Mon expérience du yoga

M. METAYER Manuel
3, rue de Tourtille
75020 Paris
Tél. /fax : 01-40-33-65-58
Mon expérience du yoga
Je suis un jeune infirme moteur cérébral vivant
seul dans un appartement à Paris. Auparavant,
je vivais dans des centres de rééducation
spécialisés où j’ai effectué ma scolarité et
appris à marcher et m’habiller puis dans un
foyer pour adultes où j’ai commencé à me
familiariser avec la vie quotidienne.
Travail sur les sensations
.
Peu après avoir emménagé, j’ai découvert une
association, l’ANECAH (Association Nationale
d’Education des Chiens d’Assistance pour
Handicapés), qui m’a offert un chien qui
m’apporte beaucoup tant sur le plan pratique,
car il effectue des tâches que j’ai du mal à
faire comme ouvrir la porte, ramasser un
objet,… que sur le plan affectif.
J’ai commencé à étudier la digito-électropuncture. Cela m’a amené à m’intéresser de plus
en plus au yoga. Un jour, j’ai décroché mon
téléphone et j’ai trouvé, difficilement, une
professeur qui voulait bien me donner des cours.
Depuis deux ans, elle vient à mon domicile une
fois par semaine et me fait découvrir le
viniyoga.
Coopération entre l’élève et le professeur qui
guide le mouvement en associant avec sa
Je ne connaissais pas grand chose à la pratique
respiration.
du yoga ni sur ce que je pouvais faire ou ce que
pouvait me demander ma prof. Je croyais cela
facile.
Mon expérience du yoga 1
La préparation.
Les débuts furent difficiles : d’abord pour ma
prof car c’était la première fois qu’elle donnait un
cours à un handicapé et elle ne connaissait pas
mes possibilités et moi non plus ; pour moi aussi
car je ne voulais pas me mettre par terre : cela
me demandait beaucoup d’efforts pour me relever
et surtout, je ne voulais pas perdre les bienfaits
de la séance.
J’ai eu l’occasion de voir des handicapés moteur
faire du yoga. J’ai voulu faire ce que j’avais vu.
Cela m’a motivé et m’a permis de surmonter mon
problème. Lors de la séance suivante, j’en ai
parlé à ma prof et je me suis mis par terre.
Avec son aide pour me relever, c’était plus facile.
Après plusieurs essais pour adapter la posture
nous avons réussi.
Le yoga doit s’adapter aux possibilités de la
personne. Ainsi, quand ma prof me propose de
nouvelles postures (voir ci-contre la posture de la
chandelle), nous nous concertons sur la manière
de les adapter. Le support (coussin, chaise) est
une aide aussi bien physique que mentale dans ma
recherche.
Au fur et à mesure, ma prof prenait de
l’assurance et moi aussi.
Mon schéma corporel changeait. Par exemple,
après la séance, je me tenais plus droit, plus
redressé, je sentais une grande ouverture au
niveau des épaules, des bras, une souplesse, une
détente.
Je m’asseyais mieux. Je me sentais plus détendu
physiquement et mentalement, plus intériorisé. Au
début j’avais l’impression de me battre avec moimême, je n’arrivais pas à garder mon calme,
j’avais du mal à coordonner mes gestes avec ma
respiration.
Maintenant si je pratique le yoga le matin, je
trouve plus facilement mes mots. Je parle mieux,
j’ai plus de facilité à m’exprimer après un cours.
Oui, je vois très nettement dans la journée si j’ai
pratiqué ou pas.
Posture « inversée » de la chandelle.
La position du foetus.
Ces postures ont marqué une autonomie et une
liberté dans le mouvement et la possibilité de
trouver des variantes.
Mon expérience du yoga 2
Ce qui nous a permis, et nous permet encore,
d’aller de l’avant, c’est de nous réserver un quart
d’heure ou plus après chaque séance pour parler
du ressenti et du vécu du cours. Aujourd’hui, j’ai
l’impression que nous formons une véritable
équipe.
Son témoignage l’indique : “ L’implication de
Manuel et ses motivations sont très
importantes. Pour avancer et trouver des
solutions, je dois mobiliser toutes mes
ressources intérieures, je fais confiance à ses
capacités pour avancer. J’accepte son esprit
d’aventure et d’ouverture, son désir de
nouveauté. Parfois, je suis surprise devant son
désir d’aller vite. C’est souvent lui qui est
moteur dans la relation. Je pense que les
mêmes qualités sont requises pour des élèves
valides ou handicapés : une relation de
confiance, d’écoute, d’ouverture. En général,
l’enseignement demande des qualités
pédagogiques solides : adaptation,
connaissance,etc.…La différence avec le
handicap c’est qu’il n’y a pas de marge d’erreur.
Il faut être au maximum de ses possibilités en
permanence. ”
Je remercie ma prof, Hélène Chenais, pour tout
ce qu’elle m’a apporté et de continuer une
expérience aussi enrichissante pour elle que
pour moi.
Mon objectif est de partager cette expérience
avec d’autres personnes (professeur,
formateur, handicapé) et au moment voulu faire
une formation de professeur de yoga sur
Nantes ou sur Saint-Nazaire.
Mon expérience du yoga 3
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Avez-vous déjà publié un ou plusieurs articles sur le
handicap
moteur ou d’autres formes de handicap et le yoga ?
Comment intégrer la notion de handicap dans la formation de
professeur de yoga ?
D’autres professeurs ont-ils partagé des expériences de ce
genre ?
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