les Carrières du Hainaut à Soignies - Groupe PS

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les Carrières du Hainaut à Soignies - Groupe PS
les Carrières du Hainaut à Soignies
Question orale - 30/09/2014 - Patrick Prévot - Parlement de Wallonie - Economie
Destinataire
Jean-claude Marcourt, Ministre de l'Économie, de l'industrie, de l'Innovation et du
Numérique
Monsieur le Ministre, le 11 septembre 2014 dernier, le conseil d'entreprise
exceptionnel des Carrières du Hainaut a annoncé le licenciement d'une
demi-douzaine d'employés dont un ingénieur-cadre. Le département concerné est
celui de la transformation de la pierre, il emploie 150 personnes. Si la direction
déclare qu'il ne s'agit pas là d'un indice de mauvaise santé économique de
l'entreprise, la réorganisation de ce département laisse planer de sérieux doutes
quant à l'évolution de l'activité de transformation au sein même de l'entreprise des
Carrières du Hainaut. Depuis plus de 125 ans, les Carrières du Hainaut emploient
plusieurs centaines de personnes et disposent de ressources naturelles permettant
une activité d'extraction et de transformation de la pierre bleue pendant de
nombreuses années. À cette ressource s'ajoute également un savoir-faire de
transformation, essentiel à la création de plus-values. La richesse de la pierre bleue
du Hainaut a créé un véritable pôle de compétence dans la région de Soignies et
occupe, actuellement, plus de 2 500 emplois directs et indirects. L'atout majeur
écologique de la pierre bleue du Hainaut est que les étapes entre son extraction, sa
transformation et sa mise en application sont brèves et peu polluantes, c'est-à-dire
globalement peu consommatrices d'énergie et entraînant peu de rejets nuisibles à
l'environnement. Or, parallèlement à cette réorganisation, on apprend également
que l'entreprise a récemment entamé la vente d'une quantité importante de blocs
bruts à une marbrerie localisée en Chine, blocs qui ne seront donc pas transformés
à Soignies. Il semblerait en outre que les départements de transformation de la
pierre ne manquent pas de travail. D'autre part, il s'avère que les actionnaires
propriétaires des Carrières du Hainaut n'ont plus investi dans les outils de
transformation depuis de nombreuses années, et ce, malgré des bénéfices dégagés
substantiels. Dès lors, quelles sont leurs intentions et quels sont les investissements
prévus pour permettre de répondre au volume de travail à livrer ? De même,
pourrait-on connaître la part de travail délocalisé ou réalisé en soustraitance ? En ce
qui concerne l'exportation ou l'exportation « déguisée », connaît-on la proportion de
matières premières exportées sous forme brute et celle exportée sous forme
travaillée ? Par cette question, j'entends donc également relayer les préoccupations
légitimes des ouvriers, des employés, mais également des autorités communales
qui nourrissent des craintes quant à l'avenir de ce leader européen dans l'extraction
et la transformation de la pierre bleue. Les autorités locales sont en contact avec
l'entreprise depuis plusieurs décennies. Un dossier d'extension de la zone
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d'extraction a d'ailleurs été introduit depuis un peu plus d'un an par les Carrières du
Hainaut. Ce dossier a été introduit afin de pérenniser l'activité telle qu'à son niveau
actuel. Soignies dispose d'une main-d'oeuvre de qualité et d'un savoir-faire unique.
Il est dès lors inconcevable que l'avenir des carrières soit réduit à l'extraction et à
l'exportation de la pierre brute. La pierre bleue du Hainaut doit être transformée au
sein de l'entreprise et pas en Chine ou dans d'autres pays. Monsieur le Ministre, des
débats se sont déjà tenus au sein du Parlement wallon au sujet des pierres et
marbres de Wallonie, de la problématique de leurs exportations et des importations
concurrentes de pierres asiatiques. Une directive a notamment reconnu les
caractéristiques supérieures de la pierre bleue régionale, notamment dans le cadre
de sa valorisation au sein des marchés publics. Plus largement et à l'heure d'une
sous-traitance dans des pays où le coût de la main-d'oeuvre est accessoire, voire
dérisoire, la pérennisation de la transformation des pierres wallonnes sur leurs sites
d'extraction s'impose. Pour toutes ces raisons, pourriez-vous nous informer sur l'état
actuel des contacts avec l'entreprise et ses travailleurs ? De manière plus générale,
pourriez-vous faire le point sur ce dossier ?
Réponse
Monsieur le Député, hormis les articles de presse dans lesquels l'information a été
relayée, mon cabinet n'a pas été informé de la réorganisation envisagée, s'agissant
d'ailleurs d'aspects purement relatifs au fonctionnement de l'entreprise. Cependant,
suite à votre question, des contacts ont été pris afin de connaître les raisons de ces
licenciements et d'obtenir des explications quant à l'exportation de blocs bruts. Sur
le premier volet, la société a souhaité se réorganiser en interne et, dans ce cadre,
supprimer des emplois d'encadrement. Sur les six personnes concernées, deux ont
réintégré des services de production. À côté de ces licenciements, il est également
prévu d'engager un ingénieur. L'équipe commerciale vient aussi d'être complétée
par quatre postes. Il faut rappeler également que le volume de travailleurs ouvriers,
en 2013, est passé de 300 à 308 personnes cette année. À noter que le volume
d'activité a augmenté de 9 % par rapport à 2013 sur la même période. Cette
augmentation implique une augmentation de 20 % sur les produits débités et
façonnés, une augmentation de 9 % des volumes sur les tranches, et une diminution
de 15 % sur les blocs et sur les produits non transformés. Pour ce qui est de la
vente de blocs en Chine, elle concerne la vente à une entreprise chinoise active
dans la réalisation de projets immobiliers qui utilise des pierres d'origine étrangère à
la Chine. Ces blocs ont été vendus en insistant sur la qualité de la pierre et en
sollicitant un certain nombre de conditions quant à son utilisation. L'entreprise
réaffirme que sa stratégie est de limiter la vente de blocs à l'extérieur et de favoriser
la vente de tranches et de produits débités et façonnés à l'extérieur. Toutefois, la
vente de ces blocs était une opportunité de mettre en évidence la qualité de nos
pierres à l'étranger. M. le Président. - La parole est à M. Prévot. M. Prévot (PS). Merci pour votre réponse, Monsieur le Ministre. Depuis le dépôt de ma question, le
collège communal a rencontré la direction des carrières qui a eu, à l'instar du vôtre,
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un discours un peu plus rassurant. Néanmoins, au sein de l'entreprise, employés et
ouvriers continuent à douter de l'implication réelle des actionnaires, en tout cas de
leur carnet de marche des prochaines années. Le Conseil communal de Soignies a
néanmoins voulu rester vigilant et a apporté son soutien plein aux employés et aux
travailleurs en déposant une motion, tous partis confondus. Nous ne manquerons
donc pas de rester vigilants parce que la carrière bleue du Hainaut ne pourra jamais
se limiter à de l'extraction-exportation.
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