Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant

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Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant
LETTRE MENSUELLE D’INFORMATIONS
SUR LES EFFETS DU TABAGISME
ET LE SEVRAGE TABAGIQUE
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Actualités
TABAC
SEPTEMBRE 2007 – NUMÉRO 80
ACTUALITÉS
SCIENTIFIQUES
2 JUSTICE
États-Unis : les industriels
du tabac sur la sellette
3 SOCIOLOGIE
Cancer du poumon lié
au tabac : un risque ignoré
des Américaines ?
4 PSYCHIATRIE
Le tabac in utero favorise
les troubles du comportement
du futur enfant
4 ENTRETIEN AVEC...
Marie-France Le Heuzey
INITIATIVES
6 SOCIÉTÉ
« Ici c’est 100% sans tabac »
7 SEVRAGE TABAGIQUE
Canada : un programme
de sevrage efficace
pour les femmes
REPÈRES
7 CIGARETTE ET CONDUITE
AUTOMOBILE :
ce que dit la loi
INITIATIVES INPES
8 MÉTHODOLOGIE
« Emploi jeune tabac » :
l’évaluation finale
Une rentrée enfumée ?
T
outes les actions entreprises depuis un quart de siècle, l’éducation à la santé, les campagnes d’information, la généralisation des interdits et surtout l’augmentation du prix du tabac
ont abouti à une inversion de l’image de la cigarette dans la
société : celle-ci n’est plus la norme. Les adolescents ont conscience
du danger de la cigarette et le tabagisme régresse chez les plus
jeunes. Mais, fait inquiétant, des modalités nouvelles de l’usage
du tabac se développent, avec une fausse réputation de bénignité et parfois la croyance qu’il ne s’agit pas de tabac : ce sont la
chicha, les bidis et le snus.
La chicha ou narghilé ou pipe à eau est une façon de fumer traditionnelle au Maghreb et au Moyen-Orient. En France, avec l’attrait
de l’orientalisme, des bars à chicha s’ouvrent un peu partout,
favorisés par la croyance en l’absence de risque (la fumée est
inhalée après avoir barboté dans l’eau, ce qui éliminerait les
toxiques). Or, le danger est réel. Il y a moins de toxiques dans la
fumée, mais chaque bouffée a un volume 10 fois supérieur à
une bouffée de cigarette, avec un apport en nicotine et en
monoxyde de carbone important, et un risque d’induction de
la dépendance. La fumée est produite en grande quantité,
avec un tabagisme passif très important. Il existe un risque
infectieux (l’embout est utilisé par plusieurs fumeurs). Enfin,
une « soirée chicha » se solde par une moyenne de 30 à
40 bouffées par personne, soit l’équivalent de 1,5 à
2 paquets de cigarettes (1). Dans une enquête récente
menée dans un lycée (2), parmi les fumeurs déclarés, 80 %
sont adeptes de la chicha, dont 20 % exclusivement. Une
rentrée sous « haute surveillance » ? ●
Gilbert Lagrue
1. Dautzenberg B. Tout ce que vous ne savez pas sur la chicha.
Ed. Margaux Orange/ OFT, 2007.
2. Enquête réalisée avec le Dr AL le Faou dans un lycée du Val-de-Marne
en classe de seconde.
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
➜ JUSTICE
États-Unis : les industriels du tabac
sur la sellette
A
ux États-Unis, lors des premiers procès contre les manufacturiers de cigarettes, les fabricants fondaient leur
argu mentation sur le fait que les
conséquences néfastes du tabac sur la santé
n’étaient pas démontrées scientifiquement,
que les fumeurs connaissaient le risque encouru et que leur mode de vie (et non la cigarette)
était à l’origine de leurs problèmes médicaux.
En 1997, le MSA (Master Settlement Agreement), accord cadre passé entre l’industrie du
tabac et 46 États des États-Unis, est censé limiter la publicité, notamment auprès des jeunes, mais prévoit aussi que les fabricants de
tabac versent d’importantes sommes d’argent aux États signataires pour les dédom mager des frais occasionnés par les maladies
provoquées par le tabagisme (206 milliards de
dollars sur vingt cinq années).
Le MSA est d’ailleurs fréquemment invoqué par les
fabricants de tabac lors des
procès intentés par les
patients. Un net progrès dans
la lutte anti-tabac vient d’être
réalisé grâce aux jugements récents de deux
affaires qui ont fait grand bruit : « Engle contre
Liggett » et « l’État contre Philip Morris » (1).
L’affaire « Engle contre Liggett » a débuté en
mai 1994 pour se terminer en décembre 2006.
Un premier tribunal accorda d’abord 12,7 millions de dollars de dommages compensatoires
et 145 milliards de dollars d’amendes à titre
punitif. Cette seconde partie de la décision a été
ensuite annulée par la Cour suprême de Floride.
Cependant, fait capital dans la juridiction américaine, cette même Cour a officiellement
reconnu que le tabac provoquait cancers et
maladies cardiovasculaires, que la nicotine
était une substance psychoactive et que les
Des méfaits
dénoncés
juridiquement
EN FRANCE, UNE JURISPRUDENCE DIFFÉRENTE
■ Récemment, la cour d’appel de Montpellier
a confirmé le jugement déboutant la famille
de Mme Berger (décédée à 35 ans d’un cancer
du poumon dans un contexte de tabagisme débuté
à l’âge de 12 ans) contre la Seita. Pour la cour,
la Seita n’avait pas qualité pour informer de sa propre
initiative sur les risques du tabagisme, largement
développés par les médias, contre lesquels les parents
doivent mettre en garde leurs enfants.
■ Cet arrêté confirme les décisions de justice antérieures
(notamment l’affaire Gourlain) prises en France.
■ Lors d’une plainte similaire, la Cour suprême
de l’Oregon (États-Unis) a condamné la société Philipp
Morris à verser 79,5 millions de dollars à la famille
de la victime.
fabricants de tabac n’informaient pas les usagers de ces effets nocifs reconnus.
Ces trois constats et le délit de fausse information
sur la non-toxicité des cigarettes légères ou « light»
(notamment auprès du public jeune) constituent
les quatre chefs d’accusations de la deuxième
affaire : « l’État contre Philip Morris » (1999). Le
jugement, prononcé en août 2006, stipulait qu’à
partir du 1er janvier 2007, les cigarettiers américains n’auraient plus le droit d’utiliser les termes « light » ou « ultra-light » sur les paquets de
cigarettes (2). Philip Morris a fait appel.
Dans ces deux affaires, si les sanctions finales
semblent modestes, en regard des préjudices
causés, et l’industrie du tabac a priori gagnante,
les jugements prononcés font désormais
jurisprudence, ce qui représente une réelle
avancée en termes de santé publique. ●
Références
1. Vernick J. et al. Public health benefits of recent
litigation against the tobacco industry. JAMA 2007;
298:86-9.
2. Le Figaro.fr du 18 août 2006.
2 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
➜ SOCIOLOGIE
Cancer du poumon lié au tabac : un risque
ignoré des Américaines ?
A
ux États-Unis, le cancer est la 2e cause de décès chez les femmes après
les maladies cardiovasculaires ; 26 %
des décès sont dus au cancer du poumon et 15 % au cancer du sein. Depuis 1987, la
mortalité du cancer du poumon devance celle
du cancer du sein, représentant la principale
cause de mortalité par cancer. Pourtant, plusieurs études montrent que les Nord-Américaines continuent à placer le cancer du sein en
tête des causes de mortalité par cancer. Pourquoi ? C’est pour répondre
à cette question que Cheryl Healton et son équipe
ont mis en place une étude originale récemment
publiée (1).
Cette étude utilise les données de la vaste enquête téléphonique nationale ASHES (American Smoking and Health Survey), menée en 2002 et 2003, et qui a permis
d’interroger près de 7 000 adultes (parmi lesquels 4 477 femmes) autour de la problématique du tabagisme : connaissances des maladies liées au tabac, type d’exposition (active
Une couverture
médiatique
insuffisante
EN FRANCE, CHEZ LA FEMME (1-3)
■ Les maladies cardiovasculaires sont la 1re cause de mortalité.
■ Le cancer est la 2e cause de mortalité.
■ Le cancer du sein est la 1e cause de mortalité par cancer
avant 65 ans. Il représente 20 % des décès par cancer.
■ Le cancer du poumon, en augmentation constante, occupe
la 3e place des causes de mortalité par cancer, après le
mélanome. Il est responsable de 1,5 % des décès toutes causes
confondues.
1. Solère P. Pathologie cardiovasculaire. Dossier Spécial Femmes.
Panorama du médecin 2007;5050:27.
2. Remontet L et al. Estimations nationales : tendances de l’incidence et
de la mortalité par cancer en France entre 1978 et 2000. BEH, 2003;
41-2:190-3.
3- Eilstein D et al. Mortalité par cancer du poumon chez les femmes en
France, analyse de tendance et projection de 1975 à 2019. BEH 2003;
41-2:205-6.
ou passive), mode de consommation, tentatives
d’arrêt et sevrage, enfin perception des messages médiatiques d’information et de prévention.
Résultats
Seules 29,7 % des femmes interrogées pensent que le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer chez la femme,
alors qu’une large majorité (66,7 %) incrimine
le cancer du sein. Par rapport aux non-fumeuses, les fumeuses ont une probabilité plus faible de 35 % pour répondre correctement à ce
type de question. Enfin, l’exposition aux messages ou aux publicités anti-tabac est significativement associée à un taux plus important de
bonnes réponses. Comment expliquer ces chiffres, et ce d’autant que 90 % des cas de cancer
du poumon chez la femme sont aisément évitables car dus au tabac ? Aux États-Unis, la couverture médiatique des informations concernant le cancer du poumon est largement moins
importante que celle destinée au cancer du
sein. Cette dernière bénéficie, en effet, d’un
fort soutien populaire (groupes féministes,
mouvements de santé de la femme, associations de patientes, opérations type « ruban
rose »…), sous-tendu par un environnement
socio-politique conséquent (crédits de recherche, éducation scolaire, campagnes de sensibilisation, dépistage étendu…). Or, une moindre
médiatisation conforte sans doute les femmes
dans la fausse idée que la mortalité par cancer
du poumon est moins importante que celle par
cancer du sein. Il est donc essentiel de renforcer
les messages de prévention et d’information
sur ce sujet manifestement méconnu. ●
Référence
Healton CG et al. Women’s knowledge of the
leading causes of cancer death. Nicotine Tob Res 2007;
9:761-8.
3 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
➜ PSYCHIATRIE
Le tabac in utero favorise les troubles
du comportement du futur enfant
L
e tabagisme maternel durant la grossesse expose le futur enfant à des troubles psychiatriques externalisés, tels que
l’agressivité préscolaire, l’hyperactivité,
le trouble des conduites ou une attitude délictueuse à l’adolescence et à l’âge adulte. Ces
troubles du comportement augmentent linéairement avec le nombre de cigarettes fumées
par la femme enceinte. En revanche, l’exposition tabagique gravidique ne s’accompagne
pas d’un surrisque de troubles psychiatriques
internalisés, comme la dépression ou l’anxiété.
Les mécanismes physiopathologiques conduisant à ces symptômes sont bien difficiles à cerner du fait des multiples facteurs, sociaux, biologiques et génétiques intervenant dans les
comportements.
On sait toutefois que la nicotine agit défavorablement sur le développement cérébral du
fœtus en construction. On sait aussi que les
femmes fumant pendant leur grossesse ont un
profil psychologique différent de celles qui
ne fument pas (que ces dernières soient ou
LE TABAGISME FAVORISE LE TDAH…
ET VICE-VERSA !
■ Le TDAH est un facteur de risque majeur d’usage
du tabac et d’autres substances psychoactives,
avec un risque relatif multiplié de 4 à 10.
Chez les adolescents atteints de TDAH, le tabagisme
est plus précoce et plus important, avec une
dépendance plus marquée et des difficultés d’arrêt
plus grandes (syndrome de sevrage très intense).
Lagrue G et al. Hyperactivité avec déficit de l’attention et dépendance
tabagique chez l’adolescent et l’adulte jeune.
Le courrier des addictions (8) n°3 – juillet septembre 2006
ENTRETIEN
« Un facteur favorisant et non une cause avérée »
Dr Marie-France
Le Heuzey
pédopsychiatre,
hôpital Robert
Debré, Paris
Que pensez-vous de cette étude, vous qui avez
participé à l’expertise collective de l’Inserm
sur le trouble des conduites chez l’enfant et
l’adolescent ?
Des travaux antérieurs avaient déjà montré que le
tabagisme actif de la femme enceinte est un facteur
de risque de trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) chez le futur enfant. Cette nouvelle
étude s’est intéressée de manière originale au tabagisme passif des futures mères, suggérant l’impact
similaire du tabagisme passif ou actif des femmes
enceintes vis-à-vis des troubles du comportement
de leurs futurs enfants. Toutes ces données soulignent la nécessité d’une prévention des femmes
enceintes vis-à-vis du tabac, que l’exposition soit
active ou passive.
La relation tabagisme in utero et trouble
des conduites ou hyperactivité
est-elle équationnelle ?
Il serait abusif de croire que les enfants nés de mères
exposées au tabac pendant la grossesse ont systématiquement un trouble psychiatrique externalisé.
Les troubles du comportement sont favorisés par de
multiples facteurs : petit poids de naissance, prématurité, tabagisme maternel, alcoolisation maternelle
ou paternelle, conduites antisociales parentales…
et tabagisme in utero. Ce dernier rend le futur enfant
plus vulnérable à la survenue d’un trouble du comportement, mais cette vulnérabilité ne s’exprime
que si d’autres conditions sont aussi présentes. Le
seul tabagisme in utero n’induit ni TDAH ni maladie
psychiatrique multifactorielle. ●
4 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES
HYPERACTIVITÉ ET TROUBLE DES CONDUITES
■ L’hyperactivité ou Trouble déficit de l’attention/
hyperactivité (TDAH) associe un déficit de l’attention
(ou inattention), une hyperactivité motrice et une
impulsivité. Elle entraîne des perturbations de la vie
quotidienne et scolaire. Elle touche 3 à 5 % des enfants
en âge scolaire.
Association TDAH France , 37, rue des Paradis 95410 Groslay
http://www.tdah-france.fr/
Le trouble des conduites s’exprime chez l’enfant et
l’adolescent par une palette de comportements très
divers qui vont des crises de colère et de désobéissance
répétées de l’enfant difficile aux agressions graves
comme le viol, les coups et blessures et le vol.
Sa caractéristique majeure est une atteinte aux droits
d’autrui et aux normes sociales.
■
Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent.
Expertise collective, Inserm
http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble_conduites/trouble_conduites_
synthese.pdf
non soumises à un tabagisme passif) et de celles qui sont parvenues à s’arrêter de fumer au
moins pendant le temps de la gestation. On
retrouve chez les futures mères qui persistent à
fumer un relationnel plus pauvre, une capacité
d’adaptation moindre, des comportements à
risque et des antécédents personnels de troubles des conduites plus fréquents.
Pour mieux appréhender la relation entre tabagisme gravidique et troubles du comportement dans la descendance, Lisa Gatzke-Kopp
et Théodore Beauchaine ont mené une enquête rétrospective chez 133 femmes dont les
enfants, âgés de 7 à 15 ans, étaient connus
pour avoir des problèmes comportementaux
et/ou émotionnels (1). Les participantes ont
été interrogées sur leurs antécédents médicaux, leur environnement de vie et leur niveau
socio-économique ; sur leur exposition au tabagisme (actif ou passif), notamment durant la
grossesse ; sur les problèmes de santé maternels survenus lors de la grossesse ; sur les problèmes de santé des enfants. Toutes ont été
soumises au questionnaire « structured clinical
interview for DSM-IV » pour sa partie correspondant aux comportements antisociaux.
Enfin, le profil psychopathologique des enfants
a été évalué grâce à 2 questionnaires validés,
le Child Behavior CheckList ou CBCL (agressivité, anxiété, dépression, attention…) et le Child
Symptom Inventory ou CSI (hyperactivité, attitude oppositionnelle, trouble des conduites,
dépression, dysthymie…).
Résultats
Parmi les 133 femmes interrogées, 96 n’ont
pas fumé durant leur grossesse, 21 ont fumé et
16 non-fumeuses ont été exposées au tabagisme passif. Lorsque l’on croise ces données avec
le profil psychopathologique des enfants,
l’exposition gravidique au tabac se révèle
claire ment associée à une augmentation
signi fi cative de troubles comportementaux externalisés, avec des scores de trouble
des conduites et d’hyperactivité plus élevés
chez les enfants nés de mères exposées. Cette
association concerne les enfants nés de mères
fumeuses, mais aussi ceux dont les mères ont
été exposées de façon passive au tabagisme
au cours de leur grossesse. Le tabagisme passif est donc aussi dangereux que le tabagisme
actif. Ce lien persiste après ajustement des
données socio-démographiques, des paramètres périnataux (le tabagisme provoque aussi
prématurité et hypotrophie) et des comportements parentaux. Ces résultats (qui confirment
ceux déjà observés chez l’animal) soulignent
la nécessité de renforcer les mesures de santé
publique de protection des femmes enceintes
vis-à-vis de la fumée du tabac, qu’il s’agisse
de tabagisme passif ou actif. ●
Référence
1. Gatzke-Kopp L, Beauchaine T. Direct and passive
prenatal nicotine exposure and the development of
externalizing psychopathology. Child Psychiatry
Hum Dev 2007.
5 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
INITIATIVES
➜ SOCIÉTÉ
En attendant le 1er janvier 2008,
« Ici c’est 100 % sans tabac »
À
Paris, où un mégot
jeté sur la voie publique coûte 183 €,
voire 450 € en cas de
récidive*, on voit, placardées
sur les portes de certains bars,
cafés, restaurants, hôtels ou
traiteurs, de petites affichettes bleues indiquant : « Ici
c’est 100 % sans tabac ».
Objectif : lutter contre le tabagisme actif et passif, tant pour
la clientèle que pour le personnel y travaillant.
Cette opération, qui
concerne quelques
centaines d’établissements sur les
12 000 que compte
la capitale, est le
fruit d’un effort
conjoint entre la
ville de Paris et le Synhorcat
(Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et
traiteurs), qui a abouti le
26 octobre 2004 à la constitution d’une charte. Cette charte,
que les établissements demandeurs et les détenteurs du
label s’engagent à respecter,
stipule un certain nombre de
points essentiels (encadré).
Le but de cette opération est
de valoriser la qualité du service des établissements parisiens intéressés par la qualité
de l’air intérieur et les préoccupations de santé publique.
L’attribution du label par la
Un label
de qualité
pour cafés
et restaurants
L’ESSENTIEL DE LA CHARTE
■ Les organisations représentatives des cafés, hôtels et restaurants
parisiens, soucieuses de la qualité de l’air à l’intérieur de leurs
établissements :
– déclarent inscrire l’initiative « Établissement sans tabac »
dans une démarche qualité ;
– reconnaissent l’intérêt du label et acceptent d’informer
leurs adhérents ;
– seront informées par la ville de Paris des établissements
ayant sollicité l’attribution du label.
■ Cette attribution se fait sur la base du volontariat, à la suite
d’une démarche individuelle venant d’un établissement
parisien.
Elle est liée à l’obligation de :
– l’information de la clientèle, par un affichage à l’intérieur
de l’établissement de l’interdiction de fumer dans les lieux
affectés à un usage collectif ;
– l’association du personnel à l’information du public ;
– l’absence de cendriers.
ville de Paris n’est réalisée
qu’après une visite sur site
vérifiant la bonne application
des critères de labellisation.
Ce label est destiné aux établissements se déclarant entièrement sans tabac. L’office
du tourisme et des congrès de
Paris s’est associé à cette
démarche en contribuant à faire connaître les sites labellisés.
Contrairement à certaines
idées reçues, l’interdiction du
tabac ne semble pas provo-
quer une baisse de la fréquentation des établissements labellisés. En Irlande,
les pubs, bars et restaurants –
où il est pourtant interdit de
fumer depuis janvier 2004 –
n’ont enregistré aucune diminution de leurs chiffres d’affaires depuis cette date. ●
*Voir sur ce sujet :
« Paris déclare la guerre
aux mégots ».
Tabac Actualités 2006;71:7.
Références
➜ http://www.paris.fr/portail/Environnement/Portal.lut?page_id=6530
➜ Opération « Ici, c’est 100% sans tabac » Mairie de Paris.
Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé,
94/96 quai de la Râpée - 75570, Paris Cedex 12
6 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
INITIATIVES
➜ SEVRAGE TABAGIQUE
A
u Canada, le programme d’abandon
du tabac de l’Institut
de cardiologie de
l’université d’Ottawa (ICUO)
proposé en milieu hospitalier,
alliant consultations, interventions, informations, suivi et
rétroaction, est devenu le
modèle national du fait de ses
bons résultats : 50 % des bénéficiaires restent non fumeurs
après six mois et 46 % après
un an. Il permet de repérer les
fumeurs de façon systématique
et de leur offrir une aide au
sevrage tabagique. Ce protocole va être intégré pour la
première fois à un important
programme pour la santé des
femmes mené par le Centre
de santé pour les femmes de
l’hôpital d’Ottawa. Cet établissement polyvalent de recherche, de diagnostic et de traitement a accueilli l’an dernier
31 000 patientes.
Ce nouveau programme de
sevrage est motivé par de
nombreuses raisons : le tabagisme est la principale cause
de décès évitable chez les
femmes ; les maladies cardiovasculaires sont responsables du plus grand nombre de
décès chez les femmes nordaméricaines ; le tabac est un
facteur de risque de cancer
du col de l’utérus ; les habitudes tabagiques des femmes diffèrent de celles des
hommes ; enfin, les femmes
se préoccupent davantage de
la prise de poids consécutive
à l’arrêt du tabagisme que les
hommes…
Pour répondre à ces besoins,
le modèle initial a donc été
adapté. Toutes les femmes
feront l’objet d’un repérage,
puis auront accès à un traitement approprié de sevrage et
seront soutenues par une
infirmière conseillère attitrée. Le suivi sera consigné
dans le dossier. Tout médecin
ou infirmier conseillera à toutes les fumeuses de cesser de
fumer en utilisant une approche claire et non critique. La
substitution nicotinique sera
largement employée.
Chaque patiente bénéficiera
d’un plan individuel visant à
l’abandon du tabac. Le suivi
sera aussi assuré par un système interactif de réponse vocale sophistiqué. En cas de difficulté, une infirmière conseillère
interviendra pour essayer de
trouver des solutions et de
REPÈRES
Canada : un programme de sevrage
efficace pour les femmes
Cigarette
et conduite
automobile :
ce que dit la loi
Une récente étude de l’Institut
national de recherche sur
les transports et leur sécurité (Inrets)
a montré que, parmi les causes de
distraction (35 % des accidents sont
dus à l’inattention du conducteur),
« la cigarette apparaît au même
rang que le téléphone portable » (1).
Au contraire du téléphone portable,
la cigarette ne bénéficie pourtant
pas d’un article spécifique dans le
code de la route français. Cependant,
l’article R412-6 du code de la route
stipule que « tout conducteur doit se
tenir constamment en état et en
position d’exécuter commodément
et sans délai toutes les manœuvres
qui lui incombent » (2). En théorie,
en s’appuyant sur cet article,
les autorités peuvent verbaliser
un conducteur qui mange
un sandwich, boit à la bouteille,
a un bras dans le plâtre, porte
une minerve… ou fume !
Références
1. http://www.drogues.gouv.fr/rubrique40.html?
debut_article=66
2. http://www.legifrance.gouv.fr
remotiver l’interlocutrice. Une
telle stratégie ne s’entend
qu’avec du personnel formé à
la gestion de la dépendance au
tabac.
Le programme d’abandon du
tabac de l’ICUO a déjà été adopté par plus de 35 hôpitaux
canadiens. D’autres établissements envisagent actuellement de reproduire ce programme. ●
www.ottawaheart.ca
7 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l
INITIATIVES INPES
➜ MÉTHODOLOGIE
« Emploi jeune tabac » : l’évaluation finale
de l’étude
L’
INPES finance de nombreuses actions
de proximité de prévention du tabagisme dont le dispositif « emploi
jeune tabac », aujourd’hui arrivé à
son terme, est le plus important.
L’INPES a réalisé une évaluation finale de ce
dispositif (téléchargeable sur son site), et a, en
outre, mis au point un protocole de recherche
pour évaluer la pérennisation et la pérennité
des actions mises en place dans ce dispositif.
Dans ce contexte, « pérennité » signifie : au
terme du dispositif, les activités d’éducation pour la santé/promotion de la santé
mises en place continuent à
être mises en œuvre. Et
« pérennisation » : processus qui permet de passer
d’une expérimentation limitée dans le temps
développant des actions d’EPS/PS sur le tabagisme à une activité en routine d’EPS/PS. Le
terme de « routine » se comprend ici au sens
de « routine organisationnelle » : procédures
opérationnelles typiques, les routines sont
adaptées à leur contexte, et se conforment à
des règles régissant les actions et les prises de
décision (manuels de procédure, transmission
des règles d’information, plans).
Une étude
évaluant
le dispositif
Objectifs
Ils sont formulés ainsi : quels sont les facteurs
qui ont été favorables et défavorables à la
pérennité et à la pérennisation ? C’est-à-dire :
quel est le degré de pérennité ? Quand et comment peut-on dire que les activités sont pérennes ? Quels sont les facteurs explicatifs de la
poursuite de ces activités ? Parmi ces facteurs,
quels sont ceux permettant de tirer des leçons
pour d’autres actions d’éducation pour la santé ?
Outre les questions sur le dispositif, le protocole
prévoit une réflexion sur la recherche ellemême. Celle-ci est en effet adaptée des travaux
des chercheurs canadiens, et est posée la question de son adaptation au contexte français.
Méthodologie
Les données, essentiellement qualitatives,
seront récoltées auprès de 16 des 85 comités
d’éducation pour la santé, constituant un
échantillon présentant une variété maximale de profils. Pour chaque comité, deux ou
trois personnes seront interrogées au moyen
d’entretiens semi-directifs d’une heure environ, menés à l’aide d’une grille d’entretien
sur la pérennisation et d’une autre sur la
pérennité.
Valorisation
Les résultats de cette recherche (validation du
rapport prévue en novembre) seront diffusés
et valorisés au sein des comités. Après validation, le rapport global pourra être mis en ligne
sur le site de l’INPES, et les résultats répertoriés
dans la « trousse à outils : pérenni(sation)té »
du site Internet de l’université de Montréal. ●
http://evaluationcanada.ca/site.cgi?fr;1;1;00849
Ont participé à ce numéro de Tabac Actualités : Christine Gilles, Albert Hirsch, Gilbert Lagrue,
Marie-France Le Heuzey, Sylviane Ratte, Karen Slama et Jean-Louis Wilquin.
Les articles de Actualités Tabac sont libres de droit et disponibles en version électronique.
ÉDITEUR DÉLÉGUÉ
Huveaux France – 114, avenue Charles-de-Gaulle – 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex
Tél. : 01 55 62 68 00 – E-mail : [email protected]
Imprimé par RAS. Villiers-le-Bel (95)
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8 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l