results showed that the effects of two and three sprays on insect pest populations did not differ
significantly;
neither were
there
differences in their
grain
yield
at. 0,05-probability level.
Economic
considerations showed that three sprays gives high profit value only wh en farmer store the harvest and wait
for five or six months before sale.
Key words: insect pests. chemical spray, cowpea, Benin
Introduction
populations
au
Bénin
(YEHOUENOU,
Plante peu exigeante en eau et à valeur
1994). Les stations de recherche d'Ina
nutritive très
(BAL, 1990), le
et de Niaouli ont identifié et diffusé des
niébé. Vigna unguicu/ata Walp (L), joue
variétés à haut potentiel de rendement
un rôle important dans l'alimentation des
qui, en raison des contraintes d'ordre
1
élevée
A. YEHOUENOU est chercheur à la station de recherches sur les cultures vivrières de Niaouli
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Numéro 23 - décembre 1998
Bulletin de la Recherche Agronomique
entomologique ne peuvent exprimer leur
chimiques
potentialité en milieu paysan.
rendement? La présente communication
En effet, le niébé, du semis à la récolte
fait
et
d'investigation
durant
le
stockage
est
d'attaque d'insectes (BAL,
absence
d'une
victime
1990). En
résistance
être
obtenu
phytosanitaire
(LDC,
12 et
20%
1990).
ce
économique
a
sens.
La
d'une
également
été
telle
prise
en
de son
Matériel et méthodes
potentiel
Dispositif expérimental:
à
six
par
dans
années
Sans
Les premiers chercheurs sur le niébé ont
chimiques
cinq
bon
protection
(JAKPASU, 1991).
recommandé
de
un
compte.
mesure phytosanitaire, le niébé produit
entre
garantir
point
approche
variétale
sans
le
dimension
adéquate, un bon rendement de niébé ne
peut
et
huit
à
semaine
Cette expérimentation qui a débuté en
traitements
partir
1990 a été
de
menée durant les trois
premières
années
quelques jours après le semis (BOOKER,
Recherche
sur
les Cultures Vivrières
1965 ; RAHEJA,
d'Ina
est
située
1976). Suivant ce
qui
sur
la Station
dans
la
de
zone
calendrier de traitement conventionnel,
agroécologique Nord guinéenne. Elle a
font
été ensuite étendue au cours des deux
dégâts
dernières années au site d'Angaradébou
les
traitements
chimiques
systématiquement
que
se
les
d'insectes soient importants ou non. Ces
traitements
donnent
déversements
de
lieu
à
quantités
(zone soudanienne).
des
non
Les
essais
sont
conduits
dans
un
négligeables de produits toxiques dans
dispositif de bloc aléatoire complet à 4
l'écosystème.
répétitions,
sur
des
parcelles
élémentaires de 14 lignes de 16 mètres.
A part les effets nocifs sur les insectes
La parcelle utile est constituée de 10
bénéfiques
lignes
et
les conséquences
l'environnement,
ces
sur
traitements
conventionnels
sont
très
coûteux
appauvrissent
considérablement
centrales
éliminés
à
avec
chaque
deux
poquets
extrémité.
Ces
et
parcelles sont séparées les unes des
les
autres par une bande enherbée de deux
paysans, petits exploitants agricoles. La
mètres et on réalise la pulvérisation par
station d'Ina a alors, en tenant compte
temps calme pour limiter les pertes. Les
des différents stades critiques de la
blocs
végétation du
enherbée de trois mètres. La pratique
préconisé
trois
niébé, expérimenté
à
quatre
et
traitements
sont
séparés
agricole utilisée est
par
une
bande
le semis à
plat
suivant la pression parasitaire (SRCV-
réalisé chaque campagne entre fin juillet
Ina, 1992). Ne peut-on donc pas réduire
et début août avec un écartement de
davantage
0,60 m entre les lignes et 0,20 m entre
le nombre
de
traitements
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les poquets. Le démariage à deux plants
Pucerons et insectes défoliateurs : en
par poquet a été réalisé 15 jours après la
raison de leur manifestation sporadique,
levée. Le premier sarclage a été fait 15
les parcelles (à l'exception de celles non
jours après semis. Le deuxième sarclage
traitées) ont reçu au cours
et le binage ont été réalisés lorsqu'ils
campagnes un traitement facultatif en
sont jugés nécessaires.
cas de forte attaque.
de deux
Thrips : l'évaluation de niveau de
La variété de niébé utilisée est TVX
populations des thrips a été assurée par
1850-01 F avec un cycle de 60 jours et
la méthode
un port semi-érigé.
méthode consiste à secouer le plant de
"drop board".
de
Cette
niébé tôt le matin de manière à faire
tomber les insectes sur une planche
des
d'application
Modalités
induite de colle. Elle a été complétée
insecticides
Trois
régimes
insecticides
ont
avant la floraison par des prélèvements
été
par parcelle de 10 bourgeons foliaires
comparés à un témoin non traité:
Sans
traitement
parcelle
cueillis, au sommet, au milieu et à la
non
base des
pulvérisée (tO)
Parcelle
traitée
une
fois:
plants
bordure.
dès
A
l'initiation des premières fleurs (t l ).
bourgeons
Parcelle
cueillies
traitée
deux
fois
dès
la
sur
floraison,
foliaires,
de
les
la
à
dix
même
lignes
de
part
les
fleurs
sont
manière.
Ces
l'initiation des premières fleurs et dès
bourgeons foliaires et fleurs conservés
l'initiation
dans
des
premières
gousses
de
l'alcool
à
70
%
ont
été
dépouillés au laboratoire et les thrips
(t2).
Parcelle
traitée
trois
fois
sont comptés sous loupe binoculaire.
dès
l'initiation des premières fleurs, dès
Punaises suceuses de gousses : les
l'initiation des premières gousses et
niveaux de populations ont été évalués
deux semaines après l'initiation des
par observation visuelle très tôt le matin.
Leur dégât a été estimé par comptage
premières gousses (t3).
des gousses piquées (ou étranglées).
L'insecticide utilisé est le «kinikini », un
•
binaire composé de Cyfluthrine (9,6g/l
Maruca
de produit commercial à l'hectare) et
Leurs
Malathion (400g/l).
comptage des gousses perforées.
Suivi
des
infestations
et
Foreuses de gousses : les larves de
et
de Cydia
dégâts
ont
sont
été
comptées.
évalués
par
Production
dégâts
Le rendement grain a été calculé à partir
d'insectes
des parcelles utiles. Les données ont été
L'effet des traitements a été évalué en
relation avec le contrôle des groupes de
analysées et une subséquente séparation
principaux insectes nuisibles cibles tels
des moyennes par le test de Duncan a
été réalisée.
que:
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Clavigralla
RESULTATS
Thrips:
et
1b).
que
que
Dès l'apparition de jeunes
on
plus
maturité
rencontre
surtout
les
tard.
Cette
observation
à la
des
gousses.
Clavigralla
plus rencontrée et la plus dommageable.
de thrips décroît au fur et à mesure que
traitement
curvipes
tomentosicollis Stal reste l'espèce la
autres parties de la plante. La population
de
Anoplocnemis
dentipes
apparaissent généralement tard
sont des organes plus attractifs que les
nombre
Riptortus
qui rapportent que les nymphes de PSG
les
inflorescences avec des fleurs ouvertes
le
Acanthomia
confirme celle de DREYER et al (1994)
C'est aussi ce qu'a observé TAMO et al
rapportent
(syn.
C.
Les jeunes PSG ne font leur apparition
floraux de grande taille et sur les fleurs.
qui
(Germar),
(Stal),
adultes PSG, responsables 'des dégâts.
On
observe plus de thrips sur les boutons
(1993)
horrida
gousses,
parcelles non traitées que sur les autres
1a
(Dolling)
(Fabricius).
sjostedti Tryb., reste plus dense sur les
(tableaux
shadabi
(Fabricius),
La population de Thrips, Magalurothrips
parcelles
tomentosicollis
chimique
augmente. A Ina, la campagne 1991 a
Lépidoptères foreurs de gousses
connu une plus forte pullulation de thrips
Les Lépidoptères cibles sont Maruca
que les autres années. On note que la
vitra ta
pression de l'insecte reste plus forte à
ptychora. S'agissant de M. testulelis, la
Angaradébou qu'à Ina.
majorité des larves était observée dans
M.
(syn.
testulalis)
les boutons floraux
traitées
ont
de
mures. Il a été recensé plus de M.
testulelis que C. ptychora. Les tableaux
façon
3a et 3b révèlent que la chute des
générale moins de PSG et que de façon
populations
particulière les parcelles traitées deux et
Toutes
punaises
sont
confirme
l'observation
(1988)
qui
les
espèces
rencontrées,
rapporte
de
ce
traitements
de
Il
s'agit
entre
autres
est
nombre
de
au
chimiques.
Toutefois
la
forte pullulation de Maruca, marque une
exception. Ce sont les parcelles 2 fois
les
traitées qui ont été plus attaquées que
espèces peuvent attaquer simultanément
le niébé.
lépidoptères
campagne 1993, caractérisée par une
qui
JACKAI
que toutes
de
proportionnelle
trois fois sont moins envahies par ces
insectes.
et les fleurs. C.
quand les gousses étaient pratiquement
2b montrent, à
l'exception de la campagne 1992, que
les parcelles
Cydia
ptychora a été observé un peu plus tard
Punaises suceuses de gousses (PSG)
Les tableaux 2a et
et
celles traitées une fois.
de
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Bulletin de la Recherche Agronomique
Numéro 23 - décembre 7998
Tableau1a : Evolution des populations de Thrips sous l'effet de différents régimes de
traitement chimique à Ina (1990, 1991, 1992, 1993, et 1994)
Campagnes
Régimes de traitement
1990
1991
1992
1993
1994
n,OOa*
287,75a
11,00
40,54ab
14,00a
Parcelles 1 fois traitées
51,00b
240,00ab
8,50
37,00b
8,50bc
Parcelles 2 fois traitées
40,75b
185,75b
5,25
28,25c
14,50a
Parcelles 3 fois traitées
Parcelles non traitées
*
46,25b
207,25b
7,75
31,37c
5,50c
C.V. (%)
29,20
17,95
38,10
26,45
33,83
PPDS** (5%)
15,18
57,28
3,57
4,75
Dans les colonnes,
les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (P= 0,05).
* * Plus petite différence significative.
Tableau 1b : Evolution des populations de Thrips sous l'effet de différents régimes de
traitement chimique à Angaradébou (1993, et 1994)
Campagnes
1993
1994
444,75 a*
259,00 a
Parcelles 1 fois traitées
323,25 b
131,50 b
Parcelles 2 fois traitées
183,50 c
47,00 c
Parcelles 3 fois traitées
150,75 c
34,25 c
10,96
11,50
112,21
75,84
Régimes de traitement
Parcelles non traitées
C.V. (%)
PPDS (5%)
* Dans les colonnes,
les moyennes suivies de mêmes lèttres ne diffèrent pas
significativement (P= 0,05).
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Bulletin de la Recherche Agronomique
Tableau 2a : Evolution des populations de punaises suceuses de gousses sous l'effet de
différents régimes de traitements chimiques à Ina.
Campagnes
Régimes de
1990
1991
1992
1993
1994
48,75 a*
448,75a
15,75
48,12ab
LO,OOa
39,25 ab
245,25b
9,00
23,75b
15,25bc
21,75 b
194,75bc
18,00
22,00b
11,25b
22,75 b
144,50c
12,50
20,87b
11,25b
C.V. (0/0)
47,12
34,67
49,81
59,88
34,35
PPDS (5%)
18,19
116,22
30,38
4,58
traitement
Parcelles non
traitées
Parcelles 1 fois
traitées
Parcelles 2 fois
traitées
Parcelles 3 fois
traitées
* Dans les colonnes, les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (P = 0,05).
Tableau 2b : Evolution des populations de punaises suceuses de gousses sous l'effet de
différents régimes de traitements chimiques à Angaradébou.
Campagnes
1993
1994
Régimes de traitement
Parcelles non traitées
48,75 a*
15,00 b
Parcelles 1 fois traitées
60,50 a
32,25 a
Parcelles 2 fois traitées
23,75 b
1,50 c
Parcelles 3 fois traitées
23,25 b
2,00 c
C.V. (%)
21,98
29,44
PPDS (5%)
23,50
11,72
* Dans les colonnes, les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (P = 0,05).
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Numéro 23 - décembre 1998
Tableau 3a : Evolution des populations de Maruca et Cydia sous l'effet de différents
régimes de traitements chimiques à Ina
Campagnes
Régimes de traitement
1990
1991
1992
1993
1994
8,50a*
21,25a
1,50
144,05a
13,50
Parcelles une fois traitées
3,00b
17,50ab
1,00
93,25a
12,75
Parcelles 2 fois traitées
2,25b
10,25b
1,00
117,50a
8,25
Parcelles 3 fois traitées
5,50ab
9,50b
0,75
65,75b
5,25
69,29
23,27
39,22
34,04
50,25
4,50
8,50
Parcelles non traitées
C.V. (%)
PPOS (5%)
27,03
,. Dans les colonnes, les moyennes suivies de mêmes lettres
ne diffèrent pas
significativement (P = 0,05).
Tableau 3b : Evolution des populations de Maruca et Cydia sous l'effet de différents
régimes de traitements chimiques à Angaradébou (1993-1994).
Campagnes
Régimes de traitement
1993
1994
Parcelles non traitées
6,25
Parcelles 1 fois traitées
9,25
Parcelles 2 fois traitées
5,50
Parcelles 3 fois traitées
5,00
C.V. (%)
49,45
PPOS (5%)
_._--- ...- - - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 38
Numéro 23 - décembre 1998
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Dégâts des ravageurs
parcelles
non
traitées
ont donné un
On note une équivalence des traitements
rendement nul. Les parcelles traitées une
chimiques pour les dégâts des papillons
fois ont aussi donné un rendement nul
foreurs et des PSG sur les gousses à
durant la campagne 1994.
l'exception de la campagne 1990 à Ina
où les parcelles traitées trois fois ont
A l'exception de 1992 à Angaradébou
significativement
gousses
où les parcelles traitées trois fois ont
perforées que les autres (tableau 4a).
donné un rendement plus élevé que les
Par contre, sur les deux campagnes à
parcelles traitées deux fois, dans tous
Angaradébou,
parcelles
les cas les rendements sur les parcelles
été
traitées deux fois et traitées trois fois
traitées
une
moins
ce
sont
fois
qui
de
les
ont
plus
attaquées. Les parcelles deux fois et
restent
équivalents.
trois fois traitées comportent moins de
pensée
de
dégâts sans cependant
Ceci renforce
JAKPASU
(1991)
qui
la
a
rapporté qu'on n'a pas besoin de tuer
de différence
significative (tableau 4b). Les parcelles
tous
les
insectes
avant
d'avoir
un
non traitées ont peu ou pas du tout de
rendement optimal sur le niébé.
gousses attaquées. Ceci s'explique par
rendements grains restent plus élevés à
le fait que ces parcelles ayant subi une
Ina qu'à Angaradébou.
Les
forte attaque de thrips ont produit peu
La production de niébé n'est stable ni
ou pratiquement pas de gousses.
dans le temps ni dans l'espace (figure 1
Sur les 2 sites, les dommages causés
et
figure
2).
Cette
production
est
par les PSG ont été observés à tous les
considérablement influencée entre autres
stades de formation des gousses. Ceci
factures par la pluviométrie qui a prévalu
est conforme à l'observation de DREYER
au cours des campagnes. En effet les
et BAUMGÂRTNER (1995).
années de forte pluviométrie influencent
dans le sens de la baisse le rendement
grain dans la mesure où ces années
Rendement en grains
Le rendement
grain
varie
favorisent la pullulation des ravageurs
considéra-
blement d'une année à l'autre. Sur les 2
redoutables
sites,
pensée
les
parcelles
non
traitées
ont
tels
est
que
Maruca.
supportée
par
Cette
celle
de
donné des rendements significativement
DREYER (1994). Selon lui, les relevés
plus
climatologiques de la station de l' liTA
bas
que
celles
traitées.
Les
parcelles 2 fois et 3 fois traitées ont
ont montré que la saison sèche
donné les meilleurs rendements à Ina
1991/92
(tableau
5a).
abondante pluviométrie qui a permis des
s'observe
à
La
même
Angaradébou
tendance
sur
les
a
reçu
une
de
inhabituelle
conditions favorables pour la survie de
2
Maruca.
années de culture (tableau 5b) où les
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Numéro 23 - décembre 1998
Bulletin de la Recherche Agronomique
Tableau 4a : Evolution des dégâts des ravageurs soue différents régimes de traitements
chimiques à Ina
Campagnes
Régimes de
1990
1992
1993
1994
traitements
Gousses
Gousses
Gousses
Gousses
Gousses
Gousses
piquées
perforées
piquées
perforées
attaquées
attaquées
Parcelles non
16,25
8,60a*
17,25
6,75
59,14a
40,75
8,75
4,60ab
14,00
5,00
65,00a
39,00
7,00
5,25ab
16,25
5,75
35,00b
24,75
6,50
0,50c
19,25
4,00
44,75ab
29,50
34,54
33,14
13,41
23,82
34,04
26,61
traitées
Parcelles traitées
une fois
Parcelles traitées
deux fois
Parcelles traitées
trois fois
C.v. lOlo)
Ppds (5%)
*
Dans les colonnes,
22,59
3,95
les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (p = 0,05).
Tableau 4b : Evolution des dégâts des ravageurs sous différents régimes de traitements
chimiques à Angaradébou (1993 et 1994)
Campagnes
Régimes de
1994
1993
traitements
Gousses
Gousses
Gousses
Gousses
piquées
perforées
piquées
perforées
Parcelles non traitées
10,00b*
O,OOb
O,OOb
O,OOb
Parcelles traitées une
25,75a
20,25a
27,50a
37,75
6,75c
0,75b
4,75b
5,OOb
5,75c
O,75b
3,50b
5,25b
14,24
28,79
38,68
26,49
3
17,22
21,36
29,54
fois
Parcelles traitées deux
fois
Parcelles traitées trois
fois
C.v. (%)
Ppds (5%)
40
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Tableau 5a : Rendement en grains (kg/ha) de niébé à Ina au cours de 5 années.
Campagne
1990
1991
1992
1993
1994
8b*
10b
246,21c
38Oc
132b
290a
30b
552,76b
502b
466a
340a
230a
650,35a
860a
540a
250a
140a
727,35a
910a
466a
29,95
44,22
20,11
18,01
32,92
128,96
91,56
95,72
105,24
78,06
Régimes de
traitement
Parcelles non
traitées
Parcelles traitées
une fois
Parcelles traitées
deux fois
Parcelles traitées
trois fois
C.v. (%)
PPDS (5%)
* dans les colonnes, les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (p = 0,05).
Tableau 5b : Rendement en grains (kg/ha) de niébé à Angaradébou au cours de deux
années.
Campagnes
Régimes de traitement
1993
Parcelles non traitées
Od*
Ob
Parcelles traitées une fois
352c
Ob
Parcelles traitées deux fois
438b
310a
Parcelles traitées trois fois
511a
380a
C.v. (%)
10,84
20,92
PPDS (5%)
69,83
75,22
1994
* dans les colonnes, les moyennes suivies de mêmes lettres ne diffèrent pas
significativement (p = 0,05).
"-------------------.,--------------------
41
Bulletin de la Recherche Agronomique
Numéro 23 - décembre 1998
Production grains (kg/ha)
Pluviométrie
1000 r - - - - - - - - = - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - , 1600
800
1400
1200
600
1000
400
800
600
200
400
200
1990
1991
1992
1993
1994
o
Campagnes
-
Non traitée
~ Une fols traJtée
0
Deux fols traitée
~ Trois fois traitée - - Pluviométrie
Figure 1 : Influence du nombre de traitements chimiques sur le niébé à Ina en relation
avec la pluviométrie
Production grains (kg/ha)
Pluviométrie
6 0 0 , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - , 1400
600
1200
1000
400
800
300
200
600
400
100
200
o
993
1994
0
Campagnes
_
Non traitée
fISS:Sl
Une fols traitée
0
Deux fois traitée
~ Trois fols traitées ---- pluviométrie
Figure 2 : Influence du nombre de traitements chimiques sur le niébé à Angaradébou
42
Bulletin de la Recherche Agronomique
Numéro 23 - décembre 1998
Considérations économiques
manière efficace sans
une protection
Les calculs statistiques ont prouvé qu'il
auteurs attestent que la lutte chimique
n'y a pas de différence significative
est la plus efficace contre les ravageurs
entre les parcelles traitées deux fois et
du niébé (DINA, 1979 ; FONDOHAN,
celles traitées trois fois. Au-delà de la
1982 ; TA'AMA, 1983 ; JACKAï et
statistique, des considérations d'ordre
NDLOVU,
économique
traitement
chimique adéquate. En effet, plusieurs
ont
permis
d'envisager
1988). Cette efficacité du
chimique
est
regle
par
autrement le problème. En effet durant
d'importants facteurs: le mode d'action
les campagnes 1992 et 1993 à Ina et en
de l'insecticide, son activité résiduelle,
1993 à Angaradébou (soit trois cas sur
c'est à dire sa rémanence, et son mode
sept). les parcelles traitées trois fois ont
d'application
donné 77, 50 et 73 kg de plus que les
1988).
parcelles traitées deux fois. Ces surplus
de Cyfluthrine-Malathion a permis de
ont
contrôler
généré
variables
des
selon
valeurs
les
monétaires
périodes
où
«
Kinikini
les
rendements
le
(JACKAï
Il,
et
NDLOVU,
un binaire composé
déprédateurs,
d'où
les
sur
les
obtenus
élevés
producteur commercialise son niébé sur
parcelles traitées par rapport à celles
le
ratio
non traitées (tableaux 6a et 6b). Son
n'est
avantage réside dans
cette
mélange est constitué d'un pyréthrinoïde
commercialisation est effectuée cinq à
et d'un organo phosphoré (Laboratoire
six mois après la récolte.
de Défense des Cultures (LDC), 1990).
marché
(tableau
bénéfice/coût
intéressant
6a).
(tableau
que
Le
6b)
quand
En
ce
qui
le fait que Je
concerne
le
mode
d'application, les parcelles traitées deux
DISCUSSION
fois ont fourni des résultats équivalents
à celles traitées trois fois qui sont
Sur les 2 sites les parcelles non traitées
ont
fourni
des
significativement plus
rendements
bas que
celles
d'un complexe entomofaune parasitaire
varié.
parasitaire,
la
consacrée
entre
autres
étude
s'est
aux
plus
c'est
rendement
à
dire
plus
de
quelque
fois
dégagé
des
parcelles 3 fois traitées par rapport à
celle 2 fois traitées n'est rémunérateur
importants ravageurs à savoir les thrips,
la chenille foreuse des fleurs et
résiduelles,
d'activités
plus
Sur le plan économique, le surplus de
De ce complexe
présente
avoir
rémanence.
traitées, à cause de l' activité alimentaire
important et
supposées
qu'à
des
la condition
attende
gousses, le tortricide et diverses espèces
5
à
6
que
le producteur
mois
avant
de
commercialiser son niébé (tableau 6b).
de punaises suceuses de gousses. Leur
action néfaste ne peut être jugulée de
43
Bulletin de la Recherche Agronomique
Numéro 23 - décembre 1998
Tableau 6a : Gain de production de grain obtenu sur des parcelles traitées trois fois par
rapport à celles traitées deux fois
Ina (1992)
Ina 1993
Angaradébou
1993
Surplus (kg/ha)
77
50
73
(727 - 650)
(910 - 860)
(511 -438)
Valeur monétaire (1)
11550 FCFA
7500 FCFA
10.950 FCFA
Bénéfice
(77 x 150 F)
(50 x 150 F)
(73 x 150)
Valeur monétaire (2)
38500 FCFA
25000 FCFA
36.500 FCFA
(77 x 500 F)
(50 x 500 F)
(73 x 500)
(1) Vente aussitôt après récolte
(2) Vente 5 - 6 mois plus tard
Tableau 6b : Dépenses supplémentaires occasionnées par le 3e traitement chimique et
rapport bénéfice/coût (B/C)
Ina (1992)
Ina
Angaradébou
(1993)
1993
14.400
14.400
14.000
2.250
2.250
2.250
900
450
900
17.550
17.100
17.550
(1)
0,66
0,44
0,62
(2)
2,19
1,46
2,07
Coût insecticide (FCFA/1)
Amortissement appareil de traitement
(FCFA)
Coût de traitement de stock (FCFA)
total coût (C)
Rapport (B/C)
(1) (B/C) aussitôt après récolte
(2) (B/C) 5 - 6 mois plus tard
44
Numéro 23 - décembre 7998
Bulletin de la Recherche Agronomique
Les considérations telles que le prix
rentable qu'à la condition que le niébé
d'acquisition
soit livré sur le marché cinq à six moi a
de l'insecticide
(14.000
FCFAlha), l'attente de 5 à 6 mois avant
après la récolte.
de livrer le produit de récolte sur le
marché poussent à choisir de traiter 2
Compte tenu de ce qui précède, on peut
fois le niéhé en cours de végétation.
affirmer que deux traitements suffisent
Traiter 2 fois nous semble le meilleur
pour obtenir une bonne production de
traitement
surtout
pour
niébé.
exploitant
agricole.
Ce
présente
aussi
le
petit
traitement
l'avantage
de
moins
Traiter deux fois le niébé au champ
donnera
polluer l'environnement.
un
rendement
encore
plus
intéressant si les considérations ci-après
sont prises en compte:
- la formation des producteurs à
CONCLUSION
la
Sur les deux
reconnaissance
des
principaux
ravageurs du niébé,
sites et à travers les
le
campagnes, les parcelles non traitées
respect
des
doses
ont souffert plus d'attaque des insectes
recommandées de molécules chimiques
ravageurs et ont produit les rendements
à large spectre d'action,
les
plus
bas
montrant
ainsi
- l'utilisation de variétés de niébé
qu'en
à floraison groupée,
absence de protection, il existe une
- l'utilisation de variétés de niébé
menace certaine de cette culture par un
complexe entomofaune parasitaire dont
présentant
les plus dommageables sont les thrips,
tolérance
les punaises suceuses de gousses et les
insectes ou groupes d'insectes
été
différence
observé
qu'une fois
significative
entre
une
certaine
vis-à-vis
la
Lépidoptères foreurs de gousses.
Il n'a
une
résistance
de
certains
connaissance
du
phénologique
du
niébé
maîtrise
la
période
de
/
stade
et
la
critique
d'intervention pour les traitements.
les
parcelles traitées deux fois et celles qui
le
sont
trois
traitements
sur
fois
les
pour
l'effet
populations
des
Références bibliographiques
de
Maruca et de Cydia. Excepté ce cas on
n'observe pas de différence significative
BAL,
A.
B.
1990.
Les
principaux
entre les deux traitements s'agissant des
insectes du niébé dans le Sahel.
autres ravageurs et le rendement grain.
Sahel P.V. info W29; décembre
1990.
Les calculs économiques ont montré que
le surplus de rendement grain généré par
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