Probable, préférable, plausible, possible commissariat de Jill

Transcription

Probable, préférable, plausible, possible commissariat de Jill
 Probable, préférable, plausible, possible!
com m issariat de Jill Gasparina avec! Sophia Ajdir, Franck Eon, M athis Gasser
Anthea Ham ilton, M ark Leckey et Shana M oulton.
17 septembre - 29 octobre 2011!
Save the date / !Shana Moulton - “ I Lost Something in the Hills “!
Performance !Mardi 18 Octobre 2011 à 18h
( please scroll down for english version )
Dans « How to build a world ? »1, Stuart Candy (aka. the skeptikalfuturyst), envisage toutes les
manières possibles de construire un monde. Candy est futurologue, ses recherches portent donc sur
la construction de mondes futurs. En préambule, il rappelle que les romanciers, les architectes, les
ingénieurs, les designers industriels, les artisans, les auteurs de cinéma et de télévision, les
réalisateurs, les publicitaires, les storytellers (historiens, politiciens, journalistes, psychanalystes...)
sont tous des constructeurs de monde. Leurs inventions nous aident à concevoir et orienter le futur.
L'exposition Probable, préférable, plausible, possible se construit autour de la figure de l'artiste
comme futurologue et constructeur de mondes. On y trouvera différentes images du futur, des objets
électroniques qui parlent, des réfrigérateurs qui chantent, des extraterrestres qui écoutent de la
musique, des parc d'attraction futuristes mais datés, et réduits à une pure silhouette géométrique,
des fonds d'écran, des abstractions Tetris, et toute une série d'images puisées dans la sciencefiction. L'exposition prend la forme d'un bric-à-brac high-tech, qui esquisse, comme l'écrit Erik
Davis2, « une histoire secrète des impulsions mystiques qui continuent de faire des étincelles et
d'alimenter l'obsession du monde occidental pour la technologie, et spécialement les technologies
de communication »3.
Dans l'introduction de son ouvrage Techgnosis, Davis remarque que ce ne sont plus les technologies
industrielles qui sont dominantes (et avec elles le mythe de la machine), mais celles de l'information,
ce qu'au pays du Minitel nous nommons d'un acronyme presque désuet, les TIC. L'hypothèse passionnante- de Davis est que l'imagination religieuse, la pensée magique et le millénarisme le plus
fervent ont infiltré d'emblée l'histoire des technologies et des sciences, riche en ambitieuses
promesses à commencer par celles de « liberté, de prospérité et de disparition des maladies »4.
L'informatique, internet, ou les télécommunications génèrent aujourd'hui leur lot d'histoires
invraisemblables, de mythologies, de pseudo-sciences ou de fantasmes technologiques. Elles ont
aussi redéfini notre relation à l'univers du quotidien. Les téléphones, les chaussures et les voitures
sont devenus intelligents. Nous traitons les objets électroniques comme des êtres vivants. Nous
craignons les ondes électromagnétiques comme une menace invisible5. Et l'informatique ubiquitaire
et les réseaux pervasifs rendent le monde dans lequel nous évoluons aussi magique qu'effrayant. La
technologie est un puits d'irrationnalité, de surnaturel, de croyances et de mysticisme, nous dit Davis.
Ainsi, les thérapies New Age de Shana Moulton, l'électroménager enchanté de Mark Leckey, les
visions électroniquement assistées du Futuroscope de Frank Eon, les sculptures excentriques
d'Anthea Hamilton, dont les images proviennent le plus souvent de banques numériques et les objets
d'Ebay (cette gigantesque brocante électronique !), les appropriations que Mathis Gasser puise dans
la science-fiction ou dans l'abstraction suisse, ou encore la cage de Faraday de Sophia Ajdir, toutes
ces œuvres inventent des images d'un monde organisé en toute irrationalité par les technologies de
l'information. Dans cette histoire, la peinture a d'ailleurs un rôle spécifique à jouer, en tant qu'art prétechnologique, redéfini aujourd'hui par les images numériques et les pratiques informatiques.
Candy note avec justesse que la réalité est souvent un mélange d'utopie et de dystopie, deux types
de représentations qui nourrissent toute l'histoire de la science-fiction. Mais cette opposition
désormais classique ne nous intéresse pas : chaque image existe, comme il l'explique encore, sous
les différentes modalités du probable, du possible, du préférable, ou du plausible. L'art a essayé
longtemps d'être en avant, à l'avant-garde, à la pointe de l'histoire. Il se pourrait qu'il soit tellement
en avant qu'il travaille désormais à imaginer le futur (c'est-à-dire à le mettre en image). Et que les
blue et green screens, les fonds d'incrustation informatique, soient devenus, après la page blanche,
la métaphore que notre époque réclame, le lieu ultime d'apparition du nouveau.
1 Conférence de mars 2011 donnée dans le cadre des Design Futures Series de UC. Berkeley
www.ischool.berkeley.edu/newsandevents/events/dfls/20110309stuartcandy/video
2 Erik Davis est un auteur américain travaillant sur l'histoire des sociétés et de la culture, décrit aussi comme un cybergourou.
Techgnosis a été publié en 1998, www.techgnosis.com
3 Erik Davis, « Crossed Wires », Introduction, in Techgnosis, Serpent's Tail, 1999, p. 3
4 Erik Davis, « Crossed Wires », ibid, p. 4
5 Voir Anthony Dunne et Fiona Raby, Design Noir : The Secret Life of Electronic Object, August/Birkhauser, 2005
Probable, preferable, plausible, possible
Curated by Jill Gasparina with Sophia Ajdir, Franck Eon, Mathis Gasser
Anthea Ham ilton, M ark Leckey and Shana M oulton
September 17 – October 29, 2011
Save the date / Shana Moulton - “ I Lost Something in the Hills “
Performance Tuesday, October 18, 2011, 6 pm
In « How to build a world? »1, Stuart Candy (a.k.a. the skeptical futuryst) considers all possible ways
to construct a universe. Candy is a futurologist: his research is about the building of future worlds. As
a starting point, he reminds us that novelists, architects, engineers, industrial designers, craftsmen,
film writers, directors, advertisers, storytellers (historians, politicians, journalists, psychoanalysts…)
are all world builders. Their inventions help us envision and move towards the future.
The exhibition Probable, preferable, plausible, possible revolves around the figure of the artist as a
futurist and as a world builder. It includes different images of the future: talking electronic objects,
singing refrigerators, aliens that listen to music, futuristic -but dated- amusement parks being
reduced to simple geometric shapes, screen backgrounds, Tetris abstractions, and a series of
pictures from the science fiction universe. The exhibit takes the form of a high-tech bric-à-brac which
outlines, as Erik Davis has termed it 2, “a secret history of mystical impulses that continue to spark
and sustain the Western world’s obsession with technology, and especially with communication
technology”3.
In the introduction to his work Techgnosis, Davis points out that it is no longer industrial technologies
that prevail (and with them, the myth of the machine), but rather information technology - what in
France, the land of the Minitel, is known by the already quite obsolete acronym TIC (Technologies de
l’Information et de la Communication). Davis’s fascinating hypothesis is that religious imagination,
magical thinking and the most fervent millenarism have, from the start, pervaded the history of
technology and science, which come with many ambitious promises such as “freedom, prosperity
and the end of all diseases.”4
Today computer science, the Internet and telecommunication generate their share of unlikely stories,
mythologies, pseudo-sciences or technological fantasies. They have reshaped our relationship to the
everyday world as well. Phones, shoes and cars have become intelligent. We treat electronic objects
like we do human beings. We think magnetic waves are an invisible threat and fear them5. Ubiquitous
computing and pervasive networks are making our world more magical, but also more frightening.
Technology is a fount of irrationality, supernatural, beliefs and mysticism, Davis tells us. Thus, Shana
Moulton’s New Age therapies, Mark Leckey’s enchanted household appliances, Frank Eon’s
electronically assisted visions of the Futuroscope, Anthea Hamilton’s eccentric sculptures -the
images of which mostly come from digital databases, and the objects from Ebay (this gigantic
electronic flea market!), the appropriations Mathis Gasser draws from Swiss science-fiction or
abstraction, or Sophia Ajdir’s Faraday cage… all of these works create new images of a world
organized in all irrationality by information technology. For that matter, painting has a specific role to
play in this story, as a pre-technological art being redefined today by digital pictures and computing
practices.
Candy rightly notes that real life is often a mixture of utopias and dystopias, two representations that
have nurtured the whole history of science fiction. But we are not interested in this now classical
opposition: each image exists, as he further says, under different modalities of the probable,
possible, preferable or plausible. Art has long tried to be forwards, at the most cutting edge of
history. It could be that, being so avant-garde, art is now working at imagining the future (that is to
say, at putting it in images); and that the blue- and greenscreens, the computered chroma key
backgrounds, have become, after the blank page, the metaphor our times demand, the ultimate
place where the new may appear.
1
Conference held in March 2011 as part of UC. Berkeley’s Design Futures Series
www.ischool.berkeley.edu/newsandevents/events/dfls/20110309stuartcandy/video
2
Erik Davis is an American writer who studies the history of societies and culture. He has also been described as a cyberguru.
TechGnosis was published in 1998, www.techgnosis.com
3
Erik Davis, « Crossed Wires », Introduction, in Techgnosis, Serpent's Tail, 1999, p. 3 4
5
Erik Davis, « Crossed Wires », ibid, p. 4 See Anthony Dunne and Fiona Raby, Design Noir : The Secret Life of Electronic Object, August/Birkhauser, 2005 

Documents pareils