Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant
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Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant
LETTRE MENSUELLE D’INFORMATIONS SUR LES EFFETS DU TABAGISME ET LE SEVRAGE TABAGIQUE CONTACT PRESSE Tél. : 01 49 33 23 06 Fax : 01 49 33 23 90 E-mail : [email protected] www.inpes.sante.fr Actualités TABAC SEPTEMBRE 2007 – NUMÉRO 80 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES 2 JUSTICE États-Unis : les industriels du tabac sur la sellette 3 SOCIOLOGIE Cancer du poumon lié au tabac : un risque ignoré des Américaines ? 4 PSYCHIATRIE Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant 4 ENTRETIEN AVEC... Marie-France Le Heuzey INITIATIVES 6 SOCIÉTÉ « Ici c’est 100% sans tabac » 7 SEVRAGE TABAGIQUE Canada : un programme de sevrage efficace pour les femmes REPÈRES 7 CIGARETTE ET CONDUITE AUTOMOBILE : ce que dit la loi INITIATIVES INPES 8 MÉTHODOLOGIE « Emploi jeune tabac » : l’évaluation finale Une rentrée enfumée ? T outes les actions entreprises depuis un quart de siècle, l’éducation à la santé, les campagnes d’information, la généralisation des interdits et surtout l’augmentation du prix du tabac ont abouti à une inversion de l’image de la cigarette dans la société : celle-ci n’est plus la norme. Les adolescents ont conscience du danger de la cigarette et le tabagisme régresse chez les plus jeunes. Mais, fait inquiétant, des modalités nouvelles de l’usage du tabac se développent, avec une fausse réputation de bénignité et parfois la croyance qu’il ne s’agit pas de tabac : ce sont la chicha, les bidis et le snus. La chicha ou narghilé ou pipe à eau est une façon de fumer traditionnelle au Maghreb et au Moyen-Orient. En France, avec l’attrait de l’orientalisme, des bars à chicha s’ouvrent un peu partout, favorisés par la croyance en l’absence de risque (la fumée est inhalée après avoir barboté dans l’eau, ce qui éliminerait les toxiques). Or, le danger est réel. Il y a moins de toxiques dans la fumée, mais chaque bouffée a un volume 10 fois supérieur à une bouffée de cigarette, avec un apport en nicotine et en monoxyde de carbone important, et un risque d’induction de la dépendance. La fumée est produite en grande quantité, avec un tabagisme passif très important. Il existe un risque infectieux (l’embout est utilisé par plusieurs fumeurs). Enfin, une « soirée chicha » se solde par une moyenne de 30 à 40 bouffées par personne, soit l’équivalent de 1,5 à 2 paquets de cigarettes (1). Dans une enquête récente menée dans un lycée (2), parmi les fumeurs déclarés, 80 % sont adeptes de la chicha, dont 20 % exclusivement. Une rentrée sous « haute surveillance » ? ● Gilbert Lagrue 1. Dautzenberg B. Tout ce que vous ne savez pas sur la chicha. Ed. Margaux Orange/ OFT, 2007. 2. Enquête réalisée avec le Dr AL le Faou dans un lycée du Val-de-Marne en classe de seconde. ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ➜ JUSTICE États-Unis : les industriels du tabac sur la sellette A ux États-Unis, lors des premiers procès contre les manufacturiers de cigarettes, les fabricants fondaient leur argu mentation sur le fait que les conséquences néfastes du tabac sur la santé n’étaient pas démontrées scientifiquement, que les fumeurs connaissaient le risque encouru et que leur mode de vie (et non la cigarette) était à l’origine de leurs problèmes médicaux. En 1997, le MSA (Master Settlement Agreement), accord cadre passé entre l’industrie du tabac et 46 États des États-Unis, est censé limiter la publicité, notamment auprès des jeunes, mais prévoit aussi que les fabricants de tabac versent d’importantes sommes d’argent aux États signataires pour les dédom mager des frais occasionnés par les maladies provoquées par le tabagisme (206 milliards de dollars sur vingt cinq années). Le MSA est d’ailleurs fréquemment invoqué par les fabricants de tabac lors des procès intentés par les patients. Un net progrès dans la lutte anti-tabac vient d’être réalisé grâce aux jugements récents de deux affaires qui ont fait grand bruit : « Engle contre Liggett » et « l’État contre Philip Morris » (1). L’affaire « Engle contre Liggett » a débuté en mai 1994 pour se terminer en décembre 2006. Un premier tribunal accorda d’abord 12,7 millions de dollars de dommages compensatoires et 145 milliards de dollars d’amendes à titre punitif. Cette seconde partie de la décision a été ensuite annulée par la Cour suprême de Floride. Cependant, fait capital dans la juridiction américaine, cette même Cour a officiellement reconnu que le tabac provoquait cancers et maladies cardiovasculaires, que la nicotine était une substance psychoactive et que les Des méfaits dénoncés juridiquement EN FRANCE, UNE JURISPRUDENCE DIFFÉRENTE ■ Récemment, la cour d’appel de Montpellier a confirmé le jugement déboutant la famille de Mme Berger (décédée à 35 ans d’un cancer du poumon dans un contexte de tabagisme débuté à l’âge de 12 ans) contre la Seita. Pour la cour, la Seita n’avait pas qualité pour informer de sa propre initiative sur les risques du tabagisme, largement développés par les médias, contre lesquels les parents doivent mettre en garde leurs enfants. ■ Cet arrêté confirme les décisions de justice antérieures (notamment l’affaire Gourlain) prises en France. ■ Lors d’une plainte similaire, la Cour suprême de l’Oregon (États-Unis) a condamné la société Philipp Morris à verser 79,5 millions de dollars à la famille de la victime. fabricants de tabac n’informaient pas les usagers de ces effets nocifs reconnus. Ces trois constats et le délit de fausse information sur la non-toxicité des cigarettes légères ou « light» (notamment auprès du public jeune) constituent les quatre chefs d’accusations de la deuxième affaire : « l’État contre Philip Morris » (1999). Le jugement, prononcé en août 2006, stipulait qu’à partir du 1er janvier 2007, les cigarettiers américains n’auraient plus le droit d’utiliser les termes « light » ou « ultra-light » sur les paquets de cigarettes (2). Philip Morris a fait appel. Dans ces deux affaires, si les sanctions finales semblent modestes, en regard des préjudices causés, et l’industrie du tabac a priori gagnante, les jugements prononcés font désormais jurisprudence, ce qui représente une réelle avancée en termes de santé publique. ● Références 1. Vernick J. et al. Public health benefits of recent litigation against the tobacco industry. JAMA 2007; 298:86-9. 2. Le Figaro.fr du 18 août 2006. 2 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ➜ SOCIOLOGIE Cancer du poumon lié au tabac : un risque ignoré des Américaines ? A ux États-Unis, le cancer est la 2e cause de décès chez les femmes après les maladies cardiovasculaires ; 26 % des décès sont dus au cancer du poumon et 15 % au cancer du sein. Depuis 1987, la mortalité du cancer du poumon devance celle du cancer du sein, représentant la principale cause de mortalité par cancer. Pourtant, plusieurs études montrent que les Nord-Américaines continuent à placer le cancer du sein en tête des causes de mortalité par cancer. Pourquoi ? C’est pour répondre à cette question que Cheryl Healton et son équipe ont mis en place une étude originale récemment publiée (1). Cette étude utilise les données de la vaste enquête téléphonique nationale ASHES (American Smoking and Health Survey), menée en 2002 et 2003, et qui a permis d’interroger près de 7 000 adultes (parmi lesquels 4 477 femmes) autour de la problématique du tabagisme : connaissances des maladies liées au tabac, type d’exposition (active Une couverture médiatique insuffisante EN FRANCE, CHEZ LA FEMME (1-3) ■ Les maladies cardiovasculaires sont la 1re cause de mortalité. ■ Le cancer est la 2e cause de mortalité. ■ Le cancer du sein est la 1e cause de mortalité par cancer avant 65 ans. Il représente 20 % des décès par cancer. ■ Le cancer du poumon, en augmentation constante, occupe la 3e place des causes de mortalité par cancer, après le mélanome. Il est responsable de 1,5 % des décès toutes causes confondues. 1. Solère P. Pathologie cardiovasculaire. Dossier Spécial Femmes. Panorama du médecin 2007;5050:27. 2. Remontet L et al. Estimations nationales : tendances de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1978 et 2000. BEH, 2003; 41-2:190-3. 3- Eilstein D et al. Mortalité par cancer du poumon chez les femmes en France, analyse de tendance et projection de 1975 à 2019. BEH 2003; 41-2:205-6. ou passive), mode de consommation, tentatives d’arrêt et sevrage, enfin perception des messages médiatiques d’information et de prévention. Résultats Seules 29,7 % des femmes interrogées pensent que le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer chez la femme, alors qu’une large majorité (66,7 %) incrimine le cancer du sein. Par rapport aux non-fumeuses, les fumeuses ont une probabilité plus faible de 35 % pour répondre correctement à ce type de question. Enfin, l’exposition aux messages ou aux publicités anti-tabac est significativement associée à un taux plus important de bonnes réponses. Comment expliquer ces chiffres, et ce d’autant que 90 % des cas de cancer du poumon chez la femme sont aisément évitables car dus au tabac ? Aux États-Unis, la couverture médiatique des informations concernant le cancer du poumon est largement moins importante que celle destinée au cancer du sein. Cette dernière bénéficie, en effet, d’un fort soutien populaire (groupes féministes, mouvements de santé de la femme, associations de patientes, opérations type « ruban rose »…), sous-tendu par un environnement socio-politique conséquent (crédits de recherche, éducation scolaire, campagnes de sensibilisation, dépistage étendu…). Or, une moindre médiatisation conforte sans doute les femmes dans la fausse idée que la mortalité par cancer du poumon est moins importante que celle par cancer du sein. Il est donc essentiel de renforcer les messages de prévention et d’information sur ce sujet manifestement méconnu. ● Référence Healton CG et al. Women’s knowledge of the leading causes of cancer death. Nicotine Tob Res 2007; 9:761-8. 3 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES ➜ PSYCHIATRIE Le tabac in utero favorise les troubles du comportement du futur enfant L e tabagisme maternel durant la grossesse expose le futur enfant à des troubles psychiatriques externalisés, tels que l’agressivité préscolaire, l’hyperactivité, le trouble des conduites ou une attitude délictueuse à l’adolescence et à l’âge adulte. Ces troubles du comportement augmentent linéairement avec le nombre de cigarettes fumées par la femme enceinte. En revanche, l’exposition tabagique gravidique ne s’accompagne pas d’un surrisque de troubles psychiatriques internalisés, comme la dépression ou l’anxiété. Les mécanismes physiopathologiques conduisant à ces symptômes sont bien difficiles à cerner du fait des multiples facteurs, sociaux, biologiques et génétiques intervenant dans les comportements. On sait toutefois que la nicotine agit défavorablement sur le développement cérébral du fœtus en construction. On sait aussi que les femmes fumant pendant leur grossesse ont un profil psychologique différent de celles qui ne fument pas (que ces dernières soient ou LE TABAGISME FAVORISE LE TDAH… ET VICE-VERSA ! ■ Le TDAH est un facteur de risque majeur d’usage du tabac et d’autres substances psychoactives, avec un risque relatif multiplié de 4 à 10. Chez les adolescents atteints de TDAH, le tabagisme est plus précoce et plus important, avec une dépendance plus marquée et des difficultés d’arrêt plus grandes (syndrome de sevrage très intense). Lagrue G et al. Hyperactivité avec déficit de l’attention et dépendance tabagique chez l’adolescent et l’adulte jeune. Le courrier des addictions (8) n°3 – juillet septembre 2006 ENTRETIEN « Un facteur favorisant et non une cause avérée » Dr Marie-France Le Heuzey pédopsychiatre, hôpital Robert Debré, Paris Que pensez-vous de cette étude, vous qui avez participé à l’expertise collective de l’Inserm sur le trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent ? Des travaux antérieurs avaient déjà montré que le tabagisme actif de la femme enceinte est un facteur de risque de trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) chez le futur enfant. Cette nouvelle étude s’est intéressée de manière originale au tabagisme passif des futures mères, suggérant l’impact similaire du tabagisme passif ou actif des femmes enceintes vis-à-vis des troubles du comportement de leurs futurs enfants. Toutes ces données soulignent la nécessité d’une prévention des femmes enceintes vis-à-vis du tabac, que l’exposition soit active ou passive. La relation tabagisme in utero et trouble des conduites ou hyperactivité est-elle équationnelle ? Il serait abusif de croire que les enfants nés de mères exposées au tabac pendant la grossesse ont systématiquement un trouble psychiatrique externalisé. Les troubles du comportement sont favorisés par de multiples facteurs : petit poids de naissance, prématurité, tabagisme maternel, alcoolisation maternelle ou paternelle, conduites antisociales parentales… et tabagisme in utero. Ce dernier rend le futur enfant plus vulnérable à la survenue d’un trouble du comportement, mais cette vulnérabilité ne s’exprime que si d’autres conditions sont aussi présentes. Le seul tabagisme in utero n’induit ni TDAH ni maladie psychiatrique multifactorielle. ● 4 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES HYPERACTIVITÉ ET TROUBLE DES CONDUITES ■ L’hyperactivité ou Trouble déficit de l’attention/ hyperactivité (TDAH) associe un déficit de l’attention (ou inattention), une hyperactivité motrice et une impulsivité. Elle entraîne des perturbations de la vie quotidienne et scolaire. Elle touche 3 à 5 % des enfants en âge scolaire. Association TDAH France , 37, rue des Paradis 95410 Groslay http://www.tdah-france.fr/ Le trouble des conduites s’exprime chez l’enfant et l’adolescent par une palette de comportements très divers qui vont des crises de colère et de désobéissance répétées de l’enfant difficile aux agressions graves comme le viol, les coups et blessures et le vol. Sa caractéristique majeure est une atteinte aux droits d’autrui et aux normes sociales. ■ Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent. Expertise collective, Inserm http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble_conduites/trouble_conduites_ synthese.pdf non soumises à un tabagisme passif) et de celles qui sont parvenues à s’arrêter de fumer au moins pendant le temps de la gestation. On retrouve chez les futures mères qui persistent à fumer un relationnel plus pauvre, une capacité d’adaptation moindre, des comportements à risque et des antécédents personnels de troubles des conduites plus fréquents. Pour mieux appréhender la relation entre tabagisme gravidique et troubles du comportement dans la descendance, Lisa Gatzke-Kopp et Théodore Beauchaine ont mené une enquête rétrospective chez 133 femmes dont les enfants, âgés de 7 à 15 ans, étaient connus pour avoir des problèmes comportementaux et/ou émotionnels (1). Les participantes ont été interrogées sur leurs antécédents médicaux, leur environnement de vie et leur niveau socio-économique ; sur leur exposition au tabagisme (actif ou passif), notamment durant la grossesse ; sur les problèmes de santé maternels survenus lors de la grossesse ; sur les problèmes de santé des enfants. Toutes ont été soumises au questionnaire « structured clinical interview for DSM-IV » pour sa partie correspondant aux comportements antisociaux. Enfin, le profil psychopathologique des enfants a été évalué grâce à 2 questionnaires validés, le Child Behavior CheckList ou CBCL (agressivité, anxiété, dépression, attention…) et le Child Symptom Inventory ou CSI (hyperactivité, attitude oppositionnelle, trouble des conduites, dépression, dysthymie…). Résultats Parmi les 133 femmes interrogées, 96 n’ont pas fumé durant leur grossesse, 21 ont fumé et 16 non-fumeuses ont été exposées au tabagisme passif. Lorsque l’on croise ces données avec le profil psychopathologique des enfants, l’exposition gravidique au tabac se révèle claire ment associée à une augmentation signi fi cative de troubles comportementaux externalisés, avec des scores de trouble des conduites et d’hyperactivité plus élevés chez les enfants nés de mères exposées. Cette association concerne les enfants nés de mères fumeuses, mais aussi ceux dont les mères ont été exposées de façon passive au tabagisme au cours de leur grossesse. Le tabagisme passif est donc aussi dangereux que le tabagisme actif. Ce lien persiste après ajustement des données socio-démographiques, des paramètres périnataux (le tabagisme provoque aussi prématurité et hypotrophie) et des comportements parentaux. Ces résultats (qui confirment ceux déjà observés chez l’animal) soulignent la nécessité de renforcer les mesures de santé publique de protection des femmes enceintes vis-à-vis de la fumée du tabac, qu’il s’agisse de tabagisme passif ou actif. ● Référence 1. Gatzke-Kopp L, Beauchaine T. Direct and passive prenatal nicotine exposure and the development of externalizing psychopathology. Child Psychiatry Hum Dev 2007. 5 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l INITIATIVES ➜ SOCIÉTÉ En attendant le 1er janvier 2008, « Ici c’est 100 % sans tabac » À Paris, où un mégot jeté sur la voie publique coûte 183 €, voire 450 € en cas de récidive*, on voit, placardées sur les portes de certains bars, cafés, restaurants, hôtels ou traiteurs, de petites affichettes bleues indiquant : « Ici c’est 100 % sans tabac ». Objectif : lutter contre le tabagisme actif et passif, tant pour la clientèle que pour le personnel y travaillant. Cette opération, qui concerne quelques centaines d’établissements sur les 12 000 que compte la capitale, est le fruit d’un effort conjoint entre la ville de Paris et le Synhorcat (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs), qui a abouti le 26 octobre 2004 à la constitution d’une charte. Cette charte, que les établissements demandeurs et les détenteurs du label s’engagent à respecter, stipule un certain nombre de points essentiels (encadré). Le but de cette opération est de valoriser la qualité du service des établissements parisiens intéressés par la qualité de l’air intérieur et les préoccupations de santé publique. L’attribution du label par la Un label de qualité pour cafés et restaurants L’ESSENTIEL DE LA CHARTE ■ Les organisations représentatives des cafés, hôtels et restaurants parisiens, soucieuses de la qualité de l’air à l’intérieur de leurs établissements : – déclarent inscrire l’initiative « Établissement sans tabac » dans une démarche qualité ; – reconnaissent l’intérêt du label et acceptent d’informer leurs adhérents ; – seront informées par la ville de Paris des établissements ayant sollicité l’attribution du label. ■ Cette attribution se fait sur la base du volontariat, à la suite d’une démarche individuelle venant d’un établissement parisien. Elle est liée à l’obligation de : – l’information de la clientèle, par un affichage à l’intérieur de l’établissement de l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif ; – l’association du personnel à l’information du public ; – l’absence de cendriers. ville de Paris n’est réalisée qu’après une visite sur site vérifiant la bonne application des critères de labellisation. Ce label est destiné aux établissements se déclarant entièrement sans tabac. L’office du tourisme et des congrès de Paris s’est associé à cette démarche en contribuant à faire connaître les sites labellisés. Contrairement à certaines idées reçues, l’interdiction du tabac ne semble pas provo- quer une baisse de la fréquentation des établissements labellisés. En Irlande, les pubs, bars et restaurants – où il est pourtant interdit de fumer depuis janvier 2004 – n’ont enregistré aucune diminution de leurs chiffres d’affaires depuis cette date. ● *Voir sur ce sujet : « Paris déclare la guerre aux mégots ». Tabac Actualités 2006;71:7. Références ➜ http://www.paris.fr/portail/Environnement/Portal.lut?page_id=6530 ➜ Opération « Ici, c’est 100% sans tabac » Mairie de Paris. Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé, 94/96 quai de la Râpée - 75570, Paris Cedex 12 6 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l INITIATIVES ➜ SEVRAGE TABAGIQUE A u Canada, le programme d’abandon du tabac de l’Institut de cardiologie de l’université d’Ottawa (ICUO) proposé en milieu hospitalier, alliant consultations, interventions, informations, suivi et rétroaction, est devenu le modèle national du fait de ses bons résultats : 50 % des bénéficiaires restent non fumeurs après six mois et 46 % après un an. Il permet de repérer les fumeurs de façon systématique et de leur offrir une aide au sevrage tabagique. Ce protocole va être intégré pour la première fois à un important programme pour la santé des femmes mené par le Centre de santé pour les femmes de l’hôpital d’Ottawa. Cet établissement polyvalent de recherche, de diagnostic et de traitement a accueilli l’an dernier 31 000 patientes. Ce nouveau programme de sevrage est motivé par de nombreuses raisons : le tabagisme est la principale cause de décès évitable chez les femmes ; les maladies cardiovasculaires sont responsables du plus grand nombre de décès chez les femmes nordaméricaines ; le tabac est un facteur de risque de cancer du col de l’utérus ; les habitudes tabagiques des femmes diffèrent de celles des hommes ; enfin, les femmes se préoccupent davantage de la prise de poids consécutive à l’arrêt du tabagisme que les hommes… Pour répondre à ces besoins, le modèle initial a donc été adapté. Toutes les femmes feront l’objet d’un repérage, puis auront accès à un traitement approprié de sevrage et seront soutenues par une infirmière conseillère attitrée. Le suivi sera consigné dans le dossier. Tout médecin ou infirmier conseillera à toutes les fumeuses de cesser de fumer en utilisant une approche claire et non critique. La substitution nicotinique sera largement employée. Chaque patiente bénéficiera d’un plan individuel visant à l’abandon du tabac. Le suivi sera aussi assuré par un système interactif de réponse vocale sophistiqué. En cas de difficulté, une infirmière conseillère interviendra pour essayer de trouver des solutions et de REPÈRES Canada : un programme de sevrage efficace pour les femmes Cigarette et conduite automobile : ce que dit la loi Une récente étude de l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets) a montré que, parmi les causes de distraction (35 % des accidents sont dus à l’inattention du conducteur), « la cigarette apparaît au même rang que le téléphone portable » (1). Au contraire du téléphone portable, la cigarette ne bénéficie pourtant pas d’un article spécifique dans le code de la route français. Cependant, l’article R412-6 du code de la route stipule que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent » (2). En théorie, en s’appuyant sur cet article, les autorités peuvent verbaliser un conducteur qui mange un sandwich, boit à la bouteille, a un bras dans le plâtre, porte une minerve… ou fume ! Références 1. http://www.drogues.gouv.fr/rubrique40.html? debut_article=66 2. http://www.legifrance.gouv.fr remotiver l’interlocutrice. Une telle stratégie ne s’entend qu’avec du personnel formé à la gestion de la dépendance au tabac. Le programme d’abandon du tabac de l’ICUO a déjà été adopté par plus de 35 hôpitaux canadiens. D’autres établissements envisagent actuellement de reproduire ce programme. ● www.ottawaheart.ca 7 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l INITIATIVES INPES ➜ MÉTHODOLOGIE « Emploi jeune tabac » : l’évaluation finale de l’étude L’ INPES finance de nombreuses actions de proximité de prévention du tabagisme dont le dispositif « emploi jeune tabac », aujourd’hui arrivé à son terme, est le plus important. L’INPES a réalisé une évaluation finale de ce dispositif (téléchargeable sur son site), et a, en outre, mis au point un protocole de recherche pour évaluer la pérennisation et la pérennité des actions mises en place dans ce dispositif. Dans ce contexte, « pérennité » signifie : au terme du dispositif, les activités d’éducation pour la santé/promotion de la santé mises en place continuent à être mises en œuvre. Et « pérennisation » : processus qui permet de passer d’une expérimentation limitée dans le temps développant des actions d’EPS/PS sur le tabagisme à une activité en routine d’EPS/PS. Le terme de « routine » se comprend ici au sens de « routine organisationnelle » : procédures opérationnelles typiques, les routines sont adaptées à leur contexte, et se conforment à des règles régissant les actions et les prises de décision (manuels de procédure, transmission des règles d’information, plans). Une étude évaluant le dispositif Objectifs Ils sont formulés ainsi : quels sont les facteurs qui ont été favorables et défavorables à la pérennité et à la pérennisation ? C’est-à-dire : quel est le degré de pérennité ? Quand et comment peut-on dire que les activités sont pérennes ? Quels sont les facteurs explicatifs de la poursuite de ces activités ? Parmi ces facteurs, quels sont ceux permettant de tirer des leçons pour d’autres actions d’éducation pour la santé ? Outre les questions sur le dispositif, le protocole prévoit une réflexion sur la recherche ellemême. Celle-ci est en effet adaptée des travaux des chercheurs canadiens, et est posée la question de son adaptation au contexte français. Méthodologie Les données, essentiellement qualitatives, seront récoltées auprès de 16 des 85 comités d’éducation pour la santé, constituant un échantillon présentant une variété maximale de profils. Pour chaque comité, deux ou trois personnes seront interrogées au moyen d’entretiens semi-directifs d’une heure environ, menés à l’aide d’une grille d’entretien sur la pérennisation et d’une autre sur la pérennité. Valorisation Les résultats de cette recherche (validation du rapport prévue en novembre) seront diffusés et valorisés au sein des comités. Après validation, le rapport global pourra être mis en ligne sur le site de l’INPES, et les résultats répertoriés dans la « trousse à outils : pérenni(sation)té » du site Internet de l’université de Montréal. ● http://evaluationcanada.ca/site.cgi?fr;1;1;00849 Ont participé à ce numéro de Tabac Actualités : Christine Gilles, Albert Hirsch, Gilbert Lagrue, Marie-France Le Heuzey, Sylviane Ratte, Karen Slama et Jean-Louis Wilquin. Les articles de Actualités Tabac sont libres de droit et disponibles en version électronique. ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Huveaux France – 114, avenue Charles-de-Gaulle – 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex Tél. : 01 55 62 68 00 – E-mail : [email protected] Imprimé par RAS. Villiers-le-Bel (95) www.inpes.sante.fr CONTACT PRESSE Tél. : 01 49 33 23 06 Fax : 01 49 3 23 90 E-mail : [email protected] 8 I TABAC ACTUALITÉS l N° 80 l SEPTEMBRE 2007 l