Intervention Lardon 1 - Agence Régionale de Développement des
Transcription
Intervention Lardon 1 - Agence Régionale de Développement des
Scénarios d'évolution du Pays d'Issoire Val d'Allier Sud, le regard des services de l'Etat La DDE du Puy-de-Dôme engagée dans une démarche d'association au ScoT d'Issoire Val d'Allier Sud... Le Syndicat Mixte pour l’Aménagement et le Développement du Pays d’Issoire Val d’Allier Sud a engagé en début d'année 2008 une démarche en vue de disposer en 2011 d’un schéma de cohérence territoriale. Les élus du pays d’Issoire Val d’Allier Sud, par la voix de leur président, ont exprimé leur souhait d’associer les services de l’Etat à cette démarche. Le préfet du Puy-de-Dôme a souhaité que la participation de l'État soit exemplaire. En effet, le code de l’urbanisme donne au Scot une place centrale dans le partenariat que l’Etat et les collectivités territoriales doivent construire, dans le cadre de leurs compétences respectives, pour parvenir au développement harmonieux et durable d’un territoire. Le ScoT a vocation à mettre en cohérence, sur les territoires, l'ensemble des politiques de l'État et des collectivités ; il doit être le produit de leurs réflexions et de leurs échanges de façon à éclairer la planification de l'aménagement de l'espace et à constituer une référence partagée pour les actions partenariales ou contractuelles. A terme, il oriente ainsi l’élaboration des documents de portée locale sur les territoires : programmes locaux de l’habitat, plans de déplacements urbains, schémas de développement commercial, plans locaux d’urbanisme, etc. Avec les autres services de l'État. Le préfet a demandé à ses services de rédiger leurs contributions sous la forme des « Regards de l'État sur le territoire du Pays d'Issoire Val d'Allier Sud », sous le pilotage de la DDE 63. A l'issue du travail interservices, le document final a été rendu public le 31 décembre 2008. Il est téléchargeable depuis le site internet de la DDEA du Puy-de-Dôme. Il rassemble sur près de 200 pages une première synthèse d’informations et de réflexions émanant des services locaux de l’Etat, ainsi que d’organismes publics ou consulaires. Il a l’ambition de faciliter les échanges et les débats qui ne font que commencer mais aussi de marquer clairement la position de l’Etat local sur des points majeurs tels que l'enjeu local de la lutte contre le réchauffement climatique ; les déplacements ; la gestion économe de l'espace ; l'habitat ; la solidarité et la cohésion sociale ; l'intégration de l'environnement et la prise en compte des risques -notamment d'inondation- dans l'aménagement des territoires.. Pourquoi une demande spécifique de partenariat de la DDE auprès de l'ENGREF ? La direction départementale de l'Equipement (aujourd'hui devenue direction départementale de l'Equipement et de l'Agriculture) a donc piloté au cours de l'année 2008 ce travail interservices sous la présidence du sous-préfet d'Issoire. Pour tout dire, ce n'était pas tout-à-fait son coup d'essai. En 2007 déjà, elle avait conduit un travail comparable sur le territoire du Pays du Grand Clermont, qui s'engageait aussi dans une démarche d'élaboration d'un Scot. L'association des services de l'État s'était ainsi traduite sous la forme d'un document diffusé en juin 2007 sous le nom de « Regards de l'État sur le territoire du Grand Clermont ». Alors, pourquoi faire appel à l'ENGREF pour l'écriture de ce deuxième « Regards » ? La première raison, simple mais tellement indispensable : les agents du Service Aménagement et Développement des Territoires (SADT) de la DDE ont fait depuis 2007 plus ample connaissance avec les équipes de l'ENGREF, à l'occasion notamment de formations professionnelles. La deuxième raison : le souhait de se perfectionner dans les méthodes d'analyse des territoires et d'élaboration de diagnostics. La piste d'un partenariat avec l'ENGREF semblait prometteuse afin d'améliorer les compétences et d'enrichir les connaissances. La troisième raison : le territoire d'Issoire Val d'Allier Sud, sous influence de la métropole clermontoise, donnait l'occasion d'engager concrètement un travail prospectif. La périurbanisation estelle vouée à se poursuivre ? Quelles en seront alors les conséquences ? Est-il possible d'accompagner cette périurbanisation de façon plus durable? Ou au contraire est-elle vouée à cesser ? Avec quelles conséquences ? Bref, comment esquisser des perspectives d'avenir pour ce territoire pour les vingt prochaines années, horizon d'application de son futur Scot ? Se familiariser avec la prospective. Le lecteur saura trouver dans la litterature de nombreuses définitions de la prospective territoriale. L'auteur de cet article, plus modestement, en a retenu une, reproduite ici sous forme d'un schéma1. Il donne à voir ce que peut être la prospective, par rapport notamment à la notion voisine de prévision. 1Issu d'un ouvrage du CERTU, Quiz pour conduire un exercice de prospective territoriale. Auteur(s) : GOUX-BAUDIMENT Fabienne, SOULET Ghislaine, DE COURSON Jacques Date de parution: 09-2008 Ce schéma permet de se remettre en tête que : – la prévision (notamment démographique) se base plutôt sur une logique de continuité, avec différentes hypothèses tendancielles (haute, basse, médiane...) – tandis que le fonctionnement du territoire peut être influencé par des éléments de rupture (hausse du coût des énergies fossiles et du budget transport des ménages, souhait d'un nouveau mode mode de vie plus durable, compétition entre les territoires pour garder leurs habitants et capter les nouveaux arrivants...), – l'observation (voire les observations au pluriel) peut compléter utilement le diagnostic en prenant en compte des signaux faibles (intuition des acteurs locaux, recoupement d’informations très diverses…) qui n'apparaissent pas encore dans les données statistiques de base. Les représentations spatiales : le processus de travail Réaliser un diagnostic territorial, c'est un objectif normal. Vouloir se pencher sur des scénarios d'évolution est un objectif plus ambitieux. Vouloir synthétiser tout ce travail sous une forme agréable à lire pour un lecteur non spécialiste de l'aménagement de l'espace, par exemple sous forme de schémas ou de cartes, c'est un défi !! Sylvie Lardon et Salma Loudiyi sont heureusement intervenues pour tenter, par la méthode des chorèmes, d'organiser l'approche spatiale du territoire et rendre compte des principes organisateurs de l'espace. Elles ont participé aux réunions d'un petit groupe d'agents du SADT de la DDE et animé les discussions par un « jeu de territoire » afin de faciliter les interactions entre les membres de ce petit groupe. Le manque de diversité professionnelle des participants disponibles, tous d'origine « Equipement » a sans doute constitué une limite à ce « jeu de territoires ». Il leur était en effet difficile, tout simplement par manque de connaissances et de maîtrise des domaines d'actions des autres services de l'Etat, de ''jouer'' à la place des collègues de la DDAF, de la DDASS, de la DIREN, de la DRIRE...L'idéal aurait évidemment consisté à trouver un moment en commun avec tous les agents concernés dans les différents services. Cela leur aurait permis d'exprimer leurs représentations de l'espace et de construire le plus collectivement possible les scénarios d'évolution. Les quelques personnes disponibles ont toutefois travaillé du mieux possible pour ébaucher les premiers chorèmes en séance (cf ci-après). Les scénarios d'évolution : les chorèmes finaux Ne pas chercher à prédire l'avenir mais imaginer les visages possibles et/ou souhaitables du pays à l'horizon 2025-2030. Faire prendre conscience aux acteurs locaux,aux élus du Pays de l'intérêt de fixer une stratégie politique. Leur permettre d'anticiper du mieux possible les impacts territoriaux du scénario qu'ils auront finalement retenu. Leur permettre de se préparer aux difficultés inhérentes à la conduite d'une démarche de Scot. Voilà quels étaient les objectifs des schémas suivants. Bien sûr, il est probable -et souhaitable - que le scénario retenu par les élus du Pays d'Issoire Val d'Allier Sud ne ressemblera à aucun des 4 scénarios d'école décrits ciaprès. La poursuite du mode de développement actuel a servi de point de départ pour le scénario au fil de l'eau : le territoire tire profit au maximum de son attractivité résidentielle et accueille de nouvelles populations (jusqu’à + 25% population en 2030). Les conséquences en sont toutefois une augmentation des pressions sur les ressources, un développement spatial à deux vitesses et un échec du projet identitaire. Le scénario centralisé fonde son développement sur l'économie du pôle industriel d'Issoire, ce qui le rend lisible pour l'extérieur et attractif pour les jeunes actifs. La concentration autour du pôle donne toutefois l'impression d'abandonner tout projet en périphérie et de concentrer les impacts positifs comme négatifs sur des zones déjà sensibles, inondables par exemple. Le scénario mosaïque tente de traiter les secteurs de vie selon un principe d'égalité et de refus de la spécialisation des territoires. Chaque secteur de vie cherche à remplir toutes les fonctions et forme à terme un ensemble homogène. Cette planification consensuelle se trouve toutefois en contradiction avec les politiques publiques qui cherchent à concentrer leurs efforts pour une meilleure efficacité et privilégient les recentrements plutôt que la dispersion. Le scénario densifié cherche à traiter les secteurs de vie selon un principe d'équité et de spécialisation des territoires. Chaque secteur de vie se spécialise dans une ou quelques fonctions selon ses atouts et les besoins prioritaires identifiés. L'action publique est recentrée dans les bourgs-centre, la complémentarité est aussi recherchée à l'échelle du Pays par la mise en réseau des différents secteurs de vie. Des indicateurs chiffrés sont affichés pour le développement autorisé sur les bourgs centre et sur le reste du territoire. Ce scénario traduit une influence forte du Pays qui organise et coordonne la planification à grande échelle. Ce scénario peut toutefois engendrer un risque important de résistance, certaines communes ayant le sentiment d'une limitation au droit de se développer. Eric BLANC, Ingénieur des Travaux Publics de l'État, Chef du Centre de Ressources au SADT de la DDEA du Puy-de-Dôme. Jean-Pierre GORON, Ingénieur Divisionnaire des Travaux Publics de l'État, Chef du Service Aménagement et Développement des Territoires à la DDEA du Puy-de-Dôme.