CSST Belmine 8

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CSST Belmine 8
L
E
J
O
U
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E
S
BELMINE
N° 8, juillet 1999
Le parcours quotidien
de la carte de travail
Travailler en sécurité
sur les plates-formes
élévatrices à ciseaux
Le contrôle de terrain,
un travail d’équipe
E
nfin, l’été ! La famille Belmine planifie ses vacances. Excursions de pêche, randonnées à
bicyclette, visite de tante Mauvaisemine qui habite la grande ville, pique-niques, baignades,
longues heures de lecture… Pourquoi ne pas en profiter pour lire votre Journal des Belmine.
Vous trouverez dans ce numéro un
reportage sur Gilles Hélie, inspecteur
minier qui, en mai dernier, a pris une
retraite bien méritée. Il nous parle
de son souci pour la sécurité au
travail et de l’évolution de cette
notion au cours de ses quarante
années de carrière.
Ses collègues Jean-Yves Dion, Réal
Hunter et Marcel Ménard discutent
d’une méthode sécuritaire
d’utilisation des plates-formes
élévatrices lors des opérations de
sondage, de purgeage et de
boulonnage. Un article à conserver.
Contrôle de terrain et soutènement, est-ce la même chose ? Vous le saurez en lisant le reportage
qu’a réalisé une de nos journalistes en interviewant Jacques Perron, président du comité de
contrôle de terrain de l’Association minière du Québec (AMQ). Une visite à la mine Géant
Dormant-Cambior vous permettra de voir comment les principes de contrôle de terrain et de
soutènement sont mis en application.
Une bande dessinée, sérieuse et rigolote à la fois, vous renseigne sur le parcours quotidien de la
carte de travail. Un jeu amusant et quelques nouvelles brèves complètent ce numéro d’été 1999.
Sur la route, dans l’eau, à la maison, au chalet ou au travail, ayez la sécurité en tête. Il serait
triste d’assombrir un si bel été.
Toute l’équipe du journal se joint à la famille Belmine pour vous souhaiter de belles vacances !
SUZANNE LABRECQUE
Carnet Internet
L’article portant sur le logiciel Les
systèmes de boulonnage paru dans le
Journal des Belmine en octobre 1998 a
retenu votre intérêt ? Vous pourrez en
apprendre davantage en lisant le numéro
d’été du magazine Prévention au travail.
Prévention au travail est disponible au
bureau de la CSST de votre région. Il
peut également être consulté sur le site
Web de la CSST : www.csst.qc.ca
2
Photo de la page couverture : Jean-Rock Arbour, mineur,
reçoit sa carte de travail des mains de Denis Gendron,
contremaître-formateur à la Mine Richmont-Francœur.
Photographe : Maurice Boudreau
Au fil des années, la santé et la
sécurité ont pris de l’importance
Gilles Hélie, inspecteur à la
Commission de la santé et de
la sécurité du travail (CSST),
au bureau local de Val-d’Or,
vient tout juste de prendre sa
retraite. Il a consacré 40 ans
de sa vie à la santé et à la
sécurité des travailleurs dans
les mines et sur les chantiers
de construction.
d’y être muté. Malgré ses
65 heures de travail par
semaine, il trouve le temps
d’aller à la pêche. Il revient
ensuite aux mines et, en plus
de travailler comme inspecteur,
il agit comme répondant
provincial pour tout ce qui
touche la sécurité des machines d’extraction (treuils).
« Je ne quittais pas un lieu de travail si je n’étais
pas convaincu que les gars étaient en sécurité. »
Mineur, contremaître, puis
capitaine à la mine Lamaque,
de 1958 à 1976, M. Hélie
peut s’enorgueillir d’avoir
travaillé, avec son équipe,
plus de 125 000 heures sans
accident indemnisable par la
CSST.
De 1976 à 1984, il participe
aux travaux de la Baie James
où il est responsable de la
santé et de la sécurité au
chantier de la Centrale La
Grande - 3 pour la firme
SNC-Lavallin. M. Hélie se
rappelle une décision des plus
audacieuse, mais justifiée,
qu’il ait prise : « J’ai interdit
la poursuite des travaux à
LG-3 pour vérifier si tout le
terrain avait été nettoyé pour
chercher les trous ratés. On
en a trouvé une centaine ! »
Le 13 novembre 1984,
Gilles Hélie est embauché
comme inspecteur minier à la
Direction régionale d’Abitibi –
Téminscamingue. Pour la
2e phase des travaux à la
Baie James, il demande
L’inspecteur à la retraite
pourrait parler pendant des
heures et des heures de santé
et de sécurité dans les mines.
Il connaît des centaines
d’anecdotes drôles, souvent
étonnantes, mais aussi
certaines tragiques. « Quand
un accident bête arrive,
personne n’est indifférent »,
souligne-t-il. Il a été un
témoin privilégié de l’évolution des conditions de travail
et plus particulièrement de la
santé et de la sécurité dans
les mines.
Évolution des
conditions de travail
« Il y a eu une grande
évolution. Ce n’est plus ce
que c’était… », assure-t-il.
Plusieurs facteurs ont fait
changer les mentalités. La
santé et la sécurité ont pris
une réelle importance.
« Avant on évaluait surtout
ta capacité, ta force de travail.
Ce n’est plus comme ça,
surtout avec la formation
modulaire obligatoire qui
comprend l’enseignement des
méthodes sécuritaires de
travail. »
Gilles Hélie, inspecteur de la CSST, du temps où il
travaillait à la Baie James.
L’amélioration de l’équipement
et des machines a également
contribué à accroître la
sécurité. « Même s’il y a
encore des mines traditionnelles, il y a moins de travaux
manuels et plus de tâches
mécanisées et robotisées. »
On envoie le robot dans les
endroits dangereux.
Les méthodes de travail aussi
ont changé. Exemple : le
programme Tolérance zéro
mis de l’avant par la CSST.
« Les plans et devis sont
obligatoires pour chaque
excavation ainsi qu’un plan
de soutènement comprenant
le boulonnage et l’installation
3
de grillage », souligne-t-il.
Les lois en matière de santé
et de sécurité ont également
été un facteur significatif de
changement.
M. Hélie croit fermement que
les inspecteurs sont des
intervenants précieux pour
faire avancer les choses.
« Si l’inspecteur est crédible,
logique, honnête, habile dans
le partage des responsabilités,
il peut faire beaucoup. »
« Il reste du chemin à
parcourir et c’est surtout sur
le plan de la qualité qu’il faut
intervenir. » Mentionnons la
qualité de l’équipement et
du matériel, la qualité dans
l’exécution des travaux, le
respect des méthodes de
travail et des normes, le
suivi assuré par les services
techniques, etc. « Pour ce qui
est de la supervision de
première ligne, très importante, il y a eu beaucoup
d’amélioration, mais il y a
encore des progrès à faire. Il
faut être plus rigoureux dans
l’application des normes et
des méthodes. »
Gilles Hélie laisse maintenant
la place à la relève, même s’il
aimait beaucoup son travail.
« Les responsabilités étaient
lourdes, mais c’était aussi
encourageant et motivant de
changer des choses et de voir
que la santé et la sécurité
devenaient de plus en plus
importantes. »
JULIANNE PILON
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Tire, pousse. Tire, pousse…
mes doigts !
Les normes gouvernementales
de gestion des déchets dangereux exigent que les contenants
d’huile de 20 litres soient bien
égouttés puis empilés les uns
dans les autres, et leurs
couvercles attachés avant de les
monter à la surface et de les
retourner aux fournisseurs.
Une opération en apparence
toute simple, mais qui se
transformait chaque fois en
un combat infernal entre les
contenants aux couvercles
serrés et le pauvre mineur
chargé de la tâche.
Un round… Deux rounds…
Le mineur
finissait toujours par gagner.
Son honneur était sauf… mais
ses doigts amochés.
Photo : Jean-Yves Dion
SUITE DE LA PAGE 3
Émilien Archambault nous présente
son invention.
Émilien Archambault, ancien
mineur de développement, maintenant préposé à la recette du
puits à la mine Agnico-Eagle, division Laronde, s’est mis au
défi de résoudre ce problème. Après avoir fait un croquis
rapide, il prit son chalumeau et sa soudeuse électrique. De son
atelier est sorti un banc de métal relativement lourd pour en
assurer la stabilité, percé d’un trou où est glissé et solidement
retenu le contenant d’huile. Le couvercle est soulevé à l’aide
d’un levier conçu à cette fin. L’opération s’exécute en un
temps record et sans effort.
Vive l’ingéniosité !
SUZANNE LABRECQUE
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Travailler en sécurité
sur les plates-formes
Jean-Yves Dion, inspecteur minier à la Direction régionale de la CSST d’Abitibi-Témiscamingue,
discute avec Réal Hunter et Marcel Ménard, ses collègues du comité de travail sur la sécurité
des plates-formes élévatrices, des inspections qu’ils ont faites récemment afin d’observer les
méthodes utilisées pour travailler sur des plates-formes à ciseaux. Leur discussion porte aussi
sur les commentaires qu’ils ont recueillis auprès des mineurs.
Comment la Direction
régionale et ses inspecteurs
miniers en sont-ils venus à
s’intéresser plus particulièrement aux travaux exécutés à
partir de plates-formes élévatrices à ciseaux et à associer
les gens du milieu à leurs
réflexions ? Gérald Lévesque,
directeur en santé-sécurité,
explique : « On a constaté
que plusieurs des accidents
occasionnés par la chute
de roches surviennent
lorsqu’une plate-forme
élévatrice est utilisée pour
l’installation des boulons et
du grillage de soutènement. »
Et alors ? « Ça ne devrait
pas se produire, car un des
avantages de cet appareil,
c’est d’accroître la sécurité
des travailleurs. »
Une fois le véhicule avancé
au lieu de travail et bien
stabilisé sur le sol, le mineur
actionne les commandes à
partir de la plate-forme.
Les ciseaux s’ouvrent et
poussent la plate-forme vers
le haut, rapprochant ainsi les
travailleurs de la paroi
rocheuse.
Aujourd’hui, plusieurs mines
sont mécanisées. La
méthode d’extraction ainsi
que le type de gisement
exigent qu’on procède de
cette façon. Dans des
galeries hautes et larges, on
se sert de plates-formes
élévatrices à ciseaux pour
différentes opérations :
sondage, purgeage, boulonnage, installation de la
ventilation, etc. Ces travaux
se font habituellement après
un sautage.
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Photo : Maurice Boudreau
Mécanisation oblige !
Une plate-forme en métal, mesurant approximativement 3 mètres sur
2 mètres, est fixée à l’arrière d’un véhicule sur roues. Des leviers articulés
(ciseaux) servent à lever la plate-forme pour la rapprocher du toit de la
galerie.
élévatrices à ciseaux
Avantages de la
plate-forme à ciseaux
En principe, l’utilisation de ce
type de plate-forme présente
plusieurs avantages sur
le plan de la sécurité. En
travaillant sur une plateforme élévatrice, les mineurs
peuvent mieux voir l’état du
toit et des parois supérieures
et ainsi déceler les anomalies.
Elle leur permet également
de se placer en retrait par
rapport à la zone qui n’est
pas sécuritaire. Le sondage
et le purgeage s’effectuent
relativement facilement,
parce que les travailleurs
peuvent utiliser une barre de
purgeage plus courte et
moins lourde. Il en va de
même du forage, du boulonnage et de la pose du grillage.
La plate-forme ne doit être
avancée que vers un emplacement sécuritaire, car des
chutes de roches risquent de
se produire au moment du
sondage et du purgeage.
Pour travailler, le mineur
doit donc progresser du
« bon terrain » vers le
« mauvais terrain ». Ce
grand principe doit toujours
être appliqué, que le travail
soit exécuté à partir du sol ou
d’une plate-forme élévatrice.
Autre principe : le purgeage
doit être fait complètement.
Ce n’est pas parce que l’on
peut se placer plus près
des parois et du toit pour
boulonner et poser le grillage
qu’il faut tenir pour acquis
que le grillage va retenir les
roches qui se détacheraient et
les empêcher de rouler hors
de portée.
On n’en sort pas, le purgeage
est essentiel, il doit être bien
fait et complètement fait.
« On a l’air de répéter des
choses que les mineurs
savent déjà, mais c’est
fondamental », croit
M. Lévesque. Avec ou sans
plate-forme, il faut purger.
Est-ce que travailler sur une
plate-forme élévatrice ne
contribuerait pas à donner
une fausse impression de
sécurité ? Ce type d’appareil
étant relativement nouveau,
n’y aurait-il pas lieu de
revoir les méthodes de travail
pour les adapter ou pour
éviter que des façons de faire
non sécuritaires ne
s’installent… Aussi est-il
important de rappeler que
lorsqu’on travaille sur une
plate-forme élévatrice, toutes
les règles de sécurité relatives
au sondage, au purgeage et
au soutènement continuent
de s’appliquer. Mentionnons
entre autres :
• travailler avec une barre de
bonne longueur,
• respecter les plans et devis
de soutènement,
• signaler toute situation
anormale,
• s’assurer d’une bonne
communication entre les
services techniques, le
superviseur et les mineurs,
etc.
De plus, des règles particulières s’appliquent à l’utilisation d’une plate-forme
élévatrice à ciseaux :
• s’assurer qu’il y a des
garde-corps autour de la
plate-forme,
• ne jamais avancer la plateforme, pas même une
partie de celle-ci, vers des
emplacements qui n’ont
pas été inspectés,
• toujours bien fixer la plateforme avant de la lever et
d’entreprendre les travaux.
Au cours des prochaines
semaines, le comité de travail
poursuivra ses inspections et
ses discussions avec les
travailleurs, les superviseurs,
les services techniques et la
direction des entreprises afin
d’établir un consensus sur un
ensemble de méthodes ou de
normes de sécurité à observer.
À suivre !
JULIANNE PILON
7
Le contrôle de terrain,
un travail d’équipe
Tous les jours, les travailleurs miniers entendent parler de contrôle de terrain, de
soutènement, de méthodes de suivi, etc. Pour clarifier ces notions, nous avons rencontré
Jacques Perron, directeur de la mine Gonzague-Langlois de Cambior, à Lebel-sur-Quévillon.
M. Perron est aussi président du comité de contrôle de terrain de l’Association minière du
Québec (AMQ) et c’est à ce titre qu’il a bien voulu répondre à nos questions.
Contrôle de terrain et soutènement, est-ce la même
chose ?
Pas vraiment. Il y a trois
éléments à distinguer, même
s’ils sont liés : la mécanique
des roches, le contrôle de
terrain et le soutènement.
La mécanique des roches est
la science des roches. Elle
s’intéresse notamment à
leurs caractéristiques, à leurs
mouvements, à leurs
réactions à différentes
interventions. Le contrôle de
terrain est en quelque sorte
l’application de cette science.
Par des observations, des
calculs, des simulations et
des expériences, il a pour but
de rendre les excavations ou
les lieux de travail sécuritaires. Le soutènement, c’est
l’ensemble des mesures
concrètes mises en application pour effectivement
contrôler le terrain.
Quel est le but du contrôle de
terrain ?
Par le contrôle de terrain, et
les mesures de soutènement
qui en découlent, nous
voulons atteindre deux
grands objectifs. Le premier
est évidemment d’assurer la
sécurité des travailleurs. Un
bon soutènement empêchera
les roches de tomber et
permettra d’éviter les
8
accidents. Le second objectif
est d’ordre économique. Par
une bonne caractérisation du
massif rocheux, on peut
éviter d’extraire de la roche
sans valeur et donc réduire
les coûts associés aux heures
travaillées, au matériel, au
transport, à l’usinage, etc.
Une mine peut-elle établir un
programme de contrôle de
terrain ?
Bien sûr, c’est même
essentiel. Le contrôle de
terrain doit être une
préoccupation constante, et
toute exploitation minière
doit avoir son propre
programme de contrôle de
terrain. D’ailleurs le comité
de contrôle de terrain a reçu
le mandat d’élaborer un
programme type. En mai
1995, un guide d’élaboration
d’un tel programme a été
remis aux mines membres de
l’AMQ. Ce guide a été révisé
en août 1997 et on y a alors
ajouté une section sur le
contrôle de qualité du
soutènement minier. Il ne
suffit pas de faire du
soutènement, il faut le faire
bien, selon des méthodes
dont on peut mesurer
l’efficacité.
En mars dernier, l’AMQ s’associait
à la publication du Guide pratique
du soutènement minier, rédigé
par François Charrette et John
Hadjigeorgiou, ingénieurs
spécialisés en contrôle de terrain.
Instrument de travail supplémentaire efficace, le guide sera
largement diffusé dans les
entreprises minières.
Quels sont les éléments d’un
programme de soutènement ?
Ce sont les services
techniques de la mine qui
établissent le programme de
soutènement et celui-ci doit
être adapté aux besoins
particuliers de la mine. Il
n’y a pas de programme
standard, mais certains
éléments sont essentiels et
doivent être inclus dans tout
bon programme. Précisons
également que si des travaux
sont confiés à des entreprises
extérieures, la mine doit
quand même établir un
programme de soutènement
pour ces travaux.
Et les autres éléments ?
Pour couvrir l’ensemble des
méthodes de contrôle de
terrain, le programme doit
comporter une dizaine
d’éléments qui s’articulent
autour de trois étapes
principales :
1) caractérisation du massif
rocheux,
2) préparation des plans
et devis,
3) suivi.
La caractérisation du massif
rocheux comprend la collecte
et l’organisation de toutes les
données de base nécessaires.
Sans cette étape, on ne sait
pas où l’on va. Les services
techniques procèdent ensuite
à l’élaboration des plans et
devis de soutènement. Cette
étape est cruciale, car c’est là
qu’on conçoit le système de
soutènement, qu’on prépare
les devis d’installation des
moyens de soutènement et
qu’on élabore les plans
détaillés d’excavation. Le
suivi, autre étape importante,
permet de s’assurer que les
travaux ont été exécutés
conformément aux plans et
devis et que le soutènement
est efficace. C’est là aussi
qu’on peut apporter des
modifications. Sans oublier
qu’entre la deuxième et la
troisième étape, les travaux
sont exécutés par les
mineurs.
Photo : Julianne Pilon
Premièrement, pour
souligner l’importance du
soutènement, le programme
doit comprendre une
politique en matière de
contrôle de terrain, approuvée par le directeur de la
mine. Cette politique devrait
refléter l’engagement ferme
de la compagnie et l’expression de la volonté de la
direction de soutenir les
efforts des différents intervenants concernés par le
contrôle de terrain. Par son
engagement, la direction
suscite l’adhésion de tous les
travailleurs.
Jacques Perron, directeur de la mine
Gonzague-Langlois de Cambior.
En quoi consistent ces
travaux, en particulier pour
le soutènement ?
Il existe plusieurs moyens
d’assurer la stabilité des
excavations. Le boulonnage
est le plus répandu. On peut
dire, sans se tromper, que
dans toutes les mines, il se
pose des boulons… de
différentes sortes, de différentes longueurs. Le
boulonnage doit se faire
selon une méthode
sécuritaire1. Il faut bien
surveiller l’angle de pose
ainsi que le couple de
serrage. Pour éviter la chute
de roches, on installe un
grillage (treillis métallique).
Les autres moyens que l’on
peut employer sont, selon les
besoins, les câbles d’ancrage,
le béton projeté, les piliers de
béton. Quelle que soit la
méthode utilisée, il est très
important qu’elle respecte
les plans et devis. De plus,
pour assurer un maximum
d’efficacité, toute méthode
doit être conforme aux
normes établies. C’est pour
cette raison que la majorité
des mines ont mis en place
des mécanismes de suivi,
dont le principal est
l’inspection régulière,
comprenant des éléments
précis à vérifier et devant
faire l’objet d’un rapport.
Des mines ont adopté un
registre de contrôle de terrain
où sont consignés toute
situation anormale ou cas
particulier. Et, quoique
moins formelle, une bonne
communication entre les
divers intervenants peut
grandement faciliter le
contrôle de qualité du
soutènement.
Qui est responsable ?
Il existe différents niveaux de
responsabilité, qui vont de la
direction de l’entreprise aux
mineurs en passant par les
services techniques, qui en
assument la plus large part,
et les superviseurs, sans
oublier le coordonnateur en
santé et sécurité, les
formateurs, etc. Toutes ces
personnes doivent se parler
et s’écouter, elles doivent
établir une relation de
confiance. De plus, il est
essentiel qu’elles travaillent
ensemble, en équipe.
JULIANNE PILON
1. Pour en savoir davantage sur le
boulonnage, lisez les articles
« Les boulons au boulot… pour
votre sécurié » et « Tout sur le
boulonnage, d’un simple clic du bout
des doigts » parus dans les numéros
3 et 6 du Journal des Belmine.
9
Pour un soutènement de qualité :
le suivi efficace des opérations de boulonnage
Photos : Julianne Pilon
Pour les mines, le défi est de taille. Comment s’assurer que les méthodes
de soutènement ont été bien suivies et que les travaux ont été exécutés
conformément aux normes de qualité et de sécurité en vigueur ?
L’ingénieur Marco Vachon mesure l’espacement entre les boulons pour vérifier si les plans et devis
ont été correctement suivis.
La mine Cambior - Géant
Dormant, au nord d’Amos,
a relevé ce défi. Pour voir
comment les services
techniques, les superviseurs
et les mineurs travaillent,
nous avons suivi Marco
Vachon, ingénieur, dans une
visite d’inspection des places
de travail en activité.
10
travaux à exécuter : boulonnage, installation de grillage
et pose de traverses de
soutènement.
Dans un premier temps,
l’ingénieur fait un examen
visuel de la galerie pour avoir
une vue d’ensemble de l’état
du chantier (murs, toit et
sol). Est-ce que toutes les
parois et le toit ont été purgés
et nettoyés ?
Dans le premier cas, le plan
de soutènement comprend un
schéma de boulonnage
« galerie et baie de forage, toit».
On y indique : « boulons
de 5 pi (1,5 m), patron
régulier 4 x 3 », c’est-à-dire
que des boulons d’ancrage
(tiges d’acier) de 5 pieds
doivent être posés à tous les
4 pieds (1,3 m) dans le sens
de la longueur de la galerie et
distancés de 3 pieds (1 m)
dans le sens de la largeur.
L’étape suivante consiste à
vérifier si le devis a été
respecté. Ce devis contient
des indications sur les
Dans le second cas, pour le
toit, le devis indique que du
grillage doit être ajouté en
plus des boulons. Le grillage
sert à assurer la sécurité des
mineurs pendant les travaux
de forage. M. Vachon nous
signale qu’à la mine Géant
Dormant, la pose de grillage
est aussi une mesure de
prévention parce qu’ultérieurement la galerie servira de
voie de circulation principale
et sera donc très achalandée.
Dans cette galerie, des
traverses de soutènement en
acier ont aussi été installées
sur les murs, selon les plans
et devis. Le boulonnage doit
en être également vérifié.
L’ingénieur procède ensuite à
la vérification systématique
d’une série de boulons
sélectionnés au hasard.
Il regarde si chaque boulon
est de la bonne longueur, s’il
est posé correctement,
complètement et dans le bon
angle. Il s’assure qu’aucun
boulon n’est cassé. Il mesure
ensuite la distance qui les
sépare. Il vérifie également le
couple de serrage afin de
s’assurer que la tension est
conforme à la norme. Ainsi,
dans le cas où la tension est
inférieure à la norme, il faut
resserrer les boulons. Si elle
est supérieure, c’est signe
qu’il y a un problème et il
faut porter une attention
particulière à cette place de
travail, voire recommencer
les travaux. Après inspection, tout boulon, grillage ou
traverse de soutènement jugé
non conforme doit être
remplacé.
Autre mesure mise en place à
Géant Dormant : la vérification de conformité des plans.
Les services techniques
s’assurent que les travaux
réalisés sont conformes aux
plans de l’ingénieur. Cette
vérification porte principalement sur les dimensions de
l’excavation et des points
de soutirage. Les mineurs
et le contremaître font des
commentaires qui accompagnent les recommandations
du surintendant.
La visite que nous avons
faite avec l’ingénieur des
services techniques fait partie
du suivi mensuel des devis
de forage et de boulonnage.
D’ailleurs, dans ce cas-ci, le
devis a été remis au contremaître et aux mineurs de
l’équipe avant le début du
forage. Ces derniers en ont
pris connaissance afin
d’exécuter les travaux selon
les normes prescrites. Le
contremaître voit à l’exécution
des travaux et s’assure du
suivi lorsque des modifications sont demandées.
Chaque équipe a son propre
devis mis à jour régulièrement.
Pour chaque place de travail
en activité, on fait un rapport
de suivi mensuel et un suivi
du devis de boulonnage.
Ainsi, en avril, 14 places en
chantier et 12 places en
développement ont dû être
inspectées et les résultats
inscrits dans le rapport.
JULIANNE PILON
Saviez-vous que…
En 1799, Conrad Reeds, un garçon de 12 ans, fit une découverte
surprenante sur les terres de son père, en Caroline du Nord.
Il rapporta à la maison un gros caillou jaune pesant près de
8 kilos. Ignorant qu’il s’agissait d’une énorme pépite d’or,
la famille l’utilisa comme butoir de porte. Plusieurs années plus
tard, un joaillier de la région se porta acquéreur de la pépite pour
à peine 3,50 $, alors qu’elle en valait facilement plusieurs milliers.
La nouvelle de la trouvaille se répandit comme une traînée de
poudre et provoqua la première ruée vers l’or en Amérique,
cent ans avant celle du Klondike.
Réponse du jeu : le quatrième mineur à partir de la droite sur la ligne du haut et
le quatrième mineur à partir de la droite sur l’avant-dernière ligne.
M. Vachon prend une mesure de
couple (tension) sur des boulons à
l’aide d’une clé dynamométrique.
Si cette méthode de suivi
a d’abord fait l’objet de
certaines réticences, elle est
maintenant mieux perçue.
Elle s’intègre progressivement aux façons de faire.
Rigoureusement suivie, la
méthode incite les mineurs à
bien travailler pour éviter de
reprendre le travail et ainsi
perdre du temps. Indirectement, elle contribue à rendre
les hommes fiers d’avoir
fait du bon boulot. Dans
tous les cas, elle a amélioré
la performance en matière de
santé et de sécurité puisque
les accidents ont diminué de
façon significative.
11
✎
A U J EU !
Voici une mine bourdonnante d’activité. À toi de trouver les deux mineurs identiques…
absolument identiques ! Bonne chance !
Ce jeu a été tiré du site Web de la compagnie Wiley Engineering Inc., au http://rockyweb.com/wileyeng
Réponse à la page 11
Le Journal des Belmine est
publié par la Commission de la
santé et de la sécurité du
travail. La reproduction des
textes est autorisée pourvu que
la source en soit mentionnée et
qu’un exemplaire soit envoyé à
l’adresse suivante :
Commission de la santé et
de la sécurité du travail
Direction des communications
1199, rue De Bleury
C.P. 6056, succ. Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 4E1
Nous tenons à remercier de
leur précieuse collaboration
Mme Lucette Lajeunesse ainsi
que MM. Jean-Yves Dion, Réal
Hunter, Gérald Lévesque,
Marcel Ménard, Gordon
Perreault et Joseph Wigorski de
la CSST.
Merci également aux
entreprises qui ont accepté
d’ouvrir leurs portes à notre
journaliste.
Recherche et rédaction
Suzanne Labrecque et
Julianne Pilon
Révision linguistique
Lucie Duhamel
Production
Carole Bégin
Illustrations
Daniel Rainville
Conception graphique
SerreDesign!
Édition électronique
Danielle Gauthier
Photographies
Maurice Boudreau, Jean-Yves
Dion, Julianne Pilon
Prépresse et impression
Bowne de Montréal inc.
Distribution
Lise Tremblay
DC 600-410-8 (99-07)
ISSN 1205-6227
Port de retour garanti par la Commission de la
santé et de la sécurité du travail du Québec
C.P. 1200, succursale Terminus
Québec (Québec) G1K 7E2