Voici venu le temps des « hard policies ».

Transcription

Voici venu le temps des « hard policies ».
PARTIE 1 :
VOICI VENU
LE TEMPS
DES « HARD
POLICIES »
5 | VOICI VENU LE TEMPS DES «HARD POLICIES»
Le premier constat qui doit pousser les écologistes à redoubler leurs
efforts, c’est que nous sommes définitivement sortis de la période des
« easy policies » pour entrer dans les « hard policies ». La transition
écologique se heurte à des résistances de plus en plus grandes. Nous
devons bien les identifier et poursuivre la lutte. Quelques exemples :
• Comme l’explique CLAUDE TURMES1 député vert au Parlement européen, dans son évaluation de la période 2009-2014, les producteurs
d’énergies fossiles veulent continuer à profiter des retombées des
500 milliards d’euros de gaz, de pétrole et de charbon qui sont
importés chaque année dans l’UE. Mais l’UE doit et peut retrouver
le leadership qu’elle a perdu dans les négociations climatiques.
• Les banques et le secteur financier en général préfèrent que ce soient
les contribuables qui payent pour leurs comportements irresponsables. PHILIPPE LAMBERTS2 narre quelles ont été les (modestes
mais réels) succès des Verts pour réguler le secteur financier et
quelles sont les principales urgences pour la prochaine législature.
• Les lobbies de l’agriculture industrielle entendent préserver un
système qui détruit l’environnement, qui fait souffrir les agriculteurs et qui rend malade les consommateurs. Les grands partis
européens et leurs relais belges portent une grosse responsabilité
dans l’échec de la réforme de la Politique Agricole Commune
dans un sens non-productiviste. JOSÉ BOVÉ les explique3.
• Les États européens ont eu trop tendance à accepter que le droit
à la vie privée soit méprisé et que l’accès aux données soit de plus
en plus privatisé et contrôlé. JAN PHILIP ALBRECHT4 explique ici
comment les Verts ont été les meilleurs relais des mouvements
sociaux pour les droits digitaux et sont parvenus à bloquer le projet
ACTA.
• Dans toute l’Europe, nous sommes confrontés à une montée d’un
nouveau conservatisme moral. ULRIKE LUNACEK5 montre comment
les Verts se battent en Europe pour les droits des LGBT.
Le troisième constat est que la fatigue démocratique se nourrit de
l’impression de l’incapacité du monde politique à sortir de ses jeux
fermés et à vraiment prendre les problèmes des citoyens à bras le
corps. Elle est aussi alimentée par le manque de réformes démocratiques, dans le sens de plus de participation en dehors des périodes
électorales. Des pistes concrètes existent sur ce plan, comme l’ont
montré ISABELLE DURANT et GESINE SCHWAN10.
Quatrième constat, les écologistes doivent continuer à semer des
« graines de long terme » dans les participations gouvernementales :
les réformes structurelles sont peut-être moins « vendables », leurs
effets sont plus importants à long terme.
6http://www.greeneuropeanjournal.eu/forbidding-overfishing-europe/
7http://lipietz.net/?page=blog_forum&id_breve=493
8http://www.ecolo.be/?-les-temps-changent-12-propositions-pour-une-transition-juste9http://europeangreens.eu/sites/europeangreens.eu/files/Manifeste%20Commun%202014_0.pdf
10http://www.greeneuropeanjournal.eu/pathways-europe-citizens/
1http://www.greeneuropeanjournal.eu/climateenergy-empire-strikes-back/?lang=french
2http://www.greeneuropeanjournal.eu/green-struggles-victories-mainstream-orthodoxy/?lang=french
3http://www.greeneuropeanjournal.eu/greens-and-farmers-the-new-alliance/
4http://www.greeneuropeanjournal.eu/green-victories-digital-rights/
5http://www.greeneuropeanjournal.eu/improving-lgbt-rights-times-conservative-reaction-2/
ÉTOPIA | L’ÉCOLOGIE POLITIQUE EST UN SPORT DE COMBATS|
• Moins médiatisé, l’enjeu de la biodiversité est pourtant tout aussi
important que l’enjeu climatique. ISABELLA LÖVIN6 raconte ici
comment elle est parvenue à interdire la surpêche dans l’Union
européenne.
Le second constat, plus global, est que tous les partis non-écologistes,
défendent soit le néo-libéralisme, soit le productivisme, soit les deux
à la fois (ce qu’ALAIN LIPIETZ appelle le libéral-productivisme)7. À
gauche comme à droite, ils continuent de penser, soit que la compétition de tous avec tous, soit que la croissance de la production et
de la consommation, sont intrinsèquement bonnes, ou encore qu’il
faut à la fois réduire toutes les régulations et pousser la croissance à
n’importe quel prix. Plus généralement, la crise a renforcé tous les
conservatismes. Cela ne facilite pas les réformes que les écologistes
veulent mettre en œuvre. Ce n’est pas une raison pour mettre nos
priorités en berne8 et agir de manière concertée au plan européen9.
6
7 | VOICI VENU LE TEMPS DES «HARD POLICIES»

Documents pareils