L`Hérault apporte son aide aux aidants familiaux

Transcription

L`Hérault apporte son aide aux aidants familiaux
Dépendance
Initiatives
L’Hérault apporte son aide
aux aidants familiaux
La plateforme de soutien créée en 2009 compte
désormais s’appuyer sur une équipe médicale,
afin de repérer les aidants en difficulté.
Opérateurs CPAM de l’Hérault
et Carsat du LanguedocRoussillon.
Budget prévisionnel 100 000 euros.
FINANCEMENT environ
CPAM et Carsat.
CONTACT Carsat, Delphine
Paccart, responsable du service
« santé, prévention, prospective ». Tél. : 04 67 12 94 07.
C
omment porter assistance à
une personne qui s’épuise à
soutenir un proche devenu
dépendant en raison d’un grave
problème de santé ? Dans l’Hérault,
la caisse primaire d’assurance ma­
ladie (CPAM) et la caisse d’assu­
rance retraite et de la santé au tra­
vail (Carsat) ont mis en place, en
octobre 2009, un dispositif expé­
rimental : un ­numéro de télé­
phone, le 3646, met en relation l’ai­
dant familial avec un télé­conseiller
qui l’oriente vers le service social
de la Carsat. Lequel, au regard des
­besoins, peut lui proposer un plan
d’accompagnement, avec un finan­
cement à la clé. L’objectif, préven­
tif, est d’intervenir ponctuellement,
dans un moment difficile.
L’éventail des prestations propo­
sées est large : soutien psycho­
logique, groupes de parole, sorties
­accompagnées, aide ménagère…
Il s’adresse non seulement aux
proches des personnes atteintes
TÉMOIGNAGE
Pr Claude Jeandel, responsable du pôle
de gérontologie au CHRU de Montpellier
« Le but est de créer un guichet unique pour les aidants familiaux. La démarche, qui s’inscrit dans le Plan Alzheimer, doit s’étendre à d’autres maladies, dès lors qu’un soutien informel est nécessaire
pour que la personne malade puisse rester dans
son lieu de vie. Cela est capital car l’aidant risque de s’épuiser et d’entrer dans un état de dépression.
Il a besoin de disposer d’un répit, d’être formé, de participer à des groupes de parole. L’idée de la plate­forme est de rendre l’offre de prestations
lisible. Cela fait dix ans que le concept d’aidant est
évoqué. Son appropriation est un long processus.
Pour qu’une personne se reconnaisse dans ce rôle,
il lui faut du temps et de nombreuses explications. »
34 - LA GAZETTE SANTÉ-SOCIAL
é. HANNOTEAUX
« Il faut rendre l’offre
de prestations lisible »
d’une affection de longue durée
ou d’une maladie chronique, mais
­aussi aux soutiens familiaux des
personnes âgées dépen­dantes, des
personnes invalides ou des adultes
handicapés. Seul critère restrictif : il
faut résider dans l’Hérault.
Vers des services ciblés
L’initiative a bénéficié de moyens
existants. La ­Carsat disposait déjà
d’une plateforme téléphonique et
d’un service social composé d’une
conseillère en prévention et de
huit assistantes sociales sensibilisées
à l’aide aux aidants, en particulier
par la mise en place de groupes de
parole. De con côté, la CPAM avait
la possibilité de dégager un bud­
get pour quelques mois. Ensemble,
les deux institutions ont informé
leurs partenaires (CCAS, services
sociaux, asso­ciations…) et la presse.
Au total, plus de 150 personnes
ont été accompagnées. Trois types
d’aides ont été apportés : soutien
psychologique, aide à domicile ou
inter­vention sous diverses formes,
afin de permettre un moment de
­repos ou de liberté. La plupart des
aidants familiaux ont apprécié
« Peu de personnes
demandent une aide.
La difficulté est de
reconnaître qu’elles
sont fragilisées
et ont besoin
d’une assistance.
»
David ­Lopez, chargé de la politique
sociale à la CPAM
d’être écoutés, conseillés. « Globa­
lement, ils se sentent mieux infor­
més, leur fatigue a diminué et ils
ont pu bénéficier d’un répit », ré­
sume Delphine ­Paccart, respon­
sable du service « santé, préven­
tion, prospective » à la Carsat. Le
dispositif pourrait être reconduit
en 2011 dans l’ensemble du Lan­
guedoc-Roussillon. Cependant, au
lieu de financer des plans d’aide per­
sonnalisés, la Carsat subventionnera
des associations aptes à fournir des
services ciblés.
Ecueil
La démarche s’est néanmoins heur­
tée à un obstacle majeur : attirer
les intéressés, faire en sorte qu’ils
se sentent concernés et acceptent
un soutien. « Peu de personnes
­d emandent une aide, constate
­David ­Lopez, chargé de la politique
­sociale à la CPAM. La difficulté est
de ­reconnaître qu’elles sont fra­
gilisées et ont besoin d’une assis­
tance. » Aussi les deux institutions
se lancent-elles dans une nou­
velle ­expérimentation : s’appuyer
sur une équipe médicale qui suit
des patients atteints de la maladie
d’Alzheimer pour repérer les ai­
dants familiaux fragilisés. Le méde­
cin les informera alors de l’existence
de la plateforme et de l’intérêt d’un
accompagnement.
Le dispositif sera mis en place, au
dernier trimestre, avec la clinique
du Millénaire, à Montpellier. S’il se
révèle efficace, il sera généralisé. n
Solange de Fréminville
N° 68 - Novembre 2010

Documents pareils