Max la menace - Tristan Godaert
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Max la menace - Tristan Godaert
MON SPORTIF À MOI 9 Juillet 2011 I Les Sports Mag I 10 MON SPORTIF À MOI 11 I Les Sports Mag I 9 Juillet 2011 Max la menace Il respire le bonheur Arrogant, talentueux, sympa, égocentrique, désagréable... Qui est vraiment Max Biaggi ? Nous avons rencontré le champion du monde de superbike à Misano, lors de la manche italienne du Mondial... C’est l’histoire d’un Italien qui a fait fortune en faisant des trous dans ses chaussures... et qui sponsorise aujourd’hui de grands sportifs, dont Biaggi... C oincée entre s’est même permis une petite Envoyé spécial l’Adriatique et la gifle sur son compatriote Marco en Italie chaîne des ApenMelandri. On le surnomme TRISTAN nins, la paisible l’Empereur romain ou encore GODAERT station balnéaire Mad Max. En fait, il s’agit avant de Misano, sur le tout d’un personnage passionterritoire de Marzabotto, non nant, presque intriguant. Il déloin de Bologne, dévoile tous ses gage une sérénité naturelle jucharmes. La cité étrusque se prémelée à énormément de conpare à être envahie par des milfiance en soi. Cette pression qui liers de touristes venus goûter aux joies de pèse sur ses épaules, Biaggi l’a toujours sa plage de sable fin et ses spécialités de la pleinement assumée : “Je ne sais pas quelle mer. image je dégage et je m’en fiche. Mais je sais Mais pour l’heure, seul le vent déferle qu’il y a énormément d’attentes. Cela me mosur la ville, rafraîchissant la température tive tous les jours à me surpasser !” ambiante qui atteint presque les 30 degrés. À quelques encablures du centre“Je n’ai jamais regardé en arrière, ville, le circuit de Misano Adriatico, qui se cela m’empêche d’avancer” prépare à accueillir la 6e manche du Mondial de superbike, ouvre ses portes. Le Entre 1994 et 1997, l’Italien remporte jeudi, c’est gratuit pour le grand public, quatre titres de champion du monde conau grand bonheur des quelques centaines sécutifs, en 250cc. Une énorme perforde tifosi venus admirer les pilotes et leurs mance qui le propulse en catégorie supémontures. rieure, la 500cc – devenue par la suite MoLe long de la pitlane, les quelques box toGP. Dès sa première course, à Suzuka, il ouverts ne font pas recette. Sauf un. Derremporte la victoire. Alors que tout le rière une haie humaine, un petit bonmonde le voit récidiver ses exploits pashomme, casquette vissée sur la tête et lusés, jamais Max ne parvient à coiffer la nettes noires sur le nez, semble retenir couronne mondiale. La faute, sans doute, l’attention de tous. Un Italien ? Évidemà un jeune loup nommé Valentino ment. Mais pas n’importe lequel. “C’est Rossi. Arrivé après Biaggi en catégorie Max Biaggi”, lance un gamin, armé d’un reine, le Dottore est rapidement depapier et d’un stylo, parti à la conquête de venu le maître de la discipline. Les la précieuse signature. spécialistes le disent plus intelligent Massimiliano Max Biaggi est une léque Biaggi, voire simplement plus tagende dans son pays. Si l’Italie est une nalentueux. tion de moto de vitesse, ils sont pourtant “Je n’ai jamais regardé en artrès peu à hériter de ce titre honorifique. rière, car cela m’empêche Seul Giacomo Agostini, le meilleur pilote d’avancer dans la vie. Malde tous les temps, et Valentino Rossi, son gré tout, si je devais avoir meilleur ennemi, ont fait mieux. un seul regret, c’est ce tiNé à Rome en 1971, le Transalpin arrive sur le tard dans la discipline, presque par hasard. À 17 ans, celui qui n’est encore que Massimiliano se laisse convaincre de rouler en circuit avec Daniele, un ami d’enfance. À l’époque, il est un jeune comme les autres, allant à l’école, faisant la fête et, surtout, jouant au football. Nous sommes en 1988. Cet essai est une révélation. La progression, elle, sera fulgurante. Trois ans plus tard, Max remporte le Championnat d’Europe en 250cc : “La plupart des pilotes, à 18 ans, ont déjà cinq ou six années d’expérience, ce qui n’était pas mon cas. Mais la magie s’est directement opérée. Je ne l’explique toujours pas...” Cette arrivée tardive explique aussi sa longévité. À 40 ans – il les a fêtés le 26 juin –, le Romain est un exemple pour ses concurrents. “Je me sens chanceux. La passion est toujours présente au fond de moi, depuis plus de 20 ans. Je ne fais rien de spécial pour cela, c’est juste naturel !” plaisante Biaggi. Le Transalpin a toujours dit ce qu’il pensait. Certains le trouvent arrogant, d’autres, égocentrique. Récemment, il me tre qu’il manque à mon palmarès. Mais la vie est ainsi faite. Alors, vous vous fixez d’autres objectifs et vous foncez”, confie pourtant le Romain. En 2006, faute d’un accord avec Honda en MotoGP, Mad Max surprend tout le monde et décide d’arrêter temporairement sa carrière. Un an plus tard, il remonte en selle, en superbike. Comme en 1998, il remporte la vic“La moto n’est pas toire dès sa première juste un job à mes course. Il lui faut pourtant 2010 pour deveyeux. C’est ce qui attendre nir champion du monde. fait vivre et m’offre “Être passé en superbike la paix intérieure” m’a permis de me surpasser une nouvelle fois dans ma carrière”, avoue-t-il. “La vie est une compétition et la moto n’est pas juste un job à mes yeux. C’est ce qui me fait vivre et m’offre la paix intérieure. J’aime aller vite, j’aime les challenges. Je suis comme je suis. Je suis Max Biaggi...” Le pilote italien, en quête d’un nouveau titre cette année – il a remporté son premier succès de la saison lors du dernier GP, sur le circuit Motorland Aragon, en Espagne, et espère récidiver ce week-end, à Brno, en République tchèque, pour mettre la pression le leader actuel, l’Espagnol Carlos Checa – ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Une certitude: il n’a pas l’intention de raccrocher et compte bien rester une menace sur les circuits du monde. L’Empereur n’a pas fini de nous surprendre. Max Biaggi espère conserver son n°1 la saison prochaine… (GEOX) REPÈRES Massimiliano Max Biaggi Né à Rome (Ita), le 26 juin 1971. Célibataire, deux enfants. 1,70 m, 66 kg. Premier GP France 1992, 250cc. Palmarès µ 323 GP disputés µ 58 pole positions µ 57 victoires en GP (29 en 250cc, 13 en 500&MotoGP, 15 en SBK) µ 5 fois champion du monde (4 en 250, 1 en SBK) µ 3 fois vice-champion du monde (1 en 500, 2 en MotoGP) C ’est un personnage haut en couleurs. Lunettes de star sur le nez, tantôt rêveur, tantôt homme d’affaires ultra-sérieux, Mario Moretti Polegato est surtout l’un des businessmen les plus riches au monde. Il est le patron de Geox, l’un des leaders du marché mondial de la chaussure. Et dire que tout a commencé par une simple balade dans le désert... Héritier d’une puissante famille de vignerons italiens, Mario ne se destinait pas du tout à travailler dans la chaussure. Invité à Las Vegas pour un salon du vin, il décide d’aller se promener dans le désert du Nevada. Quelques gouttes de sueur plus tard, il constate que la transpiration dans Superbike vs MotoGP Le superbike (ou SBK) est une catégorie de courses de vitesse de moto qui jouit d’une médiatisation moins grande que sa grande sœur, la MotoGP. Pourtant, elle peut compter sur une grande popularité, en hausse depuis quelques années. De grands noms s’y produisent ou s’y sont produits : Carl Fogarty, Colin Edwards, mais aussi Marco Melandri ou encore Carlos Checa. Certains pilotes ont d’ailleurs transité par le SBK avant d’aller en MotoGP et inversement. Le fossé, d’un point de vue médiatique, tend à se combler. “La présence de grands champions renommés démontre un grand intérêt pour cette discipline. C’est également une belle publicité. En général, ceux-ci s’adaptent très vite et sont rapidement performants”, analyse Paolo Ciabatti, le patron du superbike mondial. Les motos y sont très proches des modèles de séries, tandis qu’en MotoGP, il s’agit de prototypes : “Les gens apprécient de pouvoir rouler avec une moto achetée chez un concessionnaire, qui est très proche de celle de leur favori. Nous apportons juste une préparation de top niveau et de nombreuses améliorations, mais il n’y a pas de refonte totale. C’est une raison de ce succès populaire.” Il y a également moins de différences entre les écuries et dont bien plus de compétitivité. Un changement de taille par rapport à l’ancienne catégorie 500cc. “J’ai été surpris la première année. C’est une bataille sur chaque tour de circuit, c’est passionnant. On peut être premier lors de la première manche et se classer 20e à la suivante”, confie le pilote italien Marco Melandri, ancien militant en MotoGP. Sept constructeurs sont présents cette année, les quatre Japonais (Honda, Suzuki, Kawasaki et Yamaha), deux Italiens (Aprilia et Ducati) et un Allemand (BMW). “Ici, il y a de la place pour faire des performances, peu importe ta moto. Ce n’est pas aussi fermé qu’en GP. Là-bas, si tu as une bonne équipe, tu t’en sors. Sinon, no way !” lâche Max Biaggi. L’autre raison du succès, c’est une ambiance familiale et bon enfant. Beaucoup moins exclusif que la MotoGP, le SBK s’ouvre énormément au public. “Nous voulons rendre ce sport proche des gens. C’est pourquoi nous ouvrons dès le jeudi, qui est d’ailleurs un jour gratuit. Nos fans sont généralement moins agressifs que ceux que l’on peut croiser en GP”, conclut Ciabatti. ses chaussures devient insoutenable. Qu’à affirme son attention d’être présente dans cela ne tienne, il sort son couteau et fait le sport de haut niveau. “Max Biaggi est un un trou dans chacune de ses semelles. Une sportif italien, de grande renommée, qui coridée, un brevet et le tour est joué. Polegato respond parfaitement à notre marque. Nous tente de vendre son nouveau concept aux cherchons à nous rapprocher de ce monde en plus grandes compagnies dessinant des collections qui internationales. Ne troureflètent les goûts, les ten“Max Biaggi vant pas preneur, il dédances et les valeurs de conest un sportif italien, cide de lancer sa propre sommateurs jeunes, sportifs de grande renommée, entreprise, avec cinq emet à l’avant-garde”, réagit ployés. Geox est né. Le qui nous correspond” Polegato. slogan : la chaussure qui La mode italienne assorespire. Quinze ans plus tard, Mario Mociée à la technologie, avec comme vitrine retti Polegato est à la tête d’une société la F1, la moto de vitesse et le cyclisme, tels qui pèse 850 millions €, affiche un bénésont les secrets du succès futur pour le fice de 54 millions pour l’année 2010 et groupe italien. Mario Moretti Polegato va emploie 30.000 employés dans le également sortir sur le marché une chausmonde ! sure totalement amphibie. Loin d’être Et le sympathique patron italien ne avare en paroles, le grand Italien a de la compte pas s’arrêter là. À l’occasion du suite dans les idées et a déjà séduit des Grand Prix de Misano, en superbike, Geox clients dans plus de 100 pays au monde. a annoncé un nouveau partenariat avec Même les enfants du président Barack Max Biaggi. Présent également en F1 au Obama portent des chaussures qui respisein de l’écurie Red Bull et en cyclisme rent. Et Polegato l’affirme, ce n’est pas lui avec l’équipe Geox-TMC, la firme italienne qui les a offertes ! Mario Moretti Polegato a permis à Max Biaggi de trouver chaussure à son pied… (GEOX)