La chasse aux sorcières :

Transcription

La chasse aux sorcières :
École Professionnelle de Montreux
Année Scolaire 2013-2014
Esméralda X. Ogg
Classe C3I
La chasse aux sorcières :
Un phénomène à l’épreuve du temps ?
http://www.cosmovisions.com/images/Sorcieres-Derneburg.jpg
Sorcières brûlées à Derneburg, gravure sur bois de 1555
TABLE DES MATIÈRES
TITRES
SOUS-TITRES
PAGINATION
1. MOTIVATION ……………………………………………………………………….
2. PRÉSENTATION D’UN ARTICLE DE PRESSE …………………………………
3
4-7
2.A. L’AUTEUR …………………………………………………………………………………….
2.B. LE CONTEXTE DE PARUTION ……………………………………………………………..
2.C. RÉSUMÉ DE L’ARTICLE A PARTIR DES DEUX ASPECTS PRINCIPAUX …………….
2.C.1. CULTURE : CONTEXTE ET FONCTIONNEMENT …………………………...
2.C.2. IDENTITÉ ET SOCIALISATION : VICTIMES ET BOURREAUX …………….
3. PRÉSENTATION DU SUJET ………………………………………………………
3.1. CHASSE AUX SORCIÈRES (XVE-XVIIIE SIÈCLES) ……………………………………….
3.1.A. QUOI ? …………………………………………………………………………….
3.1.B. QUAND ET OÙ ? …………………………………………………………………
3.1.C. POURQUOI ? ……………………………………………………………………..
3.1.D. QUI ET POURQUOI ? ……………………………………………………………
3.1.E. COMMENT ? ……………………………………………………………………...
3.2. GUERRE FROIDE ET CHASSE AUX SORCIERES A L’EPOQUE CONTEMPORAINE
(1947-1960) ………………………………………………………………………………………….
3.2.A. LA GUERRE FROIDE ……………………………………………………………
3.2.B. LE MACCARTHYSME …………………………………………………………..
3.3. VERS UNE DÉFINITION GÉNÉRALE DE LA CHASSE AUX SORCIÈRES ……………...
4. ARGUMENTATION …………………………………………………………………
5. PAGE PERSONNELLE ……………………………………………………………..
6. CONCLUSION / BILAN PERSONNEL ……………………………………………
6.1. TROIS POINTS À RETENIR ………………………………………………………………….
6.2. POUR PROLONGER LA RÉFLEXION ………………………………………………………
6.3. TP ET CULTURE GÉNÉRALE ……………………………………………………………….
6.4. TP : AVANTAGE ET INCONVÉNIENT ……………………………………………………...
6.5. DEUX CONSEILS ……………………………………………………………………………..
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………
…………………..4
…………………..4
……………….. 6-7
…………………..7
…………………..7
8-11
……………….. 8-9
…………………..8
…………………..8
…………………..8
…………………..9
…………………..9
……………… 9-11
……………… 9-10
…………….. 10-11
…………………11
12-13
14-19
20-21
…………………20
…………….. 20-21
…………………21
…………………21
…………………21
22
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Wiki_Champion_des_dames_Vaudoises_01.png
Sorcières se déplaçant sur un balai ou un bâton selon le Champion des dames de Martin Le Franc, 1530
2
1. MOTIVATION
Pour mon travail personnel de 3ème année, j’ai décidé de travailler sur le phénomène de la
chasse aux sorcières. Les raisons de ce choix sont les suivantes :
 Ce matin encore, alors que je surfais sur le Net à la recherche des infos du jour, j’ai
rencontré trois gros-titres qui ont retenu mon attention1. Faisant initialement référence à un
événement historique précis, l’expression « chasse aux sorcières » est désormais d’usage
courant. Mais d’où vient-elle et que recouvre-t-elle vraiment ? (culture)
 La figure de la sorcière fait partie de l’imaginaire collectif : presque tout le monde, ne
serait-ce qu’à travers les contes pour enfants, a été confronté une fois ou l’autre à ce
personnage. Souvent, on associe la sorcière au bûcher sur lequel on la faisait brûler. Les
sorcières avaient-elles droit à un procès ? (droit)
 Dans les contes pour enfants comme dans le langage courant, les sorcières sont
généralement des femmes. La sorcière est-elle un être féminin par nature ? (identité et
socialisation)
 Des productions littéraires récentes (Les Annales du Disque-Monde, Harry Potter), que j’ai
lues avec beaucoup de plaisir, donnent du sorcier une image globalement positive. Mais, la
plupart du temps, on perçoit la sorcière comme un être nuisible, ayant la capacité d’utiliser
la magie pour faire le mal. La sorcière est-elle un être maléfique ou bienfaisant ? (éthique)
Je garde de mes cours d’histoire à l’école un souvenir très vague, mais je sais que la fin du
Moyen Âge est une période difficile à différents égards :
 La Suisse n’est pas, à l’époque, un État unifié mais un conglomérat de petits pouvoirs
politiques. La chasse aux sorcières a-t-elle été un facteur de cohésion ou un trouble
supplémentaire ? (politique)
 Les épidémies succèdent aux guerres qui succèdent à de terribles épidémies de famine. Le
bétail meurt sans raison apparente, les récoltes sont dévastées par la grêle, les
accouchements se passent souvent mal. Et l’on accuse les sorciers de provoquer ces
catastrophes. Les connaissances scientifiques de l’époque permettaient-elles d’expliquer
autrement ces différents malheurs ? (technologie)
Des cours d’histoire à l’école, je me souviens aussi d’avoir entendu l’expression « chasse aux
sorcières » dans deux contextes très différents : celui de la fin du Moyen Âge et celui de la
guerre froide. Surprise que la même terminologie soit utilisée pour qualifier deux moments de
l’histoire aussi éloignés dans le temps, je me suis dit qu’il était peut-être temps de combler
mes lacunes en histoire et d’en apprendre un peu plus sur ce personnage ayant l’étrange
capacité de traverser les siècles.
1
« Michael Mann, le climatologue victime d’une chasse aux sorcières » (www.slate.fr), « Transparence : ne pas tomber dans
la chasse aux sorcières » (www.lefigaro.fr), « La chasse aux sorcières s’organise contre les voyants neuchâtelois »
(www.arcinfo.ch).
3
2. PRÉSENTATION D’UN ARTICLE DE PRESSE
2.A. L’AUTEUR
Les articles de presse relatifs à la chasse aux sorcières sont nombreux. Après moult
recherches, j’ai jeté mon dévolu sur un texte de Jacques Berset intitulé « Château de Chillon :
Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud" », parce qu’il est
facile d’accès, complet et tout à fait en lien avec l’actualité régionale.
Journaliste de formation, Jacques Berset collabore depuis de nombreuses années avec
l’agence de presse internationale catholique (apic) qui a son siège à Fribourg et qui s’intéresse
de près à la vie des religions et des Églises dans le monde.
2.B. LE CONTEXTE DE PARUTION
Comme on l’apprend dans cet article, la Suisse a un rapport très étroit avec la chasse aux
sorcières. Il en découle l’existence d’une unité de recherche historique de choc. Néanmoins, la
population romande contemporaine ne sait souvent pas le sort terrible qui était réservé à ceux
que l’on accusait de sorcellerie et ignore même parfois que le « Pays de Vaud » médiéval a
été le berceau d’une chasse aux sorcières qui s’est prolongée jusqu’au XVIIIe siècle. Il était
temps de donner la parole aux victimes de cette chasse, ce qui a été fait les 10 et 11 juin 2006
à l’université de Lausanne, puis du 6 avril au 7 novembre 2011 au musée historique de
Montreux et enfin du 9 septembre 2011 au 24 juin 2012 au château de Chillon. C’est dans le
contexte de cette dernière exposition qu’est paru l’article de Jacques Berset.
http://www.chillon.ch/fr/page.cfm/castle/ses-publications
Couverture du catalogue de l’exposition temporaire au château de Chillon
4
Château de Chillon: Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays
de Vaud"2
La Suisse a brûlé dix fois plus de sorcières que la France, cent fois plus que l’Italie.
Chillon, 6 mars 2012 (Apic) La Suisse, proportionnellement à la population de l’époque, a brûlé peut-être
deux fois plus de sorciers et de sorcières que l’Allemagne, dix fois plus que la France, cent fois plus que
l’Italie, affirme Martine Ostorero*. Commissaire scientifique de l’exposition "La Chasse aux sorcières
dans le Pays de Vaud – XVe-XVIIe siècle" au château de Chillon, elle jette une lumière crue sur cette
époque qui invente le concept de "sabbat des sorcières".
L’exposition temporaire**, dispersée dans les salles du château de Chillon, emmène le visiteur sur les traces
des victimes et de leurs bourreaux à une époque où la Suisse, vers 1600, comptait moins d’un million
d’habitants.
Phénomène propre à l’époque moderne, même si l’on peut en situer les prémisses à la toute fin du Moyen
Age, la chasse aux sorcières va faire des dizaines de milliers de victimes du XVe au XVIIIe siècle dans toute
l’Europe. "Même s’il faut manier ces chiffres avec précaution", confie à l’Apic Martine Ostorero, professeure
associée en histoire médiévale à la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne (UNIL).
Au nom de la défense de la foi chrétienne
En Suisse, cette répression menée officiellement au nom de la défense de la foi chrétienne et de la lutte contre
les pratiques superstitieuses, touchera autant les cantons protestants que catholiques. Dans le pays de Vaud,
d’abord catholique et savoyard, avant d’être conquis par les Bernois qui y introduisirent la Réforme en 1536,
près de 3’000 personnes ont été poursuivies pour fait de sorcellerie: les deux tiers finiront sur le bûcher.
Pendant les six années de fonction du bailli de Chillon Nicolas de Watteville (1595-1601), une quarantaine de
personnes allaient payer de leur vie leur "déviance". D’autres vagues de répression surgiront durant les
périodes de crise économique, d’épidémies, de famines ou de guerres. Les années 1420-1430 sont celles de
l’invention du concept de "sabbat des sorcières" et des premières poursuites judiciaires menées contre de
prétendues sectes de sorciers adorateurs du diable.
Des préjugés qui tombent: protestants et catholiques agissent de même
Cette exposition fait tomber un certain nombre de préjugés: la répression des actes qualifiés de sorcellerie a
frappé autant dans les cantons protestants que dans les régions catholiques, indistinctement dans les
différentes régions linguistiques du pays. En Suisse occidentale, au XVe siècle, la répression de la sorcellerie
démoniaque est menée en grande partie par l’Inquisition des religieux dominicains, avec le soutien des
autorités laïques et ecclésiastiques.
L’Inquisition est née de la nécessité, pour l’autorité pontificale, de lutter contre les déviances en matière de
foi et contre les hérétiques. La procédure employée par les tribunaux d’inquisition jusqu’à la veille de la
Réforme – avec ses cruelles méthodes de torture pour obtenir des aveux - a tout simplement été reprise par les
cours laïques de justice criminelle durant la période bernoise.
Au début, la répression touchait tant les hommes que les femmes
Si 60 à 70% des victimes du bûcher ont été des femmes, 30 à 40% des condamnés à mort étaient des hommes.
"En effet, il ne faut pas croire que la répression du crime de sorcellerie n’a frappé que les femmes, du moins
pas au début. Les textes ne stigmatisaient pas que les sorcières, mais les sorciers, les magiciens ou les devins
étaient aussi visés".
On utilisait également ces accusations contre des hommes rebelles, et cela pouvait devenir une arme
politique, poursuit Martine Ostorero.
La professeure de l’UNIL confirme que les phénomènes dits des "sabbats des sorcières" se sont manifestés
très tôt dans les Alpes occidentales, notamment dans le diocèse de Lausanne. "La chasse aux sorcières est un
produit du début de l’époque moderne. Malgré la Réforme, la pensée et les structures mentales du Moyen
Age se maintiennent. Il faut lutter contre les forces du mal et la sorcellerie est alors perçue comme un fait
réel. C’est la rationalité de l’époque…"
2
Article tiré de : http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw&na=0,0,0,0,f&ki=229460
5
Martine Ostorero parle de la vague répressive comme de foyers qui s’allument dans des régions circonscrites,
qui finissent par s’éteindre pour se réveiller ailleurs, souvent suscités par des rumeurs. Les accusés de
sorcellerie sont la plupart du temps des gens sans pouvoir, des personnes en position de faiblesse, socialement
isolées, souvent victimes de suspicions villageoises. On leur reproche d’avoir empoisonné du bétail, d’avoir
causé des maladies dans les familles, d’avoir jeté des sorts. D’autres accusations relèvent de querelles de
voisinage, de jalousies, de disputes de famille, de questions d’héritage… Il arrive que des familles aisées
soient dénoncées, mais souvent dans ce cas, elles ont davantage de moyens pour plaider leur cause.
Si au début, la répression touchait tant les hommes que les femmes, dans la période moderne, ce sont ces
dernières en majorité qui vont finir sur le bûcher, victimes des préjugés de l’époque et de la misogynie. "La
femme était perçue comme source de tous les désordres, plus crédule, plus prompte à succomber à toutes les
tentations… L’image négative de la femme, véhiculée en grande partie par le discours théologique et clérical,
mais aussi par les représentations médicales ou populaires, a servi de justification".
La Suisse détient un record en matière de "chasse aux sorcières"
La Suisse, dans ses frontières actuelles, détient non seulement la palme de la plus longue durée
de répression de la sorcellerie, mais aussi, en proportion de sa population, celle du plus grand
nombre d’individus poursuivis pour ce crime. Durant près de trois siècles, selon les
organisateurs de l’exposition temporaire, 5’000 personnes ont été mises en accusation et 3’500
d’entre elles ont été exécutées, avant tout par le feu, dont 60 à 70% de femmes. La dernière
sorcière à être condamnée en Suisse fut Anna Göldi, en 1782, dans le canton protestant de
Glaris. A Fribourg, Catherine Repond, dite "la Catillon", fut jugée pour sorcellerie et brûlée le
15 septembre 1731, au Guintzet.
Dépasser la vision romantique de Chillon
Visité majoritairement par des étrangers (70% des visiteurs) attirés par
la vision romantique popularisée par "Le Prisonnier de Chillon",
fameux poème écrit en 1816 par Lord Byron, le château de Chillon
cherche à regagner un public régional. Pari gagné avec cette exposition
temporaire qui connaît un succès certain auprès d’un public venant de
toute la Suisse. Le château de Chillon fut un important lieu de
détention et d’exécution de personnes soupçonnées de sorcellerie. La
célèbre forteresse vaudoise constitue de ce fait un cadre propice pour
accueillir l’exposition temporaire.
Jacques Berset, Apic
* Le principal domaine de recherche de Martine Ostorero est centré sur l’histoire de la sorcellerie, de la démonologie et
de l’Inquisition entre le XIIIe et le XVIe siècle. Elle a mis au jour une documentation inédite dans l’espace suisse et
alpin, un territoire qui s’avère capital dans l’émergence des premières chasses aux sorcières et du fantasme du sabbat.
** L’exposition "La Chasse aux sorcières dans le Pays de Vaud - XVe-XVIIe siècle", se tient du 9 septembre 2011 au 24
juin 2012 au château de Chillon, l’impressionnante forteresse édifiée sur un rocher qui s’avance dans le lac Léman, entre
Villeneuve et Montreux.
2.C. RESUME DE L’ARTICLE A PARTIR DES DEUX ASPECTS PRINCIPAUX
Pour résumer cet article, j’ai décidé d’exploiter les aspects « culture » (contexte historique,
mentalités) et identité et socialisation (caractéristiques des acteurs de la chasse). Il aurait
également été possible d’utiliser l’aspect « droit » puisqu’il est question d’Inquisition et de
justice laïque, mais ces notions peuvent être intégrées à l’aspect « culture ».
6
2.C.1. CULTURE : CONTEXTE ET FONCTIONNEMENT
La chasse aux sorcières débute à la fin du Moyen Âge, mais il s’agit d’un phénomène propre à
l’époque moderne et qui touche toute l’Europe. Elle fera des dizaines de milliers de victimes
entre le XVe et le XVIIIe siècle, tout particulièrement en Suisse, qui atteint des records au
niveau du nombre de personnes poursuivies et/ou exécutées.
Le concept de « sabbat des sorcières » est inventé dans les années 1420-1430, ce qui marque
le début des poursuites judiciaires à l’encontre d’un groupe de prétendus adorateurs du diable.
En Suisse occidentale, au XVe siècle, la répression de la sorcellerie est menée par
l’Inquisition, née de la nécessité pour les autorités religieuses de lutter contre les hérésies,
assistée par les autorités laïques. Les vagues de chasse sont donc liées à des formes
d’instabilité religieuse et, de façon plus globale, à des périodes de crise économique,
d’épidémies, de famine ou encore de guerre.
Les méthodes de l’Inquisition, dont la torture, seront reprises par les cours de justice
criminelle des XVIe et XVIIe siècles.
2.C.2. IDENTITE ET SOCIALISATION : VICTIMES ET BOURREAUX
La fin du Moyen Âge est imprégnée de peur. La sorcellerie est alors considérée comme la
seule explication rationnelle à certaines catastrophes qui touchent tout le monde : maladies
chez les hommes, mort du bétail, famine. Sa répression a donc eu lieu aussi bien dans les
cantons protestants que catholiques et indifféremment des régions linguistiques.
L’accusation de sorcellerie fait généralement suite à des rumeurs ou à des dénonciations et
touche très majoritairement des personnes en position de faiblesse, sans pouvoir, socialement
isolées. Mais le procès pour sorcellerie est également utilisé comme une arme politique : il
permet de se débarrasser de celui qui dérange, le rebelle par exemple.
Au début de la chasse, les présumés sorciers sont aussi bien des hommes que des femmes
mais, durant la période moderne, victimes de préjugés misogynes et d’une image négative tant
au niveau religieux que médical ou encore dans l’imaginaire populaire, environ 65% des
condamnés au bûcher étaient des femmes.
Le sexe des personnes accusées de sorcellerie
Région
Années
Hommes
Femmes
% Femmes
Allemagne du Sud Ouest
1562-1684
238
1050
82
Évêché de Bâle
1571-1670
9
181
95
Franche-Comté
1559-1667
49
153
76
Genève
1537-1662
74
240
76
Pays de Vaud
1539-1670
45
62
58
Comté de Namur
1509-1646
29
337
92
Luxembourg
1519-1685
130
417
76
Cité de Toul
1584-1623
14
53
79
Nord (dép.) de la France
1542-1679
54
232
81
Castille
1540-1685
132
324
71
Aragon
1600-1650
69
90
57
Venise
1552-1722
119
430
78
Finlande
1665-1684
33
119
78
Russie (appels)
1622-1700
59
40
40
Comté d’Essex (Angl.)
1560-1675
23
290
92
Nouvelle-Angleterre
1630-1700
60
193
79
Écosse
1560-1727
242
1491
86
SNYDER Patrick, Représentation de la femme et chasse aux sorcières (XIII e – XVe siècles), p. 37
Ce tableau montre que dans la période qui suit le milieu du XVIe siècle les femmes ont été drastiquement
plus nombreuses que les hommes à être accusées de sorcellerie
7
3. PRESENTATION DU SUJET
3.1. LA CHASSE AUX SORCIERES (XVE-XVIIIE SIECLES)
3.1.A. QUOI ?
Par « chasse aux sorcières », on entend la « recherche hystérique et la répression de personnes
accusées de pratiquer la magie noire »3.
3.1.B. QUAND ET OÙ ?
La chasse aux sorcières commence à la fin du Moyen Âge, dans les années 1420-1430, et se
prolonge jusqu’au XVIIIe siècle après avoir atteint son paroxysme durant les XVIe et XVIIe
siècles. La région de l’arc alpin (Suisse romande, Alpes françaises et italiennes) est
particulièrement touchée par ce phénomène.
3.1.C. POURQUOI ?
Si certaines zones géographiques sont particulièrement touchées, c’est qu’elles présentent des
caractéristiques qui ont constitué un ferment de choix :
 La Suisse n’est pas alors un État unifié et fort, mais regroupe de petites puissances
politiques qui cherchent à affirmer leur pouvoir et leur légitimité politique. Or,
« l’accusation de sorcellerie est une manière d’affirmer un pouvoir : lors du procès il y a
les autorités de la ville, de la seigneurie, etc. qui sont présentes, qui assistent au procès et
qui par-là contribuent à dire ce qui est bien, ce qui est mal, à s’affirmer comme force
politique. »4.
 L’Église est en crise : elle a vécu des schismes5, doit lutter contre les hérésies
particulièrement présentes en Suisse romande (les vaudois, les cathares), est à la veille de
la Réforme protestante. Si elle veut conserver sa place dominante, elle doit donc montrer
de façon claire quelle est la voie de l’orthodoxie. Or le sorcier est, en somme, un mauvais
chrétien.
 Le dernier tiers du Moyen Âge est une période particulièrement éprouvante pour la
population car elle voit se succéder épidémies (Peste Noire, 1347-1353), guerres et sévères
périodes de famine. L’espérance de vie ne dépasse guère 30 ans6, les femmes meurent
souvent en couches, emportant parfois leur nouveau-né avec elles. En bref, la fragilité de
la vie fait que les gens ont peur dans un monde particulièrement mystérieux : des
phénomènes tout à fait naturels, qui trouvent aujourd’hui une explication scientifique
valable, échappent alors à toute explication7.
Le cumul de ces différents facteurs implique la nécessité pour tout le monde (pouvoir
politique, Église, individus) de trouver un responsable et de s’ériger contre lui.
3
Wikipédia, article « chasse aux sorcières » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res
OSTORERO Martine, Entretien avec Martine Ostorero, historienne, enseignante Unil, vidéo du 12 octobre 2010,
http://www.rts.ch/video/decouverte/2579010-entretien-avec-martine-ostorero-historienne-enseignante-unil.html
5
Le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) divise la chrétienté en deux groupes, chacun mené par un pape différent.
6
Encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867
7
Pour plus d’informations à ce sujet, lire : VERDON Jean, La nuit au Moyen Âge, Paris : Hachette « Pluriel Histoire », 2003,
286p.
4
8
3.1.D. QUI ET POURQUOI ?
Les magiciens, les guérisseurs, les sorciers existaient bien avant les années 1420-1430, mais
de façon isolée et leur vocation était plutôt d’améliorer le sort de leurs semblables : aide à la
naissance, soins par les herbes, philtres d’amour.
Au début du XVe siècle naît alors, presque par hasard ou par un malheureux concours de
circonstances, un concept qui va complètement travestir l’image du sorcier et engendrer
plusieurs siècles d’horreur : le sabbat des sorcières.
Dès lors, les sorciers ne concoctent plus leurs petites potions dans leur coin, mais ils se
réunissent nombreux, la nuit, autour de la figure qui, dans le monde médiéval, incarne le mal
absolu : le diable. Lors de ces réunions auxquelles ils se rendent par des moyens de transport
peu confortables8, les sorciers commettent l’infanticide, mangent de la chair humaine, dansent
à la lueur bleue de bougies faites de graisse humaine, s’adonnent à des orgies bestiales, puis
rentrent chez eux, armés de poudres fournies par Satan et qui leur permettront de répandre le
mal autour d’eux : mort du bétail, épidémies diverses, infertilité.
Tout cela, bien sûr, n’a jamais existé. Mais l’idée est lancée et les gens, aussi bien le peuple
que les hommes d’Église ou encore les hommes de pouvoir, commencent à assimiler ces
notions et à y croire. De plus, chacun se rend bien compte de l’efficacité de la chose : un
voisin dérangeant, un rebelle politique ou religieux ? Il suffit de l’accuser d’être un sorcier
pour se débarrasser de lui.
3.1.E. COMMENT ?
Au XVe siècle, un cadre judiciaire est déjà en place dans le but de lutter contre les hérésies
« classiques ».
Dans le contexte de la chasse aux sorcières, tout part souvent d’une rumeur. Une fois
l’accusation lancée, l’Inquisition mène l’enquête et obtient facilement des aveux en faisant
usage de la torture9 ; les accusés révèlent notamment les noms de leurs soi-disant complices,
ce qui permet à la chasse massive de prendre place.
Une fois le crime confessé, le tribunal inquisitorial prononce la sentence et, selon la gravité
des actes commis, condamne la personne au bûcher et la remet au pouvoir civil qui exécute la
sentence, ou la condamne à des pénitences, des pèlerinages, des jeûnes, la confiscation de ses
biens, des peines de prison.
3.2. GUERRE FROIDE ET
CONTEMPORAINE (1947-1960)
CHASSE
AUX
SORCIERES
A
L’EPOQUE
3.2.A. LA GUERRE FROIDE
Après la deuxième guerre mondiale, les tensions entre les démocraties occidentales et l’Union
soviétique s’accentuent : désormais, deux blocs de pays s’opposent. Le « bloc de l’Est » ou
« bloc communiste » est constitué des pays contrôlés par l’URSS. Ce contrôle s’exerce par
l’intermédiaire de gouvernements communistes installés de gré ou de force. Le bloc
occidental regroupe, autour des États-Unis, des gouvernements démocratiques (GrandeBretagne et France notamment).
8
Un bâton, qui deviendra plus tard un balai. Les sorciers valaisans constituent à cet égard une exception puisque, malins, ils
se déplaçaient plus volontiers sur une chaise ou un tabouret volant.
9
La torture est alors une pratique tout à fait autorisée, légale.
9
Si la tension entre les deux blocs est continuelle et que la crainte d’une troisième guerre
mondiale est omniprésente du fait que chacun possède l’arme atomique, les deux pays
s’affrontent de façon indirecte : conquête spatiale, sport, sciences, culture.
C’est ce que l’on appelle la « Guerre froide »10.
3.2.B. LE MACCARTHYSME
Mais la guerre froide a des effets à l’intérieur même des blocs.
En URSS et dans les pays de l’Est, les gouvernements communistes ont des pouvoirs
dictatoriaux : ils traquent les opposants au régime en place, organisent des procès et des
purges, exécutent les rebelles.
Dans le bloc occidental, on entreprend le fichage systématique de toute personne soupçonnée
de sympathies de gauche ou de contacts avec le bloc communiste. Aux États-Unis en
particulier, un gigantesque mouvement de paranoïa anti-communiste s’installe, suscitant
environ 26'000 enquêtes sur les activités des citoyens et fonctionnaires américains. Cette
« chasse aux sorcières » prend toute son ampleur à partir de 1950, sous l’influence du très
conservateur Joseph McCarthy, qui prétend détenir les noms de 205 fonctionnaires
communistes, espions infiltrés au Département d’État et invite tous les Américains à
débusquer les traîtres. L’Amérique bascule dans l’hystérie ! Entre les imposants moyens
d’investigation dont McCarthy dispose et la délation qui est devenue un « sport national », la
liste noire prend de l’ampleur. Des fonctionnaires, dénoncés comme communistes, sont démis
de leurs fonctions, parfois jetés en prison. Les cinéastes et écrivains qui ont des opinions de
gauche sont fichés, peinent à trouver du travail, s’exilent en Europe. Les scientifiques, les
citoyens sont traqués par la CIA, par leurs voisins. Un couple de savants new-yorkais, Ethel et
Julius Rosenberg, accusé d’espionnage, est même exécuté sur la chaise électrique le 19 juin
1953.
http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article-13373410.html
« Monsieur le Président : ne permettez pas à la peur hystérique de prévaloir sur la justice »
Photographie prise lors de la campagne demandant la grâce des époux Rosenberg, 1953
Enfin, le délire paranoïaque de McCarthy visant les communistes mais également les
homosexuels et les drogués et qui lui fait utiliser des méthodes d’investigation brutales,
corruption de témoins et autres joyeusetés, finit par retourner l’opinion publique : il est
10
Cette partie est inspirée de : BOURGEOIS Claude, Histoire générale : L’époque contemporaine (1914-1990), vol. 5,
Lausanne : L.E.P., 1999, pp. 964-967.
10
destitué de ses fonctions. Mais les tristement fameuses listes noires lui survivent jusqu’en
1960, brisant des milliers de vies11.
3.3. VERS UNE DEFINITION GENERALE DE LA CHASSE AUX SORCIERES
Si plusieurs siècles séparent ces deux chasses aux sorcières, elles n’en présentent pas moins
d’étranges similitudes : certains concepts et groupes sociaux ou culturels sont très précisément
visés, rumeur et délation y tiennent un rôle fondamental, les autorités jouent le jeu des
bourreaux, la persécution ne devient une chasse systématique que sous l’effet de la peur qui
anime ceux qui y participent.
Pour la suite de ce travail, nous donnerons donc la définition globale suivante de l’expression
« chasse aux sorcières » : procédé consistant à donner une forte connotation négative à une
idée ou à un groupe de personnes, de telle sorte qu’elle suscite la peur de la majorité et
l’encourage à agir dans le sens d’une mise à l’écart, d’une persécution, voire d’une
extermination pure et simple.
http://www.philophil.com/philosophie/representation/Analyse/sorciere.htm
Détail de « La tentation de saint Antoine » de Joachim Patinir, vers 1520, peinture sur bois
11
Cette partie est inspirée de : GUIGNON Catherine, « Le chasseur de sorcières », in GéoHistoire Hors-série : la guerre
froide, novembre-décembre 2010, pp. 64-65.
11
4. ARGUMENTATION
On a vu qu’il y a, à plusieurs siècles d’écart, deux événements historiques qui sont appelés
« chasse aux sorcières » et qui présentent de sérieuses similitudes dans leur but et dans leur
fonctionnement. Alors, la chasse aux sorcières est-elle un phénomène à l’épreuve du temps ?
Dans le texte qui suit, nous allons nous intéresser à d’autres événements historiques qui
pourraient être considérés comme des variantes de chasse aux sorcières en suivant une
progression chronologique du Moyen Âge à nos jours : Peste Noire, Réforme et peur de
l’islam.
Premièrement, certaines périodes du Moyen Âge constituent un ferment idéal à l’apparition de
chasses, particulièrement parce que le monde est encore mal connu, d’un point de vue
scientifique notamment, ce qui lui confère un caractère incompréhensible et effrayant. On
pense, par exemple, à la terrible épidémie de peste qui sévit de 1347 à 1353 et décime 30 à
50% de la population européenne12. Ne sachant comment la maladie se transmet mais ayant
impérativement besoin de s’en prémunir, les individus cherchent plus ou moins consciemment
un responsable qu’ils trouvent sans trop d’efforts dans la communauté juive. Ainsi les Juifs,
accusés d’empoisonner l’eau des puits et de permettre ainsi à la maladie de se propager, sontils persécutés et massivement assassinés. Si la population a trouvé un exutoire, le problème
n’est pas résolu pour autant.
http://www.mundusbellicus.fr/forum/showthread.php?37-Peste-Total-War
Carte qui montre la propagation de la peste année par année. Venue de l’Asie centrale, elle décime 30 à
50% de la population européenne (~25 millions de personnes)
12
Wikipédia, article « peste noire » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire#cite_note-4
12
Deuxièmement, les temps modernes correspondent à une période de fortes dissidences
religieuses. Le phénomène de la Réforme, notamment, traîne dans son sillage de nombreux
massacres13 et coups d’État, et l’appartenance à l’un ou l’autre des deux groupes en conflit14
permet, par exemple, d’évincer du pouvoir certains personnages majeurs. Dans ce contexte,
l’appartenance religieuse de l’autre n’est parfois qu’un prétexte pour s’en débarrasser et
placer ses propres pions sur l’échiquier politique.
Troisièmement, les XXe et XXIe siècles, de loin les plus meurtriers de l’histoire de
l’humanité, fournissent malheureusement de nombreux exemples de stigmatisation et de
persécution de certains groupes sociaux, ethniques ou culturels. Sans entrer dans la catégorie
des génocides qui mériterait de figurer ici, on pense en particulier à la diabolisation de l’islam,
qui présente de grandes similitudes avec la chasse menée contre les sorcières du sabbat à
l’époque moderne : à cause de l’amalgame entre islamiste et musulman et du foisonnement de
clichés navrants relatifs à l’islam, le monde a peur de chaque barbu un peu typé, des minarets,
de ce qui se cache sous le voile.
En effet, les attentats du 11 septembre ont été présentés au grand public comme une action
terroriste menée par un mouvement islamiste fondamental et dont le but était d’ébranler le
mode de vie et les libertés américaines, et par-là même occidentales. Mais on peut aujourd’hui
légitimement se demander s’il ne s’agissait pas, pour le pouvoir en place, de rassembler toute
une nation – et bien plus encore – derrière la même peur et la même haine d’un autre, un
« diable des temps modernes »15, ce afin d’affirmer son autorité et dans le but peu glorieux
d’envahir un pays pour faire main basse sur ses ressources de pétrole.
Pour conclure, nous voyons bien que les exemples de persécution de groupes sociaux ou
culturels sont très nombreux dans l’histoire : pogroms contre les Juifs propagateurs de la peste
médiévale, massacres politico-religieux de la période moderne, génocides et diabolisation de
l’islam dans le monde contemporain occidental…et la liste est loin d’être exhaustive.
A mon avis, les mécanismes de stigmatisation de groupes sociaux restent toujours les mêmes.
Blâmer l’autre d’être un autre et, pour cette seule raison, le considérer comme porteur de
toutes les pires choses, se reporte malheureusement de génération en génération, de société en
société.
Une solution au moins partielle serait de cesser d’avoir peur de tout ce qui ne correspond pas
à nos critères identitaires propres et, pour ce faire, de se donner la peine d’apprendre à
connaître ce qui nous est étranger. Comme l’a très justement dit Jacques Brel : « La bêtise,
c’est la mauvaise fée du monde, la sorcière. Il n’y a pas de gens méchants, il y a des gens
bêtes. Mais ce n’est pas de leur faute. Mais il y a des gens qui ont peur. Et ça c’est de leur
faute. »16.
13
Le massacre de la Saint-Barthélemy est une tuerie déclenchée à Paris le 24 août 1572 contre les protestants. Il se prolonge
durant plusieurs jours dans la capitale faisant environ 3000 morts, puis s’étend dans les semaines qui suivent à une vingtaine
de villes de province, provoquant la mort de 5000 à 10'000 personnes.
14
Catholiques et protestants.
15
Il faudrait plutôt dire des temps contemporains.
16
Interview à la RTB, 1971.
13
5. PAGE PERSONNELLE
Pour ma page personnelle, j’ai décidé d’utiliser des extraits de textes que j’ai croisé en
élaborant mon TP, mais que je ne pouvais pas exploiter dans les parties imposées puisqu’il
fallait aller à l’essentiel et se conformer à une structure précise. Pour différentes raisons, ces
petits bouts de textes font écho en moi : ils m’attristent, me font rire, me poussent à
réfléchir…je ne pouvais pas me résoudre à les « botter en touche ». L’idée de ma page
personnelle est donc de révéler ces mots, tout en les commentant afin de développer ma
réflexion sur les chasses aux sorcières et sur la figure-même de la sorcière qui, lors des
grandes persécutions, pouvait être n’importe qui : une mère, un frère, une voisine…soi-même.
« Interrogée pour savoir comment elle se rendait à la secte, elle dit que le démon lui
remit un petit bâton et un récipient rempli d’un onguent, avec lequel elle oignait le bâton
avant de le mettre entre ses jambes en disant : "Vaz, de par le dyable, vaz !". Cela fait,
elle se retrouvait immédiatement à la secte. »
PFISTER Laurence, L’enfer sur terre : sorcellerie à Dommartin (1498), Lausanne : CLHM 20, 1997, p. 219.
Aujourd’hui, on croit encore aux rebouteux ou aux guérisseurs (pour faire disparaître une
verrue persistante ou soigner une brûlure) et éventuellement à la force que peut procurer la foi
en Dieu, mais plus à la magie qui nous permettrait de nous déplacer d’un lieu à un autre le
temps d’un claquement de doigts. Cette citation pourrait donc prêter à sourire. Sans référence,
on la placerait volontiers dans un livre de contes ou de façon plus globale dans la foisonnante
littérature de fiction. Pourtant, la phrase est tirée des aveux d’Isabelle Perat, accusée de
sorcellerie et jugée pour ce crime entre le 15 octobre et le 6 novembre 1498. Elle apparaît
donc dans les minutes d’un procès tout à fait sérieux et ce type de confession menait
généralement assez inexorablement à la mort par le feu ou à l’exil. Coup de chance, le procès
d’Isabelle présente des irrégularités de procédure et il semble qu’elle ait échappé au bûcher.
« Nous, inquisiteur et vicaire, au vu de tes contradictions, à la demande du procureur de la foi,
et aussi parce que nous avons constaté que tu as répondu en deçà de la vérité, décidons et
jugeons par cette sentence interlocutoire que toi, Jaquet, tu dois être interrogé et soumis à la
question, jusqu’à ce que la vérité sorte de ta bouche, en faveur de la foi […] Cette sentence
fut prononcée et approuvée par le procureur qui demanda qu’elle soit exécutée. Comme Jaquet
ne s’y opposait pas, il fut mis dans une sorte de machine appelée vulgairement laz chataz qui
était placée là. Il demanda alors aux juges qu’on lui accorde un repos, promettant de dire
toute la vérité. Cependant, une fois libéré de la torture et soumis à l’examen, il ne voulut plus
rien avouer. Il fut alors lié à une corde et soulevé légèrement de terre ; sur le champ, il
demanda avec insistance d’être soustrait à la torture, promettant de dire toute la vérité […] il
dit et avoua spontanément avoir tué des enfants et avoir mangé de leur chair. […] il dit et
avoua de sa propre volonté et spontanément qu’ils [les sorciers] se reconnaissaient au moyen
d’une marque de crapaud qu’ils avaient au-dessus de l’œil gauche et que personne ne pouvait
voir, si ce n’est seulement les hérétiques. »
OSTORERO Martine, Folâtrer avec les démons : sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448), Lausanne : CLHM 47,
2008, pp. 221, 223, 231
14
Voici l’extrait du procès de Jaquet Durier, accusé de sorcellerie et jugé pour ce crime entre le
3 et le 15 mars 1448. Moins chanceux qu’Isabelle Perat, Jaquet a péri sur le bûcher. J’ai choisi
cette partie du procès de Jaquet parce qu’elle montre bien certaines étapes importantes d’un
procès pour sorcellerie :
 L’accusé s’est contredit pendant son interrogatoire17, ce qui permet au tribunal de le
soumettre à la torture.
 L’acccusé ne s’oppose pas à la torture. Comment le pourrait-il puisque la torture avait pour
but de faire dire la vérité ? S’opposer à la torture reviendrait en somme à refuser de dire la
vérité.
 Après avoir subi une première forme de torture relativement légère18, l’accusé ne veut plus
rien avouer. Puisqu’il a résisté à la torture sans formuler d’aveux, il pense peut-être,
conformément à ce qui est écrit ci-dessus, être tiré d’affaires. Les juges pensent au
contraire que la torture était trop légère.
 L’accusé subit une deuxième séance de torture, beaucoup plus violente, sans doute l’une
des nombreuses variantes du supplice de l’estrapade, très couramment utilisé dans le
contexte de la chasse aux sorcières en Suisse romande.
http://users.skynet.be/maevrard/torture.html
Le supplice de l’estrapade : les mains liées derrière le dos, le supplicié est accroché par les mains et
soulevé de terre au moyen d’une corde qui coulisse dans une poulie. Le corps est parfois distendu par des
poids fixés aux pieds
 Pour échapper à la torture, l’accusé passe aux aveux. Le notaire précise dans ses notes que
l’accusé avoue « spontanément » et/ou « de sa propre volonté ». Comme on sait ce que
Jaquet vient de subir, on peut sérieusement se poser des questions sur le caractère spontané
de ses aveux.
 Jaquet Durier, comme Isabelle Perat, avoue des choses proprement incroyables d’un point
de vue contemporain, mais qui sont considérées comme des aveux tout à fait sérieux et
accablants au moment de la chasse.
17
Ce qui n’est pas surprenant puisque les questions des juges sont souvent conçues pour piéger les accusés, que ces derniers
sont incarcérés dans un climat de peur et que les interrogatoires sont longs et éprouvants, à la fois physiquement et
moralement.
18
Laz chataz devait, précise Martine Ostorero, correspondre à une forme d’enserrement, d’écrasement.
15
 Enfin, la fameuse marque en forme de crapaud qui permet aux sorciers de se reconnaître
les uns les autres, mais qui est invisible pour les yeux des non-sorciers constitue du pain
bénit pour l’inquisition : puisque les juges ne sont pas des sorciers, ils ne peuvent pas voir
la marque, ce qui les dispense donc de trouver une preuve visuelle, concrète. Par ailleurs,
puisqu’ils ne peuvent pas voir cette marque, ils sont donc forcément innocentés du crime
de sorcellerie. (C’est là que l’expression « cercle vicieux » prend tout son sens)
On dit souvent : « il faut écouter son cœur », mais les sorcières
apprennent également à écouter d'autres organes et d'autres
membres. C'est étonnant ce que les reins ont à raconter.
Terry Pratchett, Les Ch’tits Hommes libres
Sous le masque de l’humour, Pratchett rend justice aux nombreuses victimes de la chasse qui
n’ont péri sur le bûcher que parce qu’elles tentaient de soulager le quotidien de leurs
semblables. Les guérisseurs et les sages-femmes, qui avaient certaines connaissances du corps
humain et des plantes, étaient souvent sollicités pour soigner des maladies ou aider les
femmes à accoucher. Quand le résultat était favorable, on leur était très reconnaissant. Quand
le résultat était malheureux, ils devaient en assumer la responsabilité et, pendant les vagues de
persécution, ils finissaient souvent devant les juges.
« - Croc, crac, croc ! Qui grignote mon logis ? chantonna une petite voix aigre à l’intérieur de
la maison.
La porte s’ouvrit et une vieille, toute ridée, apparut. Elle s’appuyait sur un bâton, son nez
ressemblait à un bec et ses doigts à des griffes.
- Entrez mes chers petits, restez avec moi, vous n’avez rien à craindre ! dit la vieille.
Mais, en réalité, c’était une sorcière. Elle avait construit cette petite maison en pain d’épice
pour attirer les enfants.
Et quand un enfant tombait dans ses griffes, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait.
Hansel et Gretel essayèrent de s’échapper mais, était-ce la peur ou était-ce un maléfice ? Ils
furent incapables de s’enfuir en courant.
[…] la sorcière s’approcha du four et y enfila la tête. Rapide comme l’éclair, Gretel profita de
cet instant pour pousser la vieille dans le four et l’y faire enter en entier. Puis, elle ferma la
petite porte et tira le verrou.
Vous ne pouvez imaginer les cris que poussa la sorcière. »
Les frères Grimm, Hansel et Gretel, 1812
Comme je l’ai dit dans mes motivations, la figure de la sorcière fait partie de l’imaginaire
collectif et presque tout le monde l’a rencontrée au moins une fois au détour d’un conte pour
enfants. Hansel et Gretel est l’un des plus connus de ces contes et il en existe de nombreuses
versions. Celle-ci m’a semblé intéressante dans la mesure où on y trouve à la fois des
éléments spécifiques aux sorcières du sabbat et des indices de l’évolution de ce personnage.
Dans les points communs, on peut relever la mise en relation de la sorcière et de l’enfant, qui
est en danger puisque la sorcière est infanticide et omophage. Qui plus est, la sorcière de ce
16
conte finit dans les flammes de son four, forme de réminiscence de la sanction purificatrice du
bûcher.
Néanmoins, la sorcière a un côté bestial (bec, griffes) ; or, si on attribuait au diable la capacité
d’apparaître sous une forme animale, les sorcières généralement n’en avaient pas le pouvoir.
Par ailleurs, cette sorcière est physiquement trop typée : elle a une voix aigre, est très vieille,
ressemble plus à une sorte d’oiseau qu’à un être humain. Cela montre une évolution dans la
conception de cette figure, puisque les sorcières de la chasse n’étaient pas aussi aisément
reconnaissables, elles étaient justement particulièrement dangereuses parce qu’elles pouvaient
être n’importe qui. Le rôle du bâton est également perverti : s’il était utilisé pour voler par les
sorcières se rendant au sabbat, il n’est plus ici un attribut magique mais fait plutôt penser à
une canne qui soutiendrait un vieillard peinant à se déplacer. Ensuite, la capacité de cette
sorcière à lancer un sort n’est pas avérée19 alors qu’elle ne faisait aucun doute au moment de
la chasse. Enfin, il faut mentionner la solitude de la sorcière : les sorcières de la chasse
n’étaient puissantes, ne constituaient un danger que parce qu’elles agissaient en groupe et
pour le diable ; celle de ce conte semble agir par et pour elle-même.
« Un lieu découvert - Tonnerre, éclairs - Entrent les TROIS SORCIERES
PREMIÈRE SORCIÈRE : Quand nous réunirons-nous à nouveau toutes les trois ? Par le tonnerre,
les éclairs ou la pluie ?
DEUXIÈME SORCIÈRE : Quand le désordre aura cessé, quand la bataille sera gagnée et perdue.
TROISIÈME SORCIÈRE : Ce sera avant le coucher du soleil.
PREMIÈRE SORCIÈRE : En quel lieu ?
DEUXIÈME SORCIÈRE : Sur la bruyère.
TROISIÈME SORCIÈRE : Pour y rencontrer Macbeth.
(Une voix les appelle)
PREMIÈRE SORCIÈRE : J'y vais, Grimalkin !
LES TROIS SORCIÈRES, à la fois : Paddock appelle. Allons-y ! Le beau est infect, l’infect est
beau. Volons à travers le brouillard et l'air impur. »
Shakespeare, Macbeth, acte I, scène 1
L’extrait ci-dessus est la première scène de l’une des plus célèbres tragédies de Shakespeare :
Macbeth (1606). A la suite d’une bataille victorieuse, le valeureux Macbeth, sujet du roi
d’Écosse, rencontre trois sorcières (scène 3) qui lui prédisent un avenir d’exception. Dès lors,
Macbeth commettra de terribles crimes pour devenir et demeurer souverain d’Écosse et finira
lui-même assassiné.
Sans qu’elles prennent une part active dans la pièce, les trois sorcières, qui apparaissent dès la
première scène, jouent un rôle fondamental dans le sombre destin de Macbeth : on peut en
effet se demander ce qui se serait passé si Macbeth n’avait jamais entendu la prédiction des
sorcières. Sans doute se serait-il contenté de demeurer un courageux et loyal gentilhomme.
En tous les cas, la première scène de la tragédie est décisive dans le drame qui va se jouer : les
sorcières y décident de rencontrer Macbeth et par-là même de sceller son destin. Par ailleurs,
cette brève scène est chargée de signes inquiétants : tonnerre, éclairs, confusion entre le beau
19
Les enfants ne peuvent s’enfuir, mais on ignore si c’est sous l’effet de la peur ou d’un maléfice.
17
et l’infect (influence diabolique) ; et le vocabulaire a une connotation très négative : tonnerre,
éclair, pluie, désordre, bataille, bruyère (sauvage), brouillard, air impur.
Tout ici laisse supposer que quelque chose de terrible va se passer. Si les trois sorcières
n’utilisent pas explicitement de sortilège, elles ont néanmoins une belle capacité à agir sur les
esprits des hommes pour influencer leurs actes et le devenir d’une nation.
«Le vent hurlait. La foudre lardait le pays comme un assassin maladroit. (…) La nuit était
aussi noire que l’intimité d’un chat. Une de ces nuits, peut-être, où les dieux manipulent les
hommes comme des pions sur l’échiquier du destin. Au cœur des éléments déchaînés, (…)
luisait un feu, telle la folie dans l’œil d’une fouine. Il éclairait trois silhouettes voûtées.
Tandis que bouillonnait le chaudron, une voix effrayante criailla: – Quand nous revoyonsnous, toutes les trois? Une pause suivit. Enfin une autre voix, beaucoup plus naturelle,
répondit: – Ben, moi, j’peux mardi prochain.»
Terry Pratchett, Trois Soeurcières
La première scène du roman de Pratchett fait très clairement référence à la première scène de
Macbeth. Comme dans cette dernière, les éléments inquiétants y foisonnent : intempérie, nuit,
manipulation divine, folie. On y trouve « trois silhouettes voûtées », ce qui fait de suite penser
aux sorcières (de Shakespeare), d’autant qu’il y a un chaudron et une voix effrayante. Pour
renforcer encore l’analogie avec Macbeth, la première sorcière de Pratchett demande, comme
la première sorcière de Shakespeare, quand aura lieu la prochaine réunion.
La réponse de la deuxième sorcière, prononcée d’une voix « beaucoup plus naturelle », brève
et très terre-à-terre crée, par contraste avec l’ambiance mise en place ainsi qu’avec l’impératif
pour les sorcières shakespeariennes de se réunir à nouveau pour déterminer le destin de
Macbeth, un effet de comique très réussi. On devine que les sorcières de Pratchett ne se
réunissent pas pour sceller le destin d’un personnage important : elles ont un agenda et donc
d’autres choses plus importantes à faire…
« Le vent hurlait. L’orage crépitait sur les montagnes. La foudre aiguillonnait les
rochers à pic comme un vieillard cherchant à déloger un pépin de mûre insaisissable de
son dentier.
Entre les bouquets d’ajoncs bruissants brillait un feu dont les rafales de vent
bousculaient les flammes d’un bord puis de l’autre.
Une voix effrayante criailla : "Quand nous revoyons-nous toutes les deux ?"
Le tonnerre gronda.
Une voix plus naturelle répondit : "Pourquoi tu t’mets à brailler ? Tu m’as fait lâcher ma
tartine dans l’feu." »
Terry Pratchett, Masquarade
Je ne résiste pas au plaisir d’insérer dans ma page personnelle une seconde parodie de réunion
de sorcières. A l’évidence, Pratchett pense que les plaisanteries les plus courtes ne sont pas
nécessairement les meilleures et que c’est dans les vieux chaudrons que l’on fait les
meilleures…tartines.
Ici, Pratchett tire les mêmes ficelles que dans le premier extrait en créant un contraste entre le
climat inquiétant (orage, feu, voix effrayante) et la banalité de la réponse (qui n’en est plus
une) de la deuxième sorcière. Il ajoute toutefois quelques cordes à son arc : les sorcières ne
18
sont plus trois (chiffre qui a pourtant une symbolique très efficace puisqu’il fait référence à
une sorte de perversion diabolique de la Trinité catholique), mais sont réduites au nombre
(ridicule) de deux et, si le chaudron (dans lequel les sorcières font bouillir de la chair humaine
ou préparent des décoctions aux effets ravageurs) semble avoir disparu, c’est pour laisser
place à ce qui semble être un pique-nique…c’est toujours très désagréable de laisser tomber
son cervelas dans le feu…
« On ne brûle plus les sorcières, ni même les livres,
mais on brûle toujours les idées. »
Jean Dutourd
Je terminerai ma page personnelle avec cette citation de Jean Dutourd, romancier et essayiste
décédé en janvier 2011, parce que je la trouve belle et très importante, bien que partiellement
erronée. Il faut, en effet, bien avoir à l’esprit qu’aujourd’hui encore, dans certaines régions du
monde, on continue à mettre à mort des gens (pas nécessairement sur des bûchers) pour la
simple raison qu’ils sont différents de la majorité en place ou parce qu’ils contestent un ordre
social, politique ou culturel ou encore parce qu’ils se trouvent finalement au mauvais endroit
au mauvais moment. Aujourd’hui encore, dans certaines régions du monde, on interdit
certains livres, comme on interdisait au Moyen Âge l’accès à la Bible à la très grande majorité
de la population pour la maintenir dans l’ignorance, ce qui revient au même que de les brûler.
Enfin, aujourd’hui encore, on continue effectivement à brûler les idées, qui sont pourtant le
fondement même de la diversité, de cette fameuse altérité que l’on devrait apprendre à
connaître pour cesser d’avoir peur et d’allumer des bûchers aux quatre coins du monde.
19
6. CONCLUSION / BILAN PERSONNEL
6.1. TROIS POINTS A RETENIR
De ce travail personnel, j’aimerais que le lecteur retienne quelques éléments qui me semblent
essentiels.
Avant tout, il existe deux « moments » de l’histoire de l’humanité qui portent le nom officiel
de « chasse aux sorcières », mais l’expression est couramment utilisée dans d’autres
situations ; on la trouve régulièrement dans la presse et vu le parcours de l’homme à travers le
monde et l’histoire, il ne semble pas absurde de qualifier d’autres événements historiques plus
ou moins longs et plus ou moins étendus de chasses aux sorcières.
Ensuite, les sorcières n’ont jamais existé. Certains remèdes de guérisseurs peuvent avoir mal
tourné et il n’est pas absurde de croire que les villageois volaient ou tuaient parfois le bétail de
leurs voisins. Mais il n’y a jamais eu de secte infanticide et cannibale, se déplaçant la nuit sur
un bâton pour rejoindre le diable et réduire la société à néant. Par ailleurs, s’il semble
aujourd’hui avéré que les époux Rosenberg ont bel et bien transmis certaines infos à l’URSS,
ils n’ont pas pour autant révélé les secrets de fabrication de la bombe H ou d’autres
renseignements susceptibles de détruire l’Amérique entière.
http://www.cinemaparlantquebec.ca/Cinema1930-52/pages/chronologicalEvents/ChronologicalEvents.jsp
Première page du journal Le Canada, samedi 20 juin 1953, le lendemain de l’exécution du couple de
savants
En d’autres termes, les gens qui ont été pris dans l’engrenage des chasses aux sorcières ont, la
plupart du temps, été accusés de crimes qu’ils n’avaient pas commis, payant pourtant souvent
le prix fort de ces accusations extravagantes.
Enfin, parmi tous les facteurs qui, à un moment ou à un autre, rendent possible la persécution
massive d’un groupe d’individus, il en est un qui traverse les âges et les cultures, celui qui,
entre tous, engendre les pires atrocités : la peur.
6.2. POUR PROLONGER LA REFLEXION
Ce travail, je l’espère, montre que les mécanismes de stigmatisation de l’autre, basés sur la
peur et la manipulation qu’on peut en faire, ne trouvent de frontière ni temporelle ni
géographique. A la décharge des hommes et des femmes du Moyen Âge, il faut répéter que le
monde dans lequel ils évoluaient était profondément mystérieux, incompréhensible et
20
effrayant. Néanmoins, nous devons nous offusquer des nombreuses victimes que les chasses
aux sorcières on faites dans l’histoire de l’humanité. Mais pas pour nous donner bonne
conscience. Pas en nous disant que tout cela fait partie du passé. Pas sans jeter un regard acéré
sur nos comportements contemporains : je pense à tous ceux que l’on craint, à tous ceux que
l’on rejette, à tous ceux à qui on refuse le droit d’être des individus à part entière.
Aujourd’hui. Si l’étude de l’histoire a une raison d’être inaliénable, c’est bien la volonté de
comprendre les comportements humains et de ne pas reproduire les erreurs du passé. Nous
avons trop d’exemples terribles sous les yeux pour continuer à refuser de regarder. L’histoire
universelle n’est pas prioritairement écrite par la volonté des puissants de ce monde, elle l’est
avant tout par les actions de chaque individu. Il est peut-être temps, plus que jamais,
puisqu’aujourd’hui nous avons tant d’outils à disposition pour comprendre le monde, de
cesser d’être dominés par la peur et de faire un pas vers l’autre.
6.3. TP ET CULTURE GENERALE
Pour réaliser ce travail j’ai dû puiser dans différents chapitres du support de cours ECG : la
partie sur les aspects et l’argumentation sont incontournables pour formuler les questions de
la motivation, procéder au résumé de l’article de presse et rédiger le texte argumentatif du
point 4. Mais d’autres chapitres ont été mis à contribution : la compréhension de texte pour
bien cerner le sens de l’article de presse et des sources de la présentation du sujet, le résumé
pour dégager les idées essentielles de l’article, la partie sur les médias pour le choix des
illustrations et leur insertion pertinente dans le dossier. Enfin, pour ce qui concerne le fond de
mon sujet, quelques notions de droit et particulièrement de droit pénal ont été à la fois
sollicitées et complétées.
6.4. TP : AVANTAGE ET INCONVENIENT
A mon avis, la modalité TP présente le grand avantage de rompre le rythme plutôt répétitif
des cours de culture générale : elle nous contraint à être plus autonomes et plus responsables
tout en nous donnant la possibilité de travailler sur un sujet de façon approfondie. Le principal
inconvénient de cet exercice est la structure rigide du dossier qui m’a contrainte à laisser de
côté les mille autres choses que j’avais encore à dire. Heureusement, il y a la page
personnelle…
6.5. DEUX CONSEILS
Aux futures victimes du TP, je conseille en priorité de faire très attention au choix du sujet :
vu le temps consacré à la réalisation du dossier, il est impératif de travailler sur un sujet qui
nous tient à cœur, qui nous intéresse vraiment. Mais l’enthousiasme seul ne suffit pas : il faut
aussi, avant de se lancer, perdre un peu de temps à chercher des informations, ne serait-ce que
pour s’assurer qu’il en existe suffisamment. Par ailleurs, pour la rédaction du dossier, il est
très important de travailler avec le guide méthodique, particulièrement la structure globale du
travail et les grilles d’évaluation des points de contrôle qui permettent de ne pas oublier
bêtement de faire figurer certains points et peuvent donc être utilisées comme des outils de
contrôle dans l’avancée du travail.
21
BIBLIOGRAPHIE
Livres
 BOURGEOIS Claude, Histoire générale : L’époque contemporaine (1914-1990), vol. 5,
Lausanne : L.E.P., 1999
 OSTORERO Martine, Folâtrer avec les démons : sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448),
Lausanne : CLHM 47, 2008
 PFISTER Laurence, L’enfer sur terre : sorcellerie à Dommartin (1498), Lausanne : CLHM 20,
1997
Articles
 BERSET Jacques, « Château de Chillon: Succès de l’exposition "La Chasse aux sorcières dans le
Pays de Vaud" », http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw&na=0,0,0,0,f&ki=229460
 GUIGNON Catherine, « Le chasseur de sorcières », in GéoHistoire Hors-série : la guerre froide,
novembre-décembre 2010
Sites Internet
 Encyclopédie Larousse en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Moyen_%C3%82ge/71867
 Wikipédia :
« chasse aux sorcières » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res
« peste noire » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Peste_noire#cite_note-4
Audiovisuel
 OSTORERO Martine, Entretien avec Martine Ostorero, historienne, enseignante Unil, vidéo du 12
octobre 2010, http://www.rts.ch/video/decouverte/2579010-entretien-avec-martine-ostorero-historienneenseignante-unil.html
http://www.pensee-unique.fr/images/sorciere.jpg
Dessin de presse humoristique qui fait cohabiter une sorcière « traditionnelle » et un « sorcier »
contemporain
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