Géographie coloniale, géographie tropicale et géographie du

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Géographie coloniale, géographie tropicale et géographie du
Géographie coloniale, géographie tropicale et géographie du développement
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Constituée à la fin du XIXème siècle, sous l'autorité de Vidal de la Blache, l’école française de
géographie porte son attention sur deux types de terrain : l'un plutôt proche (métropole et
Europe), l'autre plutôt lointain (empire colonial). Cet intérêt disciplinaire pour l'appréhension
d'un "ailleurs" extra-européen n'a jamais été démenti et semble avoir connu quatre séquences
épistémologiques contemporaines d'évènements géopolitiques majeurs: l'exploration, la
colonisation, la décolonisation et la période post-coloniale. Quatre champs de recherche s'en
sont dégagés :
* La géographie de l'exploration, le plus souvent pratiquée par des non géographes,
s'appuierait sur l'observation et la description d'espaces fraîchement découverts (A. Ricard, H.
Blais, F. Driver, I. Surun).
* La géographie coloniale, mise en place et développée sous l'impulsion de Marcel
Dubois, illustrée par des universitaires, des militaires, des missionnaires et des
administrateurs, aurait constitué un laboratoire de la modernité notamment dans son rapport
avec la construction des savoirs aménagistes (V. Berdoulay, O. Soubeyran).
* La géographie tropicale, dont les balbutiements remontent aux années 1930 et
l'épanouissement au milieu du 20ème siècle, en se fondant sur la notion de "tropicalité", aurait
tenté d'établir, dans un cadre naturaliste, un lien homme-milieu ( M. Bruneau, J.P. Raison).
* La géographie du développement, à partir des années 1960, proposerait autour de
différentes déclinaisons du concept (sous-développement, en développement, développement
durable) une analyse des rapports économiques et politiques entre pays riches et pays pauvres
(Y. Lacoste, M. Santos).
Cette typologie n'a bien sûr qu'une visée heuristique et cette succession qui fonctionne
souvent comme un a priori dans la communauté des géographes ne prouve en rien qu’il existe
une filiation intellectuelle. De ce fait, notre interrogation porte non sur les quatre champs
appréhendés comme des corpus de savoirs autonomes mais sur la nature des liens qui les
unissent. Ainsi, y a-t-il rupture ou substitution, coexistence ou continuité entre ces quatre
géographies ? Peut-on en dater l'émergence et le déclin ou du moins en périodiser les
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moments forts ? Se sont-elles constituées en paradigmes cohérents et unifiés ? Les objets,
méthodes, terrains, et institutions particuliers à chacune de ces géographies ont-ils été
construits de façon autonome, en opposition ou en filiation ? Quels groupes sociaux
(voyageurs, romanciers, médecins, experts...) portent ces différents discours géographiques ?
Comment ces différents savoirs s'insèrent- ils dans la science géographique ?
Au total, nous inscrivons notre réflexion dans un cadre pluridisciplinaire, croisant notamment
l'analyse épistémologique et l'histoire sociale et intellectuelle des savoirs et pratiques
géographiques.
Pour ce faire, nous proposons une recherche en quatre temps sous la forme de
journées d'études (2005, 2006,2007).
1. Une réflexion sur "géographie d'exploration et géographie coloniale" en octobre
2005.
2. Une réflexion sur la "géographie tropicale" en 2007.
3. Une réflexion sur la "géographie du développement" en 2008.
Ces trois séries de journées d'études donneront lieu chacune à la publication d'un
ouvrage ayant pour objectif de faire le point sur l'état des connaissances en la matière.
4. Une synthèse de ces trois séminaires en fin d'année 2008
La réflexion sur les relations entre ces quatre géographies sera animée par quatre
personnalités scientifiques qui suivront, à chaque étape, notre démarche et participeront aux
travaux de synthèse.
François BART, Christian BOUQUET, Bernard CALAS, Hélène GRACIET-VELASCO (Géographie, ADESDymset Bordeaux), Pierre SINGARAVELOU (Histoire, MSHA Bordeaux et IHMC Paris)
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