La chasse aux sorcières :
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La chasse aux sorcières :
École Professionnelle de Montreux Année Scolaire 2013-2014 Esméralda X. Ogg Classe C3I La chasse aux sorcières : Un phénomène à l’épreuve du temps ? http://www.cosmovisions.com/images/Sorcieres-Derneburg.jpg Sorcières brûlées à Derneburg, gravure sur bois de 1555 TABLE DES MATIÈRES TITRES SOUS-TITRES PAGINATION 1. MOTIVATION ………………………………………………………………………. 2. PRÉSENTATION D’UN ARTICLE DE PRESSE ………………………………… 3 4-7 2.A. L’AUTEUR ……………………………………………………………………………………. 2.B. LE CONTEXTE DE PARUTION …………………………………………………………….. 2.C. RÉSUMÉ DE L’ARTICLE A PARTIR DES DEUX ASPECTS PRINCIPAUX ……………. 2.C.1. CULTURE : CONTEXTE ET FONCTIONNEMENT …………………………... 2.C.2. IDENTITÉ ET SOCIALISATION : VICTIMES ET BOURREAUX ……………. 3. PRÉSENTATION DU SUJET ……………………………………………………… 3.1. CHASSE AUX SORCIÈRES (XVE-XVIIIE SIÈCLES) ………………………………………. 3.1.A. QUOI ? ……………………………………………………………………………. 3.1.B. QUAND ET OÙ ? ………………………………………………………………… 3.1.C. POURQUOI ? …………………………………………………………………….. 3.1.D. QUI ET POURQUOI ? …………………………………………………………… 3.1.E. COMMENT ? ……………………………………………………………………... 3.2. GUERRE FROIDE ET CHASSE AUX SORCIERES A L’EPOQUE CONTEMPORAINE (1947-1960) …………………………………………………………………………………………. 3.2.A. LA GUERRE FROIDE …………………………………………………………… 3.2.B. LE MACCARTHYSME ………………………………………………………….. 3.3. VERS UNE DÉFINITION GÉNÉRALE DE LA CHASSE AUX SORCIÈRES ……………... 4. ARGUMENTATION ………………………………………………………………… 5. PAGE PERSONNELLE …………………………………………………………….. 6. CONCLUSION / BILAN PERSONNEL …………………………………………… 6.1. TROIS POINTS À RETENIR …………………………………………………………………. 6.2. POUR PROLONGER LA RÉFLEXION ……………………………………………………… 6.3. TP ET CULTURE GÉNÉRALE ………………………………………………………………. 6.4. TP : AVANTAGE ET INCONVÉNIENT ……………………………………………………... 6.5. DEUX CONSEILS …………………………………………………………………………….. BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………………………… …………………..4 …………………..4 ……………….. 6-7 …………………..7 …………………..7 8-11 ……………….. 8-9 …………………..8 …………………..8 …………………..8 …………………..9 …………………..9 ……………… 9-11 ……………… 9-10 …………….. 10-11 …………………11 12-13 14-19 20-21 …………………20 …………….. 20-21 …………………21 …………………21 …………………21 22 http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wiki_Champion_des_dames_Vaudoises_01.png Sorcières se déplaçant sur un balai ou un bâton selon le Champion des dames de Martin Le Franc, 1530 2 1. MOTIVATION Pour mon travail personnel de 3ème année, j’ai décidé de travailler sur le phénomène de la chasse aux sorcières. Les raisons de ce choix sont les suivantes : Ce matin encore, alors que je surfais sur le Net à la recherche des infos du jour, j’ai rencontré trois gros-titres qui ont retenu mon attention1. Faisant initialement référence à un événement historique précis, l’expression « chasse aux sorcières » est désormais d’usage courant. Mais d’où vient-elle et que recouvre-t-elle vraiment ? (culture) La figure de la sorcière fait partie de l’imaginaire collectif : presque tout le monde, ne serait-ce qu’à travers les contes pour enfants, a été confronté une fois ou l’autre à ce personnage. Souvent, on associe la sorcière au bûcher sur lequel on la faisait brûler. Les sorcières avaient-elles droit à un procès ? (droit) Dans les contes pour enfants comme dans le langage courant, les sorcières sont généralement des femmes. La sorcière est-elle un être féminin par nature ? (identité et socialisation) Des productions littéraires récentes (Les Annales du Disque-Monde, Harry Potter), que j’ai lues avec beaucoup de plaisir, donnent du sorcier une image globalement positive. Mais, la plupart du temps, on perçoit la sorcière comme un être nuisible, ayant la capacité d’utiliser la magie pour faire le mal. La sorcière est-elle un être maléfique ou bienfaisant ? (éthique) Je garde de mes cours d’histoire à l’école un souvenir très vague, mais je sais que la fin du Moyen Âge est une période difficile à différents égards : La Suisse n’est pas, à l’époque, un État unifié mais un conglomérat de petits pouvoirs politiques. La chasse aux sorcières a-t-elle été un facteur de cohésion ou un trouble supplémentaire ? (politique) Les épidémies succèdent aux guerres qui succèdent à de terribles épidémies de famine. Le bétail meurt sans raison apparente, les récoltes sont dévastées par la grêle, les accouchements se passent souvent mal. Et l’on accuse les sorciers de provoquer ces catastrophes. Les connaissances scientifiques de l’époque permettaient-elles d’expliquer autrement ces différents malheurs ? (technologie) Des cours d’histoire à l’école, je me souviens aussi d’avoir entendu l’expression « chasse aux sorcières » dans deux contextes très différents : celui de la fin du Moyen Âge et celui de la guerre froide. Surprise que la même terminologie soit utilisée pour qualifier deux moments de l’histoire aussi éloignés dans le temps, je me suis dit qu’il était peut-être temps de combler mes lacunes en histoire et d’en apprendre un peu plus sur ce personnage ayant l’étrange capacité de traverser les siècles. 1 « Michael Mann, le climatologue victime d’une chasse aux sorcières » (www.slate.fr), « Transparence : ne pas tomber dans la chasse aux sorcières » (www.lefigaro.fr), « La chasse aux sorcières s’organise contre les voyants neuchâtelois » (www.arcinfo.ch). 3 2. PRÉSENTATION D’UN ARTICLE DE PRESSE 2.A. L’AUTEUR Les articles de presse relatifs à la chasse aux sorcières sont nombreux. Après moult recherches, j’ai jeté mon dévolu sur un texte de Jacques Berset intitulé « Château de Chillon : Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud" », parce qu’il est facile d’accès, complet et tout à fait en lien avec l’actualité régionale. Journaliste de formation, Jacques Berset collabore depuis de nombreuses années avec l’agence de presse internationale catholique (apic) qui a son siège à Fribourg et qui s’intéresse de près à la vie des religions et des Églises dans le monde. 2.B. LE CONTEXTE DE PARUTION Comme on l’apprend dans cet article, la Suisse a un rapport très étroit avec la chasse aux sorcières. Il en découle l’existence d’une unité de recherche historique de choc. Néanmoins, la population romande contemporaine ne sait souvent pas le sort terrible qui était réservé à ceux que l’on accusait de sorcellerie et ignore même parfois que le « Pays de Vaud » médiéval a été le berceau d’une chasse aux sorcières qui s’est prolongée jusqu’au XVIIIe siècle. Il était temps de donner la parole aux victimes de cette chasse, ce qui a été fait les 10 et 11 juin 2006 à l’université de Lausanne, puis du 6 avril au 7 novembre 2011 au musée historique de Montreux et enfin du 9 septembre 2011 au 24 juin 2012 au château de Chillon. C’est dans le contexte de cette dernière exposition qu’est paru l’article de Jacques Berset. http://www.chillon.ch/fr/page.cfm/castle/ses-publications Couverture du catalogue de l’exposition temporaire au château de Chillon 4 Château de Chillon: Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud"2 La Suisse a brûlé dix fois plus de sorcières que la France, cent fois plus que l’Italie. Chillon, 6 mars 2012 (Apic) La Suisse, proportionnellement à la population de l’époque, a brûlé peut-être deux fois plus de sorciers et de sorcières que l’Allemagne, dix fois plus que la France, cent fois plus que l’Italie, affirme Martine Ostorero*. Commissaire scientifique de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud – XVe-XVIIe siècle" au château de Chillon, elle jette une lumière crue sur cette époque qui invente le concept de "sabbat des sorcières". L’exposition temporaire**, dispersée dans les salles du château de Chillon, emmène le visiteur sur les traces des victimes et de leurs bourreaux à une époque où la Suisse, vers 1600, comptait moins d’un million d’habitants. Phénomène propre à l’époque moderne, même si l’on peut en situer les prémisses à la toute fin du Moyen Age, la chasse aux sorcières va faire des dizaines de milliers de victimes du XVe au XVIIIe siècle dans toute l’Europe. "Même s’il faut manier ces chiffres avec précaution", confie à l’Apic Martine Ostorero, professeure associée en histoire médiévale à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne (UNIL). Au nom de la défense de la foi chrétienne En Suisse, cette répression menée officiellement au nom de la défense de la foi chrétienne et de la lutte contre les pratiques superstitieuses, touchera autant les cantons protestants que catholiques. Dans le pays de Vaud, d’abord catholique et savoyard, avant d’être conquis par les Bernois qui y introduisirent la Réforme en 1536, près de 3’000 personnes ont été poursuivies pour fait de sorcellerie: les deux tiers finiront sur le bûcher. Pendant les six années de fonction du bailli de Chillon Nicolas de Watteville (1595-1601), une quarantaine de personnes allaient payer de leur vie leur "déviance". D’autres vagues de répression surgiront durant les périodes de crise économique, d’épidémies, de famines ou de guerres. Les années 1420-1430 sont celles de l’invention du concept de "sabbat des sorcières" et des premières poursuites judiciaires menées contre de prétendues sectes de sorciers adorateurs du diable. Des préjugés qui tombent: protestants et catholiques agissent de même Cette exposition fait tomber un certain nombre de préjugés: la répression des actes qualifiés de sorcellerie a frappé autant dans les cantons protestants que dans les régions catholiques, indistinctement dans les différentes régions linguistiques du pays. En Suisse occidentale, au XVe siècle, la répression de la sorcellerie démoniaque est menée en grande partie par l’Inquisition des religieux dominicains, avec le soutien des autorités laïques et ecclésiastiques. L’Inquisition est née de la nécessité, pour l’autorité pontificale, de lutter contre les déviances en matière de foi et contre les hérétiques. La procédure employée par les tribunaux d’inquisition jusqu’à la veille de la Réforme – avec ses cruelles méthodes de torture pour obtenir des aveux - a tout simplement été reprise par les cours laïques de justice criminelle durant la période bernoise. Au début, la répression touchait tant les hommes que les femmes Si 60 à 70% des victimes du bûcher ont été des femmes, 30 à 40% des condamnés à mort étaient des hommes. "En effet, il ne faut pas croire que la répression du crime de sorcellerie n’a frappé que les femmes, du moins pas au début. Les textes ne stigmatisaient pas que les sorcières, mais les sorciers, les magiciens ou les devins étaient aussi visés". On utilisait également ces accusations contre des hommes rebelles, et cela pouvait devenir une arme politique, poursuit Martine Ostorero. La professeure de l’UNIL confirme que les phénomènes dits des "sabbats des sorcières" se sont manifestés très tôt dans les Alpes occidentales, notamment dans le diocèse de Lausanne. "La chasse aux sorcières est un produit du début de l’époque moderne. Malgré la Réforme, la pensée et les structures mentales du Moyen Age se maintiennent. Il faut lutter contre les forces du mal et la sorcellerie est alors perçue comme un fait réel. C’est la rationalité de l’époque…" 2 Article tiré de : http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw&na=0,0,0,0,f&ki=229460 5 Martine Ostorero parle de la vague répressive comme de foyers qui s’allument dans des régions circonscrites, qui finissent par s’éteindre pour se réveiller ailleurs, souvent suscités par des rumeurs. Les accusés de sorcellerie sont la plupart du temps des gens sans pouvoir, des personnes en position de faiblesse, socialement isolées, souvent victimes de suspicions villageoises. On leur reproche d’avoir empoisonné du bétail, d’avoir causé des maladies dans les familles, d’avoir jeté des sorts. D’autres accusations relèvent de querelles de voisinage, de jalousies, de disputes de famille, de questions d’héritage… Il arrive que des familles aisées soient dénoncées, mais souvent dans ce cas, elles ont davantage de moyens pour plaider leur cause. Si au début, la répression touchait tant les hommes que les femmes, dans la période moderne, ce sont ces dernières en majorité qui vont finir sur le bûcher, victimes des préjugés de l’époque et de la misogynie. "La femme était perçue comme source de tous les désordres, plus crédule, plus prompte à succomber à toutes les tentations… L’image négative de la femme, véhiculée en grande partie par le discours théologique et clérical, mais aussi par les représentations médicales ou populaires, a servi de justification". La Suisse détient un record en matière de "chasse aux sorcières" La Suisse, dans ses frontières actuelles, détient non seulement la palme de la plus longue durée de répression de la sorcellerie, mais aussi, en proportion de sa population, celle du plus grand nombre d’individus poursuivis pour ce crime. Durant près de trois siècles, selon les organisateurs de l’exposition temporaire, 5’000 personnes ont été mises en accusation et 3’500 d’entre elles ont été exécutées, avant tout par le feu, dont 60 à 70% de femmes. La dernière sorcière à être condamnée en Suisse fut Anna Göldi, en 1782, dans le canton protestant de Glaris. A Fribourg, Catherine Repond, dite "la Catillon", fut jugée pour sorcellerie et brûlée le 15 septembre 1731, au Guintzet. Dépasser la vision romantique de Chillon Visité majoritairement par des étrangers (70% des visiteurs) attirés par la vision romantique popularisée par "Le Prisonnier de Chillon", fameux poème écrit en 1816 par Lord Byron, le château de Chillon cherche à regagner un public régional. Pari gagné avec cette exposition temporaire qui connaît un succès certain auprès d’un public venant de toute la Suisse. Le château de Chillon fut un important lieu de détention et d’exécution de personnes soupçonnées de sorcellerie. La célèbre forteresse vaudoise constitue de ce fait un cadre propice pour accueillir l’exposition temporaire. Jacques Berset, Apic * Le principal domaine de recherche de Martine Ostorero est centré sur l’histoire de la sorcellerie, de la démonologie et de l’Inquisition entre le XIIIe et le XVIe siècle. Elle a mis au jour une documentation inédite dans l’espace suisse et alpin, un territoire qui s’avère capital dans l’émergence des premières chasses aux sorcières et du fantasme du sabbat. ** L’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud - XVe-XVIIe siècle", se tient du 9 septembre 2011 au 24 juin 2012 au château de Chillon, l’impressionnante forteresse édifiée sur un rocher qui s’avance dans le lac Léman, entre Villeneuve et Montreux. 2.C. RESUME DE L’ARTICLE A PARTIR DES DEUX ASPECTS PRINCIPAUX Pour résumer cet article, j’ai décidé d’exploiter les aspects « culture » (contexte historique, mentalités) et identité et socialisation (caractéristiques des acteurs de la chasse). Il aurait également été possible d’utiliser l’aspect « droit » puisqu’il est question d’Inquisition et de justice laïque, mais ces notions peuvent être intégrées à l’aspect « culture ». 6 2.C.1. CULTURE : CONTEXTE ET FONCTIONNEMENT La chasse aux sorcières débute à la fin du Moyen Âge, mais il s’agit d’un phénomène propre à l’époque moderne et qui touche toute l’Europe. Elle fera des dizaines de milliers de victimes entre le XVe et le XVIIIe siècle, tout particulièrement en Suisse, qui atteint des records au niveau du nombre de personnes poursuivies et/ou exécutées. Le concept de « sabbat des sorcières » est inventé dans les années 1420-1430, ce qui marque le début des poursuites judiciaires à l’encontre d’un groupe de prétendus adorateurs du diable. En Suisse occidentale, au XVe siècle, la répression de la sorcellerie est menée par l’Inquisition, née de la nécessité pour les autorités religieuses de lutter contre les hérésies, assistée par les autorités laïques. Les vagues de chasse sont donc liées à des formes d’instabilité religieuse et, de façon plus globale, à des périodes de crise économique, d’épidémies, de famine ou encore de guerre. Les méthodes de l’Inquisition, dont la torture, seront reprises par les cours de justice criminelle des XVIe et XVIIe siècles. 2.C.2. IDENTITE ET SOCIALISATION : VICTIMES ET BOURREAUX La fin du Moyen Âge est imprégnée de peur. La sorcellerie est alors considérée comme la seule explication rationnelle à certaines catastrophes qui touchent tout le monde : maladies chez les hommes, mort du bétail, famine. Sa répression a donc eu lieu aussi bien dans les cantons protestants que catholiques et indifféremment des régions linguistiques. L’accusation de sorcellerie fait généralement suite à des rumeurs ou à des dénonciations et touche très majoritairement des personnes en position de faiblesse, sans pouvoir, socialement isolées. Mais le procès pour sorcellerie est également utilisé comme une arme politique : il permet de se débarrasser de celui qui dérange, le rebelle par exemple. Au début de la chasse, les présumés sorciers sont aussi bien des hommes que des femmes mais, durant la période moderne, victimes de préjugés misogynes et d’une image négative tant au niveau religieux que médical ou encore dans l’imaginaire populaire, environ 65% des condamnés au bûcher étaient des femmes. Le sexe des personnes accusées de sorcellerie Région Années Hommes Femmes % Femmes Allemagne du Sud Ouest 1562-1684 238 1050 82 Évêché de Bâle 1571-1670 9 181 95 Franche-Comté 1559-1667 49 153 76 Genève 1537-1662 74 240 76 Pays de Vaud 1539-1670 45 62 58 Comté de Namur 1509-1646 29 337 92 Luxembourg 1519-1685 130 417 76 Cité de Toul 1584-1623 14 53 79 Nord (dép.) de la France 1542-1679 54 232 81 Castille 1540-1685 132 324 71 Aragon 1600-1650 69 90 57 Venise 1552-1722 119 430 78 Finlande 1665-1684 33 119 78 Russie (appels) 1622-1700 59 40 40 Comté d’Essex (Angl.) 1560-1675 23 290 92 Nouvelle-Angleterre 1630-1700 60 193 79 Écosse 1560-1727 242 1491 86 SNYDER Patrick, Représentation de la femme et chasse aux sorcières (XIII e – XVe siècles), p. 37 Ce tableau montre que dans la période qui suit le milieu du XVIe siècle les femmes ont été drastiquement plus nombreuses que les hommes à être accusées de sorcellerie 7 3. PRESENTATION DU SUJET 3.1. LA CHASSE AUX SORCIERES (XVE-XVIIIE SIECLES) 3.1.A. QUOI ? Par « chasse aux sorcières », on entend la « recherche hystérique et la répression de personnes accusées de pratiquer la magie noire »3. 3.1.B. QUAND ET OÙ ? La chasse aux sorcières commence à la fin du Moyen Âge, dans les années 1420-1430, et se prolonge jusqu’au XVIIIe siècle après avoir atteint son paroxysme durant les XVIe et XVIIe siècles. La région de l’arc alpin (Suisse romande, Alpes françaises et italiennes) est particulièrement touchée par ce phénomène. 3.1.C. POURQUOI ? Si certaines zones géographiques sont particulièrement touchées, c’est qu’elles présentent des caractéristiques qui ont constitué un ferment de choix : La Suisse n’est pas alors un État unifié et fort, mais regroupe de petites puissances politiques qui cherchent à affirmer leur pouvoir et leur légitimité politique. Or, « l’accusation de sorcellerie est une manière d’affirmer un pouvoir : lors du procès il y a les autorités de la ville, de la seigneurie, etc. qui sont présentes, qui assistent au procès et qui par-là contribuent à dire ce qui est bien, ce qui est mal, à s’affirmer comme force politique. »4. L’Église est en crise : elle a vécu des schismes5, doit lutter contre les hérésies particulièrement présentes en Suisse romande (les vaudois, les cathares), est à la veille de la Réforme protestante. Si elle veut conserver sa place dominante, elle doit donc montrer de façon claire quelle est la voie de l’orthodoxie. Or le sorcier est, en somme, un mauvais chrétien. Le dernier tiers du Moyen Âge est une période particulièrement éprouvante pour la population car elle voit se succéder épidémies (Peste Noire, 1347-1353), guerres et sévères périodes de famine. L’espérance de vie ne dépasse guère 30 ans6, les femmes meurent souvent en couches, emportant parfois leur nouveau-né avec elles. En bref, la fragilité de la vie fait que les gens ont peur dans un monde particulièrement mystérieux : des phénomènes tout à fait naturels, qui trouvent aujourd’hui une explication scientifique valable, échappent alors à toute explication7. Le cumul de ces différents facteurs implique la nécessité pour tout le monde (pouvoir politique, Église, individus) de trouver un responsable et de s’ériger contre lui. 3 Wikipédia, article « chasse aux sorcières » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res OSTORERO Martine, Entretien avec Martine Ostorero, historienne, enseignante Unil, vidéo du 12 octobre 2010, http://www.rts.ch/video/decouverte/2579010-entretien-avec-martine-ostorero-historienne-enseignante-unil.html 5 Le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) divise la chrétienté en deux groupes, chacun mené par un pape différent. 6 Encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867 7 Pour plus d’informations à ce sujet, lire : VERDON Jean, La nuit au Moyen Âge, Paris : Hachette « Pluriel Histoire », 2003, 286p. 4 8 3.1.D. QUI ET POURQUOI ? Les magiciens, les guérisseurs, les sorciers existaient bien avant les années 1420-1430, mais de façon isolée et leur vocation était plutôt d’améliorer le sort de leurs semblables : aide à la naissance, soins par les herbes, philtres d’amour. Au début du XVe siècle naît alors, presque par hasard ou par un malheureux concours de circonstances, un concept qui va complètement travestir l’image du sorcier et engendrer plusieurs siècles d’horreur : le sabbat des sorcières. Dès lors, les sorciers ne concoctent plus leurs petites potions dans leur coin, mais ils se réunissent nombreux, la nuit, autour de la figure qui, dans le monde médiéval, incarne le mal absolu : le diable. Lors de ces réunions auxquelles ils se rendent par des moyens de transport peu confortables8, les sorciers commettent l’infanticide, mangent de la chair humaine, dansent à la lueur bleue de bougies faites de graisse humaine, s’adonnent à des orgies bestiales, puis rentrent chez eux, armés de poudres fournies par Satan et qui leur permettront de répandre le mal autour d’eux : mort du bétail, épidémies diverses, infertilité. Tout cela, bien sûr, n’a jamais existé. Mais l’idée est lancée et les gens, aussi bien le peuple que les hommes d’Église ou encore les hommes de pouvoir, commencent à assimiler ces notions et à y croire. De plus, chacun se rend bien compte de l’efficacité de la chose : un voisin dérangeant, un rebelle politique ou religieux ? Il suffit de l’accuser d’être un sorcier pour se débarrasser de lui. 3.1.E. COMMENT ? Au XVe siècle, un cadre judiciaire est déjà en place dans le but de lutter contre les hérésies « classiques ». Dans le contexte de la chasse aux sorcières, tout part souvent d’une rumeur. Une fois l’accusation lancée, l’Inquisition mène l’enquête et obtient facilement des aveux en faisant usage de la torture9 ; les accusés révèlent notamment les noms de leurs soi-disant complices, ce qui permet à la chasse massive de prendre place. Une fois le crime confessé, le tribunal inquisitorial prononce la sentence et, selon la gravité des actes commis, condamne la personne au bûcher et la remet au pouvoir civil qui exécute la sentence, ou la condamne à des pénitences, des pèlerinages, des jeûnes, la confiscation de ses biens, des peines de prison. 3.2. GUERRE FROIDE ET CONTEMPORAINE (1947-1960) CHASSE AUX SORCIERES A L’EPOQUE 3.2.A. LA GUERRE FROIDE Après la deuxième guerre mondiale, les tensions entre les démocraties occidentales et l’Union soviétique s’accentuent : désormais, deux blocs de pays s’opposent. Le « bloc de l’Est » ou « bloc communiste » est constitué des pays contrôlés par l’URSS. Ce contrôle s’exerce par l’intermédiaire de gouvernements communistes installés de gré ou de force. Le bloc occidental regroupe, autour des États-Unis, des gouvernements démocratiques (GrandeBretagne et France notamment). 8 Un bâton, qui deviendra plus tard un balai. Les sorciers valaisans constituent à cet égard une exception puisque, malins, ils se déplaçaient plus volontiers sur une chaise ou un tabouret volant. 9 La torture est alors une pratique tout à fait autorisée, légale. 9 Si la tension entre les deux blocs est continuelle et que la crainte d’une troisième guerre mondiale est omniprésente du fait que chacun possède l’arme atomique, les deux pays s’affrontent de façon indirecte : conquête spatiale, sport, sciences, culture. C’est ce que l’on appelle la « Guerre froide »10. 3.2.B. LE MACCARTHYSME Mais la guerre froide a des effets à l’intérieur même des blocs. En URSS et dans les pays de l’Est, les gouvernements communistes ont des pouvoirs dictatoriaux : ils traquent les opposants au régime en place, organisent des procès et des purges, exécutent les rebelles. Dans le bloc occidental, on entreprend le fichage systématique de toute personne soupçonnée de sympathies de gauche ou de contacts avec le bloc communiste. Aux États-Unis en particulier, un gigantesque mouvement de paranoïa anti-communiste s’installe, suscitant environ 26'000 enquêtes sur les activités des citoyens et fonctionnaires américains. Cette « chasse aux sorcières » prend toute son ampleur à partir de 1950, sous l’influence du très conservateur Joseph McCarthy, qui prétend détenir les noms de 205 fonctionnaires communistes, espions infiltrés au Département d’État et invite tous les Américains à débusquer les traîtres. L’Amérique bascule dans l’hystérie ! Entre les imposants moyens d’investigation dont McCarthy dispose et la délation qui est devenue un « sport national », la liste noire prend de l’ampleur. Des fonctionnaires, dénoncés comme communistes, sont démis de leurs fonctions, parfois jetés en prison. Les cinéastes et écrivains qui ont des opinions de gauche sont fichés, peinent à trouver du travail, s’exilent en Europe. Les scientifiques, les citoyens sont traqués par la CIA, par leurs voisins. Un couple de savants new-yorkais, Ethel et Julius Rosenberg, accusé d’espionnage, est même exécuté sur la chaise électrique le 19 juin 1953. http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-13373410.html « Monsieur le Président : ne permettez pas à la peur hystérique de prévaloir sur la justice » Photographie prise lors de la campagne demandant la grâce des époux Rosenberg, 1953 Enfin, le délire paranoïaque de McCarthy visant les communistes mais également les homosexuels et les drogués et qui lui fait utiliser des méthodes d’investigation brutales, corruption de témoins et autres joyeusetés, finit par retourner l’opinion publique : il est 10 Cette partie est inspirée de : BOURGEOIS Claude, Histoire générale : L’époque contemporaine (1914-1990), vol. 5, Lausanne : L.E.P., 1999, pp. 964-967. 10 destitué de ses fonctions. Mais les tristement fameuses listes noires lui survivent jusqu’en 1960, brisant des milliers de vies11. 3.3. VERS UNE DEFINITION GENERALE DE LA CHASSE AUX SORCIERES Si plusieurs siècles séparent ces deux chasses aux sorcières, elles n’en présentent pas moins d’étranges similitudes : certains concepts et groupes sociaux ou culturels sont très précisément visés, rumeur et délation y tiennent un rôle fondamental, les autorités jouent le jeu des bourreaux, la persécution ne devient une chasse systématique que sous l’effet de la peur qui anime ceux qui y participent. Pour la suite de ce travail, nous donnerons donc la définition globale suivante de l’expression « chasse aux sorcières » : procédé consistant à donner une forte connotation négative à une idée ou à un groupe de personnes, de telle sorte qu’elle suscite la peur de la majorité et l’encourage à agir dans le sens d’une mise à l’écart, d’une persécution, voire d’une extermination pure et simple. http://www.philophil.com/philosophie/representation/Analyse/sorciere.htm Détail de « La tentation de saint Antoine » de Joachim Patinir, vers 1520, peinture sur bois 11 Cette partie est inspirée de : GUIGNON Catherine, « Le chasseur de sorcières », in GéoHistoire Hors-série : la guerre froide, novembre-décembre 2010, pp. 64-65. 11 4. ARGUMENTATION On a vu qu’il y a, à plusieurs siècles d’écart, deux événements historiques qui sont appelés « chasse aux sorcières » et qui présentent de sérieuses similitudes dans leur but et dans leur fonctionnement. Alors, la chasse aux sorcières est-elle un phénomène à l’épreuve du temps ? Dans le texte qui suit, nous allons nous intéresser à d’autres événements historiques qui pourraient être considérés comme des variantes de chasse aux sorcières en suivant une progression chronologique du Moyen Âge à nos jours : Peste Noire, Réforme et peur de l’islam. Premièrement, certaines périodes du Moyen Âge constituent un ferment idéal à l’apparition de chasses, particulièrement parce que le monde est encore mal connu, d’un point de vue scientifique notamment, ce qui lui confère un caractère incompréhensible et effrayant. On pense, par exemple, à la terrible épidémie de peste qui sévit de 1347 à 1353 et décime 30 à 50% de la population européenne12. Ne sachant comment la maladie se transmet mais ayant impérativement besoin de s’en prémunir, les individus cherchent plus ou moins consciemment un responsable qu’ils trouvent sans trop d’efforts dans la communauté juive. Ainsi les Juifs, accusés d’empoisonner l’eau des puits et de permettre ainsi à la maladie de se propager, sontils persécutés et massivement assassinés. Si la population a trouvé un exutoire, le problème n’est pas résolu pour autant. http://www.mundusbellicus.fr/forum/showthread.php?37-Peste-Total-War Carte qui montre la propagation de la peste année par année. Venue de l’Asie centrale, elle décime 30 à 50% de la population européenne (~25 millions de personnes) 12 Wikipédia, article « peste noire » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire#cite_note-4 12 Deuxièmement, les temps modernes correspondent à une période de fortes dissidences religieuses. Le phénomène de la Réforme, notamment, traîne dans son sillage de nombreux massacres13 et coups d’État, et l’appartenance à l’un ou l’autre des deux groupes en conflit14 permet, par exemple, d’évincer du pouvoir certains personnages majeurs. Dans ce contexte, l’appartenance religieuse de l’autre n’est parfois qu’un prétexte pour s’en débarrasser et placer ses propres pions sur l’échiquier politique. Troisièmement, les XXe et XXIe siècles, de loin les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité, fournissent malheureusement de nombreux exemples de stigmatisation et de persécution de certains groupes sociaux, ethniques ou culturels. Sans entrer dans la catégorie des génocides qui mériterait de figurer ici, on pense en particulier à la diabolisation de l’islam, qui présente de grandes similitudes avec la chasse menée contre les sorcières du sabbat à l’époque moderne : à cause de l’amalgame entre islamiste et musulman et du foisonnement de clichés navrants relatifs à l’islam, le monde a peur de chaque barbu un peu typé, des minarets, de ce qui se cache sous le voile. En effet, les attentats du 11 septembre ont été présentés au grand public comme une action terroriste menée par un mouvement islamiste fondamental et dont le but était d’ébranler le mode de vie et les libertés américaines, et par-là même occidentales. Mais on peut aujourd’hui légitimement se demander s’il ne s’agissait pas, pour le pouvoir en place, de rassembler toute une nation – et bien plus encore – derrière la même peur et la même haine d’un autre, un « diable des temps modernes »15, ce afin d’affirmer son autorité et dans le but peu glorieux d’envahir un pays pour faire main basse sur ses ressources de pétrole. Pour conclure, nous voyons bien que les exemples de persécution de groupes sociaux ou culturels sont très nombreux dans l’histoire : pogroms contre les Juifs propagateurs de la peste médiévale, massacres politico-religieux de la période moderne, génocides et diabolisation de l’islam dans le monde contemporain occidental…et la liste est loin d’être exhaustive. A mon avis, les mécanismes de stigmatisation de groupes sociaux restent toujours les mêmes. Blâmer l’autre d’être un autre et, pour cette seule raison, le considérer comme porteur de toutes les pires choses, se reporte malheureusement de génération en génération, de société en société. Une solution au moins partielle serait de cesser d’avoir peur de tout ce qui ne correspond pas à nos critères identitaires propres et, pour ce faire, de se donner la peine d’apprendre à connaître ce qui nous est étranger. Comme l’a très justement dit Jacques Brel : « La bêtise, c’est la mauvaise fée du monde, la sorcière. Il n’y a pas de gens méchants, il y a des gens bêtes. Mais ce n’est pas de leur faute. Mais il y a des gens qui ont peur. Et ça c’est de leur faute. »16. 13 Le massacre de la Saint-Barthélemy est une tuerie déclenchée à Paris le 24 août 1572 contre les protestants. Il se prolonge durant plusieurs jours dans la capitale faisant environ 3000 morts, puis s’étend dans les semaines qui suivent à une vingtaine de villes de province, provoquant la mort de 5000 à 10'000 personnes. 14 Catholiques et protestants. 15 Il faudrait plutôt dire des temps contemporains. 16 Interview à la RTB, 1971. 13 5. PAGE PERSONNELLE Pour ma page personnelle, j’ai décidé d’utiliser des extraits de textes que j’ai croisé en élaborant mon TP, mais que je ne pouvais pas exploiter dans les parties imposées puisqu’il fallait aller à l’essentiel et se conformer à une structure précise. Pour différentes raisons, ces petits bouts de textes font écho en moi : ils m’attristent, me font rire, me poussent à réfléchir…je ne pouvais pas me résoudre à les « botter en touche ». L’idée de ma page personnelle est donc de révéler ces mots, tout en les commentant afin de développer ma réflexion sur les chasses aux sorcières et sur la figure-même de la sorcière qui, lors des grandes persécutions, pouvait être n’importe qui : une mère, un frère, une voisine…soi-même. « Interrogée pour savoir comment elle se rendait à la secte, elle dit que le démon lui remit un petit bâton et un récipient rempli d’un onguent, avec lequel elle oignait le bâton avant de le mettre entre ses jambes en disant : "Vaz, de par le dyable, vaz !". Cela fait, elle se retrouvait immédiatement à la secte. » PFISTER Laurence, L’enfer sur terre : sorcellerie à Dommartin (1498), Lausanne : CLHM 20, 1997, p. 219. Aujourd’hui, on croit encore aux rebouteux ou aux guérisseurs (pour faire disparaître une verrue persistante ou soigner une brûlure) et éventuellement à la force que peut procurer la foi en Dieu, mais plus à la magie qui nous permettrait de nous déplacer d’un lieu à un autre le temps d’un claquement de doigts. Cette citation pourrait donc prêter à sourire. Sans référence, on la placerait volontiers dans un livre de contes ou de façon plus globale dans la foisonnante littérature de fiction. Pourtant, la phrase est tirée des aveux d’Isabelle Perat, accusée de sorcellerie et jugée pour ce crime entre le 15 octobre et le 6 novembre 1498. Elle apparaît donc dans les minutes d’un procès tout à fait sérieux et ce type de confession menait généralement assez inexorablement à la mort par le feu ou à l’exil. Coup de chance, le procès d’Isabelle présente des irrégularités de procédure et il semble qu’elle ait échappé au bûcher. « Nous, inquisiteur et vicaire, au vu de tes contradictions, à la demande du procureur de la foi, et aussi parce que nous avons constaté que tu as répondu en deçà de la vérité, décidons et jugeons par cette sentence interlocutoire que toi, Jaquet, tu dois être interrogé et soumis à la question, jusqu’à ce que la vérité sorte de ta bouche, en faveur de la foi […] Cette sentence fut prononcée et approuvée par le procureur qui demanda qu’elle soit exécutée. Comme Jaquet ne s’y opposait pas, il fut mis dans une sorte de machine appelée vulgairement laz chataz qui était placée là. Il demanda alors aux juges qu’on lui accorde un repos, promettant de dire toute la vérité. Cependant, une fois libéré de la torture et soumis à l’examen, il ne voulut plus rien avouer. Il fut alors lié à une corde et soulevé légèrement de terre ; sur le champ, il demanda avec insistance d’être soustrait à la torture, promettant de dire toute la vérité […] il dit et avoua spontanément avoir tué des enfants et avoir mangé de leur chair. […] il dit et avoua de sa propre volonté et spontanément qu’ils [les sorciers] se reconnaissaient au moyen d’une marque de crapaud qu’ils avaient au-dessus de l’œil gauche et que personne ne pouvait voir, si ce n’est seulement les hérétiques. » OSTORERO Martine, Folâtrer avec les démons : sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448), Lausanne : CLHM 47, 2008, pp. 221, 223, 231 14 Voici l’extrait du procès de Jaquet Durier, accusé de sorcellerie et jugé pour ce crime entre le 3 et le 15 mars 1448. Moins chanceux qu’Isabelle Perat, Jaquet a péri sur le bûcher. J’ai choisi cette partie du procès de Jaquet parce qu’elle montre bien certaines étapes importantes d’un procès pour sorcellerie : L’accusé s’est contredit pendant son interrogatoire17, ce qui permet au tribunal de le soumettre à la torture. L’acccusé ne s’oppose pas à la torture. Comment le pourrait-il puisque la torture avait pour but de faire dire la vérité ? S’opposer à la torture reviendrait en somme à refuser de dire la vérité. Après avoir subi une première forme de torture relativement légère18, l’accusé ne veut plus rien avouer. Puisqu’il a résisté à la torture sans formuler d’aveux, il pense peut-être, conformément à ce qui est écrit ci-dessus, être tiré d’affaires. Les juges pensent au contraire que la torture était trop légère. L’accusé subit une deuxième séance de torture, beaucoup plus violente, sans doute l’une des nombreuses variantes du supplice de l’estrapade, très couramment utilisé dans le contexte de la chasse aux sorcières en Suisse romande. http://users.skynet.be/maevrard/torture.html Le supplice de l’estrapade : les mains liées derrière le dos, le supplicié est accroché par les mains et soulevé de terre au moyen d’une corde qui coulisse dans une poulie. Le corps est parfois distendu par des poids fixés aux pieds Pour échapper à la torture, l’accusé passe aux aveux. Le notaire précise dans ses notes que l’accusé avoue « spontanément » et/ou « de sa propre volonté ». Comme on sait ce que Jaquet vient de subir, on peut sérieusement se poser des questions sur le caractère spontané de ses aveux. Jaquet Durier, comme Isabelle Perat, avoue des choses proprement incroyables d’un point de vue contemporain, mais qui sont considérées comme des aveux tout à fait sérieux et accablants au moment de la chasse. 17 Ce qui n’est pas surprenant puisque les questions des juges sont souvent conçues pour piéger les accusés, que ces derniers sont incarcérés dans un climat de peur et que les interrogatoires sont longs et éprouvants, à la fois physiquement et moralement. 18 Laz chataz devait, précise Martine Ostorero, correspondre à une forme d’enserrement, d’écrasement. 15 Enfin, la fameuse marque en forme de crapaud qui permet aux sorciers de se reconnaître les uns les autres, mais qui est invisible pour les yeux des non-sorciers constitue du pain bénit pour l’inquisition : puisque les juges ne sont pas des sorciers, ils ne peuvent pas voir la marque, ce qui les dispense donc de trouver une preuve visuelle, concrète. Par ailleurs, puisqu’ils ne peuvent pas voir cette marque, ils sont donc forcément innocentés du crime de sorcellerie. (C’est là que l’expression « cercle vicieux » prend tout son sens) On dit souvent : « il faut écouter son cœur », mais les sorcières apprennent également à écouter d'autres organes et d'autres membres. C'est étonnant ce que les reins ont à raconter. Terry Pratchett, Les Ch’tits Hommes libres Sous le masque de l’humour, Pratchett rend justice aux nombreuses victimes de la chasse qui n’ont péri sur le bûcher que parce qu’elles tentaient de soulager le quotidien de leurs semblables. Les guérisseurs et les sages-femmes, qui avaient certaines connaissances du corps humain et des plantes, étaient souvent sollicités pour soigner des maladies ou aider les femmes à accoucher. Quand le résultat était favorable, on leur était très reconnaissant. Quand le résultat était malheureux, ils devaient en assumer la responsabilité et, pendant les vagues de persécution, ils finissaient souvent devant les juges. « - Croc, crac, croc ! Qui grignote mon logis ? chantonna une petite voix aigre à l’intérieur de la maison. La porte s’ouvrit et une vieille, toute ridée, apparut. Elle s’appuyait sur un bâton, son nez ressemblait à un bec et ses doigts à des griffes. - Entrez mes chers petits, restez avec moi, vous n’avez rien à craindre ! dit la vieille. Mais, en réalité, c’était une sorcière. Elle avait construit cette petite maison en pain d’épice pour attirer les enfants. Et quand un enfant tombait dans ses griffes, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Hansel et Gretel essayèrent de s’échapper mais, était-ce la peur ou était-ce un maléfice ? Ils furent incapables de s’enfuir en courant. […] la sorcière s’approcha du four et y enfila la tête. Rapide comme l’éclair, Gretel profita de cet instant pour pousser la vieille dans le four et l’y faire enter en entier. Puis, elle ferma la petite porte et tira le verrou. Vous ne pouvez imaginer les cris que poussa la sorcière. » Les frères Grimm, Hansel et Gretel, 1812 Comme je l’ai dit dans mes motivations, la figure de la sorcière fait partie de l’imaginaire collectif et presque tout le monde l’a rencontrée au moins une fois au détour d’un conte pour enfants. Hansel et Gretel est l’un des plus connus de ces contes et il en existe de nombreuses versions. Celle-ci m’a semblé intéressante dans la mesure où on y trouve à la fois des éléments spécifiques aux sorcières du sabbat et des indices de l’évolution de ce personnage. Dans les points communs, on peut relever la mise en relation de la sorcière et de l’enfant, qui est en danger puisque la sorcière est infanticide et omophage. Qui plus est, la sorcière de ce 16 conte finit dans les flammes de son four, forme de réminiscence de la sanction purificatrice du bûcher. Néanmoins, la sorcière a un côté bestial (bec, griffes) ; or, si on attribuait au diable la capacité d’apparaître sous une forme animale, les sorcières généralement n’en avaient pas le pouvoir. Par ailleurs, cette sorcière est physiquement trop typée : elle a une voix aigre, est très vieille, ressemble plus à une sorte d’oiseau qu’à un être humain. Cela montre une évolution dans la conception de cette figure, puisque les sorcières de la chasse n’étaient pas aussi aisément reconnaissables, elles étaient justement particulièrement dangereuses parce qu’elles pouvaient être n’importe qui. Le rôle du bâton est également perverti : s’il était utilisé pour voler par les sorcières se rendant au sabbat, il n’est plus ici un attribut magique mais fait plutôt penser à une canne qui soutiendrait un vieillard peinant à se déplacer. Ensuite, la capacité de cette sorcière à lancer un sort n’est pas avérée19 alors qu’elle ne faisait aucun doute au moment de la chasse. Enfin, il faut mentionner la solitude de la sorcière : les sorcières de la chasse n’étaient puissantes, ne constituaient un danger que parce qu’elles agissaient en groupe et pour le diable ; celle de ce conte semble agir par et pour elle-même. « Un lieu découvert - Tonnerre, éclairs - Entrent les TROIS SORCIERES PREMIÈRE SORCIÈRE : Quand nous réunirons-nous à nouveau toutes les trois ? Par le tonnerre, les éclairs ou la pluie ? DEUXIÈME SORCIÈRE : Quand le désordre aura cessé, quand la bataille sera gagnée et perdue. TROISIÈME SORCIÈRE : Ce sera avant le coucher du soleil. PREMIÈRE SORCIÈRE : En quel lieu ? DEUXIÈME SORCIÈRE : Sur la bruyère. TROISIÈME SORCIÈRE : Pour y rencontrer Macbeth. (Une voix les appelle) PREMIÈRE SORCIÈRE : J'y vais, Grimalkin ! LES TROIS SORCIÈRES, à la fois : Paddock appelle. Allons-y ! Le beau est infect, l’infect est beau. Volons à travers le brouillard et l'air impur. » Shakespeare, Macbeth, acte I, scène 1 L’extrait ci-dessus est la première scène de l’une des plus célèbres tragédies de Shakespeare : Macbeth (1606). A la suite d’une bataille victorieuse, le valeureux Macbeth, sujet du roi d’Écosse, rencontre trois sorcières (scène 3) qui lui prédisent un avenir d’exception. Dès lors, Macbeth commettra de terribles crimes pour devenir et demeurer souverain d’Écosse et finira lui-même assassiné. Sans qu’elles prennent une part active dans la pièce, les trois sorcières, qui apparaissent dès la première scène, jouent un rôle fondamental dans le sombre destin de Macbeth : on peut en effet se demander ce qui se serait passé si Macbeth n’avait jamais entendu la prédiction des sorcières. Sans doute se serait-il contenté de demeurer un courageux et loyal gentilhomme. En tous les cas, la première scène de la tragédie est décisive dans le drame qui va se jouer : les sorcières y décident de rencontrer Macbeth et par-là même de sceller son destin. Par ailleurs, cette brève scène est chargée de signes inquiétants : tonnerre, éclairs, confusion entre le beau 19 Les enfants ne peuvent s’enfuir, mais on ignore si c’est sous l’effet de la peur ou d’un maléfice. 17 et l’infect (influence diabolique) ; et le vocabulaire a une connotation très négative : tonnerre, éclair, pluie, désordre, bataille, bruyère (sauvage), brouillard, air impur. Tout ici laisse supposer que quelque chose de terrible va se passer. Si les trois sorcières n’utilisent pas explicitement de sortilège, elles ont néanmoins une belle capacité à agir sur les esprits des hommes pour influencer leurs actes et le devenir d’une nation. «Le vent hurlait. La foudre lardait le pays comme un assassin maladroit. (…) La nuit était aussi noire que l’intimité d’un chat. Une de ces nuits, peut-être, où les dieux manipulent les hommes comme des pions sur l’échiquier du destin. Au cœur des éléments déchaînés, (…) luisait un feu, telle la folie dans l’œil d’une fouine. Il éclairait trois silhouettes voûtées. Tandis que bouillonnait le chaudron, une voix effrayante criailla: – Quand nous revoyonsnous, toutes les trois? Une pause suivit. Enfin une autre voix, beaucoup plus naturelle, répondit: – Ben, moi, j’peux mardi prochain.» Terry Pratchett, Trois Soeurcières La première scène du roman de Pratchett fait très clairement référence à la première scène de Macbeth. Comme dans cette dernière, les éléments inquiétants y foisonnent : intempérie, nuit, manipulation divine, folie. On y trouve « trois silhouettes voûtées », ce qui fait de suite penser aux sorcières (de Shakespeare), d’autant qu’il y a un chaudron et une voix effrayante. Pour renforcer encore l’analogie avec Macbeth, la première sorcière de Pratchett demande, comme la première sorcière de Shakespeare, quand aura lieu la prochaine réunion. La réponse de la deuxième sorcière, prononcée d’une voix « beaucoup plus naturelle », brève et très terre-à-terre crée, par contraste avec l’ambiance mise en place ainsi qu’avec l’impératif pour les sorcières shakespeariennes de se réunir à nouveau pour déterminer le destin de Macbeth, un effet de comique très réussi. On devine que les sorcières de Pratchett ne se réunissent pas pour sceller le destin d’un personnage important : elles ont un agenda et donc d’autres choses plus importantes à faire… « Le vent hurlait. L’orage crépitait sur les montagnes. La foudre aiguillonnait les rochers à pic comme un vieillard cherchant à déloger un pépin de mûre insaisissable de son dentier. Entre les bouquets d’ajoncs bruissants brillait un feu dont les rafales de vent bousculaient les flammes d’un bord puis de l’autre. Une voix effrayante criailla : "Quand nous revoyons-nous toutes les deux ?" Le tonnerre gronda. Une voix plus naturelle répondit : "Pourquoi tu t’mets à brailler ? Tu m’as fait lâcher ma tartine dans l’feu." » Terry Pratchett, Masquarade Je ne résiste pas au plaisir d’insérer dans ma page personnelle une seconde parodie de réunion de sorcières. A l’évidence, Pratchett pense que les plaisanteries les plus courtes ne sont pas nécessairement les meilleures et que c’est dans les vieux chaudrons que l’on fait les meilleures…tartines. Ici, Pratchett tire les mêmes ficelles que dans le premier extrait en créant un contraste entre le climat inquiétant (orage, feu, voix effrayante) et la banalité de la réponse (qui n’en est plus une) de la deuxième sorcière. Il ajoute toutefois quelques cordes à son arc : les sorcières ne 18 sont plus trois (chiffre qui a pourtant une symbolique très efficace puisqu’il fait référence à une sorte de perversion diabolique de la Trinité catholique), mais sont réduites au nombre (ridicule) de deux et, si le chaudron (dans lequel les sorcières font bouillir de la chair humaine ou préparent des décoctions aux effets ravageurs) semble avoir disparu, c’est pour laisser place à ce qui semble être un pique-nique…c’est toujours très désagréable de laisser tomber son cervelas dans le feu… « On ne brûle plus les sorcières, ni même les livres, mais on brûle toujours les idées. » Jean Dutourd Je terminerai ma page personnelle avec cette citation de Jean Dutourd, romancier et essayiste décédé en janvier 2011, parce que je la trouve belle et très importante, bien que partiellement erronée. Il faut, en effet, bien avoir à l’esprit qu’aujourd’hui encore, dans certaines régions du monde, on continue à mettre à mort des gens (pas nécessairement sur des bûchers) pour la simple raison qu’ils sont différents de la majorité en place ou parce qu’ils contestent un ordre social, politique ou culturel ou encore parce qu’ils se trouvent finalement au mauvais endroit au mauvais moment. Aujourd’hui encore, dans certaines régions du monde, on interdit certains livres, comme on interdisait au Moyen Âge l’accès à la Bible à la très grande majorité de la population pour la maintenir dans l’ignorance, ce qui revient au même que de les brûler. Enfin, aujourd’hui encore, on continue effectivement à brûler les idées, qui sont pourtant le fondement même de la diversité, de cette fameuse altérité que l’on devrait apprendre à connaître pour cesser d’avoir peur et d’allumer des bûchers aux quatre coins du monde. 19 6. CONCLUSION / BILAN PERSONNEL 6.1. TROIS POINTS A RETENIR De ce travail personnel, j’aimerais que le lecteur retienne quelques éléments qui me semblent essentiels. Avant tout, il existe deux « moments » de l’histoire de l’humanité qui portent le nom officiel de « chasse aux sorcières », mais l’expression est couramment utilisée dans d’autres situations ; on la trouve régulièrement dans la presse et vu le parcours de l’homme à travers le monde et l’histoire, il ne semble pas absurde de qualifier d’autres événements historiques plus ou moins longs et plus ou moins étendus de chasses aux sorcières. Ensuite, les sorcières n’ont jamais existé. Certains remèdes de guérisseurs peuvent avoir mal tourné et il n’est pas absurde de croire que les villageois volaient ou tuaient parfois le bétail de leurs voisins. Mais il n’y a jamais eu de secte infanticide et cannibale, se déplaçant la nuit sur un bâton pour rejoindre le diable et réduire la société à néant. Par ailleurs, s’il semble aujourd’hui avéré que les époux Rosenberg ont bel et bien transmis certaines infos à l’URSS, ils n’ont pas pour autant révélé les secrets de fabrication de la bombe H ou d’autres renseignements susceptibles de détruire l’Amérique entière. http://www.cinemaparlantquebec.ca/Cinema1930-52/pages/chronologicalEvents/ChronologicalEvents.jsp Première page du journal Le Canada, samedi 20 juin 1953, le lendemain de l’exécution du couple de savants En d’autres termes, les gens qui ont été pris dans l’engrenage des chasses aux sorcières ont, la plupart du temps, été accusés de crimes qu’ils n’avaient pas commis, payant pourtant souvent le prix fort de ces accusations extravagantes. Enfin, parmi tous les facteurs qui, à un moment ou à un autre, rendent possible la persécution massive d’un groupe d’individus, il en est un qui traverse les âges et les cultures, celui qui, entre tous, engendre les pires atrocités : la peur. 6.2. POUR PROLONGER LA REFLEXION Ce travail, je l’espère, montre que les mécanismes de stigmatisation de l’autre, basés sur la peur et la manipulation qu’on peut en faire, ne trouvent de frontière ni temporelle ni géographique. A la décharge des hommes et des femmes du Moyen Âge, il faut répéter que le monde dans lequel ils évoluaient était profondément mystérieux, incompréhensible et 20 effrayant. Néanmoins, nous devons nous offusquer des nombreuses victimes que les chasses aux sorcières on faites dans l’histoire de l’humanité. Mais pas pour nous donner bonne conscience. Pas en nous disant que tout cela fait partie du passé. Pas sans jeter un regard acéré sur nos comportements contemporains : je pense à tous ceux que l’on craint, à tous ceux que l’on rejette, à tous ceux à qui on refuse le droit d’être des individus à part entière. Aujourd’hui. Si l’étude de l’histoire a une raison d’être inaliénable, c’est bien la volonté de comprendre les comportements humains et de ne pas reproduire les erreurs du passé. Nous avons trop d’exemples terribles sous les yeux pour continuer à refuser de regarder. L’histoire universelle n’est pas prioritairement écrite par la volonté des puissants de ce monde, elle l’est avant tout par les actions de chaque individu. Il est peut-être temps, plus que jamais, puisqu’aujourd’hui nous avons tant d’outils à disposition pour comprendre le monde, de cesser d’être dominés par la peur et de faire un pas vers l’autre. 6.3. TP ET CULTURE GENERALE Pour réaliser ce travail j’ai dû puiser dans différents chapitres du support de cours ECG : la partie sur les aspects et l’argumentation sont incontournables pour formuler les questions de la motivation, procéder au résumé de l’article de presse et rédiger le texte argumentatif du point 4. Mais d’autres chapitres ont été mis à contribution : la compréhension de texte pour bien cerner le sens de l’article de presse et des sources de la présentation du sujet, le résumé pour dégager les idées essentielles de l’article, la partie sur les médias pour le choix des illustrations et leur insertion pertinente dans le dossier. Enfin, pour ce qui concerne le fond de mon sujet, quelques notions de droit et particulièrement de droit pénal ont été à la fois sollicitées et complétées. 6.4. TP : AVANTAGE ET INCONVENIENT A mon avis, la modalité TP présente le grand avantage de rompre le rythme plutôt répétitif des cours de culture générale : elle nous contraint à être plus autonomes et plus responsables tout en nous donnant la possibilité de travailler sur un sujet de façon approfondie. Le principal inconvénient de cet exercice est la structure rigide du dossier qui m’a contrainte à laisser de côté les mille autres choses que j’avais encore à dire. Heureusement, il y a la page personnelle… 6.5. DEUX CONSEILS Aux futures victimes du TP, je conseille en priorité de faire très attention au choix du sujet : vu le temps consacré à la réalisation du dossier, il est impératif de travailler sur un sujet qui nous tient à cœur, qui nous intéresse vraiment. Mais l’enthousiasme seul ne suffit pas : il faut aussi, avant de se lancer, perdre un peu de temps à chercher des informations, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il en existe suffisamment. Par ailleurs, pour la rédaction du dossier, il est très important de travailler avec le guide méthodique, particulièrement la structure globale du travail et les grilles d’évaluation des points de contrôle qui permettent de ne pas oublier bêtement de faire figurer certains points et peuvent donc être utilisées comme des outils de contrôle dans l’avancée du travail. 21 BIBLIOGRAPHIE Livres BOURGEOIS Claude, Histoire générale : L’époque contemporaine (1914-1990), vol. 5, Lausanne : L.E.P., 1999 OSTORERO Martine, Folâtrer avec les démons : sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448), Lausanne : CLHM 47, 2008 PFISTER Laurence, L’enfer sur terre : sorcellerie à Dommartin (1498), Lausanne : CLHM 20, 1997 Articles BERSET Jacques, « Château de Chillon: Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud" », http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw&na=0,0,0,0,f&ki=229460 GUIGNON Catherine, « Le chasseur de sorcières », in GéoHistoire Hors-série : la guerre froide, novembre-décembre 2010 Sites Internet Encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867 Wikipédia : « chasse aux sorcières » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res « peste noire » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire#cite_note-4 Audiovisuel OSTORERO Martine, Entretien avec Martine Ostorero, historienne, enseignante Unil, vidéo du 12 octobre 2010, http://www.rts.ch/video/decouverte/2579010-entretien-avec-martine-ostorero-historienneenseignante-unil.html http://www.pensee-unique.fr/images/sorciere.jpg Dessin de presse humoristique qui fait cohabiter une sorcière « traditionnelle » et un « sorcier » contemporain 22