CHAPITRE 14 LES PROCEDES D`ENFILAGE DES PERLES

Transcription

CHAPITRE 14 LES PROCEDES D`ENFILAGE DES PERLES
CHAPITRE 14
LES PROCEDES D'ENFILAGE DES PERLES-LECONS:
COMPTAGE ET SERIAGE
Les forces cristallisantes mnémoniques permettent aux milieux traditionnels d’élaborer,
au cours des siècles, leurs récitations et de les porter de mémoire, avec facilité et exactitude.
Ces récitations de longueur variable constituent, comme nous l'avons dit, ce que Marcel
Jousse appelle métaphoriquement des perles-leçons, car ce sont de véritables joyaux de
rythmique et de sémantique, malgré leur caractère d’abord pédagogique. Le problème qui se
pose alors aux mémorisateurs est de conserver la totalité de ces perles-leçons. En effet,
chaque génération apportant sa contribution, le trésor de ces perles-leçons ne cesse
d’augmenter, avec l’écoulement des temps. Mettre par écrit ces perles-leçons, ou bien
simplement dresser la liste écrite de ces perles-leçons, n’appartenant pas aux habitudes de ces
milieux, qui fonctionne presque exclusivement dans l’oralité, la nécessité va s’imposer de
trouver des moyens mnémotechniques pour conserver la totalité du trésor. Le meilleur moyen
de conserver des perles n’est-il pas de les enfiler et d’en constituer un collier. C’est très
exactement ce que vont faire ces milieux traditionnels pour conserver la totalité de leurs
récitations et c’est leur subtile manière d’enfiler les perles-leçons que nous allons étudier
maintenant.
La première chose à faire, face à cette collection de perles-leçons, est d’en effectuer un
comptage, afin de savoir exactement ce qu’on a, et de n’en rien perdre. La seconde chose à
faire est d’en effectuer un sériage, c’est-à-dire de les regrouper par catégories suivant un
nombre déterminé d’avance. La troisième chose à faire est d’en effectuer un ordrage
sémantique, c’est-à-dire de mettre les perles-leçons, à l’intérieur d’une série nombrée, dans
un certain ordre logique, afin de permettre à la mémoire de passer facilement, d’une perleleçon à l’autre, sans défaillance. Cet ordrage sémantique peut être renforcé par un ordrage
technique, que Marcel Jousse appelle agrafage, qui vient faciliter le passage quasi
automatique, aussi bien, d’un schème rythmique à un autre schème rythmique, que d’un
récitatif à un autre récitatif, ou que d’une récitation à une autre récitation.
Ces procédés relèvent d’une intervention volontaire de l’homme et constituent ce que
Jousse appelle les procédés mnémotechniques. Marcel Jousse n’a malheureusement pas eu le
temps d’en réaliser une présentation synthétique, comme ce fut le cas pour les forces
cristallisantes. C’est pourquoi, nous nous attarderons plus longuement sur ces procédés que
nous ne l’avons fait pour les forces. Ce qui suit ne constitue toutefois qu’une approche
provisoire d’une immense question que les spécialistes ne font qu’entre-apercevoir. Nous
nous appuyons sur les cours oraux de Marcel Jousse ainsi que sur ce que Gabrielle Baron
appelle les Dernières dictées, qui sont la dactylographie effectuée par celle-ci sous la dictée
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
129
de Marcel Jousse, au moment où, à la fin de sa vie, celui-ci entamait la synthèse finale de son
œuvre, interrompue brusquement par la maladie qui devait l’emporter 198.
LE COMPTAGE
Il est intéressant de noter que les Juifs, pour désigner le rouleau sur lequel est écrit la
Tôrâh, utilisent le mot séfer (182 fois dans l’Ancien Testament), dont l’étymologie la plus
certaine signifie compter.
Tout est compté: le nombre de schèmes rythmiques aussi bien que le nombre de
récitatifs.
Le comptage des schèmes rythmiques
André Chouraqui, dans sa traduction de la Bible, donne à la fin de chaque livre, le
décompte des Massorètes. A ce sujet, il fait le commentaire suivant:
"Les Massorètes ont assuré la garde et la transmission fidèle du texte original de la Bible grâce
notamment à la comptabilisation de ses versets."
Voici, à titre d’exemple, le décompte des Massorètes, pour le livre de la Genèse:
"Nombre total de versets: 1534.
Le milieu du texte se trouve au verset:
Sur ton épée tu vivras (ch. 27 v. 40).
Ses sections sont au nombre de 12.
Ses divisions sont au nombre de 43.
Ses chapitres sont au nombre de 50.
Nombre d’alinéas: 43
Nombre d’espacements: 48
Au total: 91 alinéas et espacements."
Les chiffres ayant une valeur symbolique, on ne s’étonnera pas de constater que souvent
le décompte s’ordonne autour d’un nombre ayant un rapport symbolique avec le texte.
"M. le Professeur A. Allgeier se replace en pleine psychologie hébraïque traditionnelle quand il
“compte” les 222 versets de l’édition massorétique de l’Écclésiaste avec la valeur numérique du mot
“aide-mémoire” kebâr (déjà, depuis longtemps) qui est précisément de 222. Or, on sait que ce mot est
curieusement caractéristique de cette composition philosophique et se rencontre notamment dans le
verset du milieu. En outre, le mot pivot hébel (vanité) équivaut numériquement à 37, qui est le
sixième de 222." 199
Les générations de Jésus le Messie, dans l’Évangile de Matthieu, s’ordonne autour du
nombre 14, qui est le nombre de David. On sait, en effet, que chaque lettre hébraïque sert
aussi de nombre et qu’on obtient le nombre d’une personne en additionnant les différents
nombres constitués par les lettres de son nom. Matthieu n’hésite pas à supprimer des noms
dans la liste pour la ramener systématiquement à 14.
198
Les Cours oraux de Marcel Jousse sont restés, à ce jour, inédits et déposés dans les archives de l ‘Association
Marcel Jousse, où ils peuvent être consultés. Quant aux Dernières Dictées, Edgar SIENAERT, professeur à
l’université de Dublin (Afrique du Sud), en a tenté une mise en forme qui a été publiée par les soins de
l’Association Marcel Jousse (1999).
199
Marcel JOUSSE, Conférence à l’Institut Biblique Pontifical, Rome, 1927.
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
130
"Donc, pour toutes les Générations:
depuis “Abraham” jusqu’à “David”:
quatorze générations.
Et depuis “David” jusqu’à “la déportation à Babylone”:
quatorze générations.
Et depuis la “déportation à Babylone” jusqu’au “Messie”:
quatorze générations." (Mt 1, 17)
Mais ces 3 fois 14 générations du Messie viennent s’ajouter aux 3 fois 10 générations de
la Genèse, pour constituer un nouveau nombre symbolique:
"Dans la Genèse: 3 cycles de 10:
du commencement à Adam
d’Adam au Déluge
de Noé à Abram.
3 fois 10 engendrements.
Dans l’Évangile: 3 cycles de 14:
d’Abraham à David
de David à la Déportation
de la Déportation à Jésus.
3 fois 14 engendrements.
Soit au total 30 + 42 = 72. Encore un chiffre-clé de la Bible." 200
Dans le psaume 119, les versets sont groupés par série de 8 et chaque verset commence
par la même lettre-chiffre de l’alphabet. Comme il y a 22 lettres dans l’alphabet hébraïque,
cela fait donc 22 fois 8 versets. Les Béatitudes des Évangiles sont basées sur le chiffre 8,
comme le psaume 119 qui commence par une béatitude. Elles se divisent donc en 2 fois 4
versets. Mais chacune exalte le bonheur des disciples, en hébreu tov (= bien, bonheur, bon,
bonté) dont l’initiale est la lettre teth = 9. Aux huit premières béatitudes, Rabbi Iéshoua
accroche donc une neuvième béatitude.
Comptage et sens caché
Le fait que le comptage s’organise autour de nombres symboliques nous fait découvrir
que ce comptage n’est pas qu’un simple procédé mnémotechnique. On peut d’ailleurs en dire
autant de tout procédé mnémotechnique: il touche à la fois à la forme et au fond. Il n’est
jamais uniquement aide à la mémorisation, il est aussi aide à la compréhension d’un sens
caché qui, d’ailleurs, échappe souvent à la simple lecture oculaire et ne se révèle qu’au
récitateur-mémorisateur.
C’est ainsi, par exemple, que la composition des Béatitudes autour du nombre 9 est à la
fois mnémotechnique et symbolique. Cela nous renvoie à la symbolique du nombre 9 qui est
le nombre de l’accomplissement. En effet, le nombre 9 s’écrit en hébreu avec la lettre Teth
dont le dessin est celui d’un serpent qui se mord la queue, et dont Annick de Souzenelle nous
développe la symbolique:
200
Émile MOREAU, De bouche à bouche… La Bible, transmission vivante, Résiac, 1977, p. 43.
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
131
"Cet animal symbolise la montée de l’énergie. Il rampe d’abord, puis est appelé à se redresser
(avec la croix rédemptrice) et à monter le long de la colonne vertébrale, pour arriver à la tête où ayant
achevé son cycle, le langage symbolique dit du serpent qu’il se mord la queue.
"La neuvième lettre de l’alphabet, … exprime la perfection de la Création, la réintégration quasi
totale des énergies au divin…" 201
Les Béatitudes ne sont-elles pas le chemin offert, à tout appreneur du Royaume des
Cieux, pour son accomplissement d’homme parfait. Il convenait donc que le nombre de
béatitudes exprimât, par lui-même, cet accomplissement promis.
Ou encore qui ne serait attentif à l’effet de sens très important qui résulte de la septuple
récurrence de l’expression “la parole”, dans le récitatif de l’explication de la parabole du
Semeur, telle que nous la trouvons dans la Pschitta 202, avec, à la septième fois, comme point
d’orgue, l’expression “ma parole” au lieu de “la parole”.
"Quiconque entend la parole du royaume et ne la comprend pas en elle
le mauvais vient et s’empare de la parole qui est semée dans son cœur
c’est ce qui au bord du chemin a été semé
Et ce qui sur du rocher a été semé
c’est celui qui entend la parole et à l’heure même l’accepte avec joie
Mais il n’a pas de racines en elle, il n’est que l’homme d’un moment
et qu’advienne une angoisse ou une persécution à cause de la parole
rapidement il chancelle
Et ce qui parmi les épines a été semé
c’est celui qui entend la parole
et le souci de ce monde
et les leurres de la richesse étranglent la parole
si bien qu’elle sera sans fruits
Mais ce qui sur une terre bonne a été semé
c’est celui qui entend MA parole
et comprend et donne des fruits
et il fait l’un cent, l’autre soixante et l’autre trente."
(Mt 13, 19-23, traduction Claire MAZAS)
Le comptage des récitatifs
Les schèmes rythmiques se regroupent pour former des récitatifs. Il est également
important de connaître le nombre de ces récitatifs, surtout si on n’a pas pris le soin de les
sérier suffisamment, comme nous allons le voir ensuite.
Voici un exemple vivant de comptage des récitatifs, saisi sur le vif, chez un barde breton:
201
Annick de SOUZENELLE, La lettre, chemin de vie, Albin Michel 1993, p. 104.
202 Pschitta, autrement dit “la simple” est la version syriaque officielle de toute la Bible, réalisée sous la
conduite de Rabbula, évêque d’Édesse qui siégea de 411 à 435.
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
132
"Ce qu’il ne disait pas, c’est qu’au début, quand il embrassa la profession de barde, il dut comme
son maître Jean l’aveugle, pour se rappeler, emprunter au boulanger le procédé mnémonique dont il se
servait dans son enfance pour se rappeler le nombre de pains qu’il avait fournis à crédit. A chaque
strophe composée par lui, il taillait une coche dans un bâton. La précaution n’était pas inutile. C’est
qu’en effet, ces chansons étaient interminables et à mesure qu’il les dictait au prote, il suivait du doigt
sur sa baguette, ne lâchant une coche que quand il avait fini de dicter une strophe. Si la chanson dictée,
il restait de surcroît une entaille ou deux, c’est que sa mémoire l’avait trahi. Il la reprenait
mentalement et n’avait pas de peine à retrouver les strophes égarées. J’ai vu ainsi tels de ces bâtons
qu’il jetait ensuite et qui ne portait pas moins de 118 incisions: cela prouve qu’il y avait 118 strophes."
203
LE SERIAGE
Connaître le nombre de récitatifs ne suffit pas à en permettre la récitation continue, sans
faille. Il est plus astucieux d’en faire des paquets nombrés, de les regrouper en séries. C’est ce
que Marcel Jousse appelle: le partage pour le portage en vue du présentage 204.
Le sériage chez Homère
Ce sériage se retrouve, par exemple, chez Homère, où, d’après un spécialiste, on retrouve
le même nombre de schèmes rythmiques entre chaque moment important de l’action:
"Comme l’usage de l’écriture [tel que nous l’avons parmi nous] semble avoir été assez peu connu
chez les Grecs du temps d’Homère, il m’a paru tout naturel de me demander si l’on ne pourrait pas
trouver, dans les [Récitations] homériques, quelque procédé artificiel qui aidât à leur conservation
dans la mémoire des hommes. Le plus simple de ces adjuvants mnémotechniques est celui du nombre
[des Schèmes rythmiques]. Je commençai donc à étudier la longueur numérique de chacun des
groupes distincts d’événements qui forment la structure de l’Iliade. Car si c’était un procédé connu que
chacun de ces groupes fût exactement englobé dans un nombre défini de [Schèmes rythmqiues], les
divers Récitateurs à la mémoire dequels il avait été confié pouvaient alors contrôler de temps en temps
la fidélité de leur science. S’ils la trouvaient en défaut, ils pouvaient aisément réparer ce déficit en se
faisant réciter les uns les autres, [ou, suivant la puissante et intraduisible métaphore héraïque, en se
rebâtissant, en s’édifiant, en se reconstruisant, en s’instruisant les uns les autres]. Au cours de mes
investigations, je ne pouvais m’empêcher d’être frappé du fait suivant: les incidents qui surviennent
entre deux moments importants de l’action sont souvent compris dans le nombre exact de 300
[Schèmes rythmiques] ou dans un nombre ne le dépassant pas de beaucoup. En examinant plus
attentivement ces derniers groupes surnuméraires à la lumière des doutes que les érudits avaient été
amenés à jeter sur certains [Schèmes rythmiques], je trouvai qu’ils pouvaient être réduits au nombre
rond de 300 avec une netteté et une facilité surprenantes." 205
Le sériage dans les évangiles
Les textes évangéliques peuvent être classés en deux catégories: d’une part, les dits de
Rabbi Iéshoua de Nazareth, qui nous transmettent son enseignement, d’autre part, les faits de
Rabbi Iéshoua , qui nous transmettent ses actions, et plus particulièrement ses miracles.
Un premier sériage mnémotechnique va donc consister à regrouper ces textes en séries de
dits ou en séries de faits.Un deuxième sériage mnémotechnique va consister à regrouper les
dits ou les faits de Rabbi Iéshoua autour d’un nombre déterminé, à valeur symbolique, comme
5, 7 ,10 ou 15, par exemple.
203
Charles LE GOFFIC, Au pays d’Armor,(p. 84), cité par Marcel JOUSSE dans Hautes-Études, 20 janvier
1943, 9° cours, Les Pitgâmâs des Paysans galiléens, p. 146.
204
cf Marcel JOUSSE, Dernières Dictées.
205
SMYTH, The composition of the Iliad, Londres, 1914, cité par Marcel JOUSSE, Le Style oral rythmique et
mnémotechnique chez les Verbo-moteurs, AMJ 1981, p. 298.
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
133
C’est ainsi, par exemple, que l’évangile de Matthieu comporte 5 longs rythmocatéchismes de synthèse, centrés sur le Royaume des Cieux. Chacun de ces 5 rythmocatéchismes sont introduits par 5 sections de récits historiques et se terminent par la même
formule conclusive:
Rythmo-catéchisme sur la montagne (Mt 5-7) avec la formule finale (7, 28): "Et il advint
quand Jésus eut achevé ces rythmo-catéchismes…"
Rythmo-catéchisme apostolique (Mt 10, 1-42) avec la formule finale (11,1): "Et il advint
quand Jésus eut achevé d'instruire ses douze disciples…"
Rythmo-catéchisme des paraboles (Mt 13, 1-52) avec la formule finale (13, 53): "Et il
advint quand Jésus eut achevé ces paraboles…"
Rythmo-catéchisme ecclésiastique (Mt 18, 1-35) avec la formule finale (19, 1): "Et il
advint quand Jésus eut achevé ces rythmo-catéchismes…"
Rythmo-catéchisme eschatologique (Mt 24, 1-25, 46) avec la formule finale (26, 1): "Et il
advint quand Jésus eut achevé tous ces rythmo-catéchismes…"
Ces 5 séries, comportant des récitatifs historiques suivis de récitatifs doctrinaux, sont
encadrées par les récits de l'Enfance de Iéshoua et par les récits de la Passion-Résurrection.
CE qui porte à 7 la subdivision de l'évangile de Matthieu. On remarquera d'ailleurs que les
colliers-compteurs de l’enfance de Iéshoua comportent 7 perles-leçons, aussi bien chez
Matthieu que chez Luc. On retrouve l'omni-présence du chiffre 7 chez Matthieu: 7 demandes
du Notre Père (Mt 6, 9-13); 7 paraboles du Royaume des Cieux (Mt 13, 1-50): semeur, ivraie,
grain de senevé, levain, trésor, perle, filet; 7 malédictions contre les scribes et les pharisiens
(Mt 23, 13-33). On retrouve cette omni-présence du chiffre 7 dans l’Apocalyse de Jean: 7
lettres aux églises, 7 sceaux, 7 trompettes, 7 fléaux… Matthieu utilise également le chiffre 3
pour sérier ses récitatifs: 3 récitatifs dans le rythmo-catéchisme de Jean le Baptiste se
terminant chacun par la mention du feu (Mt 3, 10 11 12); 3 récitatifs de 3 schèmes rythmiques
comportant un verbe, dans la récitation du baptême de Jésus (Mt 3, 16-17); 3 tentations du
Christ (Mt 4, 3-10); 3 œuvres bonnes: l'aumône, la prière et le jeûne (Mt 6, 1-18); 3 schèmes
rythmiques sur l'arbre et ses fruits (Mt 7, 17-19); 3 schèmes rythmiques commençant par "En
ton nom" (Mt 7, 22); 3 schèmes rythmiques commençant par "Celui qui jure" (Mt 23, 20-22);
3 prières à Gethsémani (Mt 26, 36-46).
"Chaque milieu ethnique a sélectionné certains nombres qui sont devenus remarquables par le fait
même de la sélection ethnique, sans qu’on sache toujours bien le motif profond de cette sélection.
"Ainsi, nous aurons le nombre 7 qui est le nombre de la plénitude sémitique. Nous aurons le
nombre 8 qui est la surplénitude, si l’on peut dire. Nous aurons le nombre 10, Comput de 10 Paroles.
Le nombre 12, comput des 12 Tribus. Et son double le nombre 24. Le nombre 40. Le nombre 70. Le
nombre 77 et ainsi presque indéfiniment, tellement un milieu ethnique concret et agissant comme le
milieu ethnique palestinien peut avoir de computs historiques qui deviennent computs
mnémotechniques. On ne sera donc pas étonné de voir que cette computation des Perles-Leçons
récitationnelles est, pour ainsi dire, une loi universelle et omniprésente à toutes les Récitations." 206
Si nous étudions, par exemple, la troisième partie de l'évangile de Matthieu, identifiée
dans la Bible de Jérusalem sous le titre La Prédication du Royaume des Cieux, nous pouvons
facilement la sérier en 3 sous-colliers-compteurs de 15 perles-leçons chacun, en se basant sur
l'identification des perles-leçons comme unité de sens indépendante, ainsi que nous l'avons
défini ci-dessus.
206
Marcel JOUSSE, Dernières Dictées, AMJ 1999, p. 74.
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
134
L'ANNONCE DU ROYAUME DES CIEUX
les faits de Rabbi Iéshoua de Nazareth
15 perles-leçons (3+2, 3+2, 3+2))
1
guérison du lépreux
Mt 8, 1-4
2
guérison de l'enfant du centurion
Mt 8, 5-13
3
guérison de la belle-mère
de Pierre
Mt 8, 14-15
3
4
guérisons multiples:
démoniaques,
malades
Mt 8, 16-17
5
exigences de la vocation
apostolique
6
tempête apaisée
Mt 8, 23-27
7
démoniaques gadaréniens
Mt 8, 28-34
2
Mt 8, 18-21
8
guérison d'un paralytique
Mt 9, 1-8
3
9
appel de Matthieu
repas
Mt 9, 9-13
10
discussion sur le jeûne
11
guérisons
de la femme hémoroïsse
et de la fille du chef
Mt 9, 18-26
12
guérison de deux aveugles
2
Mt 9, 14-17
3
Mt 9, 27-31
13
guérison du démoniaque muet
Mt 9, 32-34
14
misère des foules
Mt 9, 35-36
15
mission des Douze
Mt 10, 1
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
2
135
L'ANNONCE DU ROYAUME DES CIEUX
les dits de Rabbi Iéshoua de Nazareth
Avertissements aux disciples
15 perles-leçons (5 + 5 + 5)
consignes d'envoi
1
liste des apôtres
Mt 10, 2-4
2
envoi vers les brebis perdues
d'Israël
Mt 10, 5-8a
3
gratuité de l'enseignement
4
choix de la maison d'accueil
5
brebis-loups
serpents-colombes
Mt 10, 16
Mt 10, 8b-10
Mt 10, 11-15
persécutions
6
comparution devant
les tribunaux
Mt 10, 17-20
7
haine fratricide
Mt 10, 21-22
8
fuite de ville en ville
Mt 10, 23
9
le disciple est égal à
son maître
Mt 10, 24-26
10
annonce à haute voix
Mt 10, 26-27
choisir Jésus contre les hommes
11
ne pas avoir peur des hommes
Mt 10, 28-31
12
se déclarer pour Jésus
Mt 10, 32-33
13
Jésus cause de divisions
Mt 10, 34-36
14
ne rien préférer à Jésus
Mt 10, 37-39
15
Accueil des missionnaires
Mt 10, 40-42
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
136
Réactions des auditeurs de Jésus
15 perles-leçons (7 + 7 + 1)
Incroyance des foules
1
Jésus part en mission
Mt 11, 1
2
Question de Jean Baptiste
Mt 11, 2-6
3
Témoignage rendu à Jean Baptiste
Mt 11, 7-15
4
Jugement de Jésus
sur sa génération
Mt 11, 16-19
5
Malédiction sur les villes
6
La célébration du Père
Mt 11, 25-27
7
La berceuse pédagogique
Mt 11, 28-30
Mt 11, 20-24
Controverses avec les Pharisiens
8
Epis arrachés
Mt 12, 1-8
9
Homme à la main séchée
Mt 12, 9-14
10
Jésus, serviteur de YHWH
Mt 12, 15-21
11
Jésus et Béelzéboul
Mt 12, 22-32
12
Les paroles font juger du cœur
Mt 12, 33-37
13
Le signe de Jonas
Mt 12, 38-42
14
Retour offensif
de l'esprit impur
Mt 12, 43-45
Conclusion
15
La vraie parenté de Jésus
Mt 12, 46-50
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
137
Yves BEAUPERIN – Rabbi Iéshoua de Nazareth : du texte écrit au geste global
138

Documents pareils